Fouras - Île d'Aix départ de Napoléon-Ier pour son exil vers Sainte-Hélène.
Samedi 8 Juillet 1815
Embarquement de l'Empereur.
L'Empereur gagne Fourras, vers le soir, aux acclamations de la ville et de la campagne; il couche à bord de la Saal, qu'il atteignit sur les huit heures ; j'y arrivai beaucoup plus tard, j'avais conduit madame Bertrand dans un autre canot, parti d'un autre endroit.
Il embrassa tous ses anciens compagnons d'armes, et vint s'embarquer à la rive droite de l'embouchure de la Charente, près d'un fort qui, je crois, se nomme le château de Fourras.
L'on avait su son départ; il y eut une affluence de peuplé considérable au moment où il descendit de voiture. Les visages étaient tristes, et l'on entendait murmurer à demi voix:
« Se peut-il qu'un aussi grand homme soit abandonné à ce point ?
L'empereur dit adieu à tous les chasseurs du piquet qui l'avait accompagné, et monta dans le canot de la frégate la Saale, qui était venu l'attendre au château.
Les canots de la Méduse reçurent les officiers, et tout ce l’accompagnait quitta le rivage avec lui le 8 juillet vers quatre heures après midi. Nous fûmes rendus à bord de la Saale un peu tard, parce que le vent était contraire et très violent.
Les frégates, la Saale et la Méduse étaient celles qui devaient transporter l'empereur en Amérique. Il y avait sur la même rade deux autres bâtiments de guerre dont il était permis à ce prince de disposer; c'étaient un brick et une corvette, la Bayadère, qu’était en rivière de la Gironde.
Les deux frégates étaient toutes, neuves, la Méduse portait du 18, et avait déjà fait une sortie dans laquelle on lui avait reconnu une marche supérieure. La Saale, était un peu plus forte; cependant je ne pourrais pas assurer qu'elle portât un calibre au-dessus du 18; elle était à sa première sortie, mais chacun s'accordait à dire qu'elle devait être excellente voilière. L'une et l'autre avaient des équipages composés d'anciens matelots qui étaient rentrés des prisons d'Angleterre depuis la paix de 1814.
Pendant les cinq ou six jours que l'empereur avait passés à Rochefort, on avait préparés et approvisionnés un petit bâtiment danois qui se trouvait dans le port; on y avait même pratiqué une cachette en cas que la croisière anglaise le visitât.
On proposa à l'empereur de gagner l’Amérique avec ce bâtiment; il s'y refusa, et ne voulut pas courir une chance qui pouvait devenir fâcheuse. Il fit cependant descendre ce petit vaisseau dans la rade, sauf à aviser plus tard à ce qu'il conviendrait de faire.
L'EMPEREUR était à bord depuis le 8.
Napoléon de Rochefort à Sainte Hélène (juillet 1815) <==.... ....==> la traversée du temps - Napoléon à l'île d'Aix -Bellérophon / Pierre Loti
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