13 Mars 1793 Jacques Cathelineau fait sonner le tocsin dans la Révolution
Jacques Cathelineau, du village du Pin-en-Mauges, voiturier colporteur de laines, père de cinq enfants en bas âge, était un homme les plus respectés de tous les paysans du canton : il était à pétrir le pain de son ménage, lorsqu’il entendit raconter ce qui venait de se passer ;
Jacques Cathelineau travaillait pour vivre, il avait six enfants, il était « voiturier » de son état. D'ailleurs très intelligent, il avait reçu une instruction plus qu'ordinaire au presbytère de la Chapelle-du-Genêt, il avait une facilité de parole peu commune, une âme ardente, un caractère généreux, une indomptable énergie de volonté. Avec cela bon et complaisant envers tous, enjoué même et doux de caractère, ses qualités en firent de bonne heure l'homme le plus influent du Pin-en-Mauges. « On le choisissait comme arbitre des différends qui survenaient au sein des familles. Son coup d'œil vif et juste saisissait promptement le pour et le contre d'une question, et son avis était réputé sans appel. Dans tout le pays, il jouissait d'une véritable autorité. »
« Quels furent les motifs qui lui mirent les armes à la main?
Regardez. Quels furent ses insignes de guerre? Le Rosaire et le Sacré Coeur. Son premier étendard ? La Croix. Son cri de ralliement ? Vive la religion ! Ses chants de marche et de combat? Le Vexilla Regis et les litanies. »
C'est parce que les sentiments religieux de Cathelineau étaient ceux de la Vendée qu'elle s'est levée tout entière à sa voix.
C'est son attachement à la foi de ses ancêtres qui a fait la Vendée.
Ses adversaires eux-mêmes l'ont reconnu. Si on eût laissé ou rendu à la Vendée ses prêtres et son culte, elle n'eût point pris les armes, ou les eût aussitôt déposées. « Le grand moyen de les ramener à l'obéissance, dira le général Hoche, c'est de proclamer la liberté religieuse. » « La guerre de la Vendée fut une guerre de conscience et non pas d'opinion, a dit Lamartine, et, si l'émigration s'armait pour des motifs politiques, la Vendée s'arma pour Dieu. » Toute la Vendée est dans ce mot si émouvant : « Rends-moi tes armes, criait un gendarme à un soldat vendéen. Rends-moi mon Dieu, répond le paysan.
Ce fut le 13 mars 1793, alors que la Révolution avait déployé toute sa haine religieuse, que Cathelineau, exaspéré comme ses frères vendéens, résolut de s'opposer par la force à la tyrannie révolutionnaire. « Fanatisme ! » a-t-on dit. Le fanatisme était du côté où l'on osait dire : « Nous ferons de la France un cimetière plutôt que de ne pas la régénérer comme nous l'entendons ! » « Disposés par leur caractère naturel à l'amour de la paix, au sentiment de l'ordre, au respect de la loi» comme l'ont constaté les commissaires de la Convention, les Vendéens et Cathelineau, à leur tête, ne se sont soulevés, pendant la Terreur, que pour défendre ce que l'homme a de plus cher et de plus sacré, l'autel et le foyer.
Il prit la résolution de se mettre à la tête de ses compatriotes, et de ne pas les laisser en proie à toutes les rigueurs qui menaçaient le pays. Sa femme le supplia de ne pas songer à ce projet ; il n’écouta rien.
Essuyant ses bras, il remit un habit, alla sur le champ rassembler les habitants, et leur parla avec force du châtiment que tout le pays allait subir, si l’on ne se déterminait pas à se révolter ouvertement. Cathelineau était fort aimé de tout le mon : c’était un homme sage et pieux.
Le courage et la chaleur qu’il mit dans ses exhortations entraînèrent les jeunes gens. Aussitôt une vingtaine s’arment et promettent de marcher avec lui ; ils partent sur-le-champ ; le nombre s’accroit : ils arrivent au village de la Poitevinière.
Cathelineau fait sonner le tocsin, rassemble les habitants, leur répète ce qu’il a persuadé à leurs voisins ; bientôt sa troupe est de plus de cent hommes. Alors il se détermine à aller attaquer un poste républicain de quatre-vingts hommes, qui était placé à Jallais avec une pièce de canon ; on marche en recrutant sans cesse sur la route. Le poste est enlevé. On y fait des prisonniers ; on s’empare de la pièce, que les paysans surnomment le Missionnaire ; on prend aussi des armes et des chevaux.
Encouragé par ce premier succès, Cathelineau entreprend le même jour d’attaquer Chemillé, ou se trouvaient deux cents républicains et trois pièces de canon. Les révoltés étaient déjà plus de quatre cents ; ils essuient une première décharge, fondent sur leurs ennemis, et emportent un avantage prompt et complet.
En même temps, deux autres rassemblements s’étaient formés dans les environs. Un jeune homme, nommé Foret, du village de Chanzeaux, paysan un peu plus instruit et intelligent que ses camarades, qui venait de rentrer en France après avoir suivi un émigré, avait paru exercer assez d’influence sur les jeunes gens à Saint-Florent.
Les gendarmes vinrent pour l’arrêter le lendemain ; il s’y attendait : dès qu’il les vit approcher, il en tua un d’un coup de fusil ; les autres s’enfuirent. Foret courut à l’église, sonna le tocsin, rassembla les habitants, leur prêcha la révolte, et leva une forte troupe dans tous les villages voisins. Stofflet, garde-chasse de M.de Maulevrier, en fit autant de son côté ; et le 14 mars au matin, ces deux troupes vinrent se joindre à celle de Cathelineau.
Le jour même on se porta sur Chollet qui est la ville la plus considérable du pays ; on eut à combattre cinq cents républicains qui avaient du canon. Le combat ne fut pas plus incertain ni plus long qu’à Chemillé ; mais le résultat était plus important. Chollet était un chef-lieu de district ; on y trouva des munitions, de l’argent et des armes.
Le temps de Pâques approchait ; les paysans croyaient en avoir assez fait pour être craints ; ils voulurent retourner chez eux : l’armée fut entièrement dissoute ; tout rentra dans l’ordre accoutumé.
Une colonne républicaine envoyée d’Angers parcourut le pays, ne trouva pas de résistance, mais n’osa pas exercer de vengeance. Après les Pâques, on songea à faire une nouvelle révolte et à chasser encore les républicains : mais les paysans voulurent se donner des chefs plus importants ; ils allèrent dans les châteaux demander au peu de gentilshommes qui étaient restés de se mettre à leur tête. M. d’Elbée était tranquillement auprès de sa femme qui venait d’accoucher, et il n’avait pris aucunes part à la première insurrection. M.de Bonchamps, qui était avec lui l’homme le plus considéré du canton, fut entrainé de la même façon.
Peu après le soulèvement, on alla chercher M. de Charrette le 14 mars 1793 dans son château, pour le mettre à la tête de ces deux troupes qui devinrent bientôt l’armée la plus considérable du Bas-Poitou. ==>le 14 mars 1793 Manoir dit La Vieille Fonteclose (Maison de Charette)
Mémoires de Mme la marquise de La Rochejaquelein.
A saint Florent le VIEIL le 12 mars 1793 commença l'épopée vendéenne, la guerre de géants <==.... ....==> 22 mars 1793 La Capitulation de Chalonnes-sur-Loire