Chantocé, baronnie dans l'élection d'Angers, est située sur la Loire, à main droite, un peu au-dessus d'Ingrande,
Elle était autrefois si considérable, que les anciens seigneurs portaient le titre de prince de Chantocé.
Elle passa, en nom, en la maison de Craon avec Thiphaine de Chantocé et d'Ingrande surnommée l'Anguille.
Marie de Craon la porta en dot à Guy de Laval, baron de Retz.
Elle fut vendue par le maréchal de Retz, son fils, au duc de Bretagne, et fut donnée en apanage à Gilles de Bretagne, 1er du nom, troisième fils de Jean V, duc de Bretagne, et depuis à Gilles de-Bretagne, IIe du nom, fils de Jean VI, aussi duc de Bretagne.
Guy VI de Laval eut pour femme Avoise de Craon, fille de Maurice II de Craon et d'Isabelle de Meulan, dite de Mayenne parce qu'elle était veuve de Geoffroy IV de Mayenne.
Cette Isabelle, seconde femme de Geoffroy, lui avait donné deux fils Hamon, qui mourut sans doute pendant la croisade, et Juhel III, qui succéda à son père en 1189 en outre trois filles Isabelle (1), qui épousa Dreux de Mello et succéda à son frère Juhel III en 1220, puis Marguerite, qui épousa Henri d'Avaugour dont le fils Alain succéda à sa tante décédée sans postérité en 1256, et enfin une troisième qui fut mariée à Pierre de Vendôme.
D'Isabelle de Meulan Maurice II eut six enfants trois fils, nommés tous trois dans son testament, Maurice III et Amaury I, qui lui succédèrent, et Pierre qui entra dans les ordres et ne vivait plus en 1206, et trois filles Avoise l'ainée épousa Guy VI de Laval, Agnès la seconde, épousa Thibault de Mathefelon et mourut avant lui la troisième, Constance, qui se qualifie de dame de la Garnache (Garnesche et Gasnapia), dans deux actes du Cartulaire de Fontaine-Daniel où sont dessinés ses deux sceaux différents l'un de l'autre.
1205 Donation par Constance de Craon, Dame de la Garnache
Universis praesentibus et futuris innotescat quôd ego Constancia, filia Mauritii de Credone, domina de la Garnesche, assensu et volunlate Pétri, filii mei, quem tunc solum heredem habebam, dedi Deo et Beatae Mariae et abbatiae de Fonte Danielis XX solidos turomenses, vel usitalis monetae, in puram et perpetuam elemosinam, et concessi apud Chantocium in reddilu meo de passagio Ligeris singulis annis in Nativitate Beatae Mariae capiendos, per manum illius qui praedictum passagium recipit, sive ad firmam, sive alio modo habuerit.
Sed, quia generationi generatio succedit el humanae actionis labilis est memoria, dictam donationem, ut robur perpetuum oblineat, litteris annotavi, et sigilli mei fecit testimonio roborari.
Testibus his : Juhello de Meduana ; Petro de Credone, clerico; Petro de la Garnesche, filio meo; Isabelli de Meduana, matre meà et pluribus aliis.
[Qu'il soit connu de tous, présents et à venir, que moi, Constance, fille de Maurice de Craon, dame de la Garnache, ni, du consentement et de la volonté de mon fils Pierre, qui était alors mon seul héritier, donné en pure et perpétuelle, aumône à Dieu, à la bienheureuse Marie et à l'abbaye de Fontaine-Daniel, vingt sols tournois, ou de monnaie courante, et les ai délivrés à prendre chaque année, à Chantocé, sur mon revenu du passage de la Loire : ils seront exigibles à la Nativité de la bienheureuse Marie et touchés du receveur dudit passage, qu'il le tienne à ferme ou autrement.
Mais, comme les générations se succèdent et que le souvenir des actions humaines est fugitif, j'ai rédigé par écrit cette donation, pour en assurer l'exécution à perpétuité, et je l'ai fait valider par l'impression do mon sceau.
Témoins de ce qui précède : Juhel de Mayenne ; Pierre de Craon, clerc ; Pierre de la Garnesche, mon fils ; Isabelle de Mayenne, ma mère et plusieurs autres.
1206 Confirmation par Barthelemy, Archevêque de Tours
Bartholomeus, Dei gratia Turonensis archiepiscupus, universis fidelibus etc.... (Texte semblable à celui de la charte XX, donnée par Hamelin, évêque du Mans).
In testimonium praefatae elemosinae, sicut in autenticis venerabilis fratris nostri Hamelini, cenomanensis episcopi, et ipsius Juhelli vidimus contineri.
Actum anno gratiae MCCVI, ordinalionis nostrae tricesimo secundo.
Barthelemy, par la grâce de Dieu archevêque de Tours, à tous les fidèles....
Pour assurer par un nouveau témoignage l'existence des aumônes qui sont énumérées plus haut, nous déclarons avoir vu tout ce qui précède dans des authentiques émanant de notre vénérable frère Hamelin, évêque du Mans et de Juhel lui-même.
Fait l'an de grâce 1206, la trente-deuxième année de notre ordination.
1206 Confirmation par Philippe-Auguste, roi de France
« Le 11 mai 1206 à Brissac, en repartit le 12 pour aller coucher à Angers
qu'il quitta le 13 pour Champtocé où il était le même-jour.
De là il se dirigea sur Nantes où il resta jusqu'au 21 mai. »
In nomine Sanctae et Individuae Trinitatis, amen.
Philippus, Dei gralia Francorum rex :
Noverint universi praesentes pariter et futuri quod Juhellus de Meduana, fundator abbatiae de Fonte Danielis, dedit et concessit in perpetuam elemosinam dictae abbatiae totum nemus de Salelo et de Poilleio, cum omnibus pertinentiis suis; et totum Parcum de Meduana; stagnum de Mota, cum molendino ejus stagni; Bondie, cum molendino ejus; et totam Haiam de Anvoria, cum ipso loco in quo abbatia fundala est; totam terrant de Cepeleria, de Chauvoneria, de Rocha ; totam terrain Reginaldi Falconarii et quidquid idem Raginaldus habuit in burgo Sancti Georgii et in Loheria; omnia molendina ejusdem Juhelli, quae sunt in villa Meduanae, cum pertinentiis suis ; molendinum de Grenor, et totum dominicum suum in aquà Meduanae.
Item. Apud Meduanam, vineas Boneti et Salomonis judeorum ; herbergamentum ejusdem Salomonis, quod est in eàdem villa et in eodem herbergamento unum hominem semper liberum et quietum.
Concessit etiam dictus Juhellus et dedit eidem abbatiae in puram elemosinam quidquid habet apud Foutanetum Paganelli et apud Moschans et Segrevillam, cum omnibus pertinentiis corumdem maneriorum ; et quidquid ipse habebat apud Regisvillam in bergarià; et XX solidos cenom. in galbagio, — et maresium Garsicar; apud Becherel XX solidos, VI quarterios frumenti perpetui reddditus, — et L solidos cenom. in passagio de Romilleio, — et in Fossaloven unam masuram, — et decimam parlent totius redditus ejusdem Juhelli de terra examplata et examplandà in eàdem forestà de Fossaloven, — et duas parles decimarum ejusdem terrae, et decimam molendini.
Dedit etiam et concessit dictus Juhellus dictae abbatiae tres granchias cum pertinentiis suis, videlicet : Champoium, Allodium, Salicem Reginaldi cum Gaudineria et Massilleià ; quas granchias idem Juhellus émit ab abbalia Clarimontis et propter hoc dedit in elemosinam eidem abbaliae Clarimonlis omnia molendina sua de Herneià et de Vahaia, cum omnibus pertinentiis, in perpetuam elemosinam habenda.
Item. — Dictus Juhellus dedit et concessit dictae abbatiae de Fonte Danielis et omnibus pertinentiis suis, in omnibus forestis et nemoribus suis usagium ad ipsam abbatiam et ad omnia aedificia monachorum construenda et reparanda, et habere proprios porcos in omnibus forestis suis, quandô et ubi aliis porcis erunt communes.
Dedit etiam et concessit dictus Juhellus eidem abbatia; quidquid in terrà ejus poteret abbatia illa juste adquirere, salvis reddilibus ejusdem Juhelli, in perpetuum teneat et possideat.
Dedit etiam eidem abbatiae et omnibus hominibus ejus et omnibus rebus ad ipsam pertinentibus libertalem et quitantiam de omnibus rebus quae ad cum vel ad heredes suos pertinent, per totam terrant suant.
Quod ut firmam obtineat stabilitatem, sigilli nostri auctoritate et regii nominis karactere inferiùs annotalo, ad petitionem dicti Juhelli, przesentem paginam, salvo jure nostro, confirmamus.
Actum apud Chantoceium, anno ab Incarnatione Domini M° CC° VI), regni verô nostri anno vigesimo septimo, astanlibus in palatio nostro quorum nomina supposita sunt et signa :
(Dapifero nullo).
Signum Guidonis, buticularii.
Signum Malhei, camerarii.
Signum Droconis, constabularii.
Data vacante (monogramme royal) cancellaria.
Per manum fratris Guarini.
Au nom de la sainte et indivisible Trinité, ainsi soit-il.
Philippe, par la grâce de Dieu, roi de France.
Sachent tous, présents et à venir, que Juhel de Mayenne, fondateur de l'abbaye de Fontaine-Daniel, a donné et concédé en perpétuelle aumône à cette abbaye tous les bois de Salair et de Poillé, avec leurs dépendances; tout le Parc de Mayenne; l'étang de la Motte, avec le moulin de cet étang; la Haie d'Anvore en son entier; le lieu même où l'abbaye est placée ; la terre entière de la Sepellière, de la Chauvonnière et de la Roche; toute la terre de Renauld Fauconnier et tout ce que celui-ci a possédé au bourg de Saint-Georges et à Loyère; tous les moulins de Juhel situés dans la ville de Mayenne, avec toutes leurs dépendances; le moulin de Grenoux et tout son droit de seigneurie sur la rivière de Mayenne.
Il a donné de même, à Mayenne, les vignes des juifs Bonet et Salomon, l'herbergement de ce dernier, qui est aussi situé à Mayenne, ainsi que le droit d'avoir dans ce même herbergement un homme libre et exempt de tous droits à l'avenir.
Juhel a encore donné et concédé à l'abbaye, en perpétuelle aumône, tout ce qu'il possédait à Fontenay-le-Pesnel, A Montchamp et à Secqueville (2), avec toutes les dépendances de ces manoirs; tout ce qu'il possédait en bergerie; vingt sols manceaux sur son gerbage et le marais de Galichar, le tout à Réville; vingt sols et six quartiers de froment de rente perpétuelle, à Bécherel, et cinquante sols manceaux sur le passage de Romilly ; une closerie à Fosse-Louvain ; la dixième partie de toutes les rentes de Juhel sur les terres défrichées et à défricher dans la forêt de Fosse-Louvain ; enfin deux parts des dîmes de la terre de Fosse-Louvain et la dime du moulin (du même nom).
Juhel a aussi donné et concédé trois métairies, avec leurs dépendances, savoir : Champoux, l'Alleu et le Saule-Renauld, avec la Gaudinière et la Marcirais; métairies par lui acquises de l'abbaye de Clermont et pour lesquelles il avait accordé, en perpétuelle aumône, à cette abbaye tous ses moulins d'Ernée et de Vahais, avec toutes leurs appartenances.
Ledit Juhel a donné et concédé A l'abbaye même de Fontaine-Daniel et à ses dépendances droit d'usage dans tous ses bois et forêts pour la construction et la réparation tant de l'abbaye que de tous les autres bâtiments du monastère, et de plus le droit d'avoir des porcs dans toutes ses forêts, au temps et aux lieux habituels.
Juhel a, en outre, accordé à l'abbaye que tout ce qu'elle pourra acquérir, à justes titres, dans l'étendue de sa terre, elle le tienne et possède à perpétuité, sous réserve des droits qui lui seraient dus.
Il a enfin accordé à l'abbaye, à ses hommes et pour tous ses biens, liberté par toute sa terre, avec franchise des droits qui lui appartiennent ou appartiendront à ses héritiers.
Pour que ceci demeure ferme et stable, nous avons, sur la demande de Juhel et sous la réserve de notre droit, confirmé le présent écrit, en l'appuyant de l'autorité de notre sceau et du monogramme du nom royal figuré plus bas.
Fait à Chantocé, l'an de l'Incarnation du Seigneur 1206, la vingt-septième année de notre règne, en notre palais et en présence des personnes dont les noms et les seings sont ci-dessous :
(Pas de Sénéchal; — Le seing de Guy (3), bouteiller; le seing de Mathieu (4), chambrier; le seing de Dreux, connétable.
Donné pendant la vacance de la chancellerie.
Par la main de Frère Guérin (5).
1216. Confirmation par Maurice de Craon de la donation faite par sa soeur Constance d'une rente de 20 sols tournois à prendre sur le trépas de la Loire à Chantocé.
Cabinet Brière au Mans, copie sur papier, du XVIIe siècle.
Universis Christi fidelibus presens scriptum inspecturis Amauricus, dominus Credonis, salutem in Domino.
Sciatis quod soror mea Constancia, pro salute anime fratris mei et sui Petri de Credone, dedit in puram et perpetuam elemosinam et concessit abbatie de Fonte Danielis et monachis ibidem Deo servienlibus viginti solidos turonensium perpetui redditus, apud Chantoceium in passagio Ligeris singulis annis similiter dimidia quadragesima capiendos cum aliis viginti solidis quos antea ipsi monachi ex dono ipsius Constancie in dicto passagio habebant per manum illius qui illud passagium recipiet quoquo modo.
Hanc autem elemosinam ego Amauricus, ad petitionem prefate sororis mee, prefatis monachis bona fide concessi perpetuo possidendam.
Et ut hoc firmius in perpetuum teneatur, presentern [cartam] feci sigilli met testimonio roborari.
Actum anno gratie M° CC° sexto decimo.
1274, 21 novembre. Charte passée en la cour d'Angers. Jeanne de Craon, sœur de Maurice, seigneur dudit lieu, et femme de Girard Chabot, seigneur de Rays, reconnaît n'avoir aucun droit sur la terre de celui-ci, pour douaire ou droit de noces, en sus des 1,400 livres de rente qu'Isabeau, dame de Chantocé, lui a assignées par contrat de mariage.
Lettre comment Jehanne de Craon ne peut demander, par douaire ne par don de noces, fors xiiij livres, selon les lettres du mariage d'elle et de monsr de Rays.
Sachent tuit que en noustre cort en dreit establie domeisele Johenne de Creon, seur de noble home monseignor Morice de Creon, confessa qu'ele ne peut aveir aucunes chouses ne demander, par reson de douaire ou de don por noces, en la terre monsor Girart Chabot, chevalier, fors les quatorze cens livres de rente si comm‘est devisé ès letres de la convenance d'entr'eus, séelées dou séel de noustre cort et dou séel madame Hysabeau dame de Chantaucé fesant mencion desdites quatorze cenz livres de rente, si comme cele Ysabeau les dona a ladite domeisele et as hers d'ele et daudit Girart, si comme nous l'avon veu contenu en celes dous peires de letres.
Et nous icele Johenne, en noustre cort en dreit présente et consentant, jugeon audites chouses entériner; et de tout ce, et qu'ele par sey ou par autres encontre ne vendra, ele est tenue par le serement de son cors, fet de sa volenté en noustre cort sus seintes évangiles.
Ce fut fet a Engers (6), ou jor de mercredi davant la feste seinte Katerine, en l'an de grace mil CCLX et quatorze.
(Original scellé, en cire verte, sur double queue.)
Cartulaire de l'abbaye cistercienne de Fontaine-Daniel publié et traduit par A. Grosse-Duperon et E. Gouvrion
Liste des Sénéchaux d’Anjou et du Maine <==
1268, Chevauchée de Girard Chabot, sire de Rays sur la terre de Maurice, seigneur de Belleville <==
(1) Dans le document, établi vers 1340, où les droits des filles, lorsqu'elles sont seules à hériter, sont constatés d'après la coutume on lit : « Et ensement misires Jubés de Maienne ut III filles desquelles misires Dreues de Mello ot l'ainznée o toutes les baronnies de Maienne, et misire Henri d'Avaugour l'autre après et misire Pierres, qui fut conte de Vendosme, l'autre: et n'orent les II filles puisnées que leur mariage ». Voir p. cxv-cxix du tome III des Coutumes et Institutions de l'Anjou et du Maine de M. Beautemps-Beaupré.
(2) Secqueville en Dessin.
(3). Guy de Senlis.
(4). Il s’agit sans doute de Mathieu II de Montmorency
(5). La chancellerie de France fut vacante pendant une grande partie du XIIIe siècle.
D'autres officiers remplissaient les fonctions de garde des sceaux. C'est de la que fut Introduite dans les diplômes la formule vacante cancellari, entrecoupée par le monogramme du roi, Frère Guérin, qu'on voit figurer Ici, était chevalier de Saint-Jean de Jérusalem et évêque de Senlis. Il obtint d'être chancelier en titre, en 1223; et, afin de donner plus du relief a son office, fit décider que le chancelier de France serait le premier de tous les officiers de la couronne et qu'il aurait séance parmi les pairs du royaume.
En 1302, Philippe le Bel décida que le chancelier aurait rang immédiatement après les princes du sang.
(6). L'emploi de l'E, comme initiale du nom de la capitale de l'Anjou, doit être très rare.