PERUSSE DES CARS ( de ) , ducs des Cars, marquis de Montal, comtes de St-Bonnet, barons de Monthoiron, Sgrs de St-Germain-sur-Vienne, la Renaudie, la Roche-Abeille, etc.; Sgrs engagistes de Châtellerault.
— Famille des plus anciennes et des plus illustres de France.
Sa filiation suivie commence par Aymery de Perusse, chevalier, vivant en 1027. Elle compte six chevaliers croisés.
Le château de Monthoiron, siège de cette châtellenie, aurait été occupé à partir de 1470.
La tour carrée est le seul élément subsistant du château primitif.
Le Marquis de Pérusse des Cars, acquit la châtellenie de Monthoiron, en 1753, il y entreprit des travaux de rénovation.
Louis Nicolas de Pérusse des Cars, lieutenant-général, et de Jeanne-Marie-Victoire d'Artaguiette de La Hette (fille de Jean Baptiste Martin d'Artaguiette d'Iron), il est issu de la Maison de Pérusse des Cars.
Portrait de M. de Pérusse des Cars, musée acadien d’Archigny Cliché de M. Gagnaire
En mars 1815, le titre de duc fut accordé à Jean-François de Perusse, lieutenant-général des armées du roi.
François-Nicolas-Réné de Perusse, comte des Cars, fut nommé député aux Etats généraux, en 1789, par la noblesse du Châtelleraudais.
En 1854, le bâtiment fut dévasté par un incendie et totalement reconstruit à l’exception de la tour carrée, englobée dans la nouvelle construction de type « maison bourgeoise »
De gueules, au pal de vair, appointé et renversé.
LES ACADIENS DANS LES LANDES DE CHATELLERAULT ; LE MARQUIS DE PÉRUSSE D’ESCARS ET M. SARCEY DE SUTIÈRES.
Je lis dans un des derniers numéros de la Revue poitevine et saintongeaise (tome IV, p. 223) que M. Dubois, dans une lecture faite à la Société archéologique du Limousin, s’est étendu longuement sur les actes de générosité et de bienfaisance du marquis de Pérusse, qui mit en rapport les landes de Châtellerault et y attira des familles allemandes et canadiennes.
Les Canadiens qui défrichèrent les landes de Châtellerault avaient été chassés de l’Acadie par les Anglais en 1755 et déportés dans les autres colonies britanniques ; leur long exode a été immortalisé par le beau poème de Longfellow, Evangeline.
« Six mille au moins furent, dit M. C. Moreau (Histoire de l’Acadie, 1873, p. 348), jetés au hasard, sans secours, sans précautions sur les côtes américaines. »
La ville de Richmond refusa d’en recevoir quinze cents qu’on y envoyait et qui furent emmenés à Liverpool, Southampton, Bristol, d’où ils passèrent en France après la paix. Quelques-uns allèrent en Louisiane, à Saint-Domingue, en Guyane.
D’Argenson écrivait dans son Journal (édition de la Société de l’Histoire de France, tome IX, p. 306), à la date du 18 février 1756 : « On a enlevé et distribué ces Français en diverses colonies anglaises; ils sont sans biens ; ils sont comme esclaves et nus ; on a voulu exiger d’eux serments et services contre leur patrie; ils l’ont refusé; ils cherchent à revenir chez nous. »
On trouve quelques détails sur la manière barbare dont ils furent traités dans les histoires du Canada et notamment dans celle de Garneau (tome III) et surtout dans un article récent de l’abbé Casgrain dans le journal Paris-Canada.
Des documents ont été publiés dans les Archives de la Nouvelle- Ecosse, recueil que nous n’avons pu consulter. On en trouverait probablement d’autres dans nos grands dépôts publics, dans les archives des ministères de la marine, de la guerre et des affaires étrangères.
Un grand nombre de Canadiens s’établirent à Rochefort et à la Rochelle. M. Berryer, alors chargé du département de la marine, autorise l’intendant le 29 juillet 1761 à donner à chacun de ces malheureux six sous par jour; le 1 er août suivant, il ordonnait de faire une nouvelle revue des familles réfugiées et de retrancher ce faible secours à ceux qui pourraient gagner leur vie et aux gens de métier.
Le 14 novembre, le duc de Choiseul revint sur cet ordre sévère : « Il leur est, dit-il, de toute impossibilité de se procurer de quoi vivre et on aurait la douleur de les voir périr de misère si on ne leur continuait le secours de six sous par jour. »
Les dépenses faites pour eux pendant le mois de mai s’élevèrent à 7,242 1.; en juin â 6,935 1.
Le recensement des Canadiens fut fait à la Rochelle par un écrivain nommé Pourtrait ; il reçut à cet effet une gratification extraordinaire. Le ministre s’étonna de cette inutile générosité. «
Les écrivains dans le port ont, disait-il le 25 février 1762, des appointements ordinaires pour ne rien faire et on les paye par extraordinaire lorsqu’ils travaillent. » (Dépêches de la Cour, Bibliothèque de la marine à Rochefort.) Parmi les réfugiés, ceux dont nous avons trouvé les noms mentionnés sont M. de Covignac et sa femme (de l’île Royale), Pierre Mola, Hamelin, Lartigue, Ducemetière et sa femme, Roche (ci-devant arpenteur à l’île Royale et retiré à Angoulême), Marie-Louise Larivé.
On trouverait sans doute beaucoup d’autres noms dans les registres de l’état civil des villes de Rochefort, la Rochelle, Angoulême, Saintes, etc.
Arrêt du Conseil du 14 Juin 1763, qui autorise le Marquis de Pérusse à faire le défrichement des terres incultes faisans partie de sa terre de Monthoiron près Châtelleraut, en exemption de différens droits, et entr'autres ordonne que pour ladite exploitation, lui, ses représentans et leurs Fermiers, ne pourront être augmentés à la taille, vingtième et autres impositions pendant trente ans. Lettres-Patentes fur ledit Arrêt du 12 Juillet suivant, p.. 1668.
L'histoire des Acadiens établis aux environs de Châtellerault a été écrite par l’abbé Lalanne, dans son Histoire de Châtellerault et du Châtelleraudois (1859, tome n) ; il cite les archives de la mairie d'Archigny et un mémoire manuscrit appartenant au marquis d’Argenson. On pourrait probablement consulter utilement, pour compléter le récit de l’abbé Lalanne, les archives de M. le duc des Cars et les archives départementales de la Vienne.
En 1772, les Acadiens réfugiés en France envoyèrent demander au roi qu’on voulût bien les mettre en possession de terres â défricher ou qu’on les autorisât à accepter les offres du roi d’Espagne qui les engageait â s’établir dans la Sierra-Morena. M. Bertin et l’abbé Terray furent chargés de leur trouver dans le royaume des terrains qu’ils pussent mettre en valeur.
Bertin parla d’eux au marquis de Pérusse d’Escars qui avait acheté les terres de Montoiron (en 1755) et de Châtellerault (en 1776) et qui avait amené â Montoiron en 1762 pour défricher ces landes incultes quatre familles allemandes du pays de Juliers, rejointes bientôt par six autres.
Au mois d’octobre 1772, plusieurs cultivateurs acadiens allèrent en compagnie de M. Sarcey de Sutières, directeur de l’école d’agriculture d’Anet, visiter les terres du marquis et des propriétaires voisins. Ils choisirent pour l’établissement projeté 4,000 arpents dont 630 relevaient de la seigneurie de Montoiron appartenant â M. de Pérusse, 2,400 des baronnies d’Angles et de Chauvigny, appartenant â l’évêque de Poitiers, 110 de l’abbaye de l’Etoile et 980 des religieuses de la Puye.
Cinquante-sept maisons furent bâties; elles étaient achevées en 1773. Quelques personnes mal intentionnées se livrèrent â des intrigues malveillantes pour détourner les Acadiens du travail, leur faisant espérer do nouveaux établissements en Louisiane. Il fallut éloigner les plus récalcitrants. M. de Pérusse se plaint de cet état de choses dans une lettre (citée par l’abbé Lalanne) qu’il écrivait â M. de Sutières le 1 er octobre 1777 et qui est datée du château de Targé (appartenant aujourd’hui à M. Allain-Targé, beau-père de M. de la Porte, député des Deux-Sèvres).
L’abbé Lalanne n’a pas connu deux passages assez curieux des Affiches du Poitou. Dans le numéro de son journal du 30 octobre 1777 (p. 173), Jouyneau des Loges a publié une lettre adressée à M. de Sutières et insérée, sous la signature Vérité fils, dans la Gazette d’Agriculture du 30 septembre 1777. « Je vous avouerai, Monsieur, que ce n’a pas été sans surprise que j’ai vu les succès de vos nouveaux cultivateurs dans les différents essais qu’ils ont faits tant en blé, froment, méteil et avoine qu’en chanvre, lin et autres productions utiles. Ces terrains incultes vont moyennant vos principes se changer en campagnes fertiles.
Le nouvel établissement fait le plus grand honneur à M. le marquis d’Escars de Pérusse qui en a conçu le projet. »
Le 31 décembre 1778 (p. 219), Jouyneau des Loges consacrait encore quelques lignes aux Acadiens : « Ce peuple aussi pieux que sensible a fait célébrer le 14 de ce mois dans l’église de l’abbaye de l’Etoile une grand’messe pour demander à Dieu l’heureuse délivrance de la reine. Cette petite colonie déjà considérablement augmentée par le mariage des filles acadiennes avec des garçons du pays offre aussi, ajoute-t-il, la perspective touchante d’un grand accroissement de population par le nombre de jeunes femmes enceintes. »
Le 20 août 1783, une ordonnance royale sanctionna les conventions passées entre les Acadiens et les propriétaires des terres qu’ils avaient défrichées.
Il existe encore, dit l’abbé Lalanne, plusieurs maisons acadiennes, appelées aujourd’hui la Ligne, sur la route de Châtellerault à Saint-Savin, communes d’Arcliongeay et de la Puye; mais les familles acadiennes ont, paraît-il, laissé peu de descendants, en dépit des pronostics de Jouyneau des Loges.
Le marquis de Pérusse avait épousé Jeanne-Marie-Victoire de la Hitte d’Artaguette, de la Mothe-Saint-Héraye ; c’était sans doute la fille du personnage qu’un portrait appartenant au musée de Niort représente si joyeusement occupé à dîner.
M. Sarcey de Sutières, dont les Acadiens recevaient les directions, appartenait, ainsi que l’a rappelé déjà la Revue (tome ii, p. 269), à la famille dont est descendu le célèbre critique Francisque Sarcey. C’est à cette parenté que M. de Sutières a dû d’attirer l’attention de l’Intermédiaire des chercheurs et des curieux (1885, pp. 101, 158, 177, 362)
. Il était en même temps que directeur de l’école d’Anet, gentilhomme servant du roi et avait été capitaine au régiment de Bretagne- Infanterie.
Dans la France littéraire (tome vm, p. 450), Quérard a donné la liste de ses ouvrages: Agriculture expérimentale (Yverdun, 1765, in-8°); Cours complet d’agriculture ou leçons périodiques sur cet art (Paris, 1788); Défense de l’agriculture expérimentale (1766, in-12). Le premier de ces livres a été réédité en 1770 sous ce titre : Ecole d’agriculture pratique sur les principes de M. Sarcey de Sutières, par M. de Grâce (in-12).
Revue poitevine et saintongeaise : histoire, archéologie, beaux-arts et littérature... rédacteur en chef Jos. Berthelé