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PHystorique- Les Portes du Temps
22 mai 2023

Château de Beaumarchais situé à Brétignolles-sur-Mer.

 Vue à vol d’oiseau du château de Beaumarchais

Au centre du marais de Jaunay (Beau-Marchais, beau-marais), à peu près à égale distance de Brétignolles, d'où il dépend, de la Chaize-Giraud, de l'Aiguillon et de Givrand, au milieu d'un parc aux superbes ombrages, et dont les plantations, étendues sur un large espace, ont pour jamais chassé de la région les émanations malsaines et fiévreuses qui empestaient l'air autrefois, s'élèvent les constructions imposantes du château de Beaumarchais.

Édifié vraisemblablement par le célèbre Vincent Bouhier, qui fut seigneur de Beaumarchais, le château se compose d’un corps de logis, flanqué de deux ailes latérales terminées aux angles par deux tourelles carrées en encorbellement.==>Bas-Poitou, la famille BOUHIER de l’ÉCLUSE.

Armoiries de la famille de BOUHIER de l’ÉCLUSE 2

Deux tours rondes rattachent les ailes au corps de logis principal. Les baies sont larges et ornementées. Il n'y a cependant rien de bien saillant dans cette habitation que le riche financier de Henri IV aurait dû, semble-t-il, construire avec plus de luxe.

De vastes dépendances précèdent le château. Elles sont l'une et l'autre terminées par deux tours.

A l'intérieur, de vastes et belles salles. La chapelle, qui se trouvait dans l'aile gauche, n'a pas encore été restaurée. Dans la salle qui suit, on remarque une belle cheminée Renaissance, aux lignes pures et sobres. (Voirie dessin page 19.)  

Avant de commencer l'histoire du château de Beaumarchais, avertissons tout de suite les lecteurs, — de récents événements rendent la chose nécessaire, — que ce fief noble de Beaumarchais, dont l'ancienneté et l'authenticité sont également incontestables, n'a de près ni de loin rien de commun avec cette mare à grenouilles, à homonyme dénomination, perdue dans l'Ile-de-France, dont les héritiers de Caron l'horloger, d'équivoque mémoire, s'affublent gravement, avec une fierté que personne ne leur envie.

 

MAUCLERC 2

Le premier seigneur connu de Beaumarchais est Jehan Mauclerc, seigneur de la Brossardière (1551) (i).

La famille de Mauclerc, qui a fourni un évêque à Nantes, Mgr Mauclerc de la Muzanchère, ancien doyen du chapitre de Lucon (2) était d'ancienne chevalerie, possessionnée sur les confins de la Bretagne et du Poitou.

A la mort de Jehan Mauclerc, Beaumarchais échut à René, son fils aîné (3), mais la veuve de celui-ci, Marie des Granges, épouse en secondes noces de Clément Maynard, vendit dès 1562 « l'hostel et fiefs » dé Beaumarchais à Robert Bouhier, écuyer, seigneur de Rocheguillaume (4).

Les membres de cette ancienne famille, originaire des Sables, s'étaient enrichis « au commerce de mer ».

 

 

 

Le troisième fils de Robert, qui eut dans sa part d'héritage la seigneurie dont nous esquissons l'histoire, Vincent Bouhier, intelligent et ambitieux, devait arriver à une immense richesse et à une haute situation dans l'Etat.

Remarqué par Henri IV, alors que sa charge de payeur des écuries du Roi le mettait fréquemment sous les yeux du monarque, il contribua, par sa situation dans le Poitou, à ramener à la cause du Béarnais les gentilshommes poitevins (5).

Henri IV n'oublia pas ces services, et Vincent Bouhier de Beaumarchais devint successivement conseiller du roi, trésorier de l'ordinaire des guerres, commis à la direction des finances en la généralité de Poitou (6), et, après son mariage avec Lucrèce Hotman (1596), trésorier de l'épargne royale.

 En 1596, M. de Beaumarchais acheta du duc de Montpensier la moitié de la châtellenie de la Maurière, de la Mothe-Achard, Falleron et de la garenne de Raiz ou Retz; en 1599, la seconde moitié de cette garenne; en 1600, la châtellenie de la Chaize-Giraud et la seigneurie de la Chapelle-Hermier (7).

Lorsque Beaumarchais fut ainsi devenu une seigneurie très importante, Vincent Bouhier fit construire le château qui existe encore.

Pendant les premières années de Louis XIII, M. de Beaumarchais, devenu comte de Châteauvilain, resta aussi influent.

LA VIEUVILLE

D'après Bassompierre (8), c'est grâce à lui que l'un de ses gendres, le marquis de la Vieuville (l'autre de ses filles épousa successivement Louis de la Trémoille, marquis de Noirmoutier, puis Nicolas de l'Hôpital, duc de Vitry) obtint, en 1623, la surintendance des Finances.

 Mais la roche tarpéienne est près du Capitole, et peu de temps après, par suite de l'Établissement du roi, d'octobre 1623, inspiré par Richelieu « plusieurs financiers ayant été accusés et aucuns emprisonnés..., Beaumarchais (9)... fut des premiers à se sauver dans l'île de Noirmoutier.

Les charges contre lui furent si grandes, qu'il fut enfin condamné à être pendu et étranglé, et fut exécuté en effigie (10) ».

Heureusement que ce ne fut qu'en effigie, car malgré la prévention de la chambre de justice, qui obéissait à l'impulsion donnée par Richelieu, les charges alléguées contre la Vieuville (11) et son beau-père ne furent point maintenues. Beaumarchais mourut vers 1633. Le duc de la Vieuville lui succéda comme seigneur de Beaumarchais.

 A son tour, il eut pour héritier de cette terre son fils Charles, lieutenant- général des armées du roi, lieutenant général du Poitou et gouverneur du futur régent.

A la mort de René François, qui lui avait succédé en 1689, ses enfants vendirent la terre de Beaumarchais à dame Suzanne Pascaud, veuve d'Étienne Le Moyne, écuyer, conseiller du Roy.

Cheminée Renaissance du château de Beaumarchais

Cheminée Renaissance du château de Beaumarchais.

 

 

Mme Le Moyne de Beaumarchais mourut en 1764, laissant un fils, Étienne- Charles-Antoine, qui se distingua dans l'armée et tint à la cour, où il fut écuyer de Mme Adélaïde de France, depuis 1759 jusqu'à la Révolution, une place considérable. Lié avec les hommes les plus influents de son temps, promoteur de grands travaux agricoles, il employa son crédit et sa fortune aux entreprises et aux améliorations les plus utiles à la contrée (12).

LE MOINE

 

 

 

 Son fils étant mort sans postérité, la terre de Beaumarchais passa à sa fille, Suzanne-Françoise Le Moyne de Beaumarchais, dont l'unique héritière, issue de son mariage avec L.-H. Lenfant de Louzil, épousa en 1814 Pierre-Paul Bascher, d'une ancienne famille originaire d'Anjou, qui acquit, pendant les guerres de la Vendée, le plus glorieux renom (13).

 

 

Lui-même se distingua dans les prises d'armes de 1814-15. Major de la division de Saint-Philbert et commandant du quartier général de Maisdon, il prit part à tous les combats de son corps d'armée (14).

Son fils, M. Théophile Bascher de Beaumarchais, a continué dans la région l'œuvre de progrès (15) qui illustra son bisaïeul Étienne de Beaumarchais.

 

Paysages et monuments du Poitou / photographiés par Jules Robuchon

 

 


 

(1) Archives du château.

(2) Il faut lire dans DE LA. FONTENELLE, Évêques de Luçon, p. 740, le récit intéressant de la fête donnée à l'occasion de l'élévation à la dignité épiscopale de leur doyen par les vénérables chanoines de Luçon.

(3) Le troisième fils de Jehan Mauclerc est ce Julien que nous avons déjà rencontré dans l'histoire de Saint-Gilles (p. 10). Ajoutons ici qu'on lui doit un Traité de l'Architecture suivant Vitruve, imprimé en 1648, livre rare et très recherché aujourd'hui, et qui contient le portrait curieux de l'auteur, dont nous donnons (ibid.), une reproduction.

(4) Archives du château. — Sur les Bouhier, cf. Une page de Généalogie vendéenne, par R. VALLETTE (Revue du Bas-Poitou, III, 2" livraison, p. 168).

(5) R. VALLETTE. Un Confident de Henri IV en Bas-Poitou, Nantes, 1887, p. 5.

(6) VALOIS. Invent. des arrèts du Conseil d'État, I.

(7) Archives de Beaumarchais.

(8) Mémoires, édit. citée, III, p. 2.

(9) « Pour ce qu'il était le principal et le plus riche d'entre eux. » Mémoires du duc de Rohan, édit. Petitot, II, 18, p. 250.

(10) Mémoires de Richelieu, édit. Petitot, 1, 22, 2, p. 356. — On conserve, aux Archives nationales, les pièces originales du procès de V. Bouhier (U, 81 5, f° 45 vo).

(11) Ce ministre « indiscret, tracassier, remuant », fut peu regretté. Cf. mon étude sur Y Église de l'Oratoire Saint-Honoré (Poussielgue, 1886, p. 17 et suiv.).

(12) CAVOLEAU, op. cit., p. 13o.

(13) Cf. Revue du Bas-Poitou, Ille, 2e livr., p. 128. Cf. CRÉTINEAU-JOLY, Histoire de la Vendée militaire, II, p. 352 ; DENIAU, V, p. 346;' Mémoires de Mgr de BEAUREGARD, II, passim.

(14) Mémoires de Mme de La Rochejaquelein, II, p. 269 (édit. de 1860).

(15) Cf. le Rapport de la culture du domaine de Beaumarchais. — A la suite d'une enquête faite par les agronomes les plus éminents, M. Bascher de Beaumarchais obtint, au concours régional de 1873, une médaille d'or.

 

 

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