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PHystorique- Les Portes du Temps
29 avril 2023

24 heures chrono pour découvrir JACQUES DE BEAUMONT, seigneur DE BRESSUIRE, sénéchal de Poitou (vers 1420 - 1492)

24 heures chrono pour découvrir JACQUES DE BEAUMONT, seigneur DE BRESSUIRE, sénéchal de Poitou (vers 1420 - 1492)

Jacques de Beaumont est le fils du maître des Arbalétriers André de Beaumont-Bressuire et de Jeanne de Torsay, dame de Lezay et de La Mothe-Saint-Héray, fille héritière du Grand-maître des Arbalétriers Jean de Torsay.

Il est le neveu de Louis II de Beaumont-Bressuire, sénéchal du Poitou et chambellan du roi de France.

Jacques de Beaumont devait atteindre à peine sa vingtième année lorsqu'il entra en possession de la baronnie de Bressuire, en 1440.

Il héritait, avec sa sœur Jeanne, de leur aïeul Guy de Beaumont, à titre de représentation, au lieu et place de feu André de Beaumont, leur père.

En conséquence, et suivant la coutume en vigueur dans la vicomté de Thouars, il prenait avec ladite Jeanne les trois quarts de la succession, tandis que ses tantes Marie et Françoise ne recueillaient que le dernier quart (1).

Bientôt l'arrangement intervenu avec sa belle-mère et la mort de sa sœur mettaient entre ses mains la plus grande partie de la fortune de sa famille (2).

Jusqu'à l'avénement de Louis XI, la vie de Jacques de Beaumont s'écoula dans l'obscurité; c'est du moins la conclusion que l'on doit tirer du silence qui se fait autour de son nom durant cette première période.

Les circonstances n'étaient pas encore favorables pour le rôle qu'il était appelé à jouer, et d'ailleurs il était trop jeune.

En attendant le moment où nous le verrons à l'œuvre sur un plus grand théâtre, faisons connaître ses actes administratifs dans la baronnie de Bressuire.

Trois ordonnances très-curieuses furent rendues, au mois de janvier 1446, par Hugues de Conzay, sénéchal de Bressuire : la première sur la boulangerie ; la seconde sur la police des foires et marchés, tavernes et hôtelleries ; la troisième sur la boucherie. La boulangerie était soumise aux règlements suivants : 1° à raison du bon marché du blé, le prix de tout pain blanc, tels que choyne et fouace, ne dépassera pas deux deniers la pièce, et la miche quatre deniers; 2° le choyne de deux deniers devra peser quatre livres, et le choyne de un denier deux livres, tant que le setier de froment, mesure de Bressuire, vaudra quinze sols ; 3° si le pain n'a pas le poids fixé, il sera confisqué et le boulanger condamné à l'amende; 4° tous les boulangers seront obligés de venir vendre leur pain en un lieu public appelé la panneterie de Bressuire, à peine d'amende; 5° les bouchers, corvoysiers, teinturiers, tisserands et fileurs n'auront point le droit d'exercer le métier de boulanger, leurs métiers étant incompatibles avec celui de la boulangerie, sous peine de grosse amende et de confiscation du pain.

La police des marchés et des tavernes était réglée de la manière suivante : 4° tout marchand, sans distinction, ne pourra étaler ses marchandises, sous peine d'amende, que dans les lieux et places assignés pour la vente de chaque espèce de denrées ou marchandises; 2° de même, nul ne pourra, sous peine d'amende, aller sur les chemins ou dans les rues au-devant des marchands pour leur faire des achats en dehors des lieux désignés; 3° si, dans ce dernier cas, les marchands venaient à vendre quelque chose avant d'être arrivés au marché, ils seront également passibles d'une grosse amende; 4° il est interdit à tous les taverniers de la ville, toujours sous peine d'amende, de recevoir et de donner à boire, dans leurs maisons, après le coucher du soleil ; quant aux habitants, ils sont tenus de rentrer chez eux à la même heure, por éviter et eschever les maulx et inconvenians qui se y povent fere et enssuyr, 5° les taverniers, débitants et marchands forains doivent se retirer aussi, à la chute du jour, dans leurs hôtelleries; mais il leur est défendu, sous peine d'amende et autres punitions, d'y jouer aux dés, aux cartes et autres jeux de hasard; le jeu de tables et cintres légaus jeux seulement leur sont permis, à condition toutefois qu'ils ne joueront que leur consommation de vin.

Le règlement de la boucherie, d'ailleurs semblable aux anciens, et notamment à celui du 8 février 1440, était ainsi conçu :

 1° de la Saint-Jean au carême, les bouchers doivent tenir, tous les jours gras, la boucherie approvisionnée de bonnes viandes de bœuf, mouton et porc; ils seront soumis à l'inspection des jurés ; 2° de Pâques à la Saint-Jean, ils étaleront seulement du mouton, du chevreau et du porc frais ; 3° la boucherie devra être approvisionnée depuis le matin jusqu'au soir ; 4° il leur est interdit de s'entendre ou de s'associer pour faire monter les prix; 5° ils devront se trouver au moins trois, chaque jour, à la boucherie; 6° avant d'abattre un bœuf, ils le soumettront à la visite des jurés, le tout à peine d'amende arbitraire (3).

Ces ordonnances n'étaient pas nouvelles, mais les seigneurs les faisaient parfois renouveler par leurs officiers, soit pour y apporter quelques modifications, soit pour rappeler les habitants à leur observation. Comme on peut s'en convaincre, elles contiennent beaucoup de sages prescriptions, que nos règlements modernes ont reproduites sans les inventer.

Au moyen âge, les seigneurs étaient tenus d'entretenir en bon état les routes et ponts existant sur leurs terres, obligation fort juste, puisqu'ils percevaient les péages.

Mais il arrivait souvent que, par suite de leur négligence ou mauvaise volonté, et aussi à cause de la modicité du profit qu'ils retiraient des péages, les ponts, mal entretenus, tombaient en ruines, et les chemins, non moins négligés, se transformaient en véritables bourbiers.

 A cette époque, le pont de la Mothe-Rousseau, sur la Sèvre, avait besoin des plus urgentes réparations.

 Jacques d'Appelvoisin, seigneur de Pugny, chargé en partie de ce soin à titre de possesseur de la moitié du péage et bailliage de Moncoutant, le trouva sans doute trop onéreux et négligea obstinément de s'en acquitter.

Il fallut recourir aux voies judiciaires. Comme il relevait de la châtellenie de Bressuire, une sentence du 19 août 1448, rendue par Hugues de Conzay, sénéchal de Bressuire, le condamna à contribuer pour la moitié aux réparations du pont (4).

 

Jacques de Beaumont épousa, le 26 janvier 1451, Jeanne de Rochechouart, fille de Jean Ier de Rochechouart, Sgr de Mortemart et Vivonne, et de Jeanne Turpin (5).

Cette alliance avec une riche et puissante famille, où sa mère avait déjà choisi un second mari, commença à le mettre en relief et contribua, sans doute, à lui procurer l'influence dont il devait jouir bientôt.

Il s'occupait alors avec activité des réparations de son château de Bressuire, entreprises par son grand-père. Sous sa direction, les travaux prirent un plus grand développement; il finit même par reconstruire et augmenter tous les bâtiments d'habitation.  

Dans ce but, non-seulement il obtint du roi la prorogation de l'impôt du dixième sur le vin, dont il préleva la moitié pour le château à partir de 1459, au lieu du tiers, comme auparavant, mais encore il fit créer, par lettres du roi données à Tours le 25 février 1458, une nouvelle taxe de 500 livres tournois.

Suivant l'usage, le roi ne l'avait octroyée qu'à la condition que la plus grant et saine partie des habitans de la ville et chatellenie y donnerait son consentement.

Conformément à cette prescription, l'assemblée des notables des trois ordres de la ville et châtellenie de Bressuire se réunit dans le monastère des Cordeliers, le 16 mars 1458, en présence du seigneur et de deux notaires, Nicolas Bernart et Jean Sicaut.

Elle était composée de la manière suivante :

Jean de Beaumont, Sgr de Glenay; Guy de la Forest, Sgr de Montpensier et Vaudoré; Jean de Courdaux , Sgr de Courdaux et Montfernier ; Pierre Maruilleau,. Sgr de la Vergnaye; Jean de la Brosse, Sgr du Poyron; Jean de la Forest, Sgr de Beaurepaire; Louis Texier, curé de Moncoutant; Huguet Germain, Guillaume Chausson, Mathurin Roulaut, Simon Broussart et Mathurin Chastellier, paroissiens de Moncoutant; Colas Geffart et Jacques Lambert, paroissiens de la Ronde ; Jacques Hoanne, vicaire de Chanteloup ; François Béry, Sgr de Lousche ; Jean Merceron de la Germenère et Etienne Dusseau, parois- siens de Chanteloup; Louis Barviet et Jean Bourreau, paroissiens de Courlé ; Mathurin Micheau, curé de Terves; Pierre Perreau, André et Colas Turtin, paroissiens de Terves; Jacques Denideau, curé de Clazay; Geoffroy Chastry, paroissien de Clazay; Louis de la Brosse, prieur, curé de BreuilChaussée; Jean Faydeau, Guillaume Joly et Jean Martineau, paroissiens de Breuil-Chaussée; Jean Sigouygneau, curé de Cirières; Jean Chamarre de la Mahonnière, paroissien de Bretignolles ; Jean Bertrand, vicaire de Noireterre; Jean Bouleau et Jean Perriot, paroissiens de Noireterre ; Jean de Maillebois, prieur de Saint-Cyprien de Bressuire; Étienne Tollu, curé de Notre-Dame; René Berry, Sgr de la Touchotière, demeurant à Bressuire; Jean Papegaut, marchand; Jean le Cordier, Simon de Javaillac; Robin le Roux, Guillaume Neveu, Jeannot Barrau, Jean de Gaule, François Bariteau, Robin Gruget, Thomas Prévost, Jean Venonceau, Thibaut Tuffeau, Jean Biot, André Sorin, Pierre Sathenaz, Pierre Soteau et Guillaume Boidin, tous habitants de Bressuire.

On consentit à la levée de l'impôt de 500 livres durant cinq ans, à raison de 100 livres par année, destinées à être employées par moitié aux réparations des murs de la ville et du château, sous la direction du seigneur et de deux notables, ainsi que le portaient les lettres de concession.

Hotel-de-Ville-de-Bressuire

Hôtel de Ville de Bressuire. Cliché Ville de Bressuire

(C’est vers 1820, que le Maire de l’époque Philippe Bagot ( 1803-1814 ; 1816-1822) décide d’acheter pour le compte de la ville de Bressuire, les ruines de l’ancien monastère des Cordeliers, monastère de Franciscains, dans l’intention d’y édifier l’hôtel de ville dont les services municipaux erraient depuis la Révolution. https://hpb.asso.fr/le-monastere-des-cordeliers/ )

On n'a pas attendu, comme on le voit, les temps modernes pour consulter les représentants naturels des populations sur les charges qu'on voulait leur faire supporter dans un intérêt local.

Le 21 mai 1458, le sénéchal de Poitou chargea de la perception et de l'emploi des nouveaux deniers deux habitants de Bressuire, Robin le Roux et Guillaume Boidin, marchand; puis, le premier ayant été soupçonné de malversations, il lui enleva ses fonctions en 1460.

Après la mort de Charles VII, plusieurs habitants ayant refusé d'acquitter leur quote-part, sous prétexte que l'impôt créé par ce roi n'était plus exigible, Louis XI, par lettres données à Tours le 31 décembre 1461, le confirma et le maintint jusqu'à l'expiration des cinq années. Guillaume Boidin fut conservé dans ses fonctions, assez ingrates, de percepteur (6).

 

On pourrait se demander peut-être si le produit de ces différentes taxes servit pour une part quelconque à la construction du grand corps de logis du château.

La chose n'est pas probable, car on ne les créa pas pour l'utilité particulière du seigneur, mais uniquement au profit de la sécurité publique ; les lettres de concession sont formelles à cet égard : tout l'argent sera employé à l'entretien des fortifications de la ville et du château.

 Au surplus, ces sommes, assez minimes (7), eussent été d'un bien faible secours pour faire face aux dépenses considérables que coûtèrent, sans aucun doute, les constructions seigneuriales.

 C'est donc ailleurs que Jacques de Beaumont dut trouver les ressources qui lui étaient nécessaires (8).

Un des parents du seigneur de Bressuire à un degré inconnu, Louis de Beaumont, Sgr de la Motte de Beaumont, le Plessis-Macé, la Fougereuse, Riblères, et, par son mariage avec Jeanne Jousseaume, Sgr de la Forêt-sur-Sèvre, le précéda dans la carrière des honneurs et des fonctions publiques.

De 1450 à 1462, il exerça la charge de sénéchal de Poitou ; il était en même temps conseiller et chambellan du roi.

On le chargea, en cette qualité, de certaines négociations relatives aux Marches de Poitou et Bretagne.

 Le duc François II avait désigné, le 14 juillet 1462, plusieurs commissaires pour régler cette affaire, cause permanente de démêlés entre la France et la Bretagne (9).

 

 

La lettre suivante, adressée de la Forêt par Louis de Beaumont au duc de Bretagne, se rapporte aux conférences qui s'entamèrent à cette occasion, mais dont le résultat n'est pas connu (10).

 

» A mon très redoubté seigneur monseigneur le duc de Bretaigne, comte de Montfort, de Richemont, d'Estempes et de Vertuz.

» Mon très redoubté seigneur, je me recommande à votre très-bonne grâce tant et si très humblement comme je puis; et vous plaise savoir, mon très redoubté seigneur, que j'ay receu les lectres qu'il vous a pleu m'escrire par votre secretaire Simon Richart, et ouy ce qu'il m'a dit de par vous touchant la Marche de Poictou et de Bretagne, mon très redoubté seigneur, comme celui qui désire de tout son cuer vous servir et obéir, présentement je restre à Poictiers où il y a une partie des nommés en la commission et de ceulx de qui il se fault aider pour besoigner en la matière et aussi estre à Paris à ceulx qui y sont pour savoir en quel temps ils seront dispousez d'entendre et besoigner en la dicte commission, et moy, eu la response d'eulx le vous feray savoir ou à messieurs de votre conseil à Nantes et de ma part seray prest toutes choses lessées en tant que touche mes affaires, pour y obéir, mon très redoubté seig., mandez-moi et commandez vos bons plaisirs pour les accomplir à mon povoir.

 Au plaisir de notre Sgr qui par sa grâce vous donne accomplissement de touz vos bons et nobles désirs.

Escript à la Fourest le huitième jour de janvier.

» Votre très humble et très obéissant serviteur.

» DE BAUMONT. »

Quoique remplacé, en mars 1462, dans la charge de sénéchal de Poitou par Louis de Crussol, Louis de Beaumont n'en conserva pas moins la faveur de Louis XI.

 Ce monarque, en créant l'ordre de Saint-Michel (1469), le comprit dans la promotion des quinze premiers chevaliers (11), et étendit sa protection à son fils Louis, qui fut évêque de Paris de 1473 à 1492 (12).

A peine Louis XI était-il monté sur le trône, qu'il éleva le seigneur de Bressuire à la dignité de chambellan (décembre 1461) (13).

Dans les derniers mois de l'année 1462, il vint même le trouver dans son château de Bressuire ; là, il reçut la visite d'Odet d'Aidie, Sgr de Lescun, favori du duc de Bretagne, qui se plaignit, au nom de son maitre, de ce que le roi eût pris à son service le sieur de Montauban, gentilhomme breton (14).

 L'insigne faveur dont le seigneur de Bressuire semble avoir joui près de Louis XI, dès les premiers jours de son règne, ne prit-elle point sa source dans quelques relations ignorées de ces deux hommes, lors des troubles de la praguerie? C'est ce qu'il est permis de supposer en voyant l'empressement du roi à investir d'une charge Jacques de Beaumont, et à venir conférer avec lui dans son château.

Quoi qu'il en soit, l'habile monarque avait deviné dans ce petit gentilhomme un serviteur tel qu'il lui en fallait, plein de zèle, d'adresse et d'activité, obéissant, dévoué, énergique et assez peu scrupuleux sur les moyens.

Cette dernière qualité dut le rendre particulièrement cher à ce prince, vrai type de la duplicité, à la politique duquel toute arme fut bonne pour accomplir l'œuvre si désirable, à la vérité, de l'unité nationale, mais, en revanche, pour poser les bases de la monarchie absolue en France.

Écoutons plutôt Brantôme, dont le grand-père maternel, André de Vivonne, avait épousé en premières noces une fille de Jacques de Beaumont, et qui put l'apprécier en toute connaissance de cause, puisqu'il avait entre les mains toute sa correspondance avec Louis XI.

« C'était, dit-il, son second Tristan l'Hermite, car il était fait à sa main pour cela. » Jugement sévère, mais que justifieraient sans aucun doute les nombreuses lettres dont Brantôme n'a malheureusement conservé qu'un petit nombre. « J'en ay vu une centaine, ajoute-t-il, qui lèvent la paille et subellines que j'eusse ici toutes mises, mais on m'eust tenu pour un copiste, et aussi qu'il y en a aucunes fort scandaleuses et pour le roi et pour force honnestes gentilshommes d'aujourd'hui dont leurs prédécesseurs y sont compris (15). »

Malgré cette fâcheuse réserve, qui a privé l'histoire d'utiles révélations, les quinze lettres échappées à la destruction établissent d'une manière suffisante les relations intimes du seigneur de Bressuire et du roi, la confiance extraordinaire et méritée qu'il avait su lui inspirer, et la part importante qu'il prit aux affaires politiques de l'époque.

Louis XI, se préparant à agir contre le duc de Bretagne François II, qui avait donné asile à son frère Charles, chef nominal de la ligue des grands feudataires, avait chargé Yvon du Fou, l'un de ses chambellans, par lettres du 21 septembre 1467, de rassembler l'arrière-ban du Poitou.

Jacques de Beaumont reçut le commandement d'une compagnie, dans laquelle on voyait figurer ses parents : Jean de Beaumont, Sgr de Glenay ; Louis et Antoine de Beaumont, et plusieurs de ses vassaux ; René Sauvestre, Sgr de Clisson ; Guyart, Jean et Mathurin de la Forest (16).

L'année suivante, il s'engagea par acte spécial, ainsi qu'une foule d'autres seigneurs, à observer et garantir le traité d'Ancenis (10 septembre 1468), qui termina la guerre (17).

 

Le ton familier d'une lettre du roi, que Jacques de Beaumont venait alors de recevoir, donne la meilleure idée du degré de confiance dont il jouissait dès cette époque :

 

 « MONSIEUR DE BRESSUIRE, MON AMI,

» Je crois que vous scavez assez que, depuis naguères, le Pape, à ma requeste, a pourveu M. d'Évreux (Jean Balue, depuis cardinal) de l'abbaye de Bourgueil, et parce que j'ai entendu que vous estes curateur du feu évesque de Malaizé (Louis Rouault, évêque de Maillezais), qui tenait ladite abbaye, et qu'à cause d'icelle, il a plusieurs biens qui deuement apartiennent à mon dit sieur d'Évreux, qui est son successeur, je vous prie de tenir que le tout soit rendu, car il est bon diable d'évesque pour à cette heure, je ne scay ce qu'il sera à l'avenir ; il est continuellement occupé à mon service. Je vous en prie encore, monsieur de Bressuire, mon ami, qu'il n'y ait faute.

» Escrite à Compiègne, le 8 jour d'aoust.

» Signé : Louis. »

 

Il semble qu'en écrivant cette lettre, le roi ait conçu déjà sur la fidélité du cardinal Balue un certain doute qu'un avenir prochain allait bientôt justifier.

Convaincu de trahison, ce bon diable d'évêque fut arrêté au mois d'avril 1469 et jeté en prison, où il demeura durant onze années.

Si l'histoire n'avait enregistré que des mesures semblables, dont la sévérité peut d'ailleurs être appréciée diversement, elle n'aurait pas eu le droit d'être sévère envers la mémoire de Louis XI.

Mais, pour satisfaire les besoins d'une politique sans pitié, ce monarque ne recula pas assez souvent devant des actes odieux, qu'il faudra toujours flétrir au nom de la morale et de la justice.

L'un des événements qui aient laissé les plus fâcheux souvenirs, la spoliation des domaines de la maison de Thouars, dont les péripéties sont si intimement liées à notre récit, doit trouver ici naturellement sa place.

Jacques de Beaumont, dans cette triste affaire, donna la mesure de ce que Louis XI pouvait attendre de son aveugle dévoûment.

Louis d'Amboise, vicomte de Thouars, avait marié jadis ses trois filles, Françoise, Peronnelle et Marguerite :  la première à Pierre, duc de Bretagne, morte plus tard sans enfants en odeur de sainteté ; la deuxième, à Guillaume, comte de Tancarville, morte aussi sans enfants ; la troisième, à Louis de la Trémouille, dont elle eut plusieurs enfants appelés légitimement à recueillir l'immense fortune de la famille.

Dans sa vieillesse, le vicomte s'abandonna à de tels dérèglements et mena une vie si scandaleuse, que ses enfants, pour arrêter les dépenses ruineuses de leur père, se virent contraints de le poursuivre en interdiction.

Un arrêt du parlement du 26 janvier 1457, se réservant de juger l'affaire au principal, lui donna provisoirement un conseil judiciaire sans l'assistance duquel il fut déclaré incapable d'aliéner aucun de ses biens.

Sur ces entrefaites, Louis XI, qui convoitait beaucoup la magnifique vicomté de Thouars, se hâta de profiter de la position embarrassée de Louis d'Am- boise, et commença à le circonvenir.

Le vicomte, d'un caractère très-faible, était, en outre, accablé par les ennuis que lui causait son procès. Aussi accueillit-il avec bonheur les ouvertures du roi, lorsque celui-ci lui fit entendre que, s'il voulait lui donner ses domaines, il saurait bien le délivrer des tracasseries suscitées par ses enfants.

 Une première entrevue eut lieu à Tours.

 Le roi, sans renouveler sa proposition, n'eut pas de peine à l'indisposer contre son gendre, Louis de la Trémouille, dont le père l'avait autrefois cruellement persécuté.

Puis il engagea habilement le vicomte dans une négociation périlleuse, consistant à déterminer Françoise d'Amboise, sa fille, duchesse douairière de Bretagne, à accepter pour deuxième époux Philippe de Savoie.

Louis XI tenait singulièrement à faire réussir ce projet de mariage.

Il se rendit donc dans ce but en Bretagne, accompagné de Louis d'Amboise; mais, malgré les plus grands efforts, Françoise, qui s'était vouée à la vie religieuse, refusa obstinément de contracter une nouvelle union.

Le roi, calculant toutes ses démarches avec une habileté machiavélique, s'en prit au vicomte, quoiqu'il sût bien à quoi s'en tenir, et l'accabla des plus terribles reproches.

Le malheureux, éperdu et tremblant, irrité, d'une part, contre sa famille, désireux, d'un autre côté, d'apaiser Louis XI, ne put résister à une seconde proposition.

Par acte du 25 janvier 1462, passé à Nantes, il céda au roi tous ses biens, avec réserve d'usufruit, moyennant une pension viagère de 4,000 livres. Cette donation était nulle, à cause de l'état d'interdiction de Louis d'Amboise.

Lorsque Louis XI s'en fut aperçu, il fit venir le vicomte à Saumur, et, après s'être entendu avec lui, évoqua au grand conseil le procès pendant au parlement.

Sous son influence, et au mépris d'un déclinatoire proposé par le procureur de Françoise d'Amboise, le conseil, par arrêt du 5 septembre 1462, rendu à Saumur, cassa l'arrêt du parlement de 1457 et annula l'interdiction.

Ce premier obstacle levé, le roi se fit consentir, le 25 septembre 1462, une vente simulée de la vicomté de Thouars, au prix de cent mille écus.

Louis d'Amboise n'en reçut que dix mille, et garda la jouissance de son domaine; mais il donna quittance du reste de la somme, qu'il ne devait jamais toucher.

En réalité, cet acte n'était qu'une donation extorquée à la faiblesse.

 Françoise d'Amboise, lasse de protester en vain contre ces iniquités, céda, par acte du 24 février 1468, tous ses droits et prétentions au fils aîné de sa sœur Marguerite et de Louis de la Trémouille.

L'œuvre de spoliation était donc assurée ; il ne restait plus qu'à la consommer.

C'est à ce moment que nous voyons le seigneur de Bressuire apparaître sur la scène (18).

Le 24 février 1469, Louis, dernier vicomte de la maison d'Amboise, mourait à Thouars dans son château.

Louis XI, aussitôt informé de cet événement si impatiemment attendu, écrivit à Jacques de Beaumont pour lui ordonner de se rendre à Thouars sans retard, de s'emparer du château et d'en fermer l'entrée à Nicole de Chambes-Montsoreau, dernière femme du vicomte, aussi bien qu'aux gens de la Trémouille et à tous leurs adhérents.

Il le nommait, en même temps, gouverneur et administrateur de la vicomté, Le seigneur de Bressuire, qui, sur les recommandations du roi, épiait les derniers moments de la victime, s'était déjà transporté à Thouars, à la tête de vingt-cinq gentilshommes, quatre ou cinq jours avant le décès du vicomte.

Après avoir fait procéder aux cérémonies des funérailles, il fit dresser inventaire des meubles et des titres par deux notaires, prit possession de par le roi de la vicomté de Thouars, et y institua des officiers (19).

Toutes les réclamations des la Trémouille furent inutiles pour le moment.

Le roi, sans en tenir aucun compte, disposa en maitre d'une partie de sa nouvelle acquisition en faveur de son favori Philippe de Comines, dont il fallait bien payer la défection et les services à Péronne.

 Par lettres données à Amboise le 28 octobre 1472, il lui donna les seigneuries de Talmont, Olonne , Bran, Brandois, la Chaume et Curzon, anciennes dépendances de Thouars. ==>Octobre 1472. Louis XI fait don à Philippe de Commynes, des terres de Talmont, Olonne, Curzon, Château-Gontier et autres.

Cependant, lorsqu'il fallut faire enregistrer la donation royale, le parlement et la chambre des comptes refusèrent, se fondant, avec raison, sur l'opposition des la Trémouille, qui revendiquaient les biens usurpés, et sur le principe de droit public, qui interdisait toute aliénation des domaines de la couronne.

Louis XI n'eut pas de peine à briser la résistance des magistrats : la donation fut enregistrée, par son ordre, les 13 décembre 1473 et 2 mai 1474. Mais il n'était pas si aisé de repousser la revendication des la Trémouille.

Pour ruiner leurs prétentions, d'ailleurs si justes, le roi, sur les conseils de l'adroit Comines, seigneur d'Argenton depuis son mariage avec Hélène de Chambes en 1473, invoqua l'arrêt de confiscation prononcé jadis, le 8 mai 1431, contre le vicomte Louis d'Amboise, en punition d'un prétendu crime de lèse-majesté.

 Charles VII, il est vrai, reconnaissant l'innocence du vicomte, lui avait restitué tous ses biens par lettres de 1434 et 1437. Mais Louis XI se fondait sur ce que la restitution n'avait eu lieu qu'à la condition que Louis d'Amboise ne marierait point sa fille aînée sans le consentement du roi.

Or, ce moyen n'était pas meilleur, Charles VII avait autorisé, par lettres spéciales, le mariage de Françoise d'Amboise avec Pierre de Bretagne.

 Cette pièce, d'une haute importance dans le procès, existait aux archives de Thouars. Louis XI, poussé par Comines, si intéressé dans cette odieuse affaire, n'avait en vue que le succès ; pour l'obtenir, il ne craignit pas de commettre un acte vraiment honteux, en faisant disparaître les lettres d'autorisation données jadis par son prédécesseur.

 Il écrivit donc, en 1476, au seigneur de Bressuire, gouverneur de la vicomté de Thouars, de venir le trouver aux Forges, près de Chinon, en compagnie des officiers de Thouars. Jacques de Beaumont y accourut avec Richard Estivalle, procureur du roi, et Louis Tindeau, lieutenant du sénéchal.

Alors se passa une scène presque incroyable, suivie de plusieurs autres non moins caractéristiques, où l'âme de Louis XI se dévoile dans toute sa nudité.

 Écoutons plutôt le récit non suspect du seigneur de Bressuire, déposant dans l'enquête ouverte, en 1484, sur toutes ces iniquités :

 « Le roi Louis lui dit (1476) : « Le sire de la Trémouille plaide contre moi touchant Thouars, Talmont et autres seigneuries; il faut que vous voyiez si, parmi toutes ces lettres (les papiers demeurés au trésor de Thouars), il n'y en aurait point qui pussent me servir au procès. »

 Alors, pour s'en assurer, il envoya le seigneur de Bressuire, Louis Chambon, les officiers qui étaient à Thouars, Louis Tindo et le sire de Comines, seigneur d'Argenton.

» Le déposant se rappelle qu'ils trouvèrent les lettres par lesquelles le roi Charles VII rendait et restituait au feu vicomte de Thouars la vicomté de Thouars et ses autres terres.

Cependant, à l'égard de la principauté de Talmont et des seigneuries de Curzon, Olonne, Brandois et autres, il ne les rendait au vicomte qu'à condition qu'il ne marierait point sa fille à quelque personne que ce fût du royaume ou d'autre.

Il ajoute qu'on disait que c'était Charles d'Anjou, comte du Maine, qui avait procuré au vicomte de Thouars la restitution de ses terres.

Il dépose encore qu'on trouva une autre lettre par laquelle Charles VII permit au feu vicomte de Thouars de marier sa fille à feu Pierre, duc de Bretagne, et qu'il avait ouï dire que le vicomte était redevable de cette permission à la feue reine Marie (Marie d'Anjou, femme de Charles VII).

 Il dépose que les examinateurs de ces lettres disaient, en les lisant :

« Celle-ci nous est bonne, celle-ci ne nous est pas bonne

Cette dernière était celle par laquelle Charles VII permettait au feu vicomte de marier sa fille à telle personne qu'il voudrait.

Ces lettres de restitution et permission furent mises entre les mains du seigneur de Bressuire.

Alors Philippe de Comines lui dit:

« Le roi veut que les lettres soient jetées au feu; et tout de suite, » les ayant prises entre ses mains, il les y jeta.

Jean Chambon, voyant toute cette manœuvre, la désapprouva en disant :

« C'est mal fait, il ne faut pas les jeter au feu. »

Dans ce moment, le seigneur de Bressuire et Jean Chambon les retirèrent.

Le seigneur de Bressuire les porta au roi, qui était alors à Candes, Philippe de Comines s'y rendit aussi.

» Comme ils étaient tous en présence du roi, Philippe de Comines lui dit :

« Sire, vecy M. de Bressuire qui a des lettres qui ne servent pas bien à notre matière. »

 Le roi les prit et les jeta dans le feu, et dit :

« Je ne les brusle pas, c'est le feu! »

» A cette action furent présents : le sire de Comines, Louis Tindo, Richard Estivalle, procureur de Thouars, François Martinet, châtelain de Thouars, et autres.

Le roi fit faire serment à tous de ne point révéler qu'elles fussent jetées au feu, et leur ordonna de se donner bien de garde d'en rien dire.

Le serment fut gardé pendant la vie du roi.

» Le seigneur de Bressuire ne l'aurait point révélé sans le monitoire, etc. (20). »

Louis XI n'existait plus lors de cette enquête. La lumière pouvait donc se faire en toute sécurité. Elle fut si éclatante, que justice fut immédiatement rendue.

Un arrêt du conseil du 3 avril 1484 et un autre du parlement du 22 mars 1483 remirent les la Trémouille en possession de tous leurs domaines.

Revenons maintenant en arrière, et suivons Jacques de Beaumont dans les autres actes de sa vie, où, tout en demeurant l'instrument docile de la politique royale, il joua du moins un rôle plus digne.

Après la prise de possession de la vicomté de Thouars (mars 1469), le roi conféra au seigneur de Bressuire l'importante charge de lieutenant général en Poitou, Saintonge et Aunis (21).

Ainsi c'étaient les dépouilles du malheureux Louis d'Amboise, jadis revêtu des mêmes fonctions (22), qui servaient de récompense à l'affidé de son spoliateur.

Louis XI avait tout à gagner à ce changement, car le nouveau lieutenant général, dont le savoir faire s'était suffisamment révélé, allait être entre ses mains un serviteur beaucoup plus utile que son faible prédécesseur.

C'est vraisemblablement à cette époque qu'il lui adressa une lettre paraissant se rapporter aux négociations alors pendantes entre lui et le prince Charles pour faire accepter à ce dernier le duché de Guyenne en échange de la Champagne et de la Brie :

« MONSIEUR DE BRESSUIRE,

» Vous savez comme j'ai à cœur la matière pour laquelle j'ai envoyé devers vous mon bel oncle du Mayne (Charles, comte du Maine), et pour ce je vous prie que vous y besoigniez, le mieux que vous pourrez, et tellement qu'avant votre parlement la chose soit conclue; et en quelque estat que la chose soit, escrivez avant icelui votre partement à mon frère le connétable (Saint-Pol), que la chose est faite, et en voyez homme propre, et vous prie bien qu'il n'y ait faute.

» Donné au Pont-de-Cé, le 16 jour de juillet.

» Signé : Louis. »

 

Au mois d'avril 1470, le seigneur de Bressuire se rendit à Thouars auprès du roi.

Il était présent, avec le marquis du Pont (Nicolas, petit-fils du roi René), à l'acte par lequel Louis XI permit à Jean d'Appel voisin de fortifier son château de Thiors (23). ==>Le 10 avril 1470, Louis XI accorde à Jean d'Appelvoisin la permission de fortifier son château de Thiors

Durant l'été de la même année, on le retrouve à son château de Chiché, dont il faisait reconstruire la porte (24).

La réconciliation du roi avec son frère le duc de Guyenne fut de courte durée.

 Celui-ci, aussi ambitieux que faible, s'était laissé entraîner de nouveau par les suggestions du duc de Bourgogne, qui lui avait fait espérer la main de sa fille.

 

Il prenait une attitude hostile, et rassemblait les troupes de ses nouveaux États.

Louis XI, en proie aux plus vives inquiétudes, ne négligeait rien pour déjouer les trames de ses ennemis (1474).

 

Il écrivit au seigneur de Bressuire, son lieutenant général, de se tenir prêt à la résistance :

 « MONSIEUR DE BRESSUIRE,

 » J'ai esté averti que les forces de mon beau frère de Guyenne s'apprestent pour entrer en nos pais, que Dieu ne veuille. Mais quand ainsi seroit, je vous prie qu'en toute diligence vous fassiez la résistance possible, en attendant de vos nouvelles pour y donner la provision, si je ne vais à vous. »

Donné à Vendosme ce 11 jour d'octobre (1471).

» Signé : LOUIS. »

 

Le roi songea même à prendre l'offensive et à se rendre maître de la Rochelle, qui faisait partie de l'apanage de son frère.

 Des ordres furent donnés à Jacques de Beaumont et au sénéchal de Poitou pour rassembler des troupes sur les frontières de l'Aunis (1472) (25).

Avant d'aller rejoindre son lieutenant, il le chargea d'acquérir en son nom l'hôtel de Jean Mérichon, fils d'un ancien maire de la Rochelle et actuellement sénéchal de cette ville.

 

« MONSIEUR DE BRESSUIRE,

» Je vous prie que vous sachiez de Mérichon s'il voudroit vendre son hostel de la Rochelle, car je le voudrois bien avoir pour moi ou aucuns des miens, pour estre plus près d'eux et leur voisin, et les faire tenir du pied. Je ne veux point de ses terres ny autres choses, mais seulement ledit hostel ; et y besognez si secrètement qu'il ne s'en aperçoive point qu'il vienne de moi, ny que je le veuille avoir. Adieu.

» Au Plessis du Parc, le 20 jour de mai (1472).

» Monsieur de Bressuire, de ce que je vous escris, je vous prie qu'il soit si secrètement qu'il n'en soit nulles nouvelles.

» Signé : Louis. »

 

L'acquisition n'eut point lieu; mais Louis XI, étant entré sans résistance dans la Rochelle le 24 mai 1472, n'en descendit pas moins à l'hôtel de Mérichon (26).

La mort du duc de Guyenne, arrivée peu de jours après le 28 mai, et qu'on attribua sans preuves décisives à un crime, le délivra d'un grand souci.

Toutefois le péril, loin d'avoir disparu, semblait grandir encore.

Pendant que le duc de Bourgogne envahissait le nord du royaume, le duc de Bretagne, allié du roi d'Angleterre, Édouard IV, qui devait lui envoyer des secours, se préparait à agir dans l'Ouest.

Sans perdre de temps, Louis XI fait crier partout le ban et l'arrière-ban.

Le seigneur de Bressuire reçoit l'ordre de convoquer les contingents du Poitou et de la basse Marche, et de les conduire à Montaigu sur les marches de Bretagne (27).

Il déploya dans cette circonstance, comme il arrive quelquefois aux courtisans, une louable activité, mais en même temps un zèle excessif qui fut désavoué.

D'après leurs anciens privilèges, les habitants de Poitiers étaient exempts du ban, à la charge de garder et de défendre eux-mêmes leur ville.

Jacques de Beaumont, n'en tenant aucun compte, voulut les contraindre de se rendre en armes à Montaigu.

 

Voici la lettre qu'il leur écrivit à cette occasion :

 

« Messieurs, je me recommande à vous tant que faire puis.

J'ay reçu vos lettres et oy ce que m'a dit Me Nicolles Royrand de par vous et touchant vos privilèges. Soyez certains que les vouldrois aider à entretenir et garder, et m'avez toujours trouvé amy en vos affaires et ferez. Vous savez la cause pourquoi l'arrière-ban a été fait et est bien besoing de obvier à la descente des Anglais qui ont entreprins venir descendre es parties de par deça, et croy bien qu'il faudra que quelque privilège que vous ne autres avez, que chacun secoure et aide à ce besoing, et que vous fournissez de quelque nombre de gens, pour venir à la couste et de deux ou trois pièces d'artillerie, le plus que pourrez vous supporter, et au surplus vous ferez scavoir ce que devez fournir ; et au regard de certaines excusations de parolles que Me Nicolles m'a dittes ne voudrois laisser pour trois ou quatre malparlant de avers le fait de vous et de votre ville; vous disant adieu, Messieurs, qui vous donne ce que désirez.

» Escript aux Sables-d'Olonne, le treizième jour de juillet (1472).

» Le tout votre, JACQUES DE BEAUMONT. »

 

Les habitants de Poitiers réclamèrent vivement auprès du roi, et celui-ci, reconnaissant la légitimité de leurs plaintes, confirma leurs priviléges (28).

Cependant le seigneur de Bressuire, à la tête de l'arrière-ban de Poitou, entra en campagne sur les marches de Bretagne, et rejoignit l'armée royale en Anjou.

Il prit une part active aux sièges d'Ancenis et de Chantocé ; puis, après l'ouverture des négociations pacifiques, repassa la Loire, pour revenir prendre position dans les Marches (29). ==> 1472 siège de Champtocé par les troupes royales suivi du démantèlement des fortifications

Une trêve du 15 octobre au 30 novembre 1472, prolongée bientôt pour une année, ayant été conclue à Poitiers entre le roi et le duc de Bretagne (30), l'arrière-ban fut dissous.

Un gentilhomme poitevin, Arthur de Vivonne, se fondant sur ce qu'il était fils de famille, demeurant avec son père, et sur ce que celui-ci avait envoyé l'un de ses frères, Maurice de Vivonne, s'acquitter du service militaire, au nom de toute leur famille, n'avait pas cru devoir répondre à la convocation.

 Le roi, usant de la rigueur des lois, confisqua ses biens et les donna à Jean Larchevêque, Sgr de Soubise et du Parc, par lettres datées de Notre-Dame-de-Celles en Poitou, le 10 octobre 1472.

Dès le mois de novembre, Arthur de Vivonne s'empressa d'aller faire valoir près de Louis XI les moyens qui s'opposaient à la remise de ses biens entre les mains de Jean Larchevêque.

 Il fit si bien, qu'il en obtint des lettres constituant le seigneur de Bressuire et messire Yvon du Fou arbitres suprêmes du débat. Mais ceux-ci, arrêtés par certaines difficultés préliminaires de procédure, se déclarèrent incompétents.

 Les parties portèrent alors l'affaire devant le sénéchal de Poitou, qui ordonna une enquête.

Le dénoùment du procès, d'un intérêt d'ailleurs fort médiocre pour notre sujet, n'est pas connu ; disons seulement que les arguments invoqués par Arthur de Vivonne semblent préférables à ceux de son adversaire (31).

Après le rétablissement de la paix, Louis XI conduisit son conseiller Comines dans ses nouveaux domaines du Talmondais et d'Olonne, dépouilles du malheureux vicomte de Thouars. ==> Octobre 1472. Louis XI fait don à Philippe de Commynes, des terres de Talmont, Olonne, Curzon, Château-Gontier et autres.

 

La fortune de Jacques de Beaumont ne diminuait point, on le pense bien, au service de Louis XI.

Outre le juste salaire que lui rapportaient les emplois et commissions de toutes sortes confiés à ses soins, il avait quelquefois part aux dépouilles des gentilshommes frappés par les confiscations royales.

Ainsi, en 1471, le roi, mécontent de Jean d'Estissac, l'un des serviteurs de son frère le duc de Guyenne, avait confisqué et fait abattre ses châteaux de Coulonges-les-Royaux et de Bois-Pouvreau, en Poitou (32).

Il donna la terre de Bois-Pouvreau à Jacques de Beaumont, car celui-ci en était seigneur et maître en 1473, comme le prouvent les hommages qu'on lui rendit en cette qualité. ==> Essai d’un voyage Historique de SCIECQ et Bois-Pouvreau au bord de la Sèvre Niortaise

 

Deux ans après, d'Estissac avait recouvré ses domaines (33).==> Janvier 1473. Permission à Jean d'Estissac de réédifier les châteaux et fortifications de Coulonges-les-Royaux et du Bois-Pouvreau, qui avaient été rasés par ordre du roi, ledit sr d'Estissac ayant été traité en rebelle lorsqu'il était au service de Charles duc de Guyenne.

Jacques avait fait une acquisition plus légitime en achetant, quelque temps auparavant, à Jean de Melun, Sgr de Thezay, le quart, par indivis, de la seigneurie de la Saisine ; mais il s'en dessaisit bientôt, le 14 avril 1473, en faveur de l'abbaye des Châtelliers, à la charge de célébrer tous les jours, à perpétuité, dans la chapelle Saint-Thomas de ce monastère, une messe à note pour le repos de son âme et de celle de la reine Marie d'Anjou, mère de Louis XI; attention délicate et digne d'un courtisan, qui ne dut point déplaire au monarque.

On sait que Marie d'Anjou était morte, le 29 novembre 1463, à l'abbaye des Châtelliers, où ses entrailles étaient inhumées (34).

 

La lettre suivante, adressée par Louis XI à Jacques de Beaumont, est une des preuves les plus convaincantes de la confiance presque illimitée qu'il mettait en lui :

« MONSIEUR DE BRESSUIRE ,

» J'envoye présentement mon fils de Beaujeu en Guyenne.

» Je vous prie sur tout le plaisir et service que me sauriez jamais faire, que vous l'accompagniez et obéissiez comme à moi : et, au surplus, donnez bonne provision partout, et ne le perdez point de veue, ainsi que plus au long

» j'ai chargé M. d'Achon de vous dire. Je vous prie que le veuillez croire de ce qu'il vous dira de par moi.

» Escrite à Roye, ce 7 jour de may (1473).

» Signé : Louis. »

 

Il s'agit ici des différents actes administratifs qui suivirent l'expédition contre le comte d'Armagnac, placée par le roi sous les ordres de Pierre de Bourbon, sieur de Beaujeu, son futur gendre, récemment nommé gouverneur de Guyenne (1472).

Quoique la direction générale des affaires soit confiée à ce prince du sang, le roi n'en charge pas moins le seigneur de Bressuire de le surveiller secrètement, tout en lui obéissant :

« Ne le perdez point de vue, » lui dit-il.

 

Il revient encore avec insistance sur la même recommandation dans une autre lettre écrite trois jours plus tard seulement :

« MONSIEUR DE BRESSUIRE, MON AMI,

» J'ai receu vos lettres, et, au regard de la confiscation de Mme de la Rochefoucault, c'est bien la raison que M. de Maillé l'ait, puisqu'il l'a épousée : car mal sur mal n'est pas santé ; et vous remercie, tant que je puis, de la bonne diligence que vous faites en la commission que je vous ai donnée, et défenses que vous avez fait faire qu'on ne touchast point aux Bretons, et vous prie derechef qu'on les fasse bien traiter et qu'on ne leur demande rien.

» Monsieur de Bressuire, mon ami, j'envoye mon fils, M. de Beaujeu, par delà, pour pourvoir à tout ce qui sera nécessaire en Guyenne.

Je vous prie, ne l'abandonnez point, et m'y servez comme en vous j'ai confiance.

» Escrite à Brey-sur-Somme, le 10 jour de may.

» Signé : Louis. »

 

Ces précautions minutieuses étaient, en quelque sorte, une règle de conduite chez ce monarque soupçonneux.

Jacques de Beaumont, comme tout porte à le croire, suivit donc le sieur de Beaujeu en Guyenne, et s'acquitta de sa mission avec tout le zèle dont il était capable.

 Quant aux autres commissions dont il est question dans la même lettre, elles se rapportent : la première, à Hardouin IX, Sgr de Maillé, deuxième époux de Marguerite de la Rochefoucault, dame de Barbezieux, Verteuil, Montendre, Montguyon (35) ; la seconde, à la mise en liberté de quelques prisonniers bretons faits dans la dernière guerre de 1472.

Louis XI, dont la prévoyance s'étendait partout et à toutes choses, avait compris la nécessité d'avoir une bonne place forte sur les frontières de Bretagne.

Montaigu, qu'il avait visité le 1er janvier 1473 (36), lui paraissait, avec raison, remplir toutes les conditions désirables.

 Il traita donc avec la famille de Belleville, propriétaire de la baronnie de Montaigu, et le contrat par lequel Louis de Belleville la lui cédait fut signé le 4 août 1473, en présence de Comines (37).

Le roi, impatient de prendre possession, n'attendit même pas la signature de l'acte pour envoyer à Montaigu un gouverneur, et charger le seigneur de Bressuire d'y mettre une garnison.

 

Voici la curieuse lettre qu'il lui écrivit à ce sujet, le 2 août :

« MONSIEUR DE BRESSUIRE,

» J'ai appointé avec Madame de Belleville de la place de Montagu, et Blanchefort y va pour en prendre la possession pour moi, et pour ce que, comme vous savez, il est.

» besoin d'y mettre des gens dedans jusques à ce que j'y aye pourveu, qui sera bien brief, je vous prie qu'incontinent ces lettres receues , en toute diligence vous lui envoyiez audit lieu de Montagu, 30 ou 40 gentilshommes bien seurs, et qu'ils y soient samedy prochain, bien habillez et en bon point, et que chacun d'eux ait une bonne arbaleste; mais qu'ils ne fassent point de bruit, et quand ils approcheront du dit Montagu, qu'ils envoient dedans le dit Blanchefort, pour leur faire savoir leur venue.

» M. de Bressuire, mon ami, vous scavez que ceci me touche fort ; je vous prie qu'y fassiez si bonne diligence qu'il n'y ait point de faute, qu'ils y soient au dit jour, et que ce soient gens de qui vous tenez seureté et qui ne soient point seigneurs de quoi on ne se puisse bien aider.

» Escrit à Sablé, ce 2 jour du mois d'aoust.

» Signé : LOUIS. »

 

Remarquons la dernière phrase : comme elle peint bien le caractère dominateur et absolu de Louis XI! Tout homme indépendant lui est odieux; ce qu'il recherche avant tout, ce sont des serviteurs d'une obéissance aveugle, et, selon son expression, « dont on se puisse bien aider. » C'était pour cette raison qu'il se plaisait tant parmi les petites gens.

 

Au mois de juillet 1475, nous trouvons Jacques de Beaumont près du roi à Amiens, mettant au service de sa politique des moyens auxquels personne n'avait songé jusqu'à ce jour.

Le roi d'Angleterre Edouard IV, poussé par le duc de Bourgogne, venait de déclarer la guerre à la France et de débarquer à Calais avec une puissante armée.

 Louis XI connaissait la puissance de l'argent et savait s'en servir à propos. Il acheta plusieurs conseillers du roi d'Angleterre, lui promit un subside annuel, le flatta, le caressa, et en obtint sans trop d'efforts une trêve de sept ans.

Pendant ce temps- là, il se gagnait l'armée anglaise tout entière en la faisant festoyer largement.

Deux immenses tables chargées de viandes et de vins avaient été dressées à la porte d'Amiens. Le seigneur de Bressuire et quelques autres gentilshommes bon vivants et de bonne mine présidaient ce festin homérique, remplissant de leur mieux la rude mission de provoquer l'ennemi et de lui tenir tête dans ce combat d'un nouveau genre. « Il avoit ordonné à l'entrée de la porte » de la ville, dit Comines, deux grandes tables, à chacun » costé une, chargées de toutes bonnes viandes qui font envie de manger, et de toutes sortes, et les vins les meilleurs dont se pouvoit adviser, et des gens pour en servir.

D'eaue n'estoit point de nouvelles. A chacune de ces deux tables avoit fait servir cinq ou six hommes de bonne maison fort gros et gras, pour mieux plaire à ceux qui avoient envie de boire : et y estoient le Seigneur de Craon (Georges de la Trémouille), le seigneur de Briquebec, le seigneur de Bressuyre, le seigneur de Villiers et autres ; et, dès que les Anglois s'approchoient de la porte, ils voyoient cette asiète, et y avoit gens qui les prenoient à la bride, et disoient qu'ils leur courussent une lance, et les amenoient près de la table, et estoient traités pour ce passage selon l'assiette et en très-bonne sorte et le prenoient bien en gré. » (38).

Peu de temps après, la paix définitive était conclue entre les deux rois (29 août 1475).

Louis XI, tout joyeux d'avoir fait repasser la mer aux Anglais sans tirer l'épée, se trouvait à l'abbaye de Notre-Dame-de-la-Victoire, près Senlis, au mois de septembre suivant (39), lorsqu'il chargea le seigneur de Bressuire d'une mission plus délicate auprès de Pierre de Rohan, maréchal de Gié, qu'il avait détaché naguère du service du duc de Bretagne, et qui semblait en ce moment disposé à une réconciliation avec son ancien maître.

 

« MONSIEUR DE BRESSUIRE, MON AMI,

» J'ai été averti que M. de Rohan traite son appointement avec le duc, et qu'il s'en veut aller en Bretagne, et, à cette cause, s'est retiré en une abbaye près de Nantes : je serais bien marri, veu le temps qui court, qu'il s'en allast, et pour ce je vous prie qu'incontinent vous en alliez là où il est ; vous y pouvez aller seurement et sans danger, et que vous trouviez façon de le faire venir devers moi, et prenez trois ou quatre de ses gens qui menent ce train de le faire aller en Bretagne, et parlez à ceux qui sont de nostre bande afin de les faire venir devers moi, et leur promettez beaucoup de biens, et aussi que je traiterai bien M. de Rohan.

» Quoi qu'il en soit, gardez bien qu'il ne s'en aille point en quelque façon qu'il le veuille prendre ; mais si par douceur le pouvez avoir, je l'aimerais mieux qu'autrement.

» Il y a un jeune garçon du Dauphiné qui le gouverne; parlez à lui et à tous les autres que vous verrez de qui vous pourrez ayder en cette manière.

» Escrite à la Victoire le 7 septembre (1475).

» Signé : Louis. »

 

Les efforts de Jacques de Beaumont furent couronnés de succès, car M. de Rohan demeura au service du roi.

Pendant que le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, s'engageait follement dans cette lutte avec les Suisses, dont les résultats allaient être pour lui si funestes, Louis XI se dirigeait vers Lyon pour surveiller les événements et en profiter au besoin.

Arrivé à Chantelle en Bourbonnais, le 2 mars 1476, il écrivit au seigneur de Bressuire, lui recommandant une grande vigilance durant son absence.

 

« MONSIEUR DE BRESSUIRE,

» J'ai receu les lettres de M. de Calabre et veu la créance qu'il m'a envoyée par escrit je ne m'y fierai que bien à point. J'escris au dit de Calabre et aussi à mon cousin le Bastard (le Bâtard de Bourbon, amiral de France).

» Je vous prie, M. de Bressuire, mon ami, que vous preniez » bien garde à tout, et que nul inconvénient n'advienne pendant mon voyage, ainsi qu'en vous en aye ma confiance.

» Escrite à Chantelle le 4 jour de mars (1476).

» Signé : Louis. »

 

Le duc de Calabre dont il est question dans cette lettre n'est autre que Charles, comte du Maine, neveu et héritier présomptif du roi René, avec lequel Louis XI allait bientôt conclure à Lyon un arrangement concernant sa magnifique succession.

Les désastres et la fin lamentable de Charles le Téméraire mettaient les États de la maison de Bourgogne à la merci du roi de France.

Louis XI, sans donner à la faible héritière de son ancien adversaire le temps de se reconnaître, réclama avec hauteur les fiefs qui devaient faire retour à la couronne, et les fit envahir presque en même temps par ses armées.

Lui-même se porta rapidement de sa personne en Artois pour en hâter la conquête (1477).

 

 Il faut lire le récit de ses succès dans la lettre qu'il envoya, à cette occasion, à son ami Jacques de Beaumont :

« MONSIEUR DE BRESSUIRE,

» J'ai receu vos lettres et les 2,000 livres que vous m'avez envoyées par le porteur, dont je vous remercie. Des nouvelles de par de ça, nous avons pris Hesdin, Boulogne, Fiennes et le Chasteau à la Montoire, que le roi d'Angleterre, qui fut plus de six semaines devant, ne put prendre, et fut pris de bel assaut, et tous ceux qui étoient dedans, qui étoient bien 300, tous tués.

» Les garnisons de l'Isle, de Douay, d'Orchies et de Valenciennes s'estant assemblées pour se mettre dans Arras, et estant bien 500 hommes à cheval et 1,000 hommes à pied, le gouverneur de Dauphiné (Jean de Daillon, Sgr de Lude), qui estoit en la cité, en fut averti et alla au-devant, et n'estoient point de nos gens plus haut de six-vingt lances, qui donnèrent dedans; en effet, il les vous festoierent si bien qu'il en demeura plus de six cents sur le champ, et de prisonniers ils en amenèrent bien six cents à la cité, et ont été tous, les uns pendus et leurs têtes coupées, et le reste gagna la fuite.

Ceux dudit Arras estoient assemblés bien 22 ou 23 pour aller en ambassade devers mademoiselle de Bourgongne; ils ont esté pris et les instructions qu'ils portoient, et ont eu les têtes tranchées, car ils m'avoient fait une fois le serment.

Il y en avoit un entre » les autres, maistre Oudard de Bussy, à qui j'avois donné une seigneurie en parlement, et, afin qu'on connust bien sa teste, je l'ai fait atourner d'un beau chaperon fourré, et sur le marché de Hesdin là où il préside. Incontinent que nous aurons autres nouvelles, je les vous ferai savoir.

» Je vous prie que vous pourvoyiez bien tousiours à tout de par de là, et de ce qui surviendra m'en avertissiez souvent, et adieu.

» Escrite à Verdun, ce 26 jour d'avril (1477).

» Signé : Louis. »

 

Ces lignes effrayantes respirent la joie et la cruauté.

Autant le terrible monarque s'est montré humble, prudent et patient dans le danger, autant il jouit alors avec éclat et volupté du triomphe de sa politique. Il se venge de ses ennemis de la manière la plus implacable, et il s'en vante froidement près de son confident. Le caractère de l'homme se dévoile là tout entier.

Jusqu'alors le seigneur de Bressuire était demeuré inactif en Poitou, surveillant néanmoins les frontières de Bretagne.

Mais, en 1478, les hostilités ayant recommencé en Bourgogne avec une nouvelle vigueur, il y fut envoyé à la tête de l'arrière-ban d'Anjou, Touraine et Poitou (Mai).

Le roi l'avait aussi nommé capitaine général des pensionnaires de son hôtel, lesquels, en temps de guerre, formaient un corps de troupe (40).

Par conséquent, il concourut à la conquête de la Bourgogne sous les ordres de Chaumont d'Amboise.

A la fin de l'année 1478, Louis XI vint passer quelques jours à Argenton chez son cher Comines (41).

 

Il écrivit de là au seigneur de Bressuire la lettre suivante :

« MONSIEUR DE BRESSUIRE,

» J'ai esté averti de Normandie et d'ailleurs, que l'armée des Anglois est rompue pour cette année, et pour ce que je vois vous n'avez que faire au quartier où vous estes pour cette heure, je m'en retourne prendre et tuer des sangliers afin que je n'en perde la saison, en attendant l'autre pour prendre et tuer des Anglois.

Faites-moi savoir tousiours de vos nouvelles, et ce qui vous surviendra ; toutes fois ne vous bougez pas delà (entre nous), et si vous avez besoin, mandez-le-moi, et je m'en irai à vous, mais que le fassiez scavoir. Adieu.

» Escrite à Argenton, ce 4 novembre (1478).

» Signé : Louis. »

 

Il résulté du contenu de cette lettre que Jacques de Beaumont avait été chargé d'une mission de surveillance sur un point non indiqué ici, mais qui pourrait bien être situé sur les côtes.

C'est également pour lui tracer sa ligne de conduite dans son gouvernement de Poitou, Saintonge et Aunis, à l'égard des Anglais qui avaient arrêté un navire marchand, que le roi lui adressa une nouvelle lettre datée de Plessis-les-Tours.

« MONSIEUR DE BRESSUIRE,

» J'ai été averti que depuis nagueres les Anglois ont arresté le navire de M. des Bordes, et pour ce il se faut donner garde d'eux et en avertir partout où vous verrez estre à faire, tant par mer que par terre, mesme à la Rochelle, à Saint-Jehan-d'Angely, à Xaintes et ailleurs où besoin sera, sans entreprendre sur eux ni leur faire la guerre ; et aussi que l'on se donne garde que les marchands d'Angleterre ne manient quelque pratique sous ombre de leurs marchandises, et s'ils prennent quelque chose, qu'on prenne autant sur eux; mais qu'on ne commence pas. Adieu.

» Escrite au Plessis-du-Parc, ce 20 jour de janvier.

» Signé : Louis. »

 

Le roi songeait alors à obtenir de Nicole de Penthièvre et de Jean de Brosse, son époux, héritiers de la maison de Blois, la cession de tous leurs droits au duché de Bretagne.

Quoique ces droits fussent fort contestables, ils pouvaient devenir, entre les mains de Louis XI, très-dangereux et très-inquiétants pour le duc François II.

Jacques de Beaumont fut un des négociateurs de l'affaire avec la famille de Penthièvre, comme le laisse entrevoir la lettre suivante du roi :

« MONSIEUR DE BRESSUIRE,

» J'ai veu ce que vous m'avez escrit, et M. le Maistre touchant les Dames de Poinctièvre : je lui fais réponce qu'il laisse le tout ainsi qu'il l'a trouvé, car M. de Poinctièvre est par de ça, et j'ai fait prendre le serment de lui.

» Escrite à Amboise, ce 24 de septembre.

» Signé : Louis. »

 

Toutes les difficultés étant aplanies, et Nicole de Bretagne et Jean de Brosse ayant cédé au roi de France leurs prétentions, moyennant la somme de 50,000 francs, le seigneur de Bressuire et Guillaume de Clugny, évêque de Poitiers, allèrent signer, au nom de Louis XI, l'acte de transport le 3 janvier 1480 (42).

Jusque-là Louis XI n'a eu qu'à s'applaudir des bons offices de Jacques de Beaumont et de sa ponctualité dans l'exécution de ses ordres.

Mais, un jour, le zèle du serviteur vient à se ralentir un instant ; et, en vérité, on ne saurait lui en adresser des reproches.

 Il laisse échapper, par un sentiment de commisération bien naturelle, le Sgr de Saint-Loup, de la famille de Dercé, qui était venu, plein de confiance en sa loyauté et en son influence, le consulter sur la conduite à tenir envers le roi, auquel il avait eu le malheur de déplaire.==> 21 Juin 1476 Château et forteresse de Saint-Loup -sur-Thouet, de Dercé et la conspiration contre Louis XI

 

La voix sévère du maître ne tarde pas à se faire entendre.

« MONSIEUR DE BRESSUIRE,

» J'ai esté averti que M. de Saint-Lou est allé devers vous, pour se conseiller à vous de ce qu'il avoit à faire, et m'ébahis bien de ce que ne l'avez pris, veu la grande trahison et mauvaistié qu'il a faite à l'encontre de moi; et pour ce si vous voulez que jamais j'aye fiance en vous, s'il  est en lieu où vous le puissiez recouvrer, faites-le prendre incontinent, car ce m'est fort chose à cœur que ne m'ayez averti de son allée. Je vous prie que me fassiez savoir ce qui en est.

» Escrite au Plessis-du-Parc, ce 16 jour de janvier.

» Signé : Louis. »

 

Assurément le seigneur de Bressuire dut éprouver un certain frisson en lisant ces terribles remontrances, et jurer bien fort de ne jamais se rendre coupable à l'avenir d'une faiblesse aussi répréhensible.

Observateur vigilant des moindres faits, il dénonce au roi toute personne et toute chose suspectes.

 Écoutons une dernière lettre de Louis XI, qui ne justifie pas trop mal la qualification de second Tristan l'Hermite, donnée à Jacques de Beaumont par Brantôme :

 « MONSIEUR DE BRESSUIRE,

 » J'ai receu les lettres que vous m'escrivez, qui font mention d'un nommé Huisson, que vous dites qu'a fait plusieurs maux en une commission qu'il dit avoir eue de moi, et pour ce je veux scavoir qui est ce Huisson, et les abus qu'il a faits touchant cette commission. Je vous prie qu'incontinent ces lettres veües vous me l'envoyiez si bien lié et garrotté, et si seurement accompagné qu'il ne s'échappe point, ensemble les informations qui ont été faite à l'encontre de lui et qu'il n'y ait point de faute ; et me faites soudain scavoir de vos nouvelles, pour faire les préparatifs des noces du galand avec une potence.

» Escrite à la haste au Plessis-du-Parc, le 30 juin.

» Signé : Louis. »

 

Ce Huisson pouvait être, sans aucun doute, un fort mauvais sujet digne de la hart; mais on regrette de rencontrer sous la plume d'un roi, et surtout d'un roi de France, ce langage cynique, à peine tolérable dans la bouche d'un aide de bourreau.

En 1482, Jacques de Beaumont perdit sa femme, Jeanne de Rochechouart.

Elle décéda, selon toute vraisemblance, au château de Bressuire, et fut ensevelie dans l'église des Cordeliers de cette ville, caveau funéraire de la famille.

On trouve, en effet, dans le compte de la baronnie pour l'année 1482, la dépense suivante :

«A Hilaire Thomazeau, peintre à Bressuire, pour ses peines, salaires et couleurs, et avoir fait en l'église des Frères mineurs de Bressuire plusieurs écussons autour de l'église, lesquels sont contenues les armes de feue madame de Bressuire, 4 livres (43). »

 La sépulture de Jeanne de Rochechouart avait donc été faite aux Cordeliers, et l'exécution de ces décorations funèbres dut suivre de près sa mort.

L'épouse de Jacques de Beaumont lui laissa en mourant trois filles :

Jeanne, l'aînée, mariée à Thibault de Beaumont, seigneur de la Forêt et de Commequiers, frère de Louis de Beaumont, dont nous avons parlé plus haut; Philippe, mariée à Pierre de Laval, de la maison de Montmorency; Louise, qui épousa André de Vivonne, seigneur de la Chàtaigneraye (44).

La mort de Louis XI (1483) fit disparaître le seigneur de Bressuire de la scène politique.

S'il n'éprouva pas une disgrâce aussi complète ni aussi dure que celle de Comines et de quelques autres conseillers de ce roi, il fut privé, du moins, comme tout l'indique, de toute participation aux affaires publiques.

Peut-être ses révélations dans l'enquête relative à la spoliation de la maison de la Trémouille (1484) contribuèrent-elles pour quelque chose à sa chute politique (voir plus haut).

Jacques de Beaumont rentra donc dans la vie privée, et le silence se fait autour de lui, comme avant l'avénement de Louis XI.

On ne connaît pas son attitude lors de la révolte du duc d'Orléans et de la guerre contre la Bretagne, qui en fut la suite (1487-1491); mais il y a tout lieu de croire qu'il s'abstint de tremper dans les intrigues et les conspirations des princes.

L'un de ses gendres, André de Vivonne, seigneur de la Châtaigneraye, fidèle défenseur de l'autorité royale, commandait une partie de l'arrière-ban de Poitou, en garnison à Clisson, en 1489.

Le reste du contingent de la province avait été réparti entre toutes les places fortes du bas Poitou voisines du théâtre de la guerre, dans des proportions différentes, suivant l'importance de chacune d'elles.

La défense de la ville de Bressuire avait été confiée, concurremment avec celle de Montaigu, aux nobles de la châtellenie de ce dernier lieu.

Les petits châteaux de Chiché et de la Forêt-sur-Sèvre ne furent même pas oubliés, et reçurent chacun une faible garnison (45).

Ce qui achève de démontrer la conduite prudente et adroite de Jacques de Beaumont durant les troubles de la régence de Mme de Beaujeu, c'est son apparition nouvelle dans les fonctions publiques, alors qu'il était presque sur le bord de sa tombe.

 

 

En effet, en 1491, il était nommé sénéchal de Poitou, en remplacement d'Yvon du Fou, et convoquait en cette qualité l'arrière-ban de la province le 26 novembre (46).

Dès 1491, lorsque le roi leva l'arrière-ban du Poitou pour l'envoyer à Rennes, sans doute pour
veiller au maintien de l'ordre en Haute-Bretagne à l'occasion de son mariage avec l'héritière du duché, la duchesse Anne de Bretagne, 34 individus furent « renvoyés pour pauvreté » ; quatre le furent parce qu'ils ne tenaient pas plus « de dix livres de rente noble » et que, de ce fait, « ils ne sont puissants pour aller à la guerre ».

Ce renvoi était une dispense, de fait, de la participation à cette expédition et d'effectuer le service militaire.

L’objectif des rois de rattacher la Bretagne à la France pouvait être considéré comme atteint.

 ==> Voyage au cœur de l’Histoire. il y a 530 ans, Anne de Bretagne par son mariage devenait reine de France au château de Langeais

 

Bientôt il termina sa longue carrière, à l'âge de 70 ans environ, au château de la Mothe-Saint-Héraye, qu'il possédait du chef de sa mère, Jeanne de Torsay.

 

 

LISTE DES BAILLIS ET DES SÉNÉCHAUX. LISTE DES GRANDS SÉNÉCHAUX DU POITOU.  <==....

6 JANVIER 1477 montres et revues d’armes <==....

....==> L’église de La Mothe-Saint-Héray a été bâtie à partir de 1490 au cours de la période de paix qui a fait suite à la guerre

 

 


 

(1) Archives de Saint-Loup. — Coutume de Poitou rédigée en 1417.

(2) Archives de Saint-Loup.

(3) Archives de Saint-Loup; registre d'assises de Bressuire de l'an 1446.

(4). Archives de Saint-Loup; reg. d'assises. — La seigneurie de la Mothe- Rousseau (par. de la Ronde) appartenait, en 1435, à Yseult de la Jaille, veuve de Jean Rousseau, seigneur de la Mothe-Rousseau, tutrice de sa fille Marie Rousseau, laquelle épousa Michel de Liniers, écuyer, seigneur d'Airvault.

Acte d’hommage de la Mothe Rousseau rendu par Jeanne Payenne, veuve de Huguet

D’Appellevoisin. Accord passé en  la cour du sénéchal de Bressuire, en vertu duquel Michel de Liniers, écuyer, seigneur d’Airvault, reconnait devoir au seigneur de Bressuire, la foi et hommage pour l’hôtel de la Mothe- Rousseau (1466). Aveu d’une masure de terre hebergée en laquelle est assis l’hôtel de la Mothe-Rousseau, rendu par Marie Rousselle, veuve de Michel de Liniers (1486) ; Par Marguerite de Liniers, veuve de René de La Rochefoucault (1539) ; Par Claude Châtillon, veuve de Charle Tiercelin d’Appelvoisin (1626) ; par René d’Appelvoisin (1647) ; par Honoré Bérenger, comme tuteur de Julie de Crevan, princesse d’Yvelot (1686)

(5). Hist. généal., par le P. Anselme, t. IV, p. 677.

(6). Archives de Saint-Loup.

(7). 500 liv. de 1458 à 1463 et 200 liv. par an en moyenne, produit de l'impôt sur le vin.

(8). Pour garder et défendre son château, il y entretenait à ses frais une petite garnison à laquelle tous les vassaux de la baronnie étaient tenus de venir au besoin prêter main-forte. (Compte de l'an 1451 : à Jacques de la Brosse, capitaine pour le seigneur de Bressuire, la somme de dix livres pour paier les compaignons lors étant à la garde du chastel de Bressuire.)

(9). Histoire de Bretagne, par dom Lobineau, t. I.

(10) Pièce communiquée par M. B. Fillon.

(11). Histoire d'Aquitaine, par de Verneilh Puiraseau, t. II, p. 279-280.

(12). Dict. hist. des familles de l'ancien Poitou, t. Ier.

(13). Archives de Saint-Loup.

(14). Histoire de Bretagne, par dom Lobineau, t. I.

(15) Éloge du roi Charles VIII, par M. de Brantôme, dans lequel se trouvent plusieurs particularités qui regardent Louis XI, son père. — Supplément aux Mémoires de Domines, par Denis Godefroy, t. IV, p. 278.

(l6). Rôles de l’arrière-ban du Poitou, par Fleuriau.

(17). Hist. de Bretagne, par Daru, t. III p. 31.

(18). Hist. du Poitou, par Thibaudeau, t. II, p. 119, 127.— Philippe de Cami- nes en Poitou, par de la Fontenelle.

(19). Dom Fonteneau, t. XXVI.

(20). Dom Fonteneau, t. XXVI.

(21). Brantôme, loc. cit. — L'époque de la nomination de Jacques de Beaumont n'est pas déterminée, mais elle doit dater nécessairement de 1469.

(22). Dict. hist. des familles de l'ancien Poitou, t. Ier, p. 5 l.— Il avait été nommé le 9 février 1462, après la donation de ses terres au roi.

(23). Titre du château de Thiors.

(24). Archives de Saint-Loup, registre des comptes.

(25). Histoire de la Rochelle, par le P. Arcère, t. I, p. 285.

(26). Histoire de la Rochelle, par Arcère, t. I, p. 289,

(27). Hist. du Poitou, par Thibaudeau, t. II p. 77,

(28). Hist. du Poitou, par Thibaudeau, t. II, p 78. - Annales d'Aquitaine, par Bouchet,

(29). Mém. man. pour Jehan Larcevesque contre Arthur de Vivonne. (Collection Fillon.)

(30). Hist. de Bretagne, par dom Lobineau, t. Ier.

(31). Mém. man., pour Jehan Larcevesque.

(32). Mémoires de Comines. — Annales d'Aquitaine, par Bouchet, p. 278.

(33). Archives de la Barre-Pouvreau.

(34). Dom Fouteneau, t. V, p. 295.

(35). Hist. généal., par le Père Anselme, t. IV, p. 449.

(36). Hist. de Bretagne, par dom Lobineau, t. Ier.

(37). Additions aux Mémoires de Comines, par Godefroy, t. III, p. 532.

(38). Mémoires de Comines, l. IV, chap. 9.

(39). Chroniques de Jehan de Troyes, p. 317, édition Michaud et Poujoulat, t. IV.

(40). Histoire de Bretagne, par dom Lobineau, t. 1er.

(41). Philippe de Comines en Poitou, par de la Fontenelle.

(42) Gallia christiana, t. II, p. 1201. ̶ Histoire de Bretagne, par dom Taillandier, t. II. — Histoire de Bretagne, par Daru, t. III, p. 56.

(43) Archives de Saint-Loup.

(44) Hist. généalogique, par le P. Anselme, t. III. — Archives de Saint-Loup.

— Dictionnaire des familles de l'ancien Poitou, t. Ier,

(45). Rôle inédit de l'arrière-ban de Poitou en 1489, dont la montre fut reçue à Mortagne le 12 juillet. (Archives de Saint-Loup.)

(46). Bans et arrière-bans de Poitou, par Fleuriau. — Annales d'Aquitaine, par Bouchet. — Mém. sur les sénéchaux de Poitou, par M. Filleau.

Louis du Fouilloux, écuyer, seigneur du Fouilloux et du Chillou, écuyer d’écurie du roi, Grand-père de Jacques de Fouilloux le célèbre auteur des traités dela Vénerie, fut présent à la montre faite à Poitiers, le 26 novembre 1491, sur mandement de Jacques de Beaumont, sire de Bressuire, sénéchal de Poitou, par devant Guillaume de Arembert, procureur du roi, pour faire partie de l’arrière-ban convoqué à cette époque. (Roolles des bans et arrière-bans de la province de Poictou, Xaintonge et Angoumois. Poictiers, 1667, in-4° réimpr. à Nantes, 1883, p. 43) 

Un Guillaume Richelot figure sur l'état des nobles du Bas-Poitou parmi les brigandiniers placés sous les ordres du sr de Laigle, lors de la convocation de l'arrière-ban, le 5 octobre 1467, c'est-à-dire près de deux ans avant la date du présent anoblissement; et sur le rôle de l'arrière-ban convoqué, sur l'ordre du roi, par le sr' de Beaumont-Bressuire, sénéchal de Poitou, le 26 novembre 1491 et jours suivants, parmi les gens d'armes « qui sont en garnison à Mortaigne, frontière de Bretagne n, on lit les noms de Jean et François Richelot. (Roolles des bans et arrière-bans de la province de Poitou, p. 9 et 59.)

Bouchard Girard seigneur de Mallièvres est parmi « ceux qui sont en garnison à Mortaigne, frontière de Bretaigne ». (Roolles des bans et arrière-bans de la province de Poictou, Xaintonge et Angoumois. Poictiers, 1667, in-4°. Réimpr. Nantes, 1883 p. 59).

Bernard de La Touche figure parmi les hommes d'armes du Châtelleraudais sur le rôle de l'arrière-ban convoqué en 1491 par Jacques de Beaumont, sire de Bressuire, sénéchal de Poitou, et dont la montre fut faite à Poitiers, le 26 novembre, par-devant Guillaume Arembert, procureur du roi en Poitou.

PHILIPPO OU PHILIPPON ANGÉLY, écuyer, seigneur de Gascougnolles.

On voit figurer Louis II Chabot, en 1491 et 1492, aux bans de la noblesse du Poitou.  (Louis II Chabot, écuyer, seigneur de l'Aleu et du Luc, était le troisième fils de Louis I Chabot et de Jeanne Buffeteau.)

Jean de Biron "Est de St Maixent.  Comparu en costume d'Archer à la Revue du Ban et arrière-Ban du Poitou passée le 26 novembre 1491." (Généalogie de la Famille de Biron depuis 1300 jusqu'en 1880)

Gilles de VILLEDON, seigneur de Gournay, de la Chevrelière, du Fief Girard servit au ban de la noblesse en 1491, sous les ordres de Jean de Beaumont, chevalier, seigneur de Bressuire, et comparut à la montre du 26 novembre 1491, à Poitiers

Jean Mainart, écuyer, seigneur de Dignechin, et en partie de la Cornetière, second fils de Tristan Mainard et de Mathurine Prévost, dame de Dignechin, servit, avec ses frères, à l'arrière-ban du Poitou, en 1491

Jacques de Liniers se rendit en qualité d'homme d'armes au ban convoqué par les ordres de Louis XI, et  servit sous les ordres de Jacques de Beaumont.  Le 4 novembre 1493, il rendit hommage à Louis de la Trémoille, vicomte de Thouars, de sa châtellenie, terre et seigneurie d'Airvau.

  Joachim Coningham, chevalier, seigneur de Cherveux,  de la Roche et de Fontaine-Chalandray. Il épousa, le 21 novembre 1478, Catherine de Montberon, la fille du vicomte d’Aunay près de St-Jean d’Angély. En 1475, il était capitaine de 96 hommes d’armes et de 190 archers écossais ; il servit aux bans du Poitou en 1488 et en 1491. Il décéda sans enfant.

Jacques Marchand, juge-châtelain. Ayant été appelé à servir au ban de la noblesse, convoqué en 1491, il présenta pour le remplacer, Eustache Prevost de Valandon, et il lui fut enjoint de fournir à ce dernier, arbaleste et trousse. Il fut aussi appelé au ban de 1492 (Manuscrits du comte de Sainte-Maure, Roole des Bans de 1491, etc. Collection de D. Fonteneau, t. 46.)

Gilbert Pandin, écuyer, est porté avec son père (non nommé), sur le rôle de l’arrière-ban de la noblesse de Poitou, convoquée par ordre du roi Charles VIII, par M. de Beaumont, sénéchal de Poitou, le 26 novembre 1491 (orig. en papier signé Jacques de Beaumont).

Pierre Regnon, écuyer, seigneur de la Gautronnière, comparaît à Rocheservière au ban de la noblesse du Poitou, convoquée en 1491.

Louis Ojart, écuyer, dont le père était, suivant toute vraisemblance, Guillaume Ojart, capitaine de Thouars à la fin de l’année 1491, qui se fit remplacer au ban du Poitou, réuni sur l’ordre du roi, par Jacques de Beaumont, sire de Bressuire, aux mois de novembre et décembre de cette année par son autre fils « Pierre Ogeard ». Quant à Louis, il est inscrit aussi sur les rôles de cette convocation, en qualité d’homme d’armes, remplaçant Jean Rouault, de la Rousselière, « qui est de fort ancien âge » (Roolles des bans et arrière-bans de la province du Poictou, Xaintonge et Angoumois, Poictiers, 1667, in-4°. Réimpr. Nantes, 1883, p. 65 et 71).

Jean et Colin Ganne, de la châtellenie du Blanc, se présentèrent au ban de novembre-décembre 1491, mais furent renvoyés dans leurs foyers « parce qu’ils sont pauvres ». (Roolles des bans et arrière-bans de Poictou, p. 75.)

Jehan Chabot, écuyer, seigneur de la Chabotterie, se présente, le 30 septembre 1491, au ban et arrière-ban du Poitou, où il se dit "pauvre et ne voit que d'un oeil" et qu'il est toujours obligé, ainsi que ses voisins, de faire la guerre aux pillards bretons qui saccagent la frontière.

 

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