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22 avril 2023

FRAGMENTS INÉDITS d’une CHRONIQUE DE MAILLEZAIS.

FRAGMENTS INÉDITS d’une CHRONIQUE DE MAILLEZAIS

L'abbaye de Maillezais, sur laquelle nous publions quelques notes chronologiques, était située en Bas-Poitou, dans une île dont elle a pris le nom, et qui est formée par l'Autise et la Sèvre Niortaise.


Elle a été fondée vers l’année 980, par Emma (1) fille de Thibaut le Tricheur, comte de Blois et femme de Guillaume IV, duc d'Aquitaine.


 Cette princesse la construisit sur les ruines d'une ancienne basilique détruite par les Normands, la consacra à saint Pierre, et y établit une communauté d'hommes soumise à la règle de saint Benoît.


Arrêtée au milieu de sa prospérité naissante pat' les graves dissentiments qui avaient éciaté entre Emma et son époux (2), l'abbaye de Maillezais trouva heureusement un protecteur dans leur fils Guillaume V.


1 Petrus monachus, de Antiquitate Malliacensis monasterii. V. Labbe, Вibl. nov. Mss. librorum, vol. II, p. 223 et suiv.


2 ...Hostis teterrimus humani generis, diabolus, fomenta odii inserit utriusque conjugis pectoribus. Celebrabatur namque ca tempestate ore multorum principem, dum a Britonum finibus reverterctur, hospitandi gratia Thoarcense adisse oppidum ac cum conjuge vicecomitis admisisse adulterium.


L'ennemi le plus redouté du genre humain, le diable, plante les fomentations de la haine dans le sein des deux époux. Car il fut célébré par beaucoup dans cette tempête que le prince, en revenant des frontières des Bretons, était venu à la ville de Thouars pour l'hospitalité, et avait avoué l'adultère avec la femme du vicomte.


Cujus flagitii dedecus ubi primum comitissae innotuit jamjam marito molestam existere quotidieque despectum sui improperari cœpit...

Paucis hinc evolutis diebus... offendit earn quam virum suum credebat stuprasse.

Lorsque la comtesse apprit pour la première fois qu'elle avait des ennuis avec son mari, il se mit à lui reprocher chaque jour du mépris...

Quelques jours après son départ d'ici... il a rencontré une femme qui, selon elle, avait violé son mari.


 Irruens ergo toto impetu in earn, de equo quam turpiter praecipitat ac multiplicibus contumeliis affectam comitantes se quatenus libidinose nocte quae imminebat tota ab ea abuterentur concitat... ad sese rediens mulier quale facinus egerat... revolvens que iram... implacabilem mariti noctu cum paucis elapsa Cainonem castrum... expetiit.
Se précipitant donc de toutes ses forces dans le champ, du cheval qu'il renverse honteusement, et s'accompagnant, affecté par de multiples insultes, de sorte que la nuit lubrique qui menaçait d'être abusée par elle tous... avec quelques échappés au château de Chinon...

 Quae omnia ubi princeps accepit indicibiliter mœstus qualem tantae sceleri re penderet iram... exquirere cœpit. Labbe , ibid., p. 225.
Lorsque le prince reçut tout cela, indescriptiblement attristé par le genre de colère qui devrait être attaché à un tel crime, il commença à chercher... Labbé

Le nouveau duc d'Aquitaine ne se borne pas à rappeler les religieux dans l'église et dans les possessions dont le ressentiment de son père les avait dépouillés.


 Digne continuateur de l'œuvre commencée par Emma, il s'applique en outre à augmenter les biens et les privilèges que le monastère avait reçus d'elle ; puis, sentant sa fin approcher, il se retire à Maillezais, et, à l'exemple de plusieurs de ses ancêtres, termine sous le froc une vie passée au faîte des grandeurs.


La protection accordée par ce prince à l'abbaye de Saint-Pierre lui fut continuée par ses successeurs.


De nombreuses chartes attestent la magnificence des souverains du Poitou envers Maillezais, et grâce à ce haut patronage, bien mérité, du reste, par conduite comme par les lumières de ses moines, l'église de Saint-Pierre se trouva promptement placée au rang des communautés les plus riches et les plus renommées de toute la province.


 Maillezais était devenu, dès le commencement du onzième siècle, le rendez-vous d'un grand nombre de fidèles.


Plusieurs personnages célèbres y avaient embrassé la vie monastique ;  d'autres , parmi lesquels on compte trois ducs d'Aquitaine, avaient voulu que leur dépouille mortelle y fût déposée ; deux abbayes s'étaient soumises à sa suzeraineté (1) , un grand nombre de monastères avaient choisi leurs abbés parmi ses religieux, et c'est aussi parmi les moines de Saint-Pierre que l'église de Saintes était venue chercher le vénérable Goderanne, cité par lotis les auteurs ecclésiastiques comme le modèle des évêques.


Grâce à la sage administration et au travail des moines, d'abondantes récoltes couvraient déjà le sol resté inculte depuis les invasions des Normands, et les vastes marais formés par la Sèvre ne tardèrent pas à se convertir en excellents pâturages, qui sont encore de nos jours une des principales richesses du Bas-Poitou.


L'abbaye n'avait pas obtenu des résultats moins brillants sous le rapport de la science et des lettres.


Non-seulement elle possédait une bibliothèque riche et nombreuse, mais encore elle avait produit des ouvrages d’une grande importance pour l'histoire générale comme pour celle de la province.


En un mot, elle avait conquis les plus justes titres à l'admiration et à la reconnaissance publiques, et elle avait mérité l'honneur que lui lit le pape Jean XXII lorsqu'en 1317 il fixa à Maillezais le siège d'un des deux évêchés qu'il venait d'établir en Poitou (2).


(1). L'abbaye de Saint-Etienne de Vaux, dioc. de Saintes, et celle de Saint-Pierre-de- Sully, dioc. de Tours.
(2). Par suite du démembrement du diocèse de Poitiers. V, ci-après, p. 163.

Comme évêché, la ville de Maillezais n'a pas non plus manqué d'un certain éclat ; mais elle ne jouit pas longtemps des avantages que lui promettait ce nouveau titre.


 Occupée à diverses reprises par les catholiques et par les calvinistes, pendant les guerres civiles du seizième siècle, elle finit par rester au pouvoir des religionnaires, et devint, sous le célèbre Agrippa d'Aubigné, une de leurs forteresses les plus importantes.


 Ce fut sous leur domination que périrent à Maillezais, comme dans toutes les églises voisines de La Rochelle, les trésors littéraires réunis par le zèle éclairé des moines.


La ruine des protestants par le cardinal de Richelieu, au lieu de rendre à Maillezais son rang de siège diocésain, ne fit au contraire que consacrer sa spoliation.


 L'évêché qui avait été transféré provisoirement à Fontenay-le-Comte, par le pape Urbain VIII, fut, en  1648, fixé à La Rochelle par Innocent X ; et en cessant d'être chef-lieu d'un diocèse, Maillezais fut en outre dépouillé par ces pontifes du rang de ville auquel Jean XXII l'avait jadis élevé.


 La révolution française, auprès de laquelle les souvenirs religieux étaient une bien mauvaise recommandation, ne lui a pas rendu son ancien titre de ville ; mais s'il n'est encore aujourd'hui qu'un bourg du département de la Vendée, Maillezais peut du moins se consoler en voyant la richesse du pays qui forme sa circonscription cantonale.



Le document que nous publions sur l'église de Maillezais n'a pas le mérite d'une entière nouveauté.

 


Le P. Labbe en a imprimé une partie dans sa Nouvelle Bibliothèque des Manuscrits (2), mais il lа mutilé et disséminé de telle manière, qu'il est à peu près impossible d'en retirer aucun profit.


Il sera facile de reconnaître que le savant jésuite s'est borné à reproduire, comme remplissage, les énonciations les plus courtes et qu'il donne seulement les premières lignes des récits même peu étendus, sans tenir compte des développements caractéristiques ni des faits précieux qu'ils fournissent à l'histoire (3).


Nous croyons utile de combler cette lacune et de rendre aux renseignements émanés des contemporains eux-mêmes l'ensemble qui ne peut manquer de les faire valoir.


Le manuscrit dont nous nous servons est celui même que le P. Labbe a si incomplètement exploité, et auquel l'autorité de son nom semble avoir empêché de recourir depuis. Il appartient aujourd'hui à la Bibliothèque du roi, où il est classé, dans l'ancien fonds latin, sous le n° 4892.


Il est intitulé : Chronique universelle de Julius Floras. C'est un énorme in-folio, en vélin, de la plus belle écriture du douzième siècle ; quelques parties, purement accessoires, se rapportent aux trois siècles suivants.


 Il a été écrit dans son entier à Maillezais, et était, au quinzième siècle, placé dans la douzième armoire de la bibliothèque (4).


La conservation de ce manuscrit est due à Jean Besly, avocat du roi au présidial de Fontenay-le-Comte.


(1). Gall. Chr. N. E. Vol. II, Instrum., coi. 582 et 584.
(2). Vol. II, p- 221, 247 et 248. Quae non indigna luce existimavi, dit Labbe.
(3). Descripsimus resectis inutilibus , dit Labbe ( 1. c. ). Labbœus aliqua sponte sua immutavil, disent les auteurs du Gall. Christ. Vol. IT, col. 1364.
(4). Sur le premier feuillet on lit : XII. Armeria..

Nous ignorons comment et à quelle époque l'historien des comtes de Poitou et des évêques de Poitiers en devint le possesseur ; nous apprenons seulement, par une de ses lettres a André Duchesne (1), qu'il l'avait entre les mains dès l'année 1616. À la mort de Besly (1644), ce manuscrit fut remis par son fils aux frères Pierre et Jacques Dupav, qui en firent imprimer quelques passages dans l'histoire des comtes de Poitou, que le laborieux et érudit avocat de Fontenay avait laissée en portefeuille.


 Cette publication terminée (2), les frères Dupuy, sous les auspices desquels elle avait été faite, conservèrent quelques années encore le manuscrit de Maillezais.


C'est d'eux que le P. Labbe l'emprunta, ainsi qu'il le dit lui-même (3), pour en imprimer une partie.


Néanmoins il ne cessa pas d'être la propriété de la famille Besly (4), et c'est là ce qui explique comment il a pu arriver, soit par vente, soit par donation, dans la bibliothèque du cardinal Mazarin.


Des mains de ce dernier, il passa en 1668, à la Bibliothèque royale, ainsi que nous l'atteste le catalogue des manuscrits du cardinal-ministre, parmi lesquels il figure sous le n° 590; et classé d'abord sous le n° 4729 de l'ancien fonds latin , il prit, quelques années plus tard, le n° 4892, qu'il porte encore aujourd'hui.


Aussi est-il nommé avec raison Codex Mazarineus dans le catalogue des manuscrits du roi imprimé en 1740, et qui se trouve dans toutes nos bibliothèques publiques.


Nous ne saurions donc trop nous étonner de lire dans une publication récente (5), à côté de plusieurs autres assertions un peu hasardées, que le manuscrit de Maillezais est entré à la Bibliothèque Royale avec le fonds de Thou.


Sans vouloir entrer à cet égard dans de plus longs développements, nous pouvons affirmer qu'il n'y a jamais eu un fonds de Thou à la Bibliothèque royale.


Les manuscrits de l'illustre président, qui ont été incorporés à ceux du roi, proviennent d'acquisitions successives, et non pas d'une réunion en masse, comme le titre de fonds semblerait l'indiquer.


Nous ajouterons aussi que non-seulement le manuscrit de Maillezais ne porte aucun des signes auxquels on reconnaît de prime abord les ouvrages qui ont appartenu à de Thou, mais encore qu'il n'en est pas question dans le catalogue de sa bibliothèque dressé (6) peu de temps après sa mort.


(1). Lettre du 16 août 1616. V.Bibl, royale. Mss., Coll. Duchesne, vol. XXXV, f. 187,
(2).  1 vol. in-fol. Paris, Cramoisy, 1647.
(3). Qui fuit olim viri doctissimi J. Beslyi et nobis... communicatus est a clarissimis fratribus P. et J. Puteanis. Nov. Bib. Mss. Vol. II. Syllabus scriptorum.
(4). Ce manuscrit ne figure pas en effet dans le catalogue autographe de ceux qui appartenaient aux frères Dupuy, et qui, après la mort de Jacques, sont tous arrives, en vertu de son testament, à la Bibliothèque du roi.
(5). Recherches sur les chroniques de Saint-Maixent, par M. de La Fontenelle de Vaudoré. Page 5. Poitiers, 1838, in-8°.
(6). En novembre 1617. Nous devons à M. Claude, employé à la Bibl. royale, sect, des Mss., l'indication et la communication des catalogues qui nous ont servi pour dresser cet historique.

Nous croyons en avoir dit assez pour détruire les allégations de M. de la Fontenelle de Vaudoré. Il est d'ailleurs assez difficile d'admettre avec lui que Jacques de Thou, qui mourut le 7 mai 1647 ; a pu devenir possesseur de notre manuscrit par le décès de Jacques Dupuy, arrivé seulement en 1656 (1), c'est-à-dire quarante aimées après la mort du célèbre président.


(1). V. Bongars, Gesta Dei per Francos. Vol. 4,

De toute la bibliothèque de Maillezais, ce volume est peut-être le seul qui ait survécu, comme pour nous faire regretter encore davantage la perte de ceux qui ont été détruits pendant les guerres de religion.


On rechercherait inutilement ailleurs la plupart des documents qu'il nous a conservés. Outre divers ouvrages relatifs à la géographie et aux croisades, il contient la chronique universelle de Julius Florus avec la continuation, connue sous le nom de chronique de Maillezais, ainsi que l'histoire de la fondation de ce monastère composée par un des religieux, nommé Pierre, à la prière de Goderanne son supérieur.


 Sur le verso du premier feuillet se trouve le catalogue des livres que possédait le monastère au commencement du douzième siècle, et cette circonstance prouve à elle seule que les moines considéraient ce manuscrit comme un des plus précieux de leur bibliothèque.


 Nous en trouvons encore la preuve dans le soin qu'ils ont eu d'utiliser les feuillets laissés en blanc par leurs prédécesseurs, et d'y enregistrer les faits et les actes qui leur ont paru le plus dignes de mémoire.


C'est ainsi qu'indépendamment de plusieurs lettres pontificales et du récit des persécutions que Geoffroy de Lusignan, seigneur de Vouvent et Mervent fit souffrir, en 1225, à l'abbaye de Maillezais, nous y avons trouvé les fragments chronologiques que nous soumettons au lecteur.


Ils sont placés aux folios В recto et verso, С recto et 210 recto et verso et se composent du récit ou de la simple indication, soit en latin, soit en français, soit en prose, soit en vers, des événements qui ont le plus frappé l'imagination de ceux qui nous les ont rapportés.


Ces diverses notes sont l'œuvre de personnages assez considérables dans l'église de Maillezais.
Nous pouvons même nommer Lucas de Marsais, prieur d'Ardin, comme auteur de celles qui sont relatives aux années 1317, 1329, 1330 et 1332.


Il nous semble du moins qu'on doit les lui attribuer, parce que l'écriture de ces quatre morceaux est de la même main qui écrivait en  1317 « et qui vidit scripsit videlicet ego Lucas de Marsayо tunc prior de Ardimo. » On trouvera aussi dans le style une ressemblance capable de confirmer cette conjecture.

Mais de ce que cette petite chronique est due à des hommes haut placés, et par conséquent instruits, on n'en éprouve peut-être que plus de mécompte quand on voit de quelle manière les faits y sont exposés. Sauf le fragment qui est relatif aux premières hostilités des Anglais en Poitou (1546), tout ce qui est vraiment historique se réduit à quelques noms rangés sous une date.


Les auteurs n'ont fait qu'indiquer la mort de saint Louis, l'abolition des Templiers et les ravages des Pastoureaux ; et les seuls événements racontés avec détails sont ceux qui concernent seulement l'église de Maillezais.


Néanmoins ces diverses notes ne sont pas tout à fait dénuées d'importance. Plusieurs d'entre elles sont remarquables par leur forme, tantôt naïve, tantôt prétentieuse.


D'autres en lin nous donnent lieu de rectifier quelques erreurs qui ont échappé aux auteurs du Gallia Christiana,

Trois de ces fragments mentent surtout de fixer l'attention.


Le premier, relatif à l'année 1236, nous rappelle l'acharnement des chrétiens contre les juifs, et contient en outre le récit d’un fait aussi curieux que rare, le siège d'une abbaye par des croisés.


Les persécutions contre les juifs se sont montrées, on le sait; plus cruelles encore pendant les croisades qu'à toute autre époque.


Avant de partir pour la Terre-Sainte, les chrétiens croyaient ne pouvoir mieux se préparer a la délivrance du sépulcre de Jésus que par le massacre de lu race infortunée par qui s'était accomplie la passion du Sauveur. Le moindre malheur que pussent éprouver les fils de Juda était de fournir, bon gré malgré, une partie des sommes destinées aux expéditions ďoutre-mer.


Ce fut dans cette double intention que des croisés poitevins attaquèrent, en 1256, les juifs de Niort. Ceux-ci, dont le nombre était considérable, se décidèrent à vendre chèrement leurs richesses et leur vie. Réfugiés dans le château de la ville, ils s'y fortifient et s'y défendent avec tant de vigueur et de constance qu'ils forcent leurs ennemis à la retraite.


C'est alors que les croisés, ne voulant pas renoncer au butin qu'ils s'étaient promis, marchent contre Maillezais, pour s'y dédommager aux dépens des moines qui avaient peut-être été les instigateurs de leur entreprise.


Nous n'entrerons pas dans les détails du siège, parce que nous ne ferions que traduire notre auteur. On verra dans son récit après quelles angoisses l'abbaye fut enfin délivrée du péril qui la menaçait; et l'on pourra suivre les marches et contre-marches des croisés et des moines sur une carte du département de la Vendée, dans lequel se trouvent les localités nommées par la chronique.


Quels furent les chefs de ces croisés Poitevins qui voulaient livrer le monastère au pillage?


Le religieux de Maillezais est, sous ce rapport, d'un mutisme complet. Il ne désigne aucun des assaillants, et nous pouvons croire que ce silence lui a été imposé par la crainte d'offenser quelque puissant voisin. On ne peut, à cet égard, que former des conjectures d'autant plus vraisemblables qu'elles seront fondées sur une connaissance plus approfondie de l'histoire locale.


En renvoyant cette difficulté aux personnes compétentes, nous nous hasarderons à demander si le seigneur de Vouvent n'a pas été l'un de ceux qui ont le plus contribué à amener les croisés poitevins devant l'abbaye.

Nous savons en effet que Geoffroy la Grand’Dent avait reçu la croix, en 1232, des mains du pape Grégoire IX.


 D'ailleurs il venait d'être assez humilié et rançonné par les moines de Maillezais pour leur en avoir guidé rancune, et l'oubli des injures n'était pas une vertu héréditaire dans la maison de Lusignan (1).


Nous rappellerons aussi, pour expliquer cet acharnement des croisés à s'enrichir aux dépens d'autrui, que l'année précédente avait été signalée par une famine plus désastreuse encore en Aquitaine que dans les autres provinces du royaume (2).

(1)    Geoffroy II, fils de Geoffroy de Lusignan, seigneur de Vouvent et Mervent, et d'Eustache Chabot, héritière de ces deux châteaux.
Il est surnommé à la Grand Dent, parce qu'il apparta sur terre une dent, qui lui yssait hors de la bouche plus d'un pouce, et désigné dans le roman de Melusine comme le sixième fils de cette fée et de Raymond de Forez.


Cil ocist les moisnes noirs
….
De l'abbaie de Malières ;
Dont son père se courouça.
V. roman de Melusine, chap. V.


Les choses n'allèrent pas jusque- là, mais Geoffroy n'en fut pas moins obligé d'indemniser chèrement les moines pour les persécutions qu'il leur avait fait éprouver en 1225.
V. Labbe, Nouv. Bibl. des manuscrits, vol. II, p. 258, 245 et suiv.


(2) «Facta est fames valde magna in Francia maximeque in Aquitania ita ut homines herbas campestres sicut animalia comederent ; valebat enim sextarius bladi centum solidos in Pictavia. Ibidem vero mulli fame perierunt...» V.Guill. de Nangis, année 1235.

L'année 1259 nous donne d'abord un fait nouveau à ajouter à ceux qui établissent l'existence de la féodalité dans l'ordre religieux comme dans l'ordre politique. Elle nous fournit de plus une rectification pour le catalogue des abbés de Saint-Etienne de Vaux, monastère de l'ordre de saint Benoît, situé, comme nous l'avons déjà dit, dans le diocèse de Saintes.


La sujétion de cette communauté à celle de Maillezais remontait à la dernière moitié du onzième siècle.


D'après le contrat (3) passé entre les deux abbayes, le chapitre de Saint-Etienne s'engageait à ne choisir ses abbés que parmi ses moines ou parmi ceux de Saint-Pierre; et l'abbé élu devait, avant d'obtenir l'ordination de l'évêque de Saintes, se rendre auprès de l'abbé de Maillezais, obtenir qu'il lui confirmât sa nouvelle dignité et lui jurer foi et obéissance. Nous avons ici un cas de dérogation ; mais toutes les réserves ont été faites pour que les droits du monastère suzerain n'éprouvent aucun préjudice.


(3). Annales de l’ordre de Saint-Benoit, vol. V. Appendix, p. 646, 647.

Ce passage de notre chronique prouve, de la manière la plus évidente, que Foucaud, prieur de Saint-Sulpice, a été élu abbé de Saint-Etienne en 1259, et investi Je cette dignité dans toutes les formes voulues.


Cependant on ne le trouve pas dans la liste des abbés de ce monastère telle que l'ont dressée les auteurs du nouveau Gallia Christiana (1). Parce que la date sous laquelle ils ont cru le trouver mentionné, 1256, ne s'accorde pas avec celle du dernier acte connu de son prédécesseur Etienne, 1257, les bénédictins ont refusé d'admettre ce Foucaud dans leur catalogue, et ils ne le nomment, en note (2), que pour contester son existence.


Cette erreur est d'autant plus extraordinaire de la part des religieux de Saint-Maur, qu'à l'article de Maillezais ils nomment ce même Foucaud, mais en le faisant prieur de l'Hermenaud en Poitou, et non pas de Saint-Sulpice en Saintonge (3).


(1) Vol. Il, col. 1115
(2) « Fulcaudus tamen quidam jam anno MCCXXXVI , ex asceta Malleac, abbas dicitur effectus; sed nulla addicta ratione. » Gall. Christ., 1. с.
(3) Gall. Christ. Vol, II, col. 1369.

Ainsi, admise ou rejetée par eux, l'existence de cet abbé ne leur a été connue que d'une manière très-imparfaite, puisqu'ils ne se trompent pas moins sur sa qualité que sur la date de son élection. De plus, le Gallia Christiana ne dit pas qui fut abbé de Vaux après Etienne, qui vivait encore en 1257, et avant Robert, qui commence à paraître en 1265.


Nous devons donc, d'après notre chronique, intercaler ce Foucaud dans le catalogue des abbés de Saint-Etienne, entre les deux abbés que nous venons de nommer.


Nous pensons même qu'on peut admettre, sauf plus ample information, que ce Foucaud a vécu jusque vers l'époque à laquelle on trouve mentionné l'abbé Robert, dont il aurait ainsi été le prédécesseur immédiat.


Outre les renseignements qui précèdent, l'énumération des personnes devant lesquelles Foucaud remplit à Maillezais ses devoirs de vassal peut fournir quelques détails sur l'administration des abbayes et sur leurs principaux dignitaires.


Enfin la désignation d'un grand nombre de prieurés, dans ce morceau comme dans celui qui précède, n'est pas non plus sans intérêt pour l'histoire locale.


Parmi ces fragments de chronique, il en est un qui, au premier coup d'œil, dénué de tout intérêt, va néanmoins donner lieu à une rectification véritablement utile.
C'est celui dans lequel nous trouvons mentionné, sous la date du 24 décembre 1332, Geoffroy Povereau , premier évêque de Maillezais (4).


(4) Gaufridus Poverelli. Il est nommé à tort G. de Pommereuil, de Ponerelle ou de Pouverelle par les différents auteurs qui ont écrit sur Maillezais.
Il appartient à la famille des seigneurs de la Sye et la Roussière, près de Parthenay. V. Bibl. de Poitiers, Mss de D. Fonteneau, vol. XVIII, p.11.


Suivant les auteurs du Gallia Christiana, cet évêque serait mort avant le 29 septembre 1318, et le siège diocésain aurait été occupé depuis lors, jusqu'en 1333, par trois prélats différents : Guillaume Sambut, Robert ; Geoffroy de Pons (1)


 Les religieux de Saint-Maur ne s'accordent donc pas avec notre auteur qui, contemporain et même témoin des faits qu'il rapporte, mérite à ce titre une grande confiance.


Les recherches que nous avons faites pour savoir à laquelle de ces deux autorités nous devions accorder la préférence, confirment l'assertion de notre chronique, et établissent, d'une manière surabondante, l'erreur des bénédictins.
D'abord on ne trouve pas le nom de Guillaume Sambut dans les deux chartes qui sont citées par les auteurs du Gallia, comme prouvant l'existence de ce personnage (2).


(1) Gall. Christ., vol. Il, col. 1372.
(2) 1318, septembre 29, bulle du pape Clément, qui rétablit l’évêque de Poitiers dans la possession de plusieurs paroisses que l'évêque de Maillezais prétendait dépendre de son diocèse. V. Mss. Fonteneau, vol. V, p. 547. (Nous devons à M. Redet, archiviste du département de la Vienne, la communication des documents cités d'après les Mss. de D. Fonteneau.) 1329, vieux style, février. Lettre de Philippe V, le Long, roi de France, contenant concession à l'évêque de Maillerais du droit d'établir un marché dans cette ville le lundi de chaque semaine. V. Arch, du royaume, sect, hist., reg;. LX, n° 7.

L'évêque de Maillezais, qu'elles concernent, n'y est désigné en aucune manière. Rien n'engage à les attribuer à Guillaume Sambut plutôt qu'à tout autre, et, pour savoir à quel prélat on doit les rapporter, il faudrait d'abord établir par qui le siège épiscopal était occupé en 1318 el 1321


 Nous en dirons autant d'une charte de 1325 (3), attribuée au même Guillaume par l'auteur d'une histoire de Maillezais, publiée il y a quelques mois (4).


En ce qui concerne l'évêque Robert, le Gallia Christiana ne donne aucune preuve et ne cite aucun acte dans lequel il soit désigné; il ne l'ait que le nommer et même avec défiance.


Il ne cite non plus aucun titre qui soit relatif à Geoffroy de Pons, et mentionne seulement l'époque de sa mort, sans dire à quelle source il a puisé ce renseignement. Lorsqu'ils ont introduit ce dernier dans la liste des évêques de Maillezais, les bénédictins paraissent avoir fait un emprunt à la généalogie des seigneurs de Pons, par André Duchesne, qui ne cite non plus aucune autorité (5).


(3) 1525, novembre 13, commission donnée en vertu d'ordre du roi Charles IV, le Bel, par Renaud de Beaucheviler, sénéchal de Poitou, à l'évêque de Maillezais et à deux autres personnes pour faire lever sur les habitants de Niort les impôts nécessaires à la création d'un port dans cette ville. Mss. Fonteneau, vol. XX, p. 165.
(4) 1 vol. in-8°. Niort, 1840. M. Ch. Arnault, membre du comité des Chartes pour le département des Deux-Sèvres, n'a fait que reproduire , en les exagérant encore, les erreurs du Gallia christiana. V. Hist, de Maillezais, p. 210, 215, 216 et 217.
(5) Bibl. royale, Mss coll. Duchesne. vol. CXXI, fol. 175.


On sait d'ailleurs qu'il ne faut pas ajouter une foi entière aux généalogies, même à celles dont A. Duchesne est l'auteur, et dans lesquelles l'histoire est souvent sacrifiée à l'amour-propre des familles (1). L'existence de ces trois prétendus évêques ne repose donc sur aucune preuve et ne peut être maintenue contre l'assertion de notre chronique.


D'ailleurs ce témoignage n'est pas le seul que nous puissions invoquer pour prolonger l'épiscopat de Geoffroy Povereau jusqu'à l'année 1333.


Nous allons encore l'établir par des chartes de cet évêque lui-même.


Ainsi, en 1323, le samedi après la Saint-Luc, c'est-à-dire le 22 octobre, frère Joffroi, évêque de Maillezais, arente des vignes à diverses personnes (2).


En 1324, au mois de mai, Geoffroy (Gaufridus), évêque de Maillezais, échange, avec l'abbé de Marmoutier, le repas annuel qui lui était dû dans le prieuré de Treize-Vents (3), pour une rente de quatre livres (4).


(1) Du reste, il serait possible que la mention de Geoffroy de Pons fût due à une mauvaise lecture qui aurait fait prendre Poverelli pour Pontibus.
(2) F. Mss. Fonteneau, vol. XXXV.
(3) Canton de Mortagne, arrond. de Bourbon-Vendée (la Roche sur Yon). Il était alors compris dans le diocèse de Maillezais.
(4) Cartul. de Marmoutier, vol. I, fol. 29. V. Bibl. royale, Mss. ancien fonds latin, n° 5440.

Enfin, en 1331, le jeudi après l'an neuf, c'est-à-dire le 4 avril 1351, frère Jeffrey Povrea (5), évêque de Maillezais, échange des vignes avec nu nommé Jean Peen de Marans (6).


Quand même les deux premières chartes ne sembleraient pas désigne: suffisamment Geoffroy Povereau, la troisième, si bien d'accord pour le nom de famille avec notre chronique, lèverait à cet égard tous les scrupules.


Nous sommes ainsi fondés à dire que ce prélat a seul administré le diocèse de Maillezais de 1317 à 1333.


 C'est à lui qu'il faut rapporter les trois chartes que nous avons citées plus haut, et qui ont été à tort attribuées à Guillaume Sambut, et nous devons rayer du catalogue des évêques de Maillezais ce Guillaume Sambut, ainsi que Robert et Geoffroy de Pons, pour restituer à Geoffroy Povereau toute la durée de son épiscopat.


En quelle année ce prélat mourut-il? C'est ce que nous n'avons pu établir. Faut-il lui appliquer ce que dit le Gallia Christiana de Geoffroy de Pons, et le faire cesser de vivre en 1333? Faut-il supposer qu'il a vécu jusque vers 1336, époque pour laquelle on trouve des chartes d'un évêque nommé Guillaume ?  Nous ne pouvons nous prononcer pour aucune de ces deux dates, du reste bien rapprochées l'une de l'autre.


En nous bornant à demander la rectification que nous avons indiquée pour le catalogue des évêques de Maillezais, nous insistons seulement pour qu'on voie clans ce résultat une nouvelle preuve de l'utilité de notre chronique; et nous espérons qu'à ce titre le lecteur voudra bien lui reconnaître un peu plus d'importance qu'il n'aurait été d'abord disposé à lui еn accorder.

(5) Mss. Fonteneau. vol. XXXV.
(6) Port sur la Sèvre Niortaise, arrond. de La Rochelle (Charente-Inférieure).
(7) V. Mss. Fonteneau., vol. XXXV. Cet évêque n'est pas nommé dans le Gall, christ. Peut-être est-ce le véritable Guillaume Sambut sur lequel les Bénédictins auraient commis une erreur de date.



==> Chronique de Maillezais- 1236 des croisés attaquent l’abbaye.



1236.


Anno ab Incarnatione Salvatoris nostri M.CC.XXX.VI. inter Dominicae resurrectionis et (1) sancti Johannis Baptistae solemnitates fuit occisio judaeorum a crucesignatis facta.
Dans l'année de l'Incarnation de notre Sauveur M.CC.XXX.VI. entre les dimanches de la résurrection et (1) les solennités de saint Jean-Baptiste, il y a eu la mise à mort des Juifs par les croisés.

 Multi autem crucesignati circa Niortum (2) fuerunt de diversis partibus congregati ut judaeos occiderent de Niorto ; sed eos habere non potuerunt quia infra receptum régis ejusdem castri inclusi munierunt se et defenderunt, timentes suis pellibus, prout melius potuerunt.
Maintenant, de nombreux croisés ont été rassemblés de différentes parties autour de Niorto pour tuer les Juifs de Niort, mais ils ne pouvaient les avoir, parce que les rois du même camp, ayant été reçus en bas, se fortifiaient et se défendaient, craignant pour leurs peaux, du mieux qu'ils pouvaient.


(1) Du 30 mars au 24 juin.
(2) Niort, départ, des Deux-Sèvres.


Considérantes enim illi crucesignati quod ipsos judaeos habere non possent, apud Sanctum Leodegarium (3) venientes, consilium fecerunt in unum quidam fatui ex eisdem ut ad Malleacensem insulam accederent ; etiam si possent eandem insulam occupare dictum est quod suum receptaculum facerent in eadem , et exinde multa alia loca devastarent.
Pour ces croisés estimant qu'ils ne pouvaient pas avoir les Juifs eux-mêmes, lorsqu'ils arrivèrent à Saint- Liguaire, quelques-uns d'entre eux firent ensemble un plan pour approcher l'île de Maillezais, même s'ils pouvaient occuper la même île, on disait qu'ils y feraient leur abri, et de là ils ravageraient bien d'autres lieux.


Quod cum audisset domnus Rieginaldus (4), tunc abbas et pastor divina providentia momasterii hujus Malleacensis, misit ad illos crucesignatos fatuos fratrem Willelmum tunc helemosinarium et fratrem Radulphum armarium (5) Malleacensem, ut eos monerent compescendo eorum stultitiam et errorem; sed corda ipsorum fuerunt adeo indurata quod non valuerunt monitionibus vel precibus cohiberi.
Quand le seigneur Rieginaldus (4), alors abbé et pasteur de la providence divine de ce monastère de Maillezais, apprit qu'il envoyait à ces fous crucifiés frère Guillaume, alors hélémosinaire, et frère Ralphus l'ébéniste (5) de Maillezais, pour les admonester en vérifiant leur folie et leur erreur ; mais leurs cœurs étaient si endurcis qu'ils ne pouvaient être retenus par des avertissements ou des prières.

(3) Saint-Liguaire-sur- Sevre, canton et arr, de Niort. Jadis siège d'une abbaye de Bénédictins.
(4) Regnaud, abbé de Maillezais, de 1232 envir. A 1239. V Gall, christ. Vol. II, p.
(5) Armarius, bibliothécaire, V. Ducange, gloss, lat. In ejus manu solet esse bibliotheca quae in alio nomine armarium appelatur... haec est obedientia quam ex more nullus meretur nisi nutritus. Nous trouvons encore ci-après ( p. 160) Raoul, bibliothécaire en 1239 et dans deux pièces de la collection Dupuy, à la Bibliothèque royale vol. CDXCIX, fol. 58), Guillaume Villal de Lauber, Bibliothécaire en 1343 et Guillaume Baroteau en 1368.

Audiens autem domnus venerabilis antedictus ita prasfatos fatuos instigari ad malum , assumens, cum Dei consilio, spem consilii fortitudinis sicut bene erat solitus in adversis , nuntiavit tam militibus quam servientibus
Et le vénérable seigneur susmentionné, apprenant que les imbéciles d'autrefois étaient ainsi incités au mal, supposant, avec le conseil de Dieu, l'espoir d'un plan de force, comme il était de coutume dans l'adversité, dit aux soldats et aux serviteurs


et amicis et aliis de sua el de fratrum aliquorum suorum parentela et universis hominibus de Hermenaudo (1) et de Peluccii (2) ut cum armis ad Malleacense monasterium venirent ad defendendum ecclesiam Dei a persecutoribus supradictis.

et aux amis et autres de sa famille, de quelques-uns de ses frères, et à tout le peuple d'Hermenaud (1) et de Petosse  (2) qu'ils viennent avec les armes au monastère de Maillezais pour défendre l'église de Dieu contre les persécuteurs précités.


Qui de mandato ejusdem bene praesentem insulam munierunt; sed injunctum eisdem fuerat ne vulnerarent aliquem de faluis memoratis nisi primo vidèrent in ipsos malignari.
Qui, par ordre du même, a défendu l'île actuelle ; mais il leur avait été enjoint de ne blesser aucun des fautifs susmentionnés, à moins qu'ils ne s'aperçoivent d'abord qu'ils étaient calomniés.

(1). L’Hermenaud, arrond. de Fontenay-le-Comte.
(2). Petosse, canton de l'Hermenaud.

Die vero martis (3) anle nativitatem S. Johannis Baptistae apud Xantonium (4) ad horam post vesperas erat domnus venerabilis supradictus, et certus nuntius venit ad ipsum dicens quod dicti fatui apud Malleacum veniebant et proposuerant jacere apud Bennaicum (5) illo sero.
Mais le mardi (3) jour de la naissance de saint Jean-Baptiste à Xanton (4), le vénérable monsieur susmentionné était à une heure après les vêpres, et un certain message lui vint disant que lesdits fous venaient à Maillezais avait proposé de se coucher à Bennet (5) à cette heure tardive.

(3). Le 17 juin.
(4). Xanton, canton de Saint-Hilaire-des-Loges, arr. de Fontenay-le-Comte.
(5). Bennet, canton de Maillezais.


De nocte autem recessit de Xantonio idem domnus, et usque ad Fontiniacum (6) pervenit ; sed, cum per Cheresaium (7) pertransiret, supplicavit archipresbitero de Arduno (8) ut iret dictis fatuis in occursum et ipsorum stultitiam refrenaret.
La nuit, le même seigneur se retira de Xanton et vint jusqu'à Fontenay, mais quand il eut traversé Charzay, il pria l'archiprêtre d'Ardun d'aller à la rencontre des dits fous et d'arrêter leur folie.

(6). Fontenay-le-Comte.
(7). Charzais, canton de Fontenay-le-Comte.
(8). Ardin, canton de Coulonge (Deux-Sèvres.)

Qui libenter ipsius precibus annuit, et die mercurii (9) subsequenti, sole surgente ab Oriente, idem archipresbiter cum tribus monachis Malleacensibus perrexit obviam fatuis memoralis qui, gerentes signum crucis in suis humeris et vexillum, venerunt apud Ponterellum (10) trahentes cum balistis contra très fratres hujus monasterii supradictos scilicet magistrum J. Minelli priorem de Hermenaudo, Willelmum priorem S.Hilarii Fontiniacensis, G.Pinelli et deequitaverunt eos nolentes ipsum archipresbiterum exaudire, fregerunt domum de Ponterello et multa bona exinde extraxerunt in suarum perniciem animarum ; sed per Dei graciam multa ex ipsis fuerunt postmodum restituta.
Il acquiesça volontiers à ses prières, et le mercredi suivant (9) au lever du soleil de l'est, le même archiprêtre se rendit avec trois moines de Maillezais à la rencontre des mémorialistes insensés qui, portant le signe de la croix sur leurs épaules et un étendard, vint à Pontereau (10) tirant avec des arbalétriers contre les trois frères de ce monastère, à savoir le susdit maître, J. Minelli, prieur d'Hermenaud, Guillaume, prieur de Saint Hilaire de Fontenay, G. Pinelli, et les démonta, refusant d'écouter l'archiprêtre lui-même, pénétrèrent par effraction dans la maison de Pontereau et en emportèrent de nombreux biens à la destruction de leurs âmes; mais par la grâce de Dieu, beaucoup d'entre eux ont ensuite été restaurés.


(9). Le 18 juin.
(10). Pontereau-sur-Sèvre, près de Saint-Liguaire.

Tres autem de dictis fatuis équités usque prope portam hujus insulae accesserunt ut viderent si possent ргаevalere adversus eos qui intus erant el de facili introire, sed videntes quod eos superare non possent conversi sunt retrorsum.
Et trois desdits cavaliers insensés s'approchèrent de la porte de cette île, pour voir s'ils pouvaient faire la guerre à ceux qui étaient dedans, et entrer facilement, mais voyant qu'ils ne pouvaient les vaincre, ils rebroussèrent chemin.

Quidam autem emittebant enses suos circa guttura quorumdam de fratribus supradiclis dicentes : « Jam moriemini monachi, jam moriemini. »
Certains, cependant, jetèrent leurs épées autour de la gorge de certains des frères susmentionnés, en disant: "Meurs déjà, moines, meurs déjà." »


Fratres vero simpliciter auscultabant; si enim sciret gens absque consilio et sine prudentia et inteliigerent ipsi fatui et novissima providerent, nunquam nephas hujus modi presumpsissent quia persequebantur ecclesiam Dei ad cujus exaltationem deberent efficaciter anhelare.
Les frères ont simplement écouté; car si une nation sans conseil et sans prudence avait connu et compris les insensés eux-mêmes et pourvu aux derniers, ils n'auraient jamais assumé de méfaits de ce genre parce qu'ils persécutaient l'église de Dieu, à l'exaltation de laquelle ils devraient aspirer efficacement.


Facti in hujus modi sais iniquitatibus abominabiles ab illa die confusi sunt quoniam Deus sprevit eos.
Ceux qui commettaient de si abominables iniquités furent confondus dès ce jour, parce que Dieu les méprisa.


Raptoribus equorum in carceribus mancipatis, equi ipsi fuerunt redditi domno venerabili supradicto. Caeteri fatui per orbem dispersi sunt et ultio digna Dei expandit eos in multis locis profugos et mendicos ; et ita dominus vindictam retribuit per suam misericordiam in hostes fratrum istius monasterii et propitius fuit terrae populi sui.
Après avoir été libérés des voleurs de chevaux dans les prisons, les chevaux eux-mêmes ont été rendus au susdit vénérable seigneur. Le reste des fous est dispersé dans le monde entier, et la vengeance digne de Dieu les répand en de nombreux endroits comme réfugiés et mendiants ; et ainsi le Seigneur a rendu sa vengeance par sa miséricorde aux ennemis des frères de ce monastère, et a été plus propice au pays de son peuple.


Omnipotens autem dominus suos non deserens in adversis , qui tunc et ante ab inimicis et persecutoribus ejus suam praesentem ecclesiam custodivit , hanc custodiat in perpetuum et deffendat et omnes servientes sibi in ea ad vitam aeternam perducat ; quod ipse praestare dignetur qui vivit et regnal per secula infinita. Amen. .
Mais le maître tout-puissant, n'abandonnant pas les siens dans l'adversité, qui alors et auparavant protégeait son église actuelle de ses ennemis et de ses persécuteurs, puisse-t-il la garder et la défendre pour toujours, et amener tous ceux qui le servent en elle à la vie éternelle ; dont il est lui-même digne d'accomplir qui vit et règne pour toujours et à jamais. Amen.



1239.


Anno domini M.CC.XXX.IX. Vallensi (1) monasterio pastoris solatio destituto venerabilis Reginaldus Malleacensis abbas ad ipse monasterium solemnes nunlios monachos destinavit, videlicet Willelmum tunc temporis piorem de Hermenaldo et Radulphum armarium Malleacensem, ubi in ipsorum praesentia capitulum ejusdem ecclesiae, cum assensu et voluntate dictorum nuntiorum, fratrem Fulcaudum tunc priorem Sancti (2) Sulpilii , receptum in Malleacensi capilulo in monachum Malleacensem et in fratrem, elegerunl unanimiter in abbatem.
En l'an du Seigneur M.CC.XXX.IX. Au monastère de Vallensi (1) le curé du monastère, ayant perdu le confort du pasteur, le vénérable Reginald Malleacensis, l'abbé, affecta des moniales solennelles au monastère, c'est-à-dire Guillaume, alors le pieux d'Hermenald, et Ralph la garde-robe de Maillezais, où en leur présence le chapitre de la même église, avec le consentement et la volonté desdits messagers, frère Fulcaud alors le prieur de St. (2) Sulpilius, reçu dans le capitole de Maillezais comme un moine de Maillezais et comme frère, fut élu abbé à l'unanimité.


(1). Saint-Étienne-de-Vaux, arr. de Marennes (Charente-Inférieure).
(2). Saint-Sulpice-d'Arnoult, canton de Saint-Porchaire, arr. de Saintes (Charente- Inférieure).

Cumque dictus electus ante confirmationem suam teneretur Malleacense monasterium visitare, significaturus electionem de se factam Malleacensi abbali et petiturus ab eo ut eum domno Xanctonensi episcopo praesentaret si eandem electionem canonicam inveniret, domnus Xanctonensis (3) episcopus, qui tunc in Vallensi monasterio praesens erat una cum decano et cantore Xanctonensibus et archipresbytero de Arverto (4), praefatis nuntiis supplicavit ut, propter fraternitatem monasterii, ilia vice parcentes laboribus et expensis dictae petitionis , solemnitatem omittentes ipsorum gratia illa vice, ex parte dicti Malleacensis abbatis dictum praesentarent electum episcopo praenotato.
Et lorsque ledit élu fut requis avant sa confirmation de visiter le monastère de Maillezais, il fut signifié que l'élection avait été faite de lui à l'abbé de Maillezais, et qu'il lui demanderait de le présenter au seigneur évêque de Saintes si il a trouvé la même élection canonique, le seigneur de Saintes (3) l'évêque, qui était alors présent dans le monastère de Valles avec Il a supplié le doyen et le chantre de Saintes et l'archiprêtre de Arvertus (4) avec les nouvelles susmentionnées que, en vue de la fraternité du monastère, en cette occasion épargnant les travaux et dépenses de ladite pétition, omettant la solennité pour leur propre compte en cette occasion, de la part dudit abbé de Maillezais, qu'ils présentent lesdits élus à l'évêque susnommé.


(3). Pierre IV, évêque de Saintes. V. Nov. Gall. Chr. Vol. II, col. 1074
(4). Arvert, canton de la Tremblade, arr. de Marennes.

At ipsi nuntii ipsorum precibus inclinati , mandatum habentes sufficiens ad omnia quae viderent circa dictum negotium Malleacensi monasterio expedire , ipsum electum praenominato episcopo praesentarunt Malleacensis monasterii in posterum salvo jure.
Mais les messagers eux-mêmes, enclins à leurs prières, ayant un mandat suffisant pour arranger tout ce qu'ils voyaient concernant la dite affaire du monastère de Maillezais le présentèrent au prénommé évêque du monastère de Maillezais avec la sûreté du droit pour postérité.


Quod fuerunt, dicto episcopo et pluribus aliis ibidem astanlibus, dicti nuntii protestati promissione prius facta ab eodem electo in praesentia ipsius episcopi et omnium praedictorum ut, confirmatione obtenta et munere sibi benedictionis impenso, quam cito posset ad Malleacense monasterium accederet Malleacensi abbati in suo capitulo obedientiam, subjectionem et reverentiam impensurus.
Lesquels furent, audit évêque et à plusieurs autres qui y étaient présents, ledit message protesté par la promesse faite auparavant par le même élu en présence de l'évêque lui-même et de tous les susdits, que, ayant obtenu confirmation et lui payant le don de bénédiction, dès qu'il pourrait aller au monastère de Maillezais il obéirait à l'abbé de Maillezais dans son chapitre , sujétion et révérence.

Dictus vero episcopus promissione ab eodem electo coram ipso, ut dictum est, facta, eumdem in capitulo Vallensi confirmavit ad praesentationem dictorum nuntiorum et post triduum apud Chanpagne (5) in ipsorum praesentia munus ei benedictionis impendit.
Mais ledit évêque, sur promesse faite devant lui par les mêmes élus, comme il a été dit, le confirma au chapitre de Vallens pour la présentation de ladite nouvelle, et après trois jours à Chanpagne (5) en leur présence il accorda sur lui l'office de la bénédiction.


(5). Champagne, canton de Saint-Agnant, arr. de Marennes.

Dictus vero electus munere benedictionis , ut dictum est , асcepto, non transacta proximi temporis longa mora, ad monasterium Malleacense accedens, venerabili Reginaldo Malleacensi abbali in festo Sanctae Ceciliae (6) virginis in capitulo Malleacensi flexis genibus obedientiam, subjectionem et reverentiam exhibuit, promillens firmiter bone fide se jura Malleacensis et Vallensis monasteriorum quamdiu viveret servaturum.
Lorsqu'il eut été élu à l'office de bénédiction, comme il a été dit, il, n'ayant pas passé le long délai de la dernière saison, s'approchant du monastère de Maillezais, chez le vénérable Reginald Maillezais, l'abbé, en la fête de sainte Cécile (6) la vierge du chapitre de Maillezais, fléchit les genoux et fit preuve d'obéissance, de soumission et de révérence, priant fermement et de bonne foi qu'il conserverait les droits des monastères de Maillezais et de Valens aussi longtemps qu'il vivrait.


 (6). Le 22 novembre.


Dictis vero negotiis quae apud Vallense monasterium acta fuerunt présentes intererant : domnus episcopus Xanctonensis cum decano et cantore Xanctonensibus, Americus Auchers canonicus Xanctonensis archipresbyter de Arverto, magister Petrus Bretons capellanus Vallensis ecclesiae et plures alii clerici ; Americus de la Palu, Willelmus prior de Hermenaldo et Radulphus armarius Malleacensis, monachi Malleacenses et ejusdem monasterii nuntii solemnes, Fulcaudus electus supra dictus tunc prior Sancti Sulpitii, Willelmus de Panpro prior de Sancto Palladio (7), Willelmus de Foresta solatius (8) ipsius, Arnaudus Sauvestres prior ďArces (9), Robertus prior de Lagoiram (10) et totus conventus Vallensis.
Etaient présents à ladite affaire qui eut lieu au monastère de Valles : le seigneur évêque de Xancton, avec le doyen et chantre de Xancton, Americus Auchers, chanoine de Xancton, archiprêtre de Arvertus, maître Pierre Bretons, aumônier de l'église de Valles, et plusieurs autres clercs ; Americus de la Palu, Guillaume prieur de Hermenaldo et Radulphus armarius de Maillezais, les moines de Maillezais et messagers solennels du même monastère, Fulcaud electus susdit alors prieur de Saint Sulpitius, Guillaume de Panpro prieur de Saint Palladio (7), Guillaume de Foresta sa consolation (8) , Arnaud Sauvestres prieur d'Arces (9), Robert prieur de Lagoiram (10) et toute la congrégation de Valens.


(7). Saint-Palais-sur-Mer, canton de Royan, arr. de Marennes.
(8). Solatius, aide, coadjuteur.
(9). Arces, canton de Cozes, arr. de Saintes.
(10). Langoiran, canton de Cadillac, arr. de Bordeaux, Gironde; dans la portion de la Guyenne qui était anciennement nommée Entre- deux-Mers.
Le prieuré dépendait probablement de Saint Etienne-de-Vaux.

In illis autem quae gesta fuerunt apud Malleacum super negotiis praenotatis erant praesentes : venerabilis Reginaldus abbas Malleacensis et frater Fulcaudus abbas de Vallibus , Willelmus de Panpro prior de Arces, et Robertus prior Sancli Sulpitii, monachi Vallenses, Willelmus prior claustralis Malleacensis, Radulphus subprior et armarius, Willelmus prior de Hermenaldo, Petrus cantor, Willelmus infirmarius, Willelmus praepositus, Lucas helemosinarius, Gaufridus prior Sancti Petri (11) Veteris, Petrus prior de Xanton, Petrus granetarius, Jordanus refectorarius , Arnaldus subcamerarius , Willelmus subhelemosinarius, Johannes subrefectorarius , Radulphus subsacrista , Rainaudus subcantor , Pairaudi cellararius et magister scholarum, Gaufridus de Leguge , Wilielmus de Restaut , Michael, Johannes Benedícti , Johannes de Niorto claustrales, Willelmus Mesteilz, Johannes de Auvergne, Helias de Capella , Pelnis Gravilz, Johannes Pépins pueri de cepello (12 ) et plures alii.


(11).  Saint-Pierre-le-Vieux, près de Maillezais, ancien siège de l'abbaye.
(12). Sic. Peut-être pour pueri de capella, enfants de chœur?

 


1251.


M. semel et bis C.L.I, simul addere disce ,
Duxit Pastorum (13) saeva megaera chorum.


 (13).  Les Pastoureaux. V. chron. de Vendôme; la même date, Processio Pastorum, pessima. V. Labbe, B. N. Mss., vol. I, p. 291.



1270.


Anno milleno bis centum septuageno
Thunis (14) catholicus decessit rex Ludovicus.


 (14). Le 25 août.


1294.


Anno domini MCCXCIV. die veneris ante festum beati Lucae (15) evangelista; fuit insula de Re igné cremata et illic multitudea gentium maxima spiritus exhalaverunt. Et de superbia commota fuit ista guerra quae hodie regnat sublimiter in hoc mundo.



 (15). Le 15 octobre.



1307.
Papa Clémente quinto régnante, repente
A Templo dictus ordo cecidit quia fictus.
M. cum С. trina septem fuitista ruina.


1317.


Anno milleno ter C. quinto duodeno
Papalis fatus divisit pontificatus.
Rector erat cœtus J. (a) pneumate Papa repletus.
Anno gratiae MCCCXVII, in vigilia Assumptionis beatea Mariae, domnus Johannes , papa XXII , in secundo anno sui pontificatus monasteria Malleacense et Lucionense (b) erexit in ecclesias cathédrales et reverendos patres Gaufridum Poverelli , tunc abbatem Malleacensem, et Petrum de la Voyerie tunc abbatem Lucionensem , primos episcopos in dictis ecclesiis in Avinione , ubi tune Romana curia residebat (c), fecit per reverendum patrem domnum Rerengarium (d) de Bitteris , tunc episcopum Hostiensem , consecrari die dominica (e) ante festum beatsa Caterinae anno quo supra.
En l'an de grâce 1317, à la veille de la bienheureuse Assomption de Marie, Seigneur Jean, Pape XXII, la deuxième année de son pontificat, la deuxième année de son pontificat, les monastères de Maillezais et de Luçon érigés en églises cathédrales et les révérends pères Gauffroy Pouvreau, alors abbé de Maillezais et Pierre de la Voyerie, alors abbé de Luçon, il fit consacrer les premiers évêques dans lesdites églises d'Avignon, où résidait alors la cour romaine (c), par son révérend père seigneur Berenger de Beziers, alors évêque d'Ostie, le dimanche (e) précédant la fête de la bienheureuse Catherine de l'année ci-dessus.

Et qui vidit testimonium perhibuit videlicet frater Lucas de Marsayo, tunc prior de Arduno , qui scripsit haec.
Et celui qui l'a vu a rendu témoignage, c'est-à-dire le frère Lucas de Marsais, alors prieur d'Ardin, qui a écrit ces choses.

(a) Jean XXII. Il fut élevé au siège pontifical le 7 août 1316, et mourut le 4 décembre 1334
(b) Luçon, encore siège épiscopal. Arr. de Fontenay-le-Comte, Vendée.
(c) Le séjour des papes (sept papes) à Avignon dura, on le sait, soixante-dix, ans, 1305- 1377, et cette période de temps a été nommée par les Italiens la captivité de Babylone de l'église, en souvenir de la captivité des fils d'Israël dans cette dernière ville.
(d) Berenger de Beziers, cardinal évêque d'Ostie.
(e) C'est-à-dire le 20 novembre.





1320.
Anno milleno ter centum bis quoque deno
Concio Pastorum perimit massam Judaeorum.
 


1329.


Anno ab incarnalione dominica MCCCXXIX. fuit tanta aeris distemperies quod quolibet mense illius anni gelavit. Messes non fuerunt usque ad festum Beatae Mariea, vindemiae circa festum omnium sanctorum.
Dum vero fierent vindemiae gelabat ita fortiter quod uvae non poterant colligi nisi cum cirotecis aut manicis (1). Uvae propter asperitatem frigoris calcabantur cum botis et aestivalibus (2) et comprimebantur in quibusdam locis in torcularibus, propter duritiam et agelationem earum, cum malleis. Nemo potuit vina illius anni potare quia non erat vinum sed agrestum.


(1). Cirotecœ, gants. Manicœ, mitaines.
(2). Botœ, bottes, chaussure d'hiver; œstivalia, souliers, chaussure d'été.


1330.


Anno sequenti, videlicet quo dicebatur MCCCXXX, fuit tanta aeris serenitas et amœnitas quod in Martio invoniebantur rosae et botri in vineis, circa principium Madii guindola el cerasa. Messes fuerunt in festo Beati Johannis (3); vindemiae in Assumptione beatae Маriae Virginis, nec gelavit nisi modicum anno illo.


 (3). La Saint-Jean-Baptiste, le 24 juin.




1330.


Anno milleno ter С. cum ter quoque deno,
Praesulis in festo Thomae (4), lector memor esto
Quod tremitu celeri sentitur terra moveri.

(4). Saint Thomas de Cantorbéry. Sa fête est célébrée en France le 7 juillet.



1332.


Anno domini MCCCXXXII. fuit tanta inundantia aquarum circa nativitatem Domini quod a lempore Noe non fuit talis audita in toto regno Franciae, et venit ita subito quod propter subitum aquae cursum in vigilia natalis Domini, in riparia Ligeris et ( in ) pluribus aliis locis, innumerabilis populus fait submersus.
Fertur enim quod in manerio domni episcopi Malleacensis vocato Fossez (1) ducebantur vasa super aquas per claustrum et per aulam et usque ad magnam portam. In monasterio Sancti Cipriani Pictavensis (2) erat aqua in ecclesia supra magnum altare. In monasterio Karrofensi (3) fuit in ecclesia tanta aquae superabundantia quod crucifixus qui dicitur Vultus Karrofensis erat in aqua usque ad umbilicum.


(1). Le Fossé près de  Maillezais.
(2). Abbaye des Bénédictins, située au bord du Clain, dans le faubourg de Poitiers auquel elle a donné son nom.
(3). Charroux, arr. de Civray, Vienne; jadis célèbre abbaye de Bénédictins.

In dicta vigilia (4) natalis Domini fuit apud Malleacum tanta aeris obscurilas , circa horam prandii , quod oportuit quod domnus Gaufridus Poverelli, tunc Malleacensis episcopus primus, qui tunc in aula sua ad mensam sedebat una cum magistris Giraudo de Rofec, Stephano Galvani officiali suo, Petro de Prahec rectore de Arduno et fatribus Luca de Marsaio priore de Arduno, Johanne de Rivo Reraudi infirmario, Guillelmo Jubiani praeposito et quam pluribus aliis, comederet cum torticiis et candelis.


 (4). Le 24 décembre




1335


Prenez un Mayl et. iij. Coignez
Et en un Vergne les coignez
Si Xrist volez, iij. fez requerre
Aver tremblé saurez la terre
Le quart jor empres la nayssence (5),
Dau rey qui sus toz a poyssence.
Ceu veut dire : prenez M. du mail ; CCC. de trois coygnez ; XXX. de Xrist ; un V. de vergne, et ajostez M. CCC. XXX et un V ; ensi sarez vostre comte.


(5). 29 décembre





1337. (Mai 20.)


Qui bonement voudra savoir
Le reformement et avoir
De la reille de Saint Beneist
Entente si et ne li peist ;
Qui fut en tens , si com lon dit ,
Dum dozem pape Benedic (1).
Ici trovera la seison
Et l'an et l'incarnacion :
Prenez la teste d'un Mouton (2),
La prime lettre d'un Colon
La qau très fet i ajoutez ;
Puis convendra que i metez
X pour 1res fez courement ;
De Ver aiet le parement,
Dous. II. trouverez en lescrit ;
Ensi saret sans contredit
En quel an fut , ve quar il ha (3)
De la seison entendez sa
Quil fut en tens joli e gay
Le vintexme jour en me May.


(1). Benoît XII a occupé le siège apostolique du 4 décembre 1334 au 25 avril 1342.
(2). Notre chroniqueur a lui-même donné plus haut la clef de ces logogriphes.
(3). Car le voilà.




==> Time Travel 1346 - La chevauchée de Lancastre, comte de Derby dans la Saintonge, Aunis et Poitou



1346. (octobre.)


Anno ab incarnatione domini MCCCXLVI, quarto nouas Octobris, fuit capta civitas Pictavensis et castrum de Lezigniaco (4) die ргаeсеdenti per Henricum comitem Liscantriae (5) locum tenentem régis Angliae (6)……………………
L'an de l'incarnation du Seigneur 1346, le quatre septembre-octobre, la ville de Poitiers et le château de Lusignan (4) furent pris le jour du règne par Henri, comte de Lencastre (5) qui tenait la place des rois d'Angleterre (6) …..

(4). Lusignan, Vienne, arr. de Poitiers.
(5). Henri, comte de Lancastre, comte de Leycester et de Derby, cousin du roi Edouard III, et son lieutenant en Aquitaine. V. Ryrner, Fœdera, nov. cd., vol. III, pars II, p. 64, 75, 81 , etc.
(6). En rognant la tranche supérieure du volume, le relieur a coupé la fin des deux, premières lignes. Le P. Labbe, qui se servait du manuscrit avant son entrée à la Biblioth. du Roi et dans son état primitif, nous en donne la première ligne, mais il arrête malheureusement sa citation au mot Lezigniaco.
Du reste, ce qui manque est peu important et pourrait être restitué ainsi : In partibus Aquitaniae, qui ibidem mansit spalium-

novem dierum cum omni exercitu suo et mullum devaslavit et depraedavit bona dictae civitatis et deportavit secum una cum ornamentis ecclesiarum et velut in regressu suo apud Monsterolium Bonin 7 (venit) et castrum dicti loci igne cremavit.
neuf jours avec toute son armée il ravagea et pilla les biens de ladite ville et emporta avec lui ainsi que les ornements des églises, et pour ainsi dire à son retour à Montreuil Bonin (vint) et brûla le château de ladite endroit avec le feu.

(7). Montreuil Bonin, arr, de Poitiers, Vienne,

Apud Lezigniacum dimisit dominum Bertrandum de Monteferrant (8), militem, capitaneum dicti loci cum duobus fratribus suis et compluribus aliis Anglicis, et manserunt in dicto castro spatio quatuor annorum in quibus multa damna et homicidia per totam Pictaviam fecerunt et maxime in locis circumvicinis castri ; quia propter eos fuerunt destructae quinquaginta duo parrochiae et decem monasteria, quia in dictis locis nullus permanere audebat propter metum ipsorum.
Il relâcha à Lusignan le seigneur Bertrand de Monteferrant (8), soldat, capitaine dudit lieu, avec ses deux frères et plusieurs autres Anglais, et ils demeurèrent dans ledit camp l'espace de quatre ans, pendant lesquels ils firent beaucoup dégâts et meurtres dans tout Poitiers et en particulier dans les environs du camp; parce que cinquante-deux paroisses et dix monastères ont été détruits à cause d'eux, parce que personne n'a osé rester dans les dits lieux à cause de leur peur.


(8). Bertrand de Monferrand, nommé comme l'un des gardiens, pour le Poitou, de la trêve conclue à Guines, en novembre 1348, entre les rois de France et d'Angleterre. V. Rym., ibid., p. 178, 197, 278, 289 et 348.

 Postea transivit, dominus comes pervillam Sancti Maxentii (9) et putavit intrare castrum dicti loci sed non intravit quia dominus Guillelmus Picherii (10) miles erat in dicto Castro qui bene ipsum et rite custodivit ; et ita transivit et igne cremavit quamdam ruam seu vicum dictae villae.

Par la suite, le Seigneur Comte traversa le village de Saint Maixent et crut entrer dans le château dudit lieu, mais il n'y entra pas car Sir Guillaume Picher (10) était soldat dans ledit Château qui le gardait bien et proprement ; et ainsi il a traversé et a brûlé avec le feu un certain village ou village appelé le village.

(9). Saint-Maixent, arr. de Niort, Deux-Sèvres.
(10). Guillaume Picher. Nous n'avons pu trouver aucun renseignement sur ce brave et fidèle chevalier.

Item venit coram villam Niorti (11) et non intravit quia tantum erat una comitat….. ( Coetera desiderantur. )
Aussi il est venu devant la ville de Niort (11) et n'y est pas entré car il n'y avait qu'un seul compagnon... (d'autres sont portés disparus.)


 (11). Le gouverneur de Niort, pour le roi de France, était Guichard d'Angle.

 



1450. (Août 12.)


INDICTIO PROGESSIONUM GENERALIUM PERPETUALIUM-
Juxta et secundum christianissimi principis et domini nostri domni Karoli Francorum regis exhortationis litteras, in suo concilio matura deliberalione prius consultas reverendo in Christo patri et domino domno Theobaldo (12), permissione divina Malleacensi episcopo, et ejus capitulo caeterisque domnis pontificibus et capitulis ecclesiarum cathedralium et metropolitarum regni Francorum super boc directas , die XII mensis augusti perpetuo fiant generales processiones et missae solemnes devotissime celebrentur , divinae majestati pietatis laudes et gratiarum actiones referantur pro felici Anglorum expulsione de loto ducatu et provincia Normaniae, dudum ac per annos XXX ultra ab ipsis Anglicis, regis et regni praedictorum inimicis, invasis et occupatis, ac ipsorum ducatus et provincial sub obedientia dicti domini regis reductione facta et completa in redditione oppidi de Cherbourg (13), finalis et extremi locorum et fortaliciorum ibidem ab ipsis Anglicis occupatorum, sub eadem regis obedientia restituti ; die XII mensis au- gusti anno domini MCCCCL jubileo glorioso.
D'après et selon les lettres d'exhortation de notre prince et seigneur le plus chrétien, lord Charles, roi des Francs, ayant été consulté auparavant dans sa première délibération en son conseil, respectueusement en Christ le père et seigneur lord Theobald (12), par la permission divine de l'évêque de Maillezais, et son chapitre et le reste des seigneurs pontificaux et les chapitres des églises cathédrales et des métropolitains du royaume des Francs dirigés sur le boc, le 12 août perpétuellement être faites processions générales et des messes solennelles célébrées avec dévotion; le duché de loto et la province de Normandie, pendant longtemps et pour 30 ans encore par les Anglais eux-mêmes, ennemis desdits roi et royaume, envahis et occupés, et leur duché et provincial sous le obéissance dudit seigneur au roi la réduction opérée et complétée dans la reddition de la ville de Cherbourg (13), définitive et l'extrémité des places et forteresses qu'y occupaient les Anglais eux-mêmes, furent restituées sous la même obéissance du roi ; le 12 du mois d'août, dans le glorieux jubilé du Seigneur 1450.


 (12). Thibaut, évêque de Maillezais, de 1435 environ à 1455.
 (13). Les Anglais capitulèrent le 12 août et évacuèrent la place le surlendemain 14. La procession n'avait lieu à Cherbourg que le jour de l'évacuation.

 

Paul MARGHEGAY.


La chronique de Maillezais du MONASTERE DE ST-MAIXENT, EN POITOU.<==

 

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