Janvier 1310 Constitution du douaire de sa femme, Blanche de Brabant faite par Jehan 1er de Thouars, 27e Vicomte de Thouars, seigneur Talmont et de Mauléon

JEAN 1er DE THOUARS (1308-1332)

 Jehan 1er de Thouars, 27e Vicomte de Thouars, seigneur Talmont, de Mauléon, de l’Ile-de-Ré, de Châtelaillon et de Benon, né après 1284, était le fils de Guy II et de Marguerite de Brienne d'Eu. (1)

 Il succède comme vicomte titulaire à son père Guy II, mort le 20 septembre 1308.

 Il épousa en 1307 Blanche de Brabant, Dame de Monest, Rochecorbon et de la Ferté Gillebert, fille puînée de Geoffroy de Brabant, et de Jeanne de Vierzon.

Dès le mois de janvier 1310, Jean voulut assurer le douaire de sa femme, si elle venait à lui survivre.

Comme les usages du Poitou portaient que le douaire devait être égal au tiers de l'héritage, afin d'éviter des discussions après sa mort, le vicomte décida que Blanche aurait, « son chastiau de Olonne, les Sables, le port, les garennes et les appartenances... »

Dans le cas où le revenu de ces terres n'atteindrait pas le chiffre voulu, alors on prendrait le surplus sur les biens de l'ile de Ré.

Mais si sa mère, la vicomtesse de Thouars, venait à mourir avant la dite Blanche (ce qui arriva le 20 mai 1310), celle-ci prendrait, avec le château d'Olonne, le château de Talmond et ce que possédait Marguerite de Brienne, sauf toutefois Mauléon, et la moitié de la forêt d'Orbestier, de laquelle elle ne pourra retirer que son bois de chauffage, et le bois nécessaire aux réparations des châteaux d'Olonne et de Talmond :

« Et pora la dite Blanche tenir, avoir et nourrir en la dite forest tant de bestes comme mestier li sera (2). »

Blanche ne prit jamais possession de ce douaire, mais nous ignorons la date exacte de sa mort qui advint bien avant l'année 1326.

 

Janvier 1310 Constitution faite par Jean, vicomte de Thouars, du douaire de sa femme, Blanche de Brabant.

(JJ. 41, n° 174, fol. 99 v, et JJ. 42, fol. 93.)

Philippes par la grace de Dieu roys de France. Nous faisons savoir a toux presenz et à venir que, en nostre presence establi, nostre amé et feel Jehan visconte de Touars, considerans, si comme il disoit, que entre sa chiere compaigne et espouse, Blanche de Brayban (3), la quele, se ele le seurvit, par general coustume de Poitou et de Touraine, et des autres terres ou les choses sient, notoire et ancienement gardée et esprouvée entre toutes nobles personnes dou pays, doit avoir la tierce partie de toute sa terre par raison de douaire, d'une part, et les héritages dou dit visconte, d'autre, porroit avoir descort et dissencion pour raison d'asseoir, assener et prisier la tierce partie de la dite terre à ladite Blanche pour son dit douaire, pour oster toute maneré de dissencion et de descort entre les dites parties ou temps à venir, desorendroit il assist, bailla et assena à la dite Blanche sa famé, en douaire ét par raison de doaire son chastiau de Alonne les Sables, le port, les garennes et les appartenances, et toutes autres aventures qui au port porroient appartenir et aus diz lieus, et la moitié de sa forest d'Orbetiere avec toutes les appartenances, esploiz et emolumenz qui en puent estre, pour tant comme les dites choses puent ou porroient valoir au temps de lors, par vraie et leal pris et estimacion et assise de païs.

Et se les choses ne valoient, selonc loyal prisiée de terre, la tierce partie de toute sa terre, il vost, consenti et ordena expressement que ce qui defaudra de la value et dou pris de la dite tierce partie de sa terre, soit baillié, assis et delivré à la dite Blanche, pour raison de son douaire, en ses terres et en ses rentes de l'ille de Ré, jusques à l'accomplissement et perfection de la dite tierce partie, et en ses autres terres et rentes touz jourz au plus près, se ceus ne souffisoient, sauf et réserve à la dite Blanche tout quant que ele devroit et porroit, par raison et par coustume de païs, avoir en accressement de la dite tierce partie, quant li cas ou li temps avendroit.

Et en toutes les choses que la viscontesse de Touart (4), mère dou dit visconte, tient ou tendroit par raison de douaire, encore vost, otroia, devisa et ordena li diz viscuens de Touars que, se sa dite mere, la viscontesse de Touarz, muert avant que la dite Blanche, la dite Blanche sa fame ait, prengne et poursuive, senz nul contredit, avec le chastiau d'Alonne, se ele veut, pour raison de son douaire, toutes les choses que sa devant dite mere tient et tendroit en la manere, en la seigneurie, et a tels proffis comme la dite viscontesse sa mere les tient et tendroit, excepté son chastel de Mauleon et les appartenances, et la moitié de la forest d'Orbetiere devant dite, qui ne demorroient mie à la dite Blanche, sauf ce que li diz Jehans viscuens vost et otroya que ele ait, perçoive et esploite en ladite forest d'Orbeterre son usage à chaufer, et y porra prendre tout quant que mestier li sera pour tenir en point et adouber son chastel de Talemont et celui d'Alonne, lequel, si comme dessus est dit, li demorra, et le tendra avec les autres choses que la dite mere dou visconte tient, et porra prendre en ladite forest autres choses neccessaires tant seulement.

 Et porra la dite Blanche tenir, avoir et nourrir en la dite forest tant de bestes comme mestier li sera.

Et est à savoir que, se le dit chastel d'Alonne avec les dites choses, que la dite mere dou visconte tient et tendroit, valoient plus que la tierce partie de sa terre, ce qui plus vaudroit en seroit osté au plus loing dou douaire, et demorroit aus heritiers.

Et se mains valoient, il li sera parfait et accompli en sa terre au plus près des chasteleries d'Alonne et de Thalemont.

Encore vost, otroya et ordena li diz Jehans viscuens que, se ensi est que la dite sa fame le seurvive, tantost icele, emprès la mort dou dit visconte, ait et prengne senz nul contredit et senz nul délai la possession et la saisine de toutes les choses dessus et de chascune d'iceles, et soit non contrestant que la prisie de la dite terre ne soit faite, et demeure en la dite saisine durant la dite prisiée et l'estimacion de la dite tierce partie.

 Et promist lealment et en bonne foy par son serement que contre ces choses o.u aucunes d'iceles ne vendra ou temps à venir, par lui ne par autre, ne n'essaiera avenir; ainçois vost et otroya que, se la dite Blanche faisoit cous ou despenz, ou soustenoit par deffaut de l'assise dou dit douaire ou d'aucune des choses dessus dites, ou de l'accomplissement de la tierce partie, par le deffaut ou la contradiction de ses heritiers ou d'autres, que touz les couz, domages, despens et interès, que ele soustendroit ou auroit soustenu, li seront rendu senz contredit sus le remanant de sa terre, qui de.morra à ses héritiers; des quels domages, despens et interès le porteur de ces lettres sera creuz par son simple serement senz autres prueves.

Et quant à ce li diz Jehans, viscontes de Touarz, obliga et souzmist à nostre jurisdicion toute sa terre et touz ses autres biens meubles et non meubles, presens et à venir, en quelque lieu que il soient, ses hoirs, ses successeurs et les possesseurs de ses terres et de ses autres biens.

Et quant à ces choses il renonça à toutes decepcions, circumvencions et lesions, à toutes allegacions, excepcions, raisons et deffenses qui porroient estre dictes ou proposées contre ces lettres où aucunes de ces choses ou temps à venir, ou nuire à la dite Blanche et aidier à lui nuire, ou à ses successeurs, à tout privilege et toute grace donnée et à donner, et à tout droit civil et de canon, et especialement au droit qui dit general renonciacion non valoir.

Et pour ce que ces choses aient fermeté, nous, à la requeste dou dit Jehan, visconte de Touarz, avons fait mettre nostre' seel en ces presentes lettres.

Données à Paris, l'an de grace mil ccc. et neuf, on moys de janvier.

 

 

Le 23 mars 1311 (5), il confirma aux religieux du Lieu-Dieu, les droits d'épave, de planchage pour les vaisseaux, de haute et moyenne justice, et qu'il conserva, pour lui, la faculté de prendre des pierres dans la carrière de Jard.

Ainsi, les moines purent jouir de « toute juridiction et « seigneurie, haute, moienne et basse... par toute leur terre de Jart et eus appartenances, et en leur fié de Champion, et en la Bauduere et en leur terre de Curzan... Derechief tust accordé que les planchages, les vendes et les coustumes des veissiaus et des nez (nefs) qui entreront ladite chenau demouront à nous et à nos hoirs, sauve les planchaiges et les vendes des veissiaus qui metterient planche et seriont venduz dedans leur terre, les quiez seroient leurs, et les acensamenz des pescheries seroient nostres, si comme nous les avons acoustumé... (6)

Et perrons, nous et noz hommes, prendre de la pierre de la perrière de Jart, en la manière que « nous l'avons acoustumé... (7). ».

 

Il fut fait chevalier à Paris le jour de la Pentecôte 1313, par le roi Philippe le Bel.

En 1314, Blanche de Brahant, vicomtesse de Thouars, fonda une chapellenie à l’Abbaye de Chambon.

«  L’an 1314, Blanche de Brabant, vicomtesse de Thouars, a institué par l'avis de son espous, ou monastère Nostre-Dame de Chambon, une chapellanie en laquelle sera messe chantée chacun jour [par] un des moines ; à laquelle chapellanie elle a donné en la ville de Anthoigné 40 setiers de bled mesure de Thouars. »

L'abbaye Notre-Dame de Chambon, fondé aux alentours de 1212, le vicomte Aimery VII de Thouars, disparue de nos jours, se trouvait à Mauzé-Thouarsais, dans le département des Deux-Sèvres, dans la région Nouvelle-Aquitaine.

 

Nous possédons de Jehan une charte qui commence par ces mots :

« A tous ceux qui ces présentes lettres verront et orront, Jehan vicomte de Thouars, seigneur de Thalamond et de l'Isle-de-Ré, en Jésus-Christ Noire-Seigneur, salut...

D'après cette charte Jehan abolit la cense sur les arènes et terres gastines de l'Ile-de-Ré.

Elle est datée du château d'Olonne, le dimanche après la Saint-Martin d'hiver, l'an de grâce 1318 (8).

Jean est nommé dans plusieurs chartes de l'abbaye de Saint-Jean d'Orbestier, notamment en 1316, 1324 et 1327; il confirma à Guillaume Biron les faveurs accordées à son père Jean Biron (3), c'est-à-dire la seigneurie et la haute justice des terres de Moric et de la Bouchardière, un droit d'usage dans la forêt d'Orbestier et la dispense, sauf en cas de guerre, des deux gardes qu'il devait faire au château de Talmond, à cause des dites terres ; les lettres furent approuvées par le roi, en mai 1326 (9).

 

L'année suivante, le vicomte de Thouars accordait â son fidèle vassal, Jean Cornet (10), les lettres suivantes:

« Sachent tous que nous, Jehan, vicomte de Thouars, seigneur de Thalemont, avons donné et octroyé, et encore donnons et octroyons à noustre bon amy maistre Jehan Cornet et aux siens, et à ceulx qui de luy auront cause, perpétuellement, pour et loyal cervice qu'il nous a faict, dont nous tenons pour bien poyer, eusage à toutes leurs bestes, tant pour luy que pour ses prédecesseurs (sic) en nostre fourest d'Orbestier, en tous temps et au lieux acoustumez et l'usage à leurs dites bestes, et encore donnons et octroyons audit maistre Jehan et aux siens dessusdits principalement et pour la cause desdits chaufaiges, du boys de nostre dicte fourest et à tous leurs chauses nécessayres, à prandre et emmener à bestes ou à charrettes, ainsi comme il leur plaira : et encore donnons et octroyons aud. maistre Jehan et aux siens de soy principalement et pour la cause dessusdite; plain pouvoir de prandre et ammener du boys de noustre devant dicte fourest à édiffier et rédiffier maisons et toutes autres choses quelconques, toutes les foys quelconques leur playra. Et en tesmogn de laquelle chose, nous avons donné audit maistre Jehan et aux siens dont de cestes présentes lettres scellées de nostre grand seau.

 

 Donné le dixiesme jour amprès la feste de Toussaincts, l'an de grâce mil troys cens vingt sept.

 Signé, J. CHAIGNEVERT, p. coppie (11). »

 

 

Quelques mois plus tard, le même écuyer bénéficiait de nouvelles faveurs que lui accordait son suzerain :

« Sachent tous que nous, Jean, vicomte de Thouars, seigneur de Talmond, avons donné et octroyé et encore donnons et octroyons à notre bien aimé Jean Cornet, vaslet, seigneur de la Cornetière (12), et aux siens et à tous ceux qui auront cause perpétuelle, pour les bons et loyaux services qu'il nous a fait, dont nous nous tenons pour bien payé, tout le droit de fondations, prééminences, justices et de juridiction que nous avons et pouvions avoir en l'église et ville d'Avrillé sans nous en retenir aucun droit à nous et aux nôtres, en quelque forme et manière que ce soit.

Et encore avons voulu et voulons que lesdittes choses ainsi par nous données seront adjoutées en ce que nous rend ledit Jean Cornet de la maison de la Bouchardière (13) qu'il tient de nous en tout droit de haute, moyenne et basse justice et juridiction.

En témoin de laquelle chose nous avons donné et octroyé audit Jean Cornet, vaslet, et aux siens dessus dits, cette présente lettre et scellé de notre grand seau.

Donné le mardy d'amprès la feste de Pasques, l'an de grace 1328 (14). »

Une autre lettre annonce la présence de Jean de Thouars à Talmond, le jour de la Transfiguration de cette même année: il y confirmait, avec le consentement de son frère Hugues, de son fils Louis et de Garcens, abbé de Talmond, certaines donations faites au prieuré de Saint- Nicolas de la Chaise.

Sous ce seigneur, le Talmondais paya d'une façon notable sa contribution dans toutes les levées de gens d'armes qui furent ordonnées pour les nombreuses guerres que soutenait le roi de France en Flandre (15).

Des agents royaux vinrent souvent enrôler leurs recrues dans le pays, et, le 19 mai 1327, Raoul de Brienne, comte d'Eu et de Guines, depuis connétable de France, lieutenant du roi en Poitou, où il possédait plusieurs terres à cause de Jeanne de Mello, sa femme, était à Talmond, pour signer diverses lettres de nominations de châtelains, et organiser la garnison, comme il en avait mission spéciale, à cause des guerres imminentes que le roi, son maître, allait avoir à soutenir contre les Anglais.

 Avant d'aller plus loin, nous signalerons l'existence à Talmond de la Confrérie du Saint-Esprit qui nous a été révélée par un acte du 29 mai 1319, contenant les noms des douze frères qui la composaient (16).

 Il y est dit que ceux-ci, « consideré le prouffit de la ditte freyrie, » vendent à Berthomé Mée et à Tomasse, sa femme, une vigne pour la somme de 18 deniers de monnaie courante. La pièce est signée de Pierre de Valée (17), garde du sceau établi à la châtellenie de Talmond (18).

Deux années auparavant (13 août 1317), avaient été érigés les évêchés de Luçon et Maillezais.

(Archéologie à l’abbaye de Maillezais, une église romane poitevine en souvenirs de Saint-Remi de Reims.)

Le clergé du Talmondais passa donc, à cette époque, sous la direction de l'ancien abbé de Luçon, Pierre de la Veyrie, premier évêque de ce diocèse, sacré à Avignon le 20 novembre (19).

 

 

Jean succomba le 25 mai 1332.

 

Ils eurent trois fils :

-          Louis Ier,  l'aîné, succéda à son oncle Hugues II, il se faisait déjà nommer vicomte de Thouars en 1329, c'est-à-dire trois ans avant la mort de son père et cinq ans avant de l'être réellement (20).

-          Jean de Thouars, seigneur de La Chaize-le-Vicomte qui épousa Marguerite de Parthenay ;

-          Guy de Thouars, qui décède en 1354, il avait épousé Jeanne de Maulévrier.

 

 

 

18 février 1333.

Ratification d'une charte de l'an 1310, par laquelle Jean, vicomte de Thouars, reconnaît aux religieux de Lieu-Dieu en Jard la possession légitime du droit d'épave, ainsi que de la justice haute, moyenne et basse sur leurs terres, et se réserve la faculté de tirer de la pierre dans leurs carrières

(JJ. 66, n° 1084, fol. 463 V).

Philippes, etc.

A touz ceus qui ces presentes lettres verront, salut.

Sachent touz que nous avons veu unes lettres de feu Jehan, visconte de Thouart, seigneur de Talemont, chevalier, seines et entieres, non cancellées, corrumpues en aucune partie d'icelles, scellées de son seel, si comme il apparoit de premiere face, contenans la forme qui s'ensieut :

A touz ceus qui cestes presentes lettres verront et orront, Jehan, visconte de Thouart et seigneur de Thalemont, salut en nostre Seigneur perdurable.

Sachent touz que, comme contens fust esmeuz entre nous, Jehan, visconte de Thouars et seigneur de Thalamont, d'une part, et religieus hommes l'abbé et le convent du Lieu-Dieu en Jart, d'autre, sus ce que nous disions à nous appartenir les peceiz et les briseiz et tout naufrage qui arrivent ou arriver povent dès le bois aus diz religieus jusques a la Goule de Jart, et touz briseiz, peceiz et nauffrages qui entrent et entreront touz jours mais le chenau de Jart; et disions en oultre à nous appartenir les costumes et les planchaiges de touz les vessiaus entrans le chenau de Jart ; et disions en oultre que nous et noz hommes [devions] prendre de la pierre de la perriere de Jart toutes les fois que nous et noz hommes en voudrions prendre.

 Les diz religieus disans le contraire; disans par devers nous à eus appartenir seulement les brisiez, peceiz et nauffrages dessus diz et toute juridicion et seigneurie haute, moinne et basse, ont tout merè mixte imparé en toute et par toute leur terre de Jart et en leur ville de Jart et eus appartenances, et en fié vulgaument appellé le fié de Champion, et en la Bauduere, et en leur terre de Curson et eus appartenances, et que eus et leurs predecesseurs et ceus de qui il ont cause avoient et ont tenu, usé et esploitié paisiblement toute juridicion et seigneurie en toute et par toute leur terre de Jart, et en leur ville de Jart et eus appartenances, et en leurs dessus diz o tout merè mixtè imparè par le titre de leur fondement, et cestes choses avoient et ont tenu, usé et esploitié, et eus et' leurs predécesseurs, et ceus de qui il avoient et ont cause par tant de temps que memoire d'omme ne se puet remambrer de contraire, sans cognoistre nul souverain fors que le roy.

Et disoient encores les diz religieus que il avoit esté autre fois contens entre monseigneur Guy, visconte de Thouart et seigneur de Thalemont, jadiz nostre chier pere, et les diz religieus sus ce que il disoit à soy appartenir les peceiz et les briseiz et tout nauffrage des veissiaux et de toutes autres choses, quelconques elles fussent, qui entrient la dite chenau ou arrivent ou povoient arriver entre le bois aus diz religieus et la Goule de Jart, et les diz religieus disant le contraire par la maniere dessus dite, et que ce estoit leur domeyne et en leur terre de leur fondement du roy Richart, en la quelle il avoient toute juridicion et seigneurie haute, moienne et basse o tout merè mixté imparé, et l'avoient tenu, usé et esploitié par la maniere dessus dite.

Et disoient les diz religieus que le dit nostre chier pere enquist diligemment la verité du droit de l'une partie et de l'autre, et trouva que ce estoit le droit aus diz religieus et en leur terre, de leur fondement du roy Richart, en la quelle il avoient toute juridicion et seigneurie haute, moienne, basse o tout  meré mixté imparé, laquelle lui, acertané à plain, et enquise diligemment la verité du droit d'une partie et d'autre, il cognut et confessa à la parfin, après mains contens esmeuz d'une partie et d'autre, par le dit de preudes hommes.

Nous Jehan, visconte de Thouart et seigneur de Thalemont dessus diz, acerteneza plain et enquis diligemmentdu droit d'une partie et d'autre, tant par le fondemenz de la dite abbaye que par leurs previleges et par leurs longues possessions et esploiz, et par bonnes gens dignes de foy, et par le fait de nostre chier pere, Guy, visconte de Thouart jadiz, dont Dieux ait l'ame, si comme il nous est apparu par unes lettres scellées de son propre seel, avons trouvé et cogneu que les diz religieus ont droit en toutes les choses dessus dites.

Pour quoy nous Jehan, visconte de Thouart et seigneur de Thalemont dessus diz, avons voulu et consenti, et enquores volons et consentons et accordons, et octroions par nous et par noz hoirs et par noz successeurs, aus diz religieus, en ce consentens, [qu'ils] aient, usent et esploitent perpetuelment, paisiblement les briseiz, peceiz et tout naufrage qui arrivera dès le bois aus diz religieus jusques à la Goule de Jart, et tout le nauffrage qui entrera en la chenau de Jart, et arrivera par devers la terre aus diz religieus, si comme l'aigue de la chenau de la Goule de Jart court jusques à l'Ausoyzere, sera leur, et ce qui arrivera par cas d'aventure devers nostre terre sera nostre.

Et voulons encores et consentons, et accordons que les diz religieus aient, usent et esploitent perpetuelment, paisiblement, sans ce que nous, ne noz hoirs, ne noz successeurs leur y puissons mettre empechement ne débat en temps avenir, toute juridicion et seigneurie haute, moienne et basse ou tout merè mixté emparé en touz cas, en toute et par toute leur terre de Jart et eus appartenances, et en leur lié de Champion, et en la Bauduere, et en leur terre de Curson et eus appartenances, et sans ce que il nous en cognoissent en riens souverain.

Derechief fust accordé que les planchaiges, les vendes et les coustumes de veissiaus et des nez qui entreront la dite chenau demouront à nous et à noz [hoirs], sauve les planchaiges et les vendes des veissiaus qui metterient planche et serient venduz dedans leur terre, les quiex seroient leurs, et les acensamenz des pescheries seroient nostres, si comme nous les avons acoustumé.

Et se aucuns droiz avions ès choses dessusdites, nous voulons et accordons ou les diz religieus, en ce consentens, que il leur demeurgent et les transportons en eux, pour estre ès biens fais de leur moustier.

Et porrons nous et noz hommes prendre de la pierre de la perrierre de Jart, en la maniere que nous l'avons acoustumé, et voulons que se les diz religieus avient lettres de nous et de nostre chier pere, Guy, jadiz visconte de Thouart et seigneur de Thalemont, d'aucunes des choses dessus dites et de quelconques autres choses, leur vaillent et soient en leur vertu.

 Et voulons et consentons et accordons aus diz religieus que toutes prises, attemptas et esploiz, que nous avons faiz ou fait faire par nous ou par autres en la dite terre de Jart et ès autres lieus dessus diz, et en leurs autres lieuz, c'est assavoir à Curson, à Moric, à la Veinemiere, en l'Ausenziere, en l'Ile et en Haires, en leur coustume deue des poissons des veissiaux du port d'Olone, à la Reconniere et en né du Sable, et en la parroche de Longueville, et né de Champion, et en touz leurs autres lieux, liez, possessions et dommaines, en prenant hommes et fames, et gaiges, blez, vendenges, vin, cens, sau et deniers, en copant bois et en pendant larrons, et en banissant, et en faisant drecier justices, et en brisant prisons et en quelconques autres manieres de esploiz ou prises, ou actemptas, touchans la haute, moienne et basse justice ou le meré mixté imparé, ou le domaine des diz religieus, ne puissent porter aide à nous ne acquerre saisine, ne possession, ne à nous, ne à noz hoirs, ne à noz successeurs ou temps avenir, ne porter en riens prejudice auz diz religieus.

Et voulons que toutes les choses que les diz religieus ont et possident en noz fiez et arrerefiez, que il les tiegnent et esplolt'ent paisiblement, ausi comme il fasient ou temps de nostre chier pere, Guy, jadiz visconte de Thouart et seigneur de Thalemont dessus dit.

Et cestes choses tenir et garder, sanz jamais venir encontre par nous et par noz hoirs, ne par noz successeurs ne par autres, promettons en bonne foy et obligons nous et noz hoirs et noz successeurs.

 En tesmoing de la quelle chose, nous avons donné aus diz religieus cestes presentes lettres, seellées de nostre propre seau.

(1)   Donné le mardi après Letare Jherusalem, l'an de grace mil ccc. et diz (23 mars 1311)

Et nous toutes les choses ci dessus contenues et chascune d'icelles loons, ratifiions et approvons, et, de nostre auctorité roial de grace especial et certaine science, confermons.

Et pour ce que ce soit ferme chose et estable à touz jours, nous avons fait mettre en ces presentes lettres nostre seel.

 Sauf nostre droit et l'autrui.

 Donné à Chastiaunuef sus Loire, le xviije jour de fevrier, l'an de grace mil ccc. trente et deux.

Par le roy, à la relacion de l'avoé de Ther[ouenne]. Verberie.

 

 

 

 28 - HUGUES DE THOUARS, 28e vicomte de Thouars : (1332-1333, 11 mars)

 

Le successeur certain de Jean à la vicomté de Thouars et à la seigneurie de Talmond fut son frère Hugues, comme il est suffisamment démontré par une charte du 7 janvier 1334, du cartulaire de Saint-Jean d'Orbestier (21).

Dans cette pièce il s'intitule vicomte de Thouars et seigneur de Talmond, frère de Jean, ancien vicomte de Thouars, et concède à cette abbaye le marais de la Rouillère, au nord des Sables, les juridictions, haute, basse et moyenne, des choses de la Baillère, et la basse et moyenne, seulement sur la Levenderie (22).

Une charte du cartulaire de Saint-Laon de Thouars, du mercredi après Jubilate, 20 avril 1331, apprend qu'à cette date son fief était tombé en rachat, par suite de son décès, qui doit être fixé au 1 l mars précédent (23).

Il eut pour femmes Isabeau de Noyers, dame de Tiffauges, puis Jeanne de Bauçay, laquelle est nommée, dans plusieurs actes postérieurs, vicomtesse de Thouars ; elle eut en douaire les châtellenies de Mauléon, la Mothe- Saint-Héraye, etc... ==> Jeanne de Bauçay, Chapelles de Sainte-Anne et Saint-Jean de Bauçay – Légende de sainte Néomaye du Poitou

son fils est connu sous le nom de Guyard de Thouars.

 (Sur les ruines du vieux château de Tiffauges)

 

 ==> Juin 1330 Confirmation d'un accord conclu entre Hugues II, vicomte de Thouars, et l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély touchant l'ost réclamé par le premier sur les habitants d'Esnandes

 

29 - LOUIS, VICOMTE DE THOUARS, fils de Jean I

1333 -1370

Quoique Louis de Thouars ait porté le titre de vicomte plusieurs années avant le décès de son père Jean, et celui de son oncle Hugues, il ne le devint réellement qu'en 1334 (24), à la mort de ce dernier ; il était encore baronnet dans l'armée de Philippe VI de Valois, en 1341. Ce prince eut une jeunesse un peu orageuse, car on le trouve, en 1332, mêlé à une affaire d'assassinat sur la personne de Guyard de Noireterre, pour laquelle un de ses compagnons, Pierre le Vicomte (25), écuyer de Jean de la Forêt, chevalier, fut pendu à Paris. Il était alors descendu rue de la Harpe, où il avait un hôtel.

Louis, peu de temps après la mort de Hugues, passa une transaction (26) avec les moines d'Orbestier, à propos d'une succession. Il est aussi signalé dans diverses autres chartes du cartulaire de cette abbaye, en 1352, 1355, 1357.

 Par la dernière, il autorise les religieux à reconstruire le moulin à eau « du boisson de la Pyronnère », à établir la chaussée, si cela est nécessaire, sur son propre terrain, et il leur octroie en même temps haute et basse justice sur cette terre.

Quelques années après l'avènement de Louis, 21 août 1337, Philippe de Valois prenait la grave résolution de rompre complètement avec Edouard III, roi d'Angleterre, et commençait cette guerre d'épuisement qui ravagea, pendant cent ans, les pays côtiers de France.

Les hostilités qui devaient être si longues et si terribles ne furent poussées tout d'abord qu’avec peu de vigueur, en Picardie et Guyenne, et, le 15 janvier 1338, le roi de France put faire remise à Louis, du subside qu'il avait imposé récemment sur ses sujets immédiats et, par conséquent, sur ceux du Talmondais.

 Le 21 suivant, le vicomte déclarait qu'il reconnaissait avoir demandé et obtenu cette remise, à titre gracieux et pour cette fois seulement (27).

 (NOTICE SUR TROIS BOULETS DE CANON TROUVÉS A LUSIGNAN ; Le château de Lusignan a subi deux sièges sous l’usage de l'artillerie)

 

Ce sursis ne fut que de courte durée et les choses se compliquèrent singulièrement et bien rapidement ; la bataille de Crécy et la chevauchée extraordinairement hardie de Henri de Lancastre, comte de Derby, en 1346, qui, venu de Guyenne, prit Saint-Jean-d'Angély, Lusignan, Poitiers et autres villes, donnèrent à la lutte une tournure très peu favorable aux intérêts du roi de France et tout à fait désastreuse pour la province, terrifiée bien vite plus que de raison.

Plusieurs villes se soumirent sans avoir été attaquées, et il suffit de lire les pièces du procès fait à Jean de Marconnay, évêque de Maillezais, pourvoir que ce fort se serait rendu sans coup férir, si l'ennemi s'était présenté devant ses murs.

 (Paysages et monuments du Poitou – Tour du Cordier, vestige des fortifications de Poitiers et le photographe Jules Robuchon)

 Quoique les Anglais n'aient pu conserver Poitiers, qu'ils se contentèrent de piller, ils désignèrent (28) cependant un peu scrupuleux gascon, Raoul de Cahors (29), comme capitaine en Poitou (17 janvier 1347). Les ennemis, dans leurs premières excursions, avaient déjà pénétré jusqu'en Bas-Poitou, car l'abbaye d'Orbestier fut réduite en cendres, le roi Philippe, en décembre 1340, octroyait au monastère des lettres de sauvegarde dans lesquelles il disait :

« Que leurs granges et maisons ont été arses par le leu que noz ennemis y ont mis et que lettres de sauvegarde et plusieurs lettres et privilèges, qu'ils avaient de nous ou de noz prédécesseurs, y ont été ars et détruis par le dit feu... 30) »

 

 

Edouard III, afin de s'attirer des partisans, distribua largement des prérogatives excessives aux seigneurs qui le soutenaient et leur abandonnait les biens qu'ils pouvaient enlever à ses ennemis : c'étaient de grosses libéralités qui ne coûtaient guère, mais qui poussaient au brigandage.

Ainsi, le 12 mars 1346, il octroyait à Bertrant de Monferrand, pour l'indemniser d'une perte de mille florins à l 'écu de revenu annuel, compromis ou perdus à son service comme commandant des forces anglaises à Lusignan, le château et la châtellenie de Talmond encore au pouvoir des Français. Ce n'est pas dire que cet aventurier prit jamais possession de sa nouvelle charge, mais, pour s'en emparer, il est certain que des milices furent envoyées de Lusignan dans cette direction.

Le comte de Forez, qui exerçait comme lieutenant du roi de France en Poitou, avec pouvoirs presque illimités, fit beaucoup pour réformer les institutions, conserver la province et la mettre à l’abri d'un coup de main ; les villes furent protégées, mais la campagne et les villages ouverts, ou les bourgs mal fortifiés, furent abandonnés à toutes les excursions des soldats, et devinrent la proie des bandes de coureurs des deux partis; car, malheureusement, on ne peut dire que tous les actes criminels commis doivent être imputés aux Anglais seuls.

Loin de là : les petits seigneurs profitaient au contraire du désarroi général pour venger leurs injures personnelles et tenter les coups de mains les plus hardis.

Ainsi, en août 1348, le bourg des Moutiers-les-Maufaits eut particulièrement à souffrir ; cette localité fut prise, pillée et mise à feu et à sang par une troupe armée réunie sous les ordres de plusieurs gentilshommes du pays, parmi lesquels nous trouvons : Guy d'Apremont, chevalier; Raoul d'Apremont, écuyer, son frère (31) ; Guillaume de Boulières, écuyer ; Jean Jousseaume, écuyer (32) ; Guillaume Buor (33) ; Jean de la Haye (34); ; Jean des Clodis (35) ; Jean Cauvaing (36) ; Jean Ancelon (37) ; Hardouin de Cholet; Pierre Gueniel ; Savari Massé et Aimery Charruyau (38) et beaucoup d'autres.

Le prieur des Maufaits, Nicolas Michelet, et Maurice de Fouilleux, au nom des autres habitants de cette localité, envoyèrent une plainte à Platon de Grèze, châtelain de la Roche-sur-Yon, qui fut chargé, à divers intervalles, de l'information de l'affaire, de la capture des prévenus, de la saisie de leurs biens, et de la conduite des prisonniers à Paris.

Les biens volés aux Moutiers avaient été transportés au château de Poiroux, dont Guy d'Apremont était seigneur.

Son châtelain, Robert Gueniel, qui avait fait partie de la bande des assaillants et recelait les objets pillés, avait seul été, arrêté et emprisonné au Châtelet de Paris (39).

. « Ailleurs, c'est un Prélat, Renaud de Thouars (40),  évêque de Luçon, qui soudoie une troupe pour attaquer Pierre de Maignart, abbé d'Angles, et frère Nicolas Bressuire, archidiacre de Luçon, ainsi que leurs parents et amis.

Les émissaires de l'évêque se jettent sur eux à l'improviste, les prennent, les jettent en prison et s'emparent de leurs biens. L'abbé d'Angles et l'archidiacre de Luçon, appartenaient à l'Université ; le prévôt de  Paris, conservateur des privilèges de l'Université, envoie des sergents avec mission de faire mettre les prisonniers en liberté, et de poursuivre les agresseurs.

L'évêque et ses officiers, au lieu de se soumettre à l'ordre du prévôt qui leur est montré, frappent les sergents, les mettent en fuite, et les poursuivent huit lieues durant, jusqu'au château de Vouvant, où ils sont obligés de se réfugier pour échapper aux coups et à la mort (41). »

Le mandement au sénéchal de Poitou de faire une enquête sur ces faits, est du 5 février 1349 (n. s.).

 

Cette même année, la portion nord du Talmondais dut se ressentir d'une façon plus ou moins directe des opérations entreprises dans les environs des terres confisquées au détriment d'Olivier de Clisson et de Jeanne de Belleville, sa femme, et devenues la propriété particulière du Dauphin.

Guillaume, dit le Galois de la Heuse, capitaine souverain pour le roi en Poitou, et commandant de ces domaines, se distingua contre les Anglais qui occupaient une partie des côtes du Bas-Poitou :

« Il fist mout de belles besougnes, » suivant les expressions de la Chronique Normande du XIV siècle, « car il prist d'assaut Beauvoir- sur-Mer, la Garnache et l'Ile Chauvet. »

Un peu avant cette date, le 26 janvier, le Parlement envoya au sénéchal de Poitou une plainte portée par l'abbé et les religieux du Lieu-Dieu en Jard, contre le vicomte de Thouars, son fils Jean et leurs complices, pour qu'il informât des faits criminels y énoncés.

 

Le nouveau roi de France, Jean le Bon, ancien comte de Poitiers, en montant sur le trône, voulut prendre une revanche, des insuccès de ses prédécesseurs, et pour cela lança un appel énergique à tous ses vassaux de Poitou.

Le sénéchal se mit lui-même à la tête des troupes, reprit Lusignan et Saint-Jean-d'Angély, et, vers la fin de septembre 1351, la contrée était, hélas! pour quelques jours seulement, débarrassée des Anglais.

Encore ce n'est pas dire que le pays fut plus calme et qu'aucun acte de guerre, d’escarmouche ou de brigandage ne vint troubler les populations. Il y a lieu de citer, au contraire, pour la contrée qui nous intéresse, la prise du château de l'Ile- Dieu par une bande de partisans, probablement Anglais, qui vint s'emparer de la place dont Jean Doria avait le commandement pour le compte du roi Jean (vers 1355).

Celui-ci traita avec un capitaine de Biscaye pour en reprendre possession par main armée, mais il fallut renoncer à cette entreprise par crainte de l'arrivée d'une flotte anglaise.

Ce fut bien autre chose après la bataille de Maupertuis ; la plupart des places poitevines tombèrent de nouveau au pouvoir des milices anglo-navarraises ; Maillezais succomba en 1359 (42).

Louis, vicomte de Thouars, fut, pendant cette période, sans être exempt de tout reproche, un de ceux qui payèrent le plus largement de leur personne ; il fut fait prisonnier par les Anglais dans une rencontre des deux armées, enfermé à Cuzorn (43), où il resta quelques années, et ne dut la liberté qu'à son écuyer, Guillaume de Lestang (44), qui put, au milieu de mille obstacles, lui faire traverser les rangs ennemis et le ramener sain et sauf dans sa chère ville de Thouars.

Nous ne pouvons préciser la date de sa captivité, mais elle remonte assurément à une époque antérieure à l'année 1355 (45).

 

Il assistait, en effet, à la bataille de Poitiers, il fut du nombre des trois cents chevaliers sous les ordres des maréchaux de Clermont et d'Andrehen, les plus preux de l'Ouest, qui engagèrent la bataille, le 19 septembre 1356.

Mais s'étant engagés à cheval dans un étroit passage, ils furent décimés par les Anglais; Louis de Thouars réussit cependant à s'échapper.

Le traité de Brétigny, cédant le Poitou aux Anglais, qui le gardèrent dix ans, quoique signé le 8 mai 1360, et ratifié par le roi Jean, le 24 octobre, ne fut notifié au clergé, à la noblesse et au tiers-état de cette province, que le 27 juillet 1361, et ne reçut un commencement d'exécution qu'au mois de septembre.

 (En 1369, le Prince Noir nomme le chevalier John Chandos sénéchal du Poitou, il meurt le 31 Décembre d’un coup de lance)

 

Jean Chandos prit possession, au nom d'Edouard III, des diverses villes importantes, et son passage à Fontenay-le-Comte est signalé le 1er octobre.

 

Le 3 novembre, il vint installer une garnison à Thouars, que lui livrèrent Isabeau d'Avaugour et Simon de Thouars, comte de Dreux (46), femme et fils du vicomte Louis dont ils s'étaient fait donner la curatelle, quelques mois auparavant, à la suite d'une aventure assez piquante dont fut victime le seigneur de Talmond, et que nous allons raconter.

Un certain jour de l’année 1361, le 6 juin, Louis de Thouars fut amené par ses proches, à la suite de tracasseries de toute espèce, à signer un acte dans lequel il expliquait que, « voyans, considérans et regardans la faiblece et la maladie de son corps, et qui ne payt mès chevauchier ny aller hors pour le gouvernement de sa terre, pour la manière qu'il vouloit, et autres justes causes et raisons qui à ce l'ont esmeu »,

Il établissait pour le gouvernement de son corps et de ses terres, dame Ysabeau d 'Avaugour, sa chère et bien-aimée compagne, et son très cher et aimé fils, Simon de Thouars, comte de Dreux.

Dans l’énumération faite des biens mis entre les mains de ses tuteurs figuraient Thouars, le Talmondais, Ré, la Chaize, Moneston et Curzon. Il ne réclamait pour lui qu une seule chose : « et toutes voies volut le dit viconte, que pour ce, ils soient tenuz à le faire provision selon son estat et pour leur main sanz autre » (47).

(Notice Historique sur le château Renaissance de Coulonges sur l’Autize du Bas- Poitou)

 Etaient présents à la signature de cet acte, Pierre Bochet (48), bachelier ès lois, Geoffroy Le Bœuf, recteur de l'église de Coulonges, Jean Régné, prêtre, Guillaume Loet, écuyer, et Jean Fouquet, valet. Il est inutile d'insister beaucoup pour prouver que Louis n'en vint à signer un pareil acte d'abnégation que par suite de maladie et d'un affaiblissement étonnant de ses facultés. La pression d'une femme, d'un fils et de nombreux parents, aussi énergique qu'on puisse la supposer, n'aurait dû avoir si facilement raison d'un esprit bien équilibré et doué d'une volonté tant soit peu énergique : même si l'on admet des sévices et des violences, il faut admettre, en face d'une pareille retraite, que le vicomte devait être affligé d'un peu de gâtisme.

Quoi qu'il en soit, à la réception de la copie de cette pièce, qu'on lui demanda d'approuver, Guy d'Azay (49), chevalier, sénéchal de Poitou, se rendit à Thouars, le 18 juin, et se livra à une enquête sur la santé de Louis.

Il appela à lui nombre de gens notables de la contrée, prélats, chevaliers, avocats, et autres prud'hommes, parmi lesquels on remarque maître Pierre Bochet, déjà connu, et doyen de Talmond, Jean Boschet, et Phelippeau le Bac, écuyer, capitaine du château ;

à la suite des informations recueillies sur place, Guy d'Azay interdit à Louis toute administration ou aliénation de ses biens, par un acte approuvé du reste à Paris par le roi de France, en juillet suivant.

En même temps, le roi Jean accordait à Simon, vu qu'il n'avait que dix-sept ans, une dispense d'âge pour administrer les biens de son père (50).

 

On relégua le vicomte Louis dans le château de Talmond, où il était facile à surveiller, et la chose parut ainsi réglée, pour longtemps ; du moins on l'espérait.

 (Thouars ; La Tour du Prince de Galles , Edouard de Woodstock dit aussi Prince Noir d'Aquitaine)

 

1365, Un tournoi de trop !

Jeanne D'ARTOIS, fille d'Isabelle de Melun et de Jean d'Artois, comte d'Eu, mariée dans le château d’Eu le 12 juillet 1365, à Simon DE THOUARS, comte, de Dreux, qui fut tué d'un coup de lance dans un tournoi qui fut organisé pour les noces. Il devait être fait chevalier le soir même.

Comme il était mort avec la seule qualité d'écuyer, sa veuve, quoique princesse, ne prit depuis, dans toutes les chartres qu'elle signa, que le titre de Mademoiselle. Seules les femmes de chevaliers pouvaient s'appeler Madame. (Voyez Mémoire sur l'ancienne chevalerie, pag. 68 et 204 ).

 

Elle demeura veuve le reste de ses jours, portant le nom de Mademoiselle de Dreux, Dame de Saint-Valéry, et vivait encore l'an 1420.

 

Tombeau de Simon de Thouars, comte de Dreux et sa femme Jeanne d’Artois

Tombeau de Simon de Thouars, comte de Dreux et sa femme Jeanne d’Artois

Ce tombeau est dans la chapelle de la Trinité de l’abbaye de Nostre Dame d’EU, il est de marbre noir, et les figures de marbre blanc

Autour est escrit :

CY gist noble et puissant Simon de Touars, et de Madame Jehanne Comtesses de Dreux lequel trespassa l’an de grace mil trois cent soixante cinq.

 

Le prince Noir, Edouard, prince de Galles et d'Aquitaine, qui possédait le Poitou, depuis le traité de Brétigny, mit la main sur la succession, en vertu de son droit de saisie.

Sur des plaintes qui lui furent probablement adressées par les amis du vicomte, le nouveau comte de Poitou résolut, avant de nommer de nouveaux curateurs, d'éclaircir cette affaire et de rechercher exactement ce qu'il en était.

Il écrivit donc, le 18 juillet 1364, à son sénéchal en Poitou, Guillaume de Falleton, une lettre patente ainsi conçue :

 « Eduwart, ainsné filz du noble roi d'Angleterre, prince de Aquitaine et de Gales, duc de Cornouaille et comte de Cestre, à nostre séneschal de Poitou, salut.

Nous vous mandons, et si mestier est, commettons, que veues ces présentes, vous transportez au lieu où demeure nostre cher et feal le vicomte de Thouars, veue la personne de ly, vous informez diligemment, s'il est en tel estat que il est mestier de curateur ou cumsercieur pour gouverner sa personne, ses biens et sa terre ; et s'il vous appert que il en ayt besoing de li donner, appeliez tel prochiens parens de lignage audit vicomte et autres qui seront à appeller, pourvoiez li de bon curateur et suffisant, au profit dudit vicomté et de la garde de la terre, et à la salvacion d'icelle et à laseureté de nous et de nos subjez. Et mandons et commandons à tous nos subjez que, en ce faisant, vous obéissent et entendent.

Donné à Peyctiers le 18e jour du moys de juillet l'an 1364. »

 

 

Deux jours après, le sénéchal recevait une nouvelle lettre, mais celle-ci était close, vu qu’elle contenait les instructions confidentielles suivantes :

« De part le prince d'Aquitaine et de Gales, cher et féal, nous vous envoyons une commission soubz nostre grant scel, pour laquelle nous vous donnons povoir de pourveoir de curateur au vicomte de Thouars, en cas qu 'il en ayt mestier ; et en celuy cas voulons et vous mandons que vous lui donnez et ordonnez de par nous ses curateurs, noz chers et féaulx sires Miles de Thouars, seigneur de Pouzauges (51), et sire Aymery de Thouars, son frère.

  Et se ainsi est qu'il ne ayt besoingn de curateur, le requérez de par nous que à nostre requeste il veuille ordonner et establir capitaine et garde du chastel et ville de Thouars, led. sire Aimery de Thouars, pour la seureté et garde de nostre pays. Et ad ce faire metez bonne diligence, ainsi comme nous en confions en vous, et ce ne lessiez à faire en aucune manère.

Donné en nostre cité de Peyctiers, soubz nostre privé scel, le XXe jour du moys de juillet. »

 

Le brave chevalier n'avait probablement pas de subalterne sur qui il pouvait se décharger de cette besogne délicate, aussi, faisant bonne diligence, comme il lui était enjoint, il se présenta, dès le 11 août, au château de Talmond, où se trouvait séquestré le vicomte Louis de Thouars.

Laissons-lui la parole, car toute analyse du procès-verbal qu'il a rédigé ne ferait qu'altérer le charme de cette pièce, qu'on pourrait s'étonner de trouver dans le cartulaire de l’abbaye d 'Orbestier, si on ne remarquait que Pierre Dubourg, son abbé, était l'un des principaux personnages appelés en témoignage par le sénéchal de Poitou.

« Par vertu et auctorité des quelles lectres, nous nous sommes transportés en nostre propre personne au chastel dud vicomte appellé Thalmont-sur-Mer, auquel nous trouvasmes lecl. vicomte. Et avons diligemment veu et considéré et regardé la personne, l'estat et le  gouvernement dud. vicomte de Thouars; et pour ce qu'il nous est apparu, tant par l'inspection et examen de sa personne par nous fait en plusieurs et diverses manères que par le tesmoignage fait par les seremens de honnourables et religieuses personnes, frère Denys  Rasclet, abbé de Thalmont; frère Denys Beuf (52), abbé de Jart; frère Perre du Bourg, abbé d'Orbestier ; frère Jehan de Pont-de-Vie (53), prieur de Fontaynnes et maistres en divinité, et de nobles personnes, monsr Loys Chabot (54) ; monsr Morice Catus (55) ; monsr Quéhedin Chabot (56) ; monsr Jehan Catus (57), chevaliers, et de maistre Maurice Rasclet (58) de Regnaud des Clousdiz, Morice du Bourc (59), Olivier d'Aubuigné (60), et Jehan  Boschet, escuiers, et de Guillaume Blanchardin (61), « Georges Bersuyre (62), Simon Simes (63), messire Thomas « Marchent presbtre, André Cerclet, de frère Perres Marrelea, aiguer de l'abbaye de Thalemont, et de plusieurs autres bourgeis et habitans de Thalemont et d'Olonne, lesquelx tous ensemble, et chacun par soy  sont hommes de foy, justiciables et subgects dud. vicomte, lesquelx et chacun par soy nous ont tesmoigné led. vicomte estre de bonne vie, de bon gouvernement et de honneste conversacion, telle que il n'a mestier de curateur, avons discerné et descleré, discernons et des cleyrons par droit, par sentence et par jugement, led. vicomte de Thouars estant sel personne et de tel gouvernement qu'il n'a mestier de curateur ; et la main de monsr le prince, assise sur les biens et terres dud. vicomte avons levé et levons au prouffiz dud. vicomte; mandons et commandons à toux ceulx qui aucune chouse en ont levé que ils les rendent et restituent aud. vicomte et à ses atournez, de sa terre et de ses biens le laissent user et joir pasiblement par le temps a venir. Et led. vicomte a voulu et consenti à nostre requeste, et pour obéyr au plesir et volunté dud. monsr le prince, que

 « led. monsr Aymeri de Thouars soit garde et cappitaine du chastel et ville de Thouars, en faisant les seremens appartenans en tel cas.

Fait et donné aud. chastel de Thalemont, soubz nostre propre scel, absent cely de lad. séneschaucée, le XIe jour du moys d'aougst, l'an 1364 (64). »

 

Le pauvre Louis l'échappa belle : le prince Noir lui laissait sa liberté et l'autorisait à vivre en paix le reste de son existence, car il avait obtenu ce qu'il désirait avant tout, en confiant la garde du château de Thouars à un seigneur plus dévoué à sa cause, et plus facile à entraîner au besoin, dans une guerre contre le roi de France ; Aimeri de Thouars, seigneur de la Chaise-le-Vicomte, deuxième fils du vicomte Hugues et d'Isabeau de Noyers, dame de Tiffauges, remplissait parfaitement les conditions demandées (65).

Remis en possession de sa fortune, le vicomte apparait dans deux actes de 1366. Suivant l'un d'eux, étant à Fontenay, avec sa femme Isabeau, en présence de Philippe Loubat, capitaine d'armes du château de Talmond et de Jean Bobeau, châtelain, il fonda une messe quotidienne pour le repos de son âme, et de celles de sa femme et de ses parents (66).

Louis Vicomte de Thouars, enterré en l'église des frères prescheurs du dict Poictiers

Louis mourut le 7 avril 1370 (67), vassal reconnaissant du roi d'Angleterre, contre lequel les hostilités avaient été recommencées. Il fut enterré en l'église des frères prescheurs du dict Poictiers avec ses frères d'armes.

 

Il avait épousé d'abord Jeanne de Dreux (68), dont il eut cinq enfants, deux fils qui moururent avant lui, Jean et Simon.

 

30 - Peronnelle de Thouars, fille de Louis I

1370 - 1397

Le premier ne nous est connu que par la plainte des religieux de Jard, de 1349; quant au deuxième, nous l'avons vu à l'œuvre avec sa belle-mère; nous retrouverons successivement dans la suite ses trois filles, Pernelle, Isabeau et Marguerite. Il convola en secondes noces avec Isabeau d'Avaugour (69), veuve de Geoffroy de Châteaubriant, que l'épisode précédent a montré sous son vrai caractère, et dont il n'eut pas d'enfant.

 

 

ISABEAU D'AVAUGOUR

(1370-1383)

De septembre 1361 à 1371 environ, les Anglais restèrent à peu près maîtres absolus du Bas-Poitou, sauf de la Roche-sur-Yon, et des biens d'Olivier de Clisson et de Jeanne de Belleville, qui ne leur furent jamais ternis.

Ils tinrent garnison dans tout le Talmondais ou plutôt y placèrent des capitaines à leur dévotion, ce qui leur fut facile, car la noblesse voyait leur domination d'un très bon œil. A la mort de son époux, Isabeau, qui avait reçu pour son douaire, Talmond, Château-d'Olonne, le Brandois, Curzon, Olonne, les Sables et Château-Gautier, continua la politique qu'elle avait déjà suivie dès le début, en favorisant l’étranger : c’est elle, on le sait, qui ouvrit les portes de Thouars à Chandos.

Mais par lettres du roi Charles V, datées du 12 septembre 1371, tous ses biens en quelque partie du royaume qu’ils fussent, furent confisqués, et donnés à Louis duc d'Anjou, frère du roi, parce qu'elle s'était « rendue rebelle et ennemie », du roi « en tenant le parti de Edwart d'Angleterre et de Edwart de Gales, son fils aisnné, qui ont commencié et font guerre ouverte... Qu'elle est demourant en Guienne avecque lesdiz ennemis, en leur donnant tout le confort et aide qu'elle peut, etc... En commettant crime de lèse-majesté (70)...» »

 

 

Annuaire départemental de la Société d'émulation de la Vendée

Mémoires de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres

Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France. publiés par Paul Guérin,...

 

 

 

 

ESSAIS HISTORIQUES SUR LE TALMONDAIS, Les vicomtes de Thouars <==.... ....==> Tristan Rouault et Péronnelle de Thouars , l’héritière des terres de la vicomté de Thouars, de Talmont et de Tiffauges

 

RAOUL IV DE MAULEON (1245-1253), seigneur de Talmond, Châtelaillon, Benon <==.... ....==>

Droits régaliens de naufrage et d'amiraudage à Talmont et aux Sables-d'Olonne des vicomtes de Thouars <== <==

 

 

 

 

 

 

 


 

(1)   Jean 1er fils aîné de Guy II, vicomte de Thouars, seigneur de Talmont, fut vicomte depuis le 26 septembre 1308 jusqu'au 25 mai 1332, date de sa mort, suivant le P. Anselme (III, p. 195) et M. Imbert (Notice sur les vicomtes de Thouars, publ. dans les Mém. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, t. XXIX, 1864).

Ce qui est certain, c'est qu'il vivait encore le 14 novembre 1331 (Voy. Cartul. d'Orbestier, Arch. Hist. du Poitou, VI, n 142, p. 172).

Quant à Blanche de Brabant, fille de Geoffroy de Brabant, seigneur d'Arschot, femme de Jean, le P. Anselme commet une erreur évidente en fixant sa mort au 21 juillet 1306.

 (2) Trésor des Chartes, de M. Paul Guérin. Bibl. nat. (JJ. 4I, n° 174, fol. 99, v°, et JJ. 42, fol. 93).

(3). Le 16 janvier 1309 (n. s.), la fête de S. Hilaire se célébrant le 13 de ce mois.

(4). Marguerite de Brienne, fille de Jean Ier comte d'Eu, et de Béatrix de Châtillon, dite de Saint-Paul, mourut le 20 mai 1310.

(5) Le second fils de Philippe le Bel, Philippe de France, prit cette même année le titre de comte de Poitou.

(6) Archives historiques du Poitou, t. XI, p. 412, Bibl. nat. (jj. 66, n° 1,084, fol. 463, V°).

(7) Jean Biron, chevalier, était ancien receveur du vicomte de Thouars, de sa femme et de ses enfants ; il avait donné deux setiers de blé à l'abbaye de Jard, valant 24 sous de rente.

(8). Chartrier de Ré.

(9) Trésor des Chartes, de M. Paul Guérin, t. l, p. 255, Bibl. nat. (jj. 64, n° 160, fol. 92, V°).

(10) Ce Jean Cornet est précisément cité comme témoin de l'enregistrement à Talmond par le garde scel de Fontenay, des lettres précédentes du vicomte Jean données en faveur de Guillaume Biron, en avril 1326.

(11) Vidimus trouvé aux Archives du département de la Vendée.

(12) Cette terre passa plus tard, probablement par alliance, dans la famille des Maynard qui eurent aussi la Bouchardière.

(13) La Bouchardière, aujourd'hui la Maquinière, commune d'Avrillé, appartenait, en 1624, à Charlotte de Sallo, épouse séparée de biens de Gabriel de Châteaubriant; son fils Gabriel paya 1500 livres de rachat le 2 août 1655. Pierre Garnier l'acheta le 8 février 1655 et la céda à Charlotte et Marie-Charlotte de Châteaubriant, héritières de Charlotte de Sallo.

(14) Extrait d'un Vidimus fait à Talmond le xer août 1682, conservé aux Archives de la Vendée. En 1376, un Jean Cornet était chanoine de Poitiers. Il fonda, par son testamcnt, une chapellenie dans le cimetière dit de Cornetis au diocèse de Luçon, et légua une somme annuelle de i5 livres pour l'entretien du chapelain.

(15) Vers juin 1317, Jean était convoqué par le roi avec trente hommes d'armes ; la même convocation fut renouvelée les 12 novembre 1318, 22 février 1319, 7 juin 1319.

(16) Ces confréries étaient très communes alors : beaucoup se faisaient clercs et recevaient la tonsure ; le désir de se placer sous la juridiction ecclésiastique donnait de l'ouvrage à bien des barbiers coiffeurs.

(17) Ce Pierre de Vallée est cité comme témoin dans une lettre précédente octroyée par le vicomte Jean, en faveur de Guillaume Biron. Le sénéchal de Talmond, en 1323, était Lucas de Greyste, chevalier en 1333.

(18) Pièce conservée aux Archives de la Vendée.

(19) Pierre de la Veyrie mourut en 1333 (12 novembre). Le chapitre de Luçon était composé d'un doyen, d'un grand archidiacre, de deux archidiacres, de quatre prévôts, d'un chancelier, d'un sous-doyen, d'un sous-chantre et de vingt-neuf chanoines.

(20). Il est vrai que Hugues, son oncle, prenait aussi, le 29 avril 1328, le titre de vicomte de Thouars, dans un accord conclu avec l’abbaye de Saint-Jean-d'Angély.

(Trésor des Chartes, de M. Paul Guérin, t.I, p. 360.)

(21) Cartulaire de Saint-Jean d'Orbestier, ch. CLII.

(22) La Levenderie ou Lavanderie était un faubourg de Talmond, sur la route d'Olonne, du nom des lavandiers qui l'habitaient.

(23) Société de Statistique des Deux-Sèvres, 1875, p, gr. Donation sous le scel de Talmond établi, pour le roi de France, à cause du rachat à lui advenu par la mort de Hugues, vicomte de Thouars, le dimanche avant l'Ascension et le jeudi avant la saint Pierre, 1334. (Dupuy, vol. 328, p. G5. Bibl. nat.).

(24) Cartulaire d'Orbestier, ch. CLVII.

(25) On trouve plusieurs seigneurs de ce nom à cette époque : Guillaume le Vicomte, panetier de l'hôtel de Philippe de France, comte de Poitou, 24 novembre 1315 ; Jean le Vicomte, coseigneur de Villepreux, écuyer de cuisine; Guyard le Vicomte, maître des forêts en Poitou et Saintonge et châtelain de Benon, novembre 1316.

(26) 15 janvier 1335..

(27) Archives historiques du Poitou, t. XIII, pp. 137 et suiv.

(28) Trésor des Chartes, de M. Paul Guérin, t. 11, pp. 3 f et suiv. de l'introduction.

(29) Ce Raoul de Cahors ou de Caours fit sa soumission au roi de France Jean, en septembre 1350, moyennant le don des châteaux et terres de Beauvoir-sur-Mer, de l'Ile-Chauvet, de Bouin et de Lampant qui ne furent restitués à Olivier de Clisson que quelques mois avant le traité de Brétigny. Il fut ensuite prisonnier de Maciot de Mareuil, bourgeois de Nantes, qui s'empara de Noirmoutier et le laissa mourir en prison.

(30) Trésor des Chartes, de M. Paul Guérin, t. n, p. 18 r.

(31) Guy d'Apremont, seigneur de Poiroux et de Rié, en 1343, avec l'approbation de son frère Raoul, exemptait à perpétuité ses vassaux de l'île de Riez (Notre-Dame-de-Riez) des corvées qu'ils leur devaient pour rétablir le château alors détruit. En i356, il donnait même son adhésion à la démolition de la motte sur laquelle était autrefois le château. Ils portaient alors tous les deux le titre d'écuyer.

(32) Jean Jousseaume, écuyer en 1348, chevalier en 1353, fut ajourné au Parlement en cette occasion, et promit de comparaître en personne « sur plusieurs invasions, homicides, efforcemens de fermes, roberies, excès, villetés, gehines, feu-bouté, etc., perpétrez par lui en la dite ville, sur les dits habitans et prieur en enfreignant la sauvegarde royale. »

Il ne se présenta pas. Il fut poursuivi de nouveau cinq ans après pour des excès de même nature commis au préjudice de Simon Roussel, de complicité avec Jean de Beaumont, chevalier, seigneur de Bressuire, Geoffroy. de Cologne, chevalier, et autres... (Trésor des Chartes, de M. Paul Guérin, t. n, p. 37, n.).

(33) Guillaume Buor, seigneur de la Mothe-Freslon, marié avec Marie Ancelon de l'Ile-Bernard (voir plus loin la note relative à la famille Ancelon).

(34) En 1369, un certain Jean de la Haye, le jeune, fils de Jean de la Haye du Puy-Notre-Dame, probablement celui dont nous parlons, demeurant à Montreuil-Bellay, recevait un don du roi en compensation d'une rente de 20 livres qu'il possédait en Guyenne et qu'il perdit par le fait de la guerre. Il reçut aussi, en 1376, des lettres de rémission.

(35) Jean des Cloudis, probablement le même que ci-dessus, faisait un ascensement en 1364, sous le sceau de la Bénaste, en Bas-Poitou. Il y eut aussi un Regnaud des Cloudis présent à l'enquête faite sur l'état mental du seigneur de Thouars, à la même date.

(36) On trouve aussi un Etienne Cauvaing, prêtre, qui fonda un hôpital à Saint-Clémentin, près de Thouars (1345).

(37) Les Ancelon sont assez communs au xive siècle. Henri Ancelon, chevalier, seigneur de la Mothe-Frélon (1342); Ancelon Bertrand, seigneur de la Vieille-Court de Grues, vivait en 1319; ; Guillaume Ancelon, possédait la seigneurie de Sainte-Gemme-la-Plaine, et son frère Henri, demeurait au Plessis-Ancelon, près de Vouvant (1393). Le cartulaire de Talmond parle même d'un baron Guillaume Ancelon, en 1095, qui prononça un jugement avec d'autres barons au sujet de Villaron.

(38) Pierre Charruyau était abbé de la Grenetière en 1328. Un autre Raoul vivait en 1346. Charruyau de Nesmy et ses fils donnent à l'abbaye de Talmond le droit de prendre du bois, pour chauffer le four, dans le Bois-Buffet. (La Buffaie, paroisse de Nesmy.)

(39) Voici comment le prieur des Maufaits expose l'attentat : « Ad villam de Moffois et ibicirca venientes, more hostili et cum armis prohibitis, homines et justiciabiles dicti prioris, ac eciam habitatores predictos invadentes, domos eorum rupperunt, plures personas ceperunt, verberaverunt et murtro horribili interficerunl, p1ùres mulieres invitas violenter carnaliter cognoverunt, plures defloraverunt, plures que ex dictis habitatoribus questionaverunt ad finem ut bona sera et bona vicinorum suorum eis indicarent, bona ipsorum conquerencium, aurum, argentum, vassalamenta, vestes, pannos, jocalia et bona alia, fractis archis et seriniis, cameris et aliis locis, ubi ipsa erant, ceperunt, rapuerunt, robaverunt et asportaverunt, vina vastaverunt et effuserunt, pilerium: que ville super quod penuncelli nostri erant fixi in signum gardie  nostre combuxerunt, igneni in dicta villa in pluribus locis posuerunt et plura alia ibi perpetraverunt. »

(40) Renaud de Thouars, troisième fils de Hugues de Thouars, chevalier, seigneur de Pouzauges et de Mauléon, et de Isabelle de Noyers, fut élu deuxième évêque de Luçon le 16 mai 1334, et mourut le 12 mars 1353. Le fait relaté ci-contre ne semble guère justifier l'éloge que fait de cet évêque M. l'abbé du Tressay, dans son Histoire des moines et des évêques de Luçon.==>La baronnie de Pouzauges, son donjon de la famille de Thouars.

(41) Trésor des Chartes, de M. Paul Guérin. Introduction, pp 4. et suiv., t. 11.

(42) C'est à cette date qu'Olivier de Clisson fut nommé lieutenant du roi anglais dans cette province.

(43) Cuzorn, commune du Lot-et-Garonne.

(44) Guillaume de Lestang avait été d'abord pour les Anglais à Guérande ; il passa ensuite du côté des Français, et, après l'équipée de 1355, fut fait châtelain de Thouars par reconnaissance. Louis en fit son ami au point, « quod eumdem vice comitem et ejus jurisdi- cionem regebat. »

(45) Archives historiques du Poitou, t. XVII, p. 257.

(46) La première femme de Louis avait été Jeanne de Dreux, mère du dit Simon.

(27) Archives historiques du Poitou, t. XVlI, pp. 315 et suivantes.

(48) Pierre Boschet, bachelier ès lois, seigneur de Saint-Cyr, Saint- Vincent-sur-Jard, la Chassée, Sainte-Gemme, était probablement neveu ou cousin de Jean Boschet, ancien doyen de Montaigu et doyen de Talmond à partir du 5 juillet l 341. Il devint président en la grande Chambre, le 10 avril 1389, et mourut le 4 février 1411. Il possédait un hôtel à Saint-Cyr où il venait se reposer de ses fatigues, car il était fort débile, ce qui l'empêcha de passer premier président.

(49) Guy d'Azay appartenait à une ancienne famille de Touraine.

(50) Archives historiques du Poitou, t. XVII, pp. 322 et suivantes (7 juillet 1361). Simon était né en 1344.

(51) Miles de Thouars, seigneur de Pouzauges et de Tiffauges, chevalier banneret, était fils de Hugues, seigneur des dits lieux, vicomte de Thouars, comme nous l'avons montré, et de Isabeau de Noyers ; il épousa Jeanne, dame de Chabanais, et était frère de l'abbé de Luçon, Renaud.

(52) En 1376, il existait un Hugues Bœuf, écuyer, fils de Jean Bœuf, aussi seigneur de Chitré, fief tenu à hommage lige de l'évêque de Poitiers; nous avons aussi parlé plus haut d'un Geoffroy Le Bœuf, recteur de l'église de Coulonges.

(53) Un Pierre de Pont-de-Vie, rendit aveu, en 1344, à Jean, duc de Normandie, comte de Poitou, pour la tierce partie de la dîme du terrage des blés et autres droits au village de la Brosse, situé dans la châtellenie de Belleville. Un Jean de Pont-de-Vie avait un manoir à Villeneuve, paroisse de Nesmy, où il demeurait en I396.

(54) Louis Chabot, chevalier, seigneur de Pressigny, la Roussière, Champagné, Sainte-Gemme, fils de Guillaume Chabot, chevalier, seigneur de Chantemerle, et de Jeanne Pouvreau, dame de la Roussière et de Pressigny, mourut sans postérité.

(55) Maurice Cathus, chevalier, seigneur du Bois-Cathus, près Beauvoir-sur-Mer, épousa Eustache de la Foret, sœur de Hugues de la Forêt, chevalier.

(56) Géheudin Chabot, chevalier, fils de Guillaume Chabot, seigneur de Chantemerle, et de dame Jeanne Pouvereau, frère du précédent, épousa Jeanne de Sainte-Flaive, dame de Nesmy.

(57) jean Catus, seigneur des Granges, du Bois de Saint-Généroux et des Linaus, père de Maurice, dont nous avons parlé plus haut.

En 1412, le seigneur des Granges (Saint-Hilaire-de-Talmond), était Hugues Catus, veuf de Catherine jousseaume, et payait 80 livres pour le rachat de cette terre.

(58) Maurice Raclet était à Puybéliard le 21 mai 1351, lorsque Louis signa un accord avec les moines de Mauléon ; il était parent de l'abbé de Talmond.

Un Maurice Raclet figure parmi les officiers nommés par le roi d'Angleterre, en septembre 1361, comme lieutenant du sénéchal de Poitiers, Guillaume de Felton ; il possédait le fief de la Crespelière dans la châtellenie de la Garnache, diverses terres aux environs de Chaillé et d'autres à la Joannière et à la Billotière, dans la châtellenie de Belleville.

(59) Maurice Dubourg, capitaine de la Chaize-le-Vicomte, en 1361, était parent de Pierre Dubourg, abbé d'Orbestier.

(60) Olivier d'Aubigné, fils de Savary d'Aubigné, chevalier, et de Hormeur de la Haye-Passavant, épousa Eutisse du Puy, en 1329.

(61) Guillaume Blanchardin, probablement parent de Jean Blanchardin, châtelain de Thouars, en 1392.

 (Mélusine dans Le Reductorium morale de Pierre Bersuire, Bénédictin à l’abbaye de Maillezais)

 (62) Georges Bersuire, de la famille sans doute du fameux bénédictin Pierre Bersuire, avait épousé Jeanne Gauteron : ils étaient morts tous les deux le 2 août 1375, comme le montre un procès existant à cette date au Parlement, à propos de la succession de Jeanne, veuve de Georges Bersuire, et où figure Jean Blanchardin, cité plus haut.

(63) Simon Symes vit, en 1371, ses biens de l'île de Bouin confisqués pour avoir pris le parti des Anglais, et donnés à Jeanne Chabot, sœur de Girard, sire de Retz. Nicolas Symes, dans un aveu du 17 décembre 1407, déclare tenir de la Roche-sur-Yon les deux parts par indivis du droit de terrage, des fruits croissant sur les terroirs et tènements des villages de Lambertière et de la Loclière, sis en la paroisse des Clouzeaux. (Voir, dans le chapitre consacré aux seigneurs d'Amboise, l'épisode auquel furent mêlés un Gilles Symes et Jeanne Marteau, sa femme.)

(64) Cartulaire d'Orbestier, ch. CCIX, page 250.

(65) Aimeri de Thouars avait épousé Marguerite de Chevreuse, veuve de Jean de Bouville.

(66) Cartulaire d'Orbestier, ch. CCX.

(67) Cartulaire de Chambon et Petite Chronique de la Chaise.

(68) Jeanne de Dreux, dame de Saint-Valéry et de Gamaches, fille de Jean II, comte de Dreux, mourut vers 1555.

(69) Elle était fille de Henri d'Avaugour et de Jeanne d'Harcourt.

(70) Archives nationales, p. 1345, cote 633. Le roi donna même, le 25 octobre 1369, à Jean de Saint-Père, tout ce qui appartenait à la vicomtesse de Thouars, dans la ville de Doux.