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PHystorique- Les Portes du Temps
19 avril 2023

Mémorial des Abbesses de Fontevrault issues de la Maison Royale de France accompagné de Notes Historiques et Archéologiques

Depuis que Robert d'Arbrissel jeta à Fontevrault, au commencement du XIIe siècle, les fondations de son Ordre fameux par l'étrange prépondérance qu'il accorda aux femmes sur les hommes (1), jamais cet Institut ne fut plus resplendissant que sous le gouvernement des abbesses issues de la Maison royale de France (1491-1670) ; car à l'éclat de la naissance elles unirent toujours le charme de la vertu.

C'est en quelque sorte l'histoire de ces femmes célèbres, que contient le MÉMORIAL DES ABBESSES DE FONTEVRAULT ISSUES DE LA MAISON ROYALE DE FRANCE.

Rédigé par quelques moines de l'abbaye, ce mémorial est une sorte de journal où les évéments sont consignés sans fard, au fur et à mesure de leur apparition, aussi peut-on y suivre pas à pas, les travaux des abbesses, depuis la bénédiction abbatiale donnée à Renée de Bourbon, jusqu'à l'entrée à Fontevrault, en qualité de coadjutrice, de la spirituelle Jeanne-Baptiste de Bourbon, fille naturelle de Henri IV.

Pendant plus de deux siècles, le monastère de Robert d'Arbrissel vit grandir et mourir sous ses voûtes antiques, plusieurs générations de vertueuses princesses du sang royal, qui demandèrent au cloître les pures jouissances de l'âme, que leur penchant naturel ou les raisons d'État, leur firent rechercher dès l'enfance.

Marie de Bretagne et Anne d'Orléans furent du nombre de ces femmes d'élite, qui appartenaient par leur origine à la couronne de France, et puisèrent dans cette haute extraction, le sentiment étroit du devoir, par l'observance rigoureuse de la règle.

Aussi furent-elles les premières abbesses qui entreprirent la réforme de l'Ordre et s'y soumirent fidèlement. Ce pieux exemple fut suivi par leurs parentes des Maisons de Bourbon et d'Orléans, qui leur succédèrent sur le siège abbatial de Fontevrault, où elles s'illustrèrent également par leur piété et par la sagesse de leur gouvernement.

Le MÉMORIAL DES ÀBBESSES DE FONTEVRAULT ISSUES DE LA MAISON ROYALE DE FRANCE est extrait du cartulaire de Fontevrault, conservé à la Bibliothèque Nationale, fonds Gaignières. (Cartul. Monasterii Fontis Ebraldi, t. II, fol. 349389; n° 5480, F. latin.)

Il contient d'intéressants détails sur la réforme de l'Ordre et sur les particularités de l'administration des abbesses, depuis Renée jusqu'à Jeanne-Baptiste de Bourbon.

On y trouve également de curieux renseignements archéologiques sur les travaux d'art exécutés dans le célèbre moutier, et sur les objets précieux offerts à l'église abbatiale, à l'occasion de la vêture et de la profession des religieuses issues des Maisons de Vendôme, d'Alençon, de Montpensier, de Soissons, de Lorraine, etc.

Enfin, l'Ordre de Fontevrault a occupé une trop grande place dans le monde monastique, pour que les particularités qui se rattachent à son passé ne soient pas recueillies, pour servir, plus tard, à l'histoire complète de l'Institut de Robert d'Arbrissel.

C'est le motif qui m'a engagé à tirer de l'oubli les lignes qui suivent, peut-être ne paraîtront-elles pas indignes d'intérêt.

Pour mieux apprécier l'importance de l'abbaye royale de Fontevrault, sous les abbesses de la Maison de Bourbon, et les grands travaux qu'elles firent exécuter dans ce célèbre monastère, il m'a paru utile de joindre au MÉMORIAL le plan de l'abbaye, publié antérieurement par M. Albert Lenoir (Architure monastique, t. II, p. 477), auquel j'ai ajouté une légende, et comme corollaire à ce plan la vue du dupiez monasterium, d'après un dessin de la collection de Gaignières, gravé par l'habile aquafortiste angevin, M. Pierre Vidal, de la Bibliothèque Nationale.

 

MÉMORIAL

DES

ABBESSES DE FONTEVRAULT

ISSUES

DE LA MAISON ROYALE DE FRANCE

L'an de l'Incarnation de Nostre Seigneur 1491, au moys de septembre, le 23° qui estoit vendredy, fut postulée pour abbesse du grand monastère et ordre de Fontevrauld, Madame RENÉE DE BOURBON (2), laquelle paravant et au mesme an avoit esté eslue et beniste abbesse de Saincte-Trinité de Caen (3), dont avoit prins possession au moys de juing précèdent, le jour de la Trinité, l'an 1491, et avoit alors environ 22 ans de eage.

Le penulliesme jour d'octobre, sur vigile de la Toussaint, qui estoit dimanche, audit an 1491, ladite Dame fit son entrée et fut receue en sa dite abbaye de Fontevrauld et par l'espace de treize ans ensuivant elle tint les deux abbayes de Fontevrauld et Caen (4) et travailla fort les réduire et mettre en bonne forme et manière de vivre.

A la feste de Chandeleur audit an, la dite Dame feit professe en ce lieu de Fontevrault (5) Madame Isabeau de Bourbon (6), sa soeur, qui avoyt prins l'habit de relligion au couvent de Poissy près Paris, de l'ordre des Jacobins, et la retira ladite abbesse dudit lieu de Poissy, avant qu'elle y eust fait profession, pour la mettre en son ordre.

En l'an 1496, Madame Renée de Bourbon alla visiter son abbaye de Caen, en Normandye, ou elle se tint quelque espace de temps, et voulant retourner a Fontevrault prit son chemin par son couvent de Cheze Dieu (7), et de la s'en vint a la Magdelaine d'Orleans, accompagnée du bon père Gacien Hue, docteur en théologie, qui s'estoit rendu religieux a Fontevault a la requeste de Madame Marie de Bretaigne, abbesse dudit lieu (8), et y avoit ledit bon père fait profession avant la Reformation de la Magdelaine d'Orléans (9), et l'avoit fait, deffuncte Madame Marie, secretain du grand moustier de Fontevrauld.

Or donc le bon père amena par sa supplication ma dite Dame Renée de Bourbon, comme dit est, a la Magdelaine et y arriva le 12e jour du mois d'octobre, et esloyent avec elle Madame sa soeur, Ysabeau de Bourbon ; Madame de Saint-Ladre, soeur Jehanne du Mas (10); Madame la tresoriere, soeur Blanche de Monbron (11); Madame la Perri; soeur Jehanne de Brece; soeur Marie de Soulas (12); soeur Marguerite Rogre (13) et Perrette de Grillemont, non encore relligieuse, et demeura madite Dame en son dit monastère de la Magdelaine d'Orléans l'espace de huict jours, durant lesquels instruite dudit bon père Me Gacien, feit tout acte de Visitation, c'est assavoir devant elle iceluy visita le Sainct-Sacrement, puis elle fit son examen et tout le chapitre; fit ouir les comptes par un de ses religieux, lors curé de Sainct-Michel, en Fontevrauld; aussi fit sa Visitation aux religieuses et a la fin desdits huict jours, qui estoit la feste de sainct Luc et jour de l'obbit de deffuncte Madame Marie de Bretaigne (14), elle fil tout l'office tant aux vigilles que le lendemain a la messe.

Le 19e jour dudit nioys de octobre audit an, madite Darne partyt de son couvent de la Magdelaine et donna ce jour la le prieuré de Belhomer (15) pour estre reformé, et en bailla le litre a soeur Marie de Savoisy, donnant bien a entendre, a tout le couvent, qu'elle avoit désir et intention de reformer Fontevrauld. Y avoit cinq ans qu'elle estoit abbesse.

De la, alla a Fontevrault, passa par Vendosme ou estoit Madame sa belle-soeur, Madame Marie de Luxembourg (16), qui estoit venue de Picardie audit lieu, pour faire le service du bout de Tan de Monsieur son mary. Et avoit avecq elle Mademoiselle Loyse de Bourbon, sa fille, eagée d'un an et demy, laquelle elle donna a madite Dame de Fontevrault qui la mena avec elle audit lieu (l7) et arriva audit an, de Fontevrault, a la Sainct-Martin d'hyver.

Onze ans après que ladite Dame fut abbesse de ce lieu de Fontevrault, voyant qu'elle ne pouvoit faire condescendre ses religieuses a son désir de reforme, entreprint de aller jusques a Paris pour chassant par arrest de parlement, luy estre ordonnée ladite reformation et de fait entreprint ledit voyage et se tint très honnestement et religieusement audit lieu de Paris, depuys la fesle des Roys que l'on disoit 1502, jusques a la feste de la my aoust 1503, qu'elle retourna audit lieu de Fontevrault et vint peu après Noël audit an.

 Quand elle eust declairé a ses relligieuses son intention et désir, et qu'elle congneut quy ne vouloyent condescendre, meue de grand et merveilleux zèle a l'honneur de Dieu et augmentation de saincte observance, assembla plusieurs grands personnages, scavans et de saincte vie, tant de relligion que séculiers, a gros frais, mises et dépends, au lieu de céans; c'est assavoir: M. Robin; M. le grand prieur de Clugny, Bourgoin (18); l'abbé de Cheze Benoist, frère Yves Morisson (19), et M. Besençon (20), par Fayde et conseil desquels furent expulsées les relligieuses rebelles et qui resistoient a la reformation (21).

 Et les envoya ladite Dame abbesse honnestement accompagnées en plusieurs de ses couvents et prieurez de son Ordre, pour y faire le service divin et y user relligieusement le reste de leurs jours (22). Et envoya quérir a ses dépends des religieuses en sept de ses couvents ja reformez par Mesdames ses predecessesses, abbesses defunctes de bonne mémoire, Mesdames Marie de Bretaigne et Anne d'Orléans (23); c'est assavoir : de la Magdelaine d'Orléans (24), Caze Dieu en Normandie (25), Fontaine en France (26), Foicy en Champaigne (27), L'Encloistre en Gironde (28), Variville en Beauvoisis (29), les Filles Dieu de Paris (30), et vinrent jusques au nombre de quarante deux (31).

Une partie desdites relligieuses arrivèrent en ce lieu de Fontevrault le 14° jour d'apvril, qui estoyt le lundy de Quasimodo au soir, et furent introduites au dedans dn grand monastère par le commandement de madite Dame Renée de Bourbon, en Fan que l'on disoit 1504, et y avoit eu bissexte a la St Mathias précédente, que l'on disoit 1503. L'autre partye desdites relligieuses reformées vinrent peu de jours après.

Le mercredy 16e jour d'apvril audit an, madite Dame meit ses relligieuses reformées au choeur de sa grande église de céans, et leur fist commencer a vespres a dire le service divin, qu'elles ont tousjours continué jusques a présent. 

Le 13e jour de juing l'an 1505, voulant demonstrer par effect son très sainct et dévot propos, elle fit le voeu de closture, etestoit vendredy, environ l'heure demidy, faisant et offrant a Dieu son sacrifice et oblation volontaire dudit voeu de closture, au jour et heure, queluy, pendant en croix, a fondé et ordonné ce sainct ordre, et a esté la première abbesss, qui, depuis ladite fondation, a adjouté es voeux de sa profession ledit voeu de closture, pour en aucune manière réintégrer l'estroite observance et vye qui estoit observée au commencement de ladite fondation.

Laquelle a raison de l'austérité très grande ne pouvoit, pour la debillité du temps qui court, estre du tout ne au parfait ensuivye. Parquoy, par une manière de quelque recompense, a bien voulu ledit voeu qui n'estoyt en usaige au commencement de ladite fondation primitive.

Et pour recevoir son dit voeu de closture assistoient comme commis du Sainct-Siege apostolique : M. l'evesque d'Avranches, Mgr Loys de Bourbon, frère naturel (32) de ladite abbesse, et Me Clerée, confesseur du roy Loys XIIe de ce nom, entre les mains desquels, comme représentant la personne du Pape, elle feit son dit voeu, et leut la bulle le bon père abbé de Sainct-Vincent du Mans, frère Yves Morisson. Estoyent présentes audit voeu : la Royne de France, Anne, duchesse de Bretaigne (33) et avec elle Madame la comtesse de Nevers, Charlotte de Bourbon (34), soeur germaine de ladite abesse, qui depuys, comme sera dit cy après, s'est rendue relligieuse en cedit monastère de Fontevrault; aussi en la compagnie de ladite Royne y avoit Madame la duchesse de Valoys, Jehanne d'Orléans (35), tempte du Roy François, Ier de ce nom ; Mademoyselle de Foix (36), niepce du Roy Loys XII; Madame de Pointievre (37), et plusieurs autres soeurs et dames.

Deux jours après que ladite Dame abbesse eust fait ledit voeu de closture, ses autres relligieuses dessus nommées qui estoyent demeurées en ce monastère jusqu'au nombre de quatorze, sans les novices, comme dessus est dit, tant ciergesses que soeurs layes, firent le voeu de closture par la sainte monition et bon exemple de ladite Dame abbesse.

Le dimanche ensuivant, 22e jour de juing, audit an 1505, fut beniste Madame Ysabeau de Bourbon (38), grande prieure de Fontevrault, en ladite église, abbesse de Gaen par les mains dudit sieur evesque d'Avranches. Et estoyt laditte Dame Ysabeau, soeur, a la Toussaint de devant que l'on disoit 1504, affin qu'elle miste en laditte abbaye bon ordre et reformation, ainsy que deppuys elle a faict.

L'an 1507, le 26e jour de juing, qui estoyt dimanche dedans les octaves sainct Jehan-Baptiste, feste de sainct Pierre et sainct Paul, martyrs, feist madite Dame Renée, abbesse de Fontevrault, mettre et poser le décret en sa dicte abbaye, et le y mist M. l'archevesque de Lyon délégué du Sainct-Siege apostolique, Françoys de Rohan (39), avec ung subdelegué de M. l'archevesque de Tours, nommé frère Yves Morisson, abbé de Sainct Vincent du Mans, dont est faict cy devant mention en l'article du voeu de laditte abbesse, a ce présentes et acceptantes ces dictes relligieuses cy dessus nommées, fors soeur Françoise de Monberon et la soeur laye, soeur Paule, qui n'estoient plus en ce lieu de Fontevrault.

 Et oultre le susdit nombre y avoit audit décret aultres relligieuses tant du coeur (40) que soeurs layes, qui avoient esté professes en ce lieu par laditte Dame abesse, et toutes faisoyent le nombre de quatre-vingt deux professes et dix novices qui toutes acceptèrent ledict décret. Aussy y estoient des religieux de l'Ordre reformez : frère Philipe Fontaine, prieur de Sainct-Jehan de l'Habit (41), confesseur de ladicte Dame abbesse; frère Michel Fatuel, secretain du Grand Moustier; frère Jacques Daniel et autres plusieurs acceptant ledict décret.

 Aussy y estoit le procureur du Roy a Saulmur, et autres gens de conseil.

L’an 1510, le 19° jour de janvier, qui estoit un dimanche, madite Dame vestit religieuse Mademoiselle Loyse de Bourbon, sa niepce, fille de M. de Vendosme, François de Bourbon, frère aisné de laditte Dame abbesse; laquelle Damoiselle luy avoit esté donnée de mondict sieur son frère incontinent qu'elle fut née (42), et luy fut baillée et mise entre ses mains par Madame sa belle soeur, mère de ladite Damoiselle, comtesse de Sainct-Paul, que l'enfant n'avoyt que dix huit moys.

Ensuivant l’intention et don que en avoit fait a Dieu et a ladite Dame abbesse sa soeur, ledict bon Seigneur son mary ja trépassé ung an avant que ladite Damoiselle n'avoit que six moys, et fut introduite par ladite Dame abesse céans, a la sainct Martin d'hyver 1496, et avoyt esté née le 1er jour de may l'an 1495, et fut en habit séculier audict grand monastère de céans jusqties au jour susdict, 19 janvier 1510, qu'elle avoyt quinze ans et huit moys et demy, tousjours en grand désir de parvenir, a ce bien de relligion persévérant a le requérir et demander a Messieurs ses parens.

 C'est Madame sa mère et Messieurs ses frères qui ne luy osoient octroyer, pour la crainte du roy Loys XII, qui ne vouloit permettre qu'elle fust relligieuse (43).

A la fin et qu'elle les eusl tous gagnés par larmes et supplications, receut l'hiibit de l'Ordre en 1res grande dévotion, et le luy bailla laditte Dame abbesse, sa tante, en grande joye d'esprit.

Présente madite Dame sa mère, veuves (44); Messieurs ses frères, le duc de Vendosme (45), et comte de Saint-Pol (46); aussy, Monsieur le prince de la Roche-susYon, Loys de Bourbon (47), frère de ladite Dame abbesse et oncle desdicts seigneurs, et Demoiselle Loyse de Bourbon. Aussy y estoit Madame la princesse femme dudifc seigneur, nomée Loyse de Bourbon (48), soeur aisnée (49), du duc de Vendosme et de Madame de Lorraine. Pareillement estoyt présente a ladite vesture, Mademoiselle de Vendosme, Anthoinette de Bourbon, soeur de ladite Damoyselle Loyse, qui a depuis épousé M. de Guyse (50), second fils du roy de Cécile (51).

Le mardy ensuivant ledit dimanche, feste de sainte Agnes, présente ladite compagnie, fut faite professe ladite damoiselle desja nommée, soeur Loyse de Bourbon. Car paravant elle portait l'abit séculier, avoit comme an de probation, suivant le service divin et ceremonyes régulières, pour aultant que ne pouvoit, comme dit est, de Messieurs ses parens, avoir son octroy d'entrer en relligion, Et donna, madite dame sa mère, a sa dicte vesture et profession la chapelle de drap d'or rayé qui fut sa robe et la chapelle de velours cramoisy qui lut sa cotte, avec 80 escuz pour faire un sainct Loys d'argent ou mettre a autre ornement de l'église, et 100 escuz de pension.

L'an 1513, au moys de febvrier, se rendit religieuse Madame Charlotte de Bourbon, contesse de Nevers, duchesse de Breban, laissant en son 40e an, toutes vanitez, honeurs et biens mondains; environ six ans après le trespas de M. son mary (52), qu'elle vesquit en viduité, en grand honneur et dévotion de vye. — Et fut en habit de novice ung an et quatre moys, se maintint en incredible humilité, et le 18e jour du moys de may, feste de la Penthecoste 1515, elle fut professe par les mains de ladite dame abbesse sa soeur.

Donna ledict jour de sa profession a l'église de céans des ornemens de drap d'or frizé ; c'est assavoir : la chasuble, tuniques et chape, dont l'aune cousta 50 escuz. Un vesseau pour porter le Corpus Domini soustenu de deux anges, garny de riches pierreries.

Ung ciel (52) de drap d'or traict frizé, a bandes de velours tané pour porter sur Nostre Seigneur le jour de la feste du Sainct-Sacrement. Item deux paremens et tables d'autel de broderies d'or de Chypre sur velours cramoisy ; en Fun est Nostre Dame de Pityé, sainct Jehan et la Magdelaine ; en l'autre Dieu de Pityé et Nostre Dame, semé aux armes de la Passion (53).

 Item une fort belle coupe de porcelaine a pié et couvercle d'argent doré, qu'elle donna ledit jour, pour enrichir et orner le reliquaire, et retint pour son vivre 1200 1. de pension, qui furent en grande ayde a faire la réparation des édifices.

Elle vesquit depuys sa profession en son accoustumée vertu d'humilité et pauvreté ; car combien qu'elle eust grosse pension, si ne prist-elle jamais dessus aucun habillement, mais emporta les siens premiers en la terre.

Elle vesquit deppuys sa profession cinq ans, huit moys, et trespassa le 14e jour de novembre a une heure après mynuyt, le lundy, 1520, et est inhumée devant la grand'grille du costé de l'aulel de Nostre Dame, auprès du pepiltre de pierre quy est derrière ledit autel (54).

 Et le samedy précèdent, 12e dudit moys, estoyt trespassé M. le prince (55) dont devant est faite mention, frère de laditte Dame abbesseet de ladite deffuncte, lequel seigneur à faict de grandes aydes a la refformation.

Le 6e jour de juing 1517, vendredy lendemain de la feste du Sainct-Sacrement, vint en ce lieu le roy François Ier de ce nom (56), faire son entrée et voir ladite dame abbesse et son monastère (57) ; avecque lui la royne, Madame Claude, fille du roy Loys 12°, Madame la Régente sa mère, Loyse de Savoye (58), et autres plusieurs seigneurs et dames du sang (59), et bailla le Roy entre les mains de ladite Dame abbesse, sa soeur naturelle, nommée soeur Magdeleine d'Orléans, abbesse de Joerre, pour l'instruire en la reformation qu'il vouloit qu'elle tint en sa dicte abbaye de Joerre en la forme qu'elle est céans. Et fit le voeu de closturè ladite abbesse deux jours après. Fut en ce lieu, soubz la conduite de madicte Dame de Fontevrault cinq ans. Ce que voyant et considérant ladite Dame abbesse de céans et que ladite Dame abbesse de Joerre avoit bon zèle a la reformation, impetra son retour en son abbaye de Joarre.

Et partyt de ce lieu le dernier jour de may 1522 (60)

L'an 1519 vendredy 12e d'avril, vendredy devant Pasques fleuries, que l'on celebroit la feste de Nosfre Dame de Pityé que ladite Dame abbesse, Madame Renée de Bourbon, a ordonné de son temps estre solempnisée en tout son ordre, et c'estoit le cinquiesme an de l'institution de ladite feste ; luy furent apportées nouvelles de l'arrest sur l'union de son ordre, que par l'espace de quinze ans elle avoit pourchassé par toutes voyes et manières possibles, lequel arrest depuis elle a faict exécuter comme- il paroist par expérience.

Le 17e de janvier feste de Sainct-Antoine 1519, fut céans amenée la mère abbesse de Saincte-Croix, nommée soeur Marie Berlande (61), par le commandement du Roy et arrest de la court. À ce qu'elle fust par ladicte Dame abbesse instruite en la Reformation. A vescu ladite,abbesse de Saincte-Croix au lieu de céans treize ans, deux mois, en servant Dieu dévotement et en grande patience.

Est trespassée le 23e jour de mars, qui estoit le quart dimanche de Caresme 1532, et enterrée devant l'autel de Saincte-Radegonde, sa saincte maistresse et patronne, a laquelle avoit singulière dévotion.

L'an 1523, Madame l'abbesse impetra de Rome la confirmation du grand arrest de reformation de son Ordre et a eu ses bulles, qui ont esté ratiffiées et approuvées par le grand conseil du Roy.

L'an 1524, le jour de la Magdelaine, arriva en ce lieu Madame la douairière du duché de Vendosmois (62), accompagnée de M. le cardinal de Bourbon (63), son filz, et de cinq de Messieurs ses petits enfans ; trois filz et deux filles, enfans de M. le duc de Vendosme, son filz aisné et de Madame Françoise d'Alençon (64), fille aisnée du duc d'Alençon, femme dudit seigneur, laquelle dame douairière présenta a Dieu, entre les mains de ladite dame abbesse Mademoiselle Magdelaine de Bourbon, sa petite fille (65), qui estoit du nombre des cinq petits et estoit eagée de trois ans et demy. Et avoit esté née ladite Damoiselle Magdeleine, le jour de la Purification Notre-Dame 1520, et l'offrit sur l'autel de l'église de céans.

A ce présent Madame la princesse de la Roche-sur-Yon, dont cy-dessus est faicte mention et Messieurs ses trois enfans, deux fils et une fille.

L'an 1526, le 18e d'aoust, vint en ce lieu pour estre religieuse Madame Catherine de Navarre (66), soeur du Roy de Navarre.

Fut deux ans en habit séculier, eagée environ trente ans, et fut vestue religieuse par ladite Dame abbesse le 3e d'aoust qui estoit vendredi 1527, et trois jours après fit sa profession. A esté quatre ans audit lieu de céans.

Au chef desdits quatre ans, le 12e de juillet 1531, trespassa Madame Ysabeau de Bourbons, abbesse de Caen, dont dessus est faicte mention, et fut esleue madite Dame Catherine de Navarre abbesse.

Partit de ce lieu le 12e jour de octobre audit an 1531 pour aller audict lieu de Caen, et parce qu'elle se trouva avant le bout de l’an très griefvement mallade, supplia madite Dame Renée de Bourbon, abbesse de ce lieu, luy permettre retourner en ce lieu, ce qui luy fut concédé, et arriva le jour Sainct-Michel au soir, qui estoit dimanche, l'an 1532, et fut fort malade lespace de sept sepmaines et trespassa au dimanche le 17e jour de novembre. Fut abbesse beniste ung an, six jours, et enterrée devant le grand-autel du Crucifix, au coeur de l'église du grand moustier de céans.

Item faut notterqueenl'an 1521, ladite Dame abbesse cognoissant les vertus de sa niepce, soeur Loyse de Bourbon, a la requeste de la communauté, le 15e jour de febvrier. audit an 1521, la constitua grande prieure de céans ; elle estant en l'eage de 26 ans, 9 moys, tellement que c'estoit ung.miroir de vertu.

L'an 1527, le 14e jour d'avril, jourdePasques flories, fut amenée céans Mademoiselle Renée de Lorayne, fille du duc de Guyse et de Madame Antoinette de Bourbon (67), niepce de ladite Dame abbesse, soeur de ladite Dame mère grande prieure, et estoit eagée de cinq ans et demy.

Demeurèrent, lesdites deux Damoiselles de Vendosme et de Guyse, sans avoir l'habit de religion, jusqu'au 25e jour de may 1529.

Lequel jour, présente Madame la duchesse de Vendosme, mère et tante desdictes damoiselles, furent vestues en grande joye et solemnité de ladite abbesse, leur grand'tante. Y estoit aussy Madame la princesse de la Roche-sur-Yon et Messieurs ses trois enfans (68), et sont lesdites deux damoiselles (69) cousines germaines et nées de germain, car Madame la duchesse susdite est cousine germaine de Monsieur de Guyse.

A esté donné par madite Dame de Vendosme la chappe de satin broché, riche tissu de soye tannée (70). Monsieur et Dame de Guyse ont donné une chapelle, la chappe de toille d'or trait tyssu de soye violette, ung sainct Jean Evangeliste d'argent doré, ou il y a sur le pied quatre saints enlevez (71).

Davantaige madite Dame de Lorrayne a donné ung Dieu en forme d'enfant tenant sa croix, tout d'or. M. le cardinal de Lorrayne, oncle desdites Damoiselles, maintenant nommées soeurs Magdelaine et Renée, par deux foys qu'il est venu céans, a donné ung calice et platene (72) d'or et ung relicguaire d'or en forme de paix, et plusieurs autres biens et grands dons qu'ont fait lesdits seigneurs et dames de ces deux maisons de Vendosme et de Guyse. En quoy ne doibt estre oublié, le beau Dieu de Pityé ou Sainct-Suaire sus satin cromoisy, que a donné Madame la Douyriere de Vendosme, et les deux paremens cramoisy, ou est en broderye d'or de Chypre, ung crucifix en l'ung et l'Annuntiation en l'autre, que a donné Monsieur de SainctPaul, nepveu de ladite Dame abbesse, frère de ladite mère grande prieure et oncle desdictes deux soeurs Magdelaine et Renée.

L'an 1532, le Ie d'avril avant Pasques, après le deceds de ladite bonne mère abbesse de'Saincte-Croix, fut apporté les nouvelles a ladite Dame abbesse, que le Roy avoit donné l'abbaye de Saincte-Croix de Poitiers a Madame Loyse, sa niepce, grande prieure de céans, et estoit ledit jour le vendredy, avant Pasques flories, que Ton célébrait la feste de Notre Dame de Pityé.

Le 17e jour d'apvril 1533, après Pasques, qui estoit le jeudy de la semaine de Pasques, fut faicte professe soeur Magdeleine de Bourbon, eagée de douze ans, trois moys et demy, de la main de ladite Dame abbesse sa grand'- tante.

Le 10° jour de septembre audit an 1533, fut amenée céans et receue par ladite Dame abbesse, Mademoiselle Renée de Bourbon, fille de M. le duc de Vendosme et Madame Françoise d'Alençon, dessus nommée (73), soeur de soeur Magdeleine de Bourbon, dont est faicte mention de sa profession au chapitre précèdent.

Le 21° de.septembre, furent apportées les bulles pour Madame de Saincte-Croix, soeur Loyse de Bourbon, grande prieure de céans, et en allèrent prendre possession pour elle les officiers de madite Dame sa tante, abbesse de céans, le 23° septembre audit an 1533, audit lieu de Saincte-Croix de Poitiers.

Et estoyt pour ladite Dame Loyse pour prendre possession Me Gaucher de Saincte-Marthe, docteur en médecine, médecin ordinaire de ladite Dame abbesse de céans et de son monastère (74).

L'an 1505, le 12° d'octobre, lesdits relligieux non reformez resistans au bon et saint voulloir de ladite Dame abbesse, revindrent sans son seu, remettre audit prieuré de l'Habit (75), et en expulsèrent le prieur et religieux reformez. Ce que voyant ladite Dame abbesse envoya quérir ung des conseillers de la cour de Parlelement pour expulser lesdits religieux rebelles. Aussy lui envoya de l'ayde, M. le prince, son frère, par ses gentilshommes, et besongna ladite Dame de sorte que la vigille de Noël en suyvant et audit an, lesdits relligieux rebelles comparurent devant elle a la grand'grille du Grand Moustier; lesquelz, présent le lieutenant de Saumur et aultres, humblement requirent pardon de leur témérité et hardiesse. Ladite Dame les receut a miséricorde, et deppuys nul n'osa attenter a faire telles entreprises.

Depuis, ladite Dame a constitué en divers temps prieurs de l'Habit (76), et depuys son grand arrest (77), de son bon voulloir, s'est soumise a avpir pour son abbaye ung visiteur.

L'an 1525, fut par ladite Dame, le lundy des octaves du Sainct-Sacrement, accepté M. de Sainct-Martin des Champs (78), et en l'an 1528, audict jour fut par elle en ceste charge accepté M. l'abbé de Sain et-Victor de Paris, frère Jehan Bordier (79), lesquels chacun en leur triennal ont faict deux visitations.

L'an 1531, ledit lundy des octaves du Sainct Sacrement fut accepté par ladite Dame ledit de Sainct-Martin des Champs, frère Estienne Gentil. Ledit lundy 1534, fut par elle accepté de rechief l'abbé de Sainct-Victor, frère Jehan Bordier quy ne visita point.

Item ladite Dame de son authorité et puissance a abaissé son vicariat, pour visiter tous les couvents de son ordre tant reformez que non reformez, et le premier qu'elle institua, depuys le grand arrest de l'union dudit ordre donné, fut l'an 1522, au beau père Me Lancelot Pingault, son relligieux, qui y fut trois ans.

La première profession qui y fut faicte en tout son Ordre, deppuys le jour quelle eust prins possession de son abbaye de céans, qui fut comme j'ay escrit le penultiesme jour de octobre 1491, fut a la Magdelaine d'Orléans, le 15e janvier feste de sainct Maur, au dimanche 1491 ; de quoy furent du nombre d'icelle profession soeur Françoise de Tonnere et soeur Marie d'Avoise.

Au moys de février suivant 1491, madite Dame feit professe Madame Ysabeau de Bourbon, sa soeur, qui avoit prins l'habit de religion a Poissy près Paris, de l'Ordre des Jacobins, et fut la première profession au lieu de eeans.

Apres feist professe soeur Jehanne de Soubize, Soeur Perrette Le Roux, Soeur Renée de la Perrousoye, Soeur Marie de Vacé, Soeur Jehanne de l'Espine, Soeur Ysabeau de Beauvau, Soeur Madeleine de Villebresme, Soeur Jehanne de Montoisson, Soeur Clere de Soulieres, Soeur Perrette de Grillemont, Soeur Perrette de la Royaulté, Soeur Jehanne de Surgeres, Soeur Renée de Broc (80).

 Sensuyt le nombre des couvents qui ont esté informez deppuys que Madame Renée de Bourbon a esté abbesse de Fontevrault.

Les Filles Dieu de Paris ou furent menées les religieuses reformées de Fontaine en France.

Belhomer près Chartres ou furent mises des relligieuses de la Magdelene près Orléans.

Relay (81) ou furent envoyées des relligieuses de Case Dieu.

Lesquels trois couvents furent reformez avant que ladicte abbesse eust mis son abbaye et grand monastère en reformation, et paravant n'y avoit que six couvents reformez en tout l'Ordre. Troys par Madame Marie de Brethaigne qui fut la première inventive de ladite reformadon (82). La sainteté et la ferveur de laquelle madite Dame Renée de Bourbon a bien voullu en suyvre et a parfait ce que ladite Dame de Brethaigne n'avoyt peu accomplir. Et donna seulement ladite Dame Marie : la Magdeleine d'Orléans, Caze Dieu en Normandye et Fontayne en France, par ce quelle fut prévenue de mort, et est trespassée et enterrée ladite Dame de Bretaigne au lieu ou elle avoit grande dévotion, quy est a la Magdeleine d'Orléans (83).

Sy tost que Madame Renée de Bourbon eust introduict ces religieuses reformées en son grand monastère, elle vendit toute sa vesselle d'argent, et de l'argent en a faict faire ce grand et beau circuyt des murs (84) et la closture. Madite Dame y assista (85) la première pierre, qui est a l'endroyt du mur qui est devant la porte de l'église de la Magdeleine, comme l'on sort pour entrer au jardin, qui est au costé du cimetière. Et y a soubz ladite pierre une grande ardoise ou est le nom et les armes de ladite Dame.

Et y estoit présente Madame Loyse de Bourbon, qui a esté grande prieure, abbesse de Saincte Croix et depuis succéda a Madame sa tante Renée de Bourbon, ladite Loyse, sa niepce, fort jeune.

Item, ladite Dame a fait faire la closture de l'abbaye.

Item, a faict faire le refectouer tout a neuf avec la cuisine et despance ou il y a belles et singulières voûtes (86), comme on le voit, avec le dortouer au dessus ou il y a quarante sept selless (87) pour les religieuses.

Item, a aussy faict faire le costé du cloistre devers ledit refectouer avec la grande galerie, petite salle qui y repond et les deux chambres de dessus.

Item, a aussy faict faire la grande chambre de l'enfermerie (88), qui repond sur le cloistre et reparer les autres quatre chambres de ladite enfermerie.

Item, a faict doubler la communité pour appliquer à l'usaige commune des soeurs.

Item, a faict faire a la Magdelaine la secretainerie toute voultée et parer les cloistres.

Item, a faict faire la chapelle de sainct Jehan l'Evangeliste qui est au Grand Moustier, et paver ladite église du Grand Moustier qui ne l'estoit point et hausser ledit pavé de quatre pieds (89).

Item, a faict faire la galerye du cymetiere (90) dedans et plusieurs autres réparations a ce nécessaires aux endroits qu'il convenoit.

Item, a fait faire au logis de Vendosme tout a neuf, depuys l'escalier dudit logis, tirant jusques a la porte de la secretainerie. Le corps de logis ou a esté translaté le pressouer du dedans au dehors comme il est a présent.

Item, a fait habiller le refectouer et dortouer de l'Habit.

Item, a fait couvrir tout a neuf d'ardoises fines avec les festeaux tant de plomb comme appert par ses armes, le Grand Moustier avec les deux bras de ladite église, et faict faire le chasublier de menuyserie qui est a saincte Radegonde (91).

Item, a faict faire les chaires du choeur de ladite église avec la grande grille (92), les tableaux, le crucifix, Nostre Dame et sainct Jehan qui sont au grand autel dudit coeur. Faict construire l'autel de Nostre Dame, d'aultant que par cy devant n'y en avoit point que ung seul, le tout beau et somptueulx.

Item, madite Dame a faict faire la galerye joignant la porte de l'église du Grand Moustier, qui est voultée et deux chambres au dessus et aux voultes les armes de la Passion y sont avec celles de madite Dame.

En l'an 1533, le 13e janvier, print a madite Dame, entre quatre et cinq heures du soir, ung esvanouyssement merveilleux, a raison de quelque gros rume qui luy estoit prins le dimanche devant, et pensoit-on qu'elle fust trespassée. Toutesfois elle revint et a esté deppuys ce jour ladite Dame parfoys en quelque peu de santé.

Le jour du grand lundy de Caresme, combien qu'elle fust faible, se contraignist la très vertueuse Dame a tenir chapitre qui a esté son dernier.

Elle donc du tout arrestée le 23e d'octobre, qui estoit vendredy, la bonne Dame se sentant près de sa fin fist venir devant son lit Loyse, Monsieur de Nevers, son nepveu, qui l'estoyt venu voir, le bon père Jehan Berault, son confesseur, Me Gaucher de Saincte Marthe son médecin, etaultres; en la présence desquels elle resigna cedict jour de vendredy l'abbaye de Fontevrault entre les mains du Sainct Siège Apostolique pour en revestir Madame sa niepce, soeur Loyse de Bourbon, grande prieure laquelle résignation faicte, fut la course si bien faicte, que par le moyen de Monsieur le cardinal de Bourbon (93), qui lors estoyt a Rome pour l'élection du pape Paul (94), par le deces du pape Cléments (95), que lesdiles bulles furent expédiées le samedy 7° jour de novembre, dont la nuict en suyvant ladite Dame trespassa, comme on peut voir par la dabte desdites bulles. Nonobstant que par la négligence des banquiers ne purent estre recouvertes ne ne furent céans apportées que jusques au moys de juing a la sainct Barnabe.

Le 23e jour d'octobre 1534, qui estoit vendredy, Madame Renée de Bourbon, abbesse, comme dit est, de ce monastère et Ordre de Fontevrault resigna son abbaye de céans a Madame Loyse de Bourbon sa niepce, qui, pour lors, estoit abbesse de Saincte Croix et grande prieure de céans. Par quoy le jour susdit de vendredy, et estant dans son lict, commanda venir ses officiers Me Gaucher de Saincte Marthe et pour notaires Me Baudouin le Riche et Me Jehan Crosnier, et pour ce queLoys, Monsieur de Cleves, nepveu de ladite Dame, estoyt céans, qui l'estoyt venu voir, le print pour tesmoing avec ledit de Saincte Marthe, médecin. Et après leur avoir déclaré son bon plaisir et vouloir, feist appeler ladite Dame, soeur Loyse de Bourbon, qui pour lors estoit grande prieure, a laquelle elle dit : « Ma fille, il y a bien longtemps que j'ay appuyé sur vous ung de mes bras, de sorte que depuys certains ans avez soustenu une partye de mon labeur et combien que y ayez travaillé il ne suffit pas, car l'expérience que j'ay eue de ce que scavez faire pour vous avoir nourrie, me fait voulloir maintenant vous laisser le tout, comme a celle que je pense mettra peine, (pour) conduire telle charge a la crainte de Dieu et au bien et utilité de l'Ordre. Je laisse et resigne l'abbaye de céans entre les mains du Sainct Siège Apostolique a vostre profict et pour vous en pourvoir, le voulez vous pas ainsy. »

Ladite Dame, grande prieure, res pondit en grand cris et larmes et mains joinctes : « Madame, je vous supplye très humblement qu'il vous plaise ne me faire poinct ce tort, que pendant que vous vivez, vous defîaictes de ce que vous avez pour me le bailler. J'espère que Nostre Seigneur vo is donnera santé, et cependant je mettray peine vous servir comme je l'ay accoustumé. »

Ladite Dame dist : « Ma mye, je ne laisseray a vivre tant qu'il plaira a Dieu, mays je veulx qu'il soyt ainsy. »

A doncque ladite Dame, Madame Loyse, respondit : « Je vous supplye que ce soyt donc en me octroyant une requeste, c'est que si vous trouvez mieux et plus forte, qu'il vous plaise reprendre ce que me vouliez bailler, ce que je feray de très bon coeur, »

Et après avoir répété cette requeste, ladite Dame feist response : « Mon enfant, nous penserons a cela appres, mais consentez-vous a ce que j'ay faict. »

Lors ladite Dame Loyse respondit : « Puisqu'il vous plaise que je le face, commandez le moy affin que je le face par obédience. » « Ma mye, dit la bonne « Dame, je le veulx ainsy. » « Or, Madame, puisqu'il vous plaist, je me consens a recepvoir ce martyre pour l'honneur de Dieu et pour vous obeyr. »

A donc fut demandé a ladite Dame s'il luy plaisoit point.faire quelques réservations sur ladite abbaye de céans; respondit que non et jamais ne voulloitrien avoir. En ceste raesme heure au lieu et devant les susdits nommez, Madame Loyse de Bourbon resigna son abbaye de Saincte Croix semblablement entre les mains du Sainct Siège Apostolique pour en pourvoir Madame sa niepce, soeur Magdeleine de Bourbon, professe et relligieuse en ce lieu de Fontevrault (96).

 Et feist réservation sur ladite abbaye de Saincte Croix de la collation de tous les bénéfices, aussy du revenu des maisons de Sées, de Rosay, Marthaizay.

Ayant considération que madite Dame, sa niepce, estoyt fort jeune, comme de l'eage de quatorze ans, que pour tousjours myeulx Iuy ayder a conduyre les affaires et pour ce employer au bien, profit et utilité de ladite abbaye, feist ladite Dame réservation. A quoi consentit madite Dame Magdelaine, sa niepce, et pour ce faire passa procuration la grille ouverte du parlouer de Madame, presens les susdicts temoings et notaires.

Fault icy notter que le jeudy 22e d'octobre, avant la résignation de ladite abbaye de Fontevrault, faicte par madite Dame Renée de Bourbon a madite Dame Loyse, luy print une faiblesse telle qu'on estymoyt ne pouvoyt passer la journée qu'elle trespassast.

Pourquoy fust envoyé en dilligence vers le roy Françoys Ier, qui estoyt pour lors a Chastelherault, luy demander son placet pour estre pourveue de ceste dite abbaye madite Dame Loyse de Bourbon, et fut le tout adressé par Loys, Monsieur de Gleves, estant céans, a M. le comte de Sainct Pol, frère de ladite Dame. Lequel sy tost qu'il eust faict la tres-humble supplication au Roy, la luy octroya faisant grandes louanges de madite Dame Renée de Bourbon qu'il pensoit estre decedée, de laquelle il concedoit l'abbaye.

Depuis ladite résignation faicte, madite Dame ne laissoit pas de resouldre les affaires en aussy bon sens que jamais, sinon jusques au vendredy 13e de novembre au soyr.

Madite Dame cognoissant qu'elle approchoit de sa fin, la nuit, après matines, vint la visiter son confesseur.

Le samedy, depuys cinq heures du matin, ne parla plus ladite Dame et tousjours tira a la fin ou elle travailla fort, toutes foys en grande et merveilleuse doulceur, sans que on luy cogneust effroy ny peur.

Ce passa la journée jusques a la nuict du dimanche a mynuict et comme il fut sonné rendit son esprit a Dieu (97).

 Cela faict fut mis ordre par ladite Dame grande prieure a toutes choses appartenantes au corps, et ce pendant que aulcunes soeures anciennes et autres moyennes furent ordonnées demeurer en la chambre de ladite defuncte pour dire le psaultier et prier Dieu. D'aultres anciennes qui avoient accoustumé de servir ladicte dame, aussy auculnes autres de sa chambre, furent députées à préparer et ensevelir le corps; lequel fut tout habillé en ladite chambre ou elle trespassa, tout ainsy vestue comme une autre religieuse, reste les deux voiles et en ses mains les gantz benitz, et au doy l'anneau dont avoyt esté beniste. Et lesdits gantz luy demeurèrent quand fut mise en terre, mais la bague qui estoyt saphir fut retirée et en son lieu mis une petite verge d'argent toute blanche.

Faut icy noter que incontinent que ladite Dame fut decedée, Madame Loyse de Bourbon tenant le siège comme grande prieure, pour ce que ne luy estoit encor apparu de ses bulles de Romme, feist partir Me Gaucher de Saincte-Marthe (98) et l'envoya vers le Roy pour luy signifier le trespas de madite Dame et luy escrivit la lettre qui s'ensuyt :

AU ROY.

Sire, Il a plu à la bonté divine ce jourd'huy retirer de sa part lame de nostre Reverande Mère abbesse, ma bonne tante, qui a layssé la pauvre compagnie de céans bien désolée. Je vous supplye tres-humblement, Sire, par vostre grande bonté et charité avoir vos tres-humbles et obéissantes servantes et religieuses,pour tres-humblement recommandées en vostre bonne grâce, et de myeulx en myeulx mettrons peine de continuer les prières qu'elle nous ordonnoit faire pour vostre bonne prospérité et longue vye, ayant espérance, Sire, que l'ame de nostre bonne mère, que Dieu absolve, est en lieu ou elle vous fera service. Car, estant en ce monde, vous a eu en singulière affection devant Dieu, luy présentant toutes vos bonnes intentions. Et quant à moy, Sire, quy vous a plu, indigne, mettre au lieu et charge de feue madite bonne tante, mettray peyne suyvant sa doctrine, offrir journellement devant Nostre Seigneur mes petites prières a ceste fin, comme la plus obligée de toutes celles qui vous doibvent tres-humble obéissance, pour la trèsgrande bonté dont il vous a pieu user vers moy, qui supplye au Créateur, Sire, vous donner en santé trèsbonne vye et longue.

Vostre tres-humble et obéissante servante, religieuse et subjecte,

Soeur Loyse de BOURBON.

 

Avec ce, feist sçavoir le bon plaisir du Roy, le suppliant tres-humblement, luy commander et ordonner comme avoit a se conduire en toute l'obseque de ladite defuncte. Et luy fut faicte response par Messieurs les princes, ses frères et cGusins, qu'il plaisoit au Roy luy fust faict comme a sa predecesseresse, Madame Anne de Orléans, et d'avantaige. Mys comme une ceinture a l'entour du choeur avecq armoiryes, aussy la chapelle ardente sur corps et tout le reste appartenant a tel affaire ; ce qui fut faict comme est dict cy-apres. Fist d'avantaige ladite Dame supplyer le Roy luy ordonner quelque evesque pour venir faire l'obseque et enterrement. Ce que luy commanda a ung evesque, son premier aumosnier, nommé M. de Vences (99) ; lequel accomplyt ce que sera dit appres. N'est aussy a oublier que de rechief fut demandé par M. le comte de Sainct-Pol au Roy quy luy pleust, pour obvier à tout trouble qui pourroyt subvenir en ceste abbaye, donner son placet affin que par mort madite Dame, sa soeur, fust pourveue de ladite abbaye. Ce qu'il feist, tousjours monstrant par bonnes paroles l'amour qu'il portoyt a la trespassée et a la vivante. Et dist a Me Gaucher, médecin, qu'il vouloit et entendoit qu'il fust soigneux de la santé et fist service, etc., ayde a la nouvelle abbesse comme ilavoitesté de la trespassée.

Maintenant faut retourner au dimanche matin, jour du trépas de ladite Dame. Donc le corps ne bougea de sa chambre depuys qu'il fut préparé jusques a la fin du service ordinaire de choeur, mesme la grand'messe du jour et le tout fut dit d'une suite, et rien ne fut chanté, mesme tous les jours qu'elle fut sur terre, mais dit tout bas de Nostre Dame ; fors la grand'messe du jour qui fut chantée, en faint et aussy tout ce qui appartenoit a ladite Dame defuncte pour son service.

Apres la grand'- messe du jour dicte, madite Dame, grande prieure, avecq une partye des soeurs alla en la chambre ou le corps estoit et en chantant Libéra, une douzaine de torches et autant de cierges allumez.

Fit porter par le costé du refectouer en chapitre, par six soeurs de moyen eage, ledit corps et le drap mortuaire dessus, qui estoit d'ostade noire et une croix d'ostadine blanche, sans autre drap ne d'or ne de velours, et n'y en eut d'autre en tous les jours de son obseque.

Le chapitre etoit tendu de tapysseryes perses, tyrans sur le noir et au milieu le corps fut posé par terre tapissée de mesme.

 La Dame grande prieure alla a l'église, ou estoyent attendantes les soeurs des trois couvents (100).

Et après avoir frappé la table en disant le psalme Domine pi-obasti, toutes en procession : croix, eau beniste et cierges, vinrent au chapitre.

Auquel lieu pendant que l'on chantoit Subvenile, ladite Dame grande prieure d'un cierge blanc, benist du pape qu'elle portoit en sa main, en funda de la cire en croix sur le corps (101) ; puys après le Subvenite et oraison finée, le corps fut levé et porté par les soeurs du choeur, et les quatre coings du drap portez par la prieure du cloistre et autres plus anciennes, et ainsy poursuivirent, furent faites quatre stations.

Le corps arresté et mys sur les tresteaux, durant lequel les soeurs qui le porloyent estoyent prosternées de choeur a choeur a Fentour dudit corps, jusque a ce que l'on frappoyt pour les faire lever, et ce pendant la croix et tout le couvent arresté, aussy la crosse que tenoyt près dû corps celle qui avoît accoustumé la porter du vivant de la défunte.

La première station se fit du costé du refectouere et un peu plus loing que la porte du dortouer; la deuxiesme du costé de la grand'porte qui entre dans la gallerye ; la troisiesme du costé de l'huys du tour, qui est le cloistre sacré ; la quatriesme a la porte de l'église, auquel lieu fut commancé par la grande prieure In paradisum, le répons et le verset prins par la chantre.

Toutes les cloches sonnantes, fut mys le corps au milieu devant la grande grille et a l'entour grand nombre de luminaires et torches entourées de sarge noire, et dessous le corps ung drap noir, la crosse couchée sur une telle couverture de noir près du corps.

Le lundy après disner, vigilles chantées, des frères entrèrent au dedans, fut le corps porté a la Magdelaine, auquel lieu furent faictes les obsèques au dedans du choeur selon la manière accoustumée.

Le choeur de l'église dudit lieu estoit tendu de noir ou perse. Cela fait, fut rapporté le corps au grand moustier.

Le mardy fut faict comme a la Magdelene.

Tous les jours que le corps fut sur terre, se chantèrent vigiles et la messe aux deux petits couvents de la Magdelene et Sainct-Ladre (102).

Fault notter que le premier jour que le corps fut porté a l'église du grand moustier, la messe et vigiles chantées, la grand'grille ouverte, fut présenté le scel de l'abbesse par la grande prieure et le serrurier appelle, fut rompu et brisé et les pièces mises au depost, jusques a ce que la nouvelle ayt prins possession de ladite abbaye (103).

Le corps de ladite Dame defuncte fut gardé sur terre cinq jours : combien que aux anciennes ordonnances n'est faict mention que de trois; mais ce fut pour myeulx préparer toutes choses, et aussy en attendant l'evesque et les abbez qui estoient requis se trouver a l'enterrement.

Fut advisé pour le meilleur ne la mettre en terre quy ne tust le jeudy, environ midy.

En ces cinq jours que le corps fut gardé, jamais on ne vit une plus belle créature et ne changea non plus que le premier jour, combien que n'avoyt esté ouverte ne embasmée.

Ledit jour de jeudy, au matin, fut commencé l'office du choeur a cinq heures : prime, tierce, sexte et la grand'messe ; puys l'on dist les trois messes pour ladite Dame defuncte : la première de Nostre Dame célébrée par le prieur de l'Habit (104); la deuxiesme duSainct-Esprit célébrée par M. l'abbé de Suilly (105) (les dites deux messes célébrées au grand autel du dehors) ; la troisiesme en dedans, sur le corps, célébrée avec grande solemnité par M. l'evesque de Vence, et l'assistoyent Ml. les abbez de Sainct-Florent (106) et de Suilly.

Et entrèrent avec les susdicts tous les religieux de céans tant reformez que non reformez ; non seulement les residans, mais plusieurs des couvents près d'icy. Aulcuns servoyent de diacres et soubz diacres, les autres en chappes et le reste en aubes.

 Et tout au long de ladicte messe et obsèques lesdits relligieux tenoient une torche. Assistèrent au dedans tous les officiers (107) de ladite Dame deffuncte, abbillez en dueil, qui tenoyent a l'entour du corps, près la chapelle ardente, chacun une torche.

A l'offerte de ladite messe Madame la grande prieure, Loyse de Bourbon, alla a l'offrande pour ce qu'elle estoyt du sang et si proche de ladite Dame defuncte, et l'accompaignerent jusques auprès de l'autel quatre ou cinq religieuses anciennes. Ladite Dame n'offrit rien, mais seulleinent baisa la platines (108) en la main de l'evesque.

Apres, le prieur de l'Habit, frère Paul Lovau, fit en cet endroyt de la messe la prédication. Et la messe dicte, furent commencées les obsèques et en tout officia l'evesque au dedans, la grande grille ouverte, parce que gens de tous costez se trouvèrent pour cette pytueuse solemnité.

Entre la première messe de Nostre-Dame et la deuxiesme du Sainct-Esprit, fut mys le corps dans son cercueil de plomb.

Cela faict fut remys, dedans le plomb, sur les tréteaux, le drap dessus comme devant, soubz la chapelle ardente toute accoustrée de noir, garnye d'escussons de la Passion et armes de la trespassée. Mesme y en avoyt estachées a l'entour du drap qui estoit sur le corps.

Ladite chapelle fort remplie de cierges et y avoit a l'entour du corps cinq gros cierges rouges en l'honneur des cinq playes et dix blancs qui servoyent tant sur les autels que près du corps.

Au dehors, dedans le grand moustier, y avoit trente pauvres, chacun tenant une torche ; cinq revestus de rouge, dix de blanc et quinze de noir.

Au dedans du choeur, au dessus de la saincture noire, y avoit de chacun costé sept escuelles et a chacune un cierge.

L'accoustrement du choeur estoit tel a l'entour, deppuys l'autel du Crucifix et celui de Nostre-Dame jusques au siège de l'abbesse, et par dessus le siège tout au travers y estoit la listre ou ceinture ou estoyent semez les escussons des armes de la Passsion et de la deffuncte entremeslez les ungs dans les autres.

Le siège de l'abbesse tout couvert dessus et dessoubz de noir. Les sièges des soeurs tenduz par le dos de noir et mesme la grande grille, comme les deux autels du choeur et celuy du dehors, garniz de parementz haut et bas de veloux noir et croix de satin blanc dessus ; et tous les aultres petits autels tant du grand moustier que du sepulchre garnys de sarge noire.

Pour revenir a l'enterrement toutes les choses estoyent préparées, et fut le corps prins et enlevé par les frères et mys en terre en la fosse qui estoit a ce ordonnée (109).

 Apres fut tout osté. Reste la listre noire et les eseussons et armoiries qui demeurèrent pour tout l'an.

Le lundy après l'enterrement, fist le chapitre Madame Loyse de Bourbon, comme grande prieure, laquelle se mist a genoulx semblablement tout le convent; fut dict, après bons propoz, les sept pseaumes et autres choses accoustumées, avec la discipline. Puys après en disant De profundys et chantant Subvenite, touttes les cloches sonnantes, tout le convent alla a l'église sur la sépulture de ladite Dame deffuncte (110).

Au huictain, furent chantées vigiles et la messe en tous les convents et semblablement au trentain. Appres le treniain, des vigilles furent chantées chacun jour au grand moustier.

Ont esté continuées grandes vigilles basses tout l'an, avec la messe chantée au choeur, et la messe de prime s'est dicte cependant au sepulchre. Et quand y avoit quelque messe d'obit, fors les plus grands, ou de quelque soeur trespassée, durant cest an, se sont chantées a Sainct-Benoist, et les vigilles de la soeur trespassée au choeur a l'heure accoustumée et celle de feu madite Dame a l'yssue des grâces. Chacune y assistoit a sa dévotion sans contraincte.

En tout l'an, auxdites vigiles, le Libéra fut chanté ; comme aussy une basse (messe) au sepulchre davent madite Dame Loyse de Bourbon.

 

Mises faictes pour les obsèques de madite defuncte Dame Renée de Bourbon.

Somme totale de ladite despence 431 l. 7 s.

En présence

 

 

Cy commence le Registre des faictz et gestes mémorables de Madame Loyse de Bourbon, abbesse de la Royalle abbaye de Fontevrault et de tout l'Ordre, successeresse de feuz de bonne mémoire Madame Renée de Bourbon, sa tempte.

Depuys le trespas de madite dame Renée, Madame Loyse a esté sans prendre possession de l'abbaye de céans jusques au 10e juing, durant lequel temps elle presidoit comme grande prieure sans rien changer, et s'il survenoit quelque affayre, s'il n'estoyt de grande importance estoyt différé jusques a ladite prise de possession, principalement de celles ou falloyt apposer le scel, qu'y encore n'estoyt refaict et ne la point esté jusques a ce que les bulles de madite Dame n'ayent esté apportées.

Le 3e jour de juing 1535, furent apportées les bulles et provisions des abbayes de céans et de Saincte-Croix de Poictiers, qui furent ce dict jour présentées a Mesdames Loyse de Bourbon et Magdelene de Bourbon, sa niepce, et fut trouvé plus expédient par le conseil aller i° audit lieu de Saincte-Croix prendre possession.

Et le 7e dudit moys susdit, fut prinse ladite possession de ladite abbaye de Saincte-Croix ou pour tout uniement fut receue abbesse ladite Dame soeur Magdelene de Bourbon.

 Cedit jour tout le convent dudit lieu de Saincte-Croix consentit a la réservation que en avoit faicte madite Dame quand elle la resigna a madite Dame sa niepce.

Ledit jour dejeudy matin, fut sonné le chapittre ou Madame la grande prieure céda l'office de grande prieure (111).

Cela fait, madite Dame laissa toute la compagnye et s'en alla a l'église Sainct-Benoist, ou luy tenoyt compagnye Madame la princesse, sa tante, et Mademoiselle Renée de Bourbon, sa niepce, quy n'estoyt encore vestue : parce qu'il falloyt nulle religieuse se absentast du chappitre; lequel chappilre estoit fort richement tendu de tapisseries et le siège abbatial accoustré de drap d'or, tappis et carreaux et le pulpilre de mesme.

Madite Dame menée a Sainct-Benoist, certaines anciennes allèrent quérir et mettre au dedans M. l'official de Poictiers, M. le docteur Bochart, et trois des officiers de madite Dame et furent menez en chapitre, ou avant toute chose fit une petite exhortation M. Bochart, ensuite les bulles furent montrées et leues.

Et leur dit qu'il falloit scavoir de toutes sy vouloyent recevoir ladite Dame pour leur abbesse. Ce qui fut demandé a chacune en particulier par lesdits officiers et Bochart, et toutes la receurent et demandèrent unyment.

Faut noter que le convent consentant et recevant Madame pour leur abbesse, en vertu de la provision et démission de feue Madame Renée de Bourbon, nomination du Roy et provision du Sainct Siège apostolicque, firent protestation n'entendre perdre a l'avenir le privilège d'eslire.

Deppuys le temps de ladite prise de possession Madame fut sans estre beniste, jusques au 9e janvier 1536, le dimanche dedans les octaves des Roys ; combien que Madame fist dilligence ayant receu ses bulles, et envoyé vers M. le cardinal de Bourbon, son frère, archevesque de Sens et evesque de Laon, lequel pour luy faire plaisir et honneur a la maison, différa son entrée a faire a son dit archevesché de Sens (112), ou estoyt prest et disposé, et arriva céans le jour des Roys après disner.

Fut préparée l'église, au choeur du dedans, lequel estoit en la partye plus proche de l'autel, tendu de tapisserie et au costé senestre près dudit autel fut faict ung petit oratoire, auquel mondit Seigneur se prépara et revestit pour dire messe; et au milieu du choeur, devant ledit autel, y avoit ung autre oratoire tendu de courtines auquel estoyt le siège de madite Dame, ou elle se tint durant la grand'messe.

Madite Dame fist advertir Messieurs et Dames ses parents et parentes, aussy autres barons, chevaliers et gentilshommes voysins de ceste abbaye, priant leur y trouver ; semblement s'en trouva en grand nombre et principallement : Madame la princesse de la Roche-sur- Yon (113), tante de madite Dame, Madame de la Tremoille (114), Monsieur le prince de Tallemont, son filz (115).

Le dimanche jour de la bénédiction a la messe, servit de diacre a mondit Seigneur le cardinal, M. l'abbé de Sully (116) et soubsdiacre M. l'abbé de Noyers (117), les deux abbez de Marmoutier (118), et Bourgmoyen (119), estoyent crossez et myttrez, assistans aux deux costez de l'autel, assis en deux chaires parées et couvertes.

La messe commencée mondit Seigneur fit porter sa chaire au milieu du choeur, la face tournée vers la compagnye et luy assis. Les deux abbez susdits allèrent quérir Madame en son siège et la menèrent devant mondit Seigneur. Elle a genoulx devant luy tenoyt la lettre de son serment en sa main. Mondit Seigneur luy feit une instruction. Ce faict madite Dame tousjours en ce mesme lieu leut et feist sont serment, mit la main dextre sur l'estomac, puys mist toutes les deux sur le livre des Evangilles, qui luy fut présenté par mondit seigneur. En appres madite Dame se prosterna devant luy; lors commença ledit Seigneur le pseaulme Exurgat avecque certaines oraisons; puys les sept pseaulmes avec la letanye. Ledit Seigneur tourné vers l'autel jusques a ce verset : Ut hanc presentem Electam, qu'il se retourna vers ladite Dame, estant tousjours prosternée.

Les oraisons finies se assist ledit Seigneur en sa chaire, puys baillia la règle a madite Dame qui estoit a genoulx en disant : Accipe Regulam; puis se lève et luy mist le voille abbatial sur la teste en disant Accipe velamen; puis lui mist l'anneau benist au doigt en la main dextre et la crosse en la senestre et les gants es mains. Laquelle crosse estoit de bois peinte d'argent et ne falloyt que madite Dame en usast d'autre pour ce jour.

Toutes ces choses susdites furent beniste par mondit seigneur avant le commencement de la messe.

Les choses finies ledit Seigneur s'en retourna a l'autel et madite Dame fut ramenée par les abbez en son siège ou estoyt au commencement de la messe, et le choeur commencea Alleluya.

Madite Dame menée par les abbez a l'offrande, laquelle a genoulx: baisa l'anneau dudit Seigneur, puys luy offrit trois choses : c'est assavoir, deux pains, l'un doré l'autre argenté; deux cruches de terre, l'une dorée l'autre argentée; deux torches l'une dorée l'autre argentée, le tout aux armoyries de madite Dame, et y avoit a chacune des torches ung escu.

La première offrande luy fut portée par Mademoiselle Renée de Bourbon sa niepce (120); la deuxiesme par Madame la princesse sa tante (121), et la tierce par Madame de la Trimoille (122), ainsy l'avoit ordonné M. le cardinal estre fait par les plus proches du sang de Madame.

L'offre finie fut remenée madite Dame en son siège par les abbez ou elle demeura jusques a la communion. Fut menée par lesdits abbez davent l'autel ou mondit Seigneur luy bailla a recepvoir le précieux corps de Nostre Seigneur.

Apres fut remenée de rechief par iceux abbez en sondit siège. La messe finye mondit Seigneur tout revestu print madite Dame par la main et la mena en son siège abbatial, disant : Accipe pîenam potestatem.

Ce pendant le convent chantoyt Te Deum Laudamus ; durant lequel la mère grande prieure vint se mettre a genoux devant Madame, laquelle la baisa, puis ladite grande prieure alla baiser toutes les soeurs l'une après l'autre.

Le Te Deum achevé, mondit Seigneur estant près de madite Dame dist certains versets et une oraison, après laquelle laissa madite Dame en sondit siège et s'en retourna a l'autel en disant : In principio, et se devestit.

Depuys l'heure que la crosse fut baillée a madite Dame, toutesfoys qu'elle alloyt ou demeuroyt en son siège, saditte crosse estoyt portée ou tinse auprès d'elle par Madame de Saincte-Croix sa niepce (123).

Le jour en suyvant de ladite bénédiction, le 10e de janvier, en la présence de mondit Seigneur le cardinal fut vestue religeuse Madame Renée de Bourbon (124), niepce de mondit Seigneur et de.madite Dame; lequel avoyt charge de ce faire par Mgrs et Dames de Vendosme.

Et présents : mondit Seigneur, madicte Damoiselle et Madame. Avecque elle fut vestue Mademoiselle Charlotte de la Trimoille (125), cousine de madite Dame.

En 1540, fut professe la vigile de sainct Barnabe Madame soeur Renée de Bourbon susdite. Présentes : Madame sa mère, duchesse de Vendosme (126), Mesdames de Montpensier, (127), Madame la duchesse sa belle-fille (128), Monsieur le duc de Montpensier (129) et le prince de la Roche-sur-Yon, son frère (130), Madame de Rieux, leur soeur (131), Madame de la Tremoille (132), et grand nombre de seigneurs et dames.

En 1543, trespassa madame de Chelles près Paris, les religieuses supplièrent Messieurs de la maison de Vendosme leur faire avoir, pour abbesse madite Dame Renée de Bourbon, lesquels l'ayant demandé au Roy leur fut octroyée et en fut pourveue et ses depesckes faictes a Rome (133).

Au mois d'octobre 1546, ladite Dame de Bourbon avoyt esté mise grande prieure de céans par Madame sa tante, et le jour précèdent estoyt partie de ce lieu Madame soeur Renée de Lorrayne, abbesse de Sainct Pierre, qui avoit esté grande prieure aupararant Madame de Chelles, Madame soeur Renée de Bourbon, laquelle de Bourbon avoyt esté soubz prieure céans (134).

Le jour de sainct Loys 1536, fut professe Madame Renée de Lorrayne par madite Dame Loyse de Bourbon, sa tante. Laquelle avoyt esté vestue par feue Madame Renée de Bourbon, laquelle comme dit est, fut grande prieure de céans l'espace de (trois) ans, pendant lequel fut porveue de l'abbaye de Sainct Pierre de Reims.

L'an 1538, fut professe le jour de sainct Loys, Madame soeur Charlotte de la Tremoille laquelle avoyt esté vestue religieuse avecque Madame Renée de Bourbon comme dit est.

Le sabmedy 8e may 1549 , entra céans Madame soeur Eleonor de Bourbon (135), niepce de madite Dame et soeur de Madame de Chelles, aagée de 17 ans, et estoyt novice ayant prins l'habit semblable a celuy de céans en l'abbaye de Soissons (136), et après fut menée a Calvaire près la Fere, fondé par feu Madame de Yendosme, Madame Marie de Luxembourg (137), après la mort de laquelle Messeigneurs et Dame de Vendosme ordonnèrent qu'elle seroyt amenée céans a madite Dame, sa tante, pour la faire professe. Elle fut receue ledit jour 8e may.

Au moys de juillet en la mesme année, Madame de Bourbon ne voulut nulz de ses parents pour assister à sa profession.

L'an 15... au moys de septembre, jour de sainct Michel, fut présentée a madite Dame Mademoiselle Jeanne de Bourbon (138), en l'aage de deux, ans, laquelle fut offerte et mise sur l'autel de céans par les mains de sa grand'mere, Madame de Montpensier (139).

Elle a esté nourrie céans en son habit séculier jusques a son eage de... ans qu'elle fut religieuse, et la vestit, Madame, en la présence de sa grand'mere avec Mesdemoiselles ses soeurs (140) et Madame l'admiralle, sa tante (141). Mesdits Seigneur et Dame ses père et mère donnèrent, le jour de la vesture, ung ymaige de sainct Jehan Baptiste d'argent doré pesant dix marcs, et deux paremens d'autel a bandes de drap d'or frisé et veloux bleu semé de fleurs de lys.

L'an 1553 le vingt huitiesme jour de may, feste de la Trinité, Mademoiselle Loyse de Bourbon fut amenée céans par Monseigneur son père, le duc de Montpensier et Madame la duchesse sa mère, laquelle Damoyselle en l'aage de cinq ans.

Environ le moys de juing, Madame ayant esté advertie que ses père et mère avoyent dévotion de la donner a Dieu, fit qu'ils la préférèrent a d'autres convents (142) et fut receue céans. La réception de laquelle fut faicte semblable a celle de Madame soeur Jehanne de Bourbon, soeur de ladite Damoiselle Loyse.

 

S'en suyt les bastimentz que Madame Loyse a faict construire durant le temps qu'elle a esté abbesse du monastère et ordre de Fontevrault.

Premièremen.

En l'année 15..., a faict bastir la grande fuye (143) qui est dans la closture de céans, qui revient a la somme de

Item, a faict bastir ung grand corps de logis servant de dortouer, pour le prix de 800 escuz, aux conditions portées au contrat, d'abté du 20e jour de febvrier 1539.

Item, a cousté pour la pierre fournye pour ledit dortouer depuys le commencement dudit bastiment, qui fut le 5e janvier 1542 jusqu'en 1546, comme appert par un ancien compte rendu par Me Nicole Bochard, docteur en théologie et secrétaire de Madame, le 8e octobre 1546. — Fourny pour la façon des maçons, charpentiers, manouviiers, 4746 l. 9 s. 9 d.

Item, a fait faire vingt-quatre celles (144) comprins celle de Madame; couste chacune celle 38 l. Somme totale 802 1.(145), comprins le vin du marché.

En l'an 1548, Madame Loyse a faict construire le cloistre vers le chapitre du costé du dortouer, commenceaut le xu mars audit an qui a duré jusqu'au xxv janvier 1551. Somme totale...

En l'année 1552, Madame Loyse a faict bastyr la chapelle du sépulcre (146), commençant le 14° novembre audit an. Somme totale...

Item, a faict paver le cloistre du costé devers le refectouer de pavé de raiace (147) et d'ardoise, le tout montant à la somme de 650 1. 4 s. 6 d. Et y a de pavés en tout 1970.

En l'année 1553, Madame Loyse a faict faire les orgues du grand moustier, qui ont cousté 718 l. 9 s. 2 d.

En l'an 1558, Madame Loyse a faict faire les voultes du reffectouer de Sainct-Jehan de l'Habit, qui coustent 139 1. 18 solz.

En l'année 1558, a fait refaire les fontaynes de Luzerne (148). S'est trouvé par le livre des mises faictes es années 1558, 59, 60, 61, 62, 63, 64 et 65, 895 toyses de tuyaux; le tout revenant a 1614 1. 16 solz.

Item, en ladite année, a esté marchandé par madite Dame la fontayne du costé du cloistre (149) vers le depost, pour la somme de 1850 l.

Item, en l'année 1559, Madame Loyse a faict faire les réparations de massonnerie de Sainct-Ladre et la Magdelaine, après le déluge des eaues advenu en cest année ou autre cy devant, pour toutes les journées et depuys le 18 novembre LVIII (1558) jusqu'au xx apvril vc LIX (1559) après Pasques; la somme de VIII IX 1., XIX sols vd.

Item, en 1561, a esté marchandé pour achever les troys regards des fontaynes, etc. — 1° à 150 l ….

Item, pour la pierre dure et tendre pour la vqulte et ladite fontayne. — VIIIxx XIII, 1 sol, VI d.

Item, pour parachever les tymbres (150) desdites fontaynes de Luzerne et pour les voultes d'icelles 138 1. 13 solz.

Item, en nouvembre 1561, la somme de 15001. pour les maçonneries pour achever le costé de cloistre vers l'église du grand moustier.

Item, depuys le28 août 1564 jusqu'au 26 febvrier 1565, madite Dame a fait tailler les pierres pour la muraille de son parlouer, acoudoirs de son jardin, et a cousté le tout : 391 l. 2 solz.

En 1565, ladite Dame a faict faire a l'église de Sainct-Ladre ung crucifix, la Nostre-Dame et un sainct Jehan qui couste le tout 8 escuz sol. Evaluez à 20 1. 16 solz.

Item, en ladite année a fait faire cinq images de plomb qui sont sur les fontaynes dans le cloistre. En tout VIII 1. XV solz.

 

Pour la defaitte des vieilles enfermeryes (151).

Item, en l'année 1566, on a commencé a descouvrir sur les vieilles enfermeryes, etc. Le tout revenant a la somme de 649 l. 11 sols, 6 d.

Item, madite Dame a faict faire la peinture du chappitre avec la peinture de sainct Léonard et saincte Barbe au sépulcre par M6 Thomas Pot (152). — 219 l. 13 sols, 3 d.

Item, en ladite année, a fait racoustrer les orgues du grand moustier vin" x 1. x sols, vi d.

Item, au moys de mars 1575, Madame a faict refondre cinq cloches pour la grande église, lesquelles ont cousté le tout ensemble 888 1. 6 solz.

Nostre Roy Henry III, très illustre et très catholicque roy de France et de Pologne, a son advenement a la couronne, estant a sa ville de Lyon, première ville du royaulme, en laquelle il arriva a son retour, estima luy estre bon augure heureux et prospère commencement a la requeste de très heureuse et louable mémoire, excellente princesse, Madame Loyse de Bourbon, en son vivant abbesse du royal et tant célèbre monastère et Ordre de Fontevrault, d'establir une très vertueuse et très saige princesse coadjutrice a ladite Dame. Aussy estoit-il raisonnable que sa grande vieillesse de. 80 ans fut soulagée du faict et charge de l'administration a laquelle elle estoyt appellée, par une si prudente et vertueuse princesse, Madame Eleonor de Bourbon, sa niepce (153).

S'en suit le premier bastiment que Madame Eleonor de Bourbon a faict bastir qui est le parloiier neuf. Somme toutte ….

Le 2e d'apvril l'an 1S78, Madame a faict faire ung pont pour aller de son logis a la Vignerye a l'occasion d'une contagion survenue en l'abbaye. Pour treize journées de charpentier VI 1. s solz.

Les Halles

L'érection du marché qui commença le lundy 15 novembre 1S76. Pour sapin, peintres, maçons, charpenpentiers. — Au roy des Merciers, etc., la somme de 2681. 16 s.

Les Rigoires.

Pour les voultes faictes aux Rigoires dessoubz les petitz dortouers, le 22 septembre 1879. — Somme totalle 1587 1. 96 s.

La cuisine.

Mises faicfes par Madame pour le bastiment de la cuisine de Madame, des malades. Somme totalle 1307 1. li s.

La gallerye.

Âultres mises faictes par madame pour faire baslir la gallerye de son logys qui va jusques a la chapelle de la Basmette. Le 28e janvier 1377, a esté payé auxperriers, etc. Somme totalle : 24881. S s. 3 d.

Le dortouer.

Aultres mises faictes par Madame pour achever le grand dortouer neuf qui avoit esté commencé par defuncte Madame Loyse de Bourbon, abbesse de ce lieu (154), qui avoit fait faict faire les murailles, Tescallier et quelque nombre de celles (155), pour lequel achever Madame a faict les mises qui s'ensuyvent : 1° le 10e aoust 1576 Madame a baillé pour les solliveaux du dortouer VIIIxxx X 1... Somme totale 3778 l. 7 s. 7 d.

La Vignerye de présent appellée Bourbon.

Aultres mises faictes en l'année 1580, par très illustre et religieuse princesse Madame Eleonor de Bourbon, abbesse de Fontevrault, pour mettre en enclos ladite abbaye, le lieu de la Vygnerye, de présent appelle Bourbon, tant pour se retirer en temps de contagion et autre besoing et changement d'air d'Elle et pour la consolation de ses religieuses. Somme totalle...

 

Aultres mises faictes par madicte Dame pour faire bastir le pont pour aller de son logis et gallerye au lieu de Bourbon, le grand chemin estant dessoubz le pont.

Premier. Auxperriers, etc.. Somme totale...

Autres mises faictes par Madame pour faire bastir audit Bourbon ung corps de logis. Somme totale...

 

==> Fontevraud 1589 le roi de Navarre étant à Saumur vient visiter la chapelle Notre-Dame-de-Liesse de l’Abbesse Éléonore de Bourbon

 

Madite Dame se délibéra de bastir une infirmerie tout de neuf (156).

Premier. Madame a payé comme appert par les mises particulières, etc.. Somme totalle...

Sensuyt la mise faicte par madite Dame tant pour achapter les meubles, etc., poisleryes, vaisselles, landiers, coytis et tout aultre meuble cy appres déclaré pour garnir lesdites enfermeryes. Somme totalle...

Sensuyvent les mises faictes en la construction de la chapelle de Bourbon (157), petit logis et autres deppendances (158) en pierre, boys, ardoyse, mains de maçons, tailleurs de pierres, charpentiers, menuziers, peintres et vitriers, commençant le Ier jour de mars l'an 1589 (159) et finissant l'an 1591. Somme totalle …..

(158). Une des dépendances de Bourbon était destinée aux malades, elle se nommait le Châtelet.

Geste Dame et illustre princesse a employé l'argent de son prieuré de Prouillé (160) a entretenir tousjours aux estudes deux ou trois religieux de l'Ordre, lesquels ayant estudié elle en envoyoit d'autres; Elle avoit grand zèle d'augmenter le bien de la maison et travailla fortement pour obtenir du Roy Henry IV l'exemption des décimes.

 Elle a donné a l'église une chapelle de veloux cramoisy a fond d'argent : chasuble, tunicques et la chappe, avec plusieurs reliquaires d'argent doré. Elle a fait faire deux petits tabernacles, un pour le Grand Moustier et l'autre pour l'Habit qui sont en broderie de bon or.

Elle avoit désiré d'avoir quelqu'une de Mesdemoiselles ses niepces, Dieu inspira a Madame la duchesse de Guyse (161), par la permission du Roy, de luy donner Mademoiselle Jeanne de Lorraine, sa filles (162), aagée de 10 ans, quelle luy amena en 1S96, et arriva icy le 29 juillet.

Elle donna le jour de la vestition, le 3 d'aoust, une belle chapelle : chasuble, deux tuniques, chape, deux paremens, le tout de drap d'or frizé et figuré de velours cramoisy. Une pièce de toille de Hollande pour faire aulbes et amictz. Plus une Nostre-Dame d'argent doré assez grande. Plus trois cents escuz d'entrée et cent escus de pension pour le convent et cinquante pour son entretien particulier. Madame sa mère arriva ensuite pour la profession de sa fille, au commencement d'octobre 1602, qui fut professe le dimanche 1er dudit mois. Elle demeura icy deux ans entiers. Ayant esté pourveue du prieuré de Prouilhé (163), elle sortit de cette maison pour y aller le samedy des Quatre-Temps de septembre 1604.

Au moys de juing 1603, M. le comte de Soissons (164) pria Madame de recevoir Mademoiselle Charlotte de Soissons, sa fille naturelle (165), pour estre religieuse, ce qu'elle luy accorda. Elle prit l'habit le 3 juillet audit an, à sept ans et demy. Présente Madame la Comtesse (166). Elle apporta trois cents escus d'entrée, cent escus de pension pour le convent, et cent escus pour son particulier. Et de plus une chapelle de damas blanc passementée de clinquants d'or ; plus une croix et deux chandeliers d'argent doré.

Cette dame se voyant en son eage de 70 ans présenta requeste au roi Henry IV de luy donner une coadjutrice, parce que Madame de Lorraine, sa niepce, estoit trop jeune, et elle fit choix de Madame Anthoinette d'Orléans de la maison de Longueville (167), laquelle avoit esté mariée à M. le marquis de Bellisle (168). Apres son decez quittant un sien filz (169) et ses biens, elle s'alla rendre feuillantine au convent de Thoulouze.

Mais madite Dame Eleonore ayant obtenu un bref ou brevet de la coadjutorerie et future possession de l'abbaye pour madite Dame d'Orléans et un autre bref du pape Clément-VIII, par lequel il luy commandoit de sortir de son monastère et venir a Fontevrault pour soulager Madame Eleonore en qualité de vicaire.

Elle fut contrainte de sortir et fut amenée en ce lieu par M. le comte de Soissons et Mademoiselle de Longueville, sa soeur, qui avoit esté a Tlioulouse la quérir par le commandement du Roy.

 Elle arriva le mardy 28 octobre 1604. Elle s'acquita dignement de sa charge de vicaire le long de cette année (170). Elle fit consulter la Sorbonne sur deux ou trois brefs a elle envoyez. Il y en eut un qui luy commandoit sur peine d'inobedience et d'excommunication de demeurer pour le soulagement et consolation de Madame Eleonore, laquelle envoya a Rome exprès.

Les bulles arrivèrent icy a Pasques 1606, qui estaient pour la coadjutorerie et future possession avec commandement de prendre la règle et l'habit, qu'elle receut le dernier septembre suivant.

Elle presta serment a Madame l'abbesse qui vescut encore cinq ans en grande faiblesse.

Un an avant de mourir, elle donna l'habit a Mademoiselle Marie de Bourbon, princesse du sang (171), fille de M. le comte de Soissons, son nepveu, qui n'avoit pas quatre ans accomplis ; a laquelle elle donna l'habit le 3e avril 1610.

Et le lundy d'après madite Dame donna l'habit a Mademoiselle Catherine de Soissons, fille naturelle de mondit sieur le comte, qui depuis a esté abbesse a la Perrigne, au pays du Mayne (172).

Et le mesme jour, a cause que la mère grande prieure (173) estoit fort vieille, elle y mit Madame Louise de Bourbon, de la'maison de Lavedan.

Madame Eleonor mourut le 26e mars, en 1611, entre neuf et dix heures du soir, un samedy, aagée de 78 ans, ayant tenu le siège environ trente-six ans (174).

 Fut enterrée le jeudy suivant avec les ceremonyes, comme il est porté au Livre des funérailles de Mesdames Renée et Loyse de Bourbon.

Mais au lieu qu'on ne put avoir d'evesque M. l'abbé de Sainct-Maur (175) fit les funérailles (176).

Madame d'Orléans ne voulut accepter l'abbaye mais en escripvit a la Reyne mère régente pour pourvoir de personne capable.

La Royne envoya M. l'evesque de Luçon (177), maintenant M. le cardinal de Richelieu, qui arriva au soir, veille de l'Ascension.

(Armand Jean du Plessis de Richelieu, de la Sorbonne à l’évêché de Luçon (Time Travel 1606)

Il adressa la parole a Madame d'Orléans, luy faisant entendre que cestoit l'intention du Roy et de la Reyne, sa mère, quelle demeurast pour la conduite de l'abbaye.

Mémorial des Abbesses de Fontevrault issues de la Maison Royale de France accompagné de Notes Historiques et Archéologiques

Le lendemain ledit sieur evesque demanda d'entrer en chapitre pour lire les lettres de leurs Majestez.

De par le Roy,

Chères et bien aymées, comme Nous avons participé a la perte que vous avez faicte de Nostre tante de Bourbon, vostre abbesse, nous appréhendons aussy celle dont vous estes menacées, par la retraicte que veult faire Nostre cousine d'Orléans, abandonnant cette charge qui lûy est si justement deue et affin d'apporter en cette occasion, pour vostre consolation et repos, tout ce qui peut estre requis de Nostre part, Nous vous avons, en faveur de Nostre très cher cousin, le comte de Soissons, et de grâce spéciale accordé, que vous puissiez choisir pour abbesse la grande prieure (178) ou la prieure du cloistre (179) selon que vous estimerez l'une de ces deux plus propre et capable pour cet effet.

Procédez donc promptement au choix de l'une ou de l'autre, sans aucun delay, puisque cest Nostre volonté et vous asurez que la considération de Nostre cousine, Marie de Bourbon, sa fille, nous obligera de plus en plus a avoir soin de vostre Ordre, qui atousjours esté assisté de celles de Nostre sang et ne deschoira point de sa dignité tant que vous y en aurez de cette qualité, qui obéiront pour se rendre capables de pouvoir un jour dignement remplir cette dignité.

C'est ce que je puis a présent pour vostre consolation selon Dieu.

Aportez y de-vostre part la soubmission et obéissance que Nous nous promettons de vous et croyez que celle de ces deux qui sera a Nostre nomination, pourveue par le Saînt-Siége, ne manquera jamais de l'assistance qu'on peut désirer a l'establissement de la dévotion et régularité dont vous avez faict profession. Continuez aussy d'avoir en recommandation la paix de cet estât en vos saintes prières, ainsy que Nous sommes bien informé qu'avez faict par le passé.

Donné a Fontainebleau, le 27 avril 1611.

Louis.

 

 

 

De par la Royne Régente (180),

 

Chères et bien aymées, Nous avons eu a desplaisir d'entendre qu'au lieu de recepvoir quelque consolation de la perte que vous avez faicte de Nostre tante de Bourbon, vostre abbesse, vous avez nouveau sujet de vous attrister, sur la resolution en laquelle est Nostre cousine d'Orléans d'abandonner la charge qui luy est eschue.

Nous désirerions qu'il fust en Nous de la détourner de cette volonté et l'exhortons par nos lettres, autant qu'il nous est possible, de vouloir demeurer en cette dignité. Mais au cas qu'elle ne s'y voulust disposer, le Roy, nostre très honoré seigneur et fils, vous mande qu'elle est sur ce son intention, a laquelle Nous voulons croire que vous ne manquerez de vous conformer entièrement, comme vous rîebvez faire et vous en prie, sur tant que vous aurez a désirer sa bonne grâce, avec vostre conservation et repos asseurés, que cela Nous conviera a les vous les moyenner et a vostre Ordre, selon les occasions qui s'en offriront.

Donné a Fontainebleau, le 27 avril 1611.

MARIE.

 

 

Les deux lettres leues ledit evesque ayant pris les voix de toutes les religieuses, la pluralité se porta pour ladite Dame Louise de Bourbon.

Le brevet du roy fut expédié en faveur de ladite Dame Louise de Bourbon (181).

 

Copie du brevet de nomination de Madame de Lavedan.

Aujourd'hui 21 juin 1611, le Roy estant a Fontainebleau, sur la déclaration que Madame d'Orléans cy devant pourveue de la coadjutorerie de l'abbaye de Fontevrault a tiltre de future succession, et faicte depuis le deceds de Madame Eleonor de Bourbon, dernière abbesse dudit Fontevrault, portant renunciation au droit qu'elle avoit de succéder a ladite charge de laquelle s'est volontairement démise, estant a ceste occasion très nécessaire d'y pourvoir de personne qui s'en puisse bien et dignement acquitter a la gloire de Dieu, conservation, repos et tranquillité dudit Ordre; S. M., de l'advis de la Royne Régente, sa mère, en faveur de Mgr le C. de Soissons, a accordé ladite abbaye de Fontevrault a soeur Louise de Bourbon de Lavedan, grande prieure d'icelle abbaye, pour en estre pourveue en cour de Rome a la nomination de S. M., selon et ainsy qu'il est accoustumé comme vacant tant par le deeeds de ladite Dame de Bourbon que par la démission de ladite Dame d'Orléans, laquelle neantmoins demeurera tousjours si bon luy semble coadjutrice d'icelle, suyvant les bulles qui en ont esté expédiées en sa faveur et pour tesmoignage de ce Sadite Majesté ma commandé d'en expédier toutes, at cependant le présent brevet qu'elle a voulu signer de sa main et faict contre signer par moy son conseiller et secrétaire d'Estat.

Signé : Louis.

Et plus bas : PHELIPEAU.

 

La Royne escrivit une lettre a Madame de Lavedan pour luy donner advis que le Roy et Elle l'ont choisie et nommée abbesse de Fontevrault. Escrite a Fontainebleau, ce 21 juin 1611.

Ladite Royne Régente en escrivit aussy une aux religieuses de Fontainebleau, sur le mesme sujet, le 21 juin 1611.

Apres lesdites lettres receues, Madame d'Orléans voyant qu'il estoit en son option de se retirer, choisit le convent de l'Encloistre, en Gironde, et partit de ceste maison le jour de Saincte-Anne 1611 (182).

Madame Louise de Bourbon envoya son secrétaire a Rome pour avoir ses bulles, qui fut de retour après Noël 1611.

Le samedy 28e juillet suivant, M. l'evesque de Luçon arriva et le lendemain dimanche elle fut beniste par ledit evesque (183).

Elle establit un séminaire de religieux a La Flèche et achepta pour cet effet une maison fort commode la somme de 6,000 livres dont elle paya 3,000 content et les autres 3,000 fut contrainte les emprunter a Poitiers, dont elle paya l'intérêt de 200 livres trois ou quatre ans (184).

Et pour obtenir du Roy le don des lots et ventes dont elle eust deu payer 1,400 livres, elle bailla pour recompense a celuy qui en fit la poursuite en cour 300 livres, etc.

Elle obtint de Sa Sainteté permission d'affecter le revenu du prieuré de La Lande-Beauchesne, qui est de 2,000 livres avec une bulle de quatre prieurez, pour l'entretien de la communauté.

Ledit séminaire estant bien estably, elle fît construire le grand autel (185). Elle fit chercher l'un des plus excellents architectes. Le R. P. Richer, abbé de Sainct-Vincent du Mans, visiteur de Fontevrault, luy enseigna M. de la Barre.

Elle passa marché avec luy le 20 avril 1621, au prix de 4,700 livres, pour les cinq figures, tableau, marbres, etc.

Plus pour la cloison des deux costez de l'autel et l'arcade de la sépulture de Nostre B. Père, 1,350 livres.

Pour les pierres, piastres, 650 livres.

Pour le marbre, 134 livres 12 s.

Pour les menuisiers, 545 livres.

Pour le serrurier, 150 livres 4 s.

Pour les peintres, 167 livres 9 s.

En faisant les fondements de l'autel, les ossements de Nostre B. Père furent trouvez. Madame les fit mettre dans un coffret de plomb sous l'arcade, a la partie dextre du grand autel (186), et de l'autre costé les ossemens de Pierre, evesque de Poitiers (187), grand amy et contemporain de nostre B. Père, qui luy permit de bastir ce grand monastère en son diocèse et qui obtint de Sa Sainteté qu'iceluy monastère fut exempt de la jurisdiction de ses successeurs (188).

Ladite Dame a faict faire a Paris l'effigie de marbre blanc de Nostre B. Père, pour le prix de 800 livres et fut rendue icy le 10 juin 1624 (189).

Le 13° décembre 1623 M. l'evesque de Mailzais (190) consacra l'autel de la Magdelaine et le lendemain celuy de Saint-Lazare.

L'année d'après Mademoiselle Marie de Bourbon, fille de M. le comte de Soissons, ayant esté icy quatorze ans en habit de novice et mesme ayant eu des bulles de coadjutorerie (191) et future possession de l'abbaye, pourveu qu'elle fust professe, elle avertit Madame la comptesse sa mère qu'elle l'envoyast quérir, ce qu'elle fit par Madame de Thoury, qui arriva le Xe octobre 1624, et le lendemain ceste princesse sortit en habit séculier.

Madame se voyant en grand aage de 76 ans et maladive, et avec ce le désir qu'avoit la Compagnie d'avoir assurance de quelqu'une avant son decez, craignant que Madame la Comtesse y en mist a sa dévotion etqu'ainsy elle perdist le droit d'élection que doivent avoir tous les chefs d'Ordre.

Ayant eu advis des rares vertus de Madame Jeanne de Bourbon, dicte de Remorentin, soeur naturelle du Roy, religieuse professe de l'abbaye de Chelles, Ordre de Saint-Benoist, et que Sa Majesté l'auroit agréable, et Madame la comtesse écrivit a Madame l'abbesse et la pria de prendre Madame l'abbesse de Poitiers pour coadjutrice et successeresse.

On remarquera la vertu de Madame qui a préféré le contentement de sa compagnie, en refusant l'offre de Madame la comtesse de prendre pour coadjutrice Madame de la Trinité, sa niepce (192), et luy fit réponse le 9e décembre 1624.

Le 13 décembre 1624, Madame Jeanne de Bourbon (193) a este canoniquement et légitimement esleue pour coadjutrice de l'abbaye.

Le père Monteage receut la commission d'aller présenter a Sa Majesté l'acte de l'élection.

Ledit père alla en poste présenter a Sa Majesté ledit acte qui fut fort agréable, le choix que l'on avoit faict de Madame sa soeur naturelle. Laquelle ledit père alla trouver a Chelles. Elle arriva icy a 4 heures du soir 1625 ». (194)

 

 

Liste des abbesses de l'abbaye de Fontevraud <==

Recherche dans les textes en latin du saint fondateur de l’abbaye de Fontevraud et examen des reliques du bienheureux Robert <==

 

 


(1). Voir la note A. de l'Appendice.

(2). Renée de Bourbon était fille de Jean de Bourbon, IIe du nom, comte de Vendôme, seigneur d'Épernon, Mondoubleau, Montoire, Lavardin et Bonneval, et d'Isabelle de Beauvau, dame de Champigny et de La Roche-sur-Yon, fille unique et héritière de Louis de Beauvau, sénéchal d'Anjou.

— De leur mariage, dont le contrat fut passé à Angers, le 9 novembre 1484, Jean de Bourbon et Isabelle de Beauvau eurent :

a. François de Bourbon, comte de Vendôme, seigneur d'Épernon, etc., époux de Marie de Luxembourg, comtesse de SaintPol, de Conversan, etc.

b. Louis de Bourbon, prince de La Roche-sur-Yon, marié à Louise Bourbon, comtesse de Montpensier.

François Ier érigea en sa faveur la seigneurie de Montpensier en duché-pairie.

c. Jeanne de Bourbon, épouse : 1° de Jean II, duc de Bourbon; 2° de Jean de La Tour, comte d'Auvergne, et 3° de François de La Pausse, baron de La Garde.

d. Catherine de Bourbon, seconde femme de Gilbert de Chabaunes, seigneur de Curton, Charlus, etc., grand sénéchal de Guyenne et gouverneur du Limousin.

e. Jeanne de Bourbon, mariée à Louis de Joyeuse, seigneur de Botheon, Bouzac, Rochefort, etc., chambellan du roi.

f. Charlotte de Bourbon, épouse de Gilbert de Clèves, comte d'Eu et de Rethel.

g. RENÉE DE BOURBON, abbesse de Fontevrault.

h. Isabelle de Bourbon, abbesse de la Sainte-Trinité de Caen.

 

Les armes de cette branche de la maison de Bourbon étaient :

d'azur, à trois fleurs de lis d'or, à la bande de gueules, chargées de trois lionceaux d'argent.

Renée de Bourbon, abbesse de Fontevrault, était née au mois de mai 1468. Dès l'âge de huit ans, elle avait reçu le voile monastique dans l'abbaye de Saintes.

Peu de temps après, Anne d'Orléans, sa cousine, l'attira à Fontevrault, dont elle était abbesse, et où elle lui fil faire profession en 1483.

En 1491, elle fut élue abbesse de la Trinité de Caen, et la même année elle succéda à Anne d'Orléans comme abbesse de Fontevrault.

Elle était d'une nature chétive et délicate; mais elle était intelligente, active et énergique de caractère.

Le P. Nicquet dit que la croissance de son corps fut arrêtée à l'âge de dix ans, « par un « catharre universel, qui luy tomba sur tout le corps, ayant deslors borné sa taille et arresté sa croissace sans interresser la beauté du visage, et vue douce et agréable Majesté qui estoient nées avec elle, mais en contr'eschange elle estoit douée d'vn esprit vif et pénétrant, d'un jugemet ferme et solide, d'une mémoire tres-heureuse, et estoit fort retenue en paroles. » (Hist. de l'Ordre d Font-Evravd, ch. xxrx, p. 431.) Telle était la femme qui régénéra l'Institut de Robert d'Arbrissel.

(3) L'abbaye de la Sainte-Trinité de Caen, ordre de S. Benoît, avait été fondée au XIe siècle, par Mathilde, épouse de Guillaume le Conquérant, roi d'Angleterre et duc de Normandie.

 (4). Ce fut, dit-on, pour rappeler l'autorité qu'elle avait à la fois sur les abbayes de Fontevrault et de Caen, que Renée, de Bourbon plaça derrière son blason deux crosses accolées. (Bibl. nationale. Ms. 20,893, Fr., fol. 259.)

(5). Lorsqu'une religieuse faisait sa profession à Fontevrault, l'abbesse lui couvrait le visage d'un voile, qu'elle ne pouvait quitter que le troisième jour après l'Agnus Dei de la messe. Avant la cérémonie la postulante devait préalablement lire et signer son acte de profession et le déposer sur l'autel.

(6). Isabeau ou Isabelle de Bourbon était la huitième enfant de Jean II de Bourbon et d'Isabelle de Beauvau.

(7). Le prieuré de Chaise-Dieu (Casa Dei), diocèse d'Évreux, avait été fondé, sur le bord de l'Iton, entre Chanday et Bourlh, par Richer II, baron de l'Aigle, vers 1128, en faveur de Hugues du Désert et quelques ermites qui habitaient dans la forêt de Breteuil. La dédicace de l'église eut lieu le 2 octobre 1132.

Pendant quatorze ans le monastère fut dirigé par Hugues ; mais en 1146, du consentement de Richer, il se donna, lui et tous ses biens, à l'institution de Robert d'Arbrissel. C'est alors que Chaise-Dieu reçut une colonie de religieuses venues de Fontevrault et devint un des principaux prieurés de la célèbre abbaye angevine.

Deux filles de Richer II, baron de l'Aigle, furent prieures de Chaise-Dieu : Julienne, en 1155; puis Félicie.

En 1208, une de leurs nièces, Julienne, fille de Richer III, devint également prieure de Chaise-Dieu, où elle s'était faite religieuse après la mort de son mari, Gilbert, seigneur de Tillières. (Gabriel Vaugeois, Hist. des antiquités de la ville de l'Aigle et de ses environs, 1. VI, ch. v, pr 271-274; ch. vi, p. 275.)

Ce fut dans le choeur des religieuses de Chaise-Dieu, que fut inhumée sous une riche tombe, Odeline, épouse de Richer III, baron de l'Aigle.

 Son épitaphe portait :

HIC.IACET.ODELINA. DOMINA. DE. AQUILA. FILIA. COMITIS. DE . SANCTA. SVZANNA.

(Arch. de Maine-et-Loire, fonds Fontevrault, cart. Chaise-Dieu.)

Gilbert II, baron de l'Aigle, Elisabeth, sa femme, Gilbert III et Richer IV, leurs fils, confirmèrent les dons faits par leur père et leur aïeule au monastère de Chaise-Dieu. (Pavillon, Hist. de Robert d'Arbrissel, p. 373.)

A propos de ces libéralités, le savant Gabriel Vaugeois dit : « Quoique la connaissance des donations faites aux moines par les seigneurs du moyen âge doive paraître aujourd'hui peu  importante, il est pourtant utile d'en rappeler les principales dispositions, si l'on veut avoir une idée juste des moeurs de cette époque.

Gilbert non-seulement ratifia toutes les donations faites à Chaise-Dieu par ses prédécesseurs, en terres, prés, moulins et droits seigneuriaux, mais il y ajouta des rentes en argent, l'établissement d'une foire au jour de la dédicace de l'église, c'est-à-dire le droit de prélever des impôts qu'on appelait des coutumes, sur les marchands qui viendraient à cette foire ; il concéda de plus à ce couvent le droit exorbitant « de prendre chaque jour une charretée de bois à deux chevaux la forêt de l'Aigle. Cette concession dont les religieuses abusèrent, donna lieu, entr'elles et les descendants de leurs bienfaiteurs, à de longs procès qu'on ne put terminer qu'au moyen d'une transaction, par laquelle on abandonna au coûte vent une partie de la forêt en toute propriété. » (Loc. cit., p. 281.)

La spirituelle Louise-Marie de Lanfernat, épouse de François de l'Omosne, seigneur du Bois-de-la-Pierre, près de l'Aigle, a écrit, au XVIIe siècle, une Chronologie historique des prieures de Chaise-Dieu, que les religieuses conservèrent manuscrite et dont Jacques Le Long fait mention dans sa Bibliothèque historique de la France, t. Ier, n° 15,174. On ignore ce qu'est devenu cet ouvrage.

Les armes des barons de l'Aigle se voyaient sur la porte principale du monastère et sur le blason du prieuré qui était : d'azur, à une Annonciation d'or, accompagnée en pointe d'un écu aussi d'or, à l'aigle de sable, qui est de l'Aigle.

(8). Marie de Bretagne avait succédé, en 1437, à Marie de Montmorency comme abbesse de Fontevrault.

Elle était fille de Richard, comte d'Étampes, seigneur de Clisson et de Marguerite d'Orléans, soeur de Louis XII.

(9). Le prieuré de la Madeleine d'Orléans était une ancienne maison, fondée pour servir de refuge à de pauvres filles étrangères.

Elle fut donnée à l'abbaye de Fontevrault en 1113, par le chapitre de Sainte-Croix d'Orléans, avec l'approbation du pape Calixte II et l'agrément du roi Louis VI.

Au moyen âge, elle portait le titre de : Sancta Maria de hospitio, de hospitali, de Fonte Ebraldi. Son blason était : d'azur, à une sainte Madeleine tenant un vase couvert le tout d'or, sur une terrasse du même.

Ce monastère reformé, en 1475, par Marie de Bretagne, fut le premier prieuré de l'Ordre qui se soumit à la nouvelle discipline. Le procès-verbal rédigé à ce sujet, le 23 juillet 1474, eut pour auteurs : Jean, chanoine de Bourges; Louis Pot, abbé de S. Lomer de Blois, et Jean Berthelot, chanoine de Tours, subdélégués de l'archevêque de Lyon. — Voir la note B, de l'Appendice.

(10). Jeanne du Mas, prieure de Saint-Ladre, à Fontevrault, appartenait à la maison du Mas, seigneurs de Durtal et de Mathefelon en Anjou.

(11). blanche de Montbron, trésorière de l'abbaye de Fontevrault, qui se montra dans la suite très-hostile à la réforme de l'Ordre, était issue de l'ancienne famille de Montbron, originaire de l'Angoumois, qui posséda en Anjou la seigneurie d'Avoir et la baronnie de Maulévrier.

(12). Cette religieuse devint prieure de La Lande-de-Beauchêne.

(13). Marguerite Rogre, devait être la soeur ou la nièce de Guillaume Rogre, abbé, qui figure comme témoin au procès-verbal d'installation des religieuses réformées dans l'abbaye de Fontevrault en 1504.

(14). Marie de Bretagne était décédée le 19 octobre 1477 et avait été inhumée dans le choeur de l'église du prieuré de la Madeleine à Orléans.

(15). Le prieuré de Belhomer ou Bellonier était situé dans le diocèse de Chartres. Son blason était : d'azur, au crucifix adextré de la sainte Vierge et senestré de saint Jean l'Évangéliste, le tout d'or.

(16). Marie de Luxembourg, comtesse de Saint-Pol, de Conversan, de Brienne, de Marie et de Soissons, vicomtesse de Meaux, dame de Graveline, Dunkerque, Ham, Oisy, Vendrier, Silly-sur-Vaye, etc., avait épousé en 1487, François de Bourbon, comte de Vendôme, dont elle eut :

a. Charles de Bourbon, premier duc de Vendôme, etc., marié à Françoise d'Alençon:

b. Jacques de Bourbon, mort jeune.

c. François de Bourbon, comte de Saint-Pol.

d. Louis, cardinal de Bourbon, archevêque de Sens, évèque de Laon et de Ti égnier.

e. Antoinette de Bourbon, épouse de Claude de Lorraine, premier duc de Guise.

f. LOUISE DE BOURBON, qui devint abbesse de Fontevrault. Marie de Luxembourg perdit son mari le 3 octobre 1493, à Verceil, en Italie, où il mourut épuisé de fatigue à la suite de la conquête du royaume de Naples. Son corps fut rapporté en France et inhumé avec de grands honneurs dans l'église collégiale de Saint-Georges du château à Vendôme. C'était un des princes les plus accomplis de son temps.

(17). Cette jeune enfant, qui devint abbesse de Fontevrault, « n'a pas tant foulé au pieds les vices comme elle les a ignorez, ayant plus tost quitté le monde, qu'elle ne l'a pu cognoistre on la sevra des délices de la cour; avant que la nourice, qui l'aporta à Font-Euraud en l'aage de dix-huict mois, l'eust seurée de la mammelle. (Eût. de l'Ordre de Font-Evraud, ch, xxx, p. 497.)

(18). Pbilippe Bourgoin, vicaire général de Jacques d'Amboise, abbé de Cluny, succéda, en 1500, à André d'Espinay comme prieur de Saint-Martin-des-Champs à Paris, et en 1502 il fut élu prieur claustral de l'abbaye de Cluny.

(19). Le cardinal Philippe de Luxembourg, évêque du Mans et dernier abbé commendataire de l'abbaye Saint-Vincent du Mans, après avoir introduit dans ce monastère les constitutions de la congrégation de Chezal-Benoît, plaça à la tête de l'abbaye de Saint-Vincent, en 1502, le moine Yves Morisson en qualité d'abbé régulier.

(20). Guillaume de Besançon était conseiller du roi au Parlement de Paris.

(21). Le Père Jean Lardier, dans son Trésor de l'abbaye de Fontevrault (t. I, fol. 186 — Ms. des Archives de Maine-et-Loire) raconte ainsi l'établissement de la réforme à Fontevrault : « La vigile de S. André 1503, fut mise la grille du grand moustier, fut empeschée l'assise du tour, posée par M. de Besançon qui le faisoit par l'ordre du Roy. Ensuite fut fait procez verbal et le Roy envoya M. le prince de Taillemont et M. de Montbazon, capitaine des souisses de la garde, lesquels assistèrent ledit Bezançon, qui jetta hors la tnresoriere, Blanche de Monberon ; la prieure de la Magdelaine, Sr Magdelaine de Caumont; la prieure de Fontaine, Sr Raoulline Musset, chantre du grand moustier ; la prieure de Villesalem, Sr Jeanne Le Roux, et la prieure de La Lande de Beauchesne, Sr Marie de Sorlart, accompagnées d'autres religieuses ; lesquelles Madame fit conduire par des religieux en litières et chariots à ces despends. Et lesdits sieurs firent asseoir ladite grille et tour. »

II parait que cette expulsion ne suffit pas pour ramener le calme dans l'abbaye, car « le jeudy 20 mars 1503, ajoute le même auteur, la nuit furent, par les religieuses demeurées et certains hommes du bourg, rompues les grilles et tours, dont fut fait information. »

Ces quelques lignes indiquent clairement l'opposition que rencontra Renée de Bourbon pour introduire la réforme au chef-lieu de son Ordre. Aussi « le lundy de Quasimodo, 15 avril 1504, furent, par frère Henry de Hugueville, visiteur des couvents réformez, introduites au grand moustier vingt-et-une religieuses réformées. A ce presens au parloir de S. Christofle, Mre Gaillard Rusé, conseiller du Parlement, M. Gilles Berlhelot, maistre de la Chambre des Comptes, Fr. Guillaume Rogre, abbé pensionnaire de La Celle. » (Ibid., fol. 187).

(22). D'après un manuscrit conservé aux Archives de Maine-et-Loire, il ne resta à Fontevrault, après l'établissement de la réforme, que neuf religieuses professes, cinq soeurs converses et neuf novices.

(23). Anne d'Orléans, cousine-germaine de Marie de Bretagne, succéda à cette abbesse d'un consentement unanime en 1478. Elle était née du mariage de Charles, duc d'Orléans, avec Marie de Clèves, sa troisième femme.

Dès l'âge de douze ans, elle était entrée à Fontevrault et deux ans plus tard, elle y avait fait profession entre les mains de Marie de Bretagne. Après avoir travaillé à la réforme de l'Ordre, pendant les treize années de son administration, elle décéda le 9 septembre 1491, et fut inhumée dans le milieu du choeur de la grande église abbatiale de Fontevrault, où Renée de Bourbon lui fit ériger, en 1498, une superbe tombe en cuivre du poids de cinq cents livres.

(24) Le prieuré de la Madeleine à Orléans, diocèse d'Orléans.

(25). Le prieuré de Caze-Dieu ou Chaise-Dieu (Casa Bei), diocèse d'Évreux.

(26). Le prieuré de Fontaine-Française (Fons Francisais), diocèse de Meaux.

(27). Le prieuré de Foriac, diocèse de Troyes.

(28). Le prieuré de l'Encloistre (Enclaustrum, Inclaustrum), diocèse de Poitiers, avait été fondé dans la forêt de Gironde par Robert d'Arbrissel avec le concours du vicomte de Châtelleraud.

(29). Le prieuré de Variville, diocèse de Beauvais.

(30). Le prieuré des Filles-Dieu, diocèse de Paris, était situé rue Saint-Denis à Paris, et avait été fondé vers 1216, par Imbert de Lions, afin de servir d'hôpital ou Maison-Dieu, sous le vocable de sainte Madeleine, pour recevoir les femmes mendiantes qui passeraient à Paris et les renvoyer le lendemain, après leur avoir donné un pain ou un denier. Peu à peu le relâchement s'étant introduit dans cette maison, les quelques religieuses qui en avaient la jouissance en furent dépossédées.

En 1483, elle fut donnée, avec les revenus qui y étaient attachés, à l'Ordre de Fontevrault. Le la juin 1498 seulement, furent installés dans ce couvent huit religieuses et sept religieux de l'ordre de Fontevrault. L'année suivante, les fontévristes commencèrent la construction d'une nouvelle église, qui fut achevée en 1508.

(31). Parmi les religieuses des prieurés réformés qui vinrent à Fontevrault, furent : Jeanne d'illiers, Nicole de la Noue, Renée de Montigny, Catherine de Haubergeron, Madeleine de Raveton, Marie d'Avoise, Guyonne Gyron, Marie de Rouveray, Madeleine Louet, Christine Roussignol, etc.

(32). Louis de Bourbon, évêque d'Avranches, était fils naturel de Jean II de Bourbon, comte de Vendôme; il décéda le 21 octobre 1510.

(33). Anne de Bretagne, reine de France, épouse de Louis XII.

(34). Charlotte de Bourbon, femme de Gilbert de Clèves, comte de Nevers.

(35). Jeanne d'Orléans, fille de Jean, comte d'Angoulême et de Marguerite de Rohan. Elle avait été mariée à Charles de Coëtivi, comte de Taillebourg.

(36). Germain de Foix, fille de Jean, comte de Foix, vicomte de Narbonne et de Marie de France. Elle épousa Ferdinand, roi d'Aragon.

(37). Jeanne de Cornaline, fille du célèbre historien Philippe de Commine, avait épousé, en 1504, René de Bretagne, comte de Penthièvre, vicomte de Bridier, seigneur de l'Aigle, etc.

(38). Lorsque Renée de Bourbon fut abbesse de Fontevrault elle s'empressa de faire sortir de l'abbaye de Poissy, où elle avait pris le voile, sa jeune soeur Ysabeau ou Isabelle, de Bourbon, à laquelle elle confia la charge de grande prieure de son monastère, après lui avoir fait faire profession. Elle fut bénite abbesse de la Sainte-Trinité de Caen par son frère naturel, Louis de Bourbon, évêque d'Avranches. Elle décéda le 12 juillet 1331, ainsi que l'indiquait l'épitaphe gravée sur sa tombe en cuivre, placée devant la grille, à gauche, dans le choeur de l'église abbatiale de la Sainte-Trinité

(39). François de Rohan, abbé commendataire de Saint-Aubin d'Angers, puis évêque d'Angers et archevêque de Lyon, était fils de Pierre de Rohan, seigneur de Giê, du Verger, de Marigné, de Baugé, etc., maréchal de France, chevalier des Ordres du roi et de Françoise de Porboët.

(40). Choeur.

(41). Fontaine avait succédé, en 1505, à Guillaume Rousseau, comme prieur de Saint-Jean-de-l'Habit à Fontevrault. En dépossédant ce religieux de son office, Renée de Bourbon avait voulu le punir de s'être opposé à la réforme du prieuré de l'Habit de Fontevrault, mais elle fut contrainte de lui donner en compensation l'administration du prieuré do Saint-Laurent.

(42) Louise de Bourbon était née, le ler mai 1495, au château de La Fère en Picardie. Elle avait eu pour parrain Louis de Bourbon, évêque d'Avranches, son oncle naturel. Au mois de janvier 1511 elle postula pour être abbesse d'Origny.

(43). Comme Louise de Bourbon avait été élevée dans le monastère de Fontevrault depuis l'âge d'un an et demi sans en sortir, Louis XII, dont elle, était proche parente, dans la crainte qu'il n'y eut pression de la part des religieuses sur la jeune princesse, voulut qu'elle fut rendue à sa famille afin qu'elle connût le monde et manifestât librement sa vocation. Mais le faste des palais et les somptualités de la cour ne détruisirent point les sentiments de piété et de vertu que sa tante, Renée de Bourbon, lui avait inculqués; au contraire, son amour pour le cloître ne fit qu'augmenter et elle obtint bientôt la douce satisfaction de retourner auprès de sa seconde mère, qui la reçut avec une tendre et maternelle affection.

(44). Marie de Luxembourg, veuve de François de Bourbon, comte de Vendôme.

(45). Charles de Bourbon, duc de Vendôme.

(46). François de Bourbon, comte de Saint-Pol.

(47). Louis de Bourbon, prince de La Roche-sur-Yon. ==> Liste des seigneurs de la Roche sur Yon - Abbaye des Fontenelles

(48). Louise de Bourbon, comtesse de Montpensier.

(49). Elle n'était pas la soeur mais la tante du duc de Vendôme et de Madame de Lorraine.

(50). Antoinette de Bourbon se maria, le 18 avril 1513, à Claude de Lorraine, premier duc de Guise.

(51). René II, duc de Lorraine et de Bar, comte de Vaudemont, de Guise, d'4umale et d'Harcourt, époux de Philippe d'Egmond, prit le titre et les armes de roi de Jérusalem et de Sicile, à cause de sa mère Yolande d'Anjou, fille de René, duc d'Anjou et roi de Sicile.

(52). Gilbert de Clèves, comte de Nevers, duquel elle avait eu trois enfants :

a. Charles de Clèves, comte de Nevers.

b. Louis de Clèves, comte d'Auxerre.

c. François de Clèves, abbé de Tréport.

(52). Poêle ou dais sous lequel ou porte le Saint-Sacrement aux processions.

(53). Le blason de l'abbaye de Fontevrault était : d'argent, au Christ en croix, accompagné de la Vierge et de saint Jean, sur une terrasse, le tout au naturel.

(54). Charlotte de Bourbon, comtesse de Nevers, se tint à la hauteur des voeux qu'elle fit. Pendant les quelques années qu'elle passa à Fontevrault, elle ne voulut pas d'autre charge que de soigner les malades. Son éloge se trouve dans l'Histoire des dames illustres, par Hilarion de Coste.

(55). Louis de Bourbon, prince de La Roche-sur-Yon, décéda le 12 novembre 1520. Il avait eu de son mariage avec Louise de Bourbon, comtesse de Montpensier :

a. Louis de Bourbon, IIe du nom, duc de Montpensier.

b. Charles de Bourbon, prince de La Roche-sur-Yon.

c. Suzanne de Bourbon, mariée à Claude, sire de Rieux, de Rochefort et d'Ancenis, comte d'Harcourt.

(56). Ce n'était pas la première fois que François Ier venait à Fontevrault. A l'âge de 13 ans, en 1307, n'étant que duc de Valois, il était venu à l'abbaye et avait failli y être tué, par une pierre jetée par dessus le mur du jardin qui l'avait atteint au front. (Gaillard, Hist. de François Ier, t. I, p. 12)

(57). Ce fut dans le voyage que François Ier fit à Angers en 1518 (nouv. style) qu'il s'arrêta à Fontevrault. J'ai publié en 1858 la relation de cette royale excursion sous le titre de : Voyage du roi François Ier à Angers, en 1518.

(58). Louise de Savoie, duchesse d'Anjou, était fille de Philippe II, duc de Savoie et de Marguerite de Bourbon ; elle avait épousé Charles d'Orléans, comte d'Angoulême, fils de Jean, comte d'Angoulême, et de Marguerite de Rouan.

(59). Les principaux personnages qui accompagnèrent François Ier furent : Charles II, duc d'Alençon ; Marguerite d'Angoulême, sa femme, soeur unique du roi; Charles de Bourbon, duc de Vendôme; Louis de Bourbon, prince de La Roche-sur-Yon ; René bâtard de Savoie, comte de Villars; Louis II, sire de La Trémouille, vicomte de Thouars ; Charles de Clèves, comte de Nevers ; Guillaume Goutïier, grand amiral de France ; FrançoisMarie de La Rouere, duc d'Urbin ; Guillaume de Montmorency, chambellan du roi; Robert de La Marck, seigneur de Florenges, maréchal de France ; le chevalier Bayard ; Jacques de Chabannes, seigneur de La Palisse; Thomas de Fois, seigneur de Lescun; Louis de Sartiges; François de Silly, seigneur de Lonray, bailli de Caen ; Jacques de Montgommery, seigneur de Lorges, capitaine des gardes écossaises; le marquis de Saluées; Charlotte d'Armagnac, comtesse de Guise ; Antoinette de Bourbon; Françoise de Foix, et un grand nombre d'autres illustrations de la cour du jeune roi.

(60). Charles d'Orléans, comte d'Angoulême, avait eu d'Antoinette de Polignac, Madeleine, bâtarde d'Angoulême, qui devint prieure du Pont-1'Abbé, puis abbesse de Saint-Aussony, près d'Angoulême en 1490, de Farmoutier, diocèse de Meaux et de Jouarre, vers 1514.

Madeleine d'Orléans, accompagna François Ier à Fontevrault et y resta pendant cinq ans pour y étudier la réforme de cette abbaye et l'introduire dans celle de Jouarre. De retour dans son monastère, en 1523, elle y mourut le 26 octobre 1543, âgée de 67 ans. (Gall. Christ, t. II, p. 1049. — Anselme, Hist. généalogique de la Maison de France, t. I, p. 211.)

(61). Marie de Berland avait succédé en 1511 à Jehanne de Couhé comme abbesse de Sainte-Croix de Poitiers.

(62). Marie de Luxembourg, comtesse de Saint-Pol, veuve de François de Bourbon, comte de Vendôme.

(63). Louis, cardinal de Bourbon, archevêque de Sens.

(64). Charles de Bourbon, duc de Vendôme, pair de France, comte de Soissons, de Marie et de Conversan, vicomte de Meaux, seigneur d'Épernon, de Mondoubleau, de Montoire, etc., avait épousé le 18 mai 1513, Françoise d'Alençon, duchesse de Beaumont, douairière de Longueville, dont il eut :

a. Louis de Bourbon, mort jeune.

b. Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, puis roi de Navarre.

c. François de Bourbon, comte d'Enghien, lieutenant général du roi en Hainaut et. en Piémont.

d. Louis de Bourbon, mort jeune.

e. Charles, cardinal de Bourbon, archevêque de Rouen, primat de Normandie, légat d'Avignon.

f. Jean de Bourbon, comte d'Enghien, après la mort de son frère François de Bourbon.

g. Louis de Bourbon, prince de Condé.

h. Marie de Bourbon, morte en 1538, sans avoir été mariée.

i. Marguerite de Bourbon, née en 1516; épouse de François de Clèves, duc de Nivernais, pair de France, gouverneur de Champagne, de Brie et de Luxembourg.

j. MADELEINE DE BOURBON, religieuse à Fontevrault, puis abbesse de Sainte-Croix de Poitiers.

k. Catherine de Bourbon, née en 1S2S; morte abbesse de Soissons en 4594.

I. RENÉE DE BOURBON, abbesse de Chelles, et grande prieure de Fontevrault.

m. ËLÉONOR DE BOURBON, abbesse de Fontevrault.

(65). Madeleine de Bourbon était née au château de La Fère en 1520. Elle avait eu pour parrain le seigneur de Bellefourière et pour marraines Marie de Luxembourg, comtesse de Vendôme, son aïeule, et mademoiselle de Varenne.

(66). Catherine d'Albret était fille de Jean, sire d'Albret, roi de Navarre, comte de Fois, de Gavre et de Périgord, vicomte de Limoges et de Tartas, et de Catherine de Foix.

(67). Du mariage d'Antoinette de Bourbon, fille aînée de François de Bourbon, comte de Vendôme, et de Marie de Luxembourg, avec Claude de Lorraine, duc de Guise, comte d'Aumale, marquis de Mayenne et d'Elbeuf, baron de Joinville, étaient nés :

a. François de Lorraine, duc de Guise et d'Aumale, prince de Joinville, pair, grand mailre, grand chambellan et grand veneur de France, tué au siège d'Orléans par Poltrot de Meré, le 24 février 1563. C'était l'un des princes les plus accomplis et le plus grand capitaine de son temps,

b. Charles, cardinal de Lorraine, archevêque-duc de Reims, pair de France.

c. Claude de Lorraine, duc d'Aumale.

d. Louis de Lorraine, cardinal de Guise, archevêque de Srns, évêque de Troyes, d'Alby et de Metz, abbé commendataire de Saint-Victor de Paris, de Moissac et de Saint-Pierre de Bourgueil.

e. Philippe de Lorraine, mort jeune.

f. Pierre de Lorraine, décédé en bas âge.

g. François de Lorraine, chevalier de Malte, grand prieur et général des galères de France.

h. René de Lorraine, marquis d'Elbeuf.

i. Marie de Lorraine, épouse 1° de Louis d'Orléans, IIe du nom, duc de Longueville ; 2° de Jacques Stuart, V° du nom, roi d'Ecosse.

j. Louise de Lorraine, mariée à Charles de Croy, prince de Chimay.

k. RENÉE DE LORRAINE, religieuse de Fontevrault, puis abbesse de Saint-Pierre de Reims.

I. Antoinette de Lorraine, abbesse de Faremoutier, morte le 24 mars 1861.

Antoinette de Bourbon, qui décéda au château de Joinville le 20 janvier 1S83, âgée de plus de 88 ans, vit tour à tour s'éteindre son mari, ses enfants et la plupart de ses petits-enfants. Cette noble femme supporta avec une grande résignation les diverses afflictions de son illustre famille.

(68). Louise de Bourbon, princesse de La Roche-sur-Yon, n'avait eu que deux fils : Louis et Charles de Bourbon, et une fille : Suzanne de Bourbon.

(69). Madeleine de Bourbon et Renée de Lorraine.

(70). Les étoffes de soie tannée ou brun rouge étaient alors très à la mode.

(71). C'est-à-dire que le piédestal de la statuette était orné de quatre figures de saints en relief.

(72). Patène, plateau dont on couvre le calice et sur lequel repose l'hostie pour la consécration.

(73). Renée de Bourbon était née au château de Saint-Germainen-Laye le 6 février 1527. Elle avait eu pour parrain Henri II d'Albret, roi de Navarre et pour marraine Renée de France, duchesse de Ferrare et madame de Canaples.

(74) Gaucher de Sainte-Marthe, médecin ordinaire de François Ier et de l'abbesse de Fontevrault, eut douze enfants qui naquirent pour la plupart à Fontevrault. Renée de Bourbon le choisit pour être le médecin de son abbaye en 1507 ; il décéda en 1551. C'est de lui qu'est issue la génération célèbre d'historiens, de poètes, de légistes du nom de Sainte-Marthe.

(75). Le prieuré de Saint-Jean de l'Habit était situé dans l'enclos de l'abbaye de Fontevrault, et occupé par les moines et les novices ; les confesseurs des religieuses ne l'habitaient pas.

(76). Sous Renée de Bourbon les prieurs de l'Habit furent :

Guillaume Chaumart, 1491. Guillaume Roussel ou Rousseau, 1495. Philippe Fontaine, 1505. Aubin Albert ou Aubert, 1832. Paul Lovau, 1533.

(77). Le grand arrêt pour la réforme de l'Ordre de Fontevrault est du 18 mars 1520. Il fut confirmé par une bulle de Clément VII du 13 janvier 1523.

(78). Etienne Gentil, moine de l'Ordre de Cluny, avait succédé en 1508 à Philippe Bourgouin comme prieur de Saint-Martin-des- Champs à Paris.

Dès l'année 1515 Renée de Bourbon l'avait choisi pour son vicaire général. Il décéda le 6 novembre 1536.

(79). Jean Bordier, chanoine de l'Ordre de S. Augustin, avait succédé en 1514 comme abbé de S. Victor de Paris à Nicaise de Lorme. Il mourut en 1548.

(80). La plupart des religieuses dont il est fait ici mention, appartenaient à d'anciennes familles nobles de l'Anjou,

(81). Relay, prieuré dans le diocèse de Tours.

(82). M. Alfred Jubien a publié la vie de cette réformatrice sous ce titre : L'Abbesse Marie de Bretagne et la Réforme de Fontevrault. (Angers, 1872,in-l2.)

(83). L'abbesse Marie de Bretagne décéda le 19 octobre 1477.

(84). Cette enceinte de 630 toises de longueur est indiquée sur le plan de l'abbaye de Fontevrault par M. Alb. Lenoir. (Architecture monastique, t. I, n° 551.)

 Elle fut construite par Antoine Rousseau, Breban et Yvon Heurtault.

(85). Posa.

(86). La cuisine dont il est ici fait mention ne peut être la célèbre cuisine octogone formée de huit absides, dont la construction remonte à l'origine du monastère et qui subsiste encore. Elle était située à l'extrémité du réfectoire avec lequel elle communiquait. (V. Le Noir, Architecture monastique, t. I, nos 496 et 498. — Viollet-le-Duc, Dict. raisonné de l'Architecture, t. IV, p. 405 et suiv.)

(87). Cellules.

(88). L'infirmerie.

(89). C'est le sol qui fut relevé.

(90). Les grandes abbayes avaient alors deux et quelquefois trois cloîtres; le préau de l'un d'eux servait ordinairement de cimetière. Il en était ainsi à Fontevrault.

 (9l). sacristie des religieuses fut bâtie plus tard sur l'emplacement de la chapelle de Sainte-Radégonde. (Lardier, Trésor de Fontevrault, t. I, f° 3, v°.)

(92). Lorsque Jeanne-Baptiste de Bourbon, abbesse de Fontevrault, fit abattre, en 1639, le mur qui soutenait la grille du choeur posée par ordre de Renée de Bourbon, on trouva une grande pierre d'ardoise sur laquelle, selon le père Nicquet, Hist. de Fontevrault, p. 485, l'inscription suivante était gravée :

Le vingtiesme jour de juin, l'an mil cinq cents et quatre, Madame Renée de Bourbon, abbesse de Font-Evraud, fille du comte Jean de Vendosme, a fait mettre en ce lieu cette présente grille, en présence de Dame Isabeau de Bourbon sa soeur, et Mademoiselle Louyse de Bourbon, sa niepce, fille du comte François, et soeur Jeanne de Bresle grand célerière; et soeur Françoise de Montbron, et autres Dames, pour en sondit monastère, elle, et ses successeresses abbesses et religieuses vivre en closture perpétuelle, et parfaicte communauté. Dieu à jamais les veille aymer et garder, et l'oeuvre sainct par elles commencé prospérer et bien continuer. Amen. JESUS. MARIA.

(93). Louis, cardinal de Bourbon, neveu de Renée de Bourbon, abbesse de Fontevrault.

(94). Paul III (Alexandre Farnèse), élu pape le 13 octobre 1534.

(95). Clément VII (Jules de Médicis), mort le 26 septembre 1534.

(96). Madeleine de Bourbon, dixième enfant de Charles de Bourbon, duc de Vendôme et de Françoise d'Alençon, avait fait profession à Fontevrault, comme il a été dit précédemment, le 17 avril 1533. Elle était prieure, non résidante, du prieuré de Prouillé en Languedoc, lorsqu'elle fut pourvue de l'abbaye de Sainte-Croix de Poitiers.

(97) Voir la note C, de l'Appendice.

(98). Le médecin Gaucher de Sainte-Marthe jouissait d'une si grande estime dans l'abbaye de Fontevrault qu'il était toujours investi des missions de confiance.

(99) Baltazar Jarente, évêque de Vence. Il était fils de Thomas Jarente, baron de Senas et de Louise de Glandèves. De l'évêché de Vence il passa à celui de Saint-Flour et mourut archevêque d'Embrun.

(100). Cinq couvents étaient renfermés dans l'enclos de l'abbaye, dont trois de femmes et deux d'bommes. Les couvents de femmes étaient : le Grand-Moutier, la Madeleine et le Lazare.

(101). Cette cérémonie faisait partie du cérémonial de l'abbaye. Moléon (Le Brun des Marettes) dans ses Voyages liturgiques de France, p. 113, dit en parlant des funérailles des religieuses de Fontevrault :

Après la mort d'une religieuse on lavait son corps, et on le couckoit sur un ciliée dans la bière ou le cercueil. Son visage étoit enveloppé d'une guimpe blanche, de telle sorte qu'il ne pût être vu de personne, et on enveloppoit le corps dans un long voile ou suaire qui étoit cousu depuis les épaules jusqu'au bout des pieds.

Ensuite l'abbesse prenait un cierge bénit et en faisoit dégoûter en forme de croix depuis la tête jusqu'au nombril, à summo capitis usque ad umbilimm ventris in modum crucis.

— Aux gouttes de cire répandues sur le corps, lors des funérailles, on substitua dans certains pays une crois en cire qu'on plaçait sur le milieu du drap mortuaire qui recouvrait le cercueil pendant la cérémonie funèbre. Cette crois était ensuite placée sur le cercueil et descendue avec lui dans la fosse. Cet usage liturgique subsiste encore en Normandie.

(102). Les couvents de la Madeleine et de Saint-Lazare ou Ladre ne renfermaient, selon D. Martene (Voyage littéraire), que dix religieuses que l'abbesse cliangeait tous les ans. Ces religieuses n'étaient point soumises aux mêmes offices de nuit que celles du Grand-Moutier.

A l'origine Robert d'Arbrissel avait fondé le prieuré ou hospice de Saint-Lazare pour les lépreuses, et le prieuré de la Madeleine pour les filles repenties.

(103). Après la mort de Renée de Bourbon les actes de l'abbaye furent scellés du grand sceau de la châtellenie de Fontevrault, en attendant la bénédiction de l'abbesse qui lui succéda.

(104). Frère Paul Lovau, prieur de Saint-Jean-de-1'Habit, à Fontevrault.

(105) Léger de Veilhan, abbé de Sullies, en Touraine.

(106). Jacques Le Roy de Chavigny, dernier abbé régulier de Saint-Florent-lès-Saumur.

(107). L'abbesse de Fontevrault avait sous ses ordres un grand nombre de fonctionnaires laïcs, tels que : surintendant, intendant, grand procureur, sénéchal, prévôt, juge, procureur général, procureur fiscal, contrôleur, censier, forestier, grenetier, médecin chirurgien, argentier, etc. (V. Jean Lardier, Trésor de Fontevrault, t. I. — Mss. des Archives de Maine-et-Loire.)

(108) La patène.

(109). les constitutions de Robert d'Arbrissel, il était prescrit aux frères, après le service funèbre, de transporter et d'inhumer le corps de la religieuse défunte en l'absence des soeurs, qui, pendant cette cérémonie devaient être réunies dans le cloître. Il était également défendu d'élever aucun monument et de graver aucune inscription sur la tombe des religieuses, dont la sépulture devait être inconnue des soeurs. Ces dernières prescriptions ne furent point observées à l'égard des abbesses.

(110). Voir la note D, de l'Appendice.

(111).  Catherine de Haubergeron, qui avait déjà rempli, en 1514, les fonctions de grande prieure en fut de nouveau investie le 10 juin 1535 ; elle décéda le 14 novembre 1542 étant encore en charge.

(112). de Bourbon-Vendôme, cardinal, légat du Saint-Siège, évêque et due de Laon, pair de France, abbé commendataire de Saint-Denis, de Saint-Corneille de Compiègne, de Coulons, de Ferrières, de Saint-Faron, de Saint-Serge d'Angers, etc., prit possession de l'archevêché de Sens le 22 janvier 1536 et fit le même jour son entrée solennelle dans sa ville archiépiscopale.

(113) Louise de Bourbon, comtesse de Montpensier.

(114). Anne de Laval, fille de Guy XV, comte de Laval et de Charlotte d'Aragon, et épouse de François de La Trémouille, vicomte de Thouars, prince de Talmond, comte de Taillebourg, etc.

(115) Louis de La Trémouille, IIIe du nom, premier duc de Thouars, prince de Tarente et de Talmond, etc. Il devint gouverneur et lieutenant général du Poitou, de la Saintonge et de La Rochelle.

(116). Léger de Veilhan, abbé de Sullies, ordre de S.-Benoît, diocèse de Tours.

(117). Jacques de Mauny, abbé de Sainte-Marie de Noyers, ordre de S.-Benoît, diocèse de Tours.

(118). Mathieu Gauthier, abbé de Marmoutier, ordre de S.-Benoît, diocèse de Tours.

(119). Pierre Roillard ou Rouillard, abbé de Bourgmoyen, ordre de S.-Benoît, diocèse de Blois.

(120). Renée de Bourbon, fille de Charles de Bourbon et de Françoise d'Alençon.

(121). Louise de Bourbon, comtesse de Montpensier et princesse de La Roche-sur-Yon.

(122). Anne de Laval, épouse de François de La Trémouille, vicomte de Thouars.

(123). Madeleine de Bourbon, abbesse de Sainte-Croix de Poitiers, était alors âgée de seize ans.

(124). Renée de Bourbon, soeur de Madeleine de Bourbon, avait été élevée dans l'abbaye de Fontevrault par sa tante Louise de Bourbon. Elle n'avait que neuf ans lorsqu'on lui fit prendre le voile.

(125). Charlotte de La Trémouille était la dixième enfant née du mariage de François de La Trémouille, vicomte de Thouars, prince de Talmond, comte de Taillebourg, de Guynes et de Benaon, baron de Craon et de Royan, seigneur de l'Isle-Bouchard, Mauléon, Marans, Rochefort, Doué, etc., lieutenant général du roi en Saintonge, Poitou et La Rochelle, avec Anne de Laval, fille de Guy XV, comte de Laval, qu'il avait épousée à Vitré le 2S janvier 1521.

(126). Françoise d'Alençon.

(127). Louise de Bourbon, comtesse de Montpensier.

(128). Jacqueline de Longwie, comtesse de Bar-sur-Seine.

(129). Louis de Bourbon, IIe du nom, duc de Montpensier, pair de France, souverain de Dombes, dauphin d'Auvergne, prince de Luc, comte de Mortain, vicomte d'Auge et de Brosse, baron de Beaujollais, de Thiers, etc., surnommé le Bon.

(130). Charles de Bourbon, prince de La Roche-sur-Yon.

(131). Suzanne de Bourbon, épouse de Claude de Rieux.

(132). Anne de Laval, femme de François de La Trémouille.

(133). Renée de Bourbon succéda à Jacqueline d'Amignon, dernière abbesse triennalle de Chelles. Elle fut la première abbesse titulaire et perpétuelle nommée par le roi à cette abbaye, dont elle prit possession, par procuration, le 5 février 1543, étant âgée de 16 ans. Le 9 février 1583 elle mourut à Chelles d'une hydropisie.

(134). Renée de Lorraine avait été pourvue des fonctions de grande prieure de Fontevrault en. 1543, après la mort de Catherine de Haubergeron; elle se désista de sa charge eu 1546 lorsqu'elle fut nommée abbesse de Saint-Pierre de Reims. La jeune Renée de Bourbon lui succéda.

(137). Éléonore de Bourbon était la dernière fille née du mariage de Charles de Bourbon, duc de Vendôme, et de Françoise d'Alençon. Sa mère la mit au monde dans le château du Louvre, le 18 janvier 1532. Elle fut baptisée par Antoine, cardinal du Prat, légat en France, et eut pour marraines : Éléonore d'Autriche, seconde femme de François Ier, et Madeleine de Bourbon, sa soeur, et pour parrain : François, dauphin de Viennois et duc de Bretagne, fils aîné du roi.

(136). Notre-Dame de Soissons, ordre de S.-Benoît.

(137). Le couvent du Mont-Calvaire avait été fondé par Marie de Luxembourg, près la petite ville de La Fère, dans le comté de Thiérache en Picardie.

(138). Jeanne de Bourbon, fille de Louis de Bourbon, IIe du nom, duc de Montpensier, et de Jacqueline de Longwic, était née en 1542 et elle entra à Fontevrault en 1544.

(139). Louise de Bourbon, comtesse, puis duchesse de Montpensier, observa dans cette circonstance les prescriptions de la Règle de S.-Benoit qui veut, que lorsqu'un enfant est offert et consacré à Dieu par ses parents, ils le présentent au grand autel et lui enveloppent la main droite dans la nappe de l'autel.

(140). Louis de Bourbon, IIe du nom, duc de Montpensier et Jacqueline de Longwic avaient eu de leur union cinq filles et un fils, ce furent :

a. François, de Bourbon, due de Montpensier, etc.

b. Françoise de Bourbon, mariée à Henri-Robert de La Mark, duc de Bouillon, prince de Sedan.

c. Anne de Bourbon, épouse de François de Clèves, IIe du nom, duc dvî Nevers.

d. JEANNE DE BOURBON, religieuse de Fontevrault, élue le 20 novembre 1570, abbesse de Sainte-Croix de Poitiers, puis de Jouarre en 1573. Elle décéda le 6 mars 1624, âgée de 82 ans.

e Charlotte de Bourbon, abbesse de Jouarre. En 1572 elle quitta son abbaye, renonça à ses voeux et se retira à la cour de Frédéric II, comte palatin du Rhin et électeur, où ellese lit protestante. Le 12 juin 1574 elle épousa Guillaume de Nassau, prince d'Orange. Je possède un joli médaillon en plomb représentant cette princesse. Il fut découvert à Angers, en 1872, dans les fondations d'une maison, située à l'angle sud-est des rues Lenepveu et Saint-Georges.

f. LOUISE DE BOURBON, née vers 1548, fut religieuse de Fontevrault puis abbesse de Jouarre après sa soeur Charlotte. Ayant été nommée abbesse de Faremoutier, elle céda, en 1573, son abbaye de Jouarre à sa soeur Jeanne. Elle mourut à Paris le 9 février 1586.

De son second mariage (4 février 1570) Louis de BourbonMontpensier avec Catherine de Lorraine n'avait pas eu d'enfants.

(141). Jeanne d'Albret, reine de Navarre, princesse de Béarn, comtesse de Fois, épouse de Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, etc., gouverneur et amiral de Guyenne. Elle était fille de Henri d'Albret, IIe du nom, roi de Navarre, et de Marguerite de Valois; elle devint mère de Henri IV, roi de France et de Navarre.  

(142) L'auteur a voulu dire que le duc et la duchesse de Montpensier préférèrent confier leur fille à l'abbesse de Fontevrault plutôt qu'à toute autre supérieure de monastère.

(143). Colombier sans toit, dont le nom vient du latin fuga.

(144). Cellules.

(145). II y a erreur dans cette somme ou chaque cellule n'avait pas coûté 38 livres. 

(146). La chapelle du Sépulcre était située dans l'église du Grand-Moutier auprès de la chapelle de Recouvrance.

(147). La pierre de rajace est très-blanche, dure et très-fine.

(148). Luzerne était une ferme qui atlenait à l'abbaye et en dépendait.

(149).  V. ma Notice sur la découverte du Lavatorium de Vancien hôpital Saint-Jean .d'Angers. — Paris, Imprimerie nationale, 1877. — In-8°, avec fig. dans le texte.

(150). On donne le nom de timbre au bassin d'une fontaine.

(151). vieilles infirmeries.

(152). Les peintures exécutées par Thomas Pot dans la chapelle du Sépulcre de l'église abbatiale et dans le chapitre des religieuses, révèlent le nom d'un artiste angevin du xvie siècle. — Voir la note E, de l'Appendice.

(153). Éléonore de Bourbon était prieure de Prouilhé lorsqu'elle fut nommée coadjutrice avec future succession de Louise de Bourbon-Vendôme, sa tante. L'acte de son installation est conservé dans les Archives de Maine-et-Loire (Fonds Fontevrault. — Cart. Prouilhé).

Au mois de novembre 1575, elle fut bénite abbesse de Fontevrault par le cardinal Charles de Bourbon, son frère, en présence de la reine-mère, Catherine de Médicis.

(154). Louise de Bourbon, abbesse de Fontevrault, était morte le 2t septembre 4578, ayant gouverné son abbaye pendant quarante ans, neuf mois et douze jours « et ayant fait de grands biens à son ordre et réformé douze de ses monastères. »

(155). En 1567, la reine étant à Fontevrault avait promis d'aider Louise de Bourbon à achever ce dortoir; il paraît qu'elle oublia sa promesse sous l'influence sans doute des luttes sanglantes qui désolaient alors la France.

(156). Cette infirmerie était située auprès de l'église de Saint-Benoît.

(157). La chapelle de Bourbon était consacrée à Notre-Dame-de-Liesse.

(159). Les travaux de la chapelle de Bourbon étaient à peine commencés lorsque l'abbesse reçut la visite de son neveu, Henri de Bourbon, roi de Navarre.

 Un mémoire du temps raconte ainsi la réception du futur roi de France dans le monastère de Fontevrault.

« Au mois de juillet de l'année 1389 le roy de Navarre estant en la ville de Saumur avec toute sa maison, donna advis à Madame l'abbesse de Fontevrault, dame Éléonor de Bourbon, sa tante, soeur aisnée du feu roy, son père, qu'il l'iroit veoir.

Cette dame résolue de bien recevoir ce prince, ne l'ayant veu il y avoit longtemps, sachant qu'il approcboit, le vint attendre à la porte de son abbaye, accompagnée d'un grand nombre de ses religieuses.

Le roy de Navarre estant à cheval dans la court et voyant que lad. dame l'attendoit à la porte de l'abbaye, mit pied à terre et tenant son chapeau en la main, la vint baiser les larmes aux yeux.

L'ayant salué, elle lui présenta la dame de Lavedan, l'une de ses religieuses qui luy succéda en lad. abbaye, et lors lad. dame luy dit :

Monsieur mon nepveu, entrez s'il vous plaist en cette maison où je vous donneray à soupper, et le roy entra seul.

En ce mesme temps arriva en lad. abbaye Madame la princesse de Conty, veuve du feu comte de Montafier et mère de Madame la comtesse de Soissons, qui fut receue en même temps que le roy de Navarre.

Le souper fut faict en une grande salle tendue de tapisseries de toille de Hollande par bandes reseul recouvert avec des carrez de point couppé; le daiz avec sa queue estoit de mesme.

Lad. dame abbesse estoit assise en haut bout de la table, le roy de Navarre au milieu et Madame la princesse de Conty au bout, tous trois d'un mesme costô.

La viande fut apportée par plusieurs religieuses vestues ainsi qu'elles sont quand elles chantent au choeur.

A la teste, il y avoit une religieuse qui portoit un baston en main comme font les maîtres d'hostel des roys. Au haut de ce baston estoient les armes de la maison de Bourbon.

La dame de Lavedan, de laquelle est parlé en dessus, servoit d'eschanson, ayant à ses costez deux de ses compagnes, l'une desquelles servoit de tranchant et l'autre de servant.

Le premier service achevé, celle qui servoit de maistre d'hostel retourna au second service et ainsy au troisième.

Le Benedicite comme les grâces furent dites par deux religieuses qui estoient à costé de celle qui servoit de maistre d'hostel.

Le soupe parachevé, le roy, Madame l'abbesse, la princesse de Conty devisèrent longtemps ; puis le roy de Navarre fut mené par Madame la princesse de Conty coucher en une maison où estoit logée lad. dame, qui est en la basse court et qu'on nomme la maison des estrangers, d'où il partit le lendemain matin pour s'en retourner coucher à Saumur.

(Mss. de la Bibl. nationale, Fonds Colbert, t. CXL, fol. 190.)

 

(160). Le prieuré de Notre-Dame de Prouilhé ou Prouillé (Sancta Maria de Prouilhiaro aliàs de Prouilho), diocèse de Saint-Papoul, avait été fondé par saint Dominique en 1206.

(161). Catherine de Clèves, comtesse d'Eu, avait épousé : 1° Antoine de Croy, prince de Portien ; 2° Henri de Lorraine, duc de Guise, etc., pair et grand-maître de France, chevalier des Ordres du Roi, général de ses armées, gouverneur de Champagne et de Brie, assassiné à Blois avec son frère le cardinal de Guise, par ordre du roi Henri III, le vendredi 23 décembre 1588.

De son second mariage Catherine de Clèves eut quatorze enfants. Elle mourut à Paris dans l'hôtel de Clèves, près du Louvre, le 11 mai 1633, étant âgée de 85 ans. Son corps fut inhumé dans le choeur de l'église du couvent des Jésuites qu'elle avait fondé à Eu.

(162). Jeanne de Lorraine fut la dernière enfant née du mariage de Henri de Lorraine, duc de Guise, avec Catherine de Clèves.

Elle fut successivement prieure de Prouilhé, et abbesse de Jouarre, où elle mourut le 8 octobre 1638, dans sa 52e année; elle fut inhumée dans le choeur de son église abbatiale qu'elle avait fait reconstruire.

(163). Ce prieuré, qui dépendait de l'Ordre de Saint-Dominique, était très-riche.

(164). Charles de Bourbon, comte de Soissons et de Dreux, pair et grand-maître de France, seigneur de Château-Chinon, de Noyers, de Baugé et de Blandy, chevalier des Ordres du roi, gouverneur de Dauphiné et de Normandie, fils aîné de Louis de Bourbon, Ier du nom, prince de Condé, et de Françoise d'Orléans, sa seconde femme, était né à Nogent-le-Rotrou le 3 novembre 1566.

Il prit part aux guerres de la Ligue pour Henri IV et mourut, d'une fièvre pourprée, en 1612. C'était un prince brave et intelligent.

Il eut de son mariage avec Anne, comtesse de Montafié, dame de Bonhétable et de Lucé, un fils et quatre filles qui furent :

a. Louis de Bourbon, comte de Soissons, de Clermont et de Dreux, pair et grand-maître de France, mort célibataire.

b. Louise de Bourbon, épouse de Henri d'Orléans, IIe du nom, duc de Longueville, dont elle fut la première femme.

c. MARIE DE BODBON, religieuse à Fontevrault.

d. Charlotte-Anne de Bourbon, née à Paris en 1608; décédée dans la même ville en 1623.

e. Elisabeth de Bourbon, morte jeune/

(165). Charlotte, bâtarde de Soissoyis, était fille naturelle de Charles de Bourbon, comte de Soissons, et de Anne-Marie Bohier, fille d'Antoine Bohier, seigneur de la Roche.bourdet, et d'Isabelle de Miremont. Entrée à Fontevrault en 1603, elle en sortit en 1612 pour aller régir l'abbaye de Maubuisson-les-Pontoise dont elle avait été nommée abbesse. Elle y mourut en 1626 après un gouvernement de trois ans et demi.

(166). Catherine de Clèves, comtesse de Soissons.

(167). Antoinette d'Orléans, dame de Châteaugontier, était fille de Léonor d'Orléans, duc de Longueville, et de Marie de Bourbon, duchesse d'Estouteville.

Elle avait épousé Charles de Gondy, marquis de Belle-Isle, qui mourut en 1596. Trois ans plus tard elle se fit religieuse dans le couvent des Feuillantines, à Toulouse.

En 1604, sur la demande d'Éléonore de Bourbon, elle fut contrainte par le roi Henri IV et par le pape Clément VIII de quitter Toulouse pour se rendre à Fontevrault et devenir vicaire de l'abbesse.

En 1606, Éléonore envoya à Rome son grand procureur, Gautier, sieur de Boumois, conseiller du roi en ses conseils, afin d'obtenir du pape des bulles de coadjutorerie avec future succession en faveur d'Antoinette d'Orléans.

Après une absence de trois mois, le sieur de Boumois revint vers Pâques à Fontevrault avec les bulles demandées.

Antoinette fut installée dans ce nouveau poste le 29 septembre 1607, par Amaury Ladvocat, licencié en droit, doyen de Saint-Pierre d'Angers, officiai et vicaire général de l'évêque d'Angers, délégué à cet effet par le pape.

Dans ses délicates fonctions, Madame d'Orléans sut tellement se concilier toutes les sympathies de la communauté que, lorsqu'en 1611, Éléonore de Bourbon mourut, elle fut élue pour lui succéder.

Mais Antoinette d'Orléans qui n'avait accepté la charge de coadjutrice que par obéissance au pape et par déférence à sa digne parente, l'abbesse de Fontevrault, refusa le gouvernement de l'abbaye, qu'elle quitta aussitôt que Louise de Bourbon-Lavedan en fut pourvue.

(168). Charles de Gondy, marquis de Belle-Isle, général des galères, était né en 1569 ; il fut tué en 1596 par le sieur de Kerolan, en voulant surprendre le mont Saint-Michel.

 (169). de Gondy, duc de Retz et de Beaupréau, marquis de Belle-Isle, pair de France, chevalier des Ordres du roi, capitaine de cent hommes d'armes de ses ordonnances, était âgé de neuf ans lorsque sa mère l'abandonna pour se faire religieuse.

Il épousa Jeanne de Scepeaux, comtesse de Cliemillé et héritière du duché de Beaupréau, dont il eut deux filles : Catherine et Marguerite de Gondy. Il décéda à Prinçay, en Bretagne, le 22 août 1659, âgé de 69 ans.

(170). Antoinette d'Orléans, dit le père Héliot (Hist. des Ordres Monastiques, t. VI, ch. XIII, p. 101), ne consentit à quitter Toulouse pour aller à Fontevrault, qu'à la condition qu'elle n'y demeurerait qu'un an et qu'elle ne quitterait point l'habit de feuillantine, en sorte qu'il fallut obtenir un second bref de Paul V, pour l'obliger à prendre l'habit de Fontevrault et la charge de coadjutrice. Elle obéit sans perdre pourtant l'espérance de revoir son couvent de Toulouse. Elle commença l'exercice de sa charge par bannir de Fontevrault la propriété de tout ce que possédaient les religieuses et les obligea par son exemple et par le pouvoir qui lui avait été donné par l'abbesse à vivre dans une observance exacte de leur règle.

(171). Marie de Bourbon était née à Paris le 3 mai 1606. Il paraît que ses inclinations n'étaient pas pour le couvent, car, quoique nommée coadjutrice de Louise de Bourbon-Lavedan, elle ne voulut point faire de voeux et quitta, en 1624, Fontevrault. Le 6 janvier 1625, elle épousa Thomas-François de Savoie, prince de Carignan, grand-maître de France, dont elle eut plusieurs enfants. Elle mourut à Paris le 3 juin 1692, âgée de 86 ans.

(172). Catherine, bâtarde de Soissons, était, comme Charlotte de Soissons, fille naturelle de Charles de Bourbon, comte de Soissons, et de Anne-Marte Bohier.

Elle prit le voile de religieuse à Fontevrault, le 5 avril 1610, et devint abbesse de la Perrine (Petrina), diocèse du Mans, en 1624, où elle succéda à Jeanne de Montalais. Ce fut dans ce monastère qu'elle décéda le 20 décembre 1651.

(173). Les religieuses qui remplirent les fonctions de grande prieure de l'abbaye de Fontevrault pendant l'administration d'Éléonore de Bourbon furent :

Françoise de Rohan, qui devint abbesse de la Sainte-Trinité de Poitiers en 4393 et de la Règle de Limoges par permutation avec Jeanne de Bourbon-Lavedan.

Jeanne du Puy de Bâché.

Avoise de la Chaussée, était déjà très-âgée, lorsqu'au mois d'avril 1610, Louise de Bourbon de Lavedan la remplaça; elle ne mourut que le 11 février 1618.

(174). Éléonore de-Bourbon avait été mise en possession de l'abbaye, de Fontevrault le 28 septembre 1575. Elle fut inhumée auprès de sa tante et de sa grand'tante. C'est cette abbesse qui, selon Bodin (Recherches historiques sur le Haut-Anjou, t. II, p. 355), avait donné à Notre-Dame des Ardilliers de Saumur une vierge d'or du poids de deux marcs.

(175). Claude de Saint-Offange, abbé de Saint-Maur-sur-Loire.

(176). L'oraison funèbre d'Éléonore de Bourbon fut prononcée par le Père Joseph, capucin de Paris. C'est ce moine, désigné plus tard sous le nom d'Éminence grise qui a joué un si grand rôle politique sous le ministère du cardinal de Richelieu.

(177) Armand-Jean du Plessis-Richelieu.

(178). Louise de Bourbon-Lavedan, grande prieure de Fontevrault.

(179). Marie Drouin, religieuse professe du Charme, prieure du cloître à Fontevrault.

(180) Marie de Médicis.

(181). Louise de Bourbon-Lavedan était née du second mariage de Jean de Bourbon, vicomte de Lavedan, baron de Malause, etc., avec Françoise de Silly.

 Elle naquit à Moulins le 21 oetobre 1548. Après avoir pris l'habit religieux à Fontevrault, elle en fut nommée grande prieure le 5 avril 1610, à la place d'Avoise de la Chaussée, et fut remplacée dans cette charge par Gabrielle de Craon, en 1611, lorsqu'elle fut élue abbesse.

— Son père, Jean de Bourbon, avait eu de Antoinette d'Anjou, sa première femme :

a. Anne de Bourbon, vicomte de Lavedan.

b. Manaud de Bourbon, baron de Barbasan-de-Bar.

Et de Françoise de Silly, sa seconde femme :

a. Henri de Bourbon, baron de Malause.

b. Marie de Bourbon, alliée en 1568 à Jean Guicbard, seigneur de Peré ou Peraset en Vendômois.

c. LOUISE DE BOURBON, abbesse de Fontevrault.

d. Jeanne de Bourbon, abbesse de la Samte-Trinité de Poitiers.

e. Françoise de Bourbon, mariée à Bertrand de Larmandie, seigneur de Longa.

f. Aimée de Bourbon.

(182). Antoinette d'Orléans quitta l'abbaye de Fontevrault le 26 juillet 1611, en compagnie de Marie Drouin, prieure du cloître, de Gabrielle de Lespouville et de frère Léonard Boursin, fontevriste, son confesseur.

— Ce fut dans le prieuré de l'Encloître, qu'elle avait réformé, où elle se retira, que Antoinette conçut le dessein de fonder une nouvelle congrégation, sous le nom du Calvaire, pour y pratiquer la règle de Saint-Benoit dans toute sa rigueur. Quelques religieuses du même monastère s'unirent à elle pour cette pieuse institution. Mais ce ne fut pas sans peine qu'elle parvint à quitter l'habit et l'Ordre de Fontevrault, rencontrant de la part de l'abbesse une grande opposition.

Toutefois, avec l'autorisation du pape, elle alla s'établir à Poitiers avec vingt-quatre religieuses de l'Encloitre, en 1617, et elle y mourut le 25 avril 1628. L'éloge de cette fondatrice de la congrégation de Notre-Dame du Calvaire a été publié par le Père Hilarion de Coste.

(183). Louise de Bourbon-Lavedau prit possession de l'abbaye de Fontevrault au mois de janvier 1612 et elle fut bénite le dimanche 29 juillet de la même année, par Armand-Jean du Plessis-Richelieu, évêque de Luçon.

— Le 12 octobre 1619, elle reçut la visite de la reine Marie de Médicis, qui se rendait à Angers.

 — Trois ans plus tard, en 1622, elle fut témoin d'un violent incendie qui menaça de détruire son abbaye ; le feu ayant pris dans la forêt de Fontevi'ault, derrière le prieuré de Saint-Jean de l'Habit, trois kilomètres de bois furent consumés par les flammes; pour arrêter ce désastre, l'abbesse fit porter les reliques de sainte Agathe sur le lieu du sinistre.

 (184). Ce fut en 1618, que Louise de Lavedan fonda à La Flèche, un séminaire pour y instruire douze religieux écoliers de son Ordre, dont elle confia la direction au P. Monteage. Le Pape approuva cette création par un bref du 12 juillet 1621.

Cet établissement fut transformé, en 1645, en couvent de filles avec couvent de moines auprès, sous la dénomination de Petit Fontevrault.

Les armoiries de ce prieuré étaient : d'or, au soleil de gueules; au chef d'azur, chargé de trois fleurs de lys d'argent.

(185). C'est du maître autel de la grande église abbatiale de Fontevrault, dont il est ici fait mention, et non pas de la maison de La Flèche.

(186). Robert d'Arbrissel, fondateur de l'Ordre de Fontevrault, était mort au prieuré d'Orsan, diocèse de Bourges, le 25 février 1117. Son corps fut apporté à Fontevrault et inhumé dans l'église abbatiale.

Son tombeau, dit Bodin (Recherches historiques sur quelques monuments anciens et modernes de l'arrondissement de Saumur, p. 33), était posé sur quatre colonnes, auprès du grand autel de l'église principale ; il resta en cet endroit, depuis son érection, au commencement du XIIe siècle, jusqu'au commencement du XVIIe, qu'il fut déplacé et mis sous une arcade construite exprès entre les grandes colonnes qui soutiennent la voûte du choeur.

Ce monument, ajoute-t-il, fut détruit, en grande partie, en 1793 ; il n'en reste plus qu'une décoration d'architecture d'ordre ionique, composée de petites colonnes dont les chapiteaux et les ornements sont exécutés avec beaucoup de soin et de délicatesse, mais l'ensemble est sans caractère et ne produit que peu d'effet.

En 1809, lors de certaines démolitions exécutées dans l'église on mit à découvert le coffret en plomb qui contenait les os de Robert d'Arbrissel.

Ce coffret est maintenant conservé par les Fontevristes de Chemillé, qui le firent ouvrir, d'abord le 24 novembre 1847, puis le 12 avril 1860. Il est de forme ovoïde et mesure en hauteur 0m 11, en longueur 0m 39, en largeur 0m 28, et de pourtour 1m 06.

Une inscription gravée sur sept lignes, en lettres capitales romaines, est ainsi tracée sur le couvercle de la caisse :

+ EN . CESTE . CAPSE . SONT . LES . OS . ET . CENDRES . DV . DIGNE . CORPS . +

DV . VENEBA-. PERE . ROBERT . D'ARBRISSEL . INSTITVTEVR . ET . FONDATEVR . DE . LORDRE . DE , FONTEVRAVLT . SCELON . QV'ON . LES . TROVVA . EN .

SON . TOMBEAV . QVAND . IL . FVT . LEVÉ . ET . ÉRIGÉ . EN . CE . LIEV . POVR. FAIRE . LE . GRAND . AVTEL . PAR . LE . COMMANDEMENT . ET . BON . SOING. DE .

DIGNE . ABBESSE ET . CHEF . DVDICT . ORDRE . MADAME . LOYSE . DE . BOURBON . LE . 5 . OCTOBRE . 1622 .

 

(187) Pierre, IIe du nom, évêque de Poitiers, de 1087 à 1115, qui avait puissamment contribué à la fondation de l'Institut de Robert d'Arbrissel, fut inhumé dans le choeur de l'église abbatiale de Fontevrault, près du grand autel que le pape Calixte II consacra en 1119 avec une merveilleuse solennité.

Son tombeau, oeuvre du XIII siècle, était placé contre le mur du bas côté, à la gauche du maître-autel (côté de l'évangile).

Le vandalisme l'a détruit; mais il en existe un dessin qui est conservé dans la collection Gaignières à la bibliothèque Bodléienne d'Oxford, M. Viollet-le-Duc a reproduit ce dessin dans son Dictionnaire raisonné de l'Architecture française, t. IX, p. 37.

Il représente Pierre II couché sur un lit drapé autour duquel sont des figurines de religieux, sculptées en ronde bosse, qui semblent assister aux funérailles du prélat.

Parmi ces assistants on distingue l'abbesse de Fontevrault et un abbé, qui tiennent l'un et l'autre la crosse, insigne de leur dignité.

Ces deux personnages doivent être Robert d'Arbrissel et Pétronille de Chemillé qu'une particulière affection unissaient à l'évêque de Poitiers. Les autres religieux représentés avec les précédents portent des croix et des cierges.

Dès l'origine toutes les figures étaient peintes. La chasuble de l'évêque était d'un bleu verdâtre, semée de croisettes d'or, doublée de rouge, l'étole verte, les chaussures noires. L'abbesse avait un vêtement noir et les religieux étaient habillés les uns d'étoffe blanche, les autres de verte ; tous se détachaient sur un fond rouge.

Une arcature couvrait le sarcophage, mais elle était déjà détruite au XVIIe siècle, du temps de M. de Gaignières.

(188). Lorsque les tombeaux de Robert d'Arbrissel et de Pierre de Poitiers furent déplacés, Claude Gopin, prieur de Saint-Jean de l'Habit, posa le 4 septembre 1621, au nom de Madame Louise et de Madame Marie de Bourbon, sa coadjutrice, la première pierre de l'autel principal du Grand Moutier qui fut marchandé à V mille livres, et du depuis pour autres despenses V mille livres. » (Arch. de Maine-et-Loire.)

La bénédiction de ce maître-autel eut lieu le 28 octobre 1623, par Philippe Cospean, évêque de Nantes, qui le plaça sous le vocable de la Vierge et de saint Jean l'Évangéliste.

Suivant les prescriptions de l'Église qui défendent de consacrer un autel sans y mettre des reliques, le prélat nantais « enferma dans la pierre du devant, en un petit « coffre de plomb, les reliques du lait et des cheveux de la sainte Vierge, dans une petite phiole ronde d'argent doré ; plus des reliques de saint Jean-Baptiste, de saint Jean l'Évangéliste, de saint Benoist et de saint Louis *. »

Ce bel autel, oeuvre du célèbre architecte manceau, Gervais de la Barre, resta jusqu'à la Révolution un des ornements de l'église abbatiale; depuis il a été transféré dans l'église paroissiale de Saint-Michel à Fontevrault, où il existe encore.

(189). Cette statue en marbre blanc remplaçait celle que Pétronille de Chemillé, première abbesse de Fontevrault, avait fait exécuter en pierre pour décorer le tombeau de Robert d'Arbrissel.

Les Bollandistes donnent du monument primitif la description suivante :

Cujus mausoleum ante aroem majorent quatuor columnis unnixum erat : superiori saxo insculpta ejus effigies : habitus et sacerdotalis, pedum pastorale, manus chirothecis tectae, insertus digito annulas. (Acta Sanctorum, Februar., t. III, p. S98.)

La statue de Robert d'Arbrissel, placée en 1624 sur son sarcophage en marbre noir, représentait ce personnage couché, vêtu d'une chasuble, la tête appuyée sur un coussin, les mains croisées sur la poitrine et les pieds nus.

Le Musée des antiquités d'Angers possède une planche en cuivre du svne siècle, gravée par Stuerhelt, pour Claude Ménard, sur laquelle ce tombeau est reproduit.

La statue de Robert d'Arbrissel, figurée ici, a été tirée à l'aide de la planche du Musée d'Angers. Gaignières, dans son recueil à'Êpitaplies (Bibl. nationale, t. XIV, fol. 336 et 339) a transcrit ainsi les inscriptions qui décoraient les trois côtés du mausolée :

« Memoria venerabilis Roberti in omni loco quasi mel indulcabitur ipse, est, directus divinitus in paenitentia gentis et in diebus peccatorum corroboravit pietatem. » (Eccli., 40.)

Au côté droit : « Et vocaberis aedificator cepium avertens semitas iniquitatum, et sustollam et super altitudines terrae. » (Essai. 58.)

Au côté gauche : « Et eris quasi hortus irriguus et sicut fons aquarum cujus non déficient aquae et aedificabuntur in se déserta saeaulorum. » (Ysai., S8.)

Au dessous : « Exultabunt ossa humiliata. » (Psal. 50.)

Sur la face principale : « Adsta viator et perlege quod diu satis tacuit humana vox tibi lapis iste ac toti posterilali inclamat. Venerabilis quondam Robertus de Arbriscello vir admodum pius, et zelo animarum aestuans, divina qua plurimum poterat eloquentiae, ad Bei obsequium ac soeculi contemptum, multos utriusque sexus mortales, qui eum ad déserta loca sequebantur, induxit; eaque occasione ordinem Fontis Ebraldi primus instituit, variaque domicilia devoto praesertim foemino sexui, extruenda curavit, quorum omnium caput esse voluit hocce monasteriim in quo abbatissam non solum virginibus aut mulieribus Deo dicatis, sed etiam religiosis viris praeposuit qui hoc vitae sequuntur institulum a sancta sede apostolica iam a sui exordio ad haec usque tempora approbatum variisque privilegiis regiisque muneribus auctum obiit anno M. C. XVII. ejus ossibus ac sacris tegendis cineribus Ludovica de Borbonio hujusce coenobii atque adeo totius ordinis antistia hoc mausoleum novo pegmate adornalum toiius ordinis nomine tanquam parenti optimo P. C. (ponendum curavit) Anno M.DC.XXIII. »

 

* Lorsque le pape Calixte II consacra en 1119 l'église de Fontevrault, il mit dans l'autel des reliques «  des benoist martyrs Soeliria et Andancti Saturnini et Sisinii et béate Cécile Virginia, qu'il avait dans ses coffres. » (Arch. de Maine-et-Loire.)

 (190). Henri d'Escoubleau, évêque de Maillezais. ==> Liste des Abbés - évêques et seigneurs de l’abbaye de Maillezais

(191).  Marie de Bourbon-Soissons, née à Paris, le 3 mai 1606, avait reçu le voile des mains d'Éléonore de Bourbon, et avait été nommée coadjutrice de Louise de Bourbon-Lavedan le 2 avril 1619, mais elle ne voulut pas faire de voeux et quitta Fontevrault le 11 octobre 1624.

Elle épousa le 6 janvier 1625, Thomas-François de Savoie, prince de Carignan, grand-maître de France, qui décéda en 1656; elle lui survécut jusqu'en 1692, époque à laquelle elle décéda à Paris, âgée de 86 ans. « Se voyant, dit le P. Anselme (Hist. généalog. de la maison de France, t. I, p. 931), fort incommodée « dans ses couches, elle se voua au saint sang du miracle de Fontevrault et y fit présent d'une petite vierge d'or, longue comme le pouce, représentant une Assomption, où il y a six anges qui l'entourent, laquelle est couverte de diamants, et qui est d'un grand prix. »

(192). Jeanne Guicliard de Bourbon, abesse de la Sainte-Trinité de Poitiers, était la seconde fille de Jean Guichard, seigneur de Peré ou Peraset en Vendôraois, et de Marie de Bourbon-Lavedan.

Elle avait fait profession dans le Monastère de la Sainte-Trinité, le 19 octobre 1597 et en fut nommée abbesse, sur la démission de sa tante Jeanne de Bourbon-Lavedan, en 1598.

Ce fut elle qui rétablit l'étroite observance de la règle de St-Benoist dans ce monastère, et pour l'y mieux maintenir, elle obtint des lettres patentes du roi en mars 1621, pour qu'à l'avenir l'abbesse de la SainteTrinité fut élective et triennale.

 

(193). Jeanne-Baptiste de Bourbon, dite de Sainct-Maur, fille naturelle du roi de France Henri IV et de Charlotte des Essarts, comtesse de Romorantin, avait été légitimée par lettres du roi données au mois de mars 1608. Elle avait pour soeur, Marie-Henriette de Bourbon, dite de Saincte-Placide, également fille naturelle du roi Henri IV et de Charlotte des Essarts ; elle fut abbesse de Chelles en 1627 et mourut en 1629.

 — Charlotte des Essarts qui n'eut pas la vertu de ses filles, eut aussi plusieurs enfants de Louis de Lorraine, dernier cardinal de Guise. Enfin elle se maria à François de l'Hôpital, maréchal de France, et mourut en 1651.

(194). La belle et savante Jeanne-Baptiste de Bourbon, avait été élevée auprès de Marie de Médicis qui l'affectionnait tendrement.

 Lorsqu'elle eut atteint sa dixième année, la reine la confia à Marie de Lorraine, abbesse de Cbelles, qui lui donna le voile et chargea saint François-de- Sales de son éducation religieuse. Elle avait à peine dix-huit ans, lorsqu'elle quitta Chelles pour aller remplir à Fontevrault les fonctions de grande prieure et de coadjutrice de -Mme Louise de Lavedan.

Elle arriva à Fontevrault le 23 janvier 1628 et fut reçue par l'abbesse avec de nombreux témoignages d'amitié.

Les lettres du roi, en date du 12 janvier, qui sanctionnaient sa nomination à la coadj utorerie, furent lues au chapitre en présence de la communauté.

Le 7 septembre, veille de la Nativité de la Vierge, elle reçut de Rome les bulles qui approuvaient sa nomination. Le lendemain le sieur Ladore, officiai et vicaire général de l'archevêque de Tours, la mit en possession de la coadjutorerie.

Enfin, le 9 septembre, elle reçut l'habit de fontevriste des mains de Madame de Lavedan, qui l'installa ensuite dans ses fonctions de coadjutrice.

Tant que cette abbesse vécut, Jeanne-Baptiste de Bourbon se contenta d'administrer l'Ordre et en particulier l'abbaye de Fontevrault sans rien innover ; il n'en fut pas de même lorsqu'elle fut investie de l'autorité souveraine, après la mort de Louise de Bourbon-Lavedan, qui arriva à une heure après midi, le 11 janvier 1637, étant âgée de 89 ans.

Cette digne abbesse fut assistée à ses derniers moments par le Frère Jean Lardier, sous-prieur de l'Habit; Henri Arnauld, abbé commendataire de Saint-Nicolas d'Angers, présida à ses obsèques, et le Jésuite Louis Lescazer, son confesseur, ainsi que Sébastien Ganot, moine de Fontevrault, prononcèrent son oraison funèbre.

La bénédiction abbatiale donnée à Jeanne-Baptiste de Bourbon, le 22 mai 1639, par Philippe Cospean, évêque de Lisieux, se fit avec une grande solennité.

Le Père Hilarion, carme déchaussé, neveu de l'évêque officiant, prononça le sermon. Dans l'assistance, qui était nombreuse et choisie, on remarquait : Gaston, duc d'Orléans, frère du roi ; César de Vendôme, duc de Mercoeur, frère naturel de l'abbesse ; Françoise de Lorraine, son épouse et leurs deux enfants; François de Vendôme, qui se rendit célèbre dans les guerres de la Fronde sous le titre de duc de Beaufort, et Elisabeth, Mademoiselle de Vendôme, qui épousa, plus tard, Charles-Amédée de Savoie, duc de Nemours.

Lorsque Jeanne-Baptiste de Bourbon fut souveraine absolue de l'Ordre de Fontevrault, elle s'efforça d'en augmenter le prestige et les privilèges.

Dans ce but, elle obtint une exemption complète de toute dîme envers le roi et les curés, de toute juridiction autre que celle du Grand-Conseil, de la visite et de l'excommunication des évêques, de tout impôt ou péage, etc.

Ses prérogatives étaient très-grandes, car, non-seulement elle gouvernait souverainement son abbaye et les cinquante prieurés de son Ordre, mais elle présentait à une quarantaine de cures ou de chapelles, créait et destituait à son gré les titulaires, nommait ses prieurs, conférait directement à ses religieux le pouvoir de confesser et d'absoudre même des cas réservés aux évêques.

Ce fut Jeanne-Baptiste de Bourbon qui, la première, prit le titre de :

ABBESSE, CHEF ET GÉNÉRALE DE L'ABBAYE ET ORDRE DE FONTEVRAULT.

En cette qualité, elle eut à soutenir une longue lutte contre les religieux de son monastère, qui, en 1640, voulurent secouer le joug de son autorité pour s'en emparer. Cette révolte, semblable à celles de 1620 et 1623, sous Benée de Bourbon, l'entraîna dans un procès qui se termina le 8 octobre 1641, par un arrêt du Grand-Conseil. Cet arrêt, maintint les droits, privilèges et prérogatives attribués à l'abbesse et à ses religieuses par la règle, les bulles et induits du Saint-Siège, lettres patentes des rois, et arrêt du Conseil d'État, du Parlement et du Grand Conseil.

Les moines avaient une adversaire trop puissante pour qu'il en fût autrement. Ils furent contraints de se rendre à merci et d'obtenir très-humblement leur pardon. Les frais de cette procédure, menée activement, s'élevèrent à 17,482 livres.

Jeanne-Baptiste de Bourbon entreprit quelques années plus tard (1645) de faire canoniser le bienheureux Robert d'Arbrissel; mais tous ses efforts échouèrent, malgré le concours de ses parentes : Henriette, reine d'Angleterre; Elisabeth, reine d'Espagne, et Christine, duchesse de Savoie.

Jeanne-Baptiste_de_Bourbon__abbesse_Fontevraud

MADAME JEANNE BAPTISTE

Fille R de France. Abbesse, Chef et Géreneralle de l'Ahaye et Ordre de Font-Eurauld-AEtatis suce 41. Anno 1648.

 

Elle n'avait cependant rien négligé dans ce but, car elle s'était laissée aller jusqu'à faire lacérer furtivement, dans le cartulaire des bénédictins de la Sainte-Trinité de Vendôme, la fameuse lettre du cardinal-abbé, Geoffroy, qui pouvait porter une sérieuse atteinte à la sainteté du fondateur des fontévristes. Dans leur coupable empressement les moines émissaires se trompèrent de feuillet et la lettre subsista. Jeanne-Baptiste décéda avant la fin de l'information à Rome, où l'affaire est restée en instance. Quelle en sera la solution après plusieurs siècles d'attente?

Ce fut Jeanne-Baptiste de Bourbon qui fit placer, on 1638, la belle grille du choeur. Cette grille, enlevée pendant la première République, est actuellement à l'entrée de la cour d'honneur de la Préfecture de Maine-et-Loire.

En 1638, elle fit également exécuter de grands travaux dans son église, qui occasionnèrent le déplacement des tombeaux royaux *.

A la suite des troubles de 1640, Jeanne-Baptiste fit éditer sous ce titre : LA RÈGLE DE L'ORDRE DE FONTEVRAULD, imprimée par l'ordonnance de très-illustre princesse, Jeanne-Baptiste de Bourbon, fille L. de France, abbesse, chef et générale dudit ordre. (Paris, 1642, pet. in-12, 364 pp.) .

En 1669, furent publiés par ses soins les : Offices propres des fêtes particulières de l'Ordre de Fontevrauld, réduits à la forme du Bréviaire romain, reveus, corrigés et approuvés des docteurs. (Paris, 1669, in-8°, 467 pp.)

Jeanne-Baptiste de Bourbon, fut la dernière abbesse de Fontevrault, issue du sang royal qui gouverna l'Ordre. Elle décéda, le 16 janvier 1670, des suites d'une chute qu'elle avait faite en carrosse au mois de juin précédent, et fut inhumée dans le caveau de l'église du Grand-Moutier, construit par ses soins, pour y réunir les corps de celles qui l'avaient précédée dans l'administration de l'Institut de Robert d'Arbrissel **.

* Voir la note F. de l'Appendice.

** La crypte des abbesses construite au milieu du choeur subsiste encore. On y descend par seize marches en pierre. On certain nombre d'abbesses qui précédèrent Jeanne-Baptiste de Bourbon et celles qui lui succédèrent dans l'administration de l'Ordre de Fontevrault, y furent inhumées dans des cercueils de plomb, sous de modestes dalles, hormis la dernière abbesse, Julie-Sophie-Gillelte de Gondrin de Pardaillan d'Antin, qui décéda à Paris le 20 décembre 1797, et dont on ignore le lieu de la sépulture. — Tandis que de simples dalles indiquaient dans la crypte le lieu où reposaient les abbesses, de beaux mausolées placés dans le choeur, en avant des stalles, rappelaient leur personne au physique et au moral par les inscriptions et les figures qui en faisaient l'ornement.

 

Le portrait de cette abbesse, se voit encore sur une des murailles de l'ancienne salle capitulaire à Fontevrault. Un autre est conservé dans la sacristie de l'église de N.-D. de Nantilly, à Saumur. Il est peint à l'huile sur toile et porte cette inscription en minuscules :

MADAME JEANNE BAPTISTE DE BOURBON DECEDÉE LE 16e JANVIER 1670.

Le portrait gravé, reproduit ici, a été tiré sur une planche de cuivre qui appartient au Musée d'antiquités d'Angers. Cette planche, quoique bien usée, a le mérite de rappeler les traits de Jeanne-Baptiste de Bourbon et le costume de son Ordre.

Sous l'administration de Jeanne-Baptiste, il y avait à Fontevrault, 230 religieuses de choeur et converses, et plus de 50 moines. Après l'arrêt du mois de mars 1520, qui dépossédait les religieux de leurs emplois, les abbesses prirent successivement à leur service plusieurs officiers et serviteurs laïcs. De ce nouvel ordre de chose, il résulta un surcroît de dépense. « Aussi, la maison de Jeanne lui coûtait-elle, outre les laquais, 12,000 livres par an pour les appointements, sans compter la nourriture et l'entretien des nombreuses personnes qui la composaient.

En 1648, les officiers, serviteurs et employés de l'abbaye, payés, nourris et vêtus, étaient au nombre de quatre-vingt-dix. » (Inventaire des titres de l'abbaye de Fontevrault, t. VII, p. 494. — Ms des archives de Maine-et-Loire. — M. Alfred Jubien. L'Abbesse Marie de Bretagne, p. 119.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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