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PHystorique- Les Portes du Temps
8 avril 2023

Connétablie de La Rochelle, Simon de Rochechouart connétable Vicomte de 1306 à 1316

Connétablie de La Rochelle, Simon de Rochechouart connétable Vicomte de 1306 à 1316

Les chroniques, les généalogies et certains actes authentiques, ne sont guère d'accord au sujet de Simon de Rochechouart; quant aux dates principalement, elles sont presque toutes différentes, à un tel point même, que je me trouve assez embarrassé pour rectifier les grosses erreurs que je vais signaler, et cela, d'après un document de l'exactitude duquel je ne saurais douter, et qui était inconnu aux auteurs de notre généalogie, ainsi que je vais le démontrer d'une manière aussi claire que précise :

« Messire Simon de Rochechouart, chevalier, seigneur de Saint-Laurent, fils de messire Aimery, vicomte de Rochechouart, et de madame Jeanne de Tonnay-Charente, n'avoit qu'un an lorsque ladite dame, sa mère, mourut en couches (1), de Foucaud de Rochechouart, son frère, et vivoit lorsque son père s'empara à main armée de Chalus, en 1264.

 

 

N'étant encore âgé que de onze ans,  il entra dans l'ordre des Dominicains, où il resta plus de trois ans, et enfin en sortit avant l'âge de quinze ans révolus.

Son père mourut, laissant madame Mathilde, sa veuve. Mais voulant se faire relever dudit ordre monastique, il s'adressa au pape, qui établit une commission pour informer; les témoins entendus furent entre autres: Foucaud et Aimery d'Archiac, frères, chevaliers; Aimery de Gorre et Jourdain de Paute, damoiseaux; Almode de Marcillac; Amédée de Mons-Cuculli, chevaliers; Jourdain Tison, prévost de Rochechouart, et autres.

Suivant diverses enquêtes faites l'an 1293, temps auquel il est dit qu'il y avoit dix ans que  ledit Aimery, père de Simon, étoit mort, et vingt-neuf ans que  ledit Simon étoit sorti dudit ordre (2).

Il paraît qu'aussitôt après avoir quitté le froc, Simon de Rochechouart prit le titre de seigneur de Saint-Laurent, terre que son père lui avait assignée, avec la recommandation de rester dans le monde, ainsi qu'il est dit dans son testament.

Il embrassa avec ardeur la carrière des armes, dès qu'il eut quitté celle du cloître; il servit le roi et son pays, avec autant de zèle et de dévouement que d'intelligence, ce qui lui valut, avec des remercîments, de nombreuses récompenses en faveur de ses services; la preuve en est dans les trois pièces suivantes :

 

11 novembre 1302 Commission donnée à Simon de Rochechouart et à Jean Vigier de se rendre dans la sénéchaussée de Poitiers pour y lever des troupes.

Philippus, etc., universis, etc. Cordi habentes, ut condecet, inimicorum nequicias et impulsus totis conatibus repellendo, quietem et pacem regm nostri [et] fidelium incolarum ejusdem, auxiliante Deo precipue et ipsorum mediante subditorum subsidio, procurare, ac providere ne mercatores et alii subditi nostri in suis mercaturis et negociis aliis impediri valeant vel exponere se periculis quibuscunque ; notum facimus quod nos, licet ad hoc personaliter intendere proponamus cum viis et modis pluribus exquisitis, finaliter deliberato cum peritis in talibus et quamplurimuni famosis consilio, certam procedendi viam super hoc providimus utilem et salubrem, quam dilectis et fidelibus nostris, S. de Ruppe Choardi et J. Vigeri (2a) militibus, quos ad hoc ad Pictavensem mittimus senescalliam, apperuimus, per eos vel eorum alterum cum senescallo ejusdem senescallie, ubi et quibus expedire viderint, declarandam, videlicet de subveniendo nobis in hoc facto, quod verisimiliter omnes tangit, de certo numero servientum armorum ad vadia seu stipendia subditorum ipsorum, secundum vires et facultates eorumdem, ad certam tempus, prout duxerint, considerato negocio, statuendo.

 Dantes omnibus subditis nostris presentibus in mandatis ut eisdem commissariis in hac parte eo promptius quo devotius pareant et intendant. In cujus rei testimonium, etc.,

Actum Parisius in festo beati Martini, anno Domini M. CCC. secundo.

 

Il fut nommé par le roi de France Philippe le Bel son conestable de La Rochelle, l'an 1303, pour avoir empêché le transport des grains à l'étranger, et notamment à l'Espagne.

 Dans ses lettres-patentes, ce monarque lui donne des témoignages de sa confiance en sa fidélité.

 

« Simon de Rochechouart, chevalier du roy de France (3) et son conestable de la Rochelle en 1303, qui avoit défendu le transport des grains hors du royaume, fit saisir une barque qu'un particulier avoit chargée pour l'Espagne et le condamna à l'amende. Par lettres de l'an 1302 (4).

«  Lettres du roy Philippe-le-Bel, portant qu'il envoya dans les sénéchaussées de Saintonge et de Poictou, son amé et féal Simon de Rochechouart, chevalier, porteur desdites lettres, pour traicter avec les sénéchaux de ces provinces de la manière de remettre à exécution les engagements que les nobles de ces pays ont contractés avec le roy, pour venir à la guerre de Flandres. Il accorda un mois de prêt à ceux qui viendront, et donne pouvoir à ce seigneur, conjointement avec les sénéchaux, promettant avoir tout pour agréable. Donné à Pontoise, le 8 mai 1304 (livre XLIV) (5). »

Simon de Rochechouart donna l'exemple aux nobles dont parlent les lettres que l'on vient de lire :

« Il suivit le roy avec tous les chevaliers de ces provinces, qui le prirent pour chef; il assista  avec eux à la bataille de Mons-en-Puelle, et prit une part glorieuse à la victoire remportée par les François, commandés par le roy Philippe-le-Bel, au mois d'août de cette même année 1304; trois mois après les lettres cy-dessus mentionnées (6). ›

«Du registre des chartres, cotté 37 sur la couverture, année 1302, jusqu'en 1305, à la 39e lettre, il se trouve ce qui suit en latin, et dont voici la traduction :

« Lettres de don à Simon de Rochechouart, chevalier, en récompense de ses services militaires, de cent petits tournois de rente annuelle, pour luy, ses hoirs en ligne directe, à prendre et percevoir chacun an, le jour de l'Ascension, sur le trézor du roy, à Paris, jusqu'à ce que l'assiete luy en ait été faite ailleurs; laquelle rente ledit chevalier et ses hoirs tiendront en hommage du roy et de ses successeurs.

 Les patentes du roy sont scellées et données en l'abbaye de Notre- Dame, près Pontoise, l'an M.CCCV (1305), le lundy après la feste de tous les Saints, sous le règne du roy Philippe-le-Bel et de la reyne Jeanne de Navarre (7).

 



Un titre plus ancien vient encore témoigner des services militaires de Simon de Rochechouart; le voici, tel qu'il est rapporté dans l'Histoire des grands Officiers de la couronne de France, du P. Anselme :

« En 1299, il (Simon) donna quittance de 234 livres 17 sous 4 deniers à Guillaume de Montmort, clerc du roy, pour ses gages; est scellée en cire rouge, d'un sceau chargé de trois  fascés-ondés, entre lesquelles sont semées des larmes ou gouttes d'eau (8).

 

8 mai 1304 Commission donnée à Simon de Rochechouart d'hier traiter avec les sénéchaux de Poitou et'de Saintonge des conditions à proposer aux nobles de ces provinces, qui se sont engagés a rejoindre l'armée de Flandres.

 

Philippes par la grace de Dieu roys de France, à touxceux qui ces lettres verront, salut.

Savoir faisons à touz que nous nostre amé et feel Symon de Rochechouart, chevalier, porteur de ceste lettre, envoions ès parties des seneschaucies de Xanctonge et dé Poitou, pour traitier avec les seneschauz des dites parties, par les voies et les manieres que il et li seneschauz qui avec li sera verront meuz à faire, aus nobles des dites seneschaucies et des ressorz d'icelles, de quelque condition ou estat qu'il soient, qui la subvention; selonc nostre derreniere ordenance, nous ont octroiée de venir à nos gaiges en leurs personnes avec nous en nostre ost de Flandres.

Et li donnons plain povoir et mandement especial d'acomplir et parfaire ce que il et li diz seneschauz, ou li uns d'eus avec ledit Symon, auront traitié et finalement acordé, et de faire prest pour un mois à ceus qui ce acorderont de venir avec nous, et de faire tout ce qui à ce sera neccessaire ou convenable.

 Et avons ferme et estable tout ce qui par ledit Symon avec les.diz seneschauz ou l'un d'yceus sera fait et acordé seur ce.

Donné à Pontoise, VIII jours en may l'an mil CCC. et quatre.

 

8 mai 1304 Mandement aux commissaires chargés de lever l'aide accordée par la sénéchaussée de Poitou, de payer, à la réquisition du sénéchal et de Simon de Rochechouart, les sommes nécessaires à l'entretien des gens d'armes que ceux-ci ont mission de rassembler.

Philippus Dei gratia Francorum rex. Superintendentibus negocio subvencionis novissime nobis in Pietavensi senescallia concesse salutem.

Cum nos d ilectum et fidelem militem nostrum S. de Ruppe Cavardi ad partes Pictavensis senescallie deputaverimus, ut ipse una cum senescallo nostro Pictavensi, pro nostro presenti Flandrensi exercitu, gentes armorum nobiscum ad dictum venturas exercitum debeat retinere, sub certa forma illi à nobis commissa ; mandamus vobis quatinus illis, quos per eos vel alterum eorum retineri ad hoc contigerit, pro mutuo eis faciendo liberetis summas pecunie, de quibus per ipsos militem et senescallum, vel alterum eorum, fueritis requisiti, retinentes penes vos eorum litteras, summas, quas in hac parte, ad eorum vel alterius ipsorum mandatum, tradideritis, continentes.

Datum Pontisare, die VIII maii, anno Domini M. CCC. quarto.

  

2 novembre 1304 Don à Simon de Rochechouart, chevalier, de cent livres de rente perpétuelle et héréditaire à percevoir sur le trésor royal.

Philippus Dei gratia Francorum rex. Notum facimus universis tam.presentibus quam futuris, quod nos, grata considerantes obsequia, que dilectus Symon de Ruppe Cavardi, miles noster, nobis exhibuit in facto guerrarum nostrarum et alias exhibet incessanter, eidem militi in serviciorum recompensacionem hujusmodi concedimus et donamus centum libras turonensium parvorum annui et perpetui redditus graciose, ab eodem milite et ejus liberis de matrimonio procreatis legitimo et procreandis, ex recta linea descendentibus, percipiendas perpetuo et hereditarie possidendas in thesauro nostro, Parisius, annis singulis, in festo dominice Ascensionis, donec'eas sibi alibi duxerimus assidendas.

 Pro hujusmodi autem redditu predictus miles suique predicti liberi et heredes nobis et nostris successoribus homagium facere tenebuntur. Quod ut ratum et stabile perseveret, presentibus nostrum fecimus appponi sigillum.

Actum in abbatia regali Beate Marie prope Pontisaram, anno Domini M. CCC. quarto, die lune post festum Omnium Sanctorum.

 

Plusieurs titres de l'année 1307, font mention de diverses donations faites par dame Galmaise de Pons, veuve du vicomte Aimery XI, à Simon de Rochechouart, devenu vicomte de Rochechouart, et, par conséquent, le chef de la famille; on en trouvera la copie entière aux documents divers ou pièces justificatives; j'en citerai ici quelques-unes seulement, entre autres celle- ci, qui a un cachet singulier: « Noble dame Galmaise de Pont (9), veuve de noble homme Aimery, vicomte de Rochechouart, chevalier, cedda à messire Simon de Rochechouart, seigneur de Saint-Laurent, ses droits sur une pierre appelée en patois du pays: lo Quoniant. Par lettres de l'an 1307.

 

Je trouve dans le même recueil, à l'année 1309, le testament de Jeanne de Rochechouart, sœur d'Aimery XI et nièce de Simon :

«  Jeanne de Rochechouart élut sépulture aux Cordeliers de Saintes; institua son héritier universel messire Simon de Rochechouart, chevalier, son oncle; donna à Pons de Châtillon (10) les meubles que son mary, père dudit Pons, lui avoit donnés; fit des legs à Angelayde, sa demoiselle; à Ysabelle, nièce de ladite demoiselle; à Meynard, fils d'Arnaud de Jansac; à Pétronille, sœur dudit Arnaud; à Guillaume de Jean, son écuyer; à son chapelain et autres. Donna audit messire Simon, son oncle, les 100 livres de rente que lui devoit messire Guy de Rochechouart, seigneur de Tonnay-Charente, avec prière d'exécuter son testament, et, à son deffaut, donna ladite rente au roy de France, jusqu'à ce que son testament fust exécuté. Nomme ses exécuteurs : l'évêque de Saintes, Foucaud de Rochechouart, son oncle et doyen de Bourges; et ledit Simon, son oncle. Par testament du mardy avant Sainte-Catherine 1309 » (11)

 

Un autre acte de la même année, mais qui aurait dû précéder celui qu'on vient de lire, s'exprime ainsi au sujet d'une contestation survenue entre l'oncle et la nièce :

« Noble homme Simon, vicomte de Rochechouart, chevalier, étant en différend avec  noble dame Jeanne de Rochechouart, sa nièce, sœur de feu » noble homme Aimery de ochechouart, son neveu et chevalier, touchant la vicomté de Rochechouart, la seigneurie de Brigueil et l'hébergement de la Cossière, qui avoient appartenu audit feu Aimery et dont il s'étoit mis en possession : ledit messire Simon, comme le plus proche héritier masle, en conséquence des ordon»nances de leurs ancestres. Lesdits Simon et Jeanne, sa nièce, compromirent entre les mains de vénérable homme messire Foucaud de Rochechouart, doyen de Bourges, frère dudit Simon et fils de feu messire Aimery IX, vicomte de Rochechouart, qui termina ledit différend en cette sorte: Que l'hébergement de la Cossière avec ses droits appartiendront à ladite dame Jeanne et à ses hoirs de son corps, sans pouvoir aliéner, et avec reversibilité audit Simon et aux siens, ainsi que 40 livres de rente qui seroient assignées à ladite dame; que ledit messire Foucaud payeroit à ladite dame 100 livres de rente pour ses droits de la terre de Brigueil; que la vicomté de Rochechouart resteroit audit messire Simon et à ses héritiers masles, et, qu'en cas qu'il n'eût que des filles, ladite vicomté appartiendroit à ladite dame Jeanne et aux héritiers de son corps. Par transaction du jeudy, veille de Saint- Marc (avril) 1309 (12).

 

Voici ce qui probablement avait donné lieu au différend mentionné ci-dessus, à l'occasion de la Cossière :

« Noble dame madame Galmaise de Pons, veuve de noble homme Aimery, vicomte de Rochechouart, donna en récompense de services à noble homme Simon de Rochechouart, chevalier du roy de France, seigneur de Saint-Laurent, les terres, château, hébergement de la Cossière, avec tout ce qui en dépendoit, avec la clause que dans le cas qu'il en fust évincé, de quelque manière que ce fust, les héritiers dudit feu Aimery et elle lui payeroient 2,300 livres, prix de l'acquisition qu'elle en avoit faite. Par acte de 1307, en présence d'Amélien David, chevalier, et Simon de l'Espinasse, damoiseau (13).

On lit plus loin dans le même recueil :

« Noble et puissant seigneur Simon, vicomte de Rochechouart, chevalier, fit un accord avec l'abbé de Pérouse, ordre de Citeaux, diocèse de Périgueux, touchant tout ce qu'il pouvoit devoir à ladite abbaye, tant pour lui que pour Aimery, son neveu, jadis vicomte de Rochechouart, et dame Germaise, femme dudit feu Aimery, et leurs prédécesseurs; moyennant lequel accord, il promit payer dans l'espace de cinq ans, à ladite » abbaye, 200 livres pour acquérir 100 livres de rente, pour l'anniversaire de sondit neveu, inhumé en icelle abbaye. Par acte passé à la Pentecoste de l'an 1312 (14).

D'après le document qui va suivre, il paraît que le vicomte Simon n'entendait pas railleries sur les délits de chasse commis sur ses terres; la sentence que l'on va lire est d'une si grande sévérité, que l'on serait porté à croire qu'il y a erreur dans le chiffre de l'amende de la part du copiste; cependant, le personnage grave qui prit ce soin (D. Villevieille) a dû y mettre toute l'exactitude possible Pierre, fils de Pierre de Telfont, chevalier, et Constantin, damoiseau, frère d'icelui chevalier, furent condamnés à une amende de 100 marcs d'argent envers noble homme Simon, vicomte de Rochechouart, chevalier, pour avoir chassé dans sa garenne aux lapins, avec chiens, filets et furets. Par sentence du vendredy après Saint-Mathieu 1315 (15). »

Simon de Rochechouart épousa, en 1304, Lore ou Laure de Chabanois ou Chabaneys, car ce nom est écrit de ces deux manières, soit dans les actes qui font partie du recueil de D. Villevieille, soit dans le P. Anselme ou Moréri.

Elle était fille et héritière de Jourdain III, qui prenait le titre de prince et seigneur de Chabanois, et d'Alix de Montfort, veuve de Raimond IV, vicomte de Turenne, ainsi que l'indique l'acte suivant :

« Lore, vicomtesse de Turenne, dame de Chabaneys, comme tutrice des enfants de feu Aimery de Rochechouart, damoiseau, son neveu, fils d'Aimery IX, traite du mariage de sa fille Lore avec Simon de Rochechouart, chevalier, seigneur de Saint-Laurent, avec les dispenses de parenté (16), lesquelles seroient obtenues du Pape.

Et, par le contrat de mariage qui en fut fait le vendredy après Saint-Nicolas d'hyver 1304, messire Foucaud de Rochechouart, doyen de Bourges, donna audit Simon, son frère, 100 livres de rente avec l'hébergement de Saint-Auvent. Audit contrat, ladite dame vicomtesse fait mention de son testament et de ses enfants, qu'elle nomme: Aimery, Jean et Lore.

Furent présents audit contrat :

» Noble homme Bernard, vicomte de Turenne; noble homme Amélien David, chevalier; et Raymond de Montbernard, damoiseau, sénéchal de Chabanois (17).


De ce mariage il laissa :

1. Jean de Rochechouart.

2. Aimery, dit le seigneur de Chabanois et de Confolens, à cause de sa mère, dont il prit le nom et les armes (18), et fit partage avec son frère en 1353, d'après le P. Anselme. Il épousa Alise de Châteauneuf, dont il eut Eschivat de Chabanois-Confolens, marié à Sybille de Bouffé, de laquelle il laissa trois enfants : Jean, mort sans alliance; Jeanne et Laure de Chabanois.

 

Il mourut en 1316, et voulut être enterré dans l'église des Dominicains de Saint-Junien.

Le roi de France reçut un legs de trois cents livres, comme un, des exécuteurs de son testament.

Simon avait succédé, en 1306, à la vicomté de Rochechouart, après la mort d'Aimery IX, son neveu, qui avait affranchi les habitants, et constitué la commune de Rochechouart ; son parent Foucaud fut gouverneur de La Rochelle.

 

 

 

 

CONNÉTABLIE DE LA ROCHELLE SIMON DE ROCHECHOUART

CONNÉTABLE VICOMTE DE 1306 A 1316

On donnait autrefois le nom de connétablies à des bandes et compagnies de gens de guerre. Froissard appelle ainsi des escadrons et bannières de cavaleries : constabularia, jurisdictio connestabilis.

— Connétablie est aussi le nom de la charge de celui qui commande ces compagnies et bandes, cohortes, turmoe.

On fait dériver le nom de connétable du celtique konincs staphel, qui signifie garde du roi, ou du latin de moyen âge comes stabuli, et cuneus stabilis.

Anne Comnène, dans l'histoire de son père l'empereur grec Alexis Comnène, parle de connétables; Pachymère en fait aussi mention.

Le roi Jean de Valois ordonna que ces connétablies seraient composées de vingt-cinq à trente hommes, l'an 1351.

Un vieux document de nos archives départementales prouve qu'on avait établi en Limousin cette organisation près d'un demi-siècle avant la réglementation royale.

C'est une longue et étroite bande de parchemin, où Simon de Rochechouart, connétable de La Rochelle, sorte de gouverneur, écrit en latin et en caractères très-difficiles à lire, un état ou liste des chevaliers, écuyers et hommes d'armes qui composaient sa connétablie.

 

Je transcris le texte latin de cette pancarte, en développant les abréviations, et je traduis en français, en suppléant par des équivalents aux mots effacés ou aux lacunes.

Il est vraiment à déplorer que le temps soit venu augmenter par ses ravages les imperfections de cette pièce, qui offrirait d'intéressants détails sur le salaire des hommes d'armes les frais de voyage, etc., au commencement du XIVe siècle.

Le connétable Simon de Rochechouart la rédigea sans doute de sa main au milieu du bruit des armes, et n'y épargna ni les ratures, ni les abréviations, ni les mots mal écrits, et par suite mal lus. J'ai dû tâcher d'approcher du sens de cet état militaire en employant quelques équivalents : ainsi, aux renvois 1 et 2 du préambule, j'ai rendu le mot muntide, à cause de sa ressemblance avec munitione, par le fort de La Rochelle; mais le mot secacestre m'a présenté plus de difficultés : je n'ai trouvé ni l'un ni l'autre dans aucun dictionnaire ; et, procédant par analogie, j'ai choisi le mot escouade, partie d'une compagnie : escouade dérive du vieux mot escu, bouclier ; le terme grec kestre signifie petit bouclier.

Sequax, sequus et sequa, pedisequus et pedisequa, sont composés d'un adjectif qui veut dire volontaire, homme qui suit de bonne volonté; et, comme cette troupe consiste en cinq ou six hommes (nombre qui formait les escouades), et tous écuyers, je ne crois pas m'éloigner trop de l'intention de l'écrivain. Si ce mélange de grec et latin ne paraît pas convenable, le mot latin cestrum signifie arme pointue : alors notre escouade serait composée d'hommes armés de piques. Simon a écrit societatre pour societate, ce qui permet de croire qu'il n'était pas toujours correct.

 

 

Presencia militum et scutiferorum existentium in muntide (a1) et stabilita Rupelle in secacestre (a2) domini Symonis de Ruppecavardi, militis domini régis Francorum et constabularii ejusdem Rupelle.  Chevaliers et écuyers présents au fort et à la garnison de La Rochelle à la suite de messire Simon de Rochechouart, chevalier du seigneur roi des Français et son connétable à La Rochelle. 
Idem constabularius. Gaucelinus de Melhac (a3), scutifer. Fulcaudus de Rupecavardi, scutifer.  Ledit connétable.
Gaucelin de Meilhac, écuyer.
Foucaud de Rochechouart, écuyer.
Amelius Davidis (a4), armiger.  Amelius de David, jeune écuyer, homme d'armes. 
P. Dompnho (a5), scutifer.  P. du Dognon, écuyer. 
Deus Lori (a6), scutifer.  Dominique de Lori, écuyer. 
Jordanus Tiso (a7), scutifer.  Jourdain Tison, écuyer. 
P. Tethfont (a7 bis), scutifer.  P. Tethfont, écuyer. 
Guillelmus de Ste-Laurentio (a8), scutifer.  Guillaume de St-Laurent, écuyer. 
Hugo Fulcaudi (a9), scutifer.  Hugues de Foucaud, écuyer. 
Présentes sunt de hospitio domini constabularii :  Sont présents au logis (hôtel) du seigneur connétable: 
Dominus Guillelmus de Rupe (a10), miles.  Messire Guillaume de La Roche, chevalier. 
Heyraudus Chadens, scutifer.  Heyraud Chadens, écuyer. 
Girard de Preunh (a11) (biffé).  Effacé Gérard de Preuuli. 
Ademarus Bechada (a12).  Adémar Béchade. 
Fulconetus de Chastelluz (a13).  Foulquet de Chastellux. 
Isti sunt de sociétaire (a14) dicti domini Guillelmi de Rupe.  Font partie de l'escouade du susdit seigneur Guillaume de La Roche. 
Habuit dictus dominus Guillelmus pro se et scutiferis predictis VIIIxx VII libras XL solidos XI denarios.  Ledit seigneur Guillaume reçut pour lui et les écuyers susdits huit vingt-sept livres quarante sols onze deniers. 
Dominus Guido Bruni (a15), miles.  Le seigneur Guy de Brun, chevalier. 
Constantinus Maches (a16), scutifer.  Constantin Maches, écuyer. 
Geraldus Ruffo (a16 bis), scutifer.  Gérard Roux, écuyer. 
Geraldus Rotberti, scutifer.  Gérard de Robert, écuyer. 
Isti sunt de secacestre dicti domini Guidonis.  Ceux-ci sont de l'escouade dudit seigneur Guy. 
Habuit idem dominus Guido pro se et scutiferis suis IXxx libras LI solidos IIIj denarios.  Ledit seigneur Guy a reçu pour lui et ses écuyers neuf vingts livres cinquante-un sols quatre deniers. 
Guillelmus de Maruelh (a17), scutifer, baro.  Guillaume de Mareuil, écuyer et baron. 
Guillelmus de Maruelh, ejus filius, scutifer.  Guillaume de Mareuil, son fils, écuyer. 
Bernardus Chabrou (a18), scutifer.  Bernard Chabrou, écuyer. 
Helias de La Vautta (a19), scutifer.  Hélie de La Voutte, écuyer. 
P. Chat (a20).  P. Chapt (?). 
Habuit dictus Guillelmus de Maruelh pro se et scutiferis suis CCX libras.  Ledit Guillaume de Mareuil a reçu pour lui et ses écuyers deux cent dix livres. 
Guilhotus Le Breton, scutifer, habuit XXXIII libras XVIII solidos.  Guillaume Le Breton, écuyer, a reçu trente-trois livres dix-huit sols. 
Thomas Symonls (a20 bis), scutifer, habuit XVI libras V solidos.  Thomas de Symon, écuyer, a reçu seize livres cinq sols. 
Rotbertus SAguini(a20 ter), scutifer,  Robert de Séguin, écuyer, 
Perrotus Theobaldi, scutifer,  Perrot de Thibaud, écuyer, 
Scolin Rigau (a21), scutifer, habuerunt CIX libras.  Colin Rigau, écuyer, reçurent cent neuf livres. 
Guillelmus Seguini, scutifer.  Guillaume de Seguin, écuyer. 
J. Malerant (a22), scutifer, habuit XXXII libras V solidos.  J. Malerant, écuyer, reçut trentedeux livres cinq sols. 
J. Jolivet, scutifer, habuit X libras.  J. Jolivet, écuyer, reçut dix livres. 
Guillelmus Vigerii, scutifer, habuit XIX libras XV solidos.  Guillaume de Vigier, écuyer, reçut dix-neuf livres quinze sols. 
Sequuntur expensa de nunciis transmissis pro negociis domini régis Francorum.  Suivent les dépenses des messagers expédiés pour les affaires du sire roi des Français. 
In primis sunt Dnus - W. de Rupe, miles : ivit de Fce et die veneris in festo sancti Thomae apostoli, et expendit, eundo, et redeundo, et faciendo moram ad curiam (a23), XXXVIII libras et X solidos.  Des premiers sont le seigneur Guillaume de La Roche, chevalier : il alla en France le vendredi avant la fête de saint Thomas apôtre, et dépensa en allant, revenant, et séjournant à la cour, trente-huit livres et dix sols. 
Item die veneris post Cineres, dominus magister Johannes fuit transmissus in Fra, et expendit  Item le vendredi après les Cendres, le seigneur messire Jean fut envoyé en France, et dépensa en allant et 
eundo et redeundo, et faciendo moram ad eamdem, L solidos.  revenant, et séjournant à la même cour, cinquante sols. 
Item die veneris post Oculi mei (a24), fuit dictus dominus Guillelmus de Rupe, miles, ivit in Fram pro negociis domini régis Francorum illustris, et expendit eundo et redeundo , et faciendo moram ad curiam , XXXIII libras XIII denarios.  Item le vendredi après Oculi mei, ledit seigneur Guillaume de La Roche, chevalier, alla en France pour les affaires du sire illustre roi des Français, et dépensa en allant et revenant, et séjournant a la cour, trente-trois livres treize deniers. 
Item die lunse post Loetare, Jérusalem (a25), dominus constabularius solvit et deputavit Yvonet Vogerin, barbi tonsorem et ejus fratrem : X solidos pro labore quem sustinuerunt ad capiendum Chalop Stae-Marise de Fontearabiae.  Item, le lundi après Leetare, Jérusalem, le seigneur connétable paya et envoya Yvonet Vogerin, barbier, et son frère : dix sols leur furent comptés pour la peine qu'ils prirent dans la capture de Chalop de Sainte-Marie de Fontarabie. 
Item xi, solidos Thomse Baco eidem ca et pro eo qui praeparavit.  Item quarante sols Si Thomas Bacon pour le même travail et pour celui qui l'aida. 
Item, die jovissequente, VIII libras Nicholao Berengier, pro eoqui equitavit et prseparavit quod Michelyres le flament caperet.  Item, le jeudi suivant, huit livres à Nicolas Berengier, pour celui qui chevaucha et facilita le Flament dans la prise de Michelyres. 
Item, die martis post festum Paschse, dominus constabularius misit in Fram ad Liedis (a26) dominum Penot Rouffet pro negociis domini régis, et expendit eundo et redeundo, et faciendo moram, XXV solidos et XIII denarios.  Item, le mardi après la fête de Pâques, le seigneur connétable envoya à Liedis en France le sieur Penot Rouffet pour les affaires du sire roi, et il dépensa en allée, retour et séjour, vingt-cinq sols et treize deniers. 
Dictus Penot ivit post festum Pentecostes Par,,,,, et expendit XV solidos.  Ledit Penot alla après la fête de la Pentecôte à Par,,,, , et dépensa quinze sols. 
Item Amelius Davidis, qui cum eo ivit ultro Tar..., et expendit xv libras.  Item, Amelius de David , qui l'accompagna volontairement à Par...., dépensa quinze livres. 
inixx et xv libras et x solidos (a27).  Sept cent quatre-ving-quinze livres et dix sols. 

 

 

Histoire de la maison de Rochechouart De Louis Victor Léon comte de Rochechouart

MAURICE ARDANT, archiviste de la Haute-Vienne, Officier d’académie.

Limoges, le 26 décembre 1862.

 

 

 

En 1264 Aymeric IX de Rochechouart vient assiéger Géraud de Maulmont dans son château de Châlus-Chabrol. <==

 


 

 

(1) Nous avons vu, d'après l'épitaphe de cette dame, qu'elle est morte en 1263; donc Simon est né de 1261 à 1262.

(2) Archives de la vicomté de Rochechouart, carton: Pièces historiques. Recueil de D. Villevieille.

(2a). Jean Vigier appartenait a une noble et ancienne famille dont les branches, au commencement du XIVe siècle, étaient répandues dans les provinces de Poitou, de Saintonge, d'Angoumois et de Périgord.

 Dans les extraits de comptes des trésoriers du Louvre des années 1296 et 1301, publiés dans le recueil des Hist. De France (t. XXII, p. 532, et t. XXIII, p. 787), le nom de Jean Vigier se rencontre plusieurs fois il y est qualifié de chevalier, ancien prévôt de Saint-Sever, maire de Bordeaux.

Un Geoffroy Vigier, vivant au mois d'avril 1311, est dit seigneur de Dampierre (JJ. 47, fol. 82).

Un Jean Vigier, peut-être le même que celui dont il est question ici, seigneur de Hautecorne en Périgord, teste en 1324 et institue pour héritier Raoul, son fils aîné. (Voy. sur cette famille, A. du Chesne, Hist. de la maison dit Plessis de Richelieu, p. 83-85, et le dossier Vigier, à la Bibl. nat., cabinet des Titres.)

(3). Cette qualification de chevalier du roy de France doit se rapporter à la possession de la Guyenne par le roi d'Angleterre. Simon de Rochechouart ne voulait pas être chevalier de ce dernier, mais bien de son seigneur suzerain.

(4). Archives de la vicomté de Rochechouart, carton: Pièces historiques. Recueil de D. Villevieille.

(5). J'ai copié cette lettre sur l'original écrit sur vélin et placé dans les cartons de la Bibliothèque.

(6). Précis historique sur les familles nobles du Limousin.

(7). Copié, comme l'autre pièce, sur l'original en vélin, et déposé à la Bibliothèque.

(8). P. Anselme, t. IV, p. 652.

(9). Ce nom de Pont est écrit tantôt avec un s à la fin, et tantôt avec un t.

(10) C'était le fils de son mari et de sa première femme. Jeanne n'eut point d'enfants, ainsi qu'il sera dit plus loin.

(11) Recueil de D. Villevieille.

(12) Recueil de D. Villevieille.

(13). Recueil de D. Villevieille.

(14). Recueil de D. Villevieille.

(15). Recueil de D. Villevieille.

(16). Ils étaient cousins-germains.

(17). Recueil de D. Villevieille.

(18). C'est probablement pour cette raison que son père ne fait aucune mention de lui dans son testament. Outre l'acte ci-contre, toutes nos généalogies parlent de lui cependant et donnent même tous les détails qui peuvent le concerner.

(a1).

(a2).

(a3). Le nom de Meilhac est celui d'une seigneurie limousine.

(a4). Celui de David est très-ancien en Limousin : les David de Las Tours, les David des Étangs, etc. Amelius de David, chevalier, figura dans des actes de 1304 et 1307.

(a5, a6, a7, a7 bis, a8 et a9) Dognon, Lori, Tison (souche de la famille des Cramaud), Teyfon, aujourd'hui Barbe-Teyfon, Saint-Laurent et Foucaud, du Limousin.

(a10) Gui de La Roche, le père ou le parent de celui qui défendit si vaillamment la cité de Limoges.

(a11) Girard de Preunh, d'une famille attachée aux Rochechouart.

(a12 et a13) Béchade de Chalucet, de Chastellus, de la Marche.

(a14) Societate serait peut-être mieux traduit par « compagnie » ; mais elle n'est pas plus forte qu'une escouade.

(a15, a16 et a16 bis) Les Brun de Luzignan, comtes de la Marche et d'Angoulême, rois de Chypre et de Jérusalem ; — Macheix , seigneurie en Bas-Limousin ; — Roux de Romain et de Château-Rocher, limousins.

(a17) Mareuil, une des quatre baronnies du Périgord : les Beynat, Biron et Bourdeille.

(a18) Chabrou de Lespinasse : un damoiseau de ce nom figure dans un acte de 1307.

 (a19 et a20) De LaVoulte, fils du duc de Levi Ventadour; Chapt de Rastignac (?), l'un limousin, l'autre périgourdin.

(a20 bis) Il y a encore des Simon à Rochechouart.

(a20 ter) Des familles Séguin sont connues en Limousin comme en Angoumois.

(a21 et a22) Rigaud, famille de St-Junien ; Perry de Malerant, famille d'Angoumois.

(a23) J'ai traduit curiam par « la cour », sans pouvoir fixer où elle était, le roi dans ces temps de guerre changeant souvent de résidence. L'abréviation permet à la rigueur de lire in Franciam; mais le lieu commençant par Pa…. n'est pas assez bien écrit pour adopter Paris :  Poitiers conviendrait mieux.

(a24 et a25) Les 3e et 4e dimanches de carême.

(a26) Liedis n'a pu s'expliquer.

(a27) Il y a trop de lacunes pour pouvoir vérifier si le total des sommes est juste : je me bornerai à rappeler que le marc d'argent valait 6 fr. en 1303, et qu'il redescendit à 3 fr. environ trois ans après. Si l'on pouvait donc prendre pour base la valeur du marc d'argent à cette époque, et la nôtre au taux de 48 fr. actuel, notre monnaie vaudrait trois fois celle portée au manuscrit, et ses huit cents livres environ représenteraient 12,800 fr.

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