En 1264 Aymeric IX de Rochechouart vient assiéger Géraud de Maulmont dans son château de Châlus-Chabrol

C'est au XIIIe siècle qu'une branche cadette de la famille de Rochechouart s'est appelée de Rochechouart de Mortemart.

Ce dernier nom lui venait de la terre et seigneurie de Mortemart, située en Limousin et apportée à cette famille par Alix, fille unique et héritière de Guillaume, dit Chomier, seigneur de Mortemart et épouse de Aimery VII, vicomte de Rochechouart.

Aimery VIII, fils aîné des précédents, fut le premier vicomte de Rochechouart, seigneur de Mortemart.

Du mariage d'Aymeric VII avec Alix de Mortemar naquirent trois enfants : 1° Aymeric, 2° Foucaud, seigneur de St Germain, 3° Simon, seigneur d'Availles. ==>  1247 Testament d'Alix, vicomtesse de Rochechouart, fille de Guillaume, seigneur de Mortemart et de Saint-Germain de Confolens

 

 

AYMERY VIII, vicomte de Rochechouart (1243-1245), était seigneur de Mortemar et de Pérusse.

Comme les précédents seigneurs, il a laissé peu de traces dans l'histoire. Il était né en 1206 et avait épousé, en 1233, Marguerite de Limoges, dame de Saint-Laurent, fille de Guy, cinquième vicomte de Limoges, femme d'une grande beauté et d'un mérite qui la rendit célèbre dans ce siècle. Cette dame avait trois mille sous de rente.


Après la bataille de Taillebourg, il fit hommage pour la terre de Pérusse à Alphonse de France, comte de Poitiers, au camp devant Pons, au mois d'août 1242.==> Il y a 780 ans, Saint-Louis, roi de France livrait Bataille à Taillebourg et Saintes (juillet 1242)


Le sceau d'Aymeric portait la figure de chevalier en habit de paix, tenant un oiseau sur le poing et les armes de Rochechouart brisées d'un lambal.



Plus tard, Marguerite eut en héritage les forteresses et villes de Gorre, Oradour, Cussac, Cussaret, Champnier, la forêt de Tren et la moitié du domaine de Marval.

Marguerite de Limoges était petite fille ou cousine du roi d'Angleterre, Henri II.

La mère de Marguerite était Sarra Plantagenet, princesse du sang royal d'Angleterre.

(Sarra ou Sarah de Dunstanville ou de Cornouailles née en 1147)

les enfants qu'elle eut d'Aymeric VIII étaient arrière-petits-fils des rois anglais de la famille des Plantagenet. Plusieurs Rochechouart avaient épousé des princesses anglaises.

 

Aymeric VIII mourut le 25 août 1245, il fut enterré au couvent du Châtenet.

Dans son testament de 1245 il est dit : « Il laisse ses enfants sous la tutelle et garde de sa femme, Marguerite de Limoges »



 

Septembre 1245 Marguerite, vicomtesse de Rochechouart, vint à Saint- Cloud faire hommage à Alphonse comte de Poitiers pour ses châteaux de Rochechouart et de Pérusse, qui dépendaient alors du Poitou

Universis presentes litteras Inspecturis Marganta vicecomitissa Rupis Cauardi, salutem.

Noveritis quod nos illustri viro karissimo domino nostro Alfonso, comiti Pictavie, fecimus homagium ligium, contra omnes homines et feminas qui possunt vivere et mori, de castro Ruppis Cauardi et pertinenciis, et de castro Perusii et pertinenciis, tanquam de ballo.

Et juravimus super sacrosancta Evangelia quod nos predicta castra eidem domino comiti, vel ipsius certo mandato, litteras suas patentes deferenti, ad parvam et magnam forciam trademus, quociens ab ipso domino comite vel ipsius certo mandato, suas patentes litteras deferenti, super hoc fuerimus requisite.

 Preterea jurayimus predicto domino nostro comiti quod de racheto suo de supradictis castris et pertinenciis faciemus ei gratum suum, si per inquisitionem suam invenerit, secundum usus et consuetudines patrie, super predictis rachetum facere nos debere, volentes et concedentes sub predicti religione sacramenti quod, si forte super premissis deficere nos contingeret, ut ad predicta castra cum pertinenciis sine meffacere posset assignare.

Actum apud Sanctum Clodoaldum, anno M° CC° quadragesimo quinto, mense septembri.

 

Salutations à toutes les personnes présentes de la part de l'inspecteur Marganta, le seigneur de Roche Chouard.

Vous savez que nous avons rendu un hommage légitime à notre illustre homme, notre très cher seigneur Alphonse, comte de Poitiers, contre tous les hommes et toutes les femmes qui peuvent vivre et mourir, du château de Roche Chouard et de ses dépendances, et du château de Pérusse et ses accessoires, comme si d'une balle.

Et nous avons juré sur les saints Évangiles que nous remettrions le susdit camp au même seigneur comte, ou par son ordre sûr, portant ses lettres ouvertes, à une petite et grande force ;

 De plus, nous avons juré audit seigneur notre comte que nous le rendrons agréable à son racket dudit camp et de ses biens, si par son enquête il trouve, selon les us et coutumes du pays, que nous devons faire un racket sur le susdit, voulant et acceptant sous la susdite religion du sacrement que, si possible sur les prémisses il devait arriver que nous échouions, afin qu'il puisse être assigné au susdit camp avec les appartenances sans meffacer.

Fait à Saint Cloud, l'an mil quarante-cinquième, au mois de septembre..

 

Traces de sceau pendant sur double queue. Le sceau de Marguerite, vicomtesse de Rochechouart, n'existe plus aux Archives.

Layettes du trésor des Charles, t. II, p. 586

 

 

 

 François de Rochechouart, marquis de Chandenier (1635-1696), représentant de la branche aînée, obtint pour son fils l'autorisation de prendre le titre de comte de Limoges et l'historiographe du roi Louis XIV, M. Le Laboureur, après avoir fait dans un long rapport, l'éloge de l'illustre maison, conclut à ce que ce titre fut versé dans la maison et qu'au penon de Limoges fut ajouté le penon d'Angleterre dans les armes des vicomtes de Rochechouart.

Cet honneur était dû à la descendance prouvée des comtes de Limoges et des rois d'Angleterre et au mariage du vicomte Aymeric avec Marguerite.

La vicomtesse Marguerite fut inhumée au couvent du Châtenet, ainsi que le vicomte, son époux.

L’éloge placé sur son tombeau dans l’église de Saint Yriex, attestant du mérite, des vertus et des éminentes qualités de cette grande dame, enterré avec son mari, Aimery de Rochechouard, et dans le même tombeau. Voici l’épitaphe :

« Anno Domini, in die Sancti Aredii, obiit : Aimericus de Rupe-Cavardo, maritus Margaritae, filiae Guidonis, vice-comitis Lemovicensis.

Margarita bona, patriae preciosa, matrona felix ;

Miseris donis plurima ; una at parvos humilis, ad

Magnos corde difficilis. Prudens, discreta, generosa,

Prole repleta ; date i Deus requiem !

Obiit IX septembris M.CCLIX (1259)

Ce qui est ainsi rendu en français :

« En l’année du Seigneur (1243), au jour de Saint Aredius (Saint Yriex), mourut Aimery, vicomte de Rochechouart, mari de Marguerite, fille de Guy, vicomte de Limoges.

Bonne Marguerite, précieuse pour son pays, mère heureuse,

Très charitable envers les pauvres ; à la fois humble les petits

Et digne avec les grands ; prudence, discrète, généreuse,

Riche de ses enfants, que Dieu lui donne le repos éternel !

Morte le 9 septembre 1259. »

Le recueil de D. Villevielle nous donne le testament de la vicomtesse Marguerite ; il commence ainsi : « Elle fit son testament au mois de juillet 1252, par lequel elle élut sépulture en la chapelle du Châtenet, au tombeau de feu son mary ; donna 30 livres de rente à Guillaume de Rochechouard son fils, sur la terre qu’elle reçut en dot, dans la vicomté de Limoges, avec la vigne qu’elle avoit acquise d’Adhémar de Maumont, chevalier, et une partie des acquets faits durant son mariage, dont partie reversible, à son deffaut, à Guy de Rochechouart, son fils, et, en outre, une somme de 100 livres de rente, avec une coupe d’argent doré, qui luy seroit donnée lorsqu’il seroit armé chevalier ; donna audit Guillaume et audit Guy, ses fils, les acquisitions qu’elle avoit faites à Saint-Laurent ; légua à Adhémar de Rochechouart, son fils, 50 livres de rente à prendre sur celle de 100 livres que lui avoit donnée le comte de Poictiers ; ordonna que Guy, Adhémar et Simon, ses fils, soient substitués les uns aux autres en cas de mort sans hoirs ; légua à Foucaud, son autre fils, 50 livres de rente sur les biens de Cussac, etc., avec la somme de 100 livres pour mettre au service dès qu’il aura atteint l’âge de seize ans ; légua les terres qu’elle avoit eues de ses père et mère, à Aimery, son fils ainé ; ordonna que Guillaume de la Roche (1) jouit du péage que ledit Aimery, son fils, lui avoit assigné, au lieu de 35 livres de rente qui luy avoient été constituées en dot ; fit un legs à Marguerite, sa nièce, fille de Guy, son frère, pour la faire religieuse, et nomma pour ses exécuteurs testamentaires Guy de La Rochefoucauld, son gendre, et autres, et en donna pour garants : le comte de Poictiers, son seigneur ; le vicomte de Limoges, son frère ; l’évêque de Limoges et l’archevêque de Bourges ; en présence de Guillaume-le-Doyen, Damoiseau ; Hélie Roverel, varlet ; Audebert de Saint-Laurent, chevalier (2). »

 

Il parait singulier que Marguerite, dans son testament que l’on vient de lire, ne fasse aucune mention de ses trois filles, qui toutes trois, cependant, furent mariées à des chevaliers de haute considération. Cela est d’autant plus extraordinaire, qu’elle parle de son gendre ; pourquoi pas de ses gendres ?

Ce testament m'amène naturellement à traiter, autant qu'à éclaircir, deux questions très difficiles à résoudre : la dernière surtout, ayant à réfuter une assertion donnée par MM. les bénédictins de Saint-Maur dans leur ouvrage si justement apprécié : l'Art de vérifier les Dates.

La première question est relative à la sépulture d'Aimery VIII et de sa femme Marguerite.

Castelnau, en donnant l'épitaphe que je viens de faire connaître, dit qu'elle a été placée sur le tombeau des deux époux, dans l'église de Saint-Yrieix, tandis que le testament désigne la chapelle du Châtenet, où se trouvaient les sépultures des vicomtes de Rochechouart.

 On a probablement confondu le jour de la mort du vicomte Aimery VIII, qui arriva le jour de la fête de Saint-Yrieix, avec le lieu de sa sépulture.

C'est Sarra Plantagenet, mère de Marguerite, qui est enterrée dans l'église de Saint-Yrieix-la-Perche (3), et non pas sa fille.

Ainsi, il est plus rationnel de s'en tenir au texte du testament plutôt qu'à l'autre indication, qui provient, comme je viens de le dire, d'une confusion de la fête de Saint-Yrieix avec le nom de cette petite ville du Limousin.

La seconde question a rapport à ce passage de l'histoire des comtes de Périgord :  Archambaud III avoit été marié deux fois :  sa première femme, dont le P. Anselme n'a pu découvrir le nom, étoit Marguerite, fille de Guy V, vicomte de Limoges, et veuve d'Aimery VIII, vicomte de Rochechouart, mort le 26 août 1245.

 Elle-même mourut en 1259.

Hélie, seul mâle issu de ce mariage,  fut comte de Périgord, après son père, qui se remaria en secondes noces à Marie, etc. (4) »

Malgré la témérité qu'il peut y avoir de ma part à critiquer les érudits Bénédictins, je conteste l'exactitude de leur assertion.

Il est vrai de dire qu'ils ne connaissaient pas le testament de la vicomtesse Marguerite, qui nous est donné par D. Villevieille.

Ils ignoraient également, à ce qu'il paraît, qu'il y eût une autre Marguerite de Limoges que la veuve d'Aimery VIII, et cependant il en existait trois portant ce nom dans la seconde maison de Limoges et vivant à la même époque; savoir :

1. Marguerite de Limoges, fille de Guy V, vicomte de Limoges, et veuve d'Aimery VIII, vicomte de Rochechouart;

2. Marguerite de Bourgogne, femme et veuve de Guy VI, vicomte de Limoges, dit le Pieux;

3. Marguerite de Limoges, leur fille, dont il est parlé dans le testament de sa tante, qui, au lieu d'entrer en religion, a fort bien pu épouser Archambaud III, comte de Périgord.

Si, comme le disent les Bénédictins, « le P. Anselme ignoroit le nom » de la première femme d'Archambaud III, comte de Périgord, c'est que probablement il fut arrêté par l'invraisemblance qu'il y avait de désigner la veuve du vicomte Aimery VIII, comme ayant été cette première femme, qui, mariée en 1233, à l'âge de dix-huit ans pour le moins, ayant eu neuf enfants en douze années de mariage, avait un peu plus de quarante ans en 1252, date de son testament, acte dans lequel rien n'indique assurément qu'elle eût l'idée de se remarier. Ces messieurs disent également : « Que » quatre enfants, un garçon et trois filles, naquirent de ce mariage; » ce qui donnerait à penser que la veuve du vicomte de Rochechouart aurait été d'une fécondité aussi rapide que prolongée.

 


De ce mariage vinrent neuf enfants :
-    1° Aymeric qui suit,
-    2° Guillaume de Rochechouart-Mortemar, qui fut la souche de la branche des Mortemar, dont l'éclat surpassa son aînée en dignités, en honneurs et en fortune.
-    3° Guy, archidiacre de Limoges.
-    4° Simon, chanoine de Limoges; il fut doyen de Bourges.
En 1272 il y eut grande discussion pour remplacer Aymeric de la Serre, évêque de Limoges. Le chapitre se divisa, une partie des chanoines élut pour évêque Simon de Rochechouart, les autres avaient choisi Clément de St-Hilaire, l'un de leurs confrères; ni l'un ni l'autre ne fut évêque de Limoges.
Après la mort de Saint-Hilaire, arrivée en 1274, Simon de Rochechouart fut élevé, en septembre 1275, sur le siège de l'église de Bordeaux, qu'il gouverna avec beaucoup de sagesse. Il mourut en 1280, et fut enterré dans sa métropole.
-    5° Aymar, seigneur de Châtelus.
-    6° Foucaud, chanoine de Limoges.
-    7° Agnès, qui épousa en premières noces Guy de La Rochefoucauld, dont sont issus les ducs de La Rochefoucauld, et en secondes noces le seigneur Tors de Fronsac; elle eut pour dot les terres de Chéronnac.
-    8° Marguerite, à qui sa mère voulut faire embrasser la vie monastique, mais qui épousa Aymar, seigneur d'Archiac.
-    9° Aliénor ou Alix, mariée à Geoffroi de Mortagne, damoiseau, seigneur de Lespare et de Madaillan.
On croit que la vicomtesse de Rochechouart Marguerite de Limoges se maria en deuxièmes noces avec Archambeau, premier comte de Périgord.


 Enfin son épitaphe, que Castelnau n'a pas inventée, assurément, puisqu'il indique dans ses Mémoires d'où il l'a tirée, donne complétement raison, ce me semble, à mon observation, qui a pour auxiliaires: 1° le testament de Marguerite; 2° son épitaphe, et 3° enfin, la confusion des trois Marguerite; sans compter que les enfants de ce second prétendu mariage, s'il avait eu lieu effectivement, seraient venus au partage des grands biens de leur mère, et rien de semblable ne s'est présenté.

Je pourrais également tirer un grand parti des dates, soit du mariage d'Archambaud III,  soit de la naissance de son fils aîné, soit de la mort de notre Marguerite, toutes ces dates ne pouvant guère s'accorder; mais pour cela il faudrait entrer dans de tels détails, que je prolongerais une discussion déjà assez longue, sans nécessité pour l'histoire de notre maison, mais que j'ai cru devoir entamer pour témoigner du soin que j'ai mis à éclaircir tous les points douteux de cette histoire à une époque si reculée.

 

 


AYMERIC IX.

Il se maria en 1251 avec Jeanne de Tonnay, fille unique et héritière de Geoffroy, seigneur de Tonnay-Charente, diocèse de Saintes.


Par un échange du 12 avril 1256, la seigneurie de Mortemart passa d'Aimery IX, fils d'Aimery VIII, à Guillaume de Rochechouart son frère cadet, chef de la branche cadette de Rochechouart de Mortemart.


En l'année 1263, Jeanne de Tonnay-Charente étant morte en couches, fut inhumée au Châtenet par l'évêque de Limoges.


Voici son épitaphe :


Nutrix pauperum, consolatrix viduarum, substentatrix afflictorum, domina Joanna de Tonneio super Charantonem, vice-commissa de Rupecavardi, cum angelis et sanctis recipiat portionem. Obiit, anno Domini 1263, in crastinâ Epiphaniae.


«  Ci-gît Jeanne, dame de Rochechouart; elle fut la nourrice des pauvres, la consolatrice des veuves, le soutien des affligés.

 Que Dame Jeanne de Tonnay sur Charente, vice-comtesse de Rochechouart, reçoive la récompense de ses bonnes actions avec les anges et les saints. Amen! »

Elle mourut l'an du Seigneur 1263, le lendemain de l'Épiphanie.

 


Feytiat est citée dès le XIIe siècle comme possédant l'un des plus anciens établissements de l'ordre du Grandmont.
Le prieuré du Châtenet, fondé du vivant de saint Etienne de Muret vers 1120.


Etienne de Muret, originaire d'Auvergne, après un pèlerinage en Italie au cours duquel il aurait rencontré des ermites, s'installa au pied des monts d'Ambazac où il fonda l'ermitage de Muret, vers 1076. Il y vécut une quarantaine d'années, dans une excessive pauvreté.
 Il est l'initiateur de l'Ordre de Grandmont, dissout en 1772.


Durant la guerre de Cent Ans, en 1370, le prieuré fut dévasté. En 1569, il fut saccagé et incendié par le duc des Deux Ponts Wolfgang de Bavière , durant les guerres de religion.



Septembre 1263-1266. - Ordre au sénéchal de Poitou de mettre fin à la guerre entre la vicomtesse de Limoges et le vicomte de Rochechouart


Alfonsus, etc., Theobaldo de Noviaco, senescallo (5) etc.
Alphonse, etc., Théobald de Noviaco, sénéchal, etc.


Cum intellexerimus guerram ortam fuisse inter nobilem dominum vicecomitem (6) Lemovicensem ex una parte et vicecomitem Rupiseavardi ex altera, qui tenent a nobis et homagium nobis fecerunt, de qua guerra, nisi pax multa damna et pericula possent evenire toti terre, vobis mandamus quatinus in sedanda guerra et pace reformanda vel aliqua longa treuga seu respectu capiendis, curam et diligentiam apponatis, secundum quod faciendum videritis bono modo.
Lorsque nous avons compris qu'une guerre s'était élevée entre le noble seigneur de Limoges(2), d'un côté et le vicomte de Rochechouart de l'autre, qui nous tenaient et nous rendaient hommage, guerre à propos de laquelle, à moins qu'il n'y ait eu la paix, beaucoup de dégâts et des dangers pourraient arriver à tout le pays, nous vous ordonnons maintenant de mettre fin à la guerre et de vous réformer par la paix, ou par quelque long répit, ou en les prenant avec respect, avec soin et diligence, selon ce que vous verrez à faire dans le bon sens.


Quid autem super premissis factum fuerit, nobis in scriptis significare curetis, cum ad nos veneritis ad crastinum instantis quindene Omnium Sanctorum pro vestris compotis faciendis.
Datum apud Hospitale juxta Corboilum, die veneris ante festum beati Michaelis arçhangeli.
Mais ce qui a été fait sur place, vous aurez soin de nous l'indiquer par écrit, lorsque vous viendrez nous rendre compte le lendemain immédiatement après le cinquième jour de la Toussaint pour vous rendre compte.



Donné à l'Hôpital près de Corboil, le vendredi précédant la fête du bienheureux Michel Archange.



Octobre 1263-1266. - Défense à la vicomtesse de Limoges d'envahir les terres du vicomte de Rochechouart


Alfonsus, etc. y nobili domine et fideli sue... vicecomitisse Lemovicensi, salutem et sinceram in Domino dilectionem.
 Cum, sicut intelleximus, vos contra nobilem virum et fidelem nostrum vicecomitem de Rupecavardi cum armis venire et terram ipsius, hostiliter intrare proponitis, vobis mandamus quatinus terram seu feoda, que tenet a nobis dictus vicecomes, cum armis seu hostiliter per vos vel per alios non intretis pro maleficiis perpetrandis, cum parati simus cuilibet de dicto vicecomite super his que ad nos pertinent exhibere mature justitie complementum.
Datum Parisius, die mercurii post festum beati Remigii.

Alphonse, etc. y au noble seigneur et ses fidèles... au Vicomte de Limoges, salutations et amour sincère dans le Seigneur.

 Puisque, comme nous l'avons compris, vous vous proposez de venir en armes contre notre noble homme et notre fidèle seigneur de Rochechouart, et d'entrer dans ses terres d'une manière hostile, nous vous ordonnons que les terres ou redevances que ledit seigneur tient de nous soient ne pas être armé ou hostile par vous ou par d'autres intrépides pour les méfaits perpétrés, lorsque nous sommes prêts à présenter à l'un desdits shérifs sur ceux qui nous appartiennent l'accomplissement de la justice à une date rapprochée.



Donné à Paris, le mercredi après la fête du bienheureux Remi.




Octobre 1263-1266. - Défense à la vicomtesse de Limoges d'envahir les terres du vicomte de Rochechouart


Alfonsus, etc. y nobili domine et fideli sue... vicecomitisse Lemovicensi, salutem et sinceram in Domino dilectionem.
Cum, sicut intelleximus, vos contra nobilem virum et fidelem nostrum vieecomitem de Rupecavardi cum armis venire et terram ipsius, hostiliter intrare proponitis, vobis mandamus quatinus terram seu feoda, que tenet a nobis dictus vicecomes, cum armis seu hostiliter per vos vel per alios non intretis pro maleficiis perpetrandis, cum parati simus cuilibet de dicto vicecomite super his que ad nos pertinent exhibere mature justitie complementum.
Datum Parisius, die mercurii post festum beati Remigii.

Ce seigneur avait commis plusieurs violences contre les hommes de la Chapelle-Blanche, qui relevait du chapitre de Limoges; il avait même saisi leurs biens. De La Serre, évêque de Limoges, assujettit ce vicomte, sa famille et ses gens, aux censures de l'Église.
Le vicomte, rentrant en lui-même, promit de tout réparer; il eut pour pénitence d'assister à la procession, le dimanche avant la quinzaine de la Pentecôte, ainsi que tous ceux qui l'avaient assisté dans ses violences et saisies, savoir lui et ses soldats, nu-pieds, sans coiffe ou ceinture, ou chapeau, avec de simples tuniques; tous les autres de sa suite, en chemise, sans chausses, nu-pieds, sans chapeau, tenant en main des verges dont ils se frappaient. On s'arrête peu aujourd'hui aux excommunications et aux pénitences de l'Église ; mais que l'on jette un coup-d'œil rétrospectif, et l'on verra qu'elles ont beaucoup servi la cause de la civilisation, en domptant la barbarie des seigneurs d'alors, qui ne connaissaient d'autre loi que la force et la violence.

En 1264 Aymeric IX de Rochechouart vient assiéger Géraud de Maulmont dans son château de  de Châlus-Chabrol.



    Après la mort de Guy VI à la mi-août 1263, Marguerite de Limoges se voit confier la tutelle de leur fille unique, Marie, alors âgée de 3 ans, ainsi que le gouvernement de la vicomté de Limoges.
Elle s’appuie sur Géraud de Maulmont, ecclésiastique, dont elle fait son conseiller, et à qui elle offre Chalucet, et la terre de Châlus, Aymeric IX, vicomte de Rochechouart ne lui permit pas d'entrer à Oradour-sur-Vayre pour y tenir ses assises et comme celui-ci prétendait user de la force, il le repoussa les armes à la main et le força de se retirer à Chalus.


 On parlementa, mais la dispute n'en devint que plus vive. Pour couper court, Aymeric envoya un héraut d'armes signifier son ultimatum au seigneur de Châlus. Celui-ci ne l'ayant pas accepté, la guerre fut déclarée.


 Aymeric mit sous les armes tous ses vassaux, convoqua le ban et l'arrière-ban. Le lieu de rendez-vous général fut Biennat.


Le jour du départ, le vicomte se lève de grand matin, se met à la fenêtre, et croit apercevoir dans la rue un lion qui dévorait une cavale.
Grande et bonne nouvelle ! cria-t-il à ses guerriers qui l'attendaient au milieu de la cour du château; victoire assurée! J'ai aperçu dans les nues un lion victorieux.
Ce lion, c'est celui de ma famille; sa victoire est le présage assuré de la nôtre. Que le cri de ralliement soit :

Victoire! La bannière est déployée, les fanfares sonnent le départ.


Tout s'ébranle, et dans les rangs on entend répéter le cri: Victoire ! L'enthousiasme est à son comble.
Le vicomte était admirablement instruit de l'état et de la position de l'armée du seigneur de Châlus; il savait encore que plein de confiance dans le nombre de ses troupes, il s'imaginait qu'on n'oserait jamais l'attaquer.
Tels étaient l'aveuglement et la présomption du seigneur de Châlus.


Les troupes de Rochechouart arrivèrent au lieu convenu, et se trouvèrent en face de l'ennemi le soir à six heures.
Le seigneur fit faire halte dans une belle plaine, et à mesure que les troupes s'assemblaient, il leur faisait prendre leur rang. On passa la nuit dans le plus grand silence.


Le lendemain, une heure avant le jour, tout le monde fut sur pied. Le vicomte recommanda de combattre sur plusieurs lignes, afin que l'attaque se fit tout à coup et de toutes parts à la fois, que l'effort fût général, et que les ennemis surpris fussent culbutés en même temps de tous côtés.
Aguerris et expérimentés, les braves Rochechouart se rangèrent bientôt en bataille.


Au point du jour le vicomte donne le signal. Le bruit de la trompette se mêle aux cris mille fois répétés de:

Vive le vicomte ! La joie et l'allégresse font palpiter tous les cœurs.


On laisse en arrière un corps de réserve pour les cas imprévus.


L'avant-garde se précipite; elle rencontre quelques compagnies qui circulaient près des remparts, les attaque si vivement et si à-propos qu'elle en tue la plus grande partie; les prisonniers apprirent au vicomte des particularités intéressantes sur ce qui se passait dans l'armée ennemie.


Mais les fuyards avaient donné l'alarme.


L'armée de Châlus s'avance contre l'armée de Rochechouart; on en vient aux mains; on se bat des deux côtés avec beaucoup d'acharnement.
Les blessés sont en grand nombre; bien des morts jonchent la terre; la victoire demeure longtemps incertaine.
 Le seigneur de Rochechouart, au milieu de la mêlée, fait avancer son arrière-garde toute fraîche; frappant d'estoc et de taille, elle met en fuite les Châlus, qui profitent de la nuit pour se renfermer dans la ville.


Les vainqueurs bivouaquèrent sur le champ de bataille.


Le matin, à la pointe du jour, le vicomte harangue ses troupes:


« Braves soldats, s'écrie-t-il, hier vous avez fait des merveilles, des prodiges de valeur; votre suzerain est content de vous. Continuez ce que vous avez si bien commencé, et ces remparts, ces tours sont à vous; le lion m'a promis la victoire; la journée verra disparaître les restes de l'armée que vous avez vaincue.
En avant! à l'assaut! »

 

L'ivresse de la victoire est dans toutes les têtes et dans tous les cœurs; on court, on vole, on se précipite de tous côtés; c'est à qui arrivera le premier aux murailles.

Les Châlus sont à leur poste; les traits volent par milliers; les échelles sont renversées, on les relève.


Animés jusqu'à la fureur, les Rochechouart, remontent à l'assaut. Bientôt ils sont sur les remparts, combattant corps à corps, roulant pêle-mêle dans les fossés avec leurs ennemis ; la fureur est égale de part et d'autre.


Enfin les soldats de Châlus lâchent pied; les Rochechouart sont maîtres de la place, et le vicomte revint triomphant dans ses terres.

Nous avons trouvé que cette même année, 1264, Aymeric eut guerre avec Jean, sire de Bourbon; mais on ne connaît aucun détail sur cet évènement; peut-être est-ce la guerre dont nous venons de parler.

Alphonse, comte de Poitou, écrivit au vicomte de Rochechouart pour l'engager à se trouver à l'Ost-de-Foix, au service de Louis IX, roi de France; le vicomte s'y rendit avec cinq chevaliers de ses vassaux (1271).


Le 28 avril 1264, Aymeric épousa en secondes noces dame Mathilde, veuve de noble Guillaume de Fortis.


Elle porta à son mari pour trois mille livres de meubles; et lui, pour droit d'osèle, lui donna son manoir dit le Devez, près la forêt de Brigueil ; cette dame Mathilde de Anglia, vicomtesse de Rochechouart, grande amie des frères, mourut le 11 mars 1264; elle ne resta mariée que quelques mois.


Le mercredi après la fête des apôtres saint Pierre et saint Paul, même année 1264, Alphonse, comte de Poitou, écrivit à son ami et féal, Aymeric de Rochechouart :


« Ayant appris que Élie dit Flament, chevalier, a l'intention et s'efforce de vous oster le repaire (reparium) ou château de Chaillac, et faire en armes une chevauchée contre la noble et nostre féale vicomtesse de Limoges, nous vous prions de ne pas recevoir ce chevalier à la nomination ou advœu de ce repaire, contre la justice, ni de faire cette chevauchée, surtout la vicomtesse étant prête, à ce qu'on nous assure, de rendre justice devant vous à tous les plaignants. »


Non loin de Rochechouart, dans un pays pauvre, presque stérile, s'étend une forêt grande et antique; elle appartenait autrefois à la seigneurie du vicomte de Rochechouart, qui venait s'y livrer à l'exercice de la chasse.


Au milieu de cette forêt, jadis riche en vieux arbres magnifiques, s'élevait un chêne prodigieux nommé le chêne de la Lune. Il était orné d'une image de la Vierge qui attirait grand nombre de pèlerins pour faire acte de dévotion dans ce lieu solitaire, hanté, disait-on, par des spectres horribles. Le culte de cette madone produisit l'abbaye des Cailloux-Blancs.


Les couvents sont une inspiration religieuse dont l'essence est l'amour et la contemplation. Or, quoi de plus favorable pour les élans d'un cœur religieux que ces grands arbres, colonnes sublimes dans le temple de la nature, formant par leur végétation des voûtes de feuillage où règnent une ombre mystérieuse, une fraîcheur perpétuelle? Le silence des bois, la noble majesté des arbres séculaires qui semblent toucher au ciel, élèvent l'âme, portent au recueillement, excitent une pieuse onction dans tout notre être: Les druides prétendaient avec raison que l'esprit de la divinité se plaisait dans ces lieux sombres et tranquilles; qu'il se manifestait en nous par un saisissement involontaire, lorsque nous nous trouvions dans la profondeur d'une vaste forêt.
L'Écriture-Sainte fait aussi l'éloge de la solitude. Dieu dit :


« Je conduirai dans la solitude l'âme fidèle, et là je parlerai à son cœur. Je changerai les déserts en un lieu de bonheur, et la solitude en un jardin délicieux. La solitude sera dans l'allégresse; elle fleurira comme un lis. »


Frappé de ces idées poétiques et religieuses, Aymeric IX voulut construire un édifice réel sous la voûte obscure des plus grands chênes de sa forêt. Dans ce temple naturel du Dieu d'amour, d'espérance et de consolation; au milieu de ces bois mystérieux et profonds qui parlent si éloquemment à l'âme, il fit bâtir, en 1274, sous le nom d'abbaye des Pierres-Blanches ou des Cailloux-Blancs, un couvent, prieuré de filles de l'ordre de Grandmont.


 Nous trouvons, dans un acte en forme, que Simon de Rochechouart, archevêque de Bordeaux, sacra l'autel de Albis-Petris le samedi après la Purification, en 1277.


Cette chapelle fut élevée en l'honneur de la Sainte-Trinité, de sainte Marie vierge, des saints apôtres Pierre et André, de saint Thomas martyr, de saint Nicolas confesseur, et de sainte Catherine vierge. On ne connaît pas le nombre des religieuses qui l'habitaient.
Ces pauvres filles vivaient de la vie de Dieu, loin du commerce du monde, auquel elles avaient renoncé.


Ce couvent n'a subsisté qu'un peu plus d'un siècle.


Nous n'avons pu rien découvrir sur les causes de sa destruction. Il se trouve, près de son emplacement, toujours au milieu de la forêt, une fontaine appelée Fontaine de l'Abbaye. On y voit encore quelques masures.


Nous ne serions pas éloigné de croire que cette abbaye fut abandonnée parce que les pauvres religieuses qui y résidaient se sont ennuyées d'habiter un lieu placé dans un site aussi sauvage et visité tous les jours par un grand nombre de reptiles et de bêtes fauves. Peut-être cette destruction est-elle le fait de quelque bande de routiers comme il y en avait beaucoup à cette époque; peut-être quelque seigneur barbare aura-t-il marqué son passage en ce lieu par la dévastation et la mort.


La forêt n'appartient plus aux seigneurs de Rochechouart; ils ont eux-mêmes disparu du sol où fut le berceau de leurs ancêtres.


Guidé par cet instinct secret qui attire l'homme vers les ruines, nous sommes allé visiter, en compagnie de M. l'abbé Ribière, les restes de l'abbaye de Petris-Albis. Nous vîmes des prolongements de murailles, des pierres entassées, le tout couvert d'arbres, de mousse, de bruyère, de ronces et d'épines.

Oh! comme les ruines s'harmonisent avec le désert! comme notre cœur fut ému en parcourant ce triste séjour ! Autrefois les cantiques du seigneur y retentissaient de toutes parts; aujourd'hui tout y est calme et tristesse.


Nous bûmes, M. l'archiprêtre de Rochechouart et moi, à la fontaine de l'Abbaye. Nous nous agenouillâmes sur quelques pierres, peut-être les tombeaux de ces saintes filles, qui sont là comme des lis et des roses entre les épines. Nous les saluâmes heureuses d'avoir choisi cette demeure écartée, qui a été véritablement pour elles le vaisseau du seigneur qui ne périra jamais.
Sacrés débris d'un monument chrétien, vous ne rappelez pas, comme tant d'autres, du sang, des injustices et des violences. Vous ne racontez qu'une histoire paisible, ou tout au plus les souffrances volontaires et les privations mystérieuses et inconnues de quelques vierges qui avaient tout quitté pour arriver plus sûrement aux retraites éternelles. Que votre terre leur soit légère, et fasse le ciel qu'elles jouissent maintenant du fruit de leurs sacrifices!...

De son vivant Aymeric IX partagea ses biens entre ses enfants;

-    1° Aymeric, l'aîné, eut le château de Rochechouart.  
-    2° Guy, le cadet, celui de Mortemar. Plusieurs font remonter à ce Guy de Rochechouart, et non à Guillaume, comme nous l'avons dit plus haut, l'origine des Rochechouart-Mortemar.
Ce Guy fit placer sur son château de Mortemar une lionne en pierre semblable au lion du château de Rochechouart.
-    3° Simon, qui devint vicomte de Rochechouart après Aymeric son neveu, mort sans postérité. Ce Simon continua la branche aînée;
-    4° Foucaud, évêque de Noyon puis archevêque de Bourges mort 164le 7 août 1343;
-    5° Guillaume, chanoine de Limoges et de Bourges;
-    6° Jeanne, qui épousa Pons de Mortagne, vicomte d'Aulnay;
-    7° Marquise, mariée à Arnaud Bochard, damoiseau;
-    8° Aliénor ou Léonore, qui épousa Geoffroy de Maurienne de Mauritonie
-    9° Isabelle,
-    10° Marquise, toutes trois religieuses à l'abbaye de la Règle, de Limoges.

Aymeric mourut le 17 octobre 1280, et fut inhumé, selon une pratique religieuse très commune dans ces temps-là, avec l'habit des frères mineurs. Il légua à ceux de St-Junien treize tuniques et une réfection pour la somme de quinze livres tournois à prendre sur ses fours et moulins de Brigueil, et leur confirma l'usage perpétuel du bois dans la forêt de ce nom.

Dans l’église Saint-Georges à Vivonne, on y reconnaît les armes des Rochechouart à la suite du mariage d’Aimeri IX de Rochechouart avec Mathilde, veuve de Guillaume Fortis, seigneur de Vivonne.


Jusqu’à la fin du XIVème siècle ils partagèrent toutefois leur seigneurie avec les Archiac, installés à Vivonne peut-être grâce à l’appui des Lusignan et devenus depuis seigneur de Vivonne en 1322 avec Aymeri.




Le Droit de haute, moyenne et basse Justice sur le bourg d'Oradour-sur-Vayres au moyen-âge, d'après un arrêt du Parlement de Paris.


Dudum, inter vicecomitem Rupecavardi de una parte et Magistrum Geraldum de Malomonte, a cujus heredibus nos in hac parte causam habemus, ex altéra, ratione burgi seu ville de Oratorio debato suborto.
Curia nostra, supra dicto debato plenius informare volens, certis mandavit et comisit comissariis, ut ipsi, vocatis procuratore nostro. dicto vicecomite et aliis evocandis supra dicto debato, seu informarent ad plénum seu inquirerent, ac informationem seu inquestam super hoc factum ipsi curie judicando remitterent sub suis sigillis inclusam.
Vocatis vero dictis partibus coram eisdem comissariis, proposuit vicecomes supra dictus inter cetera que sequuntur. — Videlicet : quod predecessores ipsius vicomitis, a quibus ipse causam habet, in dicto burgo de Oratorio, tanquam in et de castellania de Rupecavardi existente, jurisdictionem omnimodana, altam, bassam et mediam, per se et gentes suas, exercuerunt an te dictum debatum, palam

Il y a quelque temps, entre le vicomte de Rochechouart d'une part, et Maître Géraud de Maumont, des héritiers duquel nous avons causé en cette affaire, d'autre part, s'est élevé un débat au sujet du bourg ou villa d'Oradour.
Notre cour, désireuse d'avoir des renseignements plus complets sur ce débat, manda et délégua des commissaires : ceux-ci, après avoir cité notre procureur, le dit vicomte et les autres personnes susceptibles d'être assignées relativement à ce différent, devaient eux-mêmes informer plus amplement et instruire la cause ; puis, l'information et l'enquête sur cette affaire terminées, les remettre cachetées de leurs sceaux à la cour qui jugerait.
Les dites parties appellées devant ces commissaires, icelui vicomte opposa entre autres choses ce qui suit. — A savoir : que ses prédécesseurs, dont il est l'ayant-cause, exercèrent avant le présent débat la juridiction entière — haute, moyenne et basse — dans le susdit bourg d'Oradour, qui se trouve dans l'étendue de la chatellenie de Rochechouart dont il est une dépendance : ils l'exercèrent ostensiblement et publiquement, en paix et sans difficultés, au


et publice, pacifice et quiete, sciente dicto Magistro Geraldo seu scire valente, per tantum tempus quod sufficit, et de cujus contrario memoria non existit.
Tenendo in dicto burgo publiée assistas et de quibuscumque causis tam civilibus quani criminalibus cognoscendo, interloquendo, diffiniendo, malefactores capiendo et puniendo, et alia expleta alte et basse justicie exercendo, que latius enumerabat vicecomes supradictus.
Item quod, predecessoribus suis sic in pacifica possessione vel quasi omnium premisorum existentibus, propter debatum quod dictus magister Geraldus poni procuravit injuste et super justitia et juridictione dicti burgi, dicta justitia et juridictio ad manum nostram fuerunt apposite et adducte fuerunt.
— Que omnia et quedam alia proponebat dictus vicecomes ad finem quod, per curiam nostram declaretur et pronuntietur justitiam altam bassam et mediam et juridictionem omnimodam dicti burgi ad ipsum vicecomitem spectare debere; et quod manus nostra in dicto burgo, ut dictum est, propter dictum debatum apposita, amoveatur ; et, ipsa amota, idem vicecomes iustitia et juridictione omnimoda dicti burgi uti libère permittatur.


su de Maître Géraud ou avec assez de notoriété pour qu'il n'ait pas le droit de l'ignorer, cela pendant tout le temps nécessaire et sans qu'il existe souvenance du fait contraire.
 Ils ont tenu dans ce bourg des assises publiques ; ils ont connu de toutes sortes de causes tant civiles que criminelles, ont rendu des jugements interlocutoires et définitifs ; ils ont pris et puni les malfaiteurs ; ils ont pratiqué tous les autres devoirs d'un seigneur haut et bas justicier, devoirs qu'énumérait plus longuement le susdit vicomte.
C'est alors que, disait-il encore, ses prédécesseurs jouissaient ainsi tranquillement de tous ces droits, ou pouvaient être regardés comme tels, que Maître Géraud vint soulever un injuste débat au sujet de la justice et juridiction de ce bourg, à la suite duquel icelles justice et juridiction furent mises et placées sous notre séquestre.
— Tels étaient les principaux arguments que faisait valoir le vicomte pour arriver aux conclusions suivantes : que notre cour déclare et prononce que la haute, basse et moj'enne justice ainsi que l'entière juridiction dudit bourg doivent appartenir au vicomte lui-même; que notre séquestre placé sur ce bourg, à l'occasion dudit débat, ainsi qu'il a été exposé, soit levé ; que ceci fait, le vicomte puisse user en toute liberté de l'entière justice et juridiction du bourg susdit.


Prefato insuper procuratore nostro, e contrario nostro nomine proponente quod : tempore quo dictum debatum subortum et manus nostra in dicto burgo ,apposite (7) fuisse dicuntur, et antea per tantum tempus quod sufficit, vigeria dicti burgi omnimodaque juridictio bassa et média, excepto dumtaxat alto dominio, spectabant et spectare consueverant ab antiquo ad defunctum Geraldum de Oratorio militem et ejus fratres pro dimidià parte et pro indiviso, ac ad defunctum Guidonem pauca et ejus fratrem pro alia média parte et pro indiviso.
Et quod, dicti vigerii, per se et gentes suas, predictam vigeriam et juridictionem omnimodam bassam et mediam, soli et in solidum, exercebant in casibus ibidem emergentibus.
Et quod, in saisina vel quasi premissorum ipsi erant, dicto tempore, et antea fuerunt per tantum tempus quod sufficit et de cujus contrario memoria non existit.
Item, quod dictus Geraldus de Oratorio, ejus fratres et eorum predecessores, medietatem dicte vigerie et juridictionis ad ipsos, sicut premititur, pertinentem, sub fide et homagio, a defuncto Eblone, quondam


A cela notre procureur répliqua en notre nom, pour la partie adverse, ce qui suit. — Au moment où s'éleva ce différent et où notre séquestre fut mis sur le susdit bourg, comme auparavant pendant tout le temps nécessaire, sa viguerie et son entière juridiction basse et moyenne, moins toutefois la haute justice, étaient possédées comme il suit, à ce que l'on prétend.
Feu Géraud d'Oradour, chevalier, et ses frères, en avaient une moitié indivise et en commun, défunt Guy et son frère, l'autre moitié, également indivise et en commun; en dehors de ces deux moitiés, Guy connaissait spécialement de quelques cas ou petits procès réservés.
Ces viguiers, par eux-mêmes ou leurs gens, seuls et solidairement, jugèrent de tous les cas de viguerie et de basse ou de moyenne justice chaque fois que l'occasion s'en présenta. Ils avaient ainsi la quasi-saisine de tous les droits y afférents, cela pendant tout le temps nécessaire et sans qu'il existe souvenance du fait contraire.
De plus, en ce qui concerne la moitié de la viguerie et juridiction possédée comme il a été dit plus haut par Géraud d'Oradour, ses frères et leurs prédécesseurs, ils ne la détenaient depuis des temps lointains, que comme fief


domino de Chalutochabrol ejusque predecessoribus, in feudum tenebant et tenuerant ab antiquo ; et quod, dicto Eblone mortuo, dictus Geraldus de Malomonte possessionem dicti castri de Chalutochabrol et pertinencias ejusdem acquisivit ; et quod dictum castrum de Chalutochabrol ab heredibus dicti Geraldi de Malomonte cum suis pertinenciis ad nos devenit.
 Item quod, de premissis, medietas ressorti juridictionis seu vigerie predicte ad nos, tanquam dicti castri de Chalutochabrol dominum, spectare et pertinere debebat.
 — Que omnia et non nulla aliqua alia proponebat idem procurator noster, nostro nomine, ad finem quod pronuntietur et declaretur nos et tenentes a nobis jus habere et habere debere in vigeria seu juridictione dicti burgi ; et ressortum ejusdem loci, per mediampartem, ad nos pertinere ; dictumque vicecomitem jus non habere in medietate vigerie et ressorti predictorum.
Facta igitur per dictos comissarios super premissis inquesta, et curie nostre remissa, ad adjudicandum reportata ; auditisque superius dictis partibus in curia nostra et eorum rationibus ; visaque dicta inquesta et diligenter per eamdem examinata, per curie nostre judicium dictum fuit :


mouvant de feu Eble autrefois seigneur de Châlus-Chabrol et de ses prédécesseurs, et à charge de foi et hommage.
Après la mort du dit Eble, le dit Géraud de Maumont entra en possession de la dite seigneurie de Chalus-Chabrol et des droits ressortissants ; puis cette seigneurie et ces droits nous furent transmis par les héritiers du dit Géraud de Maumont.
De tout ceci, il résulte que la moitié du ressort de la juridiction ou viguerie sus-dite doit nous revenir comme maître de la seigneurie de Chalus-Chabrol. — Tels étaient les principaux arguments mis en avant par notre procureur pour arriver aux conclusions suivantes : que l'on déclare et prononce que nous et nos représentants avons et devons avoir droit sur les viguerie et juridiction du dit bourg, que le ressort du même lieu nous appartient pour la moitié, que le dit vicomte n'a aucun droit sur la moitié des vigueries et ressort susdits.
Donc, après enquête faite par les dits commissaires sur les points ci-dessus, remise à notre cour et rapportée pour qu'il soit statué ; — après audition dans cette même cour des parties nommées plus haut et de leurs arguments ; après lecture et examen approfondi de l'enquête, nous avons rendu l'arrêt suivant :

Quod juridictio dicti burgi de Oratorio et pertinentie ejusdem, videlicet, cognoscendi de dampnis datis in ortis  et virgultis, et dampna dantes puniendi, nec non mensuras et alnas capiendi et emendandi, et falsis mensuris vel aliis utentes puniendi, panem quoque venditioni expositum capiendi, et ipso débita quantitate fraudato reperto, ad dictos vigerios pertinebit.
 Ad dictum vero vicecomitem, omnis alia dicti burgi, alta et bassa juridictio pertinebit. Dicte tamen médietas vigerie seu juridictionis illa, videlicet quam successores dicti Geraldi de Oratorio et ejus fratrum obtinente (8) a nobis, tanquam castri de Chalutochabrol domino, sub homagio in feudum tenebitur.
Quantum vero ad ressortum per dictum procuratorem nostrum petitum, absolvit eadem curia ab impetitione ejusdem procuratoris nostri vicecomitem supradictum. Et per idem judicium dictum fuit quod manus nostra, in dicto burgo et juridictione, propter dictum debatum, apposita, inde amovebitur ad finem quod dicti vicecomes et vigerii ibidem suis utentur juridictionibus ut superius est expressum.


Appartiendra aux dits viguiers la juridiction sur le bourg d'Oradour des droits, suivants: celui de connaitre des dégâts commis dans les jardins et les vergers et de punir les auteurs de ces dégâts ; celui de vérifier les mesures (de capacité) et les aunes, de les rectifier, et de punir ceux qui se servent de mesures fausses ou non légales ; celui enfin de saisir les pains mis en vente et dont la quantité serait fraudée.
Mais au dit vicomte reviendra toute autre juridiction, haute ou basse, sur ledit bourg. Cependant en ce qui concerne une des deux moitiés des dites viguerie et juridiction, celle précisément que détiennent ledit Géraud d'Oradour et ses frères, il ne la possédera qu'à charge de foi et hommage qu'il devra nous rendre comme maître du château de Chàlus-Chabrol.
Quant au ressort réclamé par notre susdit procureur, la cour libère de ses prétentions ledit vicomte. Et par ce même arrêt, nous disons que le séquestre placé sur lesdits bourg et juridiction à l'occasion de ce débat sera levé sans retard, afin que les dits vicomte et viguiers jouissent en ce lieu de leurs droits de juridiction, ainsi que nous venons de le prononcer.


Cet arrêt ainsi transcrit est la seule trace officielle qui nous reste de ce procès.

 

Les Archives du château de Rochechouart elles-mêmes, explorées et inventoriées par dom Villevielle, n'en avaient rien gardé. Les pièces accessoires de procédure, les mémoires et documents écrits qu'avaient pu remettre les parties, le rapport des commissaires-enquêteurs qui serait si curieux pour nous, n'existent plus, bien que la coutume du Parlement fut de tout conserver.


Ils ont dû disparaître, avec la minute de l'arrêt, dans un incendie qui le 7 mars 1618 dévora une moitié du Palais de Justice et détruisit beaucoup de papiers du greffe. C'est une grande perte pour les sources de notre histoire nationale pendant toute la période antérieure, malgré qu'on ait pu sauver le plus important de ce qui y était gardé.


Cependant, en étudiant la marche suivie dans certains procès de la même époque à peu près semblables à celui-ci et dont les détails nous ont été transmis, en s'aidant des traités spéciaux écrits par les érudits, (9) il n'est pas impossible de retracer les grandes lignes de la procédure. On peut encore, par la lecture attentive de quelques termes de l'arrêt, préjuger, dans une certaine mesure, de la façon dont les choses ont dû se passer.


Le procès fut terminé, nous l'avons vu, dans l'hiver de 1322, c'est-à-dire au temps du vicomte Jean 1er ; mais la contestation remontait certainement bien auparavant.
Pas plus alors qu'aujourd'hui la justice civile ne brillait par sa célérité ; et on conçoit qu'au Moyen-Age un débat de cette nature et de cette importance devait être tout particulièrement long à juger.


L'arrêt, malheureusement, ne donne pas de date précise ; il s'en tient à l'expression vague de Dudum (Il y a quelque temps). Si un peu plus loin, il rapporte : « predecessoribus suis sic in pacifica possessione existentibus, profiter debatum quod dictus magister Geraldus poni procuravit injuste, » (c'est alors que ses prédécesseurs étaient ainsi en paisible possession de tous ces droits que Maître
— C'est à eux que nous devons une grande partie des détails qui vont suivre.


Géraud vint soulever un injuste débat, il ne renseigne pas quels furent au juste ces prédécesseurs.


Le Nobiliaire, dans le passage que nous avons cité, semble, il est vrai, plus explicite. Il nous apprend que ce fut entre 1280, époque à laquelle Géraud prit possession de la seigneurie de Chalus (10), et 1300, date de sa mort, qu'il eut un démêlé avec Aymeri de Rochechouart à propos de la justice d'Oradour; mais de 1280 à 1300, trois Aymeri — IX, X et XI — se succédèrent à la tête de la vicomte, et il ne nous dit pas lequel.


Tout ce que l'on peut inférer des textes ci-dessus, c'est que le différend datait d'au moins 23 ans, et peut-être même de 42, quand le jugement fut rendu. Cependant, il peut se faire que le litige n'ait pas été porté de suite devant le Parlement, qu'il y ait eu au début des tentations d'accomodement ou de conciliation :


 il est permis de supposer encore que ce fut la prise de possession par le roi de Châlus et de ses dépendances en 1303-1307, à la suite de l'échange rappelée plus haut, suivi de la mise sous séquestre de la justice d'Oradour «  dicta justifia et juridictio ad manum nostram fuerunt opposite et adducte fuerunt » qui déterminèrent le vicomte de Rochechouart à recourir au Parlement.


Dans ce dernier cas, le procès aurait duré une quinzaine d'années au maximum et aurait été engagé par Simon qui succéda en 1306 à son neveu Aymeri XI. Lorsqu'il mourut en 1316, son fils Jean 1er n'avait que dix ans et demi ; il n'en avait pas dix-sept lorsque l'arrêt fut prononcé ; comme à cette époque on n'était majeur qu'à vingt-cinq ans, ce fut certainement sa mère, Laure de Chabanais, qui, en qualité de tutrice, intervint dans les actes judiciaires, et très probablement son subrogé-tuteur, Foucaud de Rochechouart, archevêque de Bourges, frère-puiné de son père, qui suivit l'instance.


Nous inclinerions à croire que ce prélat dut être pour beaucoup dans le gain du procès.


 Le général de Rochechouart, dans son Histoire de la maison de Rochechouart, tome 1 page 115, parle de ses hautes et considérables relations, du rang qu'il tenait à la cour lorsque les circonstances l'y amenaient, de son caractère fin et diplomatique, et de son affection pour son neveu, qu'il devait faire marier un peu plus tard avec une héritière de la maison de Sully, un des plus beaux partis du royaume de France.


Mais quelle que soit la date à laquelle ait commencé le procès, et qu'il ait été entrepris entre Géraud de Maumont, contre ses héritiers, ou contre le roi, ce furent les Rochechouart qui attaquèrent.


La teneur de l'arrêt ne laisse aucun doute sur la qualité de demandeur du vicomte.

 

 



Les Amis des sciences et arts (Rochechouart, Haute-Vienne).
Rochechouart: histoire, légendes, archéologie de Abbé Duléry

 Histoire de la maison de Rochechouart De Louis Victor Léon comte de Rochechouart

 

 

Châlus - Récit de la mort de Richard Cœur de Lion d’après Roger de Hoveden. <==.... ....==> En 1306 Philippe IV le Bel échangea les seigneuries de Tonnay-Boutonne, de Fouras et de la coustume de Rochefort, avec Guillaume de Maulmont, qui en retour donna au roi les terres de Chalus et Chalusset, en Limousin.

 ==> Connétablie de La Rochelle, Simon de Rochechouart connétable Vicomte de 1306 à 1316

 


 (1)   Son gendre, ainsi qu’il va être di plus bas. La Roche est une abréviation de La Rochefoucaud.
(2)   Archives de la vicomté de Rochechouart, liasse : Testament, Recueil de D. Villevielle.
(3) En 1214, d'après l'Art de vérifier les Dates.
(4) Art de vérifier les Dates, Histoire des comtes de Périgord.
(5). Ce Thibault de Neuvy, dit d'Hozier en la Généalogie de la Maison de Chamborant, était sénéchal du Poictou ès années 1263-1265
==> LISTE DES BAILLIS ET DES SÉNÉCHAUX. LISTE DES GRANDS SÉNÉCHAUX DU POITOU.
(6). Il faut sans doute corriger vicecomitissam.
(7) il faut lire évidemment apposita. Cet adjectii se rapporte à manus nostra.
(8) Il faut très probablement lire obtinent. Du reste, tout ce passage est fort obscur.
(9). Nous citerons notamment : Enquêtes et Procès. Etude sur la procédure et le fonctionnement du Parlement au XIVe siècle de M. P. Guilhermoz (Paris 1 892), et l’Histoire du Parlement de Paris de l'origine à François Ier, de M. Félix Aubert (Paris 1894, 2 volumes).
(10) Seigneurie où, par faveur d'Arthur II de Bretagne et Marie de Limoges, sa femme, en considération de dommages par lui soufferts, prétend le Nobiliaire, il succédait à Eble de Châlus, dit le texte du Parlement.