Voilà quelle était la situation de Nantes au moment où l'armée vendéenne, découragée par la mort de Cathelineau, renonçait à prendre ou plutôt à délivrer cette malheureuse ville.
Au moment où ces nouvelles arrivaient à M. de Lescure, le Bocage était menacé par une armée républicaine commandée par le duc de Lauzun-Biron ; et Mme de Lescure, qui ne pouvait se résoudre à quitter son mari qui partait blessé et le bras en écharpe, pour défendre Parthenay, se mit en route avec lui pour Amaillou.
Mme de Lescure eut le bonheur de contribuer à sauver dans cette ville deux déserteurs républicains que quelques paysans parlaient de fusiller, et qui, comme on le vit par la suite, venaient se réunir franchement à l'armée royale.
M. et Mme de Lescure firent une courte visite à Clisson, c'était la dernière fois qu'ils devaient voir cette demeure où ils avaient passé les premiers mois de leur séjour dans le Bocage.
Lescure ne voulut pas que sa femme l'accompagnât à Parthenay où il s'attendait à être attaqué ; elle retourna donc à Clisson ; ce fut une heureuse inspiration de son mari.
L'officier, qu'il avait chargé de faire partir des patrouilles d'heure en heure pour éclairer la route à une lieue, ayant négligé de surveiller l'exécution de cet ordre, Parthenay fut surpris pendant la nuit par Westermann.
M. de Lescure qui, à cause de son bras blessé, avait beaucoup de peine à s'habiller, fut au moment d'être pris.
Il s'échappa néanmoins, et envoya aussitôt un cavalier à Clisson avertir en toute hâte Mme de Lescure de ce qui venait de se passer à Parthenay.
Cet exprès, encore tout effaré; de la prise de Parthenay, entra vivement dans la chambre de Mme de Lescure, el lui cria sans préambule :
« Madame, de la part de M. de Lescure, sauvez-vous ! Nous avons été battus à Parthenay, sauvez-vous !»
Il y a quelque chose de contagieux dans la terreur. Le cavalier, qui arrivait de Parthenay, communiqua la sienne à Mme de Lescure. Elle descendit dans la cour sans se donner le temps d'attacher sa robe, et fit réveiller tout le monde ; elle voulait envoyer au combat une troupe de moissonneurs qui partaient pour aller faire la moisson.
Ce ne fut que lorsqu'on lui eut appris que M. de Lescure avait pu se retirer sans être poursuivi, qu'elle réussit à se rendre maîtresse de ce premier mouvement qu'elle a raconté dans ses Mémoires, avec cette véracité naïve qui leur donne tant de charme et tant de prix.
Elle monta alors à cheval, et se rendit à Châtillon où elle arriva à cinq heures du soir.
Son entrée dans cette ville fit événement.
Tout le monde l'entourait en criant :
« C'est elle ! c'est elle ! "
Le bruit s'était répandu qu'elle avait été prise à Parthenay avec M. de Lescure.
Elle alla raconter au conseil supérieur ce qu'elle savait, puis elle repartit pour Le château de La Boulaye.
Au moment où elle arriva, elle rencontra sa mère qui, dans son désespoir, allait se rendre à Niort, afin, disait-elle, de mourir sur l'échafaud avec sa famille. Quel ne fut pas le bonheur de cette fille si tendre et de cette mère si dévouée, en se retrouvant dans les bras l'une de l'autre?
La marquise de Donnissan ne pouvait se rassasier de cette chère vue, qu'elle croyait avoir perdue pour jamais.
Cependant Lescure avait été rejoint à Amaillou par son cousin Henri de La Rochejacquelein, qui, resté, lui neuvième à Saumur, avait été obligé, général sans garnison, de quitter cette ville.
Les deux généraux, après avoir examiné leur situation, reconnurent qu'ils n'avaient pas assez de forces pour défendre ce canton, et résolurent de se replier sur Châtillon et de réunir la grande armée.
Westermann entra sans coup férir à Amaillou, et le fit brûler.
Le 1er juillet, après une foible résistance, je pris Amaillou, un des repaires des Brigands d’où plusieurs ont été tués et quatre membres du comité royaliste fait prisonniers, beaucoup de chevaux et de bœufs furent pris et tout fut renvoyé à Niort ; en voulant donner l’exemple de la vengeance sur le village de Parthenay je livrai au pillage Amaillou en renvoyant tous les meubles et effets pour être distribués aux patriotes de cette ville. Avant de quitter Amaillou, j’y fait mettre le feu ; et le même jour je me suis porté à Clisson pour investir le château de Lescure, repaire des généraux de l’armée Catholique et Royale ; ce brigand s’occupait de l’évacuation de ce château ; mais prévenu de mon arrivée, il prit la fuite avec tout son monde et le château fut livré au pillage et réduit en cendre.
Tel fut le début des incendies révolutionnaires qui allaient systématiquement désoler les provinces de l'ouest, et que, dès Bressuire, un commissaire général du département avait annoncé à M. de Lescure.
Westermann, tenté par le voisinage de Clisson, se dirigea sur ce château pour le livrer aux flammes.
M. de Lescure avait eu, longtemps auparavant, la pensée de le démeubler; mais, voyant la panique que le bruit de cette résolution avait répandue parmi les métayers, qui voulaient tous abandonner leurs métairies, il y renonça, et fit ce sacrifice de plus à la cause royale.
Les révolutionnaires avaient fini par être les dupes de la fantasmagorie qu'ils évoquaient contre les Vendéens.
Westermann ne s'avança qu'avec des précautions infinies vers le repaire du chef des brigands, c'est ainsi qu'il l'appelait, s'attendant à trouver à chaque pas des souterrains, des trappes et des oubliettes; et dans le rapport qu'il adressa à la Convention en lui envoyant le testament et le portrait de Lescure, qu'il avait trouvés au château, il fit l'historique de ses terreurs plutôt que celle des faits, en décrivant les obstacles, les défilés et les embûches de tout genre qu'il avait été obligé de surmonter, disait-il, pour arriver au repaire du monstre.
Dans la langue révolutionnaire du temps, le Saint du Poitou était un monstre, et Santerre un héros ; Louis XVI un tyran, et Marat un dieu.
M. et Mme de Lescure apprirent au moment où ils se mettaient à table à Chatillon, l'incendie de leur château de Clisson.
Ils y étaient depuis longtemps préparés. Ce qui les préoccupa bien davantage, ce fut la marche de Westermann qui, maître de Bressuire, menaçait Chatillon.
On avait bien peu de forces à lui opposer.
Au retour de l'expédition de Nantes, la grande armée s'était dispersée, suivant son habitude, après les campagnes heureuses ou malheureuses.
Les incendies que Westermann allumait partout sur son passage inquiétaient d'ailleurs les paysans.
Avant de reprendre les armes, ils voulaient conduire leurs femmes et leurs enfants plus avant dans le Bocage, et mettre leurs bestiaux en sûreté.
Les chefs envoyèrent de tout côté des réquisitions.
M de Lescure chargea sa femme d'aller près de La Boulaye, dans les paroisses de Treize-Vents et de Mallièvre, porter l'ordre de la prise d'armes.
Mme de Lescure, tout en s'accusant de faiblesse, presque de pusillanimité, dans ses Mémoires, était toujours à la hauteur du devoir qu'elle avait à remplir. Elle partit au galop, fit sonner le tocsin à Treize-Vents, remit la réquisition au conseil de la paroisse, harangua les paysans réunis, et remontant à cheval elle courut en toute hâte s'acquitter de la même mission à Mallièvre.
Cette tâche remplie, elle se rendit à La Boulaye où elle trouva son mari.
Le trait qui donne à son caractère un intérêt particulier et un charme naïf contre lequel il est impossible de se défendre, c'est que, dès qu'elle n'avait plus un devoir à remplir, elle redevenait femme, elle avait peur.
Westermann continuait le cours de ses dévastations, et Lescure et La Rochejacquelein qui avaient à peine trois mille hommes essayèrent en vain de l'arrêter au Moulin-aux-Chèvres (Nueil-les-Aubiers), sur les hauteurs boisées qui conduisent de Bressuire à Chatillon.
Il fallut faire retraite, et le conseil supérieur quitta Chatillon, ce centre où étaient établies l'imprimerie et toutes les administrations vendéennes.
Pendant ce combat, les femmes priaient, suivant leur habitude, et le bruit du canon qui se rapprochait de quart d'heure en quart d'heure, les avertissait assez que les leurs étaient obligés de plier.
Il devint si proche que Mme de Lescure, éperdue, se mit à courir, et traversant la Sèvre à Mallièvre, elle entra dans une cabane pour se faire habiller de la tête aux pieds en paysanne.
Sa mère et les autres personnes qui habitaient La Boulaye l'avaient suivie d'un pas plus tranquille, et elle les rencontra à la sortie de Mallièvre.
Elle s'arrêta une nuit au château de Concise où elle trouva son père et le prince de Talmont qui venaient de Nantes. Mme de Concise, toute neuve dans le pays, simulait une attaque de nerfs et mettait du rouge, étrange anachronisme de moeurs au milieu des scènes qui désolaient la Vendée.
Le lendemain on se rendit aux Herbiers.
La marquise de Donnissan y fut très malade. Elle était plus maîtresse d'elle-même au moment du danger que sa fille, mais quand le péril était passé elle payait cher cet effort. Mme de Lescure, qui avait au contraire un caractère de premier mouvement, ne songeait plus au péril dès qu'il était passé.
Cependant Westermann qui avançait toujours avait voulu brûler le château de la Durbellière comme il avait brûlé le château de Clisson.
Il réussit moins, les Bleus, après y avoir mis le feu, se retirèrent trop vite et les paysans arrivèrent à temps pour éteindre les flammes.
Ces ravages avaient jeté l'indignation dans la Vendée, les paysans se levaient.
Bientôt il y eut vingt mille nommes sous les armes
LE GÉNÉRAL ANTOINE BARD (1759-1837) ET LA GUERRE DE VENDÉE EN L'AN II
Bard avait pris le commandement de l’armée de Luçon en remplacement de Beffroy.
Il entrait en fonctions le jour même de la bataille de Châtillon, et donnait immédiatement à toutes les troupes cantonnées depuis Luçon jusqu’à Saint Hermand et Saint- Hermine l’ordre de se mettre en marche le lendemain dans la direction de Chantonnay.
Il entreprenait ainsi l’opération que Beffroy n’avait pu exécuter sur la demande de Canclaux. Il recommençait le mouvement auquel lui-même avait participé, un mois auparavant, sous les ordres de son prédécesseur.
Seulement l’armée de Luçon, moins nombreuse cette fois, n’avait pas à se déployer du côté de l’est suffisamment entamé par les troupes placées sous les ordres de Chalbos.
Elle devait se porter en masse et directement vers le nord.
« Luçon, ce 11 octobre 1793, l’an deuxième de la République française une et indivisible (1).
« Ordre de marche pour la colonne partant de Luçon et des divers cantonnements aux environs pour se rendre demain, 12, à Chantonnay, sous les ordres du général de brigade Bard.
« La générale battra dans tous les cantonnements, depuis Luçon jusqu’à et compris Ste Hermand et Ste Hermine, à sept heures du matin. Les troupes ne se mettront cependant en marche qu’après en avoir reçu l’ordre, soit par ordonnance, soit par écrit.
« Les chasseurs à cheval du 14 e régiment, les chasseurs de l’Oise et des deux Sèvres formeront l’avant-garde, et se porteront au- delà de Chantonnay jusques à St Vincent, où ils prendront poste et se garderont militairement, ainsi que le 8° bataillon de la Somme. Ils partiront de St Hermand au plus tard à sept heures.
« Le troisième bataillon de la Charente-inférieure, le dixième de la formation d’Orléans, le bataillon de l’Egalité et celui de l’Hérault, qui se joindra demain à la pointe du jour à Féole, suivront l’avant-garde et se placeront au- delà de Chantonnay, dans la position qui sera indiquée pour le campement.
« Toute la gendarmerie suivra cette colonne, et une partie formera la tête de la colonne. En conséquence le vaguemestre général fera partir tous les équipages de bonne heure, et de manière qu’ils soient rendus à St Hermand au plus tard à sept heures.
« Les bataillons du 60e régiment, 2e du 4e de la marine, de l’Union, et celui des cinq sections réunies, marcheront après les bagages. Le bataillon du 60° régiment ira au Puy-Belliard de Chantonnay, le bataillon de l’Union restera au Puy- Charraud, et celui de la marine ira se placer à la gauche des bataillons déjà campés en ligne devant Chantonnay. Celui des cinq sections réunies restera à Chantonnay, et établira ses gardes aux diverses issues de la ville.
« Le septième bataillon de la formation d’Orléans et le bataillon de Parthenay formeront l’arrière-garde, avec la cavalerie de la Haute-Vienne.
L’un et l’autre se porteront à la gauche de la ligne déjà établie, et formeront la gauche de la ligne de bataille.
« Les hussards du 11e régiment se tiendront à cheval sur la place de Luçon et partiront avec l’adjudant général (2), qu’ils suivront dans sa marché.
« Tous les commandants de colonne et des corps particuliers tiendront la main à ce que la marche se fasse avec ordre, et à ce que les soldats ne s’écartent point de leurs rangs. Le salut de l’armée et le succès de nos armes dépendent de l’exécution stricte des ordres donnés. Le général rend personnellement les chefs des colonnes et des corps responsables du désordre qui pourrait régner, et des dommages qui pourraient en résulter pour l’intérêt de la République.
« Signé : Le général de brigade Bard. »
La colonne de Luçon devait jouer un rôle important dans les opérations projetées. Il convenait donc do renforcer ses effectifs, dont l’insuffisance avait été signalée. On désigna dans ce but une des troupes les plus solides que comptât l’armée de l’Ouest.
« Dans la soirée du 11, dit Savary (t. II, p. 235 et s.) on tint un conseil de guerre, dans lequel il fut décidé que l’on donnerait suite au plan du général Canclaux, que l’on marcherait le 14 sur Tiffauge, et que Kleber conserverait le commandement de l’armée de Mayence sous le général en chef.
On devait ajouter à cette colonne un bataillon du 79e et deux du 109e régiment, qui avaient fait partie de la colonne de Beysser. « Par conséquent, dit Kleber, le corps d’armée sous mes ordres se trouvait porté à environ dix mille hommes. »
« Il fut encore décidé que l’adjudant général Bloss (3) se porterait le jour suivant, avec ses dix- sept compagnies de grenadiers et quarante gendarmes, au- delà de Saint-Fulgent, près du château de l’Oie, pour se réunir à la colonne venant de Luçon, et qui devait arriver le même jour à cette hauteur.
« Bloss fut chargé d’envoyer, aussitôt la réunion opérée, l’état de la force de cette colonne en infanterie, cavalerie et artillerie, et dans le cas où elle excéderait cinq mille hommes, de revenir à Montaigu avec ses grenadiers.
« La colonne de Luçon avait ordre de se porter, le 13, aux Herbiers, d’en chasser l’ennemi; et, sans s’y arrêter, de s’emparer de la montagne des Allouettes pour y prendre poste; ensuite, et le lendemain 14, elle devait se mettre en marche et se diriger sur Mortagne où, s’établissant sur les hauteurs de la rive gauche de la Sèvre, elle devait élever deux batteries pour battre la ville et le pont (4).
« Tout étant ainsi disposé, on s’assembla, dans la soirée du 13, chez le général Lechelle qui venait de recevoir une réponse de l’adjudant général Bloss. Cet officier informait le général que la colonne de Luçon ne comptant que trois à quatre mille hommes, il marcherait avec elle conformément à ses ordres.
« Les représentants reçurent dans ce moment la nouvelle de la prise de Noirmoutier par Charette :
« Cet événement, dit Kleber, alarma tout le monde parce qu'on craignait que les rebelles ne tirassent de l’Angleterre des secours qui pourraient nous être préjudiciables. »
Nous verrons dans un instant que ce ne fut pas la seule inquiétude qu’éprouva, dans la journée du 13, le quartier général de Montaigu.
Quant à Bard, secondé par son adjudant-général Marceau, il poursuivit sa marche en avant dans les conditions qui lui avaient été prescrites. Ayant à cœur de ne pas tolérer dans son armée les désordres par lesquels les troupes se déconsidèrent et s’affaiblissent en même temps, il avait fait une proclamation pour défendre tout pillage sous peine de mort.
« Qui sort des rangs est un lâche, dit-il à ses soldats, qui vole est un scélérat. Soldats, frappez vous- mêmes celui qui vous déshonore. Domptez l’ennemi par la discipline et par la vertu autant que par le courage..
J’ai l’œil sur vous (5) ! »
.
L’armée de Luçon devait exécuter son mouvement en suivant d’abord la direction de Chantonnay à Saint-Fulgent, puis, arrivée au- delà du château de l’Oie, celle de Vendrenne et des Herbiers.
Nous trouvons, dans les papiers du général Bard, les lettres suivantes du général L’echelle qui semblent indiquer chez l’état-major un instant d’incertitude à la nouvelle de l’échec subi à Châtillon par le général Chalbos, dont la revanche ne fut connue que plus tard.
« Liberté Egalité
« Quartier général de Montaigu, le 13 8bre 1793, l’an 2° de la République une et indivisible.
« L’officier général commandant la colonne maintenant à St Fulgent ou aux Herbiers se réunira cette nuit avec l’armée qui est à Montaigu. Il dirigera sa marche de manière à arriver dans cette ville sur les onze heures du soir. Il fera suivre toutes les munitions de guerre et de bouche qui sont à la suite de cette colonne. Deux bataillons de cette année iront au- devant de cette colonne pour faciliter sa réunion avec elle.
« Le général Bard rendra compte des mesures qu’il a prises pour la garde et la défense de Luron, et, dans le cas où il jugerait qu’il est indispensable de renforcer ce poste, il donnerait des ordres sur le champ à cet égard, après avoir cependant justifié cotte nécessité.
Le général en chef de l’armée de l’Ouest,
L ECHELLE.
Au bas de cette lettre, et d’une autre écriture, se trouve la mention :
« à trois heures après-midi. »
L'autre lettre est du même jour.
« Quartier général de Montaigu, le 13 octobre 1793, l’an 2e de la République française et une indivisible.
« Tout est changé, mon Général. Les motifs qui m’avaient déterminé tantôt à révoquer mon premier ordre sont maintenant détruits. L’armée de Chalbos, doublement victorieuse, est rentrée à Châtillon qu’elle avait été forcée d’abandonner un instant. Ainsi, Général, je me réfère entièrement à mon premier ordre, et votre colonne doit se porter sur Mortagne par la route que je vous avais premièrement indiquée et dont l’adjudant Blosse était porteur.
Quant à ce dernier il est indispensable qu’il rejoigne sur le champ l’armée de Mortagne, avec les troupes que je vous avais envoyées pour vous servir de renfort.
Demain matin je vous renverrai des forces pour remplacer celles que je vous retire (6). Ainsi, Général, j’espère que vous exécuterez ponctuellement l’ordre que je vous ai donné pour votre direction sur Mortagne.
C’est là que je vous donne rendez-vous, où nous dirons ensemble, en plantant l’arbre de la liberté : Vive la République !
« Le Général en chef de l’armée de l’Ouest.
« L’echelle. »
La colonne de Luçon arrivait bientôt aux Herbiers.
Nous transcrivons quelques passages d’une note de renseignements que nous ayons sous les yeux, et qui nous paraît rendre d’une façon assez saisissante le caractère de ces opérations militaires on pays ennemi :
« Il est à présumer que l’ennemi ne tiendra pas dans la ville des Herbiers, la défense y serait dangereuse.
« Il serait également dangereux pour les troupes de la République de s’arrêter et de se débander dans cette ville, parce que si l’ennemi occupait les hauteurs au- delà, il pourrait facilement envelopper nos troupes et les mettre en désordre.
« Pour éviter cet inconvénient, on pourrait faire passer les tirailleurs par la droite et par la gauche, de manière à aller rejoindre la grande route au- delà de la ville avant d’engager l’artillerie dans les rues des Herbiers. Cependant on observe que la ville n’est pas longue à traverser dans la direction de la grande route par la grande rue.
« Si l’on peut rencontrer aux Herbiers les citoyens X, Y et Z (7), ils pourront servir à donner des renseignements sur la position et les forces de l’ennemi. On les a toujours connus bons patriotes.
« Observations sur les environs des Herbiers.
Nous avons déjà dit que le poste des Herbiers ne pouvait offrir de résistance, et qu’il serait dangereux d’y rester avec sécurité.
En effet il se trouve près des Herbiers, un peu au- delà sur la droite, un château entouré de fossés remplis d’eau au milieu d’un parc étendu, environné de murs, où l’ennemi pourrait faire résistance. Ce parc domine un peu les Herbiers.
Ce château se nomme château de Landreau.
L’entrée du parc est vis-à-vis du petit bourg de Notre-Dame-des-Herbiers.
Une autre porte se trouve sur la partie gauche, vers l’extrémité du mur en suivant l’ancien chemin des Herbiers à Mortagne, à l’extrémité d’un petit bois renfermé dans le parc.
De là on découvre la maison, qui ne peut être aperçue de l’autre porte. On découvre encore la maison en se portant à la droite sur la route de Chambretaud.
« Sur la droite de Notre-Dame-des-Herbiers, et sur une hauteur qui domine le Landreau et les Herbiers, est le château de la Pépinière ou Rochetemer, qui n’a de défense que sa position. Il faudra s’assurer de ces postes pour ne pas laisser l’ennemi sur ses derrières, et, s’il avait fait des dispositions pour la défense, il serait peut-être à propos de s’emparer d’abord de la Pépinière, en se portant sur la droite du côté d’Ardelays. »
La note continue en décrivant la « route des Herbiers à la montagne des Allouettes, puis la grande route laissant le bourg de Chambreteau sur la droite et celui de la Verrie sur la gauche. — Ces communes fournissent beaucoup de monde aux rebelles... La commune de la Verrie s’est distinguée par le nombre de scélérats qu’elle a fournis à l’armée des rebelles. »
Nous ne retenons du reste de la note que l’observation suivante :
« Il serait possible qu’en sortant des Herbiers l’ennemi gagnât les hauteurs de l’Ormeau des Enfreins sur la route de Chambretaud et sur la droite du Landreau, pour se porter sur Mortagne par la Pierre-Platte ou par Chambreteau, ou bien sur Châtillon par Mallièvre.
Mais il n’est pas à présumer qu’il prenne cette direction parce qu’il serait difficile de conduire de l’artillerie par- là, et d’ailleurs la direction de la colonne est indiquée par la montagne des Allouettes. »
Contrairement aux prévisions de l’auteur de cette note, c’est sur Malliévre que se replièrent les royalistes.
Léchelle, dans son rapport du 16 octobre, dit que l’armée de Luçon força un corps de trois mille hommes, qui occupaient une position avantageuse près des Herbiers.
Il faut entendre que ces trois mille hommes battirent en retraite devant l’armée de Luçon.
C’étaient les contingents commandés par Royrand (8) qui se dérobaient ainsi. Ils se réfugièrent du côté de l’est, à Mallièvre, au cœur du pays insurgé, à peu près à égale distance de Mortagne et de Châtillon.
L’armée de Luçon traversa les Herbiers abandonnés. Bard avait réitéré à ses soldats les défenses les plus rigoureuses, et ne laissa commettre aucun désordre. Il acquit aux Herbiers la preuve que les chefs des rebelles, pour faciliter l’émigration, fabriquaient de faux passeports avec le sceau de la République. Il en avisa le Comité de Salut public (9).
C’est dans ce bourg, d’ailleurs, que, quelques semaines auparavant, d’Elbée, généralissime de la grande armée catholique-royale, avait établi son quartier général et tenu le conseil de guerre où les généraux de l’insurrection se partagèrent les commandements.
A partir de ce moment nous manquons de documents originaux pour suivre les opérations de l’armée de Luçon.
Le journal que nous possédons ne va pas au- delà du 13 octobre, alors que, le 15 et le 17 du même mois, se livrèrent les batailles les plus importantes qui aient eu lieu au sud de la Loire.
Six mois plus tard, le général Bard, arrêté, rédigea pour sa défense un mémoire justificatif, dont Savary paraît avoir eu une connaissance plus ou moins complète.
Nous ignorons si ce mémoire contenait la relation de tous les événements qui vont suivre ; le court extrait que donne Savary ne permet pas de se prononcer à cet égard.
Bien que ce mémoire ait été imprimé, il nous a été impossible d’en retrouver un exemplaire. Nous l’avons vainement recherché à la Bibliothèque Nationale, aux Archives historiques du Ministère de la Guerre et aux Archives administratives du même département. Non moins vainement nous avons fait appel, pour les Archives Nationales, à un concours très obligeant.
Le résultat négatif de ces diverses investigations nous force à recourir aux publications des historiens. Ceux d’entre eux qui n’ont fait que puiser aux sources officielles ne suffiront pas à nous renseigner, et nous devrons joindre à leurs récits les données des écrivains du parti adverse.
En effet il n’existe, dans les pièces officielles, aucun document spécial à l’armée de Luçon. Ni le général Bard, grièvement blessé, ni le général Canuel, qui lui succéda quelques jours plus tard, ni l’adjudant-général Marceau (s’il a commandé par intérim) n’ont rédigé, que nous sachions, un rapport quelconque au ministre de la guerre, ou seulement au général en chef.
Quant à celui-ci, son rapport au Comité de Salut public, en date du 16 octobre, tout en signalant l’importance des batailles du 15, néglige de préciser les faits, et s’abtient de nommer qui que ce soit; le rapport du 19 est encore plus sommaire.
Les rapports du général Beaupuy, ne sont guère relatifs qu’aux troupes mayençaises placées sous ses ordres.
Du côté des représentants du peuple il n’y a pas eu non plus de relation officielle, ou même officieuse, des opérations de l’armée de Luçon. Aucun d’eux n’accompagnait cette armée.
Le représentant Turreau, qu’une lettre de Carrier, datée du 16 octobre, signale comme « marchant avec les colonnes de Luçon conduites par le brave général Bard, » n’a pu, dans tous les cas, les rejoindre qu’après leur réunion avec les mayençais, puisqu’il résulte de cette même lettre, et d’autres documents encore, que Turreau, comme Carrier lui-même, accompagna les mayençais de Montaigu à Tiffauges, et de Tiffauges à Mortagne inclusivement.
En admettant qu’il se soit ensuite attaché à l’armée de Luçon, il est certain qu’il n’a pas rendu un compte particulier des événements dont il a pu être témoin.
Ce n’est que le 21 octobre que nous le voyons signer, avec Bourbotte, Choudieu et Francastol, venus de Saumur, un rapport collectif sur les succès remportés « depuis huit jours », et que la rapidité des événements n’a « pas encore donné le temps » de faire connaître. Ce rapport est des plus sommaires.
Ainsi nous ne rencontrons ni ces constatations directes et immédiates qui d’ordinaire servent de base et de point de départ au travail de l’histoire, ni même une version officielle quelconque des faits qui nous intéressent.
Il convient donc d’accepter les renseignements provenant d’autres sources, dans la mesure où ils concordent avec ce qu’on peut tenir pour constant.
Le 15 octobre, l’armée de Luçon, venant des Herbiers, apparaissait sur les hauteurs de la Sèvre près de Mortagne.
C’était le jour fixé pour l’attaque de cette ville.
Kleber venait lui-même d’y arriver; ses troupes avaient passé la nuit au Coubourreau près de Tiffauges; en approchant de Mortagne, il s’assura que la place était évacuée ; il y entra, ne trouva que quelques canons brisés, et, deux heures après, l’armée de Mayence se remettait en marche dans la direction du nord-est (10).
NOTE D'ARCHÉOLOGIE VENDÉENNE LES FOUILLES DE MALLIÈVRE et de son Château
Branche de Passavant seigneur de Mallièvre.
Béraud de la Haye, Chev., sgr de Passavant, de Montaigu et de Mallièvre, est souvent appelé, dans les actes, Béraud ou Barthélemy.
Il épousa Jeanne de Beaumont, Dame de Mallièvre (1350-1421), fille aînée de Pierre II, Chevalier, seigneur du Bois-Charruyau, et de Jeanne Martel, qui se remaria, entre le 6 avril 1375 et le 28 janv. 1378, à Louis Larchevêque, seigneur de Taillebourg.
Comme ayant le bail de son fils Barthélémy, Jeanne de Beaumont, veuve de Béraud de la Haye, poursuivait au criminel, en 1378, Guillaume VII Larchevêque, seigneur de Parthenay.
Le Comte de Poitou, lieutenant du roi, pour cause des excès et délits du feu seigneur de Passavant, avait donné en garde au sire de Parthenay, le chateau de Mallièvre, lui défendant de le remettre en d’autres mains.
La Dame de Mallièvre en réclamait la restitution, ainsi que des fruits et revenus qui avaient été levés par le commissaire au nom du roi, invoquant le traité du 15 déc. 1372, en vertu duquel les habitants du Poitou, revenus à l’obéissance du roi, devaient rentrer en possession de leurs biens confisqués. Elle disait, en outre, que le château de Mallièvre lui appartenait en propre et non à son feu mari (Arch. Nat. X ia . 1470. f° 99 v°).
24 janvier 1373 Confirmation, sauf certaines réserves, des lettres par lesquelles Jean, duc de Berry et comte de Poitou, remet Louis Larchevêque, sire de Taillebourg, en possession de terres litigieuses entre celui-ci et le procureur du roi depuis le temps de Philippe de Valois, et qui avaient été pour ce fait saisies.
Elles étaient comprises entre le pont de Taillebourg et un fossé près de Bussac, le long du cours de la Charente.
- B AN JJ. 104, n° 56, fol. 26 v°
- a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 19, p. 272-276
D'après a.
Karolus, Dei gracia Francorum rex. Notum facimus universis, presentibus et futuris, nos vidisse litteras formam que sequitur continentes :
Jehan, filz de roy de France, duc de Berry et d'Auvergne, comte de Poitou, de Masconnois, d'Angolesme et de Xantonge, lieutenant de monseigneur le roy ès dis païs et en pluseurs autres parties de son royaume.
A tous ceulx qui ces presentes verront, salut. Entendue la supplicacion de nostre bien amé Loys Larcevesque, seigneur de Talhebourc (11), contenant que comme ses predecesseurs, dont il a cause, aient esté seigneurs à droit et à domaine de terres, hommages, nobleces, rentes, domaines, possessions et autres choses assises dès le pont de Talhebourc, ainsi comme le court de l'ayve de la Charante emporte en alant envers Xaintes, jusques à un fossé près de Bussac, la dicte Charante entre deux, ainsi comme la dicte terre est divisée anciennement, et pour cause de certain débat qui jà pieça fu entre le procureur de mon doubté seigneur et ayeul, monseigneur le roy Philippe, que Dieux absoille, d'une part, et le sire de Tailhebourc, qui lors estoit, d'autre, souz couleur ou autrement indeuement de ce que on soupposoit que les predecesseurs du dit sire de Talhebourc avoient commis abus [de] justice ou autrement [en] la dicte terre, le dit sire de Talhebourc et ses predecesseurs ont esté dessaisis de leur dicte terre et n'en ont peu joir, en leur grant grief, prejudice et dommage, à ce qu'il dit, et nous a requis que sur ce lui veuillons pourveoir de convenable remede. Pour quoy nous, eue consideracion aus [choses] dessus dictes et aus bons services que le dit de Talhebourc et ses predecesseurs ont fait à mon dit seigneur et à nous, et à noz predecesseurs, et esperons qu'il fera ou temps avenir, à ycellui comme bien deservi avons donné et octroié, donnons et octroions par ces presentes, et à ses hoirs et successeurs hereditablement, les dictes terres, noblesses, hommages, rentes, domaines, possessions et autres choses sus dictes, en quoy ja pieça le dit debat entre le dit procureur et le dit sire de Talhebourc qui lors estoit, non obstant le dit debat et procès faiz sur ce et que les choses fussent commisses et à nous ou à noz predecesseurs aquises, les quielx debat et procès nous revoquons et anullons par ces presentes. Item, et lui donnons et octroions, à li et à ses hoirs et successeurs, la terre et appartenances de Chenac (12) et le lieu, terres et appartenances de Richemond avec le minage de la ville de Saint Jehan d'Angeli, à nous appartenant par confiscacion pour ce que les hoirs du feu sire de Chasteilhon en Medouc (13) et Thomasse sa femme, qui ycelles choses tenoient et esplectoient en leur vivant, sont ennemis et rebelles de mon dit seigneur et de nous, à avoir, tenir et posseder, user, esploicter, prendre, cuillir, percevoir et recevoir avectous les proffis, revenues et emolumens, hommages, nobleces, droictures et autres appartenances et choses quelconques, par le dit sire de Talhebourc et les siens hoirs et succeseurs franchement et paisiblement.
Et des dictes choses par nous à lui ainsi données li avons baillié saisine, en obstant et expellant tous autres detenteurs d'icelles, les quelx nous ostons par ces presentes.
Si donnons en mandement au seneschal de Xantonge, ou son lieutenant, present et avenir, que le dit sire de Talhebourc, ou son procureur pour lui, mettent et induent royaument et de fait en saisine et possession des dictes choses par nous à lui données, et d'icelles et chascune d'elles, et des proffis, revenues et emolumens à ycelles appartenans, le laissent, facent et seuffrent user hereditablement et à li rendre par les subgiez et personnes à ce tenus, sans le molester ou empeschier, ou souffrir estre empeschié en aucune maniere.
Car ainsi le voulons et l'avons octroié au dit sire de Talhebourc, de certaine science et grace especial, et de l'auctorité et puissance royal dont nous usons, non obstant quelconques donacions faictes ou à faire.
Et afin que ces choses soient fermes et perpetuelment valables au proffit du dit sire de Talhebourc, de ses hoirs et successeurs hereditablement, liavons donné ces lettres [seellées] de nostre seel secret, en absence du grant, en la de soye et cire vert.
Donné à nostre ville de Xantes, le xxiiiie jour de septembre l'an mil trois cens soixante et douze (14).
Sauve en autres choses le droit de mon dit seigneur et [de] nous, et l'autrui en toutes. Donné comme dessus.
Nos igitur litteras suprascriptas, universa et singula in eis contenta, rata et grata habentes, ea volumus, laudamus, approbamus et de speciali gracia, auctoritate nostra regia et certa sciencia, tenore presencium, confirmamus. Mandantes senescallo. Xantonensi ceterisque justiciariis nostris, presentibus et futuris, vel eorum loca tenentibus, et eorum cuilibet, ut ad eum pertinuerit, quatinus prenominatum dominum de Tallebourc suosque heredes et successores premissis sibi donatis uti faciant perpetuo pacifice et quiete, prescriptasque litteras exequantur, proviso quod terre, hommagia, nobilitates, redditus et possessiones alie, super quibus debatum seu processus aliàs motus fuit [inter] procuratorem regium et dominum de Tallebourc, qui tunc erat, ut predicitur, non fuerint de antiquo domanio corone nostre, et quod, si loca et terre de Chenac et Richemondie cum minagio, de quibus fit mencio in litteris supradictis, reddi et restitui via tractatus et pacis seu aliàs debeant dictis heredibus in futurum, nullam indè recompensacionem facere teneamur. Quod ut firmum et stabile perpetuo perseveret, sigillum nostrum presentibus litteris duximus apponendum. Salvo in aliis jure nostro et in omnibus quolibet alieno.
Datum Parisius, die xxiiiia januarii anno Domini m. ccc. lxxii et regni nostri nono.
Per regem, Yvo.
2. Haye (Barthélémy alias Berthelon de la) Chev., sgr de Passavant, Mallièvre, etc., était mineur à la mort de son père.
S’étant plaint au roi d’avoir éprouvé des dommages à cause de son service, ce dernier fit, le 14 juil. 1369, un mandement au sénéchal d’Anjou et du Maine pour provoquer une enquête tendant à faire indemniser ledit Berthelon, aux dépens de certains rebelles, des dommages éprouvés à son service (Arch. Vien. E 2 237).
Cette enquête ayant tourné à l’avantage du sgr de Passavant, le roi lui fit don de 300 livres tournois de revenu annuel à prendre sur les biens des rebelles partisans du Prince de Galles (Arch. Nat. JJ. 100 n° 97. f° 34. v°).
Guillaume de la Vairie était châtelain de Mortagne-sur-Sèvre pour Berthelon de la Haye, sous la tutelle de son beau-père Louis Larchevêque, second mari de sa mère, et fut compris, comme tel, dans un procès criminel intenté contre celui-ci par Jean de la Martinière, ancien capitaine du château de Mortagne, procès dont on ignore la fin (Arch. Hist. Poit. XIX. p. 272-273, et XXL p. 259).
Dans ces diverses pièces il est appelé tantôt Barthélemy, tantôt Berthelon.
Il épousa Aliette de Chemillé, fille de Thomas, Chev., sgr de Chemillé et de Mortagne, et de Marguerite de Thouars, et était décédé avant 1394, date où Jean Amenart, Ec., sgr de Bouillé, était tuteur de ses enfants (Chérin. 155. doss. 3141. Petit, en Anjou).
Il avait eu :
- 1° Jean, qui suit ;
- 2° Marie, qui avec son frère, était, en 1394, sous la tutelle de Jean Amenart.
- 3. Haye (Jean de la), Chev., sgr de Passavant, de Chemillé, de Mortagne, de Mallièvre et de Beaumont, sous la tutelle de Jean Amenart en 1394, eut un procès, avec plusieurs autres personnes, en 1413 et 1416, contre Jean alias Jacques de la Gaubretière, prieur de St-Clementin (D.-S.) (Arch. Hist. Poit. XX. p. 400).
Le 15 mars 1416, il fit aveu au roi, à cause de son château d’Angers, du château et sgie de Brichessac ou Brissac et la même année vendit cette terre à Pierre de Brézé (Fiefs du Cté d’Anjou, par G. d’Espinay, p. 21, et Cabinet de d’Hozier 182. Doss. 4633)
Il transigea, le 20 déc. 1419, avec Jeanne Chapperon, veuve d’Huguet de Beaumont, Chev., puis, au sujet des biens de Pierre de Beaumont et de Jeanne Martel, sa femme, comme héritier de Jeanne de Beaumont, son ayeule, le 14 avril 1421, et encore, le 7 août 1423, pour les mêmes biens et ceux de Marguerite de Beaumont (Arch. Nat. M. 468. Le Mastin).
Toujours sous la tutelle de Jean Amenart, et avec Jean de Brézé et ensuite Pierre de Brézé, son fils, Renaud de Vivonne, Ec., Renaud de Vivonne, Chev., curateur de celui-ci, et Isabelle de Vivonne, sa sœur, tous sgrs par indivis de Mortagne-sur-Sèvre.
Il soutenait un procès au Parlement, en 1410 contre Jean Fouchier, sgr des Herbiers, au sujet « de la construction, fortification et emparement d’une maison forte » que ce dernier avait obtenu du roi la permission de faire édifier au lieu des Herbiers.
Ce litige paraît avoir été réglé par une transaction du 7 nov 1420, conclue entre le sgr des Herbiers et les coseigneurs du Mortagne qui étaient alors Jean de la Haye, sgr de Chemillé et Passavant, Charles de Bretagne, s r d’Avaugour et Pierre de Brézé, Chev. (Arch. Hist. Poit. XXVI, p. 155).
Jean de la Haye, Chevalier, seigneur de Passavant, de Chemillé, de Mortagne, de Mallièvre et de Beaumont, sous la tutelle de Jean Amenart en 1394.
« On temps que les Bretons occupoient les ville et chastel de Mauléon et prenoient, emportoient et emmenoient gens, bestes et autres biens et tout ce de bon qu'ilz trouvoyent en plat pays », les hommes de La Baste, Vaux et Chambon, relevant de la commanderie du Temple près Mauléon, se réfugiaient au château de Mallièvre et y faisaient le guet.
Après l'emparement de la commanderie, effectué au cours des années 1433 à 1436, le châtelain de Mallièvre les requiert encore de faire le service à son château, comme ils avaient coutume de le faire (15).
La construction d'une nouvelle forteresse ne pouvant amoindrir le ressort de son château.
La Famille du Puy du Fou seigneur de Mallièvre
Très tôt, les seigneurs du Puy du Fou pratiquèrent une politique foncière active, constituant au Fil du temps un domaine important, agrégeant la châtellenie de Saint-Malo-du-Bois, celle de Mallièvre avec son annexe la paroisse de Treize-Vents de l’autre côté de la Sèvre à la fin du XV e siècle ou au début du XVI e siècle, des terres sur les paroisses voisines de Notre-Dame du Petit-Bourg et de Saint-Pierre des Herbiers, de Chambretaud, de La Verrie et de Saint-Mars-la-Réorthe.
René du Puy-du-Fou, seigneur du Puy-du-Fou, de Mallièvre, de Faymoreau, de Rablais, de la Touche, de la Jallotière, de la Supplicière, de Saint-Malo, des Epesses, etc., baron de Combronde.
Gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, capitaine de cinquante hommes d'armes de ses ordonnances, gouverneur de la Rochelle et du pays d'Aunis, fut nommé chevalier de l'ordre du Roi, le 12 janvier 1562 (1563), d'après un manuscrit de M. de Gaignières, conservé à la Bibliothèque du Roi, son admission dans cet ordre est fixée au 20 janvier.
Il reçut le collier des Chevaliers de Saint-Michel de cet ordre des mains du maréchal de Brissac, chevalier du même ordre. (Manuscrit de M. de Gaignières, Bibliothèque du Roi).
Il fut nommé maréchal de France, par un brevet du Roi Charles IX, du 4 août 1564, portant promesse du premier bâton qui viendrait à vaquer.
Il avait obtenu du roi Henri II, au mois de septembre 1553, une gratification de 460 l., en considération des services qu'il lui avait rendus depuis quatre ans, au fait de la guerre en Piémont, et Charles IX érigea en marquisat, sa terre et baronnie de Combrande, par lettres motivées sur les recommandables services qu'il lui avait rendus, indépendamment de ceux qui l'avaient distingué en Piémont, sous le règne précédent, où il avait donné des preuves de sa prudence et de sa valeur ; ce qu'il avait continué de faire pareillement sous le roi François II, son frère, mais, ces lettres d'érection ne furent point enregistrées ; il ne vivait plus en 1568.
Il était fils de François du Puy-du-Fou, sgr du Puy-du-Fou et de Catherine de Laval.
Ses armes : De gueules, à 3 losanges d'argent posés 2 et 11.
Les pavés du château du Puy-du-Fou, faits à la fin du XVIe siècle par ordre de Gilbert du Puy-du-Fou, sur lesquels sont l'écu de la famille de ce personnage, la couronne de duc (16) et deux G enlacés, et celui du prieuré de Mallièvre, qui offrait aux yeux des visiteurs le sujet peu orthodoxe d'un coq se livrant à d'amoureux ébats avec une poule, donnent une idée très exacte de cet emploi inintelligent du relief.
Démantellement du château de Mallièvre par Florent Guiot, Ec., sgr de Champagnac
GUIOT Florent, écuyer, seigneur de Champagnac en partie et du Repaire (Bussière-Poitevine - Haute-Vienne).
Le 13 août 1597, il reçut commission du sgr de Parabère, lieutenant pour le roi en Poitou, comme capitaine et lieutenant du seigneur de St Christophe, gouverneur de Mauléon pour la démolition de Mallièvre, en Bas-Poitou. (Pièc. orig., 1158, Doss. 33049, p. 8.)
Fouilles du Château de Mallièvre
LE château féodal de Mallièvre couronne un promontoire fort escarpé, orienté vers le sud-ouest et entouré de trois côtés par la Sèvre-Nantaise et le ruisseau de la Boulaie, lequel traverse, au pied même du château, des prairies basses qui sont d'anciens étangs.
L'enceinte du château, irrégulière et flanquée de bastions, suit exactement les contours du plateau dominant le promontoire.
Comme à Pouzauges le donjon formait une masse quadrangulaire touchant au pont-levis, ou mieux, à la herse d'entrée, défendant ainsi l'isthme qui fait joindre le promontoire aux autres terres élevées des contreforts du vallon creusé par la Sèvre aux temps géologiques.
Il me semble qu'il faut reporter la construction de ce fort à l'époque assez tourmentée du règne de Philippe-Auguste et de Louis VIII, pendant laquelle le Poitou fut le théâtre, très éprouvé, de luttes sans cesse renaissantes, auxquelles les barons de notre région, à la suite de Savary de Mauléon prirent une part active.
La vieille forteresse, qui n'est plus que ruines complètes, a été acquise l'an passé par Mme la comtesse douairière de Vaucelles.
Des recherches faites les années précédentes dans toute la contrée;, et, très spécialement, dans les environs de Mallièvre, m'ont donné la certitude que le promontoire avait porté une enceinte militaire préromaine avant de servir d'assises au château moyen-âge : c’est du reste la constatation de la grande loi historique de la succession des civilisations.
J'ai, en effet, trouvé dans les environs immédiats du château, bon nombre de silex indéniablement travaillés de mains d'hommes.
A l'intérieur de la cour, au milieu même du fort actuel, j'ai recueilli des fragments minuscules de cette poterie noire, lustrée, ornée de stries légères que les archéologues regardent comme contemporaine des armes de bronze.
En 1898, au pied même de la courtine méridionale on a détruit — inconsciemment il est vrai — une ou plusieurs ponnes ovoïdes qui avaient été creusées dans l'arène granitique, plusieurs débris céramiques en sont sortis, en outre, un noeud de lampion rituélique incontestablement gaulois.
A quelques cents mètres de là, on a détruit aussi.il y a quelque quinze ans, mais sans contrôle scientifique, le splendide tumulus de Belleville qui a donné des armes de 1er, des mors de chevaux, des perles, etc. Je joins le dessin, forcément très hâtif, de quelques-uns de ces objets, au plan, sommaire aussi, de la forteresse.
En novembre 1900 le puits du château situé en dehors du pont-levis fut vidé. Il est creusé en pleine roche, dans de l'arène granitique compacte, et j'incline fortement à le croire plus ancien que la construction féodale. Je reviendrai sur cette idée.
Dans les déblais qui sortirent du puits, rien de spécial, seules quelques ferrures sans caractère, mais, à deux mètres environ ' plus bas que la margelle, dans la paroi du puits, nous avons trouvé une porte moyen-âge, avec montants en pierre de taille ; cette porte conduisait dans une galerie de forme très bizarre, j'allais dire, trop bizarre pour être du moyen-âge, bien qu'à cette époque on ait revêtu ses parois d'un mur ; point de voûte maçonnée sauf aux intrados des portes ; le fond de la galerie qui se trouve sous la porte du château n’est point garni d'un mur de soutènement.
Je suis convaincu que les constructeurs féodaux n'ont découvert ce puits, comblé sans doute, qu'après l'édification du château, sans cette circonstance, ils auraient probablement fait en sorte de l'enclaver dans l'enceinte et n'auraient certainement pas creusé eux-mêmes une galerie sous le devant de la herse.
Nous sommés donc, je pense, en présence d'un puits préromain d'une cachette de même date, retrouvée au moyen-âge, et renforcée de murailles et utilisée à cette même époque.
Cette hypothèse parait défendue par les deux faits suivants: 1° Presque tous nos petits camps celto-gaéliques, assez nombreux dans la contrée, étaient pourvus de cachettes soit dans leur enceinte même, soit à proximité ; je l'ai constaté aux Châtelliers, à Saint-André-sur-Sèvre, à Pouzauges, etc.
2° Dans notre région, j'ai pu relever le plan d'une quinzaine de ces refuges souterrains; plusieurs ont un puits pour entrée, notamment le refuge du Montravers et celui de Bède en Pouzauges, dont je dois la connaissance à Mr des Nouhes de la Cacaudière et clans lequel on descend par un puits conique de 5m 1/2.
De plus, la galerie souterraine du vieux château de Mallièvre a bien la forme anguleuse et brisée des cachettes gauloises, et, on ne voit pas bien, d'autre part, dans quel but les constructeurs du fort moyen-âge auraient pu creuser ce terrier irrégulier devant la porte de leur manoir.
J'en conclus donc qu'ils ne l'ont pas fait eux-mêmes, mais qu'ils se sont contentés de doubler les parois d'un mur de soutènement pour empêcher les éboulis.
Cartulaires du Bas-Poitou (département de la Vendée) publiés par Paul Marchegay
Les fouilles de Mallièvre : note d'archéologie vendéenne par F. René
Campagne de la Vendée, du général de brigade Westermann, commandant en chef la Légion du Nord, contenant tous les faits à sa connoissance, sur lesquels la Convention nationale et son Comité de salut public lui ont demandé les détails. Signé : Westermann
Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou. Tome quatrième, Gauvain-Herb
Congrès archéologique de France : séances générales tenues ... par la Société française pour la conservation des monuments historiques
L'art de terre chez les Poitevins ; suivi d'une Etude sur l'ancienneté de la fabrication du verre en Poitou par Benjamin Fillon
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Tous les jours de nouveaux voyageurs vont chercher dans la Grèce, en Egypte, en Italie, en Palestine, les souvenirs de la religion, de la liberté, et tes vestiges des peuples qui brillèrent dans l'histoire; et on dédaigne près de soi, dans son propre pays, les restes d'au peuple admirable.
(1). Suite du journal de l’armée de Luçon.
(2). L’adjudant-général était Marceau.
(3). Savary estropie le nom de ce héros, dont Canclaux disait « qu’il valait à lui seul un bataillon,» et qui se fit tuer quinze jours plus tard (27 octobre) en défendant le pont de Château - Gontier « comme un autre Horatius Codés. »
Blosse était né à Troyes, le 18 janvier 1753; il venait de l’ancienne armée des Côtes de Brest. (V. Jacques Charavay, Les généraux morts pour la patrie, Paris, 1891.)
(4) L’arrivée sur Mortagne fut retardée d’un jour par un avis postérieur. (Note de Savary.)
(5). Grille, la Vendée, en 1793, t. II, p. 293. — Eugène Bonnemère Guerres de la Vendée, p. 160
(6). Il ne semble pas que cette permutation ait eu lieu; il intervint sans doute un nouveau contre-ordre, et Blosse ne devança pas à Mortagne le gros de l’armée de Luçon.
(7). Vu le caractère confidentiel du document, nous croyons préférable de ne pas reproduire le nom de ces citoyens.
(8). De Royrand, de Bazoges-en-Paillers près Saint-Fulgent, commandant du centre de la Vendée, passa ensuite la Loire, fut blessé une quinzaine de jours plus tard à Entrammes, et mourut le 5 décembre suivant à Baugé. (Généraux et chefs de la Vendée militaire et de la Chouannerie, 1 vol.in-fo, sous la direction d’Alexis des Nouhes, Paris, 1887.)
(9). Archives hist. de la Guerre. Correspondance générale.
(10). Nous suivons le récit de Savary, c’est-à-dire celui de Kleber. Savary déclare expressément (t. II, p. 252) que Mortagne ne fut pas incendiée à cette époque. Chassin (t. III, p. 203) adopte sans commentaires la version de Savary. Il est incontestable que Mortagne, l’un des quartiers principaux de l’insurrection, et fort maltraitée plus tard par les deux partis, ne fut pas soumise ce jour-là à l’application terrible du décret du 1 er août, et certaines allégations des royalistes sont sur ce point d’une inexactitude évidente. Mais il faut sans doute ajouter au récit de Savary l’irruption de l’avant-garde républicaine et l’évacuation tumultueuse des vendéens.
Carrier, qui accompagnait l’armée de Mayence, écrivait de Cholet, le lendemain, 16 octobre, que l’avant- garde de cette armée, pour entrer à Mortagne, avait incendié les faubourgs (Aulard, Comité de Salut public, t. VII, p. 448) ; et cette affirmation se retrouve dans le rapport adressé d’Angers au Comité de Salut public, le 21 octobre, par quatre autres représentants du peuple (Ibid. p. 547 et s.).
Les signataires de ces deux documents de provenance distincte étaient à même d’être bien renseignés sur les violences qui avaient pu être exercées, et les relataient sans songer à les atténuer.
Des mêmes documents il résulte également qu’il y eut, aux abords de la ville, une lutte assez vive soutenue par les avant- postes dos royalistes, lutte dans laquelle un certain nombre d’insurgés « mordit la poussière ».
Les deux partis étant pourvus d’obus, cette lutte explique que les faubourgs aient souffert, et que le feu ait pu éclater en divers endroits.
Toutefois comme elle détermina l’évacuation entière de Mortagne par les royalistes, on comprend que Kleber n’ait point sévi contre la ville elle-même, dans laquelle il évita de faire entrer le gros de son armée.
On verra, d’autre part, que le général Bard, à l’époque même où il était incarcéré comme accusé de ménagements envers les rebelles, s’honorait d’avoir empêché tout désordre en traversant Mortagne quelques heures après Kleber.
(11). Fils aîné de Guy Larchevêque, seigneur de Taillebourg, et de Jeanne d'Amboise, dame du Parc, marié en premières noces à Jeanne de Montberon, aliàs de Matha, il eut pour seconde femme Jeanne de Beaumont, veuve de Béraud ou Barthélemy de La Haye, seigneur de Mallièvre, qu'il épousa entre le 6 avril 1375 et le 28 janvier 1378. (Voy. vol. précédent, p. 393 note.)
Ses biens furent confisqués en 1369, parce qu'il restait au service du prince de Galles, après la guerre déclarée, et sa terre de Vautournous, dans le comté de Vendôme, fut donnée à Jean III de Bueil par lettres de Charles V, données à Paris, au mois d'avril de cette année (JJ. 100, n° 461, fol. 144).
On voit ici qu'il avait fait, sa soumission au duc de Berry avant les autres barons de Poitou, enfermés alors dans Thouars.
La restitution de ses biens en fut la conséquence. Louis Larchevêque était à Taillebourg, le 13 septembre 1373, où il reçut par messager des lettres du comte de Poitou (KK. 251, fol. 128 v°).
Il tenait de la succession de son père le château d'Apremont (Vendée), dont il a été question précédemment (t. II de ce recueil, p. 331 note).
Une contestation qu'il eut avec sa sœur Isabelle de Parthenay, remariée au vicomte de Rochechouart, au sujet de la possession de ce château, de la terre d'Apremont et de ses dépendances, fut jugée en sa faveur par la cour de la vicomté de Thouars.
Le vicomte et la vicomtesse, maintenant leurs prétentions, portèrent l'affaire au Parlement.
La cour, par arrêt du 2 août 1376, ordonna que ces derniers seraient tenus de restituer les droits et revenus qu'ils avaient indûment perçus, et dont enquête serait faite par un commissaire spécial, et qu'en attendant, le château d'Apremont serait mis sous la main du roi (X1a 25, fol. 69 v° ; voy. aussi au 23 août suivant, id., fol. 249).
Vers cette même époque, le sire de Taillebourg était poursuivi par Rose André, dame de Champdolent.
Il s'était emparé, dans les premiers mois de l'année 1374, du château de Champdolent appartenant à cette dame ; à la tête d'une troupe armée évaluée à cent hommes environ, il s'était approché de la place et, la trouvant trop forte pour qu'une attaque pût réussir, il avait usé de ruse et était parvenu à ses fins. Nous n'entrerons point dans les détails, bien qu'ils soient curieux, parce qu'ils nous mèneraient trop loin.
Le gouverneur de la Rochelle reçut, le 12 août 1374, des lettres du roi, qui lui prescrivaient d'informer sur ces faits (X1a 23, fol. 356). Ajourné au Parlement, le sire de Taillebourg ne se présenta pas ; la cour adjugea défaut contre lui à Rose André et donna gain de cause à cette dame, condamnant son adversaire aux dépens de l'affaire par arrêt du 7 septembre 1377 (X2a 9, foi. 77, et X1a 26, fol. 206).
Nous dirons encore quelques mots d'un autre procès fort intéressant que Louis Larchevêque soutint devant la même cour, en qualité de tuteur de Berthelon de La Haye, fils du premier lit de sa seconde femme, Jeanne de Beaumont, contre Jean de La Martinière, capitaine du château de Mortagne-sur-Sèvre.
Malheureusement nous n'avons point trouvé la fin de cette affaire, que l'arrêt seul aurait pu nous faire connaître à fond. Jean de La Martinière accusait d'injures, excès et voies de fait le sire de Taillebourg et plusieurs de ses officiers de Mortagne pour Berthelon de La Haye, tels que Guillaume de la Voirie, Pierre Biron, Jean Grenée, Geoffroy Petit et Pierre Forestier. De fait, Jean de La Martinière, naguère détenu prisonnier par les seigneur et dame de Taillebourg « au château de Mortagne en Poitou », fut amené à Paris en vertu de lettres royaux par lui impétrées.
Vue au Parlement l'information faite contre lui, il obtint son élargissement par la ville et dedans les bastides, jusqu'à la volonté de la cour, sous les peines et soumissions accoutumées, et élut domicile en l'hôtel de Jean Lamy, son procureur à Paris, outre Grand-Pont, le 13 janvier 1378 n. s. (X2a 10, fol. 56 v°).
Le 28 janvier, mandement fut adressé au bailli des Exemptions pour faire une nouvelle enquête (X2a 9, fol, 108 v°). A la même date, on trouve quelques arrêts de procédure qui n'apprennent que peu de chose (X2a 10, fol. 58 ; X1a 1471, fol. 8 v°).
Le 6 et le 31 août, autres mandements ; il est ordonné que La Martinière répondra en personne aux articles des maléfices proposés contre lui par le sire de Taillebourg, présentera les siens par-devant les commissaires et comparaîtra personnellement à la cour, le jour de la réception de l'enquête (X2a 9, fol. 117 et v°, X2a 10, fol. 67).
Le 10 mars 1379, il se représenta au Parlement et fut de nouveau élargi, partout cette fois, à la volonté de la cour (X2a 10, fol. 76 v°).
Le 5 mai suivant, l'enquête fut reçue à juger (fol. 83) ; mais, comme nous l'avons dit, l'arrêt n'a pu être trouvé. Le sire de Taillebourg mourut un peu avant le 25 juin 1395 ; à cette date fut fait le partage de sa succession entre ses enfants.
(12) On lirait plutôt ici Cheirat, mais plus bas, dans la confirmation, le même nom de lieu paraît bien écrit Chenac, leçon qui nous a paru plus satisfaisante.
(13) Voy. ci-dessus, p. 173, note 1.
(14) Le duc de Bourgogne était aussi à Saintes le vendredi 24 septembre, d'après son itinéraire. La mention des comptes de ce prince ne porte pas expressément que la ville se rendit ce jour-là, mais c'est fort probable. (E. Petit, Campagne de Philippe le Hardi, p. 11.)
Quant au duc de Berry, il était encore le 28 septembre à Saintes, d'où il envoya un messager à Imbaut Du Peschin à Saint-Jean-d'Angély. (KK. 251, fol. 91.)
(15) Procès entre Jean de La Haye, seigneur de Mortagne et de Mallièvre, et les religieux, prieur et frères de Saint-Jean-de-Jérusalem en Aquitaine, à cause de la commanderie du Temple, près Mauléon, 1443. Arch. Vienne, 3 H 1, 721.
Notons que l'autorisation de fortifier cette commanderie a été accordée par le roi le 2 novembre 1438, soit deux ans après l'exécution des ouvrages de remparement.
(16) Gilbert du Puy-du-Fou, dauphin de Comberonde, fut créé duc et pair de France, et sa terre du Puy-du-Fou érigée en duché, par brevet signé à Rouen le 7 novembre 1596. Ayant été tué au siège d'Amiens l'année suivante, le brevet n'eut pas d'effet.— Les carreaux, avec la couronne de duc, ont donc été fabriqués après novembre 1596.