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PHystorique- Les Portes du Temps
28 octobre 2022

Cognac 8 mai 1190 Charte de la fondation de l’abbaye de Charron, par Richard, roi d'Angleterre, duc d'Aquitaine et comte d'Anjou

Cognac, désigné dans toutes nos vieilles chartes sous le nom de Compiniacum, Coingnac et Cougnac, est agréablement situé aux bords du beau fleuve qui enceint son territoire d'une demi-ellipse allongée vers le nord.

 C'est dans cette partie que s'étalent les arbres de sa belle forêt, connue sous le nom de grand parc ou de petit parc, et les verdoyantes prairies émaillées durant l'été de mille fleurs blanches, bleues, dorées, orange ou pourpre.

Cognac s'étend un peu au midi vers la plaine que la main du laboureur a rendue fertile. Il ne doit donc pas sa richesse aux produits de son sol relativement restreint (5 à 600 hectares), mais bien au commerce de ses eaux-de-vie, appelées de son nom Cognac dans le monde entier.

Dans les temps anciens, Cognac ne se composait probablement que de quelques villas somptueuses, où de riches personnages se donnaient le plaisir de la chasse, de la promenade ou du repos à l'ombre des grands arbres et des rives du fleuve.

Son importance commerciale put s'accroître un peu quand l'agriculture et la vigne y firent affluer leurs produits.

 Se reposant encore de leurs longues guerres, patriciens et plébéiens ne durent pas négliger une si belle situation. Véhicule très commode pour l'embarquement, et aux portes mêmes de la Saintonge dont Cognac faisait autrefois partie, la Charente offrait un avantage des plus appréciables.

Le flux et le reflux de la mer qui s'y faisaient sentir, nous dit Vigier de La Pile, le sel des marais, les fourrages, les blés de l'Aunis, de même que les bois du Limousin, faisaient l'objet d'un commerce continuel, alors surtout que les chemins étaient mal entretenus, et les bêtes de somme rares dans le pays.

Pourtant, on ne sait rien de bien précis sur Cognac avant le XIe siècle.

 Jusqu'à cette époque les archives sont presque muettes à son égard, si bien que, à part quelques mots plus ou moins ingénieusement interprétés, on en est réduit à des conjectures.

Le château de Cognac précéda bien de quelque temps la fondation de l'église.

Il s'élevait dès lors probablement aux lieux où nous le voyons plus tard sur un tertre ou remblai au bord de la Charente.

Les premiers seigneurs dont il soit fait mention sont Ithier et Arnaud de Vitabre, sans doute gratifiés de cette seigneurie par le roi de France. On lit que, de concert avec leur oncle, Arnaud, évêque de Périgueux, ils firent édifier une église et un prieuré dans le voisinage du château.

Cette église fut une des rares églises dédiées à saint Léger dans le pays. Le souvenir des vertus du grand évêque, des persécutions qu'il avait subies de la part des Austrasiens, le rendait sympathique aux fondateurs.

Consacré, en 1010, évêque de Périgueux, dans l'abbaye de Nanteuil-en-Vallée, par Seguin, archevêque de Bordeaux, assisté des évêques d'Angoulême et de Saintes, Arnaud de Vitabre cédait aux sollicitations de ce dernier en décidant ses neveux à fonder un prieuré à Cogmac.

Mais il ne suffisait pas de construire l'édifice, il fallait encore des sujets. Faute de prêtres séculiers, ou pour toute autre considération, les jeunes seigneurs s'adressèrent à l'abbaye d'Ebreuil, en Auvergne, qui était une pépinière abondamment pourvue.

 La première église fut provisoirement construite en bois.

L'évêque de Périgueux consacra l'autel. Rien de plus édifiant que la première colonie bénédictine envoyée d'Ebreuil à Cognac. C'est que les moines de ces âges de foi, appartenant aux meilleures familles, dépouillaient sincèrement le faste et le goût des plaisirs en entrant dans la religion.

Vrais imitateurs des moines d'Orient, ils imprimaient le respect et la crainte aux plus grands seigneurs de ce temps-là: tout ressentait l'influence de leurs vertus, de leur désintéressement et de leur charité. L'élan donné en grand dès l'époque mérovingienne se perpétuait sans secousse.

Arnaud, succédant à Itier, se montra pareillement généreux; de même qu'Hélie, son successeur. Celui-ci fit des dons considérables au monastère et à l'église de Saint-Léger, principalement en lui confiant le service religieux de Sainte-Madeleine-de-Crouin.

 La pieuse influence des moines cognaçais gagnait de proche en proche. Genté, Saint-Laurent, Saint-Sulpice offrirent aux religieux les revenus de leurs églises respectives en retour des biens spirituels qu'ils en attendaient.

 Plus tard Saint-Vivien-de-Cherves, Saint Pierre-de-Javrezac et Saint-Maurice-de-Salles suivirent cet exemple.

Le pape Urbain II vint, dit-on, à Saintes vers 1084, et ne manqua pas de promouvoir le bien religieux des pays qu'il traversait. Les soucis qui oppressaient son âme au sujet des maux de la chrétienté d'Orient, ne pouvaient qu'exciter encore son ardeur et sa vigilance.

L'ordre bénédictin jetait, ainsi des racines de plus en plus profondes dans cette contrée, grâce à la munificence des seigneurs cognaçais, Itier II, Hélie de Chambarot et Bardon, le plus célèbre de cette époque.

Tout se trouvait d'ailleurs en ce moment embrasé de l'ardeur des croisades. Du nord au sud, la chrétienté était en émoi.

Les chartes de cette époque sont curieuses : elles débordent du sentiment religieux qui les inspira. On y fait des dons pour le salut de son âme et de celle de ses antécesseurs, avec la clause à tousiours (toujours, pour marquer leur irrévocabilité, en même temps que la parfaite générosité des donateurs). Les plus anciennes chartes sont rédigées en latin. Les seigneurs avaient toujours de quoi donner, par la raison que tout était inféodé.

Le don qui se fit le plus fréquemment à Cognac fut une rente assise sur les différents ports de débarquement situés le long des quais. C'était une espèce de revenu de douane ou d'octroi concédé temporairement et qui se percevait soit en argent, soit en nature. De tous ces ports, le plus important était le port Saunier.

Cependant, le seigneur Bardon, avide de gloire et de renommée, voyait avec peine l'agrandissement des comtes d'Angoulême.

 

C'était la race des Taillefer qui occupait en ce moment cette grande situation.

Ceux-ci avaient succédé à Vulgrin Ier, établi sur le comté d'Angoulême par Charles le Chauve.

On n'ignore pas que le surnom de Taillefer vint à Guillaume pour avoir fendu en deux un chef normand tout bardé de fer.

Or, il se trouva qu'un certain Aymar venait de s'emparer à main armée du château d'Archiac, jusque-là réputé imprenable. Cette querelle s'envenima et d'autres feudataires s'unirent à lui pour lutter contre Guillaume Taillefer qui voulait le reprendre. De ce nombre fut naturellement Bardon.

Mais Guillaume, non moins intrigant que courageux, sut mettre dans son parti le fameux Gérard, évêque d'Angoulême et légat du pape.

C'était un homme fort- dextre et fort habile en fait de négociations, et qui ne se fit pas faute d'intimider les seigneurs opposés à Taillefer. Du reste, lui-même, ambitieux et ardent, trouvait son compte à ce jeu-là.

Archiac tomba au pouvoir du comte d'Angoulême ; mais la ligue ne fut pas dissoute pour cela. Jaloux de cette prépotence, les coalisés furent assez heureux pour vaincre Taillefer et le faire prisonnier.

On croit que Bardon assista en personne à la première croisade avec plusieurs autres seigneurs ; toutefois son nom n'est mentionné que par une initiale dans la liste qui en a été faite. (Voir l'article Archiac pour l'enlèvement de la femme de Bardon, seigneur de Cognac.)

 

Dans un temps où l'on ne connaissait souvent d'autre droit que la force, on se battait encore, comme au temps de la guerre de Troie, pour une femme.

 Guillaume X, duc d'Aquitaine, père de la fameuse Aliénor, dont nous avons tant parlé, avait épousé la belle Emma, fille du comte de Limoges.

Sous prétexte qu'il l'avait recherchée avant lui, Guillaume Taillefer IV la lui enleva, et il est probable que la belle infidèle ne se prêta pas de trop mauvaise grâce à cet échange de domicile. Aussitôt une guerre terrible allait s'ensuivre, si la mort du duc ne fût arrivée.

Comment concilier cette légende avec ce qu'on raconte de la conversion et de la pénitence rigoureuse de ce prince, fauteur et partisan de Gérard, évêque d'Angoulême, dans le schisme de l'antipape Anaclet? Tout cela nous prouve combien il est difficile de démêler la vérité au milieu de tant d'opinions.

Nous n'en voulons qu'un exemple. Tandis que le Gallia christiana et tous les monuments les plus sérieux font mourir le fameux et susdit Gérard paisiblement dans son lit, les Bollandistes, dans la Vie des Saints, nous disent qu'il se rompit le cou d'une chute de cheval. Quand est-ce donc que l'on verra introduite dans l'histoire une saine critique, aussi éloignée de la crédulité que de la partialité?

A la mort de Bardon (1135), son héritage se trouva partagé entre ses deux fils, Hélie et Itier. Le premier mourut bientôt, et le plus jeune réunit en sa main toute la seigneurie de Cognac, après avoir reconquis, avec l'aide de Vulgrin Taillefer II, la seigneurie de Villebois, qui lui avait été ravie.

L'histoire remarque l'esprit entreprenant et aventureux du seigneur Vulgrin, qui se trouvait l'âme de toutes les expéditions belliqueuses de ce temps.

Il mourut au château de Bouteville au mois de novembre 1140.

Tel était le vice de l'organisation féodale : à peine la guerre avait-elle pris fin sur un point qu'elle recommençait sur un autre.

Ithier fit partie d'une expédition contre le château-fort de Mansles en compagnie de Foucaud d'Archiac, de Ramnulfe de Jarnac et de plusieurs autres; mais la valeur de Guillaume Taillefer IV lui permit de reprendre la place.

La conduite de ce Guillaume ne fut pas toujours des plus correctes à, l'égard du roi de France.

Gagné par Henri, le nouvel époux d'Aliénor, il favorisa d'abord de tout son pouvoir le parti des Anglais en Aquitaine ; pourtant il revint bientôt de son erreur, et sut se faire respecter des dominateurs. Mais de quel poids pouvait être, Hélas! la défense de plusieurs seigneurs mal unis entre eux contre la puissance du roi d'Angleterre ? Chaque soulèvement amenait une répression plus terrible que les maux précédents.

Une seule chose pouvait adoucir le sort des vaincus : c'était la communauté de religion qui existait entre eux et les Anglais.

Voyant bien qu'ils ne pourraient se passer de ce moyen d'influence, Aliénor et son fils, Richard Coeur-de-Lion, qui venait de s'emparer de Cognac, donna cette seigneurie à l'un de ses bâtards nommé Philippe.

 Puis, comme pour pallier un peu cette usurpation, il lui fit épouser Amélie de Jarnac, nièce du dernier seigneur de Cognac.

Cette cité s'accoutumait dès lors à voir séjourner des rois dans ses murs.

 

 

 

 

 

CARTULAIRE DE L'ABBAYE DE LA GRACE NOTRE-DAME OU DE CHARON EN AUNIS

(Abbatia Gravas 13. M. de Caronte).

Publié d'après la copie conservée aux archives de la Charente-Inférieure  par L. DE RICHEMOND.

L'abbaye de la Grâce Notre-Dame ou de Charon était située dans l'Aunis, sur la côte de l'Océan, au midi de l'embouchure de la Sèvre niortaise, dans le voisinage de l'église de Saint-Nicolas de Charon et dans la circonscription de cette paroisse à quatre lieues de La Rochelle.

Elle était fille de l'abbaye de la Grâce-Dieu (2), de l'ordre de Citeaux, de la ligne de Clairvaux, du diocèse de Saintes et depuis de La Rochelle.

Sa fondation nous est connue par une charte du roi d'Angleterre, Richard II, confirmée par la reine Aliénor d'Aquitaine, femme divorcée de Louis VII le jeune, roi de France, et fille de Guillaume X, comte de Poitou.

La Gallia christiana, t. II,  a publié le texte de ces deux documents: (Instrumenta, pages 388, 389 et 390.)

Cette abbaye fut affranchie par Lœtitia de Rancon, dame d'Esnandes, du consentement de ses fils; Gaultier, Aymeric et Robert, de tout péage et droit d'usage dans toute l'étendue de sa terre d'Esnandes.

La fête du patron de l'église se célébrait annuellement le 13 octobre. Dom Pierre Bagou, prieur, releva le monastère de ses ruines et restaura l'église avec le plus grand éclat, grâce à l'aide de l'abbaye des Châteliers et du prieuré du Bois-Charon (3)

 

On lisait cette inscription au-dessus de la porte de l'abbaye :

ANNO 1120 FVNDATA, 1562 DEMOLITA ET SOLO ADEQVATA, 1614 PLENA MACERIA, ET DVMO, RVBO, VRTICA REPERTA; ABHINC INSTAVRARI INCHOATA. AVGE ME ET CONSERVA.

(Gallia christiana, t. II, col. 1399-1400.)

 

L'abbaye a été vendue comme propriété nationale, le 27 mai 1791, à Pierre-Charles de Chertemps de Seuil, colonel au 5e dragons, demeurant à Paris, ci-devant seigneur de Charon.

Ce qui en reste aujourd'hui sert à une e exploitation rurale.

M. Paul Marchegay a fait connaître, par la publication des Cartulaires du Bas-Poitou (p. 282), le nom d' « Aymericus, abbas de Charuns » (1220).

 Le pouillé de 1729 attribue à l'abbaye de Charon, qui a pour patron le roi, une imposition de 1200 livres.

Gascher, prieur de Charon, a fourni, en 1725, à l’intendant de la généralité de La Rochelle, Amelot de Chaillou, « l'estat de l'abbaye de La Grâce Notre-Dame de Charon, » qu'on lira plus bas.

Les archives de la Charente-Inférieure, auxquelles nous empruntons ce document (H. 86-6), possèdent aussi le cartulaire que nous publions (H. 21), copie informe du XVIIIe siècle.

Le titre du cahier est enrichi de dessins à la plume, corbeille de fleurs et arabesques. Chaque tête de chapitre est ornée d'initiales fleuries; et le soin apporté à ces ornements contraste avec la cursive employée dans les transcriptions qui sont très défectueuses et incorrectes. Les pages 21 à 23 manquent au manuscrit.

Le registre sans date est postérieur à l’année 1741.

Nous le complétons par fanasse des documents de 1783 à 1791, existant. aux archives départementales, et d'une pièce de 1772, empruntée aux archives nationales.

 

ABBÉS.

P., abbé de Notre-Dame, député avec ses confrères au chapitre général de l'ordre de Citeaux pour résoudre le litige survenu entre les abbés de Saint-Léonard et de La Grâce-Dieu en 1204, nous semble avoir été abbé de La Grâce Notre-Dame.

Aymericus, abbas de Charuns, 1220 (PAUL MARCHEGAY, Cartulaire du Bas-Poitou, p. 282).

Nicolas, abbé, 1441.

Jehan I, 20 juin 1451 au 12 janvier 1453, est désigné, dans des chartes authentiques de la bibliothèque du roi, comme abbé de Notre-Dame de Charon ou Cheron, membre dépendant de l'abbaye de Fescamp.

Jehan. II Assile, 1464, 1466. Afille, 21 novembre 1470, 1.6 juin 1480, d'après des chartes authentiques de la bibliothèque du roi. Hilaire Chapperon, 1527 et 1528.

Hubert de Prie, licencié ès-lois, abbé commendataire, 1535, 1544 et 1564.

François Bonnault, prêtre, se retira à Angers durant les guerres civiles, 1590, 93 et 94.

Jacques Jousselin, aumônier du roi et son conseiller en ses conseils, abbé commendataire, 1627-1646.

Jehan III Raimond Ferrier, neveu du père Ferrier, confesseur du roi, chanoine de Rodez, obtint l'abbaye en 1676, et l'occupait encore en 1714. L'abbaye ne comptait alors qu'un moine. A cette liste donnée par la Galia, II, 1400, les documents que nous publions, et Dutemps, nous permettent d'ajouter:

Raguet, nommé le 8 janvier 1721.

René Trépagne de Menerville, curé de Suresne, près Paris, nommé en février 1722, sur la démission du précédent.

Isaac Courcault, docteur de la maison et société de Sorbonne, curé de Saint-Jacques du Haut-Pas, 1735-1789.

Philippe-René Le Blanc, prêtre, docteur de la maison et société de Sorbonne, grand chantre de Reims 1769-1789.

Messire François-Henry de La Broue de Vareilles, abbé commendataire, évêque, comte et seigneur de Gap, 1789.

 

Cognac 8 mai 1190 Charte de la fondation de l’abbaye de Charron, par Richard, roi d'Angleterre, duc d'Aquitaine et comte d'Anjou

Cognac 8 mai 1190 Charte de la fondation de l’abbaye de Charron, par Richard, roi d'Angleterre, duc d'Aquitaine et comte d'Anjou.

Charta Richardi, regis Angliae, pro monasterio Gratiae B. Mariae de Caronte, Rupellensis diœcesis.

RICHARDUS, Dei gratia rex Angliae, dux Normanniae et Àquitaniae, comes Andegavensis, archiepiscopo Burdegalensi et episcopo Xanctonensi, comitibus, baronibus, justitiariis praepositis, et omnibus ministris, et fidelibus suis salutem.

Charte de Richard, roi d'Angleterre, pour le monastère de Gratia B. Marie de Charon, diocèse de La Rochelle.

RICHARD, par la grâce de Dieu, roi d'Angleterre, duc de Normandie et d'Aquitaine, comte d'Angevin, archevêque de Bordeaux et évêque de Saintes, salut aux comtes, barons, grands juges, et à tous ses ministres et fidèles.

  Sciatis nos concessisse, et praesenti carta confirmasse ecclesiae nostrae Gratiae beatae Mariae et monachis ibidem Deo servientibus, omnes donationes quas eis fecimus de fundatione ipsorum in insula de Lagullona, et loco de Pala (5) cum pertinentiis suis.

Sachez que nous avons accordé, et confirmés par la présente charte, à notre église de la Bienheureuse Vierge Marie et aux moines qui y servent Dieu, toutes les donations que nous leur avons faites concernant leur fondation sur l'île de Lagullona, ​​et le lieu de Pala (5) avec leurs dépendances.

  Concedimus etiam quod fratres de Gratia beatae Mariae accipiant in perpetuum de lignis quantum opus habebunt ad facienda et reparanda aedificia sua et ad ceteros usus abbatiae, ubicumque voluerint in foresta de Argenchum (6), etiam in defensis quae dicuntur Espaut, et ubicumque in eadem foresta pascua equabus fratrum, armentis, et gregibus et eorum porcis pastinagium.

Nous accordons aussi que les frères de la Grâce de la bienheureuse Marie recevront à jamais du bois ce dont ils auront besoin pour la construction et la réparation de leurs bâtiments et pour les autres usages de l'abbaye, où ils voudront dans la forêt d'Argenton (6), aussi dans les défenses qui s'appellent Espaut, et partout dans la même forêt Pâturage pour les juments, troupeaux, et troupeaux des frères et leurs cochons.

  Et quascumque terras, aut prata, aut vineas, aut alias possessiones, seu medietarias ex feodo nostro acquirere poterunt, et in suum vel ex aliorum largitione, vel ex propria emptione, vel ex commutatione redigere possessionem, omnes praefatae ecclesiae fratribus in perpetuum possidendas confirmamus, et eamdem libertatem in omnibus terris et aliis rebus quas nos donavimus, quibuscumque eas donavimus, quam habebant in illis, antequam donarentur, et quam adhuc habent in propria terra nostra quam nobis retinuimus.

Et quelles que soient les terres, prés, vignes ou autres possessions qu'ils peuvent acquérir à notre charge et réduire leurs possessions à la leur, ou du don d'autrui, ou de leur propre achat, ou de l'échange, nous confirmons que tous les frères de l'église susmentionnée les possédera pour toujours, et la même liberté dans tous les pays et autres choses que nous avons donnés, à qui que nous les ayons donnés, qu'ils avaient en eux avant qu'ils ne soient donnés, et qu'ils ont encore dans notre propre pays que nous avons retenu pour nous.

Concedimus etiam eis et confirmamus ut in omnibus rebus antiquas consuetudines Beneonis vel Rochellae eis tenere liceat ; id est ea qua in parochia quam habitant, per annum et diem, vel in alia parochia quam non habitant, per diem et septempnium, sine calumpnia tenuerint, deinceps libere et quiete possideant.

Nous leur accordons aussi et confirmons qu'en toutes choses ils peuvent conserver les anciennes coutumes de Benon ou de Rochelle; c'est-à-dire ceux qu'ils ont tenus dans la paroisse où ils habitent, depuis un an et un jour, ou dans une autre paroisse où ils n'habitent pas, depuis un jour et une saison, sans se plaindre, à posséder librement et tranquillement dès lors.

  Et donationes quas fecerunt praedictae ecclesiae et praedictis fratribus Guido de Toars, et Petrus Bertin, et Willelmus de Rupe, et quilibet alii vel in futurum rationabiliter facient.

 Si quis autem in hiis vel in quibuslibet aliis possessionibus suis eis calumpniam movere voluerit, nonnisi coram nobis vel capitali justitia nostra, vel praelatis ecclesiae respondere cogantur.

Et les donations qu'ils ont faites à ladite église et aux susdits frères Guy de Thouars, et Pierre Bertin, et Guillaume de Roche, et tous autres feront raisonnablement à l'avenir.

 Mais si quelqu'un veut porter plainte contre eux dans ceux-ci ou dans tout autre de leurs possessions, ils ne seront obligés de répondre que devant nous, soit à notre justice capitale, soit aux prélats de l'église.

  Quare volumus et firmiter praecipimus quod praedicta ecclesia et ejusdem ecclesiae monachi habeant et teneant omnia praedicta bene et in pace, libere et quiete, integre, plenarie, et honorifice, in terris, in bosco, in plano, in pratis, et vineis, et pascuis, in aquis, et molendinis, in stagnis et vivariis, in piscariis et mariscis, in viis et semitis, et in omnibus aliis locis, et aliis rebus, cum omnibus libertatibus et liberis consuetudinibus suis, sicut cartae sigillorum nostrorum testantur.

C'est pourquoi nous voulons et ordonnons fermement que ladite église et les moines de la même église doivent avoir et tenir toutes les choses susmentionnées bien et en paix, librement et tranquillement, sainement, pleinement et honorablement, dans les terres, dans les bois, dans les plaines, dans les prés, et dans les vignes, et dans les pâturages, dans les eaux et moulins, dans les étangs et étangs, dans les pêcheries et mers, dans les chemins et chemins, et en tous autres lieux et autres choses, avec toutes leurs libertés et libres douanes, comme en témoignent les chartes de nos sceaux.

 Has, inquam, omnes consuetudines et possessiones ab omni consuetudine proprie nostra liberas fecimus et immunes.

Sciant si quidem universi quod praefata ecclesia et monachi et omnes res eorum et possessiones et homines, sunt in manu et custodia et protectione nostra.

 Quare prohibemus ne eis vel hominibus suis sive rebus eorum aliquam injuriam faciatis vel fieri permittatis.

Testibus Guidone de Toarz, Willelmo de Fors, P. Bertin, P. de Volviria, Gaufrido de Ponte, F. Milone.

 Data per manum Johannis de Alenconio; Lexoviensis, archidiaconi, vice cancellarii, VIII die maii, apud Coingnac, anno primo regni nostri. (7)

 

Ceux-ci, dis-je, nous avons fait nôtres toutes les coutumes et possessions, libres et exemptes de toute coutume.

Qu'ils sachent tous que l'église et les moines susmentionnés et toutes leurs choses et possessions et les hommes sont entre nos mains et la garde et la protection.

 C'est pourquoi nous vous interdisons de leur faire ou de permettre tout dommage à eux, ou à leurs personnes, ou à leurs biens.

Témoins Guy de Thouars, Guillaume de Fors, Pierre Bertin, Pierre de Volvire, Geoffroy de Pons, F. Milone.

 Donné par la main de Jean d'Alençon; de Lexington, archidiacre, vice-chancelier, le 8 mai, à Cognac, la première année de notre règne. (7)

 

 

1199. « Confirmation par Aliénor, reine d'Angleterre, à l'abbaye de Charon, sçavoir du lieu donné par Othon duc d'Aquitaine, comte de Poitou, et de la fondation faite par Richard, roy d'Angleterre, fils de la ditte Aliénor. » (8)

Alienor, Dei gratia humilis regina Angliae, ducissa Normanniae et Aquitaniae et comitissa Andegavensis, archiepiscopis, episcopis, comitibus, baronibus, senescallis, praepositis, justitiariis, baillivis et universis tam futuris quam presentibus ad quos litterae istae pervenerint, salutem.

Aliénor, par la grâce de Dieu, l'humble reine d'Angleterre, duchesse de Normandie et d'Aquitaine et comtesse d'Angevin, archevêques, évêques, comtes, barons, sénéchaux, préfets, juges, baillis, et tous, futurs et présents, à qui ces lettres sont parvenues, salutations.

 Sciatis nos concessisse et presenti carta confirmasse abbatiae de Gratia Sanctae Mariae, quae est filia abbatiae Gratiae Dei, donum quod eidem abbatiae fecit Otho nepos noster, tunc dux Aquitaniae et comes Pictaviensis, quam fundavit karissimus filius noster Ricardus, Dei gratia, quondam venerabilis rex Angliae ;  videlicet quicquid cornes Pictaviensis habebat in blanchis de Rochella et in Olerone; redditum quemdam qui vocatur Mestiva de Trea ; et quicquid ad eumdem redditum pertinet, et quicquid comes Pictaviensis habebat in censibus domorum de Olerone ; et unam procurationem quam annuatim habebat in prioratu Sancti Petri de Olerone et aliam procurationem cum uno sextario avenae quem similiter annuatim habebat in villa quae dicitur Alberium.

Sachez que nous avons accordé et confirmé par la présente charte à l'abbaye de Grâce Sainte Marie, qui est la fille de l'abbaye de Grâce de Dieu, le don que notre neveu Othon, alors duc d'Aquitaine et comte du Poitou, a fait au même abbaye, qui fut fondée par notre très cher fils Richard, par la grâce de Dieu, jadis vénérable roi d'Angleterre ; c'est-à-dire, quelles que soient les comtes du Poitou qu'il eut dans les Blanches de la Rochelle et d'Oléron ; louer un certain appelé Mestiva de Trea; et ce qui appartient à la même rente, et ce que le comte de Poitou avait dans les assiettes des maisons d'Oléron ; et une agence qu'il tenait annuellement dans le prieuré de Saint Pierre d’ Oléron et une autre agence avec un sacristain d'avoine qu'il tenait également annuellement dans la ville appelée Alberium.

Qua ut perpetuo firma consistant, praesentem cartam sigillo nostro fecimus sigillari. Haec, inquam, omnia pro remedio animae nostrae et karissimi filii nostri Ricardis régis Angliae, praefatae ecclesiae libere et quiete concessimus et confirmavimus.

 Data apud Niortum, anno ab incarnatione Domini M.C.XCIX, mense maio, testibus hiis: Guidone abbate Cistercii, Johanne abbate Oratorii, (9)  P. Berlin tunc senescallo Pictaviensi, Chalone de Rupeforti, Longuo Ogerio, et pluribus aliis.

 

Par quoi nous avons fait sceller la présente charte de notre sceau, afin qu'elle soit perpétuellement ferme. Tout cela, dis-je, pour la réparation de nos âmes et de notre très cher fils Richard, aux rois d'Angleterre, nous avons librement et tranquillement accordé et confirmé à ladite église.

 Donné à Niort, l'an de l'incarnation du Seigneur 199, au mois de mai, en présence de ces témoins : Guy, abbé des Cisterciens, Jean, abbé de l'Oratoire, (9) Pierre Bertin alors sénéchal des Poitevins, Chalon de Rochefort, Longuo Ogerius, et plusieurs autres.

 

 

1206. Donation aux moines de Charon, par l'empereur Othon, alors comte de Poitou.

De donatione Othonis, cum fuit comes Pictaviae, monachis de Charon.

Rex (10) Savarico de Malo-Leone, salutem.

Mandamus vobis quod habere faciatis, abbati, et monachis ecclesiae Sanctae Mariae de Charun quinquaginta libra redditus de Pictavia, quas dilectus nepos noster dominus Otho, dum haberet bailliviam Pictaviae, eis dedit in Rupella et in Olerone, nisi eas alibi dederimus, si hoc commode fieri possit, et, si eas alibi dederimus, et eis alibi commodius, ad opus nostrum assignari possit, tunc illas eis alibi assignari faciatis, quousque in partes illas venerimus.

Teste domino Joanne de Gray, cantore electo, et domino P., Vinton episcopo.

Apud Laudunum ? (11) vicesimo quinto die martii.

 

Du don d'Othon, quand il était comte du Poitou, aux moines de Charon.

Roi (10) Salut à Savary de Mauléon.

Nous vous ordonnons d'avoir, les abbés et les moines de l'église de Sainte Marie de Charron retourné cinquante livres du Poitou, que notre neveu bien-aimé seigneur Othon, alors qu'il avait le bailliage du Poitou, leur a donné à la Rochelle et Oléron, à moins que nous ne leur donnions ailleurs, s'il est commode de le faire, et si nous les avons donnés ailleurs, et s'il leur convient ailleurs, ils peuvent être affectés à notre travail, puis les faire affecter ailleurs, pourvu que nous venions à ces pièces.

Témoin Sir John de Gray, chantre élu, et Sir P., évêque de Vinton.

A Laudunum ? (11) le vingt-cinq mars.

 

 

 

Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis

Histoire de Cognac, Jarnac, Segonzac et d'un grand nombre de localités entre Saintes et Châteauneuf, Archiac et Rouillac, Pons et Saint-Jean d'Angély, dans leurs rapports avec l'histoire générale de la France, depuis les temps celtiques jusqu'à l'an 1882 , par l'abbé Cousin,..

 

 

6 mai 1190. Charte de fondation du petit monastère de Saint-André des Gourfailles, à Fontenay-le-Comte, par Richard Cœur-de-Lion <==.... ....==> Fontevraud - Chinon entre le 19 et le 24 juin 1190, Richard Cœur de Lion, Aliénor d’Aquitaine - Charte de la Cigogne

==> les Lusignan ont des marais salants. (Port de Cognac)

==> Système de défense de la Baie de l'Aiguillon sur la commune de Charron

 

 


 

1. L’orthographe actuelle Charron n’est pas justifiée par les anciens documents. Rymer donne Charuns et Champrond. C’est aujourd’hui une commune du canton de Marans.

(2). Guillaume X, comte de Poitou et duc d'Aquitaine, mort en 1137, avait fondé, d'après la Gallia, l'abbaye de La Grâce-Dieu, dans la paroisse de Benon, au temps de saint Bernard, abbé de Clairvaux.

On lui attribue aussi la fondation de l'abbaye de Charon, et on lui doit celle de Sablonceaux. Les documents de l'ordre de Citeaux font honneur de cette fondation a Aliénor, femme divorcée de Louis VII et fille du dernier duc d'Aquitaine Guillaume IX, le 8 des calendes d'avril 1135.

(3)   La Gallia donne la leçon coenobia de Castellariis et de Bosco Cavo

 Nous devons à l’amitié de M. Georges Musset la-lecture probable de Bosco Cavo, le prieuré du Bois-Charon. « Le « prior de Bosco de Charon » ajoute-t-il, est taxé à xxx sols tournois dans le compte de l'imposition levée en 1326 et 1327 par Jean XXII. »

(4)  « Quoyque ce titre ne soit pas proprement le titre de fondation de l'abbaye, qui s'est trouvé égarré et que l'on dit estre à la Tour de Londres, comme il rappele dans son contenu les immunités et franchises, les libertés et droits honorifiques, et qu'il confirme les donations, il sert en toutte justice autant que le propre titre de fondation, qui auroit pu motiver les biens donnés et leurs limittes c'est la seule différence qui se trouveroit entre ces titres, qui ne serviroit au reste que d'éclaircissemens. »

(5). La métairie de La Palle. Voir -ci-dessous la pièce XII, page 47.

(6). Argenson Benon.

(7). Gallia, t. II, col. 388, Edition de 1720, qui donne pour date 1189; D. J. Boyer d'après l'original A. Teulet, Layettes du trésor des chartes, t. p. 156.

(8). « Parce titre de confirmation et concession d'Aliénor reine d'Angleterre, it paroit qu'aprez la fondation faite de l'abbaye par Richard, roy d'Angleterre, fils de la ditte Alienor, Othon, duc d'Aquitaine, etc., a fait à la ditte abhaye donation de plusieurs drois qu'il avoit, tant à la Rochelle qu'à l'isle d'Oleron, sur le prieuré de Saint-Pierre d'Oleron et ailleurs, etc.

L'abbaye ne jouyt point à présent des cens, revenus, portions de terre portés au titre cy-dessus. »

 (9). Abbatia qua vocatur Loroux, Gallia, t. II, Instrumenta, col. 389.

(10). « Une copie des titres de Richard et d'Aliénor, rois et reines d'Angleterre, avec une copie d'un titre de l'empereur Othon, du tems qu'il étoit comte de Poitou. Voicy la teneur du titre qui a été extrait de la bibliothèque de Saint-Germain, au premier volume de Rymer, page 140. » (Th. Rymer, I, p. 454, 1206).

(11). Le cartulaire porte Lamb: peut-être pour Lampurdum.

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