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PHystorique- Les Portes du Temps
10 septembre 2022

1645 et 1718. Aveu et état descriptif du château et du marquisat de la Mothe Saint-Héray

Nous venons de trouver, dans les archives de la Société de Statistique des Deux-Sèvres, un titre du commencement du XVIIIe siècle, donnant des renseignements curieux sur le château et la terre de la Mothe-Saint-Héray.

C'est un Mémoire présenté, vers 1718 ou 1719, par un nommé Dubreuil, ancien fermier général de cette terre, au comte de Pontchartrain qui, disait- on, songeait à en devenir propriétaire.

Le pauvre Dubreuil, qui n'avait pas pu payer son maître Gaspard Lesecq, comte de Montault, s'était réfugié à Paris, pour éviter la prison. Il raconte tout simplement ses malheurs au personnage à qui il s'adresse, et cherche à l'intéresser en sa faveur, pour obtenir de nouveau le bail de la Mothe.

Dans un style des plus naïfs, il donne la description des bâtiments, le détail des immeubles et des revenus dépendant du marquisat, et n'oublie pas de signaler les grottes avec les figures humaines de pierre, ménagées sous une terrasse du château, le dauphin jetant l'eau en un bassin à la porte du donjon, et toute la fable en peinture, décorant la galerie ou la voûte de la serre.

Les propriétaires de la Mothe paraissent avoir eu un goût assez prononcé pour les beaux-arts : le beau portrait du marquis d'Artaguiette d'Iron par Grimou, et les curieuses peintures sur bois représentant des scènes de la Bible, qu'on voit au musée de Niort, (n"' 6 et 102 du catalogue) , en sont une preuve certaine.

Comme complément du Mémoire de Dubreuil, nous donnons un extrait d'aveu et dénombrement, rendu en 1645, par Henry de Beaudéan-Parabère, gouverneur du Poitou (1).

 

 

Le château de la Mothe a été démoli en 1842 ; une aquarelle conservée à la Société de Statistique permet de se rendre un compte exact de l'édifice et de ses dépendances.

 

1645. DÉNOMBREMENT ET AVEU.

C'est le dénombrement et aveu du château, terre et seigneurie du marquisat de la Mothe-Saint-Heraye, cydevant baronnie , relevant pleinement de la Tour de Mauberjon, de Poitiers, de la châtelainie de la Bosse, seigneurie de Château Tizon , cydevant tenue à mouvance du château de Saint-Maixent, de toutes et chacunes leurs appartenances et despendances, autres fief et choses annexées, unies et incorporées dour ne plus faire qu'un seul et unique fief composant ledit marquisat ... de la Mothe Saint-Heraye sous une seule foy et hommage qui doit estre fait et receu au seigneur à cause de la Tour dudit Mauberjon de Poitiers; lequel hommage lige au devoir, savoir: ledit marquisat de la Mothe, d'un franc d'or du poids de trois deniers d'or fin aprécié quatre livres dix sols à muance d'homme, ladite châtelainie de la Bosse, au devoir de vingt-cinq sols d'une part, douze sols six deniers de service à muance d'homme, et ledit château Tison à foy et hommage lige au devoir de vingt-cinq livres et quarante jours de service entre la Loire et la Dourdogne, selon l'usage de la baronnie de Saint-Maixent, avec haute, moyenne et basse justice, mesure à bled et en garene et deffens.

Nous Henry de Beaudéan, chevalier des ordres du roy, conseiller en ses conseils d'Estat, capitaine de cent hommes d'armes de ses ordonnances , gouverneur et lieutenant général pour sa Majesté ès provinces du haut et bas Poitou, Chateleraudois et Loudunois, comte de Parabère et marquis dudit marquisat de la Mothe, demeurant en nostre château dudit lieu, avons cydevant rendu, fait et, pardevant vous, Messieurs les trésoriers généraux de France établis audit Poitiers et suivant votre ordonnance, fournissons à présent pardevant vous mesdits seigneurs de ce dénombrement et aveu, tant pour nous que pour nos vassaux et sujets et roturiers, de nostre dit marquisat, de toutes ses annexes et choses incorporées par les lettres patentes de sa Majesté portant érection de ladite baronnie de la Mothe, chàtelainie de la Bosse (2), château Tison (3) et autres fiefs annexés et titrés de marquisat du mois de juin 1833, vérifiées en parlement et chambre des comptes à Paris, enregistrées et publiées ès sièges royaux de cette province; lequel marquisat et choses y annexées nous confessons tenir du Roy nostre souverain, à cause de ladite Tour de Mauberjon, comme dit est suivant et au désir de ses dites lettres patentes, sous un seul fief, hommage et redevance, qui consiste :

Premièrement, nostre dit château de la Mothe consiste en domaine, tours, pavillon, donjon, doues, pont le vis, fuyes, etc.

 

HOMMAGES.

Plus tiennent de nous noblement à cause de nostredit marquisat las vassaux cy-dessous déclarés aux hommages qui suivent selon qu'ils sont plus près de nostre château.

Premièrement André Chabot, au lieu des Salberts, un hommage plein à vingt deniers de devoir à muance de seigneur, etc.

 

PAROISSE DE BRUSLAIN, PRÈS CHIZÉ.

Grand Viron.

Plus tient de' nous Mre Charles de Beaudéan, chevalier, seigneur de la Roche-Ruffin et des Moullières, au lieu de Théophile Proust, ecuyer, seigneur de la Vallée, à hommage lige et au devoir de soixante sols de morte-main et trois brasses et demie de palisses à chevillon de bois, à la closture de nostre marquisat en temps de guerre et nécessité, en cheptel dudit lieu seulement, pour être mises en place par nous et devons tous les despens aux ouvriers qui feront ledit palis, et la pallière d'iceux doit être payée par les parsonniers, et encore au devoir de quarante sols de garde à nostre dit château de nostre marquisat, en temps de guerre, aux despens desdits parsonniers, et nous suivre en nostre dit marquisat, sy bon nous semble, quarante jours à nos despens, et encore pour raison d'autres choses un écu d'argent apprécié cinquante sols.

C'est à sçavoir l'hostel et maison noble du Grand Viron, avec ses appartenances et dependances de prés, bois, vignes, pasturages, cens, rentes et terres, contenant neuf vingts septerées de terre ou environ, desquelles neuf vingts, seize septerées sont en un tenant en long et en large entre les châtelainies de Prahé et Chizé, et aussi en fief un ténement appelé Champles contenant quatorze septerées ou environ, tenant au chemin qui fait séparation du fief de Chizé et nostre marquisat.

Plus dépend dudit lieu sous ledit hommage un ténement appelé Pommereau, sis en la paroisse de Saint-Romain-des-Champs.

Plus un ténement de six septerées de terre, appelé le Charnage, en la paroisse de Saint-Hilaire-de-Ligné, tenant au chemin de la Bertochère à Chizé, à droite, et d'un bout au chemin de Saint-Hilaire-de- Ligné aux Fosses à senestre; une pièce de terre contenant une septerée ou environ, étant en terres arables, vignes et bois, sise en la paroisse de Baussay, tenant aux terres de Chevalier; deux septerées en la paroisse de Goux, en terres arables et bois, tenant d'une part au fief de l'abbaye Saint-Maixent; trois autres septerées de terre sises à Pillac en la paroisse de Sepvret, tenant aux terres de l'abbaye de Celles.

Plus tient dudit Grand-Viron, part prenant et part mettant, la maison noble et seigneurie de la Vallée, en la paroisse de Bruslain, appartenant audit sieur de Baudéan, avec ses appartenances de clos- ture, fossés, buissons et tous droit de deffens, avec ses rentes dües en despendant.

Plus cinquante septerées de terre ou environ , gaignables, vignes, prés, bois, garenne et pasturages, en ladite paroisse de Bruslain, tenant au chemin du village de la Gouinerie au carrefour de Bousset et aux terres ci-dessus du Grand-Viron, et descendant dudit carrefour, et en tournant et allant audit carrefour de Bouchereau et au chemin de la Fosse Soulons au Petit-Viron ; et un fief de vigne assis au Soulons, contenant douze quartiers, tenant au chemin du fief Jarreau au fief de Champleau.

Plus dépend de nous, sous ledit hommage, le lieu noble et maison de la Bernière, avec ses appartenances et despendances et métairie y joignant, de prés, bois, vignes, terres arables... dudit lieu de la Bernière à cens et rentes.

Plus despend aussy de nous, sous ledit hommage dudit lieu noble du Grand-Viron, le fief de la Mothe-Bruslain et les choses qui en dépendent, consistant en terres arables et non, prés, bois, vignes et fief.

Plus dépend aussy de nous sous ledit hommage du Grand-Viron le village de la Magnonerie avec ses appartenances et despendances.

Plus despend aussy de nous sous ledit hommage la maison et métairie de la Garnonnière avec toutes et chacunes ses appartenances et despendances quelconques.

Comme aussy despend de nous le lieu et maison noble du Petit- Viron, avec toutes et chacunes ses appartenances et despendances de maisons, préclotures, métairies, garennes, prés, vignes, terres labourables et non labourables, et tout le droit de fief qui en despend, au devoir, outre l'hommage, de douze boisseaux d'avoine, mesure dudit lieu du Grand- Viron, que le sieur du Petit-Viron nous doit par composition et abonissement du devoir du guet qu'il est tenu faire à nostre château et marquisat lors du temps de guerre, outre le devoir qu'il nous devoit comme part prenant et part mettant dudit lieu du Grand- Viron.

Plus tient de nous Gédéon Moyzen, escuyer, sieur de Lorgerie et du fief et seigneurie de la Gernacière, un hommage lige, etc.

C'est tout ce que nous tenons à cause de nostre dit marquisat et fiefs y annexés qui sont venus à notre connoissance, suppliant humblement sa dite Majesté, où nous aurions quelque chose obmis d'employer cestuy nostre aveu, de nous en faire avertir, protestons l'amender, corriger et réparer. En témoin de quoy nous avons signé ces présentes et fait apposer le cachet et sceau de nos armes, et fait signer à nostre requeste aux notaires soussignés jurés sous la cour royale à Saint-Maixent, en nostre château dudit lieu de la Mothe, ce trentième jour d'octobre mil six cent quarante-cinq.

Signé : HENRY DE BAUDÉAN, TASTEREAU, notaire royal, et POISSON, notaire royal.

J'ay reçu le présent aveu le 20 novembre 1645. Collationné en présence de Messieurs Riguet de Boiscoursier, président au bureau des finances de la généralité de Poitiers, et Girault, avocat du Roy, par nous Etienne Garnier, commis-greffier, sur l'original en parchemin sain et entier, lequel a été tiré du trésor dudit bureau, ce fait y a été remis, à Poitiers le 10 août 1729.

Signé : RIGUET, GIRAULT, GARNIER.

 

 

Le présent extrait a été tiré d'un registre en papier couvert de basane,, relié, contenant 210 pages, qui est une copie tirée sur l'original qui est au bureau des finances de Poitiers, par nous, notaires royaux à Saint-Maixent, résidant à la Mothe-Saint-Héraye, ledit registre à nous exhibé et ensuite retiré par le sr Jean Dufour, agent du seigneur de la Mothe, qui s'est soussigné avec nous, à la Mothe- Saint-Héraye, le 25 janvier 1757.

DUFOUR.                             SAUZÉ, nre royal.

GUILLON, nre royal,                                   SAUZÉ.

Controllé à la Mothe-Saint-Héraye, le 25 janvier 1757. Reçu six sols... et cinq sols.

SAUZÉ.

Société de Statistique. Papier timbré.

 

1718 ou 1719.

Estat de la terre et seigneurie du marquisat de la Mothe-Saint- Héraye en Poitou, eslection de Niort, consistant outre les revenus de la terre, sçavoir :

Premièrement, pour entrer en la basse-cour, il y a deux ponts levis en bon estat, un au portail et l'autre a une petite porte à costé, sur un fossé plein d'eau en tout temps, quy fait le tour des dehors du château, augmentant l'eau quand on veut par la rivière de la Sepvre quy passe au pied de ladite porte du château, au costé de laquelle il y a deux pavillons quarrés logeables tous les deux pour des domestiques.

Dans lesdits fossés il y a des carpes, des tanches et des gardons ; et dans ladite rivière, quy est très-claire et fort unie, il y a des truites, des anguilles et des écrevisses. Cela ne s'afferme point.

Il est à noter que ladite entrée est fort dérobée, ayant été ainsy faite du temps des guerres civiles, et auroit besoin d'être transférée autre part où elle conviendroit mieux tant pour la beauté que pour la commodité, ce quy se pourroit faire à peu de frais.

La basse-cour est large, belle, pavée et herbue et gazonnée par dessus, en forme carrée et fort unie.

Une des faces de la cour est un mur de quatre pieds de roy d'espaisseur, au haut duquel il y a un rempart avec des embrasures et canonnières, et contre lequel on pourroit appuyer tel bastiment qu'on souhaiteroit, estant de 15 à 20 pieds de hauteur.

La seconde face est la grande écurie, y en ayant une petite à costé, le long du susdit mur, et au bout, du costé de cette face, a une remise. Cette escurie est très-belle, à mettre trente chevaux; elle n'est point voustée mais planchée, y ayant au-dessus un grenier à bled de mesme longueur.

 Joignant l'escurie, du mesme costé, il y a la plus belle grange du Poitou, le degré du susdit grenier entre deux. On y peut serrer 3 à 400 milliers de foin, estant fort haute et large d'uniformité aux escurie et grenier y joignant.

C'est en face du susdit degré de grenier qu'on croit que l'entrée conviendroit, faisant face à l'entrée du donjon et donnant son entrée dans le bourg, au lieu que, par l'entrée de présent, il faut faire un grand tour pour aller au bourg.

La troisième face, sont le treil ou pressoir pour faire le vin, le cellier et autres dessous, avec des greniers à bled au-dessus. Tous les greniers généralement ayant besoin d'estre replanchéés d'ais à neuf. Il y a un degré au milieu pour monter en les greniers, comme sur la face du costé des escuries, quy forme un pavillon quarré au milieu de chacune desdites faces avec une chambre pour le couvreur du château, celluy du costé de la face des escuries estant tombé, et ce dernier subsistant en bon estat.

Nota que la moitié de cette troisiesme face est un appartement qu'on a voulu faire pour le logement du fermier, avec des greniers, où il ne manque pour le parachever que des planchers à y faire.

Il y a, aux trois coins de ces deux dernières faces quy forment une esquerre, trois tours ; l'une est fuye, l'autre une glacière, et l'autre une prison, avec un magasin à poudre au-dessus; les trois tours égales, quy fait une symétrie.

La quatriesme face est un mur d'appuy, sur le bord des secondes doües ou fossés quy entoure le donjon, à un bout duquel il y a quelques vilains bastimens de fours et autres quy sont là mal placés et qu'on pourroit transporter à peu de frais le long du mur de la première face de cette cour, où ils ne déguiseroyent rien.

Sur cette dernière face il y a une porte d'entrée au donjon, par un autre pont levis fort beau sur cette seconde doüe.

 L'entrée du donjon est entre deux grosses tours quy forment un gros pavillon à deux girouettes fort eslevé.

Le donjon est de figure octogone, flanqué de quatre plates-formes quarrées entremeslées de quatre tours, comprenant les deux de la porte d'entrée rien que pour une, et c'est ce quy forme l'octogone, de mesme qu'une seconde cour quy est au milieu du dedans du donjon; de manière que tout autour les chambres ont veüe d'un costé sur les doües et de l'autre sur cette cour du dedans du donjon.

Ce donjon est entouré de cette doüe, laquelle bat ses murs au-dessous des fenestres et est fort large à fond de cuve, murée de l'autre costé du donjon, du costé de la basse-cour, et tout autour que l'on se promène en bateau sur une belle et vive eau quy s'entretient par ladite rivière toujours à mesme esgalité et dans laquelle il y a aussy des carpes, gardons et tanches.

Le donjon, quy est sur pilotis, est fort et en bon estat, y ayant peu de réparations à y faire; les chambres sont belles et agréables avec une belle chapelle, beaux degrés, et le tout sentant son ancienne et magnifique maison, avec une belle cave dessous la cour du donjon.

De l'autre costé et à l'opposite de la grande entrée du donjon, on en sort du costé du parc par une porte bastarde fort propre, sur un pont à bascule quy conduit, par une terrasse accompagnée de balustres des deux costés, à la galerie quy fait face à cette entrée du donjon ; la galerie est très-belle, large et parquetée sur la voute de la serre de l'orangerie.

Les fenestres de cette galerie ont veüe sur l'orangerie, d'un costé estant de mesme longueur, et de l'autre costé sur un canal quy a besoin d'estre recuré.

La galerie est fort délabrée et a besoin de grosses réparations manquant par les murs dans le fondement , et la voute de la serre aussy pour avoir esté bastie trop délicatement quoyque novissimée n'y ayant pas plus de soixante ans qu'elle est bastie, avec toute la fable en peinture fine quy commence de s'effacer.

A chaque bout de la galerie, il y a une terrasse accompagnée de balustres quy conduisent à deux gros pavillons carrés quy sont aux deux coins de l'orangerie, lesquels sont fort beaux et n'ont besoin que de réparations intérieures.

L'orangerie est de soixante pieds d'orangers doux, aigres, et citrons, quy sont vifs, gros et portant beaucoup de fleurs et fruits. On les place dans un parterre entretenu quy a pour face carrée d'un costé la galerie avec la serre par le dessous, des deux autres costés les deux susdites terrasses, dessous lesquelles, au rez-de-chaussée, il y a d'un costé une volière d'oiseaux autrefois, et de l'autre des grottes avec des figures humaines de pierre quy sont la pluspart gastées, et du quatriesme costé, vis-à-vis la galerie, un grand et large canal d'eau, ledit parterre estant carré.

On descend de la galerie en l'orangerie par un beau degré en fer à cheval fort gasté et non usé ; mais, comme il y a un semblable degré au bout de ladite galerie quy conduisoit autrefois en la fruitière et quy est à présent fort inutile, on pourroit des deux refaire celuy de l'orangerie.

De dessus la terrasse quy conduit du donjon à la galerie, on entre dans une allée ou plustot trois allées par quatre rangs d'ormeaux, quy conduisent au parc et à d'autres allées de cherpres, de buis et d'ormeaux , fort agréables, mais les ormeaux estant dans leur déclin auroyent besoin d'estre renouvelés et fourniroyent à faire les réparations en mettant en place des jeunes ou des marronniers.

Autrefois il y avoit, tant en l'orangerie qu'ès parterres de dehors d'icelle, ès bocages d'estoile et ailleurs, des bassins avec des jets d'eau dont les traces des canaux et mesme quelques canaux restent, entre autres un quy ne cousteroit pas beaucoup à restablir et seroit fort nécessaire, quy conduisoit de très-bonne eau d'une fontaine à la porte du donjon, qu'un dauphin jetoit en un bassin et quy servoit à l'usage de la maison.

Le parc, quy est entouré de murs en bon estat de douze pieds de hauteur, n'est pas grand, mais il est agréable estant sur une colline quy le rend d'une veüe déserte et fait qu'en s'y promenant ou passant dans les issues de promenade, on ne s'aperçoit pas de ses bornes.

 Il y avoit autrefois quelques bestes fauves, comme c'estoit une maison ou il ne manquoit rien, avec une caverne faite exprès pour leur retraite en mauvais temps ; mais ce parc est trop borné et trop près du château pour y en entretenir.

Les chênes du parc ne sont pas fort gros et sont pourtant sur leur retour, n'y ayant pas assez de terrain pour les racines estant sur le roc, ce quy fait que les orages de vent l'esclaircissent souvent.

Dudit parc, par une avenue de bois fort longue, on se rend au milieu du bourg, proche de l'église.

A l'autre extrémité du parc, au bout de ladite avenue, du costé de la campagne, on sortoit autrefois par des vignes du château, quy sont ruinées tout-à-fait et en chaulmes depuis vingt-cinq ans, pour aller à un petit bastiment de plaisir au bout de ces vignes, dépendant du château, appelé la Provence, qu'on peut appeler un petit vide-bouteille ou pour manger du lait, basty en petite noblesse, assez en bon estat.

 

 

REVENUS DE LA TERRE EN L'ESTAT D'A PRÉSENT.

1. Le moulin de Grandvaux (4), à eau comme tous les autres cy- après, consistant en deux roues de moulin, dans lesquelles trois différents particuliers ont chacun un huitiesme, et un quatrième particulier 30 1. de rente pour un semblable huitiesme arrenté par M. le comte de Montaut de ce particulier, et encore un cinquiesme particulier quy a portion d'un seiziesme sur tout le total desdites deux roues de moulin.

C'est le seul moulin de la terre en parsonneries, tous les autres cy-après estant en total du château. Ce quy fait que celuy-cy est affermé aux conditions que le sgr et les autres propriétaires feront faire toutes les réparations nécessaires à leurs frais, de haute et basse meunerie, au lieu que les meuniers des autres moulins s'obligent en leurs fermes à entretenir de haute et basse meunerie; c'est-à-dire les meulanges pour haute meunerie, dont les meuniers en entrant prennent en compte les meules qu'ils trouvent, quy sont au sgr à prisage suivant leur espaisseur, et en sortant payent ce qu'elles se sont diminuées pour leur service pendant leur séjour, s'ils mieux n'aiment, ne les trouvant pas bonnes, en mettre d'autres à leurs frais, qu'il leur est permis d'emporter en s'en allant, laissant en place celles qu'ils y ont trouvées et en mesme état, à moins que le sgr ou celuy quy entre meunier en sa place ne luy paye ses meulanges suivant qu'ils conviennent.

La basse meunerie est la main de l'ouvrier par tout ce quy regarde le meulange, dont le sgr fournist les matériaux seulement rendus sur les lieux.

Quant à ce quy regarde le dehors du moulin, comme chaussée, escluse, murs et autres maçonnes, excepté la couverture, le sgr est obligé à la main de l'ouvrier comme aux matériaux. Cecy soit dit pour tous les moulins.

Ce moulin est affermé pour ce quy appartient du château, savoir : 17 charges de froment pour la moitié ancienne du château, et 40 1. d'argent pour le huitiesme dont le sgr paye 30 1. de rente, en outre 220 1. pour un pré y joignant quy est en entier du château, le tout par chacun an, ainsy que tout cy-après.

Il est à observer pour le tout que le boisseau de froment pèse 65 livres, et que l'on compte de tous bleds la charge estre de six boisseaux ; sur quoy on peut se régler.

2° Le moulin du Grand-Rattier, à deux roues, est affermé 820 1. d'argent et 20 charges de froment.

3° Le moulin de Cantaut est affermé 150 1. d'argent et 18 charges de froment, n'y ayant qu'une roue.

4° Le moulin à drap du Petit-Cantaut est affermé 110 1. d'argent et est le seul quy n'est pas à bled.

5° Le moulin de Coureil-de-vent, à une roue, est affermé avec ses prés 500 1. d'argent et en tout.

6° Le moulin de la Chapelle, à deux roues, est affermé 18 charges de froment, 12 charges de seigle, et 300 1. d'argent pour le pré Nouveau.

7° Le moulin du château, quy est à la porte d'entrée du château, est affermé 20 charges de froment, et 100 1. d'argent pour le pré autrefois grand jardin.

8° Le moulin Blanc, à deux roues (ayant oublié de dire que celuy du château n'avait qu'une roue). Celuy-ci est affermé 20 charges de froment, 12 charges de seigle, et 100 1. d'argent pour le pré de Château-Tison.

9° Le moulin de l'Homme, à une roue, est affermé 19 charges de froment, n'ayant point de pré.

10° Le moulin de la Fosse-à-Tandon est affermé 22 charges de seigle et 126 livres d'argent pour le tiers du pré Cloué (5).

 

 

 

Mestayries.

1 ° La mestayrie de la Halle, dans le bourg, est affermée 16 charges 4 boisseaux de froment, 13 charges 2 boisseaux de baillarge, 10 charges d'avoine et 25 1. d'argent; et il y a les deux autres tiers du pré Cloué pour affenage de la mestayrie.

2° La mestayrie de la Barrière, dans le bourg, est affermée 16 charges 4 boisseaux de froment et 8 charges et 2 boisseaux de bail- large.

3° La mestayrie de Peasmez est affermée 16 charges de froment, 8 charges de baillarge et 78 1. d'argent.

4° La borderie de la Provence, dont est fait mention, est affermée 120 livres d'argent seulement.

5° La mestayrie du Haut-Peyré est affermée 21 charges un boisseau 1/2 de seigle, 21 charges un boisseau 112 d'avoine et 156 1. 5 s. d'argent.

61 La mestayrie du Bas-Peyré est affermée 18 charges de seigle, 9 charges d'avoine et 135 1. d'argent.

7° La mestayrie de la Guérinnerie est affermée 10 charges de froment, 4 charges de seigle, 7 charges d'avoine et 220 1. d'argent.

8° La mestayrie de Pied-Baschez (6) est affermée 16 charges de seigle, 15 charges d'avoine et 140 1. d'argent.

9° La moitié de la mestayrie de la Bosse (7) est affermée 15 charges de seigle, 4 charges d'avoine et 120 1. d'argent.

10° L'autre moitié de ladite mestairie de la Bosse est affermée 18 charges de seigle, 4 charges d'avoine et 120 1. d'argent.

 

1° Il y a le jardin du château, grande partie en labour, où il y auroit de quoy faire un beau jardin. Il y a une maison où loge le jardinier dépendant du château, en entrant dans le bourg. On luy afferme ce jardin, la fruitière et les feuilles des arbres du parc quy tombent, 150 1. avec son logement et paistre dans la parc.

2° Le grand four banal est affermé 860 livres de pain brun et 30 1. pesant de pain blanc par semaine ; fait en tout 4,628 1. de pain pesant, par an, prisé un sol la livre l'un dans l'autre, bon temps mal an; fait la somme de 2,314 1. et 1,250 1. d'argent aussy par an, fait en tout 3,564 1. par an.

3° Le petit four de la Barrière est affermé 360 1. par an.

4° Les fuyes et la vieille vigne à présent en sainfoin, y ayant une seconde fuye obmise cy-devant à parler, quy est entre le donjon et l'orangerie, séparée de tout bastiment, affermées avec ledit sainfoin, 200 1. par an.

5° Les complants des vignes autrefois considérables ; mais comme les fiefs sont presque tous ruinés, on ne prise cet article que 200 1. par an.

6° Les dixmes des bleds dépendantes du château sont affermées 600 1.

7° Les papiers censiers, au nombre de 1200 articles en trois papiers, sont prisés en tout, bled, argent, poules, chapons et autres redevances de rentes, faire payer le tout 700 1.

8° Le greffe du marquisat est affermé 1501.

9° Le péage et minage des jours de marché est affermé 200 1.

10° Le prériage de la Mothe est affermé 20 1.

11° Le prériage de Nanteuil est affermé. 20 1.

12° Le péage de Thorigné est affermé 3 1.

13° Le pré Comte, que le fermier a coutume de serrer par ses mains, vaut 1500 1. de foin et gain.

14° Les pailles des dixmes qu'on réserve valent 30 1.

15° La dix me de Gentray vaut 15 1.

On comptait les bois pour 1,000 1., mais cet article ne doit estre mis en ligne de compte, parce que ce qu'on peut tirer de la vente des bois et des escorces ne peut faire que payer les façons et charrois de 4,600 de fagots que le sgr doit rendre pour les fours qu'il doit chauffer à ses fiais.

Il n'y a point de futaies, tout estant taillis, mais comme on laisse des baliveaux, il se trouve assez de gros arbres pour les réparations.

Il y a les lods et ventes quy ne sont pas considérables, pouvant aller à 300 1. par an, ce quy est casuel.

La terre a droit de haute, moyenne et basse justice, au surplus n'est pas en beaux droits et est fort serrée. Elle relève du Roy, et il n'y a qu'Exoudun quy en relève.

Celuy quy a l'honneur de présenter le présent mémoire à Mgr le comte de Pontchartrain s'appelle Dubreuil, demt à la Mothe-Saint- Héray, a esté fermier de la terre générale dudit lieu pendant plusieurs années, et le seroit encore s'il n'avoit pas eu le malheur de perdre considérablement sur les farines qu'il vendit à MM. les généraux des vivres de la marine de Rochefort, l'année 1708, pour livrer en 1709, suivy du refus de payement des lettres de change qu'on luy avoit données; mais ce grand contre-temps luy en osta la continuation ayant donné de ces lettres de change à M. de Montault, quy, par faulte de payement, le poursuivit en toutes les rigueurs de justice , et à son imitation tous les autres créanciers.

Ce quy l'obligea à abandonner ladite terre et ses autres affaires pour esviter les prisons qu'on le menaçoit ; et se tient à Paris depuis longtemps pour solliciter son payement; et s'il estoit assez heureux d'en sortir bientôt, comme il espère de la bonne justice des puissances, et qu'il fut vray, comme l'on dict, que Monsgr eut achepté cette jolye terre ou qu'il l'acheptat, comme l'on assure, Dubreuil se feroit un grand plaisir de la reprendre encore, soit par ferme, par régie ou autrement, lequel rempliroit, de quelque manière qu'il la prenne, fort bien son devoir, et rendroit Monsgr content, le servant avec une droiture sincère, sy c'estoit par régie, ou le payant très-régulièrement sy c'estoit par ferme ; avec un mesnagement parfait pour les réparations qu'il faudroit faire faire, ayant plusieurs enfants quy y contribueroient de leur mieux et se feroient, comme leur père, un grand plaisir et honneur d'avoir l'honneur et la protection et bienveillance de Monsgr ; ce qu'ils espèrent que ledict les favorisera et ils continueront leurs vœux pour la conservation de la santé et prospérité de sa Grandeur.

Société de Statistique. Papier, 5 feuillets.

 

 

 

==> 1842 Découvert du sceau de Jean de Torsay lors de la démolition du château de la Mothe Saint-Héray

 

 

 


 

(1) Il mourut le 11 janvier 1653; il avait épousé, en 1611 Catherine de Pardaillan-d'Armagnac.

(2) Commune de Goux.

(3) Commune de Souvigné, deuxième canton de Saint-Maixent,

(4) Commune d'Exoudun.

(5) Tous ces moulins sont dans la commune de la Mothe-Saint-Héray.

(6) Commune de Goux.

(7) id.

 

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