La miniature, connue sous le nom de l'Adoration des Mages, était une de celles du célèbre Livre d'Heures d'Estienne Chevalier, presque totalement reconstitué et aujourd'hui au Musée Condé à Chantilly ; sa date serait de 1452 environ. (L'OEuvre de Jehan Foucquet par L. Curnier.)
Le roi Charles VII, en portrait très ressemblant, entouré de sa garde écossaise en brillant uniforme aux couleurs royales : vert, rose, blanc, avec cuirasse et casque empanaché, offre à l'Enfant Jésus, devant l'étable de Bethléem, une coupe remplie de pièces d'or. Deux seigneurs de sa cour le suivent avec les autres présents.
Le château ligure dans le fond, moitié forteresse, moitié château de la Renaissance, pourrait être, soit le château de Chinon, dans lequel Jeanne d'Arc se montra au roi pour la première fois (A. Gruyer), soit peut-être le château de Bois-Sir-Amé, près de Bourges, qui fut habité par Agnès Sorel.
La GARDE ÉCOSSAISE.
Environ ce temps ou au devant, il estoit venu une grande armée d'Escoce (1), bien xm, la ou estoit le connestable d'Escoce, le comte de Boucan qui puys fut connestable de France (2), et moult d'aultres vaillans gens de guerre, a l'ainde du roy de France, qui moult vaillement se portérent en gardant leur loyaulté au roy nostre sire.
L'an mil IIIIcXXIIII, le XVIIme jour d'aoust, les Anglois gaignérent la journée de Verneul, la ou fut prins monseigneur d'Alenson (3) et plusieurs aultres, et fut le jour des Octaves Saint-Lorens (4). Monseigneur le connestable, c'est assaver le conte de Boucan, monseigneur d'Aubmalle (5) et moult d'aultres de France et d'Escoce y moururent:
FIt prope VernoLIVM LaVs angLICa CaVda LeonIs (6).
Plusieurs auteurs font remonter la création de cette garde à Charlemagne, d'autres à saint Louis ou à Charles V. Ce que l'on sait de plus certain à ce sujet, c'est qu'une compagnie écossaise fut organisée sous Charles VI, pour garder la personne de ce monarque, soit pendant la paix, soit pendant la guerre.
L'historien écossais Jean Lesley, évêque de Ross, après avoir parlé de la bataille de Verneuil (1424), où l'armée de Charles VII et les Écossais qui en faisaient partie furent taillés en pièces, ajoute les détails qui suivent :
« D'autres Écossais, résolus d'avoir leur revanche de la défaite de leurs compatriotes, passèrent la mer et vinrent joindre le roi Charles, étant conduits par Robert Patilloc, natif de Dundee. Ce capitaine, par sa sagesse et par son courage, rendit Charles maître de la Gascogne, reprise sur les Anglais.
Le prince fut si satisfait des services des Écossais dans cette expédition, qu'il voulut laisser dans sa propre cour un monument éternel de sa bienveillance envers eux ; c'est pourquoi il choisit un nombre de soldats écossais pour en former ses gardes du corps.
Ils furent nommés archers du roi, parce qu'ils étaient armés d'arcs et de flèches, tant en paix qu'en guerre.
Patilloc fut nommé capitaine de cette garde.
Les Écossais s'acquittèrent toujours de leur devoir avec tant de fidélité et d'exactitude, que la chose a subsisté jusqu'à notre temps. »
Louis XI augmenta sensiblement la compagnie écossaise : il lui accorda plusieurs privilèges, lui assigna une paye très-élevée, et fit tout ce qui dépendit de lui pour s'assurer l'affection de ces étrangers.
Chaque garde avait le rang et les honneurs de gentilhomme; chacun d'eux pouvait entretenir un écuyer, un page, un varlet et deux serviteurs; et ces gardes se recrutaient ordinairement parmi les écuyers et les pages.
Ils portaient la toque écossaise ornée d'un panache, avec une petite figurine de la Vierge en argent; une croix brodée en argent brillait sur leur poitrine; et ils étaient armés, équipés et montés avec magnificence.
Ce ne fut qu'à partir du règne de François Ier que les Français commencèrent à remplacer peu à peu les Écossais. Le dernier capitaine de race écossaise fut Gabriel de Montgommery, celui-là même qui, au tournoi de la place des Tournelles, frappa à mort Henri II.
Sous Henri IV, en 1599, M. de Châteauvieux, Français d'origine, commandait la compagnie; mais le lieutenant et la plupart des gardes étaient encore des Écossais.
En 1612, sous Louis XIII, les deux tiers des charges de la compagnie appartenaient à des Français; et sous Louis XIV, enfin, cette compagnie n'était plus écossaise que de nom.
Alors elle se composait de 100 gentilshommes ou soldats dont 25 recevaient des appointements. Le capitaine prenait le titre de premier capitaine des gardes du corps des rois de France; au sacre, il se tenait debout près de la personne du roi, et la robe du sacre lui appartenait de droit. La compagnie écossaise avait le pas sur les trois autres compagnies des gardes; elle occupait le chœur à l'église et recevait les clefs de la maison ou du logis du roi; aux enterrements des souverains, 25 archers écossais portaient le corps de Paris au caveau de Saint-Denis; et la compagnie, se maintint telle à peu près qu'elle avait été organisée par Louis XIV, jusqu'à la chute de la monarchie.
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Catalogue historique des généraux français, connétables, maréchaux de France, lieutenants généraux, maréchaux de camp. Connétables et maréchaux de France depuis les premiers temps de la monarchie jusqu'à la fin du règne de Louis XIV / par M. Louis de La Roque
Historique et vue dans l'Annuaire du Berry de 1843.
Chronique du Mont-Saint-Michel : 1343-1468 : publiée avec notes et pièces diverses relatives au mont Saint-Michel et à la défense nationale en basse Normandie pendant l'occupation anglaise. Tome 1 / par Siméon Luce
1. En janvier ou février 1421, quatre à cinq mille Écossais, en voyés au secours du dauphin, débarquèrent à la Rochelle sous la conduite du comte de Buchan, de Jean Stuart de Darnley, cousin du comte, connétable des Écossais, et d'Archibald Douglas, comte de Wigton.
2. Jean Stuart, comte de Boucan et de Douglas, passa en France en 1420 avec plusieurs seigneurs écossais et des troupes au secours du Dauphin régent du royaume, qui fut depuis Charles VII.
Il gagna la bataille de Baugé, en Anjou le samedi 22 mars 1421, contre les Anglais ; fut fait connétable de France du 1er au 5 avril 1421, en récompense de la victoire qu'il avait remportée sur les Anglais ; perdit un œil à celle de Crevant, 1423, tué à la bataille de Verneuil, au Perche, contre les Anglais, le 17 aout 1424 de la même année.
Il était le second fils de Robert Stuart, duc d’Albanie, régent du royaume d’Ecosse. Il avait épousé Marie de Douglas, fille de Jacques Archembault, comte de Douglas, capitaine de la garde écossaise sous Charles VII , dont il n’eut pas d’enfants.
Ecartelé, aux 1 et 4 d’azur à trois fleurs de lis d’or, à la bordure de gueules, chargée de 8 fermeaux d’or ; aux 2 et 3 d’or à la fasce échiquetée d’argent et d’azur de 3 traits ; sur le tout, de gueules à trois jambes armées, appointées et éperonnées d’or.
3. Jean II, duc d'Alençon, celui que Jeanne d Arc appelait « le beau duc », était, à titre de comte du Perche, seigneur de Verneuil (Verneuil-sur-Avre, Eure, arr. E vreux). Fait prisonnier dans la journée du 18 août 1424, le duc d'Alençon ne fut mil çn liberté qu'en 1427, après avoir payé une forte rançon aux Anglais.
(4). Comme la Saint-Laurent tombe le 10 août, le 18 de ce mois se trouve être en effet le jour des Octaves.
(5). Outre Jean Stuart, comte de Buchan, connétable de France, et Jean VIII de Harcourt, comte d'Aumale, les Français perdirent à Verneuil Archibald Douglas, duc de Touraine; James, son fils; les comtes de Tonnerre et de Ventadour; Guillaume, le dernier des vicomtes de Narbonne de la maison de Lara.
(6). Allusion au Lion, celui des signes du zodiaque qui correspond au mois de juillet.