L’Histoire en héritage, témoignages du début de l’insurrection Vendéenne de 1793 à Montaigu sous Goupilleau
Le 11 mars 1793, on apprit au district que vingt à trente paroisses s'étaient réunies à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, pour se porter sur Machecoul, et annonçaient le projet d'envahir les districts voisins.
L'administration prit alors le parti de se retirer au château et d'y faire porter les archives. Tous les corps constitués furent en même temps requis de s’y rendre pour y rester en permanence.
Le premier soin fut de prévenir le département de l'insurrection dont on était menacé, et de l'inviter à prendre les mesures nécessaires dans la circonstance.
Le 12, on apprit que les rebelles, en très grand nombre, se dirigeaient sur Montaigu, qu'ils avaient parcouru plusieurs communes, où ils avaient immolé à leur fureur les patriotes qui s'y trouvaient. On s'occupa à la hâte des préparatifs de défense.
Le 13, toutes les paroisses de Montaigu étaient en insurrection.
A onze heures du matin, on vit arriver, par le chemin de Tiffauges, un rassemblement nombreux, formé des habitants de la Guyonnière, la Boissière, Treize-Septiers et la Bruffière.
On n'avait, pour résister à ce torrent, qu'environ deux cents hommes de la garde nationale, qui se portèrent à l'entrée de la ville, au lieu appelé le Petit-Sabot (1).
Là s'engagea une fusillade assez vive, sans être meurtrière; plusieurs patriotes y furent blessés.
Les révoltés, qui devaient être secondés par ceux de la Bretagne (2), suspendirent l'attaque et parurent se retirer (3).
A peine le combat était fini, que l'on vit arriver, sur la grande route de Nantes, un rassemblement de quatre à cinq mille hommes.
La garde nationale se porta au-devant, mais bientôt elle fut obligée de se replier sur le château, laissant la ville exposée au pillage des révoltés, qui se répandirent dans les maisons, où ils commirent beaucoup de dégâts.
Sur les trois heures, les chefs chargèrent une femme de la ville (Mme La Motte), d'aller au château annoncer qu'ils respecteraient les personnes, si l'on voulait leur envoyer une députation à laquelle ils feraient connaître leurs intentions.
L'assemblée, réunie au château, désigna pour cette mission périlleuse un des administrateurs, auquel se joignirent volontairement le président du tribunal et un autre citoyen.
A peine les députés paraissent devant le rassemblement, qu'on se saisit de leurs personnes, on les maltraite, on les traîne près de la halle. Là, un homme furieux, qui portait sur la poitrine l'image d'un crucifix et était armé d'une hache, s'adressant au chef de la députation : A genoux, lui crie-t-il, regarde ce crucifix, et demande pardon à Dieu. La hache levée tombait déjà sur la tête du député, lorsque, heureusement, le coup fut écarté par un voisin moins féroce ou moins fanatique.
Au milieu de ce tumulte, le chef de la députation aperçoit un habitant de Vieillevigne, qu'il reconnaît; il se met sous sa protection, lui fait des représentations sur la violence que l'on exerce envers des citoyens désarmés, qui viennent apporter des paroles de paix ; il lui propose de l'accompagner au château, où l'on pourra facilement régler les conditions que l'on veut présenter, et parvient enfin à l'y déterminer. Le président du tribunal avait la figure couverte de sang.
Dans ce moment, le rassemblement se porte en foule au château, et l 'on s'attendait à voir massacrer tout ce qui s'y trouvait. Cependant, on fait entendre quelques paroles de paix, qui sont répétées avec empressement; paroles trompeuses, dont l'illusion s'évanouit bientôt.
Pour célébrer cette espèce de réconciliation, on convient que, de part et d'autre, on fera une décharge générale des armes, ce qui s'exécute; mais aussitôt les révoltés s'emparent des armes et restent maîtres de la vie des citoyens désarmés.
Une voix homicide se fait entendre : Chargeons nos armes et tuons les tous!... Ce conseil est suivi et le massacre commence. Les blessés au combat du Petit-Sabot ne sont même pas épargnés.
Ceux des citoyens qui parvinrent à se sauver, en escaladant les murs du château, allèrent chercher un asile dans les bois (4).
Cependant, le 16 mars, on forma un comité, composé de MM. de la Roche-Saint-André, Chabot des Coulendres, Richard fils ainé, auxquels on adjoignit deux habitants de l'endroit (5).
Ce comité était chargé de maintenir le bon ordre dans l'intérieur de la ville.
Vers la fin du mois, on conduisit, à Montaigu, une centaine de prisonniers, faits dans les combats ou soupçonnés de patriotisme (6).
Le bruit s'étant répandu dans les paroisses voisines que l'on favorisait ces prisonniers et qu'on les mettait même en liberté, on vit arriver, le 6 avril, environ deux cents hommes de différentes communes, avec l'intention d'égorger tous les prisonniers et tous les habitants reconnus patriotes.
Le comité, instruit de cet affreux projet, pria M. de la Roche-Saint-André d'employer ses soins et son autorité pour en arrêter les suites funestes. M. de la Roche s'acquitta de cette mission avec succès ; mais il fut obligé de conduire aux prisons une partie de ces révoltés, pour s'assurer eux-mêmes que les prisonniers y étaient détenus.
On exigea encore l'emprisonnement de quelques personnes et l'attroupement se dissipa sur les six heures du soir.
(Guerres des Vendéens et des Chouans contre la. République française, par un officier supérieur des armées de la République (Savary, Jean-Julien-Michel), habitant dans la Vendée avant les troubles, t. Ier, p. 100-4. Paris, Baudouin, 18 24-2 7, 6 vol. in-8°, seule histoire loyale de la Vendée.)
L'administration du district de Montaigu ayant été décimée, dans ce jour néfaste, le rapport des membres survivants se ressent de la perte de leurs collègues pour divers détails dont ils ne purent être informés en tout ou partie. Nous tâcherons d'y suppléer au moyen des pièces suivantes :
PIECES JUSTIFICATIVES
Montaigu, 11 mars 1793, l'an 2e de la République française.
Citoyens administrateurs,
Ce matin, un citoyen de Saint-Philbert-de-Bouaine est venu nous prévenir qu'il avait été arrêté à Vieillevigne, par un rassemblement considérable, qui, nous a-t-on dit depuis, a désarmé tous les patriotes de ce pays et s'est emparé d'une charretée de piques que le district de Clisson avait envoyée à Vieillevigne, qui est de son ressort.
Un autre rassemblement s'est formé à Aigrefeuille, et tous deux, dit-on, se sont portés dans une lande voisine, dont ils doivent partir pour assaillir le district de Clisson. On vient de nous avertir que le dessein d'une partie de ces rassemblements, auxquels plusieurs paroisses de notre district pourraient se réunir, le prétexte étant le même, doit, ce soir ou cette nuit, se porter sur Montaigu. Nous prenons les précautions possibles; mais réduits aux seules forces de cette ville, nous avons cru devoir vous avertir de ce qui se passe, pour que vous avisiez aux moyens de sûreté.
Nous avons requis les brigades de gendarmerie des Herbiers et de Saint-Fulgent. Nous aurions bien demandé les gardes nationales de Mortagne; mais ils sont aussi menacés et tout près d'une insurrection, qui n'est pas encore complètement éteinte (7). Aidez-nous de conseils et de forces, s'il est possible.
Nous nous sommes transportés de suite au château, avec la municipalité, qui y est aussi en permanence.
La cause de ces troubles, ou du moins le prétexte, est, comme vous devez bien le penser, le recrutement.
Le tocsin bat de tous côtés ; nous sommes investis.
Les administrateurs du directoire du district de Montaigu,
R. HULLIN, pour le vice-président (8) ;
BROCHARD, secrétaire.
Suscription : Aux citoyens administrateurs du département de la Vendée, à Fontenay.
Montaigu, 11 mars 1793, l'an second de la République française.
Citoyens collègues,
Nous vous dépêchons un exprès, pour vous prévenir que nous sommes certains qu'un rassemblement de quatre à cinq cents brigands, armés de bâtons, perches, fourches et fusils, ayant à leur tête un particulier à cheval couvert d'un manteau bleu, se sont portés, ce matin, sur Vieillevigne. Comme ce bourg est de votre district, vous prendrez les mesures de précautions que vous aviserez nécessaires. Nous en faisons, dès ce moment, autant de notre côté.
Les administrateurs formant le directoire du district,
J. MOISGAS, vice-président;
DOUILLARD, pour le secrétaire.
Sur le verso du feuillet on lit d'une autre écriture :
Le citoyen Beziau, maire de Vieillevigne, accompagné d'un officier municipal, entre dans notre salle et nous annonce le désastre arrivé dans ce bourg, l'invasion subite de sept ou huit cents brigands, leurs ravages commencés, l'expulsion forcée de sa maison et les risques imminents qu’il a courus pour sa vie.
A Clisson, le 12 mars, à quatre heures du matin.
POITOU, président; VRIGNEAU, NICOLLEAU, commis-secrétaires.
Suscription : Aux citoyens administrateurs formant le directoire du district, à Clisson.
Montaigu, ce 12 mars 1793, l'an IIe de la République française.
Mon cher ami,
Nous sommes embarrassés dans ce moment, mais non abattus. Toute la commune de Saint-Georges-de-Montaigu est soulevée, et les autres communes du district présentent les mêmes mouvements. Il nous faut du monde, et je vous exhorte à choisir les plus décidés de votre garde nationale. Nos efforts ne s'étendront pas seulement à la commune de Saint-Georges.
Il pourrait bien se faire qu'après avoir écrasé ces révoltés, il faille en venir aux mains avec les brigands de Vieillevigne, contre lesquels les canons nantais agissent maintenant. Faites partir de suite une centaine de bons hommes, il nous faut bien cela (9).
Il nous est impossible de fournir le contingent demandé. Nous avons pris, ce matin, dans notre séance, un arrêté qui durera jusqu'à la fin des troubles. Il a pour objet de faire porter à chaque communauté, en sols ' additionnels, une somme suffisante pour se procurer le nombre d'hommes qui lui est demandé. Ne nous traitez pas de faibles, vous nous calomnieriez, car nous avons juré d'être énergiques, mais prudents. Nous vous expédions un courrier; mettez dans votre envoi le plus de diligence que vous pourrez.
Vos concitoyens vous saluent fraternellement.
MARTINEAU, commissaire du département ; J.-B. FAYAU, administrateur du district.
Suscription : Au citoyen Martineau, administrateur du directoire, du département de la Vendée, à Fontenay-le-Peuple.
C'est sans doute la dernière communication qu'il y eut entre le district de Montaigu et le département de la Vendée.
Le lendemain, la ville était envahie, la route interceptée dans presque toute sa longueur, et il fut impossible de communiquer. D'ailleurs, tout le personnel du directoire du district avait été massacré ou dispersé. La combinaison de centimes additionnels (comme on dirait aujourd'hui), à fournir par commune, au lieu d'hommes, était certainement bien rencontrée, avec une population toujours hostile au service militaire (10), et c'est sur cette conversion d'hommes en argent que durent porter les pourparlers avec les insurgés ; mais il n'y avait plus rien à faire.
Les pauvres ruraux étaient abusés et fanatisés. Cependant la mesure mérite d'être notée comme habile et judicieuse.
Réquisitoire du Directoire du département de la Vendée, pour envoyer un détachement de grenadiers et de canonniers de la garde nationale au secours de Saint-Fulgent.
Au NOM DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
Nous, administrateurs composant le Directoire du département de la Vendée, requérons le citoyen commandant de la garde nationale de Fontenay-le-Peuple de faire partir demain le restant de la compagnie de grenadiers et un détachement de vingt hommes de la compagnie des canonniers, à l'effet de se transporter, le même jour, accompagnés de sa seconde pièce de campagne et avec le détachement des gardes nationales de Niort, à Chantonnay, et de se porter partout où le rassemblement des révoltés, qui s'est formé à Saint-Fulgent et aux environs, se portera lui-même, le dissiper par tous les moyens possibles, rétablir la tranquillité publique et maintenir la sûreté des personnes et des propriétés, lesquels détachements seront à la réquisition du commissaire du département, s'il se trouve sur les lieux, ou des autorités constituées.
Et, pour la garantie du citoyen commandant, nous avons délivré la présente réquisition, à laquelle nous avons apposé nos signatures.
Fait à Fontenay-le-Peuple, en Directoire de département, le 13 mars 1793, l'an II de la- République.
CAVOLEAU, président; P.-M. COUGNAUD, secrétaire général.
Réquisition adressée par Bouron, procureur-général-syndic du département de la Vendée, aux généraux Verteuil et Marcé, pour faire marcher la force armée contre les insurgés vendéens.
Nous François-Anne-Jacques Bouron, procureur-général syndic du département de la Vendée, requiers, en vertu de la loi du 3 août 1792, et du pouvoir qui nous en a été donné par l'arrêté du Directoire de département du 13 de ce mois, le commandant de la douzième division militaire et le général Marcé, de se porter, avec toutes les forces dont ils peuvent disposer, et qu'ils croiront prudent de déplacer, dans le territoire du département de la Vendée, pour dissiper les attroupements des insurgés, qui sont en grand nombre, qui se sont déjà emparés de plusieurs bourgs et villes, et y ont massacré les patriotes, et de prendre toutes les dispositions qu'ils croiront propres au rétablissement de l'ordre, du respect dû aux autorités constituées, à la sûreté et la tranquillité des bons citoyens.
Fontenay, le 14 mars 1793, l'an premier de la République française.
BOURON.
« Suivant le rapport d'un canonnier, fait prisonnier à la Châtaigneraie, et que j'ai interrogé ici, il paraît qu'il passait à Montaigu, le 11 mars, pour aller s'embarquer à Rochefort, et que le district l'arrêta pour servir les canons qu'ils avaient ; que, se défendant vaillamment au château, où ils s'étaient réfugiés, ils reçurent une lettre apportée par le domestique de la Lande-Buor, qui les invitait à se rendre, avec promesse de ne leur faire aucun mal ; que, cédant à cette invitation, ils furent aussitôt déshabillés et fusillés ; que les insurgés gardèrent le canonnier, malgré lui, pour servir le canon, dont il n'a point fait mauvais usage; que c'était la Roche-Saint-André (11), maire, qui commandait les rebelles à Montaigu ; que Royrand la Roussière les commandait à Saint-Fulgent (12) ; que Lusson, aubergiste, était capitaine, et son frère, ancien vicaire de Saint-Georges, était l'aumônier de leur infernale armée (13). Bongrand, régent du Poiré-sous-la-Roche, mon locataire, y était aussi capitaine. »
(Lettre de Goupilleau de Montaigu, datée de Fontenay, 24 avril 1793, à son frère, réfugié à Nantes.)
« Un canonnier, fait prisonnier à la Châtaigneraie, me donna des nouvelles de Montaigu, où il se trouva lors de l'insurrection. Il me dit que c'était sur une lettre apportée par le domestique de la Lande-Buor, que les administrations, retirées au château, s'étaient rendues, et qu'on les avaient massacrées après ; que c'était la Roche-Saint-André qui commandait l'insurrection de Montaigu, et Royrand la Roussière celle de Saint-Fulgent ; que Lusson, aubergiste, Châtaignier, notaire, y figuraient, et que le frère de Lusson disait la messe, sous les halles de l'Herbergement.
(Extrait d'un journal de voyage de Goupilleau de Montaigu (14), alors en mission dans la Vendée.)
Dans une lettre royaliste d'un commandant de paroisse, du 20 mars 1793, ou entr'autres nouvelles : « Je vous dirai que les patriotes de Montaigu s'étaient renfermés dans le château pour se défendre avec deux canons, et qu'ils ont beaucoup tiré.
Nos troupes l'ont pris d'assaut et ont tué quarante-quatre hommes.
PIERRE BENESTEAU, commandant. »
Aux mois de Mars, Avril et Mai 1793 L'ODYSSEE D'UN OUVRIER TANNEUR EN VENDÉE
Un pauvre ouvrier coupeur de peaux, nommé Demaret, venant de Niort pour se rendre à Nantes et ailleurs exercer son industrie, se trouve pris et rembarré dans l'insurrection vendéenne, en passant à Montaigu, le 13 mars 1793.
Jusque-là il n'avait point rencontré d'obstacles parce qu'on était encore en paix. On n'avait fait que lui demander son passeport, après l'exhibition duquel il avait librement continué sa route. Mais, arrivé en cet endroit, il se trouve enfermé dans un cercle infranchissable, où il est forcé de rester, pendant plus de deux mois, à épuiser ses dernières ressources et se morfondre, sans pouvoir avancer plus loin que Remouillé, du côté de Nantes, ni reculer au-delà de Saint-Fulgent, du côté de Niort. Il tourne incessamment sur lui-même, comme un écureuil dans sa cage.
Enfin, il parvient, par une autre direction, à se rendre à Clisson, après avoir échappé à plus d'un danger, et là on le perd définitivement de vue, sans qu'on sache trop ce qu'il est devenu ensuite.
Nous aimons cependant à croire qu'il ne périt point, puisque son passeport, recueilli par le représentant du peuple Goupilleau de Montaigu, alors en mission dans ces parages, est aujourd'hui entre nos mains. Telle est la triste odyssée que reflète cette pièce curieuse en son genre, toute remplie de l'attestation des vains efforts du porteur pour sortir de l'impasse où il était fatalement tombé.
Il eût parcouru la France entière que sa feuille de route ne serait pas plus délabrée et chargée d'écritures différentes. Le beau régime, en vérité ! Et comme il favorisait bien le travail, l'industrie et le commerce !
Tout est interrompu, plus de circulation possible, on ne peut aller ni venir dans le pays, pas même correspondre. Il résulte, en effet, de la propre déclaration de l'ancien directeur des postes de Montaigu, à l'époque, qu'à partir de l'insurrection de la Vendée, ce service public, si nécessaire, cessa entièrement.
Lui-même, transportant ailleurs son bureau, dès qu'il put se sauver, c'est-à-dire lors de la reprise de la place sur les insurgés, au moins de septembre suivant, se réfugia de suite à Nantes, avec sa famille et ce qu'il put emporter précipitamment de son mobilier, trop heureux de n'avoir pas perdu la vie.
Nous consignons, à la suite du passeport en question, cette déclaration complémentaire, corroborée par l'extrait du Rapport des commissaires de la Vendée, Gallet et Ladouespe, à la Convention Nationale, qui témoigne qu'à six mois d'intervalle, on ne savait encore rien de ce qui se passait d'un bout à l'autre du département.
Nous y joignons une lettre du ministre de l'intérieur Paré, à l'administration générale des postes, pour recréer à Fontenav, chef-lieu du département, les messageries détruites depuis la prise de cette ville par les Vendéens.
Nous terminons enfin par la désolante missive d'une fille de l'amiral Duchaffault, mariée à Castres, départ, du Tarn, dans laquelle, après avoir énuméré toutes ses tentatives infructueuses, elle s'adressait, par duplicata, en désespoir de cause, au représentant Goupilleau, son compatriote, pour avoir des nouvelles de sa famille, dont elle était absolument privée.
A lire de pareils documents, on croirait que la civilisation a momentanément sombré dans notre malheureux pays, après une nouvelle invasion de Normands, ou l'occupation prussienne en 1870-71.
Quis talia fando temperet à lacrimis l
LA NATION, LA LOI, ET LE ROI
DÉPARTEMENT DES DEUX-SEVRES, DISTRICT DE NIORT, MUNICIPALITÉ DE NIORT
Laissez passer le citoyen André Demarct, coupeur de peaux, municipalité de Niort, district de Niort, département des Deux-Sèvres, âgé de cinquante-huit ans, taille de cinq pieds deux pouces, cheveux et sourcils gris, yeux gris, nez long, bouche grande, menton rond, front haut, visage …..et prêtez-lui aide et assistance en cas de besoin. A dit vouloir aller à Nantes et en plusieurs autres villes de la République.
Délivré en la maison commune de Niort, le neuf mars mil sept cent quatre-vingt treize, l'an quatrième de la Liberté, et a signé (15).
DEMARET.
F. ROUGET, officier municipal.
De la part des commendent de Montaigus, lessez passez Monsieur pour aller à Nantes.
DELAUNAY, Sre gr
Vu et permis de sortir de cette ville pour se rendre à sa destination. A Montaigu, ce 13 mars 1793.
CHABOT, LA ROCHE-SAINT-ANDRÉ, SORIN.
Vu passé à Montaigu, le 15 mars 1793.
BONNET.
Vu passé à Remouillé, le 16 mars 1793.
P. BRILLOUET, J. CHIRON, JACQUES GUICHET.
Vu à Remouillé, le 17 mars 1793.
P. GUICHET, maire.
Vu passer à Montaigu pour retourner à Niort.
SORIN, CHABOT, LA ROCHE-SAINT-ANDRÉ.
Vu à Montaigu, où les circonstances ont retenu le dénommé, le 26 mars 1793.
LA ROCHE-SAINT-ANDRE, BROCHARD, GOURRAUD.
Vu passé à Saint-Georges, ce 26 mars 1793,
LEGER, pour le maire.
Vu passé à Saint-Fulgent, 29 mars 1793.
CHATEIGNER, maire.
Vu passé à Saint-Georges.
MÉTAIRIE, officier de garde.
Laissez passer librement le sr Desmarais, coupeur de peaux, qui nous a déclaré vouloir aller à Clisson, pour y exercer son état. A Montaigu, ce 16 mai 1793.
AUVYNET fils aîné, CHAIGNON.
Vu passé au comité. A Clison, ce 17 mai 1793.
GRELLIER.
Je soussigné, Jean-Charles Trastour, ancien administrateur du district de Montaigu et directeur des postes au même lieu, certifie que, depuis le 13 mars dernier, jour de l'insurrection et de la première entrée des brigands audit Montaigu, jusqu'au 20 septembre suivant que j'en suis sorti, avec ma famille, pour me réfugier à Nantes, où j'ai transporté mon bureau de poste, par ordre des généraux, j'avais été dans l'impossibilité de le faire jusque-là.
En foi de quoi j'ai signé le présent, à Nantes, le 19 frimaire an second de la République une et indivisible ( décembre 1793).
TRASTOUR,
Commis à la municipalité de Nantes.
« Le district de Montaigu fut surpris et envahi, avant d'avoir pu se procurer aucun moyen de défense.
Depuis le 13 mars, jour auquel il tomba entre les mains des rebelles, il nous a été impossible d'en avoir la moindre nouvelle, et actuellement encore nous ignorons le sort des fonctionnaires publics, de quelques patriotes et de trois brigades de gendarmerie, qui s'étaient réfugiées dans le ci-devant château. »
(Rapport fait à la Convention nationale, par les citoyens Gallet et Ladouesque, commissaires du département de la Vendée, le 4 août 1793, l'an II de la République française une et indivisible.
Fontenay-le-Peuple, Cochon, imprimeur du département et de la municipalité, 1793, grand placard oblong, composé de deux feuilles in-fol., collées à la suite l'une de l'autre.)
Paris, le 12 frimaire de l'an IIe de la République française une et indivisable (2 décembre 1793.)
Le ministre de l'intérieur aux citoyens composant le Directoire des postes.
Depuis l'affaire du 25 mai, où Fontenay fut pris par les brigands, il n'existe plus de messageries dans cette ville. La veuve Vinet, qui en était la directrice, est morte, et le département de la Vendée demande que cet établissement soit recréé. L'intérêt public l'exige, et je ne doute pas, citoyens, que vous ne preniez pour cela les mesures les plus promptes. Veuillez me faire connaître les dispositions que vous aurez prises à cet égard.
PARÉ.
On lit en marge : « Répondu le 16 frimaire; » mais nous n’avons pas cette réponse, qui n'apprendrait rien de plus sans doute, sinon que le Directoire des postes allait s'occuper immédiatement de la recommandation du ministre.
A Castres, département du Tarn, le 18 frimaire an III de l'ère républicaine (8 décembre 1794).
Par duplicata.
Citoyen représentant,
Je suis née, comme toi, à Montaigu ; mariée avec un ci-devan Languedocien, nous avons fixé depuis douze ans notre séjour à Castres. J'aurais bien désiré que ta mission dans les départements voisins t'eût donné des pouvoirs pour celui du Tarn. J'aurais réclamé ta justice pour rendre la liberté à mon mari encore en détention depuis près de quinze mois, comme plusieurs autres qui, quoique irréprochables également, attendent chaque jour les représentants Mallarmé et Bouillerot pour être jugés et mis en liberté.
Ce n'est pas la seule peine qui m'afflige... J'ai écrit plusieurs fois au citoyen Duchaffault mon père, à ma sœur Lécorce, à ma belle-sœur je leur faisais de tendres reproches sur leur long silence; je me suis adressée au maire de Montaigu, en lui envoyant le certificat de résidence de mon mari et le mien; j'ai prié le directeur de la poste aux lettres de Castres d'écrire à celui de Montaigu, tous ces moyens ne m'ont pas réussi. Aurais-je le malheur de n'avoir plus, dans mon pays natal, ni parents, ni patrie, ni magistrats ?
L'humanité et la justice te caractérisent, citoyen représentant ; tu peux calmer mes inquiétudes, ou si malheureusement la cause existe, tu peux me tirer de la cruelle incertitude qui abreuve mes jours de fiel et d'amertume. Si tu es instruit du sort de mes parents, apprends-le moi, ou si tu l'ignore, il te sera peut-être aisé de prendre des renseignements sur un objet aussi intéressant pour moi.
Ma mince dot est restée entre les mains de mes pères et mère ; j'en recevais exactement les intérêts ; leur amitié y joignait des secours, et ils me prodiguaient leurs bienfaits. Depuis deux ans, je suis privée de cette ressource.
Les brigands de la Vendée auraient-ils ravagé et détruit leurs possessions ? Ce n'est pas ce qui me touche le plus ; mais si tu peux nous procurer quelque éclaircissement là-dessus, tu nous rendras service, à mon mari et à moi.
Pardon, citoyen représentant, si je dérobe quelques instants à tes occupations multiples et si utiles au bien public. Viens au secours de l'humanité souffrante, et apprends-moi, si tu le peux, ce que sont devenus mon père et ma mère presque nonagénaires, et ce que je dois craindre ou espérer.
Salut et fraternité.
BRASSAC, née DUCHAFFAULT.
Nota. — Son père était mort à Nantes, depuis plus de six mois, et sa mère dans la Vendée, depuis plus d'un an et demi.
(Collection révolutionnaire de M. Dugast-Matifeux.)
Suscription : A Monsieur, monsieur Hardouin, commandant à Bouin.
Nantes, 2 octobre 1793, an II de la République.
Mon cher ami,
Le premier usage que je fais de ma liberté est d'en instruire mes amis, et, comme tu es du nombre, je ne devais pas t'oublier. Bien persuadé que tu seras sensible aux malheurs arrivés à ma famille, j'ai cru devoir t'en faire pan. Sachant comme nous nous sommes comportés dans la Révolution, tu ne seras pas étonné que nous ayons été tous proscrits. Nous devions être massacrés, le 13 mars, ainsi que ton frère, qui se trouvait, par bonheur pour lui, à Nantes.
Mon frère et moi nous eûmes la chance de nous échapper du château, chacun de notre côté. Il n'y eut que mon père, qui fut malheureusement saisi et massacré (16). Mon frère fut découvert dans sa cache et reconduit à Montaigu ; mais Mme de Lécorce lui sauva la vie, en le cachant chez elle, car sa maison, ainsi que bien d'autres, étaient des lieux de sûreté.
Les brigands l'ont mené trois fois à Saint-Fulgent et à Chantonnay ; mais il n'y a eu heureusement aucune affaire pendant ce temps-là, car ils auraient fait comme aux autres. Ils mettaient ceux qui leur étaient suspects en avant, sans armes, pour les faire tuer par les nationaux ; mais pour l'ordinaire, ils les tuaient eux-mêmes par derrière.
C'est ainsi qu'ont péri Nœau, curé constitutionnel de Bouaine (17), Biais de Vieillevigne, le contrôleur de Montaigu (18), Jagueneau des Brouzils et une infinité d'autres (19).
Pour moi, je n'ai pas été découvert et je suis resté renfermé pendant six mois. Depuis la fin de mai, mon frère payait vingt livres par semaine, pour être exempt d'aller avec eux.
Tu ne saurais te faire une idée des peines que nous avons souffertes.
Le 13 mars, nos maisons et celle de ma mère ont été abîmées, nos meubles brisés et pillés. Ma mère, ma femme et toute la famille, se retirèrent aux Brouzils.
C'est de là que nous sommes tous partis pour venir à Nantes, quoique les troupes de la République n'aient pas encore pénétré jusque-là. Nous voilà donc ici, avec ce que nous avons sur le corps et rien de plus. On m'a fait parler à, Raulin, premier médecin des armées, qui m'a fait rédiger un exposé des pertes que j'ai faites, et qu'il tâcherait de me placer dans un hôpital de Nantes, ce que je désirerais fort, car, ayant ici toute ma famille, je ne voudrais pas être. obligé de m'en éloigner. J'ai rencontré chez lui le sieur Richard jeune, qui présentait un mémoire pour la même chose, et je pense bien qu'il fera en sorte de réussir, quoi qu'il n'ait rien fait, comme tu sais, pour la Révolution. Mais ces gens-là sont heureux. L'aîné n'a pas paru ici ; il est encore avec les révoltés. Je ne sais quel est son dessein (20).
Si tu avais quelques relations au Comité de santé, je te prierais bien de les employer pour me faire avoir une place dans les hôpitaux d'ici. Cela me ferait connaître et je pourrais y soutenir m'a famille. Tu sais les pertes que j'ai faites, les services que j'ai rendus, depuis vingt ans, à l'hôpital de Montaigu.
Nous avons cinq métairies brûlées ; l'Orvoire et notre maison de Saint-Georges le sont aussi. Tout cela devrait être un titre pour demander et obtenir quelque chose. Je suis persuadé, connaissant tes sentiments à mon égard, que tu feras ton possible pour m'obliger, si tu le peux. Mais parle promptement, car voilà déjà six jours que Raulin a fait passer nos pétitions au Comité de santé, et il est à craindre qu'on parle pour d'autres ou qu'on veuille m'envoyer loin d'ici ; ce qui me serait impossible à cause de ma famille. Enfin, je me repose sur toi. Crois-moi toujours ton sincère ami.
THIÉRIOT, d.-m.
Je demeure dans la même maison que ta femme. Donne-moi de tes nouvelles.
Suscription : Au citoyen Goupilleau de Montaigu, député à la Convention nationale, rue Richelieu, 5, à Paris.
De Fontenay-le-Peuple, ce 13 septembre 1793, l'an II de la République française.
Je crois, mon ami, que les troubles de notre malheureux département sont sur le point d'être entièrement calmés. 25,000 hommes au moins, de la campagne, sont, en ce moment-ci, à Fontenay ; peut-être davantage à Luçon, les Sables, Niort, etc. Une partie agit aujourd'hui; le reste agira demain, et j'espère qu'avant huit jours, nous verrons finir une guerre qui dure depuis si longtemps et qui aurait été terminée, dès son principe, si une infinité de gens n'eussent été intéressés à la prolonger.
L'armée de Mayence est en mouvement depuis plusieurs jours. Elle a sûrement délivré nos parents de l'esclavage dans lequel ils gémissaient depuis six mois. Mon frère le docteur a pu se sauver des prisons de Montaigu, après cinq mois et demi de détention. Il va demeurer avec moi, jusqu'à ce que le Comité de santé lui ait fait avoir une place de médecin de l'armée. Voyez, je vous prie, ce Comité pour qu'il l'expédie promptement. Personne n'a plus de droit que lui à obtenir une place.
Réfugié à Fontenay, après avoir été longtemps prisonnier, ayant rempli, pendant tout le cours de la Révolution, des fonctions d'officier municipal, de membre du directoire de district, avec zèle et patriotisme, exerçant la médecine depuis treize ans, beaucoup l'envie de servir la chose publique et détestant les individus qui ne sont pas utiles à leurs concitoyens, voilà à peu près ses titres. Exposez tous ces motifs au Comité, et je ne doute pas qu'il n'y ait beaucoup d'égard. S'il pouvait occuper une place avec moi, je le désirerais bien ainsi que lui ; faites donc, mon ami, ce qu'il dépendra de vous.
Il m'a dit que votre femme et celle de votre frère se portaient bien. Thiériot le jeune est très sûrement avec les rebelles. Aimé est aux Brouzils. Sauvaget, régent, Chaignon, régisseur, Faverou jeune (21), Auvynet fils aîné forment le comité royaliste de Montaigu. Mme de Lécorce. Nœau de la Rivière, le curé de la Grolle, Puyraveau de la Boissière (22), le vicaire de là, et quelques autres comme eux, ne respirent que le meurtre et le sang. Sorin est en prison, pour n'avoir pas voulu prêter le serment à Louis XVIII. Les Richard font beaucoup de bien, ainsi que La Roche-Saint-André.
Vous avez sûrement appris la petite défaite que nous avons eue à Chantonnay (23).
Vous apprendrez aussi que, vers la Motte-Achard, nous avons battu les rebelles, tué plusieurs de leurs chefs et pris trois canons. Il faut espérer que ça ira.
Faites-moi le plaisir de m'abonner au Moniteur, dès que vous aurez reçu ma lettre. Vous donnerez l'adresse du citoyen Fayau, chirurgien-major de l'hôpital militaire de Fontenay-le-Peuple, armée des côtes de La Rochelle. Mon frère (24), à son retour, vous remettra le prix de l'abonnement.
Je suis, en attendant ces petits services de vous, avec un parfait attachement, votre ami,
FAYAU, chirurgien-major.
Au même.
Fontenay-le-Comte, au sud de la Vendée, à deux hôpitaux en 1793 mais l'un d'entre eux, l'Hôtel-Dieu, construit au XIIe siècle, est en voie de désaffection.
L'hôpital général, créé au XVIIe siècle pour les incurables, reçoit des mendiants, des vagabonds, des enfants trouvés mais aussi des malades. Il est géré par les Sœurs de Saint Vincent-de-Paul, qui refusent de prêter le serment, mais qui sont tolérées jusqu'au 15 novembre 1793.
Un hôpital militaire est installé le 18 avril 1793, puis les Vendéens occupent la ville de mai à août, date à laquelle les Républicains reviennent définitivement. Les blessés des deux camps y sont admis. Il est supprimé en 1796.
Montaigu se trouve en pleine zone de batailles dès le début de l'insurrection. La ville restera aux mains des Vendéens jusqu'en septembre 1793 pendant la période de leurs victoires.
L'hôpital général, qui a reçu ses lettres patentes royales vers 1700, est bien construit et peut recevoir vingt-quatre malades. Il est tenu par des Sœurs, un médecin nommé Fayau, un chirurgien appelé Sue, qui vont avoir l'aide d'officiers de santé républicains prisonniers, comme Richard, Peraudeau et Ratié.
Les trois Sœurs, qui comme ailleurs ont refusé le serment, se réfugient à Nantes en septembre 1793 lors de l'arrivée des troupes républicaines. L'hôpital devient militaire et reçoit trois cents blessés et malades en août 1794.
RAPPORT de l'administration du district de Montaigu à l'administration départementale de la Vendée.
Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou. Tome quatrième, Gauvain-Herb
L'hospitalisation pendant la guerre de Vendée Gaston Blandin
Échos du bocage vendéen : fragments d'histoire, de science, d'art et de littérature : publication illustrée paraissant tous les deux mois
L’insurrection vendéenne 1793 (plan- dates) <==
Vieux château de MORTAGNE pendant la Guerre de Vendée - Louis Sapinaud de La Verrie <==
==> Montaigu, 4 ventôse an II- 22 février 1794 Prieur de la Marne
(1) Il s'y trouvait alors une couple de maisonnettes, occupées par de pauvres gens, et dont la destruction commença dès ce jour-là. L'appropriation de la promenade publique des Olivettes en a fait complétement disparaître les ruines, qu'on voyait encore en 1830.
C'était où s'élève aujourd'hui une petite croix de fer, à l'extrémité de cette promenade en face de l'ouverture de l'ancien chemin de Tiffauges, par lequel étaient venus les premiers insurgés pour se ruer sur la ville.
(2) D 'outre-Loire, c’est-à-dire de la portion du département de la Loire-Inférieure, située sur la rive gauche de ce fleuve, comprenant l'ancien pays de Rais, et dont on appelait encore bretons les habitants,
(3) C’est alors qu’ils fusillèrent, vers l'étang de la Barillère, les gardes nationaux de Mortagne, avec leur commandant Douhet, et les patriotes de Tiffauges, faits prisonniers de la veille.
(4) L'un d'entr'eux fut précisément le président du tribunal de district, Eugène-Esprit Bousseau mais blessé, puis errant à l'aventure, sans trouver de refuge, il périt, le lendemain ou jour suivant, au passage d'un ruisseau, dans la commune de Saint-Georges, où son petit-fils a depuis longtemps exercé la médecine.
Une femme de la ville, terrifiée par ce qu'elle voyait faire au château, se jeta aussi du haut des remparts pour se sauver. Elle tomba dans un épais fourré de ronces et d'épines, qui lui servit de parachute, il est vrai; mais accrochée de toutes parts, elle y resta suspendue sans pouvoir bouger. Elle eût péri, si des insurgés compatissants ne fussent venus la tirer, non sans peine et toute écorchée, de cette singulière position, qui rappelle Absalon pendu par la nuque, (
(5) Le comité royaliste de Montaigu était plus nombreux que ne l'indique ce Rapport, On en donnera la liste, à la suite des pièces, avec une notule sur chacun d'eux.
(6). C'était le noyau de prisonniers républicains, dits de Saint-Florent, parce ce que ce fut là qu'eut enfin lieu leur délivrance. On racontera quelque jour, pièces en mains, leur lamentable odyssée.
(7) Il s'agit-là de l'insurrection de Châtillon, dans les Deux-Sèvres, qui venait à peine d'être réprimée.
(8) Le président, nommé Bommier, curé constitutionnel de Mormaison, qui ne parut point à Montaigu dans cette terrible conjoncture, était peut-être déjà mort. Il y avait, en effet, deux griefs pour un contre lui : intrus et président d'un de ces districts, dont on brûlait partout les papiers pour anéantir les ventes de biens nationaux.
Son cadavre, près duquel se trouvait un pistolet déchargé, fut rencontré dans un pré, sur le bord du ruisseau de l'Isoire, sans qu'on sache s'il sut tué ou s'il se tua lui-même, afin de ne pas tomber vif aux mains des insurgés qui assassinèrent plusieurs habitants de sa commune. Nous possédons des lettres de lui, où l'on voit qu'il présageait son triste sort.
(9) Oui, et d'autres. Ces braves administrateurs étaient bien loin de compte. C'était une armée, et une bonne, qu'il fallait désormais.
(10) Témoin la chanson patoise du conscrit Poitevin :
0 védit in ordre do rei
Pre aller à la guierre. ..
Ma qui ne savas poit tio métei,
0 ne m'avenait jà guière, etc.
(11) Augustin-Joseph dit Augustin de La Roche Saint-André (1756-1793), page à la Petite Écurie du Roi en 1771, ensuite sous-lieutenant au régiment de Bourgogne Cavalerie. Acquis aux idées libérales en 1789.
En 1790 il fut élu premier maire de Montaigu.
Lors de la prise de cette ville par les insurgés vendéens le 13 mars 1793, il réussit à limiter le nombre de victimes des camps insurgé et révolutionnaire. Il fut alors porté à la tête du comité dirigeant la ville. À la suite de la chute de Montaigu aux mains des armées révolutionnaires en octobre 1793, il participa à l’expédition vendéenne au nord de la Loire.
Il fut gravement blessé de douze coups de sabre près de Dol le 20 novembre et mourut de ses blessures à Coulans, près du Mans (Sarthe) début décembre 1793.
(12) Les Royrand de la Poussière, au nombre de trois d'un coup, et deux de leurs domestiques, avaient abjuré le protestantisme immédiatement après la révocation de l'Edit de Nantes, entre les mains de Madeline, curé de Saint-Fulgent, qui leur donna 1’absolution de 1’hérésie. Voir registre d'état-civil de cette paroisse pour l'année 1685, à la fin, où sont consignés ces actes comme des baptêmes.
Ces Royrand étaient les grand père, grand'mére et grand oncle du commandant royaliste et catholique de l'armée du centre de la Vendée.
(13) René-Charles Lusson, vicaire de Saint-Georges de Montaigu, don: le curé était Fouasson, fut pris et fusillé 4 Noirmoutier. le 14 nivôse, an II de la République (3 janvier 1794), en vertu d'un jugement de la commission militaire du lieu
(14) Goupilleau (Philippe-Charles-Aimé), seigneur de Villeneuve, avocat en parlement, obtint du M is de Juigné, sgr de la Rocheservière (Vend.), par lettres du 27 mai 1781, la charge de sénéchal de la Rocheservière, et ce fut en cette qualité qu’il présida à la rédaction des cahiers du tiers Etat sur la sénéchaussée seigneuriale.
Il naquit à Montaigu le 19 nov. 1749 et suivit d’abord la carrière des armes qu’il abandonna ensuite pour devenir avocat. Dévoué, comme son cousin Goupilleau de Fontenay, aux idées nouvelles, il fut élu procureur syndic du district de Montaigu, présida le 25 fév. 1791, à Fontenay, l’assemblée d’élection de l’évêque constitutionnel de la Vendée, puis fut élu député de ce département à l’Assemblée législative.
Il prit place à gauche et se fit remarquer par ses motions contre les prêtres, les nobles et les émigrés ; demanda, le 5 oct. 1791, la suppression des titres de Sire et de Majesté, et, le 10 août 1792, réclama la retraite du roi, dont la présence à l’Assemblée gênait la liberté des délibérations.
Ce même jour il est nommé membre de la commission chargée d’examiner les papiers saisis aux Tuileries.
Elu membre de la Convention, il vota pour la mort du roi, sans sursis et sans appel, fut envoyé en mission en Vendée et signala les dangers que courait la République des suites du soulèvement de ce département.
23 MAI 1793. De Fontenay, où il se trouve en conférence avec ses collègues, le conventionnel Goupilleau de Montaigu écrit à son fils, étudiant à Paris, pour lui donner des nouvelles de la guerre. Il lui mande, entre autres nouvelles, que les « brigands» sont maîtres de tout le pays environnant Montaigu, et que le curé intrus de Mor- maison s'est suicidé pour ne pas tomber entre leurs mains.
Il chercha cependant à empêcher les exécutions inutiles, ce qui le fit un instant suspecter de tiédeur et le fit rappeler le 28 août 1793.
Il fit alors décréter que les membres de l’Assemblée qui avaient protesté contre les actes de la constituante seraient déclarés suspects,
Goupilleau de Montaigu ne communique plus ses renseignements qu’au Comité des recherches de l’Assemblée nationale. Le 30 novembre il signale l’envoi d’une grande quantité de fusils chez M. du Chafïault, et il ajoute :
« Ici, une ligue sourde semble nous menacer ; les nobles se réunissent aux prêtres pour tâcher de persuader au peuple que, par le décret du 27 novembre, la religion est perdue. Tout annonce une grande machination, et nous n’avons rien pour nous défendre. Notre garde nationale refuse de faire le service parce qu’elle n’a ni armes, ni fusils... »
28 juillet 1794 après la mort de Robespierre il se rallia aux thermidoriens et fut envoyé en mission dans le département de Vaucluse, où il poursuivit les terroristes et rendit compte de leurs excès.
Comme son cousin, il fit également partie du comité de sûreté générale jusqu’au 15 germinal an III, fut élu par ses collègues de la Convention au Conseil des Cinq Cents, en sortit en l’an V et se retira à Montaigu, où il se tint au courant de la politique militante.
Renvoyé par les électeurs de la Vendée au Conseil des Cinq Cents le 23 germinal an V, il continua à soutenir les mesures les plus avancées ; hostile à Bonaparte, il fut exclu de la représentation nationale et rentra alors dans une retraite absolue et n'accepla aucun emploi de l’Empereur.
Atteint par la loi du 12 janv. 1816 contre les régicides, il partit pour l’exil ; mais il rentra en France en 1819 et y mourut dans sa ville natale le 1 er juil. 1823.
Goupilleau de Montaigu était le cousin-germain de Jean Goupilleau, dit de Fontenay, qui fut député de la Vendée à la Constituante et à la Convention et qui, lui aussi, naquit et mourut à Montaigu (1753-1823).
(15)Tout ce qui est italique sur ce passeport est écrit à la main, et le reste imprimé.
(16) « Ici repose un homme de bien, Ardouin-Aimé Thiériot, docteur en médecine de la faculté de Montpellier, mort victime de la Révolution, le 13 mars 1793, âgé de soixante-dix-sept ans. » (Epitaphe d'une tombe, entourée de cyprès et posée à l'angle nord du jardin de la Caillaudrie.)
Il y a longtemps que les épitaphes passent pour ne point être l'expression de la vérité, et celle-ci en est une preuve. Ce n'est pas victime de la Rèvolution, mais bien de la contre-révolution, qu'il faudrait y lire, puisque ce malheureux vieillard fut assassiné par les brigands de la Vendée, dont beaucoup d'entr'eux avaient reçu ses soins, depuis un demi-siècle qu'il exerçait la médecine dans le pays. La famille Thiériot possède son portrait au pastel.
(17) Grand oncle de M. Noeau, ancien notaire, juge de paix à Rocheservière.
(18) Louis Chollet, receveur de l'enregistrement et des domaines, marié et père de famille; son dernier enfant n'avait pas encore une année.
(19) Tel aussi, par exemple, que Servauteau de l'Echasserie, qui fut assassiné de cette façon à la Bruffière. C'était, avec Esprit Baudry-d'Asson, son beau-frère, qui devint général au service de la République, le seul autre gentilhomme du district qui eut embrassé le parti de la Révolution. Les nobles patriotes du temps étaient dans la proportion des gentilshommes catholiques au X VI" siècle.
(20) C'était le père de l'abbé Richard, historien de la bienheureuse Françoise d'Amboise, duchesse de Bretagne, dont on travaille à force pour faire une sainte, ancien grand-vicaire de Nantes, depuis évêque de Belley, maintenant archevêque de Paris.
(21)André Faverou jeune, notaire-procureur à Montaigu, avait fait la guerre de l'indépendance américaine, avec Lafayette, Lauzun-Biron et Rochambeau mais il n'avait pas rapporté, comme eux, l'amour de la liberté dans sa patrie.
C'était, sur place, la doublure de Souchu à Machecoul, c'est-à-dire l'agent d'affaires de l'aristocratie. Il ne tarda pas non plus à devenir la juste victime de ses manœuvres, ayant été tué, peu de temps après, dans la forêt des Brouzils, où il se cachait.
(22) Imbécile fieffé, que les paysans eux-mêmes, qui n'en étaient pas dupes, gouaillaient ainsi dans cette rimaille
Allaons-nous en chez Piraveau,
Nous y boiraons do vin nouveau,
Nous le boiraons dan in grand pot,
Dont se sert pile boire ce grand sot.
(23). 17 mars 1793 Combat et prise de Chantonnay: un détachement vendéen s’étant présenté devant cette ville la trouve occupée par la garde nationale républicaine de Fontenay- le-Comte ; un vif combat s’engage et les bleus sont mis en pleine déroute. Les Vendéens s’installent à Chantonnay et rompent tous les ponts qu’ils trouvent sur la grande route de Nantes.
(24) Le conventionnel, dit Fayau-Bretinnière, alors en mission dans la Vendée