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PHystorique- Les Portes du Temps
20 janvier 2022

Soulac, L’ile de Cordouan et le Phare de Cordouan

L'ile et Phare de Cordouan

Une brochure spéciale consacrée à Cordouan a démontré que l'îlot de l'embouchure de la Gironde paraît avoir été détaché du continent par un cataclysme marin qui a dû se produire à une époque fort lointaine.Aussi loin que remontent les preuves, l'îlot lui-même ne s'est pas modifié d'une manière appréciable.

On rappelle ici, par ordre chronologique, les faits principaux qui se rapportent à Cordouan et dont quelques-uns intéressent Soulac.

1er siècle. — Pomponius Méla note à l'embouchure de la Garonne une île du nom d'Antros.

 

 

Antros Insula(Lacurie (abbé). Carte du Golfe des Santons, Pictons sous les Romains)

 

VIIIe siècle.

— L'Anonyme de Ravenne nomme l'île de Cordouan (Cordano). C'est le plus ancien écrit connu donnant ce nom.

En 1087-88, deux religieux quittèrent le petit monastère de Saint-Rigaud d'Aveize, fondé en 1072, au diocèse de Mâcon, par Eustorge de Saint-Austremoine d'Issoire. C'étaient l'abbé Etienne et le prieur Hermenald(Ermenaud) tous deux disciples d'Eustorge.

Liés d'une étroite amitié, contrariés sans doute dans la direction de la communauté, ou ne s'y trouvant pas assez abrités contre les orages de la vie du siècle, ils résignèrent leurs fonctions et se dirigèrent vers l'Océan, qui exerçait sur les imaginations l'attrait de l'inconnu et de la solitude.

Ils arrivèrent dans une île déserte, située à l'embouchure de la Gironde, sur laquelle le phare de Cordouan signale aujourd'hui aux navigateurs les difficultés de la mer, elle appartenait à l'abbaye de Cluny.

Hugues, dans une lettre qui renfermait des consolations douces comme le miel (melliflua consolatione refertas), leur permit d'y établir des constructions, à la condition de rester fidèles à Cluny.

Un de ses moines nommé Guillaume, frère de l'abbé Etienne, alla rejoindre les deux ermites. Ouvrier infatigable, il se livra à la pêche, tressa des filets, creusa des viviers, et fit régner par son industrie l'abondance dans la petite communauté.

Les pêcheurs voisins trouvaient du charme dans les entretiens paisibles, dans la vue des travaux ingénieux, dans les pieux exercices des trois religieux. Chaque jour s'accroissait le nombre de leurs visiteurs.

Comme ce rocher était entouré d'écueils qui en rendaient l'accès dangereux pour des barques fragiles, les moines, redoutant que quelqu'un ne vînt à périr, se déterminèrent à transporter leur chapelle et leurs cellules sur le continent, dans ces sables qui s'étendent entre Bordeaux et la mer, et qui, fertiles aujourd'hui, ont donné leur nom aux vins célèbres de Graves.

Ils firent consacrer cet emplacement par Amat, archevêque de Bordeaux, légat du saint-siège. Le pontife s'assit à leur table, coucha dans leur cellule, célébra la messe, bénit leur cimetière, leur fit promettre de continuer activement la construction du monastère.

Ils le donnèrent à Cluny avec les revenus qui provenaient de leur travail et avec ceux de l'île de Cordouan.  

 

Descente des Vikings

Un prieuré plus important, sur ces mêmes rivages, fut celui de l'île d'Aix, situé à l'embouchure de la Charente, près de l'île d'Oléron. Bâti en 814 par Isembert, seigneur de Chatelaillon, il avait été, peu d'années après, dévasté par les Normands, qui en firent une de leurs places fortes.

Sous le règne de Charles le Chauve, en l'an 844, et dans les premiers jours de mai, Pépin II étant roi d'Aquitaine, Totilon duc de Gascogne et le comte Seguin gouverneur de la ville, on apprit à Bordeaux qu'une flotte nombreuse, venue de la Scandinavie, s'était montrée à l'embouchure de la Gironde (1) et qu'une descente avait eu lieu sur la rive gauche du fleuve, à Sainte-Marie-de-Soulac, ou de la fin des Terres, - «de finibus terrae »

— comme on appelait au Moyen Age la pointe de la presqu'île médoquine (2).

Cette nouvelle fut bientôt confirmée par quelques moines arrivés des bords de la mer et portant avec eux le corps de sainte Véronique, qu'ils avaient eu, dit-on, à peine le temps d'arracher aux profanations des Barbares (3).

On sut alors que l'oratoire de Soulac, où reposaient depuis des siècles les restes de la sainte, était en flammes et que plusieurs bourgs ou même des villes du Médoc occupés par les Normands n'étaient plus qu'un monceau de ruines (4).

Ce n'était pas, à vrai dire, la première apparition de ces Pirates sur les côtes de l'Aquitaine.

Douze ou quinze années avant cette époque, vers l'an 830 (5), ils étaient descendus dans l'île de Ré, où ils avaient pillé et détruit le couvent de Notre- Dame, sans doute ce même monastère que le duc Hunald, fils de Eudes et père de Waïfre, avait habité vingt ans (6).

Aussi à la première annonce du retour de ces hommes dont le nom voulait dire pillage et dévastation, les citoyens de Bordeaux, qui, en dépit d'invasions sans nombre, avaient gardé quelque chose de la virilité romaine, prirent-ils toutes les mesures de défense qu'imposait la grandeur du péril.

Les hommes valides coururent aux remparts, et les clercs, qui savaient que les Païens en voulaient surtout aux trésors, s'empressèrent de cacher dans la terre les vases sacrés et les ossements des Saints.

1092. — Fuyant les dangers de l'îlot et « le tumulte des tempêtes », les trois moines ci-dessus se retirèrent sur la côte continentale, à la pointe de Grave, où ils avaient construit le prieuré de Saint-Nicolas-de-Grave, territoire de Soulac. (Bibl. nat.)

 

MENTION du premier constructeur des églises de Soulac, Saint-Nicolas de Grave et de Cordouan.

Bibliothèque nationale. Man, franc., XIII e siècle, n° 5714, f° 39, r°, col. 2.

A Saint Nicholas de Grava sevelirent lo lur ou degrez de l’outer, e qui giest li bons hom qui fit l’eglise de Solac e de Grava e de Gordan per lo comandament Karla.

En 1092, « Etienne, abbé et ermite de l'île de Cordouan » fait partie des témoins de la fondation du prieuré Saint-Nicolas à Royan, appartenant à l'abbaye de la Sauve-Majeure, comme l'ermitage clunisien de Cordouan.

 Bien que rien ne le prouve, les moines auraient été chargés de sonner une cloche et d'allumer un feu en cas de danger pour les marins.

 

Guillaume IV, comte de Poitou, dans la pensée de réparer ces désastres, le donna à Cluny vers 1107.

Treize à seize religieux, établis dans cette île fertile en prairies et en vins, rebâtirent le prieuré, l'église, et évangélisèrent les pêcheurs du voisinage.

Ils fondèrent cinq petites dépendances dans l'île de Rhé et dans d'autres îlots en face de la Rochelle.

A côté de ces principales dépendances dans le Poitou et dans la Saintonge, l'ordre y possédait encore environ soixante petits prieurés, les uns relevant directement de Cluny, les autres dépendant de Monstierneuf, de Saint-Eutrope de Saintes, de Saint-Georges de Didonne, d'Eysses.

 Les plus importants étaient : Barbézieux, au diocèse de Saintes, qui comptait treize moines; le doyenné de Roncenac, au diocèse de Poitiers, dix; Saint-Georges de Didonne, au diocèse de Saintes, dix. Quelques autres en comptaient sept; le plus grand nombre n'étaient habités que pardeux à quatre religieux.

, le phare de Cordouan dit Tour des Anglais du Prince Noir

XIIIe siècle.

 

Après 1360, lorsque l'Angleterre domine la Guyenne, le Prince Noir, Édouard de Woodstock, prince de Galles, fait construire une tour à feu pour guider les navigateurs, le phare de Cordouan dit Tour des Anglais,  ainsi qu'une chapelle dédiée à la Vierge. (on estime que ce fut de 1360 à 1368 ou 1371

 Le phare, d'ailleurs, n'était pas un monument isolé; à côté de lui, on avait construit une chapelle pour la vierge Marie, et tout un petit village.

Le rocher de Cordouan, on le sait, tenait alors à peu près à la terre, et faisait partie du Bas-Médoc.

Le village était habité par des pêcheurs, la tour par un ermite.

Le premier de ces ermites, qui s'appelait Geoffroy de Lesparre, devait, moyennant un droit de deux gros sterling par bateau chargé de vin, allumer un feu de bois sur la plate-forme.

Une taxe au passage des bateaux permet de subvenir à l'entretien de la tour et à la vie des ermites, comme l'indique une quittance à l’ermite de « Notre-Dame de Cordouan », en 1409.

 

PRO HEREMITA turris capelle de Nostre-Dame de Cordam. 8 Aout 1409

T. Rymer : Fœdera, Conventiones, etc., tome IV, page 156.

Rex, omnibus ad quos, etc., Salutem.

Sciatis quod cum carissimus avunculus noster, Edwardus, bone memorie, nuper princeps Wallie, infra magnum mare, super introitu de Gerond, quamdam turrim et quamdam capellam Beate Marie, una cum aliis domibus et substantiis de petra, ut puta Bikenes, ac alias res ad vasa ibidem, de civitate nostra Burdegalie transeuntia, salvo conducendum, et ea absque deterioratione sive periculo de rokkes et sabulorum custodiendum, fundari et stabiliri fecisset; que quidem turris et capella ac alie res per magnas venti et aque tempestates adeo ruple sunt et prostrate quod totus idem locus, prout informamur, in via perdilionis existit.

Jamque intellexerimus quod Galfridus de Lesparra, heremita predicti loci qui Nostre-Dame-de-Cordani nuncupatur, et predecessores sui, heremile ibidem, duos grossos sterlingorum, sive valorem inde, de moneta nostra Aquitanie, de qualibet navi et vase, cum vino ad civilatem nostram predictain ducendo carcata, ab antiquo tempore habuerint; qui quidem duo grossi ad onera dicti heremite non sufïiciunt, ut accepimus.

Nos, ad hoc considerationem habentes, de gratia nostra speciali concessimus, quantum in nobis est, prefato Galfrido alios duos grossos sterlingorum, sive valorem inde, de moneta nostra Aquitanie, percipiendos, quamdiu nobis placuerit, de qualibet navi sive vase vino carcato, exnunc per dictum locum a civilate nostra predicta transeunte, ultra illos duos grossos perantea, ut predictum est, concessos; volentes quod dictus heremita habeat et percipiat dictos quatuor grossos per manus constabularii et contrarolulaloris nostrorum castri nostri Burdegalie, sive eorum locumtenentium pro tempore existentium. In cujus, etc.

Teste Rege apud Westmonasterium, viii. die augusti.

Per breve de privato sigillo.

 

En 1472, les ermites de Cordouan demandent une hausse de cette taxe, rappelant que la tour a été voulue par le pape Grégoire IX, afin d'entretenir un fanal pour guider les navires. L'existence d'un feu à Cordouan serait donc attestée dès les années 1230.     

Ce service, plus ou moins consciencieusement fait, dura jusqu'en 1584.

 

 

LETTRES de Henri IV, roi d’Angleterre, en faveur de l’ermite de la tour de la chapelle de Cordouan. (Traduction de la pièce précédente.)

Le Roi (7), etc., à tous ceux qui ces lettres verront, Salut.

Sachez que notre grand oncle Édouard, prince de Galles (8), fil établir et édifier dans la grande mer (l’Océan), à l’entrée de la Gironde, une tour avec une chapelle dédiée à la vierge Marie, ainsi que d’autres maisons et dépendances en pierre, pour diriger en sécurité les vaisseaux et navires parlant de notre ville de Bordeaux et les préserver du danger des rochers et des sables.

Cette tour et cette chapelle sont tellement détériorées par la fureur des vents et les tempêtes de la mer que, selon nos informations, elles sont en danger de ruine complète.

Nous savons que Geoffroy de Lesparre, ermite de ce lieu qui s’appelle : Notre- Dame-de-Cordouan, et ses prédécesseurs ont, depuis très longtemps, l’habitude de lever deux gros sterling (9), ou la valeur en monnaie d’Aquitaine, sur chaque navire ou vaisseau portant du vin dans notre dite ville; mais nous reconnaissons que ces deux gros ne suffisent pas aux charges dudit ermite.

Pour ces motifs, de notre grâce spéciale, nous concédons audit Geoffroy, indépendamment des deux gros sterling qu’il perçoit déjà, deux autres gros sterling, ou la valeur en monnaie d’Aquitaine, à percevoir, pendant tout le temps qu’il nous plaira, sur chaque vaisseau ou navire chargé de vin (10) venant de notredite ville (de Bordeaux) et passant par ledit lieu de Cordouan.

Nous voulons que ledit ermite reçoive lesdits quatre gros sterling des mains du connétable et du contrôleur de notre château de Bordeaux ou de leurs lieutenants.

Donné à Westminster, le 8 août.

 

COMPTE des trésoriers de France.

Revue de Gascogne, tome IX, 1868. Communiqué par Ph. Tamizey de Larroque.

1410

Paguat à Jauffrion, de Lesparra, hermitan de N a D a de Cordoan, la soma de dos francs, losquos losd. seignors jurats auen ordenat que lo fossen balliats per amor de Diu et obs. de la fortification de la tor de Cordoan.

 

 

N° IV 15 Avril 1472.

TAXE pour réparer et entretenir la tour de Cordouan sur le rivage de Soulac, en Guyenne, où deux ermites, fondés par le pape Grégoire IX (11 ), allument le fanal pour la sûreté des vaisseaux.

Bibliothèque nationale, départ, des manuscrits, ancien f° 2895, aujourd’hui 20855 des Fonds français, fol. 117.

A tous ceulx qui ces présentes lettres verront et orront.

 La garde et exécuteur du scel et contrescel establiz aux contraclz en la ville et cité de Bourdeaux pour très haut, très puissant et excellent prince monseigneur duc de Guyenne ( 12), Salut.

Savoir faisons que le quinziesme jour du moys d’avril l’an mil cccc. soixante-douze, maistre Jehan Naudin, notaire et secrétaire de mondit seigneur, nous a tesmoigné luy avoir veu, leu et de mot à mot perleu certaine requesle escripte en parchemin, ensemble deux subscriptions des gens de la Chambre des comptes dudit seigneur faictes et escriptes ou pié de ladite requeste, saines et entières en seelz, seigns et escripture; desquelles requeste et subscriptions l’une après l’autre la teneur s’ensuit :

A Messeigneurs des comptes, supplient très humblement les pauvres hermites de Notre-Dame-de-Cordouan : comme il soit ainsi que de bonne mémoire, saint Grégoire pape neufvesme, pour le temps de son pontifîce, ediffia et construa une belle tour dedans la mer près des limites et des rivages de Soulac es pays de Guyenne et en icelle institua deux hermites qui vacant nuit et jour en oraisons envers Dieu pour le bien commun, et aussi icelle tour est guide et conduite à tous navires alans et venans es parties de par deçà, qui souventefoiz les garde de péricliter, aussi que lousjours jusques à présent a esté tenue bien reparée et bien traitée par les roys de France qui par cy-devant ont esté, laquelle tour et esmolumens d’icelle qui provient d’iceulx navires chascun an en grant somme viennent et sortent au domaine de Monseigneur le duc de Guyenne et soit ainsi que, depuis aucun temps en ça, icelle tour est venue en grant ruine, tellement que iceux hermites n’ousent habiter en icelle et leur convint vaguer sa et la, et pour cheiscune foiz qu’ilz passent ou repassent la mer pour aler à icelle tour, il leur convent payer ung escu; pourtant iceulx pauvres hermites ce voiains ont eu recours à Dieu et aux aumosnes du bon peuple chrestian, desquelles aumosnes ont amassé aucuns deniers qu’ils ont converty en fuste qui est à présent devant cette ville de Bourdeaux pour convertir à la réparation de ladite tour.

Toutefoys lesdites aumosnes, ne aussy la faculté d’iceulx pauvres hermites ne suppetent pas à la totalle réparation d’icelle tour, et si provision n’y est donnée en brief qui facilement de présent se pourroit donner moyennant la somme de cent escus avec les aumosnes du bon peuple chrestian, icelle tour pourra ruir et tomber à perpétuaulté, qui seroit un très grand grief préjudice, domage et periclitalion desdits navires, diminucion du domaine de mondit seigneur et du service divin.

Quelle requeste pareille et de semblable effect a esté par lesdits hermites présentée à messieurs du Conseil, lesquels l’ont renvoyé par devers vous pour avoir connoissance du contenu en icelle, et ce fait, donner telle provision sur ce qui de raison appartiendra.

Ce considéré il vous plaise de vostre benigne grâce et en avant régir à tout ce que dit est; aussi qu’il est de nécessité à iceux pauvres supplians avoir ung petit vaisseau pour passer et repasser à ladite tour, voir et visiter les comptes, livres et autres enseignements qui vous pourront donner cognoissance touchant ladite matière et surtout leur donner cette provision que aviserez par raison et selon équité leur appartenir.

Et ce faisant, vous ferez bien et aumosne charitable et serez parti- cipans à jamais en bonnes prierres et oraisons desdits hermites.

 Videantur compota et referanlur. Actum ad binellum primi aprilis anno Domini m. cccc. lxxii  . Audita relalione certilicetur. Ainsi signé : Daniel.

In compotis magistri Johanms Artaud, nuper computabularii Burdegale, pro anno tinito m. cccc. lv°, fit mentio per quoddam arrestum ibi per manum camere computabularii Regis Parisiis scriptum, super capitulo recepte custumarum vinorum in quo legitur? quod, pro qualibet navi vinum oneranti in porlu Burdegale, levanlur vi. solidi turonenses pro turre de Cordoacum, prout per duplum dicti compoli in caméra compotorum domini nostri Ducis Aquitanie retenti a manu dicte camere computabularii Regis signati conslitit.

 Dominus Johannes Augerii, quondam thesau rarius Francie, tempore defifuncti regis Karoli septimi in partibus Aquitanie, dicebat quod recepta dicta custume de vi. solidis turonensibus pro lanterna turris de Cordoagni debet implicari in reffeclione dicte turris et in victu cujusdatn heremite existenlis in dicta turri, pro accendendo ibidem qualibet nocte quamdam candelam ad dandum lumen navigatoribus et aliis naviganlibus per mare venientibus ad portum Burdegale; et quamvis constabularius fecisset ibi receptam, tamen non debebat implicari ad commodum Regis et quod ita esset non inveniebatur fieri recepta in compotis Edwardi Hull, militis, constabularii pro IIIIer annis et XII. diebus tinilis ad Sanctum Michaelem m. cccc. xlvi., nec et fit mentio in antiquo libro Umbrarie, signato : A, inter custumas non declaratas.

Actum in dicta Gainera, die xim. mensis aprilis, ’anno millesimo cccc. septuagesiino secundo posl Pascha. Ainsi signé : Adam, J. Galier.

 

De par les gens des comptes de monseigneur le duc de Guyenne au comptable de Bourdeaux, salut.

Comment par la requeste cy-dessus escripte nous ait esté exposé par l’ermite de la tour de Cordoan, suppliant que pour l’entretenement et réparation de la tour dudit lieu, la vie d’un hermite estant en icelle et pour tenir par chascune nuyt une lanterne sur ladite tour, a alumer et radresser les marchans et navigans venans au port de ladite ville de Bourdeaux, y ait certain droict a prandre et recevoir sur les navires venant audit port; lequel droict qui est de six solz tournois pour vaisseau est de présent appliqué au domaine de mondit seigneur; par quoy la reparacion est discontinuée faire en ladite tour, tellement qu’a ceste occasion ledit hermite n’ouse habiter en icelle; qui est grand interest et péril ausdits marchans, si sur ce de remede convenable n'est pourveu.

 Pour ce est-il que actendu ce que dessus est certifié et que es anciens livres ou mémoire est fait des coustumes de Bourdeaux n’est compris ledit droit de six solz tournois pour vaisseau chargeant vin oudil port, aussi la relacion dudit maistre Jehan Artaud, qui a certenné que ledit droict de six solz tournois pour chascun vaisseau venant oudit port doit estre appliqué es choses dessus dites, et que ou temps qu’il exerceoit ledit office de comptable, il reçut ledit droict au proufit du Roy par certain temps, par ce qu’il n’y avoit point de hermite résidant en ladite tour, et des deniers d’iceliuy droict fil faire certaine réparation necessaire en icelle; considéré aussi que entretenant ladite tour et lumière en icelle et le bien et prouffit de mondit seigneur, l’utilité de la chose publique et seurté des marchans venans oudit port, vous mandons que doresenavant, des deniers venuz et yssus et qui viendront et ysteront à cause de ladite coustume, vous baillez, employez, distribuez, pour la réparation de ladite tour, la somme qui à ce sera necessaire, selon le raport qui par le maistre des œuvres sur ce vous sera fait, et le surplus desdits deniers baillez et délivrez pour l’entrelenement de ladite lanterne et alimentation dudit hermile par chascun an; et par raportant ces présentes ou vidimus d’icelles en forme authentique pour une foiz tant seulement, avec quittance et cerlifïication sur ce souffisant, lesdites sommes ainsi bailliées et distribuées par vous seront allouées en voz comptes et rebatuz de vostre recepte sans aucune difficulté.

 Donné à Bourdeaux, le XIIII e jour d’avril, l’an mil cccc. Lx te douze apres Pasques. Ainsi signé : Daumier, et de son seing manuel cy-mis, auquel nous donnons et adjoustons foy à ce présent transcript ou vidimus avons mis et apposé en tesmoignage de vérité ledit seel que nous gardons, les jour et an que dessus.

 

 

Plan Haut Tour de Cordouan

 

1570 ou 1580 à 1782.

— En 1595, deux jurats de Bordeaux, en mission officielle à Cordouan, signalent un grand banc de sable qui se formait depuis quelques années et qui les réduisit à descendre à « envyron deux mille pas » de la tour (Archi. mun. de Bordeaux).

Cette extension de la plage progressa ensuite à tel point que l'ingénieur Teulère, affecté à Cordouan depuis janvier 1776, montrait dans un rapport officiel de 1782 la crainte de ne pouvoir bientôt plus aborder à Cordouan « si le banc d'atterrage, qui s'est considérablement étendu, ne finit pas par se partager ». Dans un autre rapport, Teulère dit qu'avant 1783 le banc « s'étendait (côté oriental) à quatre kilomètres de distance » de la tour. Pendant la même période, les grands bancs de la passe Nord de la Gironde, dits Asnes de Bordeaux, disparaissaient en bonne partie par l'effet de perturbations sous-marines. Ce sont leurs débris sans doute qui encombrèrent Cordouan et la passe Sud, car les cartes marines de l'époque montrent celle-ci s'obstruant sur les rives de Soulac et de la pointe de Grave.

C'est encore pendant la même période que Soulac et sa basilique étaient recouverts par ces sables qui grossissaient à la fois les rives de Cordouan et de Soulac (voir 1783).

En outre, Montaigne parle, en 1580, des sables de la mer qui envahissaient le Lilhan, situé près de Soulac et dans la zone d'influence de l'estuaire girondin.

 

1584. — Louis de Foix commence la construction du phare de Cordouan, suivant un devis-contrat qu'il signa la même année contradictoirement avec quatre commissaires royaux.

Le célèbre architecte Louis de Foix qui, cinq ans auparavant, avait sauvé le port de Bayonne en redressant le cours de l'Adour, et s'était déjà illustré dans les travaux de l'Escurial.

Il apporta à la tour de Cordouan comme il l'avait fait au palais des rois d'Espagne, un esprit de décoration et de luxe qui nous surprennent un peu aujourd'hui.

La base de la tour était octogonale, de style dorique, avec pilastres, frontons, volutes richement ornés; au-dessus, un premier étage en style composite; dans l'intérieur, une chapelle et la chambre du roi, décorée de sculptures et de médaillons avec une énorme couronne au sommet de la voûte et une inscription emphatique d'un fort médiocre goût; au sommet, la lanterne.

Quelque somptueux que fût l'édifice, il avait le grave défaut de ne s'élever guère à plus de 20 mètres au-dessus des plus hautes eaux. La construction avait été établie, ainsi qu'il est dit dans le contrat passé entre Louis de Foix et le gouverneur de Guyenne, sur « l'isle de Cordouan, » ce qui prouve que le rocher de Cordouan était bien déjà séparé du Médoc.

 L'île devait cependant être assez rapprochée de la terre, et présenter une certaine surface et un certain relief, pour qu'on pût y établir des habitations et un chantier, tandis qu'aujourd'hui ce n'est plus qu'un écueil assez restreint, recouvert périodiquement par la haute mer.

Dans un rapport au roi, Louis de Foix spécifie que Cordouan est « à trois lieues de terre, au milieu de la mer, en un peu de sec qu'elle laisse deux fois en vingt-quatre heures ».

 

 

L'ile et HAUT Phare de Cordouan

 

L'ile et BAS Phare de Cordouan

 

CONTRAT pour la tour de Cordouan passé avec M e Louis de Foix. N’ XIII 2 Mars 1584.

 

Actes de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, 1855, p. 485. Communication de M. le vicomte A. de Gourgues.

Me Louis de Foix, valet de chambre et ingénieur ordinaire du Roy, a soubz l’autorité et bon plaisir de S. M. et de monseigneur Jacques, Sr de Matignon (13), comte de Torigny, maréchal de France et lieutenant- general pour Sadite Majesté au gouvernement de Guienne et par l’advis de messires François Nesmond (14), chevalier, conseiller du Roy en son Conseil privé et president en sa cour du parlement de Bordeaulx; Ogier de Gourgues (15), Sr baron de Vayres, Arvayres, conseiller, maître d’hotel ordinaire de Sa Majesté, president et tresorier-general de France au bureau des finances, estably audit Bourdeaulx, et de messires Michel de Montaigne, chevalier de l’ordre dudit seigneur et maire de ladicte ville de Bourdeaulx, à ces présentés et acceptant comme commissaire à ce député par Sadicte Majesté, a promis de faire, parfaire bien et duemenl les ouvrages necessaires pour la reedification et construction de la tour de Cordouan, suivant les articles en après declairés et après les proclamations suivantes duement faites :

 Articles de ce qu’il convient faire pour la reedificalion de ladite tour de Cordouan, assize au milieu de la riviere de Gironde, à l’entrée de la grand mer, entre la ville de Royan et Notre-Dame de Soulac, à trois lieues loin de terre de chacun costé et à vingt-cinq lieues loin de ladicte ville de Bordeaulx; laquelle dicte tour est lumbée en ruynes par l’impétuosité de la mer, ainsi qu’il a apareu au Roy par les procès-verbaulx sur ce dressés par messieurs les president et trésoriers generaulx de France, establys audicl Bordeaulx, et sur lesquels Sa Majesté a ordonné que ladicte tour sera reediffiée et mise en l’estât qu’elle puisse servir de guide et fanal au de mer comme elle faysoit auparavant, ainsi qu’il s’ensuyt :

PREMIEREMENT.

 Il convient faire un grand bastardeau de charpenterie, lequel sera d’assemblaiges ayant trois palissades en la rotondité d’icelluy et lié et contigu par cent cinquante paulx de differente longueur, assavoir de vingt cinq pieds la tierce partie, de vingt pieds l’autre tierce, et de quinze pieds le reste, sur douze poulces de large et dix d’espoisseur; estant lesdits paulx liés et attachés, tant par le devant que par le derrière, de trois cent traverses de vingt pieds de long chacune et de huit poulces de large sur six d’espoisseur, avec six cent liaisons de demi-pied d’espoisseur sur sept poulces de large; qui serviront de double ceinture pour tenir lesdictes palissades, tant au milieu dudict bastardeau que au dedans et au dehor d’icelluy, pour garder que l’eau de la mer ne puisse passer à travers dans le lieu où il convient faire le fondement de ladicte tour, dont tous les paulx seront frapés à coups de mouthon, tant qu'ils pourront entrer dans terre. Audict bastardeau y aura six cens paulx ou ecluses de differentes longueurs pour servir aux trois palissades, assavoir la tierce partie de vingt-cinq pieds, l’autre tierce de vingt pieds, et le reste de quinze pieds sur huit poulces de large, chacun de six poulces d’espoisseur; tous lesquels paulx seront baplus et frapés à coups de mouthon, et joincts les uns contre les autres, si bien que l’eau…..

 Le tout de bon boys de chaisne longueur, si le besoing le requiert, pour empescher que l’eau des plus grands maréaiges de l’année ne les puisse surpasser dans l’œuvre où il convient faire le fondement.

DEUXIEMEMENT.

Et ledit bastardeau sera remply de pierre seiche en la largeur de trois toises, qui sera esgualement tout à l’entour selon sa pente et talus, pour donner force à la charpente, afin qu’elle ne se puisse esbranler à la tourmente de la mer jusques à la perfection de ladicte œuvre.

TROISIEMEMENT.

Et pour rendre perpétuel ledict bastardeau, fauldra couvrir les trois palissades, chacune en son endroist, d’un rang de grandes pierres de taille de cinq à six pieds de long sur deulx pieds de large et dix-neuf poulces d’espoisseur ; lesquelles pierres seront posées sur les paulx et escluses, à l’entour d’icelluy bastardeau ; lequel sera aussy garni par le pied du dehors contenant trois cent pieds de sircuit, de grandes pierres de taille tout à l’entour par le devant pour servir de defense audict bastardeau, et garder que ladicte charpente ne soyt batue ni descouverte à la tourmente de la mer pour la conservation d’icelle; et à ces fins, la première palissade ne sortira de terre que de neuf pieds, la seconde palissade du milieu ne sortira que six pieds hors de terre, et la troisième, qui est celle du dehors, ne sera eslevée que de deux pieds hors de terre, à cause du tallus et pente dudicl bastardeau.

QUATRIEMEMENT.

Ledict de Foix sera tenu de laisser, après tous les œuvres de ladicte tour faicle et parfaicte ledict bastardeau en pareil estât bon et convenable et ensemble forme figure désigné, d’aultanl qu’il est bien entendu bastardeau sont et demeurent toujours par cy-après en bon estât et bien entretenu pour la conservation de ladite tour et du bastimenl d’icelle — afin de la couvrir et defendre des vagues et impétuosités de la mer, et que ledict bastardeau serve toujours, à l’advenir, de defense et protection du corps et édifice de ladicte tour et plateforme d’icelle à l’encontre de l’injure du temps et de l’eau.

CINQUIEMEMENT.

La montée et grand escalier principal qui passera pardessus ledict bastardeau venant de la mer pour monter sur la plateforme sera eslevé de pierre de taille par surs le tallus de ladicte tour en la haulteur de neuf pieds, ayant de large cinq pieds, et à chacung costé dudict escalier y aura une muraille qui servira de garde fol depuis le bas jusques en haull, et au bout dudict escalier y aura un pont levys entre la première porte et le corps de ladicte tour. ………………….

VINGT-HUITIEMEMENT

Et pour ce que monseigneur le maréchal et mesdits sires les commissaires ont advisé de comettre un homme expert pour assister à la construction dudict œuvre, afin d’avoir esguard si les estoffes et materiaulx seront conformes auxdicts articles, ils y comeltront tel qui leur plaira.

Faict et passé audict Bordeaulx, au logis de monseigneur le maréchal, en la presence de mesdits seigneurs les commissaires, le deuxieme jour de mars mil cinq cent quatre-vingt-quatre.

Ainsi signé : Matignon, F. Nesmond, de Gourgues, Montaigne, Loys de Foix.

 

Coupe de la tour de Corduan

Lettres et indice pour connaitre les particularités de cet Edifice

A La grande plateforme à talus ayant quatre toises de largeur pour la contregarde d’icelle, et pour servir de pourmenoir tout à lentour, et sur le haut de laquelle plate –forme il y a un parapet garny de quatre guerittes faites en domes cette plate forme à trente six pieds des  fondations dans le roc jusque au sommet dudit parapet au quel il y a quelques médiocres enrichissements de moellons bannis et tables d’Espagne en corps saillants, le tout fait de belle pierre de taille de saint mesme.

B Ledit parapet a deux pieds et demy desposseur, etsix pieds de haut avec un marche pied relevé au derrière pour porter injustement la vue de l’homme par-dessus iceluy.

C Le marche pied posé sur les poisseur d’icelle plate forme lequel est joint et pour recevoir les eaux du ciel qu’il faut conserver : d’autant que c’est le plus grand lieu à en recevoir, il a sous la Tour et au bas du rez-de-chaussée une très belle case et deux citernes avec leurs escaliers et grands vaisseaux de pierre de Taillebourg de cette plateforme, on entre de plein pied dans l’étage bas, et sur laquelle il y a plusieurs beaux enrichissements de frontons ajentez à la moderne, et plus haut font les armes de France au deux côtés, desquels est un Mars ayant sa lance et son écu, et à l’autre côté gauche s’entend comme au dernier lieu en l’ordre d’écrire est représenté la figure de gemme tenant un palme et une couronne à diadème, signifiant la paix, tout c’est étages bas est rond comme le reste de la Tour, et garnie sur la surface de plusieurs pilastres à corps saillants d’un ordre composite, il y a en celui étage une grande chambre et deux garde-robes, d’autant que les épaisseurs occupent parties du lieu, lequel étage est séparé par une grande corniche frise et architravuc posant sur les chapiteaux des susdits pilastres, et au-dessus, laquelle corniche se gagne partie en corps saillants, et aussi en grande retraite, La première galerie avec son appui enrichie de tables recoupée de filez et astragallie et petites retraites, ladite galerie a de largeur quatre quatre pieds et demi passée de pierres jointe pour recevoir les eaux pour couler aux citernes, c’est pierre à la beauté et perfection comme le ly air, c’est étage porte dix-neuf pieds de hauteur aux deux côté de la grande porte sont représentés deux busques de plaine bosse dans des niches, dont celle du côté gauche représenté Henri III, Roi de France et de Pologne. L’autre figure est de feu Henry le Grand.

L Le second étage est composé d’ordre Dorique avec plusieurs niches au pourtour, ayant en sa partie supérieur une corniche qui a une très grande saillie pratiquée sur des modelons qui prennent leurs arrachement de dessus l’architrave pour porter une superbe galerie dont l’appui est à jour en cette étage, il y a une chambre, garde-robe et vestibule cet étage est de hauteur de dix-neuf pied de Roi.

 M Le troisième étage est celui de la Chapelle, lequel en dedans a une corniche ç 7 pieds hors le rez de chaussée en son pourtour, sur laquelle s’arrache la plus belle et magnifique voute de bellissime, pierre enrichie d’arêtes auquel recoupée par quadrature, et enfoncée de quadras avec roses et autres belle figures, elle est faite en point de Melon ayant une couverture par le haut de douze pieds de largeur, ou il y a un appui et garde sol répondant au quatrième étage, et duquel on regarde en bas dans icelle Chapelle qui est magnifiquement pausée de marbre blanc et noir et à compartiment, elle a ses vues et ouvertures gagnées dans la voute ou il y a d’excellentes lucarnes, à chacune desquelles il y a des pyramides de pierre de dix à douze pieds de hauteur.

Dans le milieu de cette chapelle a voulu être inhumé, l’entrepreneur nommé de Foix décédé en ce lieu, lequel de son vivant avait fait faire son Epitaphe et qui depuis a été posée en ladite chapelle en une grande table de marbre gravée et écrite en lettre d’or , en laquelle inscription il blâme, méprise et défie Jupiter et Neptune et leurs feux et leurs causes, la vérité est pour ce que l’accident se présentât deux ans après que la susdite inscription fut appliquée à ladite chapelle comme elle est encore à présent, que la mer qui représente Neptune avait presque ruiné l’ile et du tout abattu les contregarde, commençait à entamer la Tour au pied, et n’eut fallu que trois ou quatre jours de marées que la tour parfaite seulement deux ans devant infailliblement s’en allait par terre et ruinée si remède très diligent n’y eut été donné par Ordonnance de Messeigneurs du Conseil du Roi, et de Monsieur le Duc de Sully qui m’y envoya à cet effet, il y arriva en l’année même encore un autre plus grand accident que le précédent, c’est le feu ou foudre du ciel qui représente Jupiter par un certain orage d’un grand coup de tonnerre tout le haut et coupeau de la Tour, fait ruiner et emporter de vingt-cinq pied de hauteur, tout cela déroge fort aux vers qui sont en icelle Chapelle donc voici la teneur.

Ce qui est écrit sur la Table de Marbre qui est dans la Chapelle de la Tour de Cordouan

 

 

L’antique Babillon miraculeuse ville,

Ores un grand désert d’une grande Cité,

Sur le ferme eslement a esté si mobille,

Corduan dans les eaux y demeure arresté.

 

Le Collosse orgueilleux de Lisle Phebeanne,

Tomba d’un tremblement de terre combattu,

Et ce Phare est fondé sur la plaine Occeanne,

Qui tremble incessamment sans qu’il soit abbatu.

 

Le bastiment est vain long et moins difficile,

Des poinctes que Menphis hausse en forme de feux,

Miracle ne peut estre une chose inutile,

Corduan est tout util et tout miraculeux.

 

Qu’on cesse d’exalter le Mausole en Carie,

Ce monument Marin est bien plus excellent,

Celuy la contenoit une cendre amortye,

Et cesluy cy contient un feu vif et bruslant.

 

Un homme ambitieux peut jadis mettre en cendre.

Le Temple Ephesien, mais sur cest œuvre esclos,

Deux immortels en vain n’ont cessé d’entreprendre,

Jupiter par son foudre et Neptun par ses flots.

 

Jupiter qui n’a peu sonserver son Image,

Au Temple Olimpien ne peut rien en ce lieu,

Henry fait veoir icy combien peut davantage,

L’Image d’un vray Roy que celle d’un faux Dieu.

 

Soit le Pallais de Medde ou Linsulaire phare

Qui soit mis en ce rang que veut-on estimer,

Bastir dessus la terre est ce une chose rare,

Mais qui a jamais veu bastir dessus la Mer.

 

N Est le deuxième Dôme dit la Tribune il est composé d’ordre Dorique, et d’une quantité de très-beaux enrichissements au-dedans d’icelui, il n’y a pas grand lieu pour être occupée la place par l’ouverture et appui qui regarde en bas dans le milieu de la Chapelle, il y a par dedans œuvre  sous la voute de cette tribune une Couronne à Diadème Impérial qui est suspendue près ladite voute à jour, et comme détachée si excellente fait que c’est une des hardies et subtile pièce d’Architecture la pierre étant dure comme celle de lierre, et blanche comme L’albâtre, ladite tribune avec un Dôme à 25 pieds de haut, il y a un petit degré à côté qui monte à la quatrième galerie.

O Le petit Dôme est d’un ordre Composite rond et par dehors et par dedans à six pans, ayant six tranneaux ou six pilastres et six fenêtres .

Sa galerie est encore plus Magnifique qu’aucune des autres ayant grande saillie de plusieurs menbres garnis d’ouvrages et enrichissements.

Ce petit et dernier Dôme à ses fenètres garnies de tous côtés de bons barreaux de fer fait avec tel industrie qu’il y a des renures pour placer du gros verre fort espoix afin que le vent n’éteigne le feu du Phanal qui est au milieu de ce petit dôme éfleuré de quatre pieds de haut sur un pied de balustre de cuivre et le bassin dessus ayant trois pieds de diamètre est le tout de bronze, et dans lequel bassin se met du goudron tous les soirs pour allumer le feu qui se reconnait de dix à douze grandes lieux dans la mer qui est proprement l’usage à qoi cette Tour a été destinée. Ce dôme avec sa voute à de hauteur vingt-quatre pieds.

P La piramide ayant vingt pieds de hauteur étant à six pas et creuse par dedans pour recevoir la fumée du petit dôme qui est percé au droit de l’ouverture d’icelle Piramide qui a été plaine de grande difficulté à faire à cause des échaffaudage que le vent de mer ne peut permettre, il y a fallu travailler d’autre méthode, toute la hauteur du phanal dès le bas des fondations jusques au sommet de la piramide il a cent quatre-vingt trois pieds.

E Le dessus du terrain de l’ile laquelle à la forme environ d’oualle, dont l’une des Tours est en l’un bouts, l’autre à l’opposé.

F Les écuries pour les chevaux qui travaillaient à aller querir les matériaux sur le port lors de la construction ruinée en partie par le grant vent, et aussi par le grande houlles et tempêtes que quelque fois la mer était une ondée à travers l’ile par le dessus du pavé qui est retenu par des compartiments de pièces de gros bois.

G L’ancienne demeure et habitation près de la vieille Tour.

H La vieille Tour faite à pans et bâtie de longtemps, et de laquelle il n’y a pas beaucoup de certitude de ces constructeurs, n’y du temps elle est du tout inutile pour être trop basse.

I Lieu ou quelque fois il y a si grandes quantités de poissons qu’on appelle mules qui ont deux pieds et demi de long que c’est chose quasi incroyable. Mais on les voit lorsqu’on est au haut de la Tour à la dernière galerie, et juge ‘l’on de ce lieu tout le fond de l’eau quand il est pleine mer, encore qu’il y ait environs vingt-cinq pieds d’eau, ce qui ne se peut voir d’en bas, l’angle de vue se perdant dans horizon de l’eau.

A PARIS

Chez Jean Boisseau, Enlumineur du Roy, en l’ile du Palais, sur le quai qui regarde la Megisserie à la Fontaine de Jouvence Royale

M. DC. XXXXII.

 

1591 — Six experts envoyés à Cordouan par le maréchal de Matignon disent également dans leur rapport que « l'isle de Cordouan est submergée deux fois en vingt-quatre heures et ne demeure à sec que environ trois ou quatre heures à chacune marée ».

1602. — Louis de Foix proteste par acte notarié contre des exigences fiscales qu'on voulait appliquer à des provisions destinées à Cordouan, où elles devaient arriver en franchise, suivant contrat de 1594. C'est, jusqu'ici, la dernière fois qu'on trouve trace de son existence. On ignore en quel lieu et à quel moment il s'est étendu pour fermer les yeux.

 Le phare était alors terminé, sauf la plate-forme, dont l'agrandissement était prévu depuis 1594.

1606. — Claude de Châtillon, « topographe du roi, » envoyé .. à Cordouan par Sully, dresse le dessin de la tour de Louis de Foix et, en même temps, du phare de 1360, dit Tour des Anglais.

On donne ci-contre la gravure des deux phares d'après l'album de Tassin (1630-1644), qui copia Châtillon.

1606-1611. — Beuscher, ancien contre-maître de Louis de Foix, exécute l'agrandissement de la plate-forme du phare de Cordouan. Voir les deux gravures ci-après.

1788-1789. — Teulère exhausse de 60 pieds la tour de Louis de Foix, sur un plan qui lui fut imposé (cône tronqué).

1783-1850. — Dans le conflit perpétuel qui résulte du flux et du reflux à l'estuaire de la Gironde, un nouveau renversement de courants entraîna, en 1783, la rupture de la plage de sable de Cordouan, suivant le vœu de l'ingénieur de l'îlot (voir 1570-1782).

De ce moment, pendant plus d'un demi-siècle, s'opéra une érosion active des deux côtés de la passe Sud, sur les sables qui y furent accumulés pendant deux cents ans. Au plus fort de ce revirement qui n'intéressait que l'estuaire de la Gironde, l'ingénieur Teulère constatait en mars 1800 que la « pointe de Grave a été rongée depuis deux mois d'environ deux encablures », soit de 400 mètres. .

L'érosion s'éteignait aux environs de 1850. C'est d'elle seule qu'on a gardé le souvenir; c'est elle qui accrédite encore la légende d'après laquelle la presqu'île du Médoc s'étendait naguère vers Cordouan, sinon jusqu'à Cordouan même.

Cette longue érosion de 1783-1850, au lieu de justifier l'empiétement supposé de la mer, ne représente donc qu'une réaction sur l'accroissement et l'encombrement des sables que les côtes de Soulac et de Cordouan venaient de subir pendant deux siècles au moins.

 

 

Histoire de l'ordre de Cluny : depuis la fondation de l'abbaye jusqu'à la mort de Pierre-le-Vénérable (909-1157). Tome 2 / par J.-Henri Pignot...

La Guyenne d'autrefois, ses clercs, ses abbés, ses moines, ses églises et ses monastères / Henry Ribadieu

Documents sur la ville de Royan et la tour de Cordouan.... 1-2 / recueillis par Gustave Labat,...

 

 

 

==> Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU )

==> LA COUTUME DE ROYAN AU MOYEN AGE

 

 


 

Géographie du Golfe du Castrum Alionis devenu la cité engloutie de Châtel-aillon

Durant l'ère des hommes de la préhistoire, il semble bien que le golfe était encore entièrement occupé par la mer, car les traces du passage des humains ne se retrouvent que sur les coteaux continentaux ou dans les principales îles de l'aufractuosité littorale (a) Par le même phénomène que pour le golfe de Poitou, la lumière ne se fait pas plus nettement à l'époque romaine.


 

(1) Annales de Saint-Bertin. — GUIZOT, Coll. des Mèm. rel. à l'Hist. de France, t. IV, p. 138.

(2) BAUREIN, Variétés Bordeloises, t. 1, p. 19 et 61. — Cf. DOM DEVIENNE, Hist. de Bordeaux, t. II, p. 2 3 -

(3) CIROT DE LA VILLE, Hist. et Descr. de l'Eglise Saint-Seurin, p. 147. — Selon le bénédictin Dom Devienne, les reliques de Soulac auraient été transportées à Bordeaux au XVIe siècle par ordre du Parlement qui redoutait les profanations des Religionnaires. Mgr Cirot de la Ville n'a pas cru que cette assertion fût applicable au corps de la sainte : « Il a paru évident, dit-il (p. 368), » que la translation du corps de Véronique, de Soulac à Saint-Seurin, était bien antérieure aux faits de 1568 racontés par Dom Devienne. » Mgr Cirot reporte la translation au temps de l'invasion normande et s'appuie de remarques archéologiques faites sur les tombeaux de la crypte Saint-Fort. J'ai adopté l'opinion de Cirot dont l'ouvrage est un prodige de patience et d'érudition.

Les deux versions peuvent du reste se concilier. Le monastère de Soulac avait autrefois un grand nombre de reliques ; il possédait entre autres des fragments de la vraie Croix et des épines de la sainte Couronne ; il serait possible que l'ordre du Parlement eût en vue ces dernières.

(4) La dévastation du Médoc par les Normands n'est pas contestable, trop de monuments et de traditions l'attestent ; il faut cependant reconnaître que les témoignages dont les historiens s'appuient ne sont pas absolument à l'abri de toute critique. Les deux mots « vicum metullensem, » relevés par le Gallia Christialla dans les écrits contemporains (Chron. de gestis Normannorum, et Lemovic. sanct. Martialis), signifieraient, selon certains auteurs, non point le Médoc, mais la ville de Melle en Poitou : ainsi l'interprètent Fleury, dans son Hist., t. X, p. 501, et Ruinart, dans ses notes sur Grégoire de Tours, p. 159.

—Le Gallia Christiana rapporte, d'un autre côté, l'événement à l'an 848, c'est-à-dire l'époque de la deuxième invasion ; il me semble plus logique de le fixer à la première. Il est probable d'ailleurs que le Médoc fut ravagé aux deux époques. — Cf. BAUREIN, Variétés Bordeloises, t. 1 et II, et Gallia Clzristialla, t. II, col. 796.

(5) « Herio insula a generali monachorum habitatione destituitur mense junio. (Chronic. Aquitan. ad annum 830. — Cf. DEPPING , Hist. des Exped. mar. des Norm., p. 63.) 

(6) Annales de Metz. — MONLEZUN, Hist. de la Gasc., t. I, p. 270..

(7) Henri IV, roi d’Angleterre, le 13 septembre 1399, couronné le 13 octobre de la même année, mort de la lèpre le lundi 20 mars 1413. (Moréri, tome IV.)

(8) Le prince de Galles, surnommé le Prince Noir (de la couleur de son armure), fils d’Édouard III, fut investi en 1355 du duché de Guyenne.

Le 19 septembre de l’année suivante 1356, un lundi, il gagna sur le roi Jean II la bataille de Maupertuis, dite ordinairement de Poitiers. Le roi Jean, conduit d’abord à Bordeaux, fut amené prisonnier en Angleterre.

 L’année suivante, 1357, dans le but de le satisfaire, son père lui donna la Guyenne sous le titre de principauté d’Aquitaine.

 Rentré en Angleterre en 1371, pour réparer sa santé délabrée et respirer l’air natal, il mourut à Westminster le jour de la Trinité, 8 juin 1376, à l’âge de quarante-cinq ans.

(9) Gros sterling. Il est incontestablement fort difficile de préciser d’une façon exacte la valeur actuelle d’une somme quelconque à une époque aussi reculée. Notre ami, M. Emile Lalanne, a bien voulu se livrer, pour nous être agréable, à un travail d’après lequel un gros sterling devait représenter à la fin du XIVe siècle le pouvoir de 7 fr. 50 d’aujourd’hui.

Le gros sterling valait 3 deniers sterlings, qui valaient chacun 5 deniers courants. 3 X 5 = 15.

15 deniers étaient, à cette époque, la valeur du gros, qui, à la taille de 80 au marc, valant 6 fr. 12 s., représentaient 0 fr, 0825; le marc d’argent vaut aujourd’hui environ 6 fois plus et le pouvoir peut être considéré comme 15 fois plus grand; soit 0 fr. 0825 X 6 X 15 = 7 fr. 4250, donc 7 fr. 50 environ.

(10) Navires chargés de vin. — Déjà commençait à se dessiner le genre de commerce, qui devait jusqu’à nos jours être la fortune du pays bordelais.

(11) Grégoire IX, pape le 19 mars 1227. Il était né à Anagni, en Campanie; il mourut le 21 août 1241.

(12) Monseigneur le Duc de Guyenne. — L’an 1469, le roi Louis XI donna la Guyenne pour apanage à son frère Charles; mais ce prince mourut en 1472 et la Guyenne revint définitivement à la couronne de France. (Moréri, 3 e volume.)

(13) Jacques de Matignon, comte de Torigny, maréchal de France. Jacques de Goyon, comte de Matignon et de Torigny (1565), maréchal de France (1579), né le 24 septembre 1525 à Lonlay (Orne), mort le 25 juin 1597 au château de Lamarque en Médoc; il était gouverneur de la Guyenne. L’inventaire sommaire des archives municipales de Cadillac donne pour date de sa mort le 27 juillet de la même année.

(14) François Nesmond, chevalier, conseiller du Roi en son Conseil privé, fut nommé président à mortier au parlement de Bordeaux le 27 août 1572.

(15) Ogier de Gourgue, vicomte de Juilliac, seigneur de Montlezun, Gaube, Roquecor, La Rochechaudry et autres lieux, baron de Vayres, intendant en Guyenne, conseiller d’État, gouverneur des finances de la province. De son second mariage avec Finette d’Aspremont, le 16 août 1574, il eut un fils qui fut le célèbre Marc-Antoine de Gourgue, premier président au parlement de Bordeaux de 1616 à 1628. Ogier de Gourgue mourut à Bordeaux le 20 septembre 1594. Lire dans la chronique d’Étienne de Cruseau, tome I, pages 97 et 98, le détail des obsèques qui lui furent faites.)

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