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PHystorique- Les Portes du Temps
20 décembre 2021

Ordre du Collier de Savoie, dit de l'Annonciade, fondé en 1362 Amédée VI de Savoie

Ordre du Collier de Savoie, dit de l'Annonciade, fondé en 1362 Amédée VI de Savoie

Dans l'état de formation de notre société du moyen-âge, la chevalerie, alliance étroite de l'esprit chrétien avec l'esprit féodal, a accompli une carrière généreuse et civilisatrice.

Un chevalier se consacrait à la défense des opprimés; aux recherches excessives des occasions de gloire et de danger il unissait les pratiques d'une charité exemplaire pour les pèlerins et les lépreux; il professait un respect passionné pour la femme, que les législations barbares avaient jusqu'alors considérée comme une esclave.

L'épée du chevalier, serviteur du Christ, fut constamment une protection pour la religion et la justice, malgré la faiblesse humaine, qui, au moyen-âge comme aujourd'hui, a sans doute bien souvent, à côté de l'élévation du but, laissé surgir la défaillance du fait.

L'application de ces idées a fait naître les compagnies religieuses et militaires des Templiers, des Hospitaliers, de Saint-Lazare, du Saint-Sépulcre, etc.

Les princes comprirent bientôt quelle force pouvait présenter la réunion de plusieurs chevaliers dirigés et excités vers un but commun et national; ils multiplièrent ces compagnies en leur donnant des statuts et des marques de distinction.

Amédée VI de Savoie, la personnification de la chevalerie de son époque, avait, dès l'an 1350, fondé l'ordre du Cygne noir, dont le but était de s'opposer aux guerres des particuliers (1).

Douze ans après il fonda, l'an 1362 (2), en l'honneur des quinze mystères joyeux de la sainte Vierge, l'ordre du Collier de Savoie, dont les comtes et ducs de Savoie furent successivement les grands-maîtres, composé de quinze membres, lui-même étant « chiefs quinzesme des chivaliers pourtants ledit Ordre. »

 Il y a beaucoup d'incertitude sur la forme primitive du Collier porté à cette époque (3). On sait seulement qu'il était d'argent doré supportant un noeud composé de trois lacs d'amour.

Les statuts de l'ordre, probablement égarés, furent de nouveau mis en écrit le 30 mai 1409 par Amédée VIII, petit-fils du fondateur (4).

Le même Duc fit des additions à ces statuts le 13 janvier 1434. Charles III, onzième grand-maître, ajouta, en 1518, dans le vide formé par les trois lacs du noeud, l'image de l'Annonciation de la Vierge et les quinze roses sur le grand Collier; depuis cette époque, l'Ordre a pris le nom de l'Annonciade. Ce même prince, en l'honneur des cinq plaies de N.-S. Jésus-Christ, augmenta de cinq le nombre des chevaliers, qui fut ainsi porté à vingt.

Emmanuel-Philibert, le glorieux restaurateur de la monarchie de Savoie, restaura aussi son Ordre suprême; il fit encore des modifications aux statuts de l'Ordre en 1570 (5) et 1577, tels qu'ils étaient encore en vigueur dernièrement.

La Chapelle de l'Ordre était établie à la chartreuse de Pierre-Châtel.

Après la cession de la Bresse et du Bugey à la France, elle fut transportée en 1607, par Charles-Emmanuel I (6), dans l'église des Hermites, dits Camaldules, sur la colline de Turin, et en 1840 dans l'église de la chartreuse de Collegno, près Turin.

Sous Charles II, le costume des chevaliers se composait d'une tunique de damas blanc et d'un manteau de velours cramoisi fourré de menu vair, frangé et brodé de lacs d'amour et des lettres F. E. R. T. (7).

Pour les cérémonies de deuil, le manteau — primitivement une robe blanche que chaque chevalier devait donner aux Chartreux — était de drap noir pendant jusqu'à terre. Emmanuel-Philibert voulut que le manteau de cérémonie fût de velours bleu d'azur doublé de taffetas blanc, brodé comme il est dit plus haut, et la tunique également de taffetas blanc.

Sous Charles-Emmanuel I, le manteau d'amaranthe fut doublé de toile d'argent, et au lieu de la robe ou tunique blanche, les chevaliers portèrent l'habit de satin blanc avec les chausses troussées de l'époque.

 Sous Charles-Emmanuel II, le costume était.de velours plein amaranthe semé de roses et flammes en broderies d'or et d'argent, bordé de lacs d'amour de l'Ordre, frangé d'or et doublé d'une toile d'argent bleue à fleurs ; l'habit de satin blanc brodé de soie.

Plus tard, la couleur du manteau fut de nouveau en cramoisi, comme elle l'était encore du temps de Charles-Albert (8).

L'Ordre de l'Annonciade réunit les meilleures conditions pour mériter une place de choix parmi les plus illustres Ordres chevaleresques d'Europe.

 Il a pour lui l'ancienneté de sa fondation et le rôle historique joué par le célèbre fondateur et, ses successeurs; le nombre très restreint des chevaliers de cet Ordre et la double sanction accordée à leur valeur et à leur mérite par le choix du souverain et la ratification de leurs frères d'armes (9).

 

 

 

Chevaliers de l'ordre du Collier de Savoie, dit de l'Annonciade, appartenant au duché de Savoie, de 1362 à 1860 , par le Cte E.-Amédée de Foras,...

 

Ordres et les différentes formes de réunions chevaleresque apparues à la fin du Moyen Âge <==

 


 

(1)Voir Cibrario Opuscoli, Turin, 1841, fol 65 et suiv.

(2) Il serait trop long de réfuter les fausses notions à propos de la date et du but de cette fondation que les auteurs français les plus autorisés copient les uns sur les autres, sans jamais recourir aux sources.

(3) Le dessin donné par Capré et que j'ai suivi pour orner le blason d'Amédée VI, ne paraît pas être celui de la forme plus ancienne.

(4) Ces statuts fort intéressants — quelques lignes du préambule servent d'encadrement à ces pages — ont été imprimés sous le règne de S. M. le Roi Charles-Albert, dans trois ouvrages qui n'ont pas été mis dans le commerce : Statuts et Ordonnances du très noble Ordre de l'Annonciade ; Sigilli dei Principi di Savoia; Série dei Cavalicri délia SSa Annunciala, etc. Une clause fort importante qui a certainement contribué à la célébrité de l'ordre, est contenue au XIIe chapitre : « Item que toutes les fois que la mort feroit vacquer aucun des chevaliers de l'ordre que nous devons demander desdits chevaliers ceulx qui nous seront en ayse davoyr et parleur conseil eslire aulcim bon valliant et prodome chevalier pour restaurer la place qui seroit vacquée, etc. »

(5) A cette époque, le collier n'était plus porté que par un seul chevalier, Sébastien de Montbel, comte d'Entremont.

(6) Ce prince, treizième grand-maître, paraît avoir été le premier à former une catégorie toujours très rare de chevaliers étrangers, composée de princes souverains ou des plus illustres personnages de la chrétienté.

(7) Les historiens se sont épuisés en combinaisons pour expliquer ces quatre lettres. Il est fort possible que ce mot porte en lui-même sa signification la plus naturelle.

(8) Outre les ouvrages déjà cités, cette compilation est extraite principalement des catalogues de Capré et de Cigna-Santi. Depuis 1785 à 1860, j'ai suivi un manuscrit que m'a communiqué mon ami, le général comte de Seyssel, directeur de la royale galerie d'armes de Turin.

(9) Avant d'être décorés de l'Ordre supérieur de l'Annonciade, les chevaliers devaient déjà s'être illustrés par de longs et brillants services et être issus de noble et ancienne famille ; il a été dérogé quelquefois à cette dernière condition en faveur de services exceptionnels. Suivant l'étiquette de la cour de Turin, les Colliers de l'Ordre, qualifiés de cousins du roi, prenaient le pas immédiatement après les princes du sang.

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