Contrat de fondation de l'Hôpital de la ville d'Oiron, par Mme de Montespan
Le Poitou a été une terre de femmes célèbres : c'est une femme de la maison de Lusignan, dont la renommée fut telle qu'elle resta légendaire sous le nom de la fée Mélusine, fée bienfaisante et bâtisseuse de tous les grands châteaux, fée dont le souvenir a imprégné le folklore poitevin de toutes les époques. Poitevine aussi madame de Caylus, qui s'illustra dans les lettres au XVIIe siècle. Poitevine encore la belle Diane et aussi un peu Madame de Montespan, dont le goût artistique s'exerça à Oiron.
Et n'ayons garde d'oublier ces trois femmes, si différentes entre elles, mais, poitevines toutes les trois, et qui toutes les trois devinrent reines » : Eléonore d'Aquitaine, dont le dépit amoureux donna pour un temps à l'Angleterre tout l'ouest de la France ; Eléonore d'Olbreuse, qui devint duchesse de Zell et dont la descendance se retrouve dans toutes les maisons royales d'Europe ; Françoise d'Aubigné, enfin, Madame de Maintenon, grande moraliste et grande éducatrice, qui fonda la maison de Saint-Cyr, joua un rôle si important à la cour de Louis XIV et devint épouse morganatique du roi.
Depuis le jour ou Françoise de Rochechouart, demoiselle de Tonnay-Charente, arriva à la Cour jusqu’à celui où elle épousa Louis-Henry de Pardeilhan de Gondrin, marquis de Montespan, trois années s’écoulèrent ; quatre autres jusqu’au moment où elle supplanta dans la faveur royale Louise de La Vallière ; quarante jusqu’à celui ou, favorite déchue et depuis longtemps déjà à peu oubliée, elle acheva, le 15 avril 1700, au nom des enfants du duc d’Antin, son fils, le château du duc de La Feuillade à Oiron, près de Loudun en Poitou, délaissant par là-même l’hospice de Fontevraud à partir de 1703 et s'y installe en 1704 après la mort de sa sœur Marie-Madeleine.
Le château d'Oiron, ancienne résidence de Madame de Montespan, après sa disgrâce ; bâti par les Gouffier, dont l'un fut grand écuyer de François Ier, a été un haras de Henri II ; l'aile gauche est restée intacte, le corps principal et l'aile droite rebâtis par Madame de Montespan; chapelle collégiale, très belle, renferme les tombeaux des Gouffier et de l'amiral Boucicaut, mutilés au temps des guerres de religion ; hôpital fondé par Madame de Montespan, où l'on voit son portrait par Mignard, la représentant en Madeleine repentie, dans une grotte; le visage est intact, le reste retouché, la poitrine voilée par ordre des bonnes sœurs qui desservent l'hôpital.
Contrat de fondation de l'Hôpital de la ville d'Oyron, par Mme de Montespan
Par devant Jean Geoffroy et Louis Richard, Conseillers du Roi, Notaires Gardes notes.et Gardes Scel au Châtelet de Paris soussignés, fut présente Très Haute et Puissante Dame Madame Françoise De Rochechouard, Chef de Conseil, et Sur Intendante de la Maison de la Reine, Veuve de Haut et Puissant Seigneur Messire Louis Henri de Pardaillan de Gondrin, Chevalier, Seigneur, Marquis de Montespan, et autres lieux, demeurante à Paris en son Hôtel, quartier Saint Germain des Prés, Paroisse Saint Sulpice.
Laquelle considérant qu'il n'y a rien de plus agréable à Dieu et de plus propre à obtenir la rémission des péchés que de secourir les Pauvres, madite Dame aurait depuis longtemps désiré d'établir un Hôpital, mais n'ayant pas de terres à sa disposition pour lors, elle aurait retiré à Fontevrault, dont Madame sa Soeur est Abbesse, et où madite Dame faisait son principal séjour, des Pauvres au nombre de cent ou environ, Vieillards et Orphelins, de l'un et de l'autre sexe sous le Nom et Invocation de la Sainte Famille, et aurait choisi pour servir lesdits Pauvres à perpétuité des Soeurs de la Charité, Servantes des Pauvres, de la Communauté de S. Lazare à Paris, au nombre d'onze.
Pour cela madite Dame leur aurait donné quatre cents livres de Rente au principal de huit mille livres assignées sur les Aides et Gabelles, le tout comme il est porté au Contrat qui en fut passé entre madite Dame et les Soeurs de la Charité, par-devant Aveline et le Fèvre, -Notaires à Paris, le 28 d'Avril 1693.
Mais depuis, M. le Marquis d'Antin (1), ayant acquis (des deniers qui lui ont été donnés, par madite Dame) la Terre et Seigneurie d'Oyron, les Baronies de Moncontour et Cursay et Lieux dépendants, madite Dame a désiré d'y transférer ces mêmes Pauvres, et y fonder un Hôpital sous même Nom et Invocation de la Sainte Famille, et d'y transférer aussi lesdites Soeurs de la Charité pour y servir lesdifs Pauvres ; lesquelles Soeurs pour sûreté de leur engagement ont désiré qu'il fut passé un second Contrat, portant un consentement réciproque de madite Dame de Montespan et de Mad. l'Abbesse, Chef d'ordre de. Fontevrault et des Religieuses de lad. Abbaye, et de ladite Communauté des Soeurs de la Charité, de faire cette translation, ainsi qu'il est porté au Contrat, passé par devant Richard et son Confrère, Notaires à Paris, le quatorze de Novembre mil sept cent trois, sur lequel a été obtenu Lettres Patentes de ratification en Chancellerie, le vingt deux Décembre ensuivant.
Lequel Contrat madite Dame de Montëspan veut qu'il soit exécuté selon sa forme et teneur; et comme les bâtiments que madite Dame a fait faire audit Qyron se trouvent entièrement construits et achevés, et composés de trois grands corps de Logis, quatre Pavillons et une Chapelle, contenant six vingt toises ou environ de partour, meublés de Lits garnis, linges, vaisselles et autres ustenciles nécessaires pour l'entretien, nourriture et logement desd. Pauvres et qu'il est nécessaire de pourvoir à leur subsistance.
Et pour rendre cet Hôpital sûr et solide à l'avenir pour toujours madite Dame de Montespan a par ces Présentes fondé et fonde à perpétuité ledit Hôpital, à présent bâti audit Bourg d'Oyron, sous le Nom et Invocation de la Sainte Famille pour la nourriture, subsistance et entretien à perpétuité de cent Pauvres de l'un et de l'autre sexe, faisant Profession de la Religion Catholique Apostolique et Romaine, et dans le cas marqué ci-dessus et comme il sera plus amplement expliqué au Règlement qui sera fait pour la police et discipline desdits Pauvres, économie, fonctions et exercice do tout ce qui se fera dans le dit Hôpital, qualités requises pour recevoir les Pauvres, lieux qui seront en droit d'y en mettre, et par qui ils doivent être reçus ; l'Original en papier desquels Règlements, signé de madite Dame de Montespan, sera rapporté pour être annexé à la minute des présentes pour y avoir recours.
Hors les cas susdits ne pourront les Pauvres être reçus au dit Hôpital que sur les mandements de madite Dame de Montespan de son vivant, et après elle du Seigneur d'Oyron, ainsi qu'il sera plus amplement expliqué dans les dits Règlements. Les Fruits et Revenus du dit Hôpital seront touchés à savoir pour les Fermages et Redevances, Bled, Vin, Grain, Bestiaux, et autres qui se payeront de cette nature et espèce dans le dit Hôpital, par la Supérieure des dites Soeurs de la Charité, qui sera audit Hôpital, pour être les dits Revenus, employés à la nourriture, entretien et subsistance des dits Pauvres, et aux dépenses qu'il conviendra faire dans le dit Hôpital.
Le tout en la manière et ainsi qu'il est expliqué aux dits Règlements, dont la dite Soeur Supérieure sera tenue de rendre compte de mois en mois à Madite Dame de Montespan, ou à la personne qui sera par elle nommée à cet effet pendant le temps" de son vivant et après son décès aux dits Sieurs Administrateurs.
Et à l'égard des Arrérages des Rentes constituées sur les Aides et Gabelles, et autres perceptibles en l'Hôtel de cette ville de Paris et autres revenus éloignés du dit Hôpital^ ils seront reçus et touchés par le Secrétaire qui sera nommé à cet effet par madite Dame de Montespan, de son vivant, et après elle élu par les dits Sieurs Administrateurs en la forme: qui sera ci-après expliquée.
Les dites Soeurs de la Charité demeureront chargées de tous les meubles Lits garnis, vaisselles, linges et ustencilles qui seront nécessaires au dit Hôpital, pour l'entretien, nourriture et logement des dits Pauvres ; et pour cet effet il sera incessamment fait un état et mémoire de ceux qui s'ont à présent au dit Hôpital, au bas duquel elles se chargeront; et sera le dit état rapporté pour être annexé à la minute des Présentes.
L'Hôpital présentement fondé sous le Nom et Invocation de la; Sainte Famille, demeurera quant au spirituel soumis à l'entière Jurisdiction de Révérendissimé Père en Dieu Monseigneur l'Evêque de Poitiers et ses Successeurs audit Evêché, lesquels Madite Dame prie d'en être les principaux et premiers Administrateurs.
Elle nommé aussi pour Administrateurs perpétuels au dit Hôpital avec le dit Seigneur Evêque, le Seigneur d'Oyron et ses Successeurs, le Sieur Doyen, Curé d'Oyron, et les Sénéchaux du dit Oyron, Cursay et Moncontour.
Et pour que ledit Hôpital se maintienne dans L'exactitude qu'il esta désirer, il est nécessaire que le dit Seigneur Evêque et ses Succsseurs fassent par eux-mêmes autant qu'ils le pourront, une visite chaque année au dit Hôpital au temps de leur commodité ; et en cas d'empêchement par un des principaux Ecclésiastiques de leur Diocèse qu'ils commettront par un pouvoir particulier par écrit, et lors de laquelle visite, il sera fait
Une Assemblée de tous les Administrateurs dudit, Hôpital; et en laquelle le dit Seigneur Evêque, ou le dit Ecclésiastique présidera, et alors sera fait lecture en la présence de tous, des actes de Fondation et Réglements dudit Hôpital, pour connaître s'il n'y aurait point eu d'abus pendant l'année, et pour remettre les choses en leur premier état et y faire maintenir et exécuter en leur entier lesdit. Règlements pour la police et discipline des, dits Pauvres, économie, exercice et fonctions, pour tout ce qui se fera dans le dit Hôpital, qui seront ci-après annexés à la minute des Présentes.
Et ensuite sera examiné et arrêté en la dite Assemblée le compte général de la recette et dépense, qui aura été faite pour le dit Hôpital l’année précédente. Et en cette considération Madite Dame de Montespan veut que le dit Seigneur Evêque de Poitiers et ses Successeurs aient droit de présenter et faire recevoir au dit Hopital gratuitement à perpétuité trois Pauvres à son choix, de la qualité de ceux qui seront marqués audit Règlement. Comme aussi par considération et amitié pour Madame sa Soeur et aussi par réconnaissance du séjour que les dits Pauvres ont fait dans le dit lieu de Fontevrault, veut que la. Dame Abbesses à perpétuité ait droit de remplir six places dans le dit Hôpital, pourvu que les Pauvres aient les qualités requises conformément à ce qui est marqué dans le dit Contrat passé avec les Soeurs de la Charité, le 14 Novembre 1703.
Les sieurs Administrateurs feront leur, possible avec le secours et l'approbation du Seigneur Evêque de Poitiers pour engager quelque personne de distinction-soit par son mérite et sa piété Ecclésiastique, ou autre/de vouloir bien se charger des fonctions de Secrétaire de la dite Assemblée, dont la principale sera de manier les revenus éloignés du dit Hôpital, et qui seront hors de la conduite des dites Soeurs de la Charité pour les remettre les mains desdites Soeurs à la vue desdits Administrateurs. Ledit Sieur Secrétaire aura un registre des délibérations qui seront prises dans lesdites Assemblée, pareil à celui qui sera et demeurera dans la Maison, et tiendra un contrôle de la recette et dépense qui se fera dans ledit Hôpital, et des aumônes qui pourront être faites : lesquels Registres et Contrôles il sera tenu de rapporter en chacune desdites, assemblées, pour travailler aux comptes qui seront rendus, que l'on pourra examiner et clorre sur ledit Contrôle.
Il sera procédé tous les ans à une nouvelle élection dudit Secrétaire sans néanmoins que celui qui se trouvera en place, soit exclus de pouvoir être élu pour être continué : au contraire lesdits Sieurs Administrateurs pourront le continuer tant et si longtemps qu'ils le jugeront à propos pourvu toutefois que ce soit par voie de nouvelle élection ; qui se fera et renouvellera tous les ans au temps de la Visite de Monseigneur l'Evêque de Poitiers, dont le Registre fera mention.
Il sera encore tenu par chacun mois une assemblée particulière pour les autres Administrateurs ci-dessus nommés, qui seront sur le lieu, dans laquelle assemblée; et à, chacune d'ycelle, lesdites Soeurs de la Charité établies1'audit Hôpital, rendront compte auxdits Sieurs Administrateurs en présence du Secrétaire ci-dessus nommé de toute la recette et dépense qui auront été par elles faites pour ledit Hôpital le mois précédents.
Pour le spirituel dudit Hôpital, madite Dame de Montespan a par ces présentés établi un Prêtre Chapelain pour y dire, la Messe chaque jour de l'année en la Chapelle, administrer les Sacrements et instruire les Pauvres et remplir les autres fonctions et devoirs nécessaires d'un Ecclésiastique dans ledit Hôpital, lequel Prêtre Chapelain sera nommé par madite Dame De Montespan, et après elle sera ledit Prêtre Chapelain nommé et présenté par les Soeurs de la Charité qui seront audit Hôpital, au Seigneur dudit Oyron ; lequel l'ayant agréé, ledit Prêtre. sera ensuite présenté audit Seigneur Evêque de Poitiers pour avoir son Approbation.
Ledit Chapelain pourra être choisi entre les Prêtres qui composent le Chapitre d'Oyron, pourvu qu'il ait assez de zèle et de piété pour remplir ces deux fonctions et sera ledit Prêtre Chapelain, tant qu'il remplira lesdites fonctions audit Hôpital, nourri et logé en ycelui ; et outre ce, lui sera donné pour honoraires et entretien la somme de deux cents livres par, chacun an payables de quartier en quartier, à prendre sur les revenus dudit Hôpital.
Lequel Chapelain madite Dame de Montespan de son vivant, et après elle lesdits Sieurs Administrateurs pourront déposer, dans les temps et ainsi qu'ils jugeront à propos, pour le bien dudit Hôpital. Cette qualité de Chapelain, n'étant qu'une condition amovible, et ne devant jamais être un Bénéfice ni titré perpétuel.
Ledit Hôpital sera tenu de faire présenter une fois l'année le quatrième d'Octobre jour de la Fête de Saint François à perpétuité par la Soeur Supérieure desdites Filles de la Charité qui seront audit Hôpital le pain à bénir à l'Eglise et Messe Paroissiale qui se dira ledit jour audit Oyron avec toute la décence et .piété qui se pourra ; et sera donné pour offrande un Louis d'or neuf en espèce et ce, par manière de reconnaissance à ladite Eglise Paroissiale, sans que ledit-Sieur Curé. d'Oyron, ni ses Sucsesseurs puissent exiger autre chose dudit hôpitàl.
Ne désire au surplus ladite.Dame que l'on thésaurise aucunement audit Hôpital, mais veut que les revenus de la présente Donation et Fondation soient employés et consommés annuellement à la subsistance des Pauvres dudit sans, qu'on leur retranche aucune chose de leur dépense ordinaire, sous prétexte de faire des réserves.
Pourront néanmoins lesdites Soeurs, Servantes desdits Pauvres dudit Hôpital, conserver les denrées en espèce, comme bleds, vins, fruits, bestiaux et autres choses semblables d'une année à l'autre afin de n'être pas en dépourvu s'il arrivait quelque année de famine ou de stérilité ; ladite Dame de Montespan sachant par expérience que si le revenu dudit Hôpital et les travaux des Pauvres sont administrés et conduits avec prudence et attention, ils seront plus que suffisants pour la subsistance dudit Hôpital, avec d'autant plus de raison que lesdits Pauvres qui sont accoutumés à être nourri grossièrement chez eux ne doivent pas être plus délicatement dans ledit Hôpital, ni d'une manière moins commune qu'ils seraient chez eux.
Et néanmoins s'il se trouvait à la fin de l'année de l'argent de reste des revenus et dépenses dudit Hôpital, ce que l'on doit éviter, comme il sera marqué dans lesdits Règlements ou que la Maison eut reçu quelques aumônes qui n'auraient pas encore été employés, les sommes qui se trouveront alors, seront misés dans un coffre-fort, qui sera à cet effet mis dans ledit Hôpital, fermant à trois clefs et trois différentes serrures, une desquelles clefs sera mis es mains du Seigneur dudit Oyron ; la Seconde en celle dudit Sieur Doyen, Curé dudit Oyron, et la troisième, sera, donnée aux Soeurs de la Charité, et le secrétaire desdites Assemblées tiendra un contrôle desdites; sommes qui seront ainsi mises dans ledit coffre et dont le registre sera chargé, et qu'il rapportera, à toutes les. Assemblées, à l'effet de pourvoir à l'emploi dédites sommes.
Lesdits Sieurs Administrateurs ne devant sous quelque prétexte que ce soit, toucher ni recevoir l'argent, ni denrées qui proviendront des revenus et aumônes dudit Hôpital, ni mêmes aucuns principaux; n'étant pas juste que ceux qui ont l'autorité sur les emplois en aient aussi le maniement, mais seulement d'en voir et ordonner la recette et dépense, et les comptes qui en seront rendus et faire exécuter ce qui sera par eux arrêté à ce sujet, ensemble
Les Règlements, et conformément à iceux ; le tout sans frais, ni émoluments ou rétributions de leur part, ni audit Secrétaire, madite Dame espérant qu'ils voudront tous agir par charité et pour le bien; des Pauvres.
Et pour rendre par madite Dame die Montespan, la présente fondation et établissement sûre et solide pour toujours et à perpétuité : Elle a résolu en les commençant d'employer et fournir jusqu'à une somme de cent dix. .mille livres et plus, outre et par- dessus les huit mille livres, faisant le principal de quatre cents livres de Rente sur les Aides et Gabelles, destinés pour l'entretien desdites onze Filles; Soeurs de la Charité, comme il est porté par ledit Contrat du 14 Novembre 1703, et les Meubles, Linges, Lits garnis, et autres Ustensilles qui, sont dans ledit Hôpital pour l'entretien, nourriture et logement des Pauvres.
Pour laquelle somme de cent dix mille livres madite Dame de Montespan a donné et donne par donation entre vifs et promet de garantir de tous troubles et empêchements quelconques audit Hôpital pour lui appartenir toujours, ce acceptant autant que besoin lest, ou serait par les Notaires soussignés ; savoir, tous les bâtiments qui composent à présent ledit Hôpital composé comme il est marqué ci-dessus, revenant à quarante mille livres, plus une Ferme appelée Belair, située attenante es environ dudit Hôpital, avec les Bestiaux, Vignes, Vergers, Terres labourables, et autres dépendances sans aucunes réserves, le tout que madite Dame a acquis depuis deux années ; et pour ce a payé de ses deniers la somme de quatre mille livres, à la charge par ledit Hôpital de tenir le tout en la pensive mouvance et redevance de ladite Terre et Seigneurie d'Oyron, et de payer par chacun an à la recette un demi Louis d'or en espèce, et la première grape de Raisin mûr qui proviendra desdites Vignes et de pour tout droit de censivé et redevance, portant Lods et Ventes, Saisies et Amendes quand le cas y échet, et sans aucune autre charge ni redevance envers ledit Seigneur, madite Dame se chargeant d'acquitter et faire décharger ledit Hôpital.de tous les autres devoirs dont le tout pourrait être chargé vers ladite Terre même de tous ceux qui pourraient être dûs à cause de la présente fondation mille livres de Rente au principal de seize mille livres, constituées sur les Aides led Gabelles de France par Messieurs les Prévôts des Marchands et Echevins de Paris, au profit de madite Dame de Montespan, par Contrat passé devant Richard et son Confrère, Notaires à Paris, le 16 de Janvier 1703, dont madite Dame fait par ces Présentes toute cession et transport audit Hôpital, ce acceptant par lesdits Notaires soussignés, pour en commencer la jouissance du premier jour de Janvier prochain mil sept cent cinq et pour cet effet sera obtenu et si besoin est, aux frais et dépens de madite Dame, lettre de ratification en Chancellerie sur ces Présentes ; et si au sceau et expéditions desdites lettres il y a des oppositions, ladite Dame de Montespan s'oblige de les faire lever, et d'en apporter les mains levées incessamment.
Au cas de remboursement de ladite Rente de mille livres, le principal en sera reçu par le susdit Secrétaire dudit Hôpital, et sous sa quittance en la présence de madite Dame de Montespan de son vivant, et après elle, en la présence de Monseigneur l'Evêque de Poitiers, et des autres Administrateurs dudit Hôpital, et à l'instant employé en autres acquisitions de Rentes sur les Aides et Gabelles ; et au cas que lors il n'y ait pas d'occasion de .faire-ledit emploi en Rentes sur la ville, il sera fait en acquisition d'autres Rentes, avec toutes les déclarations nécessaires, pour sûreté de l'exécution de la présente Fondation, et ainsi continuer à perpétuité de rachat en rachat, et d'emploi en emploi.
Et la somme de cinquante mille livres à prendre par privilège et préférence sur la somme de cent mille livres, dont madite Dame De Montespan s'est réservée la libre et entière disposition par la donation qu'elle a fait à Haut et Puissant Seigneur Messire Louis Antoine de Pardaillan de Gondrin, Chevalier, Marquis d'Antin, Lieutenant Général des Armées du Roi de la Haute et Basse Alsace, etc., de la somme de trois cent quarante mille livres pour être employés à payer le prix des Terres d'Oyron, Cursay, Tersay, et Moncontour et dépendances, par Contrat passé par-devant Cliquet et Bellanger, Notaires à Paris, le treize d'Avril mil sept cent ; laquelle somme de cinquante mille livres sera touchée par ledit Hôpital après le décès demadite Dame De Montespan, en cinq paiement de dix mille livres chacun par année, selon et ainsi qu'il est porté audit Contrat, dont le premier paiement sera fait un an après le décès de madite Dame ; le second deux ans après, et doivent être continués jusqu'au parfait paiement des dites cinquante mille livres, lors et à mesure des paiements des dites cinquante mille livres qui sera touché par ledit Sieur Secrétaire, en la présence dudit Seigneur. Evêque de Poitiers, et des autres Administrateurs, et des Soeurs de la Charité qui seront audit .Hôpital ; l'emploi en sera fait en acquisition de Rentes sur les Aides et. Gabelles ou Clergé de France au profit dudit Hôpital, en la présence dudit Seigneur Evêque de Poitiers et de ses Successeurs, et des autres Administrateurs, et de la Soeur Supérieure desdites Filles de la Charité, qui sera lors audit Hôpital;, et dans les Contrats qui seront passés, seront faites toutes les déclarations nécessaires pour justifier de l'emploi, et pour sûreté-de l'exécution de la Fondation.
Et au cas de remboursement desdites Rentes sur les Aides et Gabelles, le principal en sera touché par le susdit Secrétaire dudit Hôpital, en la présence dudit Seigneur Evêque de Poitiers ou de ses Successeurs à l'Evêché, et des autres Administrateurs dudit Hôpital et l'emploi à l'instant par lui fait en la même présence, en acquisition, d'autres Rentes sur les Aides et Gabelles perceptibles en l'Hôtel de cette Ville de Paris, avec toutes les déclarations nécessaires pour sûreté de l'exécution de la présenté Fondation, et afin de justifier du remploi des deniers touchés, et ainsi continuer à perpétuité de rachat en rachat, d'emploi en remploi.
Et si lors des paiements et remboursements qui pourront être faits de ladite somme de cinquante mille livres, il n'y avait pas d'occasion; de les employer en fonds de Rentes sur les Aides et Gabelles ou Clergé de France, il en sera fait un autre emploi par les Administrateurs en la même présence, en acquisition d'autres Rentes ou héritages au profit dudit Hôpital, et ainsi qu'il, sera lors trouvé plus avantageux.
Et comme ladite somme de cinquante mille livres tient lieu de fonds audit Hôpital, qui devrait produire un revenu pour la subsistance dont il n'est pas juste qu'il soit privé jusqu'au remboursement, madite Dame de Montespan a par ces Présentes fait donation audit Hôpital, ce acceptant par lesdits Notaires soussignés, de deux mille cinq cents livres par chacun an, que madite Dame promet et s'oblige de payer chacune année en deux paiements égaux de six en Six mois audit Hôpital, es mains de la Soeur Supérieure desdites Filles de la Charité, à commencer dudit premier de Janvier prochain 1705, dont le premier paiement échoiera six mois après, et continuer de six mois en six mois, jusqu'à l'entier et parfait paiement desdites cinquante mille livres, lors duquel madite Dame De Montespan demeurera quitte, et déchargée dû paiement de deux mille cinq cents livres, qui ne seront par elle données que pour tenir lieu du revenu que pourraient produire audit Hôpital lesdites cinquante mille livres, même diminueront lesdifes deux mille cinq, cents livres, à proportion des payments qui seront faits de ladite somme.
A avoir et prendre lesdites deux mille' cinq cents livres par chacun an tant qu'ils seront dûs, du vivant de madite Dame sur les revenus desdites Terres d'Oyron, Baronnies de Moncontour, Cursay et dépendances dont elle à droit de jouir sa vie durant, suivant qu'il est stipulé audit Contrat de donation du 13 avril 1700 que madite Dame à seulement affecté, obligé et hypothéqué de son vivant, et lors du décès de madite Dame les deux mille cinq cents livres seront touchés et perçus jusqu'audit parfait paiement sur les biens et effets qui se trouveront lors appartenir à madite Dame, qui y demeureront lors obligés et hypothéques, pour les deux mille cinq cents livres par chacun an, ainsi que lesdits mille livres de Rente et autres revenus dudit Hôpital, être employés à la subsistance d'y celui à la manière et ainsi qu'il est ci-dessus expliqué.
Et pour l'effet et exécution de tout ce que dessus, madite Dame de Montespan, a subrogé et subroge ledit Hôpital en-tous les droits, actions, privilèges et hypothèques qui lui sont acquises, même à transporter audit Hôpital tous droits de propriété qu'elle a et peut avoir dans le fonds et très fonds et propriétés desdits bâtiments, cour, jardin, dudit Hôpital et Ferme de Belair, terres, vignes, prés, clôtures et dépendances, sans réserves ; voulant que ledit Hôpital en sort saisi et mis en possession, s'en dessaisissant à cet effet, et constituant son Procureur le porteur, des Présentes, lui en donnant tout le pouvoir à ce nécessaires.
Seront tous les titres et Contrats concernant ce qui est ci-dessus donnés et transportés, délivrés et mis dans ledit coffre qui sera audit Hôpital comme il est ci-dessus stipulé ; et après qu'il aura été fait un bref état ou inventaire, signé dudit Sieur Administrateur qui sera sur. les lieux, dont un double sera mis dans ledit coffre, et l'autre des mains du Secrétaire desdites Assemblées; et seront aussi mis dans ledit coffre tous les autres Titres et Papiers qui pourront concerner le biens et les droits dudit Hôpital, après toutefois qu'ils auront été extraits, et mentionnés sur chacun desdits doubles de bref état ou inventaire, et signé comme dit est ; et ne seront aucuns Papiers tirés dudit coffre, qu'il n'en ait au préalable été délibéré en une Assemblée, et fait mention par écrit, des causes pour lesquelles lesdits papiers seront tirés dudit coffre, et à la charge de les y rapporter ; et pour cet effet celui qui les en retirera, sera tenu de s'en charger par écrit ce quise doit remettre, autant que faire se pourra au temps de la Visite dudit Seigneur Evêque, madite Dame de Montespan, se réservant le nom, et titre de Fondatrice dudit Hôpital, et après elle les Seigneurs dudit Oyron.; et désire-avoir part à toutes les Prières qui se feront dans ledit Hôpital, sans en imposer de particulières, mais seulement qu'il soit fait mention d'elle à la Prière du Matin et à celle du Soir, et que la Messe, qui se dira en la chapelle dédit Hôpital tous les Vendredis de l'année à perpétuité, soit dite à son intention : même, madite dame de Montespan, se réserve la faculté de pouvoir changer, augmenter ou diminuer de son vivant auxdits Règlements, ainsi qu'elle le trouvera à propos de l'aveu dudit Seigneur Evêque, et des autres Sieurs Administrateurs dudit Hôpital, pour le bien et avantage d'ycelui.
Et outre Ce que dessus madite Dame a procuré audit Hôpital une somme de quatre mille deux cents livres, qui a été donnée par une personne qui n'a point désiré d'être nommée, pour y celle somme être rapportée au Trésor Royal pour l'acquisition de trois cents livres de Rente, au denier quatorze sur les Aides et Gabelles pour être employée uniquement à l'entretien de vingt quatre Pauvres Vieillards qui seront distingués dans ledit Hôpital suivant qu'il est expliqué auxdits Règlements et dont sera passé Contrat de constitution incessamment.
Ces Présentes faites, et accordées par madite Dame de Montespan, et parce que sa volonté est d'ainsi faire, même que cesdites Présentes soient insinuées par tout ou besoin sera et a élu domicile pour l'exécution des Présentes tant en son dit Hôtel à Paris, qu'au dit Château d'Oyron, auxquels lieux et chacun d'iceux tout ce que dessus sera tenu et arrêté comme il dit est.
Fait et passé à Paris en l'Hôtel de madite Dame l'an mil sept cent quatre le troisième jour de Juillet, et a été signée la minute des présentes.
A Poitiers, chez J. Félix Faulcon, imprimeur de Monseigneur l’Evêque, Place vis-à-vis Notre-Dame la Grande, 1755.
La sous-région du Poitou : monographie économique (agriculture, commerce, industrie, tourisme) / Alexandre Loez et René Perlat
Hôpital de la Sainte-Famille de Madame de Montespan Fontevraud-l'Abbaye. <==.... ....==> Panorama 360° de Oiron et Historique des seigneurs du château
(1) Louis-Antoine de Goudrin de Pardaillan, fils de Madame de Montespan.