Hôpital de la Sainte-Famille de Madame de Montespan Fontevraud-l'Abbaye.
Mme de Montespan, Françoise de Rochechouart-Mortemart, qui venait fréquemment visiter à Fontevrault sa soeur l'abbesse Marie-Madeleine-Gabrielle-Âdelaïde de Rochechouart-Mortemart, 33eme abbesse, la reine des abbesses (de janvier 1670 au 15 août 1704), s'était fait construire un petit logis à l'ouest du village sur un terrain situé au-delà du cimetière et des jardins du Petit-Bourbon, au point où la grande route de Loudun actuelle, qui n'existait pas à cette époque, prend la direction nord-sud. (Disons en passant que le cimetière se trouvait sur l'emplacement occupé actuellement par le champ de foire et que l'ancienne route de Loudun passait devant la grande porte de l'abbaye, continuait en ligne droite, s'engageait sous la voûte du Petit-Bourbon et, laissant le quartier Saint-Lazare de l'abbaye à sa gauche, traversait l'Anerie et l'Uzerne pour remonter vers le point où se trouve actuellement la Colonie de Saint-Hilaire).
C'est dans ce logis que, éloignée de la Cour, désireuse d'effacer ses années de scandale par une vie de prières et de bienfaisance, Mme de Montespan passait une notable partie de son temps.
Dès 1689, elle avait fait don de son ermitage à l'abbaye et on peut lire encore, autour de l'arceau en plein cintre de la porte d'entrée, aujourd'hui murée, au-dessous d'un blason mutilé de la marquise, la phrase suivante gravée dans la pierre :
« Le jour de Saint Bernard 1687, Madame de Montespan estant ici a fait commencer ce bastiment et le mesme jour de Saint Bernard 1689, estant venue voir sa sœur, elle a fait présent de cet hermitage à la Communauté et l'a accompagné d'une loterie. »
FONDATION DE L'HOSPICE
Mais ce don ne lui suffisait pas.
Persuadée « qu'il n'y a rien de plus agréable à Dieu, pour obtenir la rémission des péchés, que de secourir les pauvres », elle avait conçu le projet d'organiser, dans la localité, un hospice pour recueillir « ceux que l'âge ou les infirmités mettent dans l'impossibilité de pourvoir à leur subsistance », et elle fit bientôt commencer les travaux de construction.
Les bâtiments élevés tout près et au nord de sa propre habitation existent encore actuellement, limitant sur deux côtés un vaste quadrilatère de terrain à usage de jardin.
L'hospice accueillit ses premiers pensionnaires dès 169 comme le prouve un registre aux armes de la marquise orné d'argent et de gueules de six fasces, conservé à Oiron.
Le 28 avril 1693, tous les travaux achevés, elle régularisa sa fondation dans un acte reçu par maître Lefèvre, notaire royal.
La fondation prévoyait que l'hospice, qui prenait le nom d'Hospice de la Sainte-Famille, devait pouvoir recevoir cent indigents et que l'établissement serait desservi par onze sœurs de charité (du couvent de Saint-Lazare, rue de Vaugirard, à Paris, soeurs de Saint-Vincent-de-Paul) qu'elle dotait de 400 livres de rente (au principal de 8.000 livres).
La direction de l'hôpital appartenait à la supérieure de la congrégation.
Au spirituel l'hôpital relevait de l'évêché de Poitiers et était desservi par un chapelain, vicaire de la paroisse, désigné par l'abbesse de Fontevrault. Ce chapelain, dont les fonctions étaient de dire la messe à l'église paroissiale Saint-Michel voisine, d'administrer les sacrements et d'instruire les pauvres, recevait, outre sa nourriture, une rétribution de 200 livres.
Mme de Montespan arrêta un règlement détaillé et fournit à l'établissement tous les meubles et ustensiles nécessaires (lits, linge, vaisselle).
Entre temps elle avait quitté définitivement la Cour (en 1690) avec une pension de 12.000 livres que lui servait Louis XIV elle renvoya ses bijoux, que d'ailleurs il lui rendit presqu'aussitôt, sauf un collier de perles dont il fit présent à la duchesse de Bourgogne, sa petite-fille.
Les Bâtiments de l'Hospice
L'hospice dont une partie des bâtiments existe encore, comme nous l'avons dit, se composait
A. - De l’ermitage proprement dit de la marquise qui comprenait :
a) Un premier corps de bâtiment comportant trois pièces au rez-de-chaussée, quatre au premier étage, deux au deuxième étape, dont une grande chambre ayant vue au midi par un balcon ; enfin trois mansardes au-dessus desquelles s'élevait un campanile avec clocheton que l'on distingue d'ailleurs très nettement dans les dessins de 1699 qui nous ont été légués par Gaignières. (Bibliothèque Nationale département des estampes, collection Gaignières);
b) Un second corps de bâtiment attenant à l'ouest au premier logis et comportant quatie pièces au rez-de-chaussée, sept au premier étage, mansardes au-dessus
c) Un appentis à chaque extrémité du groupe des deux bâtiments, l'un servant de bûcher, l'autre de buanderie. Tous ces bâtiments occupaient l'emplacement faisant face au mur méridional du jardin de l'hôpital. Ils ont été pour la plupart démolis et rasés et il ne subsiste du logis principal que deux, pièces au rez-de-chaussée, dont le vestibule, et deux pièces au premier étage.
C'était dans ces Bâtiments que les religieuses avaient installé les locaux conventuels (cellules, salle commune, oratoire), et les locaux de service (parloir, économat, porterie, cuisine, réfectoire, etc.).
B. De deux grands corps de bâtiments, avec un seul rez-de-chaussée, allongés et placés sur deux des quatre côtés du quadrilatère du jardin. D'un modèle uniforme, courant du sud au nord sur le côté droit du jardin et de l'est à l'ouest sur le fond du dit jardin, reliés entre eux au niveau de l'angle N.E., sans ouvertures sur le mur périphérique extérieur, ils comportaient 38 chambres s'éclairant sur le jardin par de grandes baies en plein cintre dotées d'un vitrage avec porte. Le bâtiment d'est, de 100 mètres de longueur, avait 24 baies, soit 24 chambres, le bâtiment nord, long de 60 mètres, en comprenait 14. Les chambres, à deux lits chacune, étaient réservées aux hospitalisés.
Les deux autres côtés du jardin étaient clos de murs encore debout. Le mur méridional comportait deux portails d'entrée placés en face de l'ermitage des religieuses et faisant communiquer le jardin avec la cour des sœurs.
Il n'est d'ailleurs pas douteux que, si l'hospice avait fonctionné longtemps, Mme de Montespan l'aurait complété en faisant construire une troisième aile complémentaire sur le côté occidental du jardin, puisque l'établissement avait été fondé pour recueillir cent malheureux. Un puits large et profond de 35 mètres, donnant une eau excellente, existait et existe encore dans le milieu du jardin.
Les deux grands bâtiments n'ayant pas d'autres issues que celles donnant sur le jardin, même celui du nord qui borde la route de Fontevrault à Saint-Cyr, toute la vie était donc concentrée dans ce jardin. Ils existent toujours, mais les baies cintrées ont été murées et même quelques-unes ont disparu pour faire place à des murs nouveaux avec portes et fenêtres ordinaires.
Comme la toiture était en appentis, regardant à l'extérieur, le mur de façade des deux bâtiments était fort élevé et ainsi se trouvaient aménagés des greniers qui couraient d'un bout à l'autre des dits bâtiments, avec portes au-dessus des baies cintrées.
Le mur de façade, au-dessus des arcades et au niveau du plancher des greniers, comportait une partie construite en briques sur une hauteur d'un mètre. Les briques placées d'une façon spéciale laissaient des vides réguliers dans le mur qui formaient cases à pigeons. Ce colombier, qui existe encore presqu'en entier, abritait de nombreux habitants pour le plus grand profit de la sœur économe.
Enfin, près du jardin, il existait une chapelle, la chapelle Saint-Laurent qui servait d'oratoire pour l'hospice. (i)
Elle avait été édifiée en 1180 par les soins d'Àliénor d'Aquitaine, épouse d'Henri II Plantagenet, dont le fils Jean sans Terre la dota d'une rente de 50 livres sterling.
En 1199, Aliénor, à l'occasion de l'inhumation de son fils aîné, Richard Cœur de Lion (11 avril), lui fit une nouvelle dotation de 10 livres sterling, à prendre sur la prévôté d'Oléron et elle y ajouta encore le don d'une maison qu'elle avait fait bâtir à Poitiers. Cette chapelle, déjà antique au temps de Mme de Montespan, a disparu depuis lors.
Administration
A la création, la marquise s'était engagée à verser une rente annuelle de 3.5oo livres, spécialement destinée au fonctionnement de l'hospice. Elle y avait ajouté des terres dont le revenu augmentait les rentes.
Mme de Montespan voulut toujours que la maison fut perce suivant les règles d'une administration prudente, mais tenant que la charité s'y exerçai dans la plénitude des ressources disponibles, il était prévu que, en principe, aucune économie ne devrait être réalisée aux dépens des malheureux hospitalisés, et la sœur directrice devait chaque mois rendre compte de son administration à la fondatrice.
Plus tard à Oiron, comme nous allons le voir, elle créa un poste d'administrateur de la Sainte-Famille.
La Marquise Achète le Château d’Oiron fonde un nouvel Hospice et supprime celui de Fontevrault
A cette époque le château d 'Oiron appartenait à Louis d' Aubusson, duc de la Feuillade et de Roannez. Perdu de dettes et de vices, il avait vendu le domaine le 31 décembre 1698. par devant Me Bellanger, notaire royal, et moyennant la somme de 340.000 livres à un bourgeois de Paris, nommé Pierre Sauvage, son créancier, mais avec faculté de reméré, c'est-à-dire avec faculté de le reprendre.
Quelques mois après, d'Aubusson faisait à la marquise de Montespan la proposition de lui vendre la propriété pour son fils légitime, Louis-François de Gondrin de Pardailhan, duc d'Anlin, qui avait épousé en 1686 Julie-Françoise de Crussol d'Uzès, et ce, au même prix qu'à Sauvage. La marquise accepta.
Le roi apprenant cette transaction lui fit parvenir aussitôt 100.000 livres pour l'aider à traiter et, dès le 23 mars 1700, sans plus attendre, elle s'installait à Oiron.
Le 13 avril le seigneur de Valincourt, secrétaire de son second fils le comte de Toulouse, la représentant, faisait donation au nom de la marquise au duc d'Antin de la somme de 340.000 livres pour l'achat d'Oiron, Tersay, Cursay et Moncontour dont l'adjudication se poursuivait, la marquise se réservant, dans l'acte de donation, la jouissance du château d'Oiron, sa vie durant.
Le 15 avril 1700 l'acte fut passé entre Louis d'Aubusson et le duc d'Antin par devant maîtres Cliquet et Bellanger, notaires à Paris. La vente était consentie moyennant 315.600 livres dont 132.880 pour Oiron, 107.920 pour Moncontour, 74.800 pour Cursay. (La terre de Tersay ne fut acquise que le 18 février 1702 pour 24.000 livres, complément des 340.000 livres).
Devenue veuve en 1701, la marquise partagea son temps entre le couvent des filles de Saint-Joseph à Paris, l'abbaye de Fontevrault, les eaux de Bourbon, le château d'Oiron, enfin les châteaux de son fils, Bellegarde et Petit-Bourg.
Mais Mme de Montespan rêvait d'avoir son hospice à Oiron, à proximité de son château, ce dernier étant devenu son séjour favori et habituel.
D'autre part elle avait sans doute éprouvé quelques déceptions et même certaines résistances de la part de l'abbaye de Fontevrault qui voyait, non sans une certaine hostilité, une autre autorité que la sienne avoir des velléités et des tendances à s'ingérer dans la direction de l'hospice ; aussi dès 1701 Mme de Montespan avait pris le parti d'abandonner Fontevrault.
Le fond de sa pensée ressort d'ailleurs nettement dam l'acte de fondation (dont copie conservée à Oiron) lorsqu'elle exprime ses craintes de voir surgir ultérieurement des difficultés pour ses successeurs à Foutevrault pour justifier la décision qu'elle a prise.
Entre 1701 et 1703 elle fit construire des bâtiments à l'extrémité du village d'Oiron sur un plan exactement identique à celui de l'hospice de Fontevrault, mais avec trois corps de logis, comportant rez-de-chaussée et premier étage et disposés en équerre sur les trois côtés d'un quadrilatère de terrain qui formait le grand jardin central.
Le puits traditionnel était placé au centre de ce jardin. Une chapelle avait été prévue au centre du bâtiment du fond. Cette chapelle, qui ne fut terminée que tardivement, fut bénie le 26 septembre 1705 par le curé d'Oiron, doyen de la collégiale, messire de Boismenet. Les bâtiments qui forment actuellement le quatrième côté (côté arrivée) ont été construits ultérieurement.
Dès le 14 novembre 1703, par acte reçu par Me Richard, elle transféra officiellement à Oiron, avec le consentement de l'abbesse de Fontevrault et celui de la supérieure de la congrégation des Filles de la Charité, l'hospice qu'elle avait fondé douze ans auparavant à Fontevrault.
Tout le matériel y fut transporté y compris les tableaux qui sont encore actuellement dans la chapelle, savoir :
Deux tableaux sculptés sur bois, figurant l'un le Crucifiement, l'autre l’Adoration des Mages, tableaux d'une valeur incontestable que l'on ne peut cesser d'admirer quand on visite la chapelle (malgré l'avis de l'ancien architecte du château d'Oiron, M. Daviau).
Deux autres tableaux, peinte sur toile, copies de Murillo et représentant, l’un l'Assomption de la Sainte-Vierge, l'autre l' Ascension dit Christ.
Le 3 juillet 1704, Mme de Montespan signa un nouvel acte de fondation, approuvé par l'évêque de Poitiers le 14 août et confirmé par lettres patentes du roi en mai 1705.
Le nouvel hospice, avec les onze sœurs prévues à Fontevrault, était également affecté à cent pauvres des deux sexes. Six places étaient réservées à des indigents désignés par l'abbesse de Fontevrault, trois par l'évêque de Poitiers, quelques-unes au choix de la châtelaine et de ses descendants, 28 à des paroisses voisines désignées nominativement (2), enfin les autres aux indigents d'Oiron et des paroisses relevant de la seigneurie.
La marquise, en plus des 8.000 livres (400 livres de rente) prévues dans la dotation de Fontevrault, ajoutait 110.000 livres dont 40.000 livres représentant la valeur des nouveaux bâtiments, 16.000 le capital de 1.000 livres prélevées sur la gabelle, 4.000 le prix de la ferme de Bel-Air attenant à l'hospice, et 50.000 à prendre à sa mort sur une dotation de 100.000 livres faite à son fils aîné et payables par lots annuels de 10.000 livres après la mort de la fondatrice.
Pendant la vie de Mme de Montespan cette somme de 50.000 livres était représentée par 2.500 livres de rentes à prendre par privilège sur les terres d'Oiron, Cursay et Moncontour.
Enfin 4.200 livres provenant d'un don anonyme devaient être consacrées à l'entretien de vieillards formant un corps à part dans l'hôpital.
Elle confia l'administration à un intendant assisté d'un chapelain et placé sous la direction d'un conseil composé de l'évêque de Poitiers, du doyen du chapitre de la collégiale d'Oiron, des seigneurs du château, enfin des sénéchaux d'Oiron, Cursay et Moncontour.
Le chapelain avec une dotation de 200 livres était logé et nourri à l'établissement. Le premier administrateur choisi par la marquise fut M. Honoré Ruffin Escuelle, valet de chambre de feu Madame la Dauphine, intendant de Mgr le duc d'Antin.
A titre de mouvance vis-à-vis de la seigneurie d'Oiron, l'hôpital devait donner chaque année à la recelé du château un demi-louis d'or et la première grappe de raisin mûr qui proviendrait des vignes et, à la collégiale, un louis d'or neuf et le pain bénit offert par la supérieure le jour de la fête de saint François d'Assise, patron de la fondatrice (4 octobre).
La marquise s'occupa de l'hospice jusqu'à ses derniers jours, fixa en 1700 le règlement de la maison, l'emploi du temps, les conditions d'admission. Elle augmenta encore les revenus le 10 août 1706 et le 20 avril 1707, et mourut à Bourbon le 27 mai 1707 âgée de 66 ans.
L'hospice d'Oiron, favorisé à tous points de vue comparativement à son aîné de Fontevrault, continua à fonctionner durant tout le cours du XVIIIe siècle
En 1793 les religieuses furent chassées et rétablissement, qui n'abritait que peu de vieillards depuis le début de la période troublée, fui géré par deux dames de Thouars.
En 1806 le gouvernement impérial, qui avait repris possession de l'hospice, remplaça les deux dames par des religieuses de l'Ordre des Filles de la Sagesse (de Saint-Laurent-sur-Sèvre).
Cette communauté n'a pas cessé depuis cette époque de fournir le personnel de l'hospice.
D'autre part la gestion a été modifiée. L'établissement relève maintenant de l'administration préfectorale ; il existe un conseil d'administration composé de six membres (le maire d'Oiron président et cinq notables de la commune) plus un économe. Le nombre de places est toujours de cent Le curé de la paroisse remplit, concurremment avec ses fonctions paroissiales, l'office d'aumônier et est appointé par le conseil.
Bien entendu toutes les dotations en argent du début ont sombré au cours de la tourmente révolutionnaire, mais l'établissement fonctionne avec les revenus de ses cinq fermes dont quatre (la Remilière, la Tonnière, la Roserie et la petite ferme de Bel-Air attenant à l'hospice) sont des dons de la fondatrice et la cinquième (la Razillière, commune de Brie) a été acquise ultérieurement.
Depuis la fin de la guerre 1914-18, sauf exception pour quelques indigents d'Oiron, le conseil a été obligé de demander aux autres pensionnaires une rémunération journalière, en raison de la cherté de la vie. Lorsque ces pensionnaires ne peuvent payer ce sont les communes qui les ont envoyés qui doivent prendre ces frais à leur charge.
Des travaux de restauration viennent d'être exécutés. Tout le bâtiment de l'aile gauche a été supprimé et remplacé par un bâtiment entièrement neuf, dans le même style que les autres, mais doté de tout le confortable désirable (chambres isolées, eau courante, lumière, salle de bains, etc.), et il n'y a plus de dortoir dans ce bâtiment. Cette amélioration va permettre bientôt à l'établissement de recevoir de véritables pensionnaires payants, mais il perdra par le fait même le caractère de bienfaisance qui était son symbole depuis sa fondation.
Les soeurs de Charité, puis celles de la Sagesse qui desservent l'hospice ont conservé quelques meubles aux armes de la marquise venant du début de la fondation à Fontevrault et qui meublaient l'ermitage petits bahuts « peu nombreux et peu riches, ils avaient été négligés par les patriotes de Thouars qui avaient emprunté en 1793 par voie de réquisition du mobilier au profit de leurs ambulances, mais qui oublièrent de le rendre ».
De plus on voit toujours à Oiron le fameux coffre-fort qui, muni de trois serrures, ne pouvait être ouvert qu'en présence des trois détenteurs des clefs (la supérieure, le curé doyen et le seigneur d'Oiron).
Enfin, dans le salon-parloir, un magnifique portrait, don de la marquise, la représentant en Madeleine, allongée gracieusement sur une natte dans tout l'éclat de sa beauté et de sa jeunesse, rappelle la fondatrice aux habitants et aux visiteurs.
Ce portrait est une des deux copies du tableau original, oeuvre de Mignard, dont l'autre copie est conservée au château d'Ussé en Touraine, d'après l'abbé Bossebeuf, ou au château de Marsay (Poitou) d'après Dumolin.
La décadence de L’Hospice de Fontevraud
Mais revenons à Fontevrault, que les détails de la création de la filiale d'Oiron nous a fait quelque peu oublier.
A partir de la mort de la fondatrice (1707), les bâtiments délaissés de l'hospice de Fontevrault, propriété de l'abbaye, furent utilisés par l'abbesse qui y logea, à titre gracieux, des habitants peu fortunés de la paroisse.
A la Révolution ces bâtiments furent vendus nationalement et ils sont actuellement répartis entre divers petits propriétaires.
Le jardin a été morcelé; le logis de l'ermitage a été amputé et défiguré et des bâtiments nom eaux, se sont élevés à ses côtés. Mais il est heureux de pouvoir constater que les deux bâtiments proprement dits de l'hospice ont survécu, sans subir trop de transformations.
D'une façon générale ils sont bien entretenus par les détenteurs actuels et rappelleront, espérons-le, longtemps encore l'époque brillante de Fontevrault et la bienfaisance de la fondatrice de l'hospice de la Sainte- Famille.
L'hospice de la Sainte-Famille à Fontevrault Mme de Montespan Colonel SAVETTE Société des lettres, sciences et arts du Saumurois
==> Contrat de fondation de l'Hôpital de la ville d'Oiron, par Mme de Montespan
(1) Rappelons au passage que les églises et chapelles étaient nombreuses autrefois à Fontevrault. L'abbaye à elle seule possédait à l'intérieur de ses murs cinq églises le Grand-Moustier, Saint-Benoît, la Madeleine, Saint-Lazare et Saint-Jean de l'Habit et huit chapelles le Saint-Sépulcre, la chapelle des Fours, la chapelle des Greniers, les deux chapelles du Petit-Bourbon, dont celle de N -D. de Liesse, à l'extrémité ouest du jardin du Petit-Bourbon, et celle de Mesdames de France, dans les bâtiments situés au sud de la cour, la chapelle des Terres -Neuves, près du cloitre Saint-Lazare, la chapelle Sainte-Anne, près de la Madeleine, enfin la chapelle Saint-Pierre qui disparut lors de la construction de la sacristie de SaintJean de l'Habit. A l'extérieur on trouvait la chapelle Saint-Michel, devenue église paroissiale, la chapelle funéraire Sainte-Catherine, la chapelle de Saint-Maimbœuf, dans le quartier des Roches. N.-D. de Pitié, sur la route de Couziers, enfin Saint-Laurent, entre l'hospice et les moulins, au total dix-huit édifices consacrés au culte.
Les trois chapelles absidales de l'église Saint-Jean de l'Habit étaient sous les vocables suivants celle de gauche Sainte-Amildis; celle du centre Saint-Jean, celle de droite Sainte-Radegonde.
(2) Six pour Moncontour, six pour Cursay, deux pour chacune des paroisses de Marnes Vignolles Saint-Martin-d’Oizelle, Saint-Chartres, Messai, N -D. d Or, Glenouze et Montbrillais.
BIBLIOGRAPHIE
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