Pour la belle époque des Archives bénédictines, c'est-à-dire antérieurement au treizième siècle, l'ancien diocèse de Poitiers forme l'un des meilleurs chapitres du Cartulaire général de Saint-Florent, puisque, sur un total d'environ huit cent vingt articles, il se compose d'au moins cent soixante.

 On ne trouvera ici qu'un peu plus des trois cinquièmes du dernier nombre. Il est, en effet, inutile d'ajouter à ce recueil les titres de la Chaize-le-Vicomte, près la Roche-sur-Yon (1) ; puis il n'y a pas lieu de comprendre, dans une série exclusivement poitevine, des prieurés situés en Anjou sur lesquels l'autorité de leurs .puissants et illustres comtes, les Foulques et les Geoffrois, a toujours été plus forte, en fait comme de nom, que le pouvoir spirituel des évêques de Poitiers.

Ainsi toutes nos chartes se rapportent au Haut-Poitou, ne dépassant, au sud, que pour trois paroisses, les limites actuelles du diocèse formé par les départements de la Vienne et des Deux-Sèvres.

De la province où l'antique et vénéré monastère a eu ses trois différents sièges, le Mont-Glonne sur la Loire (Saint-Florent-le-Vieil), la citadelle de Saumur (Saint-Florent-du-Château), et, à peu de distance, la rive gauche du Thouet (Saint-Florent-le-Jeune ou près Saumur), nous entrons sur le sol poitevin par le Loudunois.

A son ancienne viguerie, vivaria Lausdunensis, se rapportent les documents I à VI, le premier de l'an 866 environ et les autres de 976 à 1011.

Viennent ensuite, n° VII-XXII, seize pièces de 1020 à 1156, concernant Loudun; Lausdunum., et le prieuré de Notre-Dame de Veniers, Venezum, Venetium, dont la paroisse pénétrait au centre de la ville.

Les dix chartes n° XXIII-XXXII, de 1040 à 1155, sont relatives aux églises voisines du Bouchet, Bosculum,  de Morton, Morton ; de Sammarçole, Samarcholia, et de Veziers, Sanctus Ciltronius et Sanctus Petrus de Vareza (3).

Thouars et sa circonscription, vicecomitatus Toarcensis, pagus T'oarcinsis, ont huit pièces, nos XXXIII-XL.

La plus vieille, un peu antérieure à la destruction de l'abbaye du Mont-Glonne par les Normands, est du mois de décembre 833, et la plus récente de l’année 1107.

Le prieuré de Saint-Clémentin Sanctus Clementinus, près Argenton en offre vingt-quatre, n° XLI-LXIV. de 1051 à 1160 environ (4).

Ne nous arrêtant au Pin, Pinus, près Cerisay.et à Fenioux, Finiacus, près Coulonges, que pour y lire deux chartes, n° LXV et LXVI, de la seconde moitié du onzième siècle; nous arrivons, par Melle, au plus riche de nos prieurés, Saint-Nicolas de Coutures d'Argenson.

Pour ses dépendances, Villa Nova, Fossae anciennement Beltronum, Culturae et Longus Retis, n°s LXVII-LXXIX, il y a vingt-cinq pièces, de 1040 environ à 1120, presque toutes de grande dimension, surtout la Pancarte de Longré.

Sept-Fonts, Septem Fontes, près Aunay, et Saint-Just de cette ville, Sanctus Justus de Odenaco, de Oenaio, nos LXXX-XCVI, sont les deux dernières églises pour lesquelles le monastère angevin nous donne des documents, au nombre de dix-sept et de 1072 à 1140 environ.

A part celui qui porte le n° XL, dont l'intercalation est justifiée par le précédent, tous proviennent des Archives de Maine-et-Loire.

Pour un assez grand nombre, on a pu suivre le texte des chartes originales, souvent aussi remarquables par leurs belles et singulières écritures que par leur conservation.

Concurremment avec les copies contemporaines, et de préférence à celles qui sont postérieures, c'est surtout dans les quatre précieux Cartulaires de l'abbaye de Saint-Florent que nous avons puisé.

Le Livre Blanc, le Livre d'Argent et le Livre Rouge (5) existent toujours à Angers, mais il n'en est plus ainsi du Livre Noir.

Son ancienne, reliure ne renferme qu'une copie faite récemment, en Angleterre, à divers intervalles, et résultant du travail de trois personnes, dont l'une, on le reconnaîtra facilement, n'a pas reproduit l'orthographe originale (6). En note de toutes les pièces sont désignés les manuscrits auxquels est emprunté leur texte. En tête de chacune d'elles est ajoutée une analyse dont les termes sont pris dans la charte elle-même, les sommaires qui se rencontrent étant parfois peu exacts et surtout incomplets. On a imprimé en italiques la restitution probable des parties mutilées les mots entre crochets sont des additions fournies par une autre copie ou indispensables pour le sens.

Disséminées dans divers dossiers et dans les quatre Cartulaires indiqués plus haut, les quatre-vingt-seize chartes qui forment ce recueil n'ont pas été classées sans peine ni sans hésitations.

Apres les avoir groupées par localités, on aurait voulu que chacune arrivât a peu près dans son ordre chronologique. On n'y est parvenu qu'imparfaitement, surtout pour Saint-Clémentin, quatre seulement des vingt-quatre pièces qui s'y réfèrent étant datées. Les deux extraits qui suivent contiennent la liste authentique des églises et prieurés du Poitou auxquels se rapportent ces très vieilles et très-intéressantes chartes de Saint-Florent, que nous croyons toutes inédites.

Dans sa Bulle-Pancarte datée de Vérone; le 5 des calendes de janvier 1186; le pape Urbain III confirme notamment à l'abbé Mainer et à ses religieux.

IN EPISCOPATU PICTAVENSI :

Ecclesia S. Citronii cum ecclesia S. Petri de Varedia,

-S. Petri de Samarcolia cum pertinentiis suis,

- S. Marie de Venetio cum antiqua possessione et pertinentiis suis,

- S. Clementini cum capellis S. Marie et de Rotonel et S. Audoeni et S. Marie de Premart,

- S. Marie de Pinu,

- S. Johannis de Combrennio (7),

Monasterium S. Nicholai de Casa [vicecomitis] cum ecclesiis S Joannis et S. Marie de Lemozinaria et S. Florentii et S. Laurentii cum pertinentiis suis,

Ecclesia S. Justi de Oniaco,  

- S. Martini [ejusdem ville),

- S. Hillarii de Septem Fontibus,  

- S. Nicholai de Culturis cum ecclesia S. Georgii et pertinentiis suis,

- S. Petri de Longo Rete,

- de Cavis (8)

Ce qui suit est tire du Pouillé dresse, vers 1271 par un sous prieur de Saint-Florent.

HIC CONTIENTUR NOMINA PRIORATUUM NOSTRORUM ET NUMERUM MONACHORUM, SEDULUS SCRIPTOR, MICHAEL HURTAUT EXPRESSIT ET DIOCESES.

IN EPISCOPATU PICTAVENSI :

In prioratu de Chesa Viccomitis habemus duodecim monachos una cum priore ejusdem loci ; et debet de censa (9) X libras.

In prioratu S. Nicholai de Culturis habemus duos monachos ; et debet de censa, tam abbati quam camerario, XV libras.

In Prioratu de Septem Fontibus prope Onay, qui antiquitus fuit in eodem castro, habemus duos monachos ; et debet de censa L solidos. Valet LXXX libras.

In prioratu B. Marie de Pinu habemus tres monachos ; et debet de censa C solidos.

In prioratu S. Clementini prope Argentonium habemus quatuor monachos ; et debet de censa XL solidos et camerario C solidos.

In prioratu S. Marie de Venez habemus tres monachos ; et debet de censa L solidos

In prioratu S. Citronii de Vareda habemus duos monachos ; et debet de censa L solidos.

In capella de Moreton habemus duos monachos ; et debet de censa L solidos

Au Chapitre général tenu à Saint-Florent le mai 1519, afin de réunir les 300 livres nécessaires à la réparation du cloître et de l'infirmerie du monastère les huit prieurs poitevins souscrivirent pour la somme de 46 livres 10 sous, savoir celui du Pin pour 4 livres de Saint-Citroine, livres; de Coutures, 20 livres; de Morton, 3 livres; de la Chaize-le-Vicomte, 5 livres; de Sept-Fonts (10) livre 10 sous de Saint-Clémentin, 5 livres de Veniers, 3 livres.

Les quatre derniers prieurs étaient commendataires.

Afin de bien connaître l'abbaye d'où proviennent nos documents et les localités auxquelles ils se rapportent, on devra recourir aux nombreux dossiers et volumes des Archives de Maine-et-Loire.

Elles possèdent notamment le manuscrit original de l'excellente Histoire de Saint-Florent par dom Jean Huynes, bien préférable à la copie, plus belle que correcte, déposée à la Bibliothèque d'Angers.

Comme la liste des abbés de ce monastère, contemporains des chartes qui suivent, est souvent la seule ressource pour assigner à beaucoup d'entre elles des dates approximatives, nous la donnons ici, afin d'épargner au lecteur des recherches multipliées.

HELIE            premier abbé au château de Saumur, élu en 950 mort le 12 mars 956.

AMALBERT, 956; le 11 avril 985.

ROBERT, 985; en 1011.

ADHEBERT, 1011; le 8 avril l013.

GIRAUD, 1013 en 1022.

FREDERIC, élu le 26 août 1022 mort le 28 septembre 1055.

(il avait transféré en 1025 le siège de l'abbaye au bord du Thouet.)

SIGON, élu le 30 octobre 1055 mort le 12 juin 1070.

GUILLAUME de Dol, 28 juin 1070; 30 mai 1118.

ETIENNE 1ER, 20 juin 1118; 7 avril [1128 ?)

MATHIEU, en 1128 [?] élu évêque d'Angers en 1158.

ETIENNE II de la Rochefoucauld, en 1156 élu la même année évêque de Rennes.

OGER, en 1156; mort 26 jours après son élection.

PHILIPPE, en 1156; le l2 mai 1160.

FROGGER 1160-1174

RADUPLE 1174 – 1176

MAINIER 1176-1202

MICHEL 1202-1220

JEAN DE LOUDUN 1220

NICOLAS OLIVIER 1220-1221

ITHIER 1221-1223

GEOFFROY DE VALLEE 1223-1227

GEOFFROY 1227-1249

RENAUD 1249-1251……

CARTAE PICTAVENSES

MONASTERII

SANCTI FLORENTII SALMURENSIS

Hujus autem aecclesia institutionem Fulco comes sua auctorita firmavit pluresque boni viri: ipse videlicet Albericus, auctor, cum Milesende uxore sua et filiis eorum Goffredo et Petro, Goffredus filius comitis Fulconis, qui adhue puer erat (11) Isembertus Pictavensis episcopus, Garinus de Fonteniis, Fulco ejus filiaster, Elinannus de Cinomanne, qui tunc suam gardam in castro Lausduno faciebat, Alo Silvanus, Girorius filius Goscelini, Ugo villicus, Aimericus de Faia et omnes vavassores ipsius castelli.

Per supradictam conventionem postea crevit aecclesia, cui postea tradita sunt plurima beneficia. Si nosmet ipsi aut ullus heredum nostrum surrexurit qui hanc elemosinam inquietare presumpserit, in primis iram Dei altissimi sue sanctae Mariae virginis necnon et omnium sanctorum offensionem incurrat neque ad finem angeli Dei obviam ei adveniant, sed diabolic dimergant eum in profundum inferni.

Tempore comitis Fulconis, regnante Roberto rege, Hubertus scripsit, in tempore Isemberti episcopi Pictavis, nepotism Gisleberti episcopi.

 

 

 

 

 

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Liste des ÉVÊQUES DE POITIERS BARONS DE CHAUVIGNY.

Peu après le fameux An mille, au moment où se forma la Féodalité, les maîtres de Chauvigny étaient les évêques de Poitiers qui s'installèrent dans le château baronnial par la force dominante de l'Eglise, arrivée à son apogée.

 

(1). La charte de Guillaume le Grand, comte de Poitou, août 994, qui donne Saint-Michel en l'Herm à Saint-Florent de Saumur, a été imprimée plusieurs fois. V. Chroniques des églises d’Anjou, p. 259.

(2). La Fosse de Tigné, Meigné, Montilliers, Passavant, Trémentines, Trémont, Triangle et le Vau-de-Lenay. Toutes ces localités sont dans le département de Maine-et-Loire.

(3). Pour plusieurs des localités nommées ici, voir Chronique des églises d’Anjou, p, 203 et suiv. .

(4). Voir n°LXIV. C'est la plus moderne de nos pièces, aucune n'ayant été découverte pour la période comprise entre 1100 et 1201, date à laquelle nous avons cessé de recueillir les chartes de Saint-Florent.

(5). V. Archives d’Anjou vol. I, p. 203 et suivantes.

(6). V. Bibliothèque de l’Ecole des Chartes,  4e série, vol. p. 97, 98, 127-13I.

(7). Nous n'avons trouvé aucune charte sur Combrand.

(8). Dans les Bulles-Pancartes d'Innocent II (1142) et d'Eugène III (1146), où la désignation et l'énumération sont moins bonnes qu'ici, on donne à cette église le nom de Chavis.

(9). Tribut annuel payé à l'abbé.

(10). Pour le Poitou, voir principalement aux folios 64, 65, 74, 121, 123, 115, 177, 87,217 et 306.

(11)Geoffroy Martel