Le duc de Bourbon, l'an 1412, fut du nombre des princes qui signèrent l'ignominieux traité par lequel ils s'engageaient à mettre Henri IV, roi d'Angleterre, en possession des provinces cédées aux Anglais par le traité de Bretigny.
Au mois de juillet, suivant, le duc de Bourgogne, ayant amené le roi et le dauphin devant Bourges, pour attaquer la ligue des princes dans son centre, le duc de Bourbon défendit la ville, pendant environ six semaines, avec tant de valeur et d'habileté, qu'il obligea les assiégeants à parler d'accommodement.
On leva le siège, et les chefs des deux partis s'étant rendus à Auxerre, y signèrent, au mois de juillet, un traité de paix.
S'ensuit la copie des lectres du traictié que fut Henry, roy d'Angleterre et ses enfant d'une part, et les ducs de Berry, d'Orléan et de Bourbon, les contes d'Alençon et d'Armaignac et le seigneur d'Albreth et autres de leur aliance, d'antre part.
« En cest an mil quatre cens et douze, le VIIIe jour de may (1), fut premièrement accordé par lesdiz seigneurs ou leurs procureurs, que dores en avant exposeroient leurs personnes et toute leur puissance à servir le roy d'Angleterre, ses hoirs et successeurs, toutes et quantes foiz qu'ilz en seront requis, en toutes ses justes querelles recongnoissent que ledit roy d'Angleterre maintient juste querelle en la duchié de Guienne et en ses appartenances, et que ladicte duchié de Guienne lui appartient par droit héritage et succession naturelle, et déclairent dès maintenant qu'ilz ne blecèrent leur loyaulté aucunement en assistant en ce avecques ledit roy.
Item. Lesdiz seigneurs et leurs procureurs souffisamment fondez, offrent leurs fiîz, filles et nepveux, niepces, parens, affins et tous leurs subgetz, pour traicter mariages selon la discrécion du roy d'Angleterre.
Item. Offrent villes et chasteaulx, trésors et généralment tous leurs biens à l'aide et secours dudit roy et de ses hoirs, et querelles défendre, saulve leur loyaulté, laquelle ilz déclairent aucunement en ung autre appoinctement, dont les lectres sont faictes et passées.
Item. Offrent lesdiz seigneurs audit roy généralement tous leurs amis, adhérens, aliez et bienvueillans, à servir ledit roy en ses querelles et en la restitucion de la duchié de Guienne.
Item. Toute fraude cessant, lesdiz seigneurs sont prestz de recongnoistre audit roy ladicte duchié de Guienne estre ferme en autelle semblance et franchise quonques aucun de ses prédécesseurs la tint et posséda. Item. Recongnoissent lesdiz seigneurs et procureurs que toutes les villes chasteaulx et fortresses qu'ilz tiennent en ladicte duchié de Guienne, ilz les tiennent du roy d'Angleterre comme de leur vray duc de Guienne, en prometant tous services et dons pour hommage, par la meilleure manière qu'il se peut faire.
Item. Promectent à bailler et délivrer audit roy d'Angleterre en tant qu'en eulx est, toutes les villes et chasteaulx qu'on dit estre appartenans à la royaulté d'Angleterre, qui sont en nombre de vingt, que villes que chasteaulx, déclairez ès lectres sur ce faictes. Et au regard des autres villes et fortresses qui ne sont point en leur puissance et seigneurie, ilz les acquesteront et aideront à acquester audit roy d'Angleterre et sesdiz hoirs et députez et à leurs despens, avecques leurs gens en nombre souffisant.
Item. Cy après est contenu et déclairé esdictes lectres seellées comment il plaist au roy d'Angleterre que le duc de Berry, son bel oncle, subget et vassal, le duc d'Orléans, son subgect et vassal et pareillement le conte d'Armaignac, tiengnent de lui en foy et hommage les terres et seigneuries qui s'ensuivent le duc de Berry, la conté de Poictou sa vie durant le duc d'Orléans tenra la conté d'Angoulesme sa vie durant, et la conté de Pierregors à tousjours; et le conte d'Armignac tendra quatre chastellenies déclairées ès lectres séellées, moiennant ce et parmy certaines seuretez et condicions déclairées en icelles lectres.
Item. Et par les promesses dessusdictes ledit roy d'Angleterre et duc de Guienne doit défendre les dessusdiz seigneurs envers tous et contre tous, et leur aider à bailler secours comme leur vray seigneur, et avecques ce leur fera et aidera à faire bon accomplissement de justice du duc de Bourgongne. Et en oultre, ne fera ledit roy d'Angleterre nulz traictiez, confédéracions ne accords avec ledit duc de Bourgongne, ne ses enfans, frères, cousins ne aliez sans le consentement des seigneurs dessusdiz.
Item. Est accordé que ledit roy d'Angleterre aidera lesdiz seigneurs comme ses vrais vassanli en toutes leurs justes querelles, et en récompensacion des dommages et offenses à eulx injustement faictes par ledit duc de Bourgongne et ses aliez.
Item. Leur envoiera présentement ledit roy d'Angleterre huit mille combatans pour leur faire secours contre ledit duc de Bourgongne qui s'efforce de mener le roy de France à toute sa puissance contre iceulx. » Lesquelles lectres de confédéracions et aliances entre lesdictes parties furent passées et seellées des seaulx desdictes parties le VIIIe jour de may de cest an mil quatre cens et douze.
Toutesobiz les seigneurs dessusdiz promirent de payer les gens d'armes que le roy d'Angleterre devoit livrer, et à ce se obligèrent souffisamment.
La discorde ayant rallumé son flambeau, vers la fin de la même année, le duc de Bourbon se remit en campagne, parcourut, avec une armée de Parisiens, l'Anjou, le Poitou, le Berri, et purgea ces provinces des troupes de brigands qui les infestaient.
(1) Le 8 mai 1412. Monstrelet ne parle pas du traité de Busançais, signé le 14 novembre 1412 par le duc de Clarence et les plénipotentiaires de parti Orléanais.