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PHystorique- Les Portes du Temps
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10 juillet 2021

Panorama 360° de Oiron et Historique des seigneurs du château

Panorama 360° de Oiron et Historique des seigneurs du château

 Cette simple notice, extraite d'un ouvrage plus étendu, une monographie qui ne sera peut-être jamais publiée, devrait avoir pour titre : Le Château d'Oiron, son église, son hospice et son bourg.

C'est en effet le seigneur propriétaire du château qui a tout créé dans cette plaine immense, à peine ondulée, au sol argileux et calcaire, maigre et peu productif.

Au moyen âge, les seigneurs du pays possédaient une résidence dont les ruines de Leugny établissent l'existence certaine au XV siècle, et même bien antérieurement; c'est au XVIe siècle seulement qu'ils remontèrent leur habitation, un véritable palais, à cinq cents mètres environ vers le couchant, au point culminant de la plaine, dominé seulement par les bois devenus le grand parc, vers le sud-ouest, dans la direction de Thouars.

La commune d'Oyron fait partie du canton de Thouars, dans l'arrondissement de Bressuire (Deux-Sèvres).

Son chef-lieu est situé à environ trois kilomètres au sud de la station de Pas-de-Jeu sur le chemin de fer de Tours aux Sables-d'Olonne.

Cette commune, peuplée de près de 900 habitants, offre une superficie totale de 2153 hectares, bâtie ou non ; dans cette surface le grand parc entre pour 590 hectares, le petit parc attenant au château pour 71 hectares.

— Ce petit parc appartient maintenant à divers propriétaires. On n'aurait jamais dû, pour toutes sortes de motifs, ni aucun prix, le séparer du château : c'est un malheur presque irréparable.

Les bois présentent une surface de 435 hectares; les landes 180 hectares, celles-ci toutes dans le grand parc; des vignes importantes couvrent une superficie de 120 hectares; il y a i3 hectares de prairies naturelles et 1415 hectares de terres cultivées ou bâties, sans compter les voies publiques.

Ces voies sont assez nombreuses pour relier le bourg aux principales localités voisines.

— Le chemin de grande communication n° 14 bis conduit d'un côté à Saint-Jouin-de-Marnes et Moncontour, de l'autre à Pas-de-Jeu, au port de la Dive et à la gare du chemin de fer de l'Etat.

—Le chemin de moyenne communication n° 45, conduisant à Airvault, traverse Bilazay, au riche vignoble, et le petit bourg de Taizé.

— Le chemin de moyenne communication n° 62 conduit à Thouars vers.le sud, à Brié vers le nord.

— Un autre chemin communal plus court et plus direct, relie Oyron à Thouars en traversant le grand parc : mais, bien que vers 1 834 le baron d'Oyron ait été autorisé à le fermer par des barrières, sur les limites de son parc, entre dix heures du soir et quatre heures du matin, sous la condition expresse de l'entretenir carrossable à ses frais, il serait dit-on à grand'peine praticable, même aux grossières charrettes de travail.

 

La nécropole de Montpalais est un site néolithique comprenant six dolmens et un tumulus situé sur la commune de Taizé-Maulais. C'est l'un des plus importants sites mégalithiques du département des Deux-Sèvres.

La seigneurie d'Oyron, telle que nous la trouvons dans la possession de Louis-Antoine de Pardaillan de Gondrin, duc d'Antin, marquis de Montespan, pair de France, au commencement du XVIIIe siècle, était plus étendue que la commune actuelle.

Il résulte en effet d'un arpentage exécuté en mai, juin, juillet et août 1713, par Hippolyte Matis de Versailles, que la seigneurie proprement dite d'Oyron était de 1637 arpents 51 perches; la baronnie de Cursais offrait une surface de 658 arpents 94 perches et demie; la baronnie de Moncontour 1405 arpents 33 perches; ensemble une superficie de 3701 arpents 75 perches et demie, un peu plus de 2467 hectares.

Les deux baronnies ont été dispersées, vendues en détail dès le XVIIIe siècle, il n'en reste que deux tours à fière tournure qui dominent les environs, comme pour rappeler un passé déjà loin, mais non sans gloire.

La seigneurie d'Oyron est encore, pour environ les trois quarts de son étendue, entre les mains de la famille de ce nom, divisée en deux branches distinctes.

La commune d'Oiron, — nous donnons à son nom l'orthographe administrative, — ne présente rien de bien intéressant en dehors de la partie bâtie; mais celle-ci est tout à fait exceptionnelle.

En arrivant par le chemin de fer de Tours aux Sables-d'Olonne, le voyageur voit de loin la masse imposante du château que domine la tour de l'église : et après avoir parcouru cette plaine monotone, dont les grands flots de verdure ne sont cependant pas sans charme, il laisse à gauche, sur le bord de la Dive aux rives ombreuses, la ferme et le moulin de Terzay, et atteint les murs du petit parc qu'il longe jusqu'à la porte principale du château.

Terzay, simple ferme aujourd'hui, montre des restes certains de fortifications assez sérieuses; on voit que le vieux manoir était entouré d'eaux vives, et défendu par des tourelles cantonnées en avant et en arrière sur les deux rives de la rivière de Dive. — Aussi les avions-nous relevés dans nos notes et croquis d'excursions au pays poitevin.

Ces notes ont été confirmées depuis par la découverte que nous avons faite d'une autorisation donnée le 6 mai 1574, par Louys de la Trémoille, duc de Thouars, à Vital de Contour, conseiller du Roy, son trésorier et receveur général en Bretagne, seigneur de Terzay, de fortifier ledit Terzay de ponts-levis, tourelles, fossés et autres ouvrages.

Le 15 juin 1574, même autorisation fut donnée par Gilbert Gouffier, seigneur d'Oyron.

Enfin, au cours du mois d'août 1576, semblable autorisation par Henry, roy de France et de Pologne.

La porte principale du château est au centre d'une grille dont les extrémités s'appuient à deux pavillons ; — près de celui de gauche se trouvent les bâtiments de la ferme du petit parc ; en face de cette grille, d'immenses avenues de noyers conduisent au grand parc et dans diverses directions. -Ces avenues, aujourd'hui cultivées, sont les restes utilisés des dépendances grandioses d'un palais aux abords princiers.

On aperçoit derrière la grille une première grande cour bordée sur trois faces de murs ornés de pilastres ou de vases sculptés, ajourés d'arcades faisant communiquer autrefois avec la ferme, le potager, etc. ; plus loin, séparée de la première par des douves, une cour d'honneur ayant au fond le corps de logis principal du château, à droite et à gauche les deux ailes, d'époques et de dessins différents.

En suivant toujours les murs des dépendances du château, on arrive devant l'église, chef-d'œuvre de la Renaissance très bien conservé, malgré quelques fâcheuses restaurations récentes.

Là sont les tombeaux de la famille de Gouffier dont nous aurons à parler plus loin.

Une rue conduit de l'église à la place principale où se trouvait la vieille halle en bois, aussi vieille que le château. La commune vient de la remplacer par une construction moderne au moins aussi commode et de formes relativement élégantes.

Cette place forme la rue principale du nord au sud; prolongée vers le midi, elle conduit dans le grand parc et à Thouars; prolongée vers le nord, elle prend le nom de rue de la Malasserie et débouche dans le petit parc; c'est dans cette rue que se trouve la maison de Cherpentier, l'un des collaborateurs dans la fabrication des faïences d'Oyron.

 

Divers embranchements, à l'ouest, relient à la rue contournant le château pour aboutir à l'église, ils sont tous bordés de maisons, quelques-unes des XVIe, XVIIe ou XVIIIe siècles, le plus grand nombre modernes.

 — Ceux de l'est, plus importants, conduisent, l'un à l'hospice fondé par Mme la marquise de Montespan, l'autre s'en va vers Saint-Jouin-de-Marnes, avec bifurcation vers Bilazay. En le descendant jusqu'au vieux manoir en ruine de Leugny, on remarque sur la droite la jolie villa de style moderne, que vient d'y faire bâtir la famille Millault-Baudin qui l'habite.

Le bourg d'Oiron est bien ancien, car dès le Xe siècle, en 955 ou 956, d'après Dom Fonteneau (1), un prêtre nommé Frotbeau donne à l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers une maison et des vignes situées dans la villa d'Oyron (in villa que decitur Orioni), à la charge de payer un denier de cens à l'église Saint-Maurice.

Voici donc à peu près l'origine de ce bourg, que la Renaissance devait rendre célèbre et riche : au Xe siècle, quelques maisons et des vignes autour d'une église placée, comme celle d'aujourd'hui, sous le vocable de saint Maurice.

Les quelques lignes qui précèdent auraient à peu près tout dit, si nous n'avions à parler que de la commune et du bourg : mais nous avons indiqué le château, l'église, ses tombeaux, les faïences d'Oiron, l'hospice, œuvre par excellence de Mme de Montespan : comment ne pas revenir avec détail sur chacune de ces créations ?

Nous allons le faire à grands pas, car l'espace nous est mesuré ; tout en restant aussi bref que possible, nous essaierons de compléter et rectifier ce qu'on a écrit déjà sur le même sujet, utilisant les travaux de ceux qui nous ont précédé : heureux si nous avons ainsi, à notre tour, pu aider à faire mieux ceux qui nous suivront.

Mais nous croyons devoir consacrer le premier chapitre de cette notice aux familles qui ont possédé la seigneurie d'Oyron, jusqu'à nos jours; hommes et choses sont unis par des liens si intimes, que nous ne pouvons utilement parler de ces dernières sans avoir fait connaître les premiers, ceux qui les ont créées ou inspirées.

L’historien non moins artiste qu'érudit a écrit sur Oyron, ses faïences, ses œuvres d'art et ses artistes, quelques pages qui resteront comme un monument de savoir et de style : mais Benjamin Fillon, qui n'avait en vue que l'art de terre, n'a touché à l'histoire et à la biographie des familles seigneuriales qu'autant que son étude de la céramique s'y trouvait intéressée : c'est ce qui explique pourquoi il n'a parlé que des seuls Gouffier avec quelques détails.

D'autres avant lui et depuis n'ont fait remonter qu'à 1370 l'origine de la seigneurie, encore ont-ils, comme M. de Chergé en 1839, laissé quelques lacunes dans le tableau chronologique des seigneurs.

 

Nous avons cependant trouvé, dès 1120, un AIMERY D'OYRON désigné dans une charte comme écuyer de Geoffroi de Mauléon, ainsi que le prouve le cartulaire de Saint-Laon de Thouars, publié en 1875 par le savant H. Imbert de Thouars, que la mort vient de ravir aux arts et à la science, quelques mois après Benjamin Fillon.

Dans ce même cartulaire se trouve établi qu'au nombre des chanoines de Saint-Laon, dans la première moitié du XIIe siècle, figurait aussi un AIMERY D'OYRON.

 

La seigneurie d'Oyron, à cette époque, était bien peu importante; elle relevait de la terre de Thouars.

Les documents historiques qui la concernent nous font complètement défaut pendant le XIIIe siècle; il en est autrement à partir de 1329, où elle était entre les mains de HUGUES II, vicomte de Thouars.

En 1350, nous la trouvons possédée par JEANNE DE BEAUÇAY, veuve de Hugues II, puisque par son ordre les fourches patibulaires, établies par les abbés et religieux de Saint-Jouin-de-Marnes, furent détruites comme étant élevées sur le bailliage d'Oyron. (Dom Fontelleau.)

Jeanne de Beauçay en 1351, dans une charte du 3 mars, prend aussi le titre de Dame de Mauléon et d'Oyron, pour fonder, avec le consentement de l'évêque de Poitiers, une aumônerie.

En 1370, PÉRONNELLE de Thouars, épouse de Tristan Rouault, fille de Louis, vicomte de Thouars, et de Jeanne de Dreux, hérita de la seigneurie d'Oyron .

C'est elle qui fonda le couvent de Chartreux. Les religieux devaient être au nombre de treize; elle leur donna l'hôtel seigneurial d'Oyron, constitua à leur profit une rente de huit cents livres tournois, et s'engagea à faire édifier à ses frais l'église, le cloître et les maisons nécessaires ; mais son décès, arrivé en 1397, l'empêcha de tenir ses promesses en entier.

PIERRE D'AMBOISE, son héritier, prit possession de la seigneurie en 1397; il était fils d'Ingerger Ier d'Amboise et d'Isabeau de Thouars, sœur de Péronnelle. Il mourut en 1422.

Quelques années après sa mort, son successeur Louis D'AMBOISE fut attaqué par les Chartreux d'Oyron, afin d'obtenir les constructions promises par leur fondatrice; bien que peu disposé à céder, en raison de l'hypothèque dont étaient grevés les immeubles de Péronnelle au profit des religieux, il se décida à transiger le 7 novembre 1442; il donna 3,500 écus d'or neufs, afin de rentrer en possession de l'hôtel et seigneurie d'Oyron et ses appartenances, et d'être dispensé des constructions réclamées.

Louis d'Amboise ne resta pas longtemps en possession de la seigneurie d'Oyron; il s'en dessaisit le 10 juillet 1446, en faveur de deux personnages de la cour de Louis XI : PIERRE BÉRART, Seigneur de Bléré et de Chissé, maître d'hôtel du Roi et trésorier de France, et JACQUES CHARRIER; la vente fut consentie pour 7,000 écus d'or, elle comprenait l'hôtel fort et la terre d'Oyron, les dîmes, les cens, les rentes et toutes les bêtes. (Chartrier d'Oyron.)

Dès 1448 Bérart et Charrier vendirent la terre et seigneurie d'Oyron à JEAN DE XAINCOINS, receveur général des finances en Poitou, qui, victime d'une intrigue ourdie principalement contre Jacques Cœur, par Guillaume Gouffier, chambellan et confident intime de Charles VII, le comte de Dammartin et le Florentin Castellani, trésorier de Toulouse, fut condamné à mort.

On lui fit grâce de la vie, moyennant une amende de 60,000 écus d'or. Ses biens furent confisqués, et les courtisans se partagèrent ses dépouilles.

Sur les conseils d'Agnès Sorel, Charles VII donna à Guillaume Gouffier les terres d'Oyron, Rochefort, le Rougnon, Champagné-le-Sec et Sonnay près Chinon. (P. Anselme.)

Jean Barillet, dit de Xaincoins, receveur général des finances, possédait en Poitou les terres d'Oyron, de Rochefort, de Champigny-le-Sec et du Roigon…., que le roi Charles VII confisqua le 17 décembre 1449, et donna, le 9 avril 1451, à Guillaume Gouffier, seigneur de Bonnivet, baron de Roannez. (Voy. Arch. hist. Poitou, t. XXXII et XXXV.)

 

Les Gouffier, dont le nom apparaît pour la première fois dans cette notice, et dont la famille est appelée à jouer un rôle si important dans l'histoire d'Oyron, sont originaires des environs de Châtellerault.

Dès le mois de janvier 1224, nous voyons figurer dans une charte un Guillaume Gouffier, sieur de prinçay, vassal du vicomte de Châtellerault; André est cité comme témoin, en 1246, dans une transaction entre Jean de Melun, évêque de Poitiers, et Guillaume de Chauvigny. (B. Fillon.)

En 1250, Étienne Gouffier faisait partie de la première Croisade, car il souscrivit une charte à Saint-Jean-d'Acre.

Un autre Étienne, son fils sans doute, habitait Marnay en 1309

Jean I Gouffier, seigneur de Bonnivet, La Vau, Belleforye, etc., vivait de 1347 1380. Il épousa Jeanne de Chardonchamps. Jean, l'aîné de leurs enfants, mourut en 1414, après avoir épousé Jeanne d'Aloigny, puis Jeanne Frétard, dame de Passé.

Leur fils Aimery, marié à Madeleine de la Fayette, mourut en 1436; il fut le père de GUILLAUME GOUFFIER, devenu seigneur d'Oyron le 17 décembre 1449. -

Guillaume Gouffier épousa deux femmes : la première Louise d'Amboise, fille du sieur de Chaumont et d'Anne de Bûeil, sœur de Charles d'Amboise, cardinal, plus tard premier ministre de Louis XI; la seconde, Philippe de Montmorency, fille de Jean de Montmorency, premier chambellan du Roi, et de Marguerite d'Orgemont; elle était alors veuve de Charles de Melun.

Comme on l'a fait remarquer plus d'une fois, ces deux- alliances assurèrent les relations de Guillaume Gouffier avec la plus haute noblesse, et sa fortune en prit un nouvel accroissement.

Favori de Charles VII, qui le prit d'abord pour valet de chambre, puis pour écuyer, enfin pour chambellan, lui seul fut en tiers dans le secret que la Pucelle révéla au Roi. (Quicherat.)

Initié à toutes les intrigues de la cour, il fut un des zélés courtisans d'Agnès Sorel, qui l'en récompensa largement, comme on l'a vu plus haut.

 Elle lui donna toute sa confiance et le fit même appeler à son lit de mort pour lui dire ses dernières pensées et lui donner ses recommandations suprêmes.

On regrette de voir Guillaume Gouffier accepter la présidence des débats du procès de Jacques Coeur : — mais sans doute il comprit que cette mission n'était pas digne de lui, car il s'en déchargea sur Castellani : — il n'en reçut pas moins la terre de Boisy pour prix de ses services.

On dit bien que cette terre, avec celle de La Motte, la seigneurie de Roanne et celle de Saint-Aout, lui ont été adjugées au Palais, à Paris, le 30 janvier 1456, moyennant 10,000 écus d'or — mais il paraît que cette somme lui avait été donnée par Charles VII. (La Fontenelle.)

Déjà le Roi avait gratifié son chambellan de la terre de Roquecérière, en Rouergue, qui avait appartenu à Agnès Sorel; — le P. Anselme prétend toutefois que ce fut seulement d'une rente de 800 livres. Il importe peu.

 

Le seigneur d'Oyron profita quelque temps de ces largesses, mais en 1457 son étoile pâlit.

— Touché par une lettre de Jacques Cœur, qui lui recommandait ses enfants en mourant, Charles VII se détacha, de son premier chambellan, qui fut arrêté, avec Otto Castellani, sous prétexte de magie et sortilèges, condamné au bannissement, à l'amende et à la confiscation de ses biens; il se retira près du duc de Bourbon.

Mais Charles VII ne tint pas longtemps rigueur à son premier chambellan ; il lui rendit sa charge, ses biens, et l'appela de nouveau à la cour.

En 1461, à l'avènement de Louis XI, Guillaume Gouffier fut une seconde fois disgracié, et JEAN XAINCOINS, à qui on avait fait rendre gorge, profitant des circonstances, s'empressa de se faire réintégrer dans la propriété de la terre d'Oyron; cet état de choses se prolongea pendant quatre années environ.

En 1465, Guillaume Gouffier réussit à gagner si bien la confiance du nouveau Roi, qu'il redevint chambellan, et que Louis XI lui confia l'éducation du Dauphin qui, d'ailleurs, fit peu d'honneur à son maître.

La restitution des biens ne fut pas facile à obtenir de Xaincoins qui ne voulait pas lâcher la proie, mais l'autorité du Roi mit fin au procès (13 octobre 1465).

En 1470, le duc de Bourbon donna droit de justice à Guillaume Gouffier- pour sa seigneurie de Boisy, et le Roi Louis XI lui accorda, en 1475, la haute justice dans sa seigneurie d'Oyron; puis, en 1477, lui fit don des terres de Traves et de Vallon, confisquées sur Claude et Marc de Toulonjon, rebelles.

Guillaume Gouffier mourut le 23 mai 1495, à Amboise, et fut inhumé dans l'église des Cordeliers.

 

ARTUS GOUFFIER lui succéda; il était fils de cette Philippe de Montmorency, dont nous avons parlé, et avait été élevé avec le jeune Roi Charles VIII ; il épousa Hélène de Hangest-Genlis, d'une famille de Picardie, vers l'année 1499.

Artus Gouffier suivit Charles VIII à la conquête de Naples, combattit à ses côtés et lui sauva la vie à Fornoué; il accompagna aussi Louis XII en Italie.

Soldat de grande bravoure, homme d'un esprit cultivé, aimant les arts et les lettres, Artus avait étudié l'art de gouverner à l'école de Louis XI et d'Anne de Beaujeu; il y puisa de grandes vues politiques et sut y joindre un fond d'honnêteté bien rare chez les hommes de son siècle; toutes ces qualités exceptionnelles du seigneur d'Oyron justifient et expliquent sa fortune brillante entre toutes.

Bailly de Vermandois le 23 novembre 1503, chambellan du Roi le 6 septembre 1512, gouverneur et premier chambellan de François ler, gouverneur de Valois le 30 novembre 1513, capitaine de Chinon le 15 juin 1514, donataire, par le Roi, de la terre de Villedieu-sur-Indre le 25 décembre 1514, grand-maître le 7 janvier 1515, gouverneur et administrateur du douaire de la Reine Marie le 18 avril 1515, il accompagne le Roi à Milan et Marignan le 1 er septembre 1515, et en reçoit les terres de Caravas, Casal-Major, Valence et autres places du Milanais; Caravas est érigé en comté en sa faveur le 23 décembre 1515; ; la Reine Claude de France lui donne la jouissance du comté d'Étampes le 3 février 15 16 ; enfin il est fait lieutenant-général du Dauphiné le 1er septembre 1516, avec don des 4,000 ducats de rente que payaient au Roi les habitants du Briançonnais.

L'un des principaux mérites d'Artus Gouffier est d'avoir développé chez François Ier, son élève, le goût des arts : en cela, il est vrai, il fut aidé par sa femme, Hélène de Hangest. François Ier, qui faisait grand cas de son maître, l'envoya vers les princes d'Allemagne pour proposer son élection à l'Empire.

Dès 1515, dans le traité fait par le Roi de France avec l'Angleterre, on inscrit comme présent Artus Gouffier, seigneur de Boisy, grand-maître de France; il était donc déjà utilisé par son souverain comme un homme d'État tout à fait supérieur.

Il mourut le 15 mai 1519, à Montpellier, au moment de terminer le traité conclu entre la France et l'Espagne; sa femme lui survécut jusqu'au 26 janvier 1537.

Fille de Jacques de Hangest, seigneur de Genlis, chambellan du Roi, et de Jeannette de Moy, elle avait épousé Artus Gouffier le 10 février 1499; elle avait seize ans. Elle aida beaucoup son mari dans sa tâche difficile, et, comme le fait remarquer avec justice B. Fillon, ce qu'on sait de sa vie privée démontre que c'était une femme d'une intelligence remarquable, aimant les arts et les pratiquants avec quelque succès. On peut donc lui faire en partie honneur de la sympathie de son mari et du Roi François Ier son élève, pour les œuvres de l'intelligence.

François Ier, et ce fut justice, témoigna toujours à Hélène de Hangest, même lorsqu'elle fut veuve, autant d'affection que de respect, et il lui confia l'éducation de Henri d'Orléans, le second de ses fils, qui fut Henri II.

Les enfants nés du mariage d'Artus et d'Hélène de Hangest furent: 1° Claude Gouffier; 2° Hélène, mariée en 1517 à Louis de Vendôme, et en 1527 à François de Clermont; 3° Anne, religieuse de cette abbaye célèbre de Fontevrault, fondée par Robert d'Arbrissel.

A partir de 1524, Hélène de Hangest résida souvent à Oyron, dont, avec raide de son fils, elle finit l'église et rebâtit le château, tout en occupant ses loisirs à créer ces fameuses faïences d'Oyron, si longtemps connues, à tort, comme B. Fillon l'a démontré sans réplique, — sous la dénomination de faïences de Henri II.

Artus Gouffier avait quatre frères : Pierre devint abbé de Saint-Denis le 20 janvier 1504 et administra l'abbaye jusqu'aux premières années du règne de François Ier. Adrien fut cardinal, abbé de Cluny et de Saint-Jouin-de-Marnes.

Eymard fut élu abbé de Saint-Denis après la mort de son frère Pierre; il remplaça également Adrien comme évêque d'Alby en 1524; abbé de Cluny et de Saint-Jouin-de-Marnes, il mourut dans cette dernière abbaye le 9 octobre 1528. — Pierre est inhumé à Saint-Denis dans le choeur de l'église, sous une grande et belle tombe d'ardoise. (Jacques Doublet.)

Le quatrième frère, Guillaume, seigneur de Bonnivet, fait amiral de France le 31 décembre 1517, fut, dit-on, le singulier héros d'une scène quelque peu scandaleuse qui se serait passée à Oyron, et que racontent Brantôme et Vorillas. L'héroïne paraît avoir été l'auteur même des Nouvelles de la Royne de Navarre, Marguerite d'Angoulême, par qui l'aventure est également racontée.

Nous ne pouvons que renvoyer aux auteurs cités les lecteurs qui auraient le désir d'en connaître les détails. L'histoire est un peu trop légère pour lui donner place ici.

 

Dès 1518, Artus Gouffier avait entrepris la construction de ses riches et immenses édifices d'Oyron, en commençant, par l'église paroissiale : la demeure de Dieu devait, à son avis et à celui de son épouse Hélène de Hangest, primer celle des plus puissants princes et rois de la terre.

La mort vint interrompre ses travaux en 1519 ; mais ils furent continués activement par sa femme et par son fils et ne furent guère terminés qu'en 1544, si nous en croyons une enquête faite en 1539 pour l'érection de l'église en collégiale, et la date inscrite dans le grand escalier d'honneur. Leur importance explique l'emploi d'un aussi long temps pour arriver à la fin de l'oeuvre entière.

 

CLAUDE GOUFFIER (1519) avait été enfant d'honneur du Duc de Valois, plus tard François Ier, et fut ensuite attaché au Duc d'Orléans.

Il combattit à Pavie aux côtés du Roi, dont il partagea la captivité, et fut l'un des témoins devant lesquels son souverain protesta contre les clauses du traité de Madrid, le13 janvier 1526.

Rentré en France, il reprit ses fonctions auprès de son jeune prince, aussitôt que l'un et l'autre furent sortis des prisons de Charles-Quint.

Claude fut comblé d'honneurs et de bienfaits par François Ier, mais n'eut jamais de rôle politique bien en vue, ce fut un homme de cour. Aussitôt après la mort du grand-maître, il fut nommé capitaine d'Amboise et de Chinon, bailly de Vermandois, chevalier de l'ordre royal et gentilhomme de la Chambre, à la mort de La Barre, prévôt de Paris.

Maulevrier fut pour lui érigé en comté ; il eut le commandement de la première compagnie de cent gentilshommes de la maison du Roi, et le 22 octobre 1526 il devint grand écuyer de France.

Henri II, comme le fait remarquer Benjamin Fillon, ne fit qu'accroître la position de Claude Gouffier à la cour. Ses prérogatives de grand écuyer furent élargies.

Charles IX ne fut pas moins généreux et libéral que ses deux prédécesseurs, il érigea, en effet, Boisy en marquisat en 1564, confirma l'érection du Roannez en duché, et donna à Claude Gouffier une compagnie de cinquante hommes d'armes pour garder son château d'Oyron.

 — Cette compagnie occupait le deuxième étage de l'aile gauche, au-dessus de la grande galerie : les rateliers d'armes sont encore fixés aux murs du logis.

Les guerres de religion troublèrent la vieillesse de Claude, et ses nombreux mariages, qui furent loin d'être tous heureux, contribuèrent sans nul doute à jeter sur la fin de sa vie une sombre et triste teinte.

En effet, Claude Gouffier épousa cinq femmes :

Jaqueline de la Trémouille, le 13 janvier 1526 : il avait alors vingt-cinq à vingt-six ans ; la conduite criminelle de cette femme l'obligea à la faire enfermer une première fois au château de Vincennes ; puis, à la suite de nouveaux scandales, en 1544, au château de Chinon, où elle mourut peu de temps après.

2° Francoise de Brosse, dite de Bretagne, le 13 décembre 1545 ; le contrat fut signé au Louvre; Françoise mourut en couches à Oyron, le 26 novembre 1558.

3° Marie de Gaignon, qu'il épousa à Blois, le 25 juin 1559 ; elle mourut à Oyron le 15 mars 1565.

4° Claude de Beaune, dame d'honneur de Marie de Médicis, veuve de Louis Burgensis, premier médecin du Roi, en 1567 ; elle mourut quelques mois après son mariage célébré à Paris.

5° Antoinette de la Tour Landry, autre dame d'honneur de la Reine, qui avait eu déjà deux maris et survécut à Claude.

Claude Gouffier mourut, en 1572, à Villers-Cotterets, laissant une immense fortune territoriale.

Il avait eu dix enfants : une fille avec Jaqueline de La Trémouille, trois enfants de Françoise de Bretagne, dont l'aîné fut Gilbert, duc de Roannez; six de Marie de Gaignon.

Le mobilier laissé par Claude était d'une richesse inouïe ; il fut vendu à la requête d'Artus de Cossé, maréchal de France, tuteur des enfants nés de Marie de Gaignon. Ainsi s'en allèrent au jeu des enchères des richesses artistiques inestimables, parmi lesquelles se trouvaient les jolis portraits, œuvres exquises aux trois crayons, d'Hélène de Hangest-Genlis, décédée en 1537, et qui, très nombreux, portaient écrits de la main de François Ier, composés par lui, des quatrains comme celui qui nous a été conservé par Meslin de Saint-Gelais.

Nous ne pouvons négliger de le citer, il était au bas du portrait d'Agnès Sorel :

Plus de louange et d'honneur tu mérite

La cause estant de France recouvrer

Que ce que peut dedans un cloître ouvrer

Close nonnain ou bien dévôt hermite

 

Claude Gouffier s'occupa beaucoup délai collégiale d'Oyron. - C'est ainsi que par acte du 30 juillet 1541 il la dota de 30 livres tournois de rente perpétuelle ; que le 8 juin 1542 il lui donna une somme de 112 5 livres tournois et quatre grosses cloches, et institua quatre vicaires ou demi-prébendés; que le 2 juin 1546, la discipline s'étant relâchée parmi les chanoines, il leur imposa l'obligation d'assister tous les jours aux services de l'église, conformément à l'acte de fondation, établissant des retenues sur le traitement des absents.

En 1568, les guerres de religion ensanglantèrent la France, et le grand écuyer Claude fut lui-même victime des excès qui se commettaient alors.

 Le dimanche 19 septembre, pendant l'occupation de la ville par les forces protestantes sous les ordres d'Andelot, un gentilhomme normand du parti de ce dernier, nommé Colombiere, se rendit à Oyron avec quelques hommes et arrêta le seigneur, ses serviteurs et ses chanoines.

 

Le château fut pillé, les tombeaux de l'église mutilés.

Claude Gommer, emmené prisonnier à La Rochelle, recouvra sa liberté peu de temps après, sous la promesse de payer rançon; mais une fois relâché, il fut relevé de son serment et de son engagement par le Roi.

La Mothe-Messemé, dans ses honnêtes loisirs, raconte, dans tous ses détails, la trahison de Colombiere et les faits qui ont suivi, avec un très grand accent de vérité et une indignation plus grande encore,

L'auteur de cet ouvrage très rare est François Le Poulchre de la Mothe-Messelné, issu d'une très noble famille du Loudunais, né à Montauban, vers 1540. Il s'attacha sincèrement 'à la maison de Gouffier; son père était intendant de Marguerite, Reine de Navarre, qui fut sa marraine; François Ier fut son parrain. — Nous le retrouverons, dans quelques années, signalé par le duc de Roannez à Charles IX comme un capitaine d'élite, un homme sûr, un gentilhomme modèle.

 

Charles IX à Oiron le 21 septembre  22, 23, 24 septembre 1560, Diner et coucher

Le Roi avait pu connaître et apprécier déjà ce serviteur fidèle, intelligent et dévoué, car c'est de la Mothe-Messemé qui avait préparé la réception et les logements de Charles IX à Oyron.

La cour s'y trouva si bien, qu'au lieu de faire la simple halte projetée, elle y séjourna quatre jours, rayonna vers Thouars et autres résidences seigneuriales importantes, et ne quitta la demeure de Boisy que le cinquième jour pour aller, après dîner, à Loudun (2).

GILBERT GOUFFIER, duc de Roannez, devint seigneur d'Oyron après la mort de son père, en 1572. Cette date est établie par les inventaires qui ont été dressés après le décès de Claude. — Il épousa, dans le courant de la même année, Jeanne de Cossé, fille d'Artus de Cossé, maréchal de France, comte de Secondigny.

Gilbert mourut fort jeune à Oyron, le 15 octobre 1582, et n'eut guère le temps ou l'occasion de laisser des traces marquantes de son passage sur la terre.

Au moment où Charles IX échappa aux protestants, qui voulaient l'arrêter en 1579, et organisa de nouvelles forces militaires à Paris avec l'aide des plus puissants seigneurs de la province, le duc de Roannez reçut pour son fils, marquis de Boisy, alors âgé de... deux ans, le commandement d'une compagnie de cent chevau-légers; mais Gilbert qui se connaissait en hommes, en valeur et patriotisme, accepta pour son fils, seulement à condition que la lieutenance serait donnée à la Mothe-Messemé, qui aurait le commandement effectif du corps.

Louis GOUFFIER n'avait que quatre ans lorsque son père, décédé à vingt-huit ans, lui laissa la seigneurie d'Oyron.

 Pendant sa minorité, Jeanne de Cossé, sa mère, s'occupa d'une manière spéciale des droits de haute justice d'Oyron, qui, sous ses prédécesseurs, avaient été déjà l'objet de bien des décisions différentes.

En 1592, Claude de la Trémouille, mineur, et Jeanne de Montmorency, sa mère, concédèrent la châtellenie avec droits de haute et basse justice sur les paroisses d'Oyron, Bilazais, Noizé, Brie, Pas-de-Jeu, Montbrun, Vrères et Rigné, au profit de Jeanne de Cossé, moyennant 18,000 livres ; cette concession fut confirmée par lettres patentes du 27 septembre 1593.

Claude de la Trémouille, à sa majorité, revint contre ces conventions, et, le 28 décembre 1596, Louis Gouffier lui aurait, d'après Serrant, rendu hommage pour la terre d'Oyron.

En 1620, le Parlement de Paris, par un arrêt du 23 mai, réintégra définitivement Claude de la Trémouille, qui, d'après l'arrêt, n'aurait fait la concession à son préjudice que par force et nécessité.

Louis de Gouffier fut remplacé, comme gouverneur de Poitiers, par le duc de Sully. On lui reprochait de n'avoir su ni conserver son autorité, ni maintenir le calme dans la population, alors en proie aux discordes civiles, malgré l'appui qu'il avait trouvé dans le maire Nicolas de Sainte-Marthe.

A partir de ce moment, il se montra encore quelquefois à la cour, mais son crédit finit par tomber tout à fait et il ne quitta plus guère son château d'Oyron.

Condamné à mort comme faux monnayeur, crime assez commun parmi les grands seigneurs de l'époque, Louis de Gouffier en appela de ce jugement rendu par une commission de Richelieu, au Parlement, qui cassa la décision : mais, le 16 décembre 1631, un arrêt du conseil la rétablit. Toutefois, la sentence ne fut exécutée qu'en effigie et le coupable put bientôt se montrer sans être inquiété.

 Louis fonda un couvent de religieuses de Saint-François qu'il alla prendre à Lussinge, sur les bords de la Dive, en un lieu sanctifié vers le Xe siècle par un personnage du nom de Laon, dont les restes furent transportés plus tard à Thouars : saint Laon, patron de la deuxième paroisse de la ville, serait ce même religieux.

La maison où furent installées ces religieuses joignait celle de l'habile faïencier, Pierre Cherpentier, sieur de la Fontaine.

Louis Gouffier, malgré sa longue existence, n'apporta pas grand changement à son château. Ce fut heureux, car ce qu'il fit, sous prétexte d'embellissements, justifie bien la qualification de Vandales patentés, que Benjamin Fillon, en bon justicier, lance à ce seigneur et ses peintres.

Ce sont ces mêmes peintres ou d'autres de même force qui, à partir de 1625, furent chargés par le petit-fils de Claude, d'embellir la résidence d'Oyron, et auxquels malheureusement on doit les plafonds du grand salon et de quelques autres galeries hautes.

Je livre leurs noms : ils s'appelaient Jacques Despicy et Vincent Mercier; le maniériste Belangé, dont on reconnaît également les œuvres, a exécuté du moins un travail tolérable.

Louis de Gouffier avait épousé, le 6 juillet 1600, Eléonore de Lorraine, fille de Charles, duc d'Elbeuf et de Marguerite Chabot il mourut le 16 décembre 1642.

ARTUS II DE GOUFFIER, petit-fils de Louis, qui lui succéda; était fils de Henri, marquis de Boisy, tué dans un combat le 24 août 1639, et de Marie Hennequin ; l'aîné des fils de Louis, comte de Gonnord, avait embrassé l'état ecclésiastique.

Artus II eut le mérite relatif de laisser Oyron en repos, et ne s'occupa guère avec passion que de controverses religieuses.  

Nommé gouverneur du Poitou, en 1651, il reçut le Roy et la cour à leur arrivée à Poitiers, le 31 octobre de la même année 1651, et en sa nouvelle qualité, prit une part active à la répression de la Fronde.

Il fit le siège des châteaux de Dissais, Chauvigny et Angles, dont le marquis de La Roche-Posay, malgré sa qualité de lieutenant du Roy, s'était rendu maître au nom des rebelles. Artus eut le mérite de s'en faire ouvrir les portes presque sans coup férir.

Plus tard, en 1669, après l'arrestation de quelques nobles rebelles à Niort, le Poitou étant tranquille, Artus Gouffier donna sa démission de gouverneur.

 

Il vendit ensuite sa terre d'Oyron à François d'Aubusson, duc de La Feuillade, devenu son beau-frère, par suite de son mariage avec Charlotte de Gouffier, le 9 avril 1667.

Artus avait construit dans son château la tour à droite de la cour d'honneur, établissant ainsi de l'harmonie et de la symétrie dans l'édifice. Il termina sa vie dans la plus profonde retraite.

FRANÇOIS D'AUBUSSON III était fils de François d'Aubusson II et d'Isabelle Brachet -, il épousa, comme nous l'avons dit, Charlotte de Gouffier, acheta Oyron à son beau-frère Artus II en 1667, et apporta dans sa nouvelle propriété ce goût douteux et cette lourde magnificence qui caractérisent l'époque de Louis XIV.

 C'est ce même duc de La Feuillade qui dépensa plus tard un million pour élever au Grand Roy une statue équestre que l'on voit encore sur la place des Victoires, à Paris.

Une crise financière pesait alors cruellement sur la France, la misère du peuple était grande; on trouva' l'instant peu favorable pour une si grosse dépense dans un pareil but. Si l'on ajoute qu'autour de la statue équestre on avait placé quatre fanaux allumés nuit et jour et quatre esclaves de bronze enchaînés aux pieds de l'homme immortel, selon l'inscription gravée sur le monument, on ne sera pas étonné que l'esprit gaulois des Parisiens ait trouvé à s'exercer sur l'œuvre du courtisan, et qu'un jour on ait affiché sur le socle une gasconnade ainsi conçue : -

La Feuillade, sandis,je crois qué tu mé bernes,

Dé placer lé soleil entré quatre lanternes !

Les fanaux furent enlevés par ordre, plus tard les esclaves suivirent.

L'esprit chevaleresque de La Feuillade lui fit entreprendre, en 1668, à ses frais, une campagne à la tête de six cents officiers pour soutenir Candie, dont les Turcs faisaient depuis longtemps le siège contre les Vénitiens. Il fournit deux mois aux dépenses de cette troupe, qui fut admirable d'héroïsme.

Il s'empara, en huit jours, de Salins contre les Espagnols, en 1674; fut fait maréchal de France en 1675, le 30 juillet, après la mort de Turenne; on le retrouve sur le champ de bataille, à côté du Roy, en 1676, après la prise de Condé, en face du prince d'Orange.

La Feuillade ramena de Sicile les troupes françaises, en 1678, et accompagna Louis XIV à la prise de Mons en 1691.

Il vint rarement à Oyron; il y prodigua cependant l'argent, mais ne parvint qu'à dénaturer grossièrement ou à détruire les chefs-d'œuvre de la Renaissance et de Claude Gouffier.

Il ne fit grand que pour les avant-cours qui sont réellement royales.

Autrefois l'avenue du château était obstruée par de nombreuses maisons; il compléta l'aile droite en reliant la cour d'Artus II au corps du logis par une terrasse sur arcades.

Deux inventaires de 1654 et 1668, que nous possédons et que nous publierons peut-être un jour, feront voir combien, après les pillages répétés du château d'Oyron, par Colombière et sa bande d'abord, les calvinistes fuyant de Moncontour ensuite, le mobilier avait été richement reconstitué.

La Feuillade, fait utile à noter, avait voulu, vers 1685, défendre au public se rendant d'Oyron à Thouars la traversée de son parc; mais Henri de la Trémouille fit un procès, et démontra que les titres du 7 mars 1590 et 28 juin 1597 affirmaient dès cette époque reculée la publicité du chemin; le passage fut de nouveau ouvert.

La Feuillade, qui fut gouverneur du Dauphiné, mourut en 1691, et son décès, malgré ses flatteries et son adulation pour Louis XIV, ne put provoquer que ce propos rapporté par Martin : « Cette année m'a été » heureuse, elle m'a défait de trois hommes que je ne pouvais plus souffrir : Louvois, Seignelai et La Feuillade. »

Le propos est-il vrai ? Nous n'oserions l'affirmer. Nous espérons même qu'il ne l'est pas, pour l'honneur de celui auquel on l'impute.

Louis D'AUBUSSON, duc de La Feuillade, fils du précédent et de Charlotte de Gouffier, continua dans Oyron l'œuvre de son père, c'est-à-dire la mutilation de l'œuvre de Claude, œuvre si fine et si savante qu'aujourd'hui encore le peu qui en reste peut servir de modèle à tous ceux qui veulent reproduire ce que la Renaissance a enfanté de plus riche et de plus beau.

Brave comme son père, sa conduite et ses mœurs, si nous en croyons Saint-Simon, lui aliénèrent ses meilleurs amis et jusqu'à l'esprit du Roy.

Sa vie militaire ne devint guère très brillante qu'en 1704; nous ne le suivrons pas dans ses campagnes, qui sortent des limites de cette notice ; sa terre et seigneurie d'Oyron ayant été aliénée par lui, dès 1700, pour payer tout ou partie de ses nombreuses dettes.

 

Panorama 360° de Oiron et Historique des seigneurs du château (2)

FRANÇOISE-ATHÉNAIS DE ROCHECHOUART, marquise de Montespan, fille de Gabriel de Rochechouart, duc de Mortemart, et de Diane de Grandseigne-Marsillac, fit l'acquisition en 1700, moyennant 340,000 livres qu'elle paya de ses deniers, de la seigneurie d'Oyron avec les baronnies de Montcontour et de Cursay.

Elle ne fit pas exécuter de grands travaux dans le château; c'est à peine si nous avons trouvé quelques traces bien personnelles de son passage dans des décorations de cheminées, dans des dallages de chambre fabriqués à Nevers; encore ne furent-ils posés qu'après sa mort.

Mais si elle s'occupa peu de sa résidence et des jouissances matérielles qu'elle pouvait y trouver, au sortir de la Cour de son royal amant, elle agit autrement à l'égard des pauvres et des malheureux, dont elle assura largement, pour le présent et l'avenir, le repos, les soins, l'existence.

La marquise de Montespan mourut à Oyron en 1707. Dès le 13 août 1700 elle avait donné la seigneurie à son fils.

Elle a laissé dans le pays un souvenir aimé et respecté, qui est toujours aussi vif; la population est reconnaissante a toujours des bienfaits de la belle, généreuse et bienfaisante marquise.

 

LOUIS-ANTOINE DE GONDRIN de Pardaillan, duc d'Antin, fils de Henri de Gondrin de Pardaillan, marquis de Montespan, et de Françoise de Rochechouart, prit de suite possession de la terre d'Oyron, mais n'y fit que de courts séjours; on ne trouve guère de travaux exécutés par son ordre dans le château.

Il fit paver le bourg, et, la vieillesse arrivant, il revendit son beau domaine au maréchal de Villeroy, après en avoir fait dresser les plans, qu'il réunit en un album intéressant, bien qu'inexact sur quelques points. Cet album est aujourd'hui la propriété de M. d'Oilliamson; il porte sur son couvercle le chiffre du duc d'Antin, et nous a gracieusement été communiqué par Mlle de Polignac, précédente propriétaire, sur la recommandation sympathique de M. le baron de Wismes.

FRANÇOIS DE NEUEVILLE, maréchal duc de Villeroy, fils de Nicolas de Neufville, quatrième du nom, maréchal de France, et de Madeleine Créqui, prit possession de la seigneurie en 1745. Il s'empressa malheureusement de se montrer le digne successeur de La Feuillade, en faisant disparaître une petite tour d'escalier qui surmontait le pavillon de droite, reste élégant et curieux de l'édifice des Gouffier.

 

PIERRE-JACQUES FOURNIER, chevalier de BOISAIRAULT, lieutenant-colonel de cavalerie, d'une noble maison d'Anjou, fit, en 1772, l'acquisition de la seigneurie d'Oyron du maréchal-duc de Villeroy. Depuis elle resta dans les mains de cette famille.

La Révolution fit émigrer de Boisairault d'Oyron, qui se retira à Stuttgard avec toute sa famille.

 Il rentra en France au moment où l'autorité de Bonaparte commençait à se faire sentir, apportant un peu de ce calme dont le pays avait tant besoin; presqu'aussitôt la mort vint le surprendre. Il mourut en effet en 1800.

LOUISE-GENEVIÈVE CYRET DE BRON, veuve de Jacques de Boisairault, conserva la terre d'Oyron jusqu'à son décès qui eut lieu en 1822. C'est son aïeul, Jacques Cyret de Bron, qui fut inhumé le 31 mars 1752 dans l'église Saint-Mexme de Chinon.

PIERRE-AUGUSTE FOURNIER DE BOISAIRAULT, baron d'Oyron, fils de Jacques et de Geneviève, recueillit cette même terre en héritage le 23 novembre 1822; ses soins, comme le fait remarquer M. de Chergé, qui a écrit une des premières et des meilleures notices sur Oyron, tendirent à faire les réparations les plus urgentes dans son château; si les sommes considérables qu'il y a dépensées n'ont rien ajouté aux embellissements intérieurs, si certains travaux ont même caché quelques-unes de ses beautés, au moins la conservation de ce qui existe a-t-elle été assurée.

De Boisairault d'Oyron avait été fusillé à Quiberon; mais, grâce à la maladresse et à l'émotion des soldats composant les pelotons d'exécution, il ne reçut aucune blessure; bondissant par-dessus un petit mur, il s'enfuit dans les. blés et les bois, ayant à sa suite tous les soldats disponibles, deux pelotons complets; il leur échappa et fut recueilli par de charitables paysans qui le cachèrent jusqu'au moment propice pour rentrer en lieu sûr..

Il mourut en 1837, léguant à son petit-fils Auguste le château d'Oyron.

Pierre-Auguste Fournier de Boisairault d'Oyron avait quatre enfants : Pierre-René-Gustave, Auguste-Paul, René-Albert et Louise-Stéphanie.

Du mariage de Pierre-René-Gustave d'Oyron avec Elisabeth de Voyer d'Argenson, sont nés : Auguste Fournier de Boisairault d'Oyron, Élisabeth et Maria.

Du mariage de Auguste-Paul d'Oyron avec Alexandrine de la Motte-Baracé sont nés : Ernest et Pauline. Ernest, comte d'Oyron, né en 1833, a épousé sa cousine germaine Maria. Il est aujourd'hui (1884) le chef de la famille. Renommé disciple de saint Hubert, il habite tour à tour le château de Verrières qu'il possède dans le Loudunais, ou le château de Saint-Léonard, qu'il a fait bâtir auprès du grand parc d'Oyron, dont. il est le seul propriétaire.

Du mariage de René-Albert, comte de Boisairault, troisième fils de Pierre-Auguste, avec Armande-Charlotte Ulicka de Wall, femme d'une rare intelligence et d'une bienfaisance inépuisable, sont issus.: Angèlique-Pièrre-René, Louis-Alfred, tué à l'ennemi, officier de chasseurs d'Afrique en 1870.

Angélique-Pierre-René, vicomte de Boisairault, né le 26 juin 1838, a épousé Marie de la Porte-Lalanne, dont est né, le 22 octobre 1882, Alfred.

AUGUSTE FOURNIER DE BOISAIRAULT, marquis d'Oyron, petit-fils du précédent propriétaire, était fils de Pierre- René-Gustave de Boisairault, mort en 1865, et de dame Elisabeth de Voyer d'Argenson.

Il épousa Gertrude, fille du duc de Stacpoole, d'une famille anglaise de grande noblesse, riche et illustre.

Les Stacpoole, comme les de Wall, descendent de ces nobles héros normands qui accompagnèrent Guillaume le Conquérant en Angleterre.

C'est le marquis Auguste qui commença sérieusement la restauration du château d'Oyron, et, deux jours avant sa mort, il manifestait l'intention- bien arrêtée de consacrer à ces travaux tous les revenus du domaine, jusqu'à complet achèvement, et traçait le programme de ce qui devait être fait. C'était en 1877.

GUSTAVE, MARQUIS D'OYRON, recueillit alors l'héritage de son père; il avait dix-sept ans à peine. Ce jeune homme, auquel semblait promis un long avenir, et que ses rares qualités faisaient aimer déjà dans le pays, a succombé, vers la fin de i883, aux suites d'une chute de cheval, à l'âge de vingt-trois ans.

En 1884 le château d'Oyron est possédé par Madame GERTRUDE DE STACPOOLE, MARQUISE D'OYRON, sa mère, qu'il a instituée légataire universelle de ses biens.

 

En 1888 l'abbé Bossebœuf consacre un article au château et à la collégiale ; en 1892, l'architecte Deverin exécuta des relevés du château (Archives des Monuments historiques en 1931) ; en 1903, Arthur Bouneault s'intéresse aux clés de voûte de la chapelle ; en 1906 l'historien d'art niortais Henri Clouzot évoque le château et son décor peint.

Après des difficultés successorales au cours du XIXe siècle et les ventes, la demeure connaîtra le sort de bien d'autres.

Dans son numéro consacré au Poitou, la revue du Touring Club de France (vers 1910) décrit un château inhabité "où l'on montre encore quelques tableaux anciens"...

En 1931 Dumolin indique que le chartrier est conservé au rez-de-chaussée du pavillon des Trophées, où vit la dernière occupante du château, la vicomtesse d'Oiron, qui en était usufruitière; certaines des photographies montrent un parterre au centre de la cour d'honneur, le sol partiellement dépavé de la galerie Renaissance (dont sept des onze fenêtres sont bouchées), deux portes-fenêtres créées pour accéder à la terrasse Est (l'une a été conservée), et à l'intérieur quelques fauteuils et un écran de cheminée de style Empire dans les grandes salles d'apparat au décor délabré et sur le manteau de la cheminée de la chambre du Roi "la médiocre effigie d'un portrait d'un gentilhomme en armure, sous un écusson de Jacques de Boisairault et de son épouse" (portrait présumé de Louis Gouffier, restauré et conservé sur place)

 

De la même façon, les cartes postales du photographe loudunais Dando-Berry montrent de petites cheminées de marbre insérées dans les grandes cheminées anciennes; dans les appartements des derniers propriétaires, d'autres cheminées à trumeaux ou glaces ont été conservées, avec aux fenêtres des cantonnières, ultimes vestiges du décor du XIXe siècle.

D'autres cartes postales furent éditées vers 1960 par le service commercial des Monuments Historiques (arch.pers.) ; en 1979 l'architecte en chef des Monuments Historiques Pierre Bonnard évoquera du "mobilier évanoui sous l'œil complice d'un domestique indélicat" sans précision de date.

Après l'avoir classé Monument historique en novembre 1923 et acquis par voie d'expropriation (décret du 15/05/1941) dans un état proche de la ruine, l'État procédera pendant un demi-siècle à d’importants travaux de sauvegarde et de restauration : mise hors d'eau du bâti vers 1950, consolidation des décors peints (dont la galerie).

Vers 1970, un programme de restauration mis en œuvre à la fin des années 1980 et poursuivi de nos jours avec au terme d'un chantier de sept ans - une rénovation du décor intérieur de la galerie Renaissance (cf. communiqué de presse du Centre des monuments nationaux).

 

Ouvert au public par le Centre des monuments nationaux, le château a accueilli plus de 30 000 visiteurs en 2004.

Le 1er janvier 2019, Oiron fusionne avec Brie, Saint-Jouin-de-Marnes et Taizé-Maulais pour constituer la commune nouvelle de Plaine-et-Vallées

 

 

Paysages et monuments du Poitou / photographiés par Jules Robuchon .... [Tome VIII], [Deux-Sèvres]

 

 

 

 

 

Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU ) <==.... ....==> Oiron, Tombeau de Guillaume Gouffier de Bonnivet mort à Pavie en 1525 sous le Règne de François Ier

 


 

3 Octobre 1569, Troisième guerre de Religion, bataille de Moncontour dans le Poitou. (Panorama 360°) - 

Montcontour, en latin Mons-Contorius, Moncontorium. Ce bourg était au XIVe siècle, défendu par une forteresse qui fut prise par les Anglais après un siège de six jours, et reprise par Du Guesclin en 1371. Moncontour est célèbre par la victoire que le duc d'Anjou, depuis Henri III, y remporta sur l'amiral Coligny en 1569.

 

Time Travel 1666 ; Lussac les châteaux - Gabriel de Rochechouart de Mortemart et Madame de Montespan, la favorite du Roi-Soleil

Au Moyen-Age Lussac était une ville fortifiée entourée de remparts. Ceux-ci était percés de quatre portes situées aux points cardinaux. Une description datant de 1680 indique que la porte de Narbonne se situait dans la cour basse du château féodal ou se tenaient la première entrée et les bâtiments à usage domestique.

 

 

(1) Dom Fonteneau. tome VI, p. 197.

(2) L'un des descendants de la Mothe-Messemé, M. le marquis de Messemé, habite encore (1884), à quelques lieues de Loudun, le château qui porte son nom.

 

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