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PHystorique- Les Portes du Temps
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6 juillet 2021

La lanterne des morts de Saint-Pierre-d'Oléron, un monument funéraire édifié au XII e siècle

La lanterne des morts de Saint-Pierre-d'Oléron, un monument funéraire édifié au XII e siècle

Les pratiques funéraires en usage à la Tène finale perdurent en Gaule romaine sous le Haut-Empire. L'incinération est associée à des puits ou des fosses à offrandes.

Des édicules carrés, réservés peut-être à un usage cultuel, accompagnent parfois les puits.

Les catacombes exceptées, les nécropoles chrétiennes sont vraisemblablement apparues après l'édit de tolérance de Constantin. Elles se sont développées à l'extérieur des villes, à proximité des anciennes nécropoles et auprès des sanctuaires élevés à la gloire des apôtres et des premiers évêques. Les sépultures chrétiennes sont caractérisées par la pratique exclusive de l'inhumation, l'orientation chevet au levant et l'absence de mobilier.

(Clovis et l'énigme des sarcophages tombée du ciel à Civaux : Lemovices et Pictons, le christianisme en Poitou )

 L'ensevelissement, à l'époque, se fait dans des auges "rectangulaires" (trapézoïdales au Ve siècle), massives, à couvercles plats et parfois en bâtière comme ceux des dames de Lozay lesquelles étaient cependant païennes et sans décoration. On connaît également les coffrages de tuiles à rebords, des cercueils de bois et des linceuls en pleine terre.

Les sépultures mérovingiennes utilisent principalement des sarcophages de pierre, voire de plâtre dans lesquels on trouve parfois quelques objets de parure. Il se pratique toutefois, à la même époque, des inhumations en fosses rectangulaires; les corps sont accompagnés d'un important mobilier d'armes, d'accessoires de parure, de verrerie et de céramique. Ces sépultures qui se rencontrent dans les "cimetières à rangées" sont attribuées aux Francs.

Coffrages de bois, fosses aménagées, cuves de plâtre façonné, seraient respectivement la pratique funéraire dominante des VIIIe/IXe s., IX/XIIe s. et Xe/XIIIe s. Les cercueils de bois cloué seraient caractéristiques de la fin du Moyen Age et les bagues l'élément essentiel de leur mobilier inexistant aux siècles précédents.

L'exiguïté des cimetières médiévaux explique la superposition très étagée des tombes, leur rotation et la création conséquente d'ossuaires, voire de charniers. Le cimetière de l'église des Saints-Innocents était entouré de galeries à charniers. Par ailleurs, les cimetières de l'époque, ouverts à tout venant, même aux porcs et remplis d'immondices, n'en demeuraient pas moins un asile inviolable servant de refuge à la population.

La construction dans les cimetières de colonnes creuses au sommet desquelles on entretenait des lampes allumées s'est généralisée au XIIIe siècle.

La Saintonge possède deux lanternes des morts: le faisceau de colonnes de Fenioux et la colonne octogonale de Saint-Pierre d'Oléron.

Les lanternes des morts, lampiers, fanaux rendaient honneur aux trépassés, invitaient à la prière et servaient de repère aux voyageurs égarés.

Les Chrétiens ont voulu être enterrés à l'intérieur des églises.

Dès le VIe s., le Conseil ecclésiastique interdit l'inhumation dans les églises.

 Les cimetières paroissiaux se développent alors mais les défenses sont peu respectées: à Bordeaux, au XIIIe s., c'est l'odeur pestilentielle régnant dans l'église Saint-Siméon qui provoque l'ouverture du cimetière voisin. Il faut croire que les contrevenants - des notables surtout - sont encore nombreux au XIXe s. puisque le décret impérial de l'an XII, complété par l'ordonnance royale de 1843, rappelle l'interdiction et l'étend aux temples et aux synagogues.

L'ordonnance royale de 1776 allait plus loin puisqu'elle prescrivait la création de nouveaux cimetières à l'écart des habitations.

On doit rappeler que l'édit de Nantes, en 1598, avait confirmé l'édit de 1577 qui accordait des cimetières particuliers aux protestants.

En 1685, la Révocation de l'édit de Nantes supprime cette concession. Si la Révolution a rendu la citoyenneté aux protestants, c'est Napoléon qui a rétabli leurs cimetières.

Le décret du 23 prairial an XII (21 juin 1804) stipule que "dans les communes où l'on professe plusieurs cultes, chaque culte doit avoir un lieu d'inhumation particulier, et dans le cas où il n'y aurait qu'un cimetière, on le partagera par des murs, haies ou fossés, en autant de parties qu'il y aura de cultes différents avec une entrée particulière pour chacun". La loi du 14.12.1881 abrogea la ségrégation confessionnelle dans les cimetières.

Soulignons que par dérogation, les églises, les salles capitulaires et les cloîtres servaient de lieux de sépulture aux ecclésiastiques de tout rang et aux religieux des diverses communautés. La basilique de Saint-Denis fut, après Dagobert, la nécropole de ses successeurs et de grands capitaines tels que Du Guesclin.

Des monuments prestigieux sont devenus lieux de sépulture d'illustres personnages, ainsi les Invalides pour Napoléon, le Panthéon pour Victor Hugo.

L'ossuaire excepté, on trouve dans de nombreux cimetières, un espace réservé aux soldats morts au champ d'honneur. Depuis la guerre de 1914-1918, des cimetières nationaux regroupent les soldats français et alliés victimes des guerres mais également, depuis la deuxième guerre mondiale, des soldats allemands - ainsi le cimetière allemand établi sur le commune de Berneuil.

Deux lieux de sépulture parisiens méritent une attention particulière: le cimetière du Père-Lachaise et les Catacombes. Etabli sur une ancienne propriété des Jésuites, le cimetière porte le nom du confesseur de Louis XIV. C'est Rambuteau, préfet de Louis XVIII qui a aménagé les jardins en une vaste nécropole regroupant les restes des gloires littéraires tels qu'Héloïse et Abélard, Racine, Molière, La Fontaine. rejoints ensuite par ceux d'autres personnages illustres.

Depuis qu'on y a jeté pêle-mêle, en 1785 les ossements du cimetière des Innocents, les carrières de Paris sont devenues un immense ossuaire. Sous l'Empire, les ossements furent disposés selon un plan régulier en pyramides, en colonnes, murailles. Des noms furent donnés aux groupes principaux, des places furent assignées à certaines catégories d'ossements, ainsi aux victimes des journées de septembre.

De nos jours, l'entretien des cimetières ordinaires est à la charge des communes. Leur aliénation ne peut intervenir que 10 ans après la dernière inhumation. L'expansion des villes ne permet plus de respecter la réglementation relative à la distance des habitations. Le développement de la crémation peut apporter un remède à cette situation. Les columbariums des cimetières contemporains répondent à ce nouveau besoin.

 

Société d'archéologie et d'histoire de la Charente-Maritime

 

 

==> Aliénor d’Aquitaine, Lois Maritimes les Rôles d'Oléron, appelés aussi Jugements d'Oléron

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