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PHystorique- Les Portes du Temps
28 juin 2021

François 1er- Michelle du Fresne dite de Saubonne (1485-1549), dame de Soubise et dame d'atour de la reine Anne de Bretagne

François 1er- Michelle du Fresne dite de Saubonne (1485-1549), dame de Soubise et dame d'atour de la reine Anne de Bretagne

1494 12 septembre Naissance à Cognac de François.

François est fils de Charles de Valois, comte d'Angoulême, et de Louise de Savoie ; de cette union est aussi née en 1492 une fille, Marguerite.

1496 1er janvier Mort de Charles d'Angoulême, père de François Ier

Par son père, le jeune François est l'arrière-arrière-petit-fils du roi Charles V, et le cousin du roi régnant Charles VIII et de Louis d'Orléans, futur Louis XII.

1498 7 avril Mort du roi Charles VIII

Il qui ne laisse pas de fils ; son cousin Louis d'Orléans lui succède et épouse sa veuve, Anne de Bretagne ; Louise de Savoie et ses deux enfants sont appelés à la cour ; tant que Louis XII n'a pas de fils, François d'Angoulême est l'héritier présomptif du trône.

 

1506 21 mai François d'Angoulême se fiance avec Claude de France, fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne.

 

La cour des Valois-Angoulême ne quittait guère le château de Cognac, que lorsque ses intérêts l'appelaient à Amboise.

Louise de Savoie était heureuse de produire dans cette résidence royale ses deux enfants, dont les grâces naïves faisaient l'admiration de tout le monde ; mais elle revenait toujours avec plaisir en Angoumois.

Elle était à Cognac au mois d'août 1513, se disposant à se rendre à Barbezieux, pour être marraine d'un des enfants du seigneur de la Rochefoucauld, lorsqu'une indisposition la força de renoncer à ce voyage (1).

 Elle passa encore à Cognac une partie du mois de septembre, en compagnie de Charles VI, duc d'Alençon, marié à sa fille Marguerite d'Angoulême.

 Le jeune duc préférait les bords de la Charente à ceux de la Loire, parce que là du moins la présence de sa belle-mère le protégeait contre les dédains de sa femme, plus occupée à narrer à son entourage quelques-uns des contes qu'elle nous a laissés, que de plaire à l'homme qu'elle n'aima jamais (2).

 Le 29 septembre 1513, on apprit à Cognac l'occupation de Tournay par les Anglais; et, quelques jours après on ne parlait plus au château que du jeune comte d'Angoulême, dont le courage venait de contribuer à sauver la Picardie.

Comme la jeune veuve dut être heureuse des premiers succès de son fils !

Longtemps après, quand elle recueillit quelques souvenirs de sa vie, elle écrivait :

 « En revenant de vespres de Saint-Légier de Congnac, je entrais en mon parc, et près du Dedalus (jardin découpé en bosquets, situé près de la porte du château) la poste m'apporta une nouvelle très-bonne du camp de Picardie » (3).

 

Elle nous apprend aussi que quelques jours après, comme elle revenait de dîner à Boutiers, le duc d'Alençon, qui l'accompagnait, tomba de cheval et se cassa un bras.

Le lendemain de cet accident, on vit arriver le jeune comte d'Angoulême, tout fier d'avoir trouvé l'occasion de montrer son courage contre les ennemis de la France, et de dire à sa mère et à sa sœur les dangers qu'il avait courus.

Sa présence combla de joie la cour et le peuple.

Ce n'était plus l'enfant maladif et fluet qu'on avait vu quelques années auparavant essayer ses forces à la course et à la chasse dans le parc de Cognac ; les exercices militaires avaient surexcité cette nature débile.

Il paraissait comme le type d'une génération nouvelle. Aucun prince de l'époque ne pouvait être comparé au jeune promoteur de la renaissance.

On trouvait en lui comme une combinaison de l'antiquité et de la chevalerie; il en avait la majesté comme l'élégance, la force comme l'adresse. Son courage répondait bien, comme on l'a dit, à sa taille de demi-dieu, ou de héros de la Table-ronde.

Quand il revint se montrer aux habitants de sa ville natale, on admirait ses traits grands et doux, son esprit ingénieux, brillant, actif, curieux de tout, comprenant tout, prêt, comme le siècle lui-même, à toute nouveauté, à toutes les grandes choses qui exaltent le génie. Malgré ces avantages, dont il pouvait être fier, on fut étonné de le trouver soumis aux volontés de sa mère, comme aux jours de son enfance, toujours à ses côtés, toujours empressé à lui plaire, lui racontant les événements des châteaux de Blois et d'Amboise, l'accompagnant à pied, quand elle allait en litière visiter les grands personnages du comté d'Angoulême.

 

 

La mort d'Anne de Bretagne le 9 janvier 1514 (à 36 ans) à Blois, ne permit pas à François Ier de faire un long séjour en Angoumois; il retourna à la cour.

Passage à Châtellerault de l'écurie de François d'Angoulême, en 1514

M. Giraud, conservateur des Musées archéologiques de Lyon, a publié, dans le Bulletin historique et philologique, 1898, p. 58-81, les Comptes de l' 'écurie de François d' Angoulême  (1514), « à l'occasion des joutes tenues » à Paris, lors du mariage de Louis XII avec « Marie, sœur de Henri VIII d'Angleterre » et où figura « Monsieur de Bonnivet, depuis admiral de France » (4).

Les réparations faites au harnachement des chevaux, à leur passage à Châtelleraut, sont ainsi consignées dans ces Comptes :

3. A Chastelleraull, pour ung licou simple, garny de deux rênes, pour le cheval que mène Sequain, vij s. vj d.

4. Aud. lieu, pour une bride à une celle de courtaud qui est rompue, l'avoir embourée et atachée, ri s. vj d. (5)

5. Aud. lieu, pour avoir embourré la selle du courtault de Robertet, Angoulesme, pour cinq licoux de cuyr simples, garnis de rênes pour cinq courtaux, à v s. pièce, xxv s.

6. Aud. lieu, pour quatre paires de sangles pour les grans courtaulx, vnj s.

7. Aud. lieu, pour dix portemors (6), garnis de grans boucles noires, v s.

8. Aud. lieu, pour avoir abillé la celle de Brosse rompue devant, l'avoir embourée et relachée, vj s.

9. Aud. lieu, pour avoir embourré la celle du Turc, qui est trop large et l'avoir acoustrée, inj s.

10. Pour six contresangteaux (7), mis aux celles des petis courtaulx, mj s.

11. Pour avoir habillé le courtier à courir la poste (8) et mis du cuyr blanc, ij s.

 

M. DE FREDILLY.

«Le 11 janvier 1514, dit l'heureuse mère, je partis de Congnac, pour aller à Angoulesme et coucher à Jarnac; et mon fils, demonstrant l'amour qu'il avoit pour moy, voulut aller à pied et me tenir compagnie » .

Le prince et sa mère rentrèrent à Cognac quelques jours après, à trois heures de l'après-midi.

Le 8 mai 1514,  il épousa à Saint-Germain-en-Laye, Claude de France, duchesse de Bretagne qui décède en 1524.

Tous les enfants mâles nés de l’union d’Anne de Bretagne avec Louis XII sont morts en bas âge.

 

François Ier en devient l'usufruitier en épousant la fille d’Anne de Bretagne.

De cette union naîtront sept enfants : Louise (1515-1518), Charlotte (1516-1524), François (1518-1536), Henri (1519-1559), Madeleine (1520-1537), Charles (1522-1545) et Marguerite (1523-1574).

 

Sa mère, qui l'avait suivi, rentra peu de temps après à Cognac, où sa présence activait les constructions qu'on ajoutait au château et les réparations des ponts et des fortifications.

La même année, le jeune duc de Valois, (ce titre lui avait été donné lors de ses fiançailles avec Claude de France), revint à Cognac.

La population alla le recevoir en grande pompe à la porte Angoumoisine, où l'attendait avec la duchesse d'Alençon toute la noblesse de Saintonge et d'Angoumois.

«Mon fils, dit encore Louise de Savoie, à trois heures après midi, fit son entrée à Congnac; je demeuray au chasteau avec M. d'Alençon qui avait le bras rompu; ma fille Marguerite et ma sœur de Taillebourg, à présent duchesse de Valois, descendirent en ville pour voir l'entrée » .

 

 

Le 15 octobre 1522, à Saint-Germain-en-Laye, je feus fort malade de goutte, et mon fils me veilla toute la nuict.

Le 17 d'octobre 1522, au Mont-Saint-Martin, environ neuf heures du matin, mon fils, marchant en ordre de bataille, fut requis par son maistre d'école de lui donner l'évesché de Condom, ce que de très-bon cœur il lui octroya, ayant souvenance que, devant qu'il fût roi à Amboise, en ma présence, il lui avoit promise.

L'an 1522, en décembre, mon fils et moi, par la grâce du Saint-Esprit, commençasmes à cognoistre les hypocrites, blancs, noirs, gris, enfumés et de toutes couleurs, desquels Dieu, par sa clémence et bonté infinie, nous veuille préserver et deffendre; car, si Jésus-Christ n'est menteur, il n'est point de plus dangereuse génération en toute nature humaine.

 

 

Michelle du Fresne dite de Saubonne (1485-1549), dame de Soubise et dame d'atour de la reine Anne de Bretagne

Sa vie et sa généalogie nous sont connues au travers des écrits du mathématicien François Viète, qui fut le secrétaire de son fils à ses débuts, au parc Mouchamps.

Présente à la cour de Louis XII comme dame d'atour et secrétaire de la reine Anne de Bretagne, Michelle de Saubonne organisa pour elle des joutes oratoires galantes et présenta à la reine le poète Jean Marot.

En 1505, elle fut choisie pour servir de fille d'honneur à la reine. Chargée des bagues, du linge et des bijoux d'Anne de Bretagne, elle en devint bientôt le secrétaire, rôle qu'elle partagea avec Hélène de Laval, puis organisa pour la souveraine des joutes oratoires galantes.

 

Anne de Bretagne voulait qu'elle fut pour la princesse comme une seconde mère.

« La mère de Jean de Parthenay était à Anne de Bretagne, de laquelle elle était autant favorisée que jamais servante fut de sa maîtresse, ce que la Reine lui continua toute sa vie, de sorte qu’elle se gouvernait par son conseil en ses plus importantes affaires, la connaissant de bon entendement, non seulement en ce qui appartient au fait ordinaire des femmes, mais même en affaires d’Etat, en quoi elle ne cédait à nulle femme, ni à guère d’hommes de son temps. »

 

Louise de Savoie, mère de François, l'héritier présomptif, ne se trompe pas sur l'influence dont elle jouit et qui lui fait ombrage.

Elle la ménage, jusqu'au moment où, sans risque, elle pourra s'en débarrasser. Et tous les courtisans qui s'agitent autour des monarques font attention à elle. Il y a parmi eux des intrigants sans scrupules et de fidèles serviteurs. Les uns se font tout dévoués d'apparence à la politique de la reine, car elle a une action personnelle sur le roi et il pourrait être dangereux de la contrarier. Il y a aussi ceux qui nour­rissent des opinions opposées aux siennes et qui cherchent à circonvenir et à se rendre favorable la dame d'atour.

Parmi les plus ardents partisans d'Anne, on compte d'abord l'archevêque de Rouen, le fameux cardinal d'Amboise, légat du pape, dont l'ambition, un moment, ne vise à rien moins qu'au trône pontifical. Son prestige et sa popularité étaient immenses. Par une singularité vraiment étonnante, il fut un des rares personnages de la cour à soutenir les intrigues de la reine pour réaliser le mariage de Claude avec un prince étranger.

Il y a aussi le dévoué Jacques de Beaune, qui avait été le trésorier général et particulier de la reine, en 1491, avant d'être nommé général des finances du Languedoc; de toutes ses forces, il servait ses besoins d'argent.

 Il était un familier des souverains et avait été témoin du contrat de mariage d'Anne et de Louis XII, à Nantes, le 7 janvier 1499.

 C'était un dévoué dans toute la force du terme, ce qui ne le préserva pas de tomber, sous François Ier, dans une disgrâce complète et de finir victime de la cupidité de Louise de Savoie, car il fut condamné à être pendu au gibet de Montfaucon (1527).

Ses relations avec Michelle furent des plus suivies et il l'estima de particulière façon.

Parmi les opposants d'Anne il faut mettre au premier rang le maréchal de Gié, Pierre de Rohan, breton rallié à la cause française. Celui-ci est un partisan résolu du mariage de François d'Angoulême avec Claude.

Son influence est demeurée puissante sur le roi. Et la reine le soupçonne d'ourdir contre elle tout un complot, au cas de la mort envisagée de Louis XII. Aussi s'acharne-t-elle contre lui et obtient-elle, non sans peine; de le faire poursuivre en justice pour crime de lèse­-majesté.

L'amiral de Graville est aussi un des plus tenaces adversaires de la reine et un partisan dévoué du maréchal. Toujours aux écoutes, il assiège le trône pour faire entendre ses protestations contre le gaspillage des crédits et les abus du régime.

Michelle est au courant de tout ce qui se manigance à la cour, dans un sens comme dans l'autre, et se tient tou­jours prête à avertir sa maîtresse.

Or, justement, pendant l'année 1505, de graves dissentiments surviennent entre le roi et la reine. Celle-ci a perdu momentanément son prestige sur son faible mari.

Le projet du mariage autrichien, formé depuis quatre ans pour sa fille avec Charles de Luxembourg, le futur Charles-Quint, a défi­nitivement échoué.

Au cours d'une maladie qui l'a mis aux portes du tombeau, le roi s'est ressaisi (avril 1505). Il rédige son testament, s'efforce de réconcilier Anne et sa rivale Louise de Savoie et de faire accepter les fiançailles de François avec Claude, et il maintient sa protection du maréchal de Gié.

En 1507, elle se maria avec Jean IV de Parthenay, seigneur de Soubise, dont elle était la seconde épouse, et qui mourut cinq ans plus tard, la laissant enceinte avec trois filles.

Mlle de Saubonne apportait, par son contrat, un capital de 25.000 livres dont 7.000 restant dues furent versées le 16 mars 1507.

 Comme la reine avait coutume de doter ses demoi­selles d'honneur sur sa caisse particulière, il est permis de présumer que sa générosité s'affirma plus que jamais à cette occasion. De son côté; la mère de l’'époux, Marie d'Estampes, fit une donation à Jean Larchevêque de la terre du Parc Soubise, de 400 livres tournois de rentes, et de toutes les terres et seigneuries qui lui appartenaient.

Toute la famille fut installée à la cour, y compris Marie d'Estampes, pour qui Michelle eut toujours les plus grands égards.

La dame d'atour conserva ses absorbantes occupations. Le luxe dans lequel se complaisait la reine, les joyaux qu'elle acquérait, les tapisseries, les toilettes, les étoffes précieuses, les soieries, le linge brodé, tout ce qui faisait le décor de sa vie journalière, les cadeaux, les dons charitables qu'elle prodiguait, ·sans compter ses· caprices, tout cela accaparait l'activité de la confidente devenue la dame de Soubise.

Et non seulement elle veillait sur ses enfants, mais aussi sur les deux princesses royales, bien qu'elle ne fût pas en titre leur gouvernante.

Mme de Tournon était la gouvernante de Claude, née en 1499, Mme du Bouchage, de Renée, née le 25 octobre 1510.

 

Le ménage semble avoir été heureux : quatre enfants naquirent : Anne, Charlotte et Renée de Parthenay, et un fils posthume, Jean VI de Parthenay-Larchevêque, né en 1513.  Car le père était mort au bout de peu d'années, dans le courant de l'année 1512.

C'est par son fils qu'elle sera la grand-mère de Catherine de Parthenay.

La reine, avait senti se ranimer ses espérances d'avoir un héritier mâle, ce qui eût changé la destinée du royaume.

 Hélas ! pour la malheureuse duchesse de Bretagne, ce ne fut qu'une fille, qui plus tard devint la duchesse de Ferrare et vécut jusqu'à un âge avancé, tandis qu'une dernière grossesse n'aboutissait, le 21 janvier 1512, qu'à la naissance d'un enfant mort-né!

 

L'accouchement de Renée s'était produit inopinément.

Ce fut Michelle qui dut impro­viser la confection des langes pour lesquels elle commanda d'urgence 32 aunes de fine toile de Hollande, au prix de 641 livres.

Toutes ces grossesses répétées affaiblirent extrêmement la reine.

La reine Anne venant à mourir lui recommanda Mme Renée, sa fille, lui usant de ces mots :

 « Madame de Soubise, je vous donne ma fille Renée, et n’entends point seulement que vous lui serviez de gouvernante, mais je vous la donne, et veux que lui soyez comme mère, remettant en elle l’amitié que vous m’avez portée. »

 

Une attaque de gravelle, croit-on, l'emporta dans la tombe le 9 janvier 1514.

Exposition_du_corps_d'Anne_de_Bretagne_dans_la_grande_salle_du_château_de_Blois

Les funérailles de la duchesse de Bretagne, deux fois reine de France, durent un mois.

D’abord veillée à Blois, dans la salle d’honneur du château, elle est revêtue des habits royaux, couronnée, avec le sceptre et main de justice. Et c’est le lent et douloureux chemin jusqu’à Paris puis la basilique Saint Denis. Près d’un mois de voyage du convoi funéraire pendant lequel Claude et Renée vont suivre leur ure une dernière fois.

Le 16 février 1514, la reine est inhumée à Saint Denis, le cœur prélevé et embaumé est resté à Nantes dans un écrin d’or rehaussé d’émail visible au musée Dobrée.

 

La peine de Michelle fut immense, comme on doit penser: ce fut un déchirement de son cœur et elle porta un deuil rigoureux, Elle commanda des offices religieux dans diverses églises, notamment aux Carmes de Nantes, auxquels elle versa 200 livres tournois, et aux moines de la Grande Char­treuse, dont nous avons la lettre de remercîment écrite par leur prieur :

Madame, jay receu les lettres qu'il vous a pleu m'escripre par Monsieur maistre Pierre de Vaya, médecin de la feue royne à qui Dieu par sa grâce pardoint, par lesquelles et par ce aussi que .ledit mestre Pierre m'a dit de votre part, ay sceu et entendu le grant amour, affection et dévotion que de votre grâce aves a nous et a notre religion, par lequel ay aussi receu les xvij escutz qu'il vous a plou nous envoyer, dont très humblement vous remercie.

Et prie notre seigneur que vous rende tous vos bienfaits. Et nous doint grâce de nous en pouvoir acquiter, à tout le moins de prier Dieu pour vous et pour qui vous entendés, comme bien y sommes tenuz.

Madame, nous avons jà commencé les deux trentenaires dont de votre part nous a requis ledit mestre Pierre tout ainsi qu'il a ordonné et lez continuerons et acomplirons sans interrompre, à l'aide Notre­-Seigneur.

Madame, en notre dernier chapitre général nous octroiasmes et ordonnasmes pour la feu Royne, à qui Dieu par sa grâce fasse mercy, ung trentenaire de messes avecques les vigiles des trépassés acous­tumés de dire pour chascung trentenaire par toutes et chascunes les maisons de tout notre ordre.

Et oultre ce à la requeste que de la part de ma très redoubtée dame Renée, sa fille, nous a par vous esté fecte, luy ai octroyé ung anniversaire perpétuel avecques participation de tous les biens que se font et feront perpétuellement en toute notre religion, comme plus a plain verrés par mes autres lectres que àussy vous envoye.

Madame, touchant certains abillemens d'église que, comme m'a dit ledit sr mestre Pierre, avés delibéré fore pour la maison de céans, il vous advertira tochant la façon de fere lesdictz abillemens, pour quoy, creignant vous esnuyer, plus n'en dis fors que vous recommanda très humblement et à madicte dame Renée et moy et la maison de céans, priant Notre-Seigneur que vous doint à elle et à vous tresbonne et treslongue vie. Et à la fin paradis. Escript en Chartrosse le xie d'aoust 1514.

Votre très humble orateur,

F. prieur de la Grande Chartrosse.

 

Dans les querelles qui divisaient la cour, Saubonne avait pris le parti d'Anne de la Bretagne contre celui de Louise de Savoie, qui, à la mort de la reine, voulut dépouiller l'enfant de son héritage.

 

Sitôt Anne disparue, fut célébré le mariage de François 1er avec Claude : l'un avait vingt ans, l'autre quinze.

Et le roi Louis XII qui avait été le plus fidèle des maris, ne résista pas à la rayonnante jeunesse de Marie d'Angleterre, sœur de Henri VIII, qu'il épousa en octobre 1514 et cela le mena de vie à trépas, car il mourut le 1er janvier 1515.

A la cour la dame de Soubise, privée de la haute protection royale, se fit mal voir de Mme d'Angoulême, qui dès lors démasqua ses batteries.

Elle cherchait à faire perdre son rang hiérarchique à la petite Renée et faire passer devant elle sa propre fille, ce à quoi s'opposait formellement Michelle, de sorte que tout fut mis en œuvre pour la chasser de la cour.

Le geste fut brutal et sans le moindre égard. Le jeune roi attendit de se  trouver à Angers avec Claude et avec sa mère Louise de Savoie pour adresser à M. du Bouchage, son con­seiller et chambellan, et non directement à Michelle de Soubise, la missive suivante :

Monsieur du Bouchage, le bailly de Troyes s'en va par deçà, auquel j'ay donné charge de aller querir et amener a Amboise ma cousine la comtesse de Tonnerre  pour astre au lieu de madame de Soubize à la charge et gouvernement de ma belle-sœur madame Renée de France et de sa maison.

 Ainsi que devant mon partement dudit Amboise j'avoye délibéré et ordonné. Et vueil et entends que vous et le dit bailly, dictes a ma dite dame de Soubyse que mon plaisir est qu'elle se retire en sa maison avec sa belle-mère et autres qui sont de leur suycte et compaignie et qu'elle laisse ladite charge a ma dicte cousine et lui baille par inventaire les bagues et choses qui appartiennent a ma dicte belle-sœur et vous mande expressément que ainsy le faciez.

 Et au demourant croyez ledit bailly de ce qu'il vous dira de par moy touchant cest .mandement. Et adieu, Monsieur du Bouchage, que vous ait en sa saincte garde.

Escript a Angers, le 28e de juin (1515).

 

 

Bien plus, Louise de Savoie obligea Claude, par un raffine­ment de méchanceté, à, participer personnellement au renvoi de l'amie de sa mère. La jeune princesse écrit :

Monsieur du Bouchage, le Roy, mon seigneur, vous escript une ordre à ce que ma cousine la contasse de Tonnerre aura à fere à son arrivée à Amboise touchant la charge et gouvernement de ma seur et aussi de parler à madame de Soubize.

 Vous entendrez bien ample­ment du vouloir de mondit seigneur et de moy par le bailly de Troyes lequel je vous prie croire. Et adieu, monsieur du Bouchage, qui vous ait en sa garde.

Escript à Angers le 29e jour de juing.

 

Au tour de la régente Louise de Savoie maintenant :

Monsieur du Bouchage, le Roy et la Boyne ont donné charge au bailly de Troyes de vous dire comme ils entendent que madame de Soubize, sa belle-mère et ceulx qui ont été mis au service de madame Renée par ladite dame de Soubize, s'en voisent quant et elle et en son lieu viendra madame la contesse de Tonnerre, laquelle aura le gouverement de ladicte dame Renée et de toute sa maison.

Le Roy et la Royne vous en escripvent et plus au long vous en dira ledit bailly lequel croyez du tout de cette matière. Et seront baillées les bagues et joyaulx par inventaire à madicte cousine, duquel inventaire sera envoyé ung double au Roy et l' advertissement de tout ce que sera fait ensemble.

 Comme se porte monseigneur le daulphin et mes petites filles? Priant à Dieu, monsieur du Bouchage, que vous ait en sa garde.

Escript à Angiers, le dernier jour de juing. Et signée : Loyse.

 

Aux ordres que le roi lui faisait parvenir, Michelle, tris­tement émue, mais non abattue; répondit de la façon la plus noble et la plus digne. Sa lettre est d'une tenue admirable qui force , le respect :

Sire, tant et sy très humblement comme fere puis a votre bonne grâce me recommande. Sire, j'ay veu les lettres qu'il vous a pieu escripre à Monsieur du Bouchage par lesquelles il vous plaist luy com­mander me dire que je baille la personne de madame Renée et ses bacgues à madame la contesse de Tonnerre et que je me retire en ma maison avecques ma suicte.

Sire, a votre advènement, il vous pleust m'envoyer Monsieur de Sainct-Marçault et par luy m' escripre et commander que votre plai­sir estoit que je continuasse en la charge que j'avoye de la personne de madite dame Renée et de sa maison, ainsy que feuz Roy et Royne, ses père et mère, la m'avoient baillée et m'en fistes bailler voz lettres patentes pour la conduicte des afferes de icelle maison, à laquelle charge, sire, ne autre où j 'aye esté, ne saiche jamais vous avoir fait faulte.

Et me déplaist, sire, que vous estants icy, ne peuz entendre votre vouloir et y mis la plus grant peine que me fut possible pour très humblement vous obéir connue je foiz de présent à ce que mondit (m'ont dit] de par vous mondit sieur du Bouchage et monsieur le bailly de Troyes et, ce fait, me tireray avecques ma belle-mère et ma fille, qui est toute la suicte que j'é séans, car je désire plus demeurer en votre bonne grâce en ma maison que d' estre icy a votre déplaisir.

Vous supplie très humblement, sire, qu'il vous plaise laisser à ma dite belle-mère, et à moy nos estats ainsy qu'il vous a pieu les nous donner et nous avoir en tous noz afferes en votre bonne grâce pour recom­mandées.

Sire, je prie à Dieu vous donner très bonne et longue vie.

A Amboise, ce 11e jour de juillet.

 

Enfin elle adresse aussi une lettre à Mme d'Angoulême, sa persécutrice malintentionnée, en se justifiant de la bonne gestion de sa charge :

 

Madame, tant et le plus très humblement que fere puis, à votre bonne grâce me recommande.

Madame, j'ay veules lettres qu'il à pleu au Roy, à la Boyne et à vous escripre à Monsieur du Bouchaige, par lesquelles luy mandez me dire que le plaisir du Roy est que je baille la personne de Madame Renée et ses bagues à Madame la contesse de Tonnerre et que je me retire en ma maison avecques ma belle-mère et ma suite.

Madame, j'ay esté toujours désirante d'entendre le bon plaisir du Roy et le vôtre pour y obéir. Je le vous demandé avant votre parte­ment d'icy et il vous pleust, Madame, me commander fere comme j'avais accoustumée en ma charge et que j'eusse ma fiance en vous et autres bonnes parolles, qui est la plus grant espérance que j'aye en ce monde, qui a esté la cause, Madame, qui m'a gardé de mectre en mon affaire, car je ne fuz oncques oheuz moi.

Touteffoiz pour obéyr au commandement du Roy et au vôtre tout incontinent que j'auray fait de par de çà ce qu'il vous plaist me mander, m'en iray en la maison de ma seur avecques madite belle­mère et ma fille.

 De la reste de la maison de séans, madame, il n'y a jamés eu homme qui y ait été mis de par moy que les, deux frères de feu monsieur de Soubise ausquels il vous pleust donner la place de mon autre beau-frère. La feue Royne le luy mist et est le premier serviteur sn son office que eust jamais madite dame Renée et nul serviteur que j'eusse jamais ny en a que ung clerc d'office que le feu Roy y mist. Mademoiselle de Vaucouleur estoit à la feue Royne et le feu Roy là bailla à madite dame Renée; Il y a pareillement une jeune fille que ladite feue dame fist baptiser au nom de madite dame Renée, de celles qui vindrent de Thunes, qui toujiours s'est tenue avec moy et à ma requeste fut mise l'année passée en l'estat, et n'y a que ceste là, ·qui n'aist été du temps lesdits Roy et Royne, comme scavent monsieur de Semblancay et autres qui ont manié les estats.

Madame, je vous ay bien voulu au long déclarer la vérité pour sur ce me fere savoir votre bon plaisir pour à icelluy très humblement obéyr, desplaisante de tout mon ceur dont en meilleur chose je n'ay peu monstrer au Roy et à vous le désir que toute ma vie j'ay eu de ce fere.

Madame, mondit sieur du Bouchaige ne mondit sieur le bailly de Troy ne m'ont point déclaré Je vouloir du Roy et le vôtre touchant l'estat de ma belle-mère, de moy et de ma fille qui est en celluy de séans; vous Supplie très humblement, madame, nous y avoir pour recommandées et vous plaise m'avoir en votre grâce comme il vous pleut me dire à votre partement.

Madame, je prie à dieu vous donne très bonne vie et longue.

Escript à Amboise, le 11e jour de juillet. ·

 

 

 

Ces cinq lettres ne se trouvent pas et originaux à la Biblio­thèque de Nantes, mais en copies anciennes constituant un petit dossier, vraisemblablement conservé parmi les actes de la maison de Soubise, aux archives du château de Blain.

Avec elles, le rideau tombe sur le drame qui changea si radi­calement la vie de Michelle.

« Maltraitée cependant par la régente Louise de Savoie, elle fut contrainte de se retirer de la cour.

Elle se retira en sa demeure du Parc Soubise, en Mouchamps, et se consacra à l'administration de ses domaines et à l'instruction de ses enfants. Mais on peut être assuré qu'elle n'oubliait pas Renée, qu'elle s'en inquié­tait, qu'elle en recevait indirectement des nouvelles.

Prenant peine à bien faire instruire ses enfans, et fit étudier son fils aux lettres, chose fort rare en ce temps-là, de sorte qu’il était tenu pour un des plus savans hommes de sa robe qui fût en France.

Ses trois filles, lesquelles elle ne pensait point à faire étudier, s’y adonnèrent tellement, tant pour l’amour de leur frère avec lequel elles se mirent à apprendre, que pour une certaine inclination qu’ils y avaient tous, qu’elles se rendirent les plus doctes femmes de leur temps, principalement l’aînée, laquelle était tenue non seulement pour la plus docte de France, mais même de la chrétienté, aux langues grecque et latine et aux sciences humaines ; et qui plus est à estimer, dès ce temps ladite dame de Soubise avait connaissance de la vraie religion et y instruisit ses enfans dès leur petitesse. »

En même temps, elle s'intéressait au grand mouvement de réforme qui troublait si profondément la conscience des catholiques en Europe: Elle n'abjura pas, mais elle suivit avec sympathie la marche des événements. Que penser de cette évolution de sa pensée, à elle qui participa à toutes les dévotions de la reine Anne sa maîtresse serait sûrement restée intransigeante sur le chapitre du dogme et on se figure difficilement que la dame d'atour qui lui était si affectueusement attachée aurait pu se séparer d'elle sur ce point.

En 1528, Renée de France épouse Hercule II d'Este à la condition que fut admis le retour de Michelle de Saubonne, sa gouvernante, à la cour, puis l'emmena en Italie, à Ferrare avec deux de ses filles, dont Anne de Soubise ainsi que son fils.

Suite à l'affaire des Placards Clément Marot vint les y retrouver en 1535 afin de fuir la vindicte du roi et des fanatiques religieux.

Les deux femmes avaient fait de la cour de Ferrare un lieu de rencontre entre réformés français et italiens et Michelle de Saubonne fut la première française convertie au calvinisme. 

Dans cette dernière phrase, écrite de sa main, c’est Francois Viète qui tient la plume, mais il est clair que Soubise l’a dictée.

« Ainsi la dame de Soubise demeura à sa maison jusqu’au mariage de Mme Renée avec le duc de Ferrare, car lors il se trouva de certaines affaires qu’elle seule entendait, et à quoi on ne pouvait donner ordre sans savoir quelques particularités dont la reine, sa maîtresse, ne s’était fiée qu’en elle.

Partant, on fut contraint de la mander, joint que Mme Renée, qui assez mal volontiers consentait à ce mariage, dit qu’elle ne partirait pas de France qu’on ne lui rendît Mme de Soubise, ce que, pour la contenter, on lui accorda. »

Mme de Soubise demeura à Ferrare neuf ou dix ans.

Après leur retour en Saintonge, on la trouve, avec sa fille, son gendre, le sire de Pons, et son fils, à l'origine de la diffusion du protestantisme dans les terres de Saintonge et du Bas-Poitou. Quelques jours après le décès de sa fille Anne, Madame de Saubonne mourut en recommandant à sa famille le jeune Bernard Palissy; elle s'éteignit en professant la nouvelle religion ; elle avait toujours eu le prêche sur ses terres, et les édits du roi protégeaient encore les ministres. C'est alors que se réalisa la prophétie de Marot :

 

                Et nous en bief, saurons, de ton absence,

                de quoi servait par deça ta présence.

 

 

 

 

 

Études historiques sur la ville de Cognac et l'arrondissement. Tome 1 / par F. Marvaud,...

 

 

 ==> Henri IV au château du Parc de Soubise, de la famille Parthenay – l’Archevêque (Time Travel 1587)

 

 

 


 

Le Contrat de mariage de Charles VIII et d'Anne de Bretagne

Le jeune Charles VIII, 21 ans et la duchesse Anne de Bretagne, âgée de 14 ans, se marient en pleine nuit dans l'intimité. Ils se font une mutuelle donation sur le duché : c'est le début de la fin pour la Bretagne indépendante.



Les pérégrinations du reliquaire d'Or du Cœur d'Anne de Bretagne. 

Ce bijou est un précieux souvenir historique. Il a été légué à la ville de Nantes, capitale de la Bretagne, par la Duchesse Anne, qui voulut que son cœur reposât, pour toujours, au milieu des Bretons, dans cette ville de Nantes qu'elle avait tant aimée.

 

Poitou : Parthenay - L'Archevêque, branche du parc - Soubise (Mouchamps et Charente-Maritime) -

Situé sur la commune de Mouchamps, le Parc-Soubise fut la demeure principale de la famille de Parthenay-Larchevêque. Après le décès de Jean V de Parthenay seigneur de Soubise (1566), il passe par sa fille, Catherine de Parthenay,qui l'apporta, par son mariage en 1575 avec René II vicomte de Rohan, à une branche de la famille de Rohan-Chabot.



(1) Journal de Louise de Savoie. François I du nom, fils de Jean, seigneur de la Rochefoucauld, et de Marguerite, dame de Barbezieux, tint sur les fonts de baptême le roi François Ier qui en 1515 érigea pour lui en comté la baronnie de la Rochefoucauld « en mémoire des grands, vertueux, très- bons et très-recommandables services de son très-cher et ami cousin et parrain. »

(2)   Marguerite d'Angoulême, nommée aussi par les historiens Marguerite de Valois, ou d'Orléans, ou de Berry, ou de Navarre, ou de France, naquit au château d'Angoulême le 11 avril 1492.

Elle mourut au château d'Odos, dans le pays de Tarbes, en 1549, et fut inhumée à Pau. Veuve sans enfants de Charles d'Alençon, elle épousa par contrat du 3 janvier 1526 [V. st.] Henri d'Albret, roi de Navarre.

De ce second mariage naquit Jeanne d'Albret, mère de Henri IV.

(3) Journal de Louise de Savoie.

 

(4) « 160. Pour le voisturier qui a apporté les pièces doubles de mond. Sgr de Tours à Chasteauneuf, lesquelles mond. Sgr a donné à Bonnivcl, mj 1. »

(5) « Courtault est un cheval qui a crin et oreilles couppées » (Dict. de Nicot, 1606)

(6) « Porte-mors, il se dit des cuirs de la bride qui soutiennent le mors » (Littré). –«  Ung petit sac de courrion, où il y a deux bossettes, quatre porte mors, et autres pièces appartenant à ung accoustrement de harnoys de mulle » (Inv, des ducs de Lorraine, 1530).

(7) «  Contre-sanglon, courroie clouée sur l’arçon de la selle et qui sert à arrêter la boucle de la sangle (Littré)

(8) « Le 14 octobre 1513, en venant de vespre de Saint Leger de Congnac, je entrai en mon parc, et près du dedalus (labyrinthe), la poste m’apporta nouvelles fort bonnes du camp de mon fils, lieutenant du roy Louis XII en la guerre de Picardie, sçavoir est que le roi des Romains s'en estoit allé de Tournai, et que le roy d'Angleterre s'affoiblissoit de jour en jour.  » (journal de Louise de Savoie, 1513

 

 

 

 

 

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