L'abbaye de Notre-Dame de Lieu-Dieu-en-Jard, fondée en 1196, par le roi d'Angleterre, Richard Coeur-de-Lion.
Sur le littoral du Talmondais, à une assez grande distance de la Chaise-le-Vicomte, les moines possédaient, dans la forêt de Jard, cinq masures ou métairies, la meilleure nommée Vilaron.
Jard se trouvait à l’extrémité d’une voie qui desservait le rivage nord du golfe des Pictons (Marais poitevin).
Cette voie de Jard-sur-Mer à Rauranum (Rom) dans l'actuel département des Deux-Sèvres, passait par Le Langon, autre commune vendéenne connue pour ses importants vestiges gallo-romains. À Rauranum, cette route débouchait sur la grande voie romaine de Mediolanum Santonum ( Saintes) à Limonum (Poitiers).
Une partie des marchandises arrivait dans les cales des bateaux.
Quant au mot Jard, c'est un nom signifiant occident, Err ou lard, en gaélique. Ainsi Err-in, l'Irlande, signifie île de l'Ouest.
Ainsi encore l'île d'Err, vis-à-vis la côte occidentale du Poitou, dont on fit plus tard Ermoutier. (V. Mém. des Antiq. de l'Ouest première série, VII, 84.) — M. Levisval a cité une monnaie mérovingienne qu'il attribue au vieus du Jard, et qui doit remonter à cette époque (Numismatique du moyen âge, t. I, p. 65, n° 35 de la planche III).
Disons aussi que sur ce même canton de Talmont était un autre établissement religieux qui portait le surnom de Jard.
C'était Sainte-Radégonde-en-Jard, prieuré de Sainte-Croix de Poitiers, auquel était jointe, dans le même lieu, une cure à laquelle l'évêque de Luçon pourvoyait sur la présentation de l'abbesse.
Ce mot Jard a été écrit très diversement à différentes époques : au XIIIe siècle on a dit Gard et Jard, au XIVe In-Jardo ; au VIle Jarto. —
Elles leur avaient été données par le vicomte Aimeri IV de Thouars, le 5 aout 1091, et confirmées le même jour par Pepin, seigneur de Talmont, moyennant la somme de 10 livres, plus un cheval qui valait 100 sous.
Le 6 décembre suivant, Raoul de Mauléon ajouta sa confirmation à celle de ce dernier, son parent, a la famille duquel ses héritiers succédèrent, n° 5 a 7.
Cent vingt ans plus tard, janvier 1209, V. S., Guillaume de Mauléon, arrière petit- fils ou neveu de Raoul, en guerre contre le vicomte de Thouars, fait éprouver à St Nicolas des pertes considérables. A titre d'indemnité, il confirme à celui-ci ses paysans et terres de Lieu-Dieu en Jard, abandonnant tous les droits qu'il réclamait sur eux et autorisant les moines à établir dans lesdites terres tous les hommes qu'ils voudront, except6 ceux qui lui doivent la coutume.
Savari, neveu et héritier de Guillaume, approuva ce traité, en consid6ration duquel ils sont tous deux admis au bénéfice du prieuré et y auront leur anniversaire, n° 26.
Par une charte rédigée en langue vulgaire, aout 1282, Guy, vicomte de Thouars, reconnait avoir injustement contesté a Macé, prieur de St Nicolas, son droit d'avoir, dans ses terres des paroisses de St Hilaire de la Forêt, St Vincent et St Radegonde de Jard, les amendes de 60 sous et moins, et des mesures à vin et à bled conformes à l’étalon de Talmond, n 31.
Au XIIe quand fut, posée sur ce même territoire l'abbaye de Notre-Dame-du-Lieu-Dieu, les chartes l'établirent sous le nom de Locus -Dei in-Jardo, et depuis lors elle fut toujours nommée Lieu-Dieu-en-Jard.
L'abbaye de Lieu-Dieu-en-Jard. (1196-1700.)
L’abbaye royale Notre-Dame de Lieu-Dieu en Jard, fut fondée en 1196 sous l'invocation de la sainte Vierge par Richard-Coeur-de-Lion (fils d’Henri II, roi d’Angleterre et d‘Aliénor, duchesse d’Aquitaine) pour les chanoines de l’ordre des Prémontrés.
Richard Cœur de Lion fut particulièrement généreux : il leur donna toute la forêt de Jard, un pêcherie, une grande surface de marais et des salines. Les moines n’eurent de cesse ensuite que de faire fructifier leurs terres.
Ils asséchèrent les marais, multiplièrent les salines, installèrent des vignes et augmentèrent les terres cultivables par le défrichement des zones boisées.
En deux siècles, ils modifièrent en profondeur le paysage Jardais.
La charte de fondation de l'abbaye de Notre-Dame de Lieu-Dieu-en-Jard porte les indications suivantes:
«Diplôme de Richard, roi d'Angleterre, fondateur de Lieu-Dieu-en-Jard, 1196. — Donné le 4 novembre, à Talmont, l'an VIII de notre règne. »
Diploma Ricardi, Angliae régis fondatoris Loci-Dei in Jarde 1196 ………
RICHARDUS Dei gratia rex Angliae, dux Normarmiae, Aquitaniae, comes Andegavensis salutem.
Sciatis nos pro salute animaz nostrae, et antecessorum concessisse, et confirnasse abbatiae nostrae de Loco DEI quam fundavimus ad honorem Dei & beatae Mariae matris ejus in nemore de JAR in liberam et perpertuam eleemosynam totum praedictum nemus de Jar, & quidquid juris in ea possidebamus, & totam terram quae prius Teera-comitisse nuncupabatur , cujus una pars est circa praesatum nemus, alia apud Carsonum, alia in villa quae dicitur la Champernuyere cum omnibus hominibus, pertinentiis, et liberatatibus, et consuetudinibus suis.
Dedimus etiam praefatae abbatia terram quam habebamus in territorio Roche quae fimiliter Terra-comitissae vocabur, cum omnibus hominibus, et jure quod in ea possidebamus.
Praeterea dedimus ei partem forest quae est juxta Rocam ubi praedicta abbatia fuit prius fundata, et insuper in parte nostra memoriae praenominati concessimus ei usum lignorum ad construendas domos proprias, ad comburendum, et ad pasturagium animalibus fuis.
Contulimus etiam illi complantum vinearum quod possidebamus apud Rocham, et annonam quam recipiebamus in terra Dampierre, et quasdam emtiones terrarum quasi bi fecimus ad opus abbatiae praedictae : terram feilicit de Tornoguailiere, et de la Bicertiere, et Tornetaliere, et terram de Gondebaut cum bosco, et terram monachorum des Moustiers, et fartum viginti falinas apud Insulas ; dedimus etiam ei xxxv. Folid. De censibus nostri, quos possedebamus in maresiis de Longvilla ad faciendum mutationem cum monachis monasteriorum pro quadam terra quae praedictae domui adjacens erat : dedimus etiam dictae abbatiae partem illam piscaturae quam accipiebamus in portu Ollone, et partem feodi vinearum quod in Ollone possedebamus : dedimus etiam partem pratorum nostrorum quam in terrotorio Thalemundi habebamus, et maresum nostrum apud Maraant, liberum ab omni pascuerio et consuetudinibus.
Quare volumus et firmiter praecipimus quod praedictam abbatiam et canonici in ea Deo fervientes, omnia haec habeant et teneant in perpetuum libere et quiete, integre, cum omnibus pertinentiis, libertatibus et consuetudinibus fuis.
Concedimus etiam quod omnes homines ejusdem abbatiae fint liberi ab omni expeditione, angaria et feculari exactionne.
Praetera concessimus abbatiae praedictae et canonicis quod fi aliquam terram et de feodo nostro rationabiliter acquisierint, feu emptione feu dono alicujus, eandem in omnibus libertatem in terra illa, five in alio acquisito habeant in eaeteris terris eorum quas et contulimus.
Concessimus etiam eis ne aliquis officialium nostrorum praesumat hominia eorum placitare, fine aperta rationabilique eausa testibus de illo distringat Gofrido de Sella senescallo Pictaviae (Geoffroy de Celle, sénéchal du Poitou en 1187, 1196, Gaufridus de Cella), mag. Radulpho capellano, magistro Garnerio, magistro Gaulterio de Vocherio, Benedicto Judeo, et pluribus aliis.
Datum per manum Eustachii Eliensis electi, agentis vicem cancellarii IV. Die Novembris apud Thallemundum anno octavo nostri regni
En note, constatation de la protection du roi de France Philippe VI : Extat in chartorio Loci-Dei diploma Philippi régis Franciae, qui abbatiam patrocinio suo tuetur, mense februario MCCCXXX1I.
1190, 5 mai. Charte de donation par Richard Cœur de lion à l'abbaye de Lieu-Dieu en Jard de la terre dite de la Comtesse (n° CLXXlv).
Vidimus et confirmation d'une charte de donation octroyée, en 1190, par Richard Cœur-de-Lion, roi d'Angleterre, à l'abbaye de Lieu-Dieu en Jard (JJ. 66, no H39, fol. 489 v).
18 février 1333.
Philippes, par la grace de Dieu, roys de France. Savoir faisons à tous presens et avenir que nous avons veu unes lettres de bonne memoire Richart, jadis roys d'Engleterre, saines et entieres, non cancellées ou vicieuses en aucune partie d'icelles, seellées en cire vert et en las de soie, des quelles la teneur est tele :
Richardus,Dei gratia, rex Anglie, dux Normannie, Aquitanie, comes Andegave, archiepiscopis, episcopis, abbatibus, comitibus, baronibus, justiciariis, senescallis, prepositis et omnibus baillivis et fidelibus suis tocius terre sue, salutem.
Sciatis nos, pro salute anime nostre et animabus omnium antecessorum nostrorum et successorum, concessisse et presenti carta nostra confirmasse Deo et abbacie Loci-Dei, quam fundavimus ad honorem ejus et gloriose Virginis Marie, matris ejus, in nemore Roche, in liberam et puram et perpetuam elemosinam, terram que vocabatur terra Comitisse cum omni integritate sua et cum omnibus pertinenciis suis, et quicquid ibi habebamus vel ipsa comitissa habebat sine ullo retinemento.
Preterea dedimus prefate abbacie partem preti nemoris Roche, juxta divisionem metarum ibi à nobis constitutarum. Insuper dedimus ei in parte nostra dicti nemoris usum lignorum ad construendas domos suas proprias et ad comburendum, et ad alia sibi necessaria facienda, et pasturagium propriis animalibus suis.
Dedimus eciam eidem abbacie vinum quod recipere solebamus apud Rocham, et annonam quam eciam recipere solebamus apud le Peire et quasdam empciones terrarum, quas ibi fecimus ad opus prefate abbacie, terram scilicet que vocatur la Tornekailliere et terram de la Bitohiere, et terram quam emimus de Gundehou cum bosco, et terram que fuerat monachorum des Moustiers, pro qua damus in commutacionem annuatim ipsis monachis triginta solidos pictavensis monete in censu nostro d'Aumareis.
Preterea concedimus dicte abbacie et canonicis in ea Deo servientibus quod, si aliquam terram, que fuerit de feodo nostro, racionabiliter acquisierint, sive empcione, sive ex dono alicujus, eandem libertatem habeant in terra illa quam habent in aliis terris suis quas ipsis in elemosinam contulimus.
Quare volumus et firmiter precipimus quod prefata abbacia Sancte Marie Loci-Dei et canonici in ea Deo servientes omnia predicta habeant et teneant benè et in pace, liberè et quiete, in. tegre, plenarie et honorince cum omnibus pertinenciis suis et cum omnibus libertatibus et liberis consuetudinibus suis.
Volumus eciam et firmiter precipimus quod omnes homines eorum et tota terra, que pertinet ad prefatam abbaciam, sit quieta de exercitu et equitacione et de omni alia mala consuetudine et seculari exactione.
Testibus magistro Radulpho, Segwino, capellanis nostris, fratre Milone, elemosinario nostro, Petro Bertin, tunc senescallo Pictavensi (1), Stephano de Marçai, Radulpho, filio Godefridi, camerario nostro.
Datum per manum Johannis de Alençon, archidiaconi Lexoviensis, vice cancellarii nostri, apud Luçon, quinta die maii anno primo regni nostri (2)
Et nous toutes les choses ci dessus contenues et chascune d'icelles loons, ratinons et approuvons et, de nostre auctorité royal, de grace especial et de certaine science, confermons. Et pour que ce soit ferme chose et estable à tous jours, nous avons fait mettre en ces presentes lettres nostre seel. Sauf nostre droit et l'autrui.
Donné à Chastiaunuef sus Loyre, le dis huitime jour de fevrier, l'an de grace mil trois cens trente et deux.
Par le roy à la relacion de l'avoué de Therouanne. Verberie.
1196, 4 novembre. Charte de donation de la forêt de Jard, faite par Richard à l'abbaye de Lieu-Dieu en Jard (n° CLXXv)..
Vidimus et confirmation de plusieurs autres donations faites par Richard Cœur-de-Lion, le 4 novembre 1196, aux religieux de l'abbaye de Lieu-Dieu en Jard (JJ. 66, n 1138, fol. 489 V).
18 février 1333.
Philippes, par la grace de Dieu, roys de France. Savoir faisons à tous presens et avenir que nous avons veu unes lettres de bonne memoire Richart, jadis roy d'Engleterre, saines et entieres, non cancellées ou vicieuses en aucune partie d'icelles, seellées en cire vert et las de soie, des queles la teneur est tele :
Ricardus, Dei gracia, rex Anglie, dux Normannie et Aquitanie, comes Andegavie, archiepiscopis, episcopis, abbatibus, comitibus, baronibus, justiciariis, senescallis, prepositis et omnibus baillivis et fidelibus suis tocius terre sue, salutem.
Sciatis nos pro salute anime nostre et animarum antecessorum nostrorum et successorum, concessisse et presenti carta nostra confirmasse abbacie nostre de Loco-Dei, quam fundavimus ad honorem Dei et beate Marie, matris ejus, in nemore de Jart, in liberam, puram et perpetuam elemosinam, totum predictum nemus de Jart et quicquid juris in eo possidebamus, et totam terram que prius terra Comitisse nuncupabatur, cujus una pars est circa prefatum nemus, pars alia apud Cursonium et pars alia in villa que dicitur la Championnere cum omnibus hominibus in ea habitantibus, et cum omnibus pertinenciis et libertatibus et liberis consuetudinibus suis.
Dedimus eciam prefate abbacie terram quam habebamus in terri.torio Roche, que similiter terra Comitisse vocabatur, cum omnibus hominibus et pertinenciis suis, et cum omni jure quod in ea possidebamus.
Preterea dedimus ei partem foreste que est juxta Rocham, ubi predicta abbacia fuit primo fundata. Et insuper, in parte nostra nemoris preno.minati, concessimus ei usum lignorum ad construendas domos proprias et ad comburendum et ad alia necessaria, et-ad pasturagium animalibus suis.
Contulimus eciam illi complantum vinearum, quod possidebamus apud Rocham, et annonam quam recipiebamus in terra Danpiere et quasdam empciones terrarum, quas ibi fecimus ad opus abbacie predicte, terram scilicet de Tornequailere et terram de la Bitosere, et terram quam emimus de Gaudebau cum bosco, et centum viginti salinas, quas emimus apud Insulas.
Dedimus eciam ei triginta quinque solidos de censibus nostris, quos possidebamus in maresiis de Longavilla, ad faciendum commutacionem cum monachis monasteriorum pro quadam terra, que predicte domui adjacens erat.
Dedimus eciam predicte abbacie partem illam piscature quam accipiehamus in portu Olone, et partem feodi vinearum quod in Olona possidebamus.
Dedimus eciam illi totam partem nostram pratorum, quam in territorio Talemundi habebamus et maresium nostrum apud Maraant, liberum ab omni pasquerio et ab omnibus aliis consuetudinibus.
Quare volumus et firmiter preci[pi1mus quod predicta abbacia et canonici in ea Deo servientes omnia predicta habeant et teneant in perpetuum liberè et quietè, plenariè et integrè, paciticè et honorificè, cum omnibus pertinenciis et libertatibus et liberis consuetudinibus suis.
Concessimus eciam et volumus quod omnes homines ejusdem abbacie sint liberi ab omni expedicione angaria et seculari exactione.
Preterea concessimus abbacie predicte et canonicis ibidem Deo servientibus quod, si aliquam terram vel aliud de feodo nostro racionabiliter acquisierint, sive empcione, sive dono alicujus, eandem in omnibus libertatem in terra illa, sive in alio acquisito, habeant, quam in ceteris terris eorum, quas ei contulimus.
Concessimus eciam eis ne aliquis officialium nostrorum presumant homines eorum placitare sine aperta racionabilique causa. Testibus Willelmo de Stagno, Gaufrido de Cella, senescallo Pictavie (3), magistro Radulpho, capellano, magistro Garnerio, magistro Rosilino, Guillelmo Boscherio, Benedicto Judeo et pluribus aliis. Datum per manum Eustachii Elien, electi, tune agentis vicem cancellarii, quarta die novembris, apud Talemundum anno octavo nostri regni (4)
Et nous toutes les choses ci dessus contenues et chascune d'icelles loons, ratefions et approuvons, et de nostre auctorité royal et de certaine science confermons. Et pour ce que ce soit ferme chose et estable à tous jours, nous avons fait mettre en ces.presentes lettres nostre seel. Sauf nostre droit et l'autruy.
Donné à Chastiaunuef sus Loyre, le dis huitime jour de fevrier, l'an de grace mil trois cens trente et deux (5)
Par le roy, à la relacion de l'avoué de Therouanne. Verberie.
Dans la liste des abbés, de 1208 à la Révolution, il est dit :
Locus Dei in Jardo..... ordinis Proemonstrensis…. fundata jacet Richardus, Anglorum rex, seu potius instauravit ut liquet ex originali tabula donationis ……
En 1305, Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux, fit dans l'abbaye sa visite métropolitaine, un mois avant son élévation sur la chaire de Saint-Pierre.
Au XVI e siècle, les protestants calvinistes, le 31 mars 1568 détruisirent l'abbaye de Lieu-Dieu.
Le 2 avril 1568, un conseil ayant été tenu à Nantes sous la présidence de l'évêque de Luçon, pour connaître des vexations des protestants, l'abbé Jean de Malins y déclara que le 31 mars de cette même année, le couvent et l'église de Jard avaient été saccagés et brûlés presque entièrement, ainsi que le château de la Grange, demeure ordinaire de l'abbé, et la métairie de la Châtaigneraie qui faisait la meilleure partie du revenu de l'abbaye. (Pouillé de l'évêché de Luçon).
Le monastère eut beaucoup de peine à se relever, et encore il ne recouvra pas sa grandeur première.
Au commencement du dix-huitième siècle, par décret de Mgr de Bussy-Rabulin évêque de Luçon, la mense conventuelle fut unie au collège des Prémontrés de Paris.
Les ruines de ses vastes bâtiments furent converties en ferme, de même que le Château des Granges Cathus.
Une description de Lieu-Dieu nous entraînerait trop loin. Nous ne pouvons que recommander au curieux, aux chercheur, de visiter ses immenses celliers voûtés de l’abbaye dont des débris d'enduit peint laissent apparaître, le léopard d'Angleterre, sa chapelle ogivale, ses salles, ses escaliers, ses tourelles, ses douves.
Légende
Nos lecteurs trouveront peut-être que pour l'histoire, nous négligeons le côté légendaire. C'est que Jard était peu fertile en traditions ou que, doté de l'esprit pratique, positif moderne, il a oublié ces récits d'antan, parfois si pleins do poésie et d'enseignements moraux,
La seule légende que nous ayons pu recueillir se rapporte à la construction d'une chapelle dédiée à sainte Anne.
Cette petite chapelle, placée dans le bourg, presque à son extrémité ouest, ne présente, en tant que monument; rien de curieux. Sur une pierre placée au- dessus du portail est gravée la date de 1652, probablement de l'achèvement complet de l'édifice.
Parmi les tableaux qui l'ornent intérieurement, deux méritent une mention pour leur ancienneté, leur étrangeté.
L'un, sur autel, représente sainte Anne tendant l'Enfant Jésus à la sainte Vierge qui se recule comme frappée d'étonnement. Sainte Anne étant morte avant la naissance du Christ, cette scène semblerait une sorte de vision, de prédiction de l'Annonciation.
L'autre tableau montre, sur un tombeau ou autel, une sainte Anne visible à mi-corps. De chaque côté se voient des tombeaux, d'où sortent des mains levées vers le ciel, et surmontés, l'un d'un vase funéraire, l'autre d'une sainte ou de la sainte Vierge avec un enfant et une croix. Au- dessus, planent trois têtes d'anges ; en dessous, apparaissent trois saints.
Par des actes notariés en date du 22 août 1650, des habitants de Jard s'engagent à subvenir aux frais de construction et d'entretien de la chapelle et donnent hypothèques sur leurs biens, avec approbation de Pierre, évoque de Luçon et du secrétaire Mer Brochard. La bénédiction de la chapelle a eu lieu le 24 août 1650 par - « nous, Aymé Dupleix, prêtre, bachelier en théologie de l'Université de Paris, recteur de Notre-Dame de Bon-Port des Sables et doyen de Talmont», l'abbé Godard étant curé de la paroisse de Jard (1647-1661). L'érection de cette chapelle avait été décidée à la suite d'un événement miraculeux.
Sous les premières années du règne de Louis XIV, vivait à Jard une petite fille infirme nommée Anne. Si ses membres paralysés la rendaient un objet de pitié, son intelligence, sa douceur, la faisaient, aimer de tous. Jamais, en voyant les fillettes de son âge jouer, danser ou aller joyeusement à la pêche sur la côté, jamais la comparaison entre son état et celui des autres ne lui avait inspiré un sentiment d'envie, de colère.
Tout au plus, un regret se glissait-il timidement dans son âme et couvrait parfois son joli et pâle visage d'une ombre de tristesse. Vite alors, elle se reprochait cette impression comme une offense envers la divine miséricorde de Dieu et elle se réfugiait dans la prière, la prière sainte, seule force des faibles, seul soutien des malheureux, seule consolation des affligés. Elle pensait à sa première communion, à laquelle la préparait le curé, à sa bienheureuse Patronne, elle calme, la gaîté lui revenaient.
Ses parents, humbles cultivateurs, obligés de quitter la maison pour travailler aux champs, portaient leur fille, chaque fois que le temps était beau, au pied d'une barge. Là, assise contre le foin, elle se distrayait à voir passer les habitants du bourg, à répondre d'un sourire à leur bonjour amical. Mais son grand amusement était de parcourir des yeux ces espaces où son pied ne pouvait la mener.
Entre les magnifiques ormes qui couvraient alors cette partie de la campagne, elle apercevait la plaine verdoyante, les bois qui enveloppaient de leurs rameaux centenaires la Grange, demeure des puissants abbés de Lieu-Dieu et l'antique abbaye.
Devant elle, s'étendaient les dunes cachant l'Océan, dont la voix éternelle s'élevait derrière ce rempart, tantôt terrible et menaçante, tantôt douce et harmonieuse. Ces mélodies emplissaient l'air, berçaient la contemplation mélancolique de l'enfant qui oubliant ses souffrances, son immobilité, croyait errer, légère comme l'oiseau, dans l'infini.
Un soir de ces brûlantes journées de la fin de juillet où tout se tait dans la nature, où la nappe argentée de la mer paraît une immense plaine de marbre, la fillette, fatiguée par la chaleur, perdue dans une de ses songeries habituelles, s'assoupit en murmurant une prière à sa patronne.
Tout à coupelle se réveilla brusquement. On l'avait appelée. Pourtant, elle ne vit personne. Seul, un rayon de soleil, trouant l'épais feuillage des arbres, se projetait sur le sol en ardent cercle d'or.
— Anne, Anne, répéta une voix mystérieuse.
Et, en même temps, devant l'enfant surprise, mais non effrayée, se montra au milieu du rayon, une Dame d'un aspect vénérable, majestueux. Ses vêtements brillaient d'un éclat surnaturel, une auréole céleste entourait son visage imposant qui souriait avec bonté.
— Je suis ta patronne, mère de la Très Sainte Vierge Marie. Dis à tes parents de prévenir M. le curé que je veux avoir une chapelle à cette place.
En achevant ces mots, sainte Anne disparut, laissant la petite fille dans une pieuse extase. Ses parents ne firent que rire au récit, de cette apparition, et croyant à un rêve, ils continuèrent leurs travaux sans s'en préoccuper davantage.
Mais sainte Anne se montra de nouveau.
— Puisque tes parents n'ont pas fait ma commission, dit-elle, je te charge de ce soin, ma fille, et, je récompenserai ta confiance en moi.
Prenant par la main la .fillette, qui sentit une force inconnue pénétrer son être, elle l'amena jusqu'à la porte de la cure et s'évanouit dans les airs.
Anne était guérie !
G. HENRI COLINS.
Cartulaires du Bas-Poitou (département de la Vendée) / publiés par Paul Marchegay,...
La Vendée avant 1793 : légendes et récits / P.-L. P. [Pierre-L. Prunier]
Blasonnement :
D'argent à l'écusson de gueules à l'abbaye de Lieu Dieu d'argent, maçonnée de sable, au comble d'azur chargé d'un soleil non figuré d'or, à la champagne de sinople.
1182, Don de Richard Cœur de Lion, comte de Poitou et seigneur de Talmont à l’abbaye Saint-Jean d'Orbestier <==.... ....==> 1222 Litige entre l’abbaye Saint-Jean d'Orbestier et l’abbaye de Lieu-Dieu-en-Jard d’un don de Richard Cœur de Lion
Au début du Xe siècle, une vaste baie marécageuse, couverte la plus grande partie de l'année par une eau saumâtre, se découpait dans le continent en face de l'île de Ré.
1 on trouve encore avec cette qualification dans un acte de l’an 1199, publié par Teule (Inventaire des Layettes du Trésor des chartes, tI, p209) Voy. aussi Rymer, Acta publica, t I, p 35
2 Le 5 mai 1190
3. Son nom figure dans un grand nombre d'actes entre les années 1187 et 1200 (voy. Rymer, Acta publica, t. 1, p. 34 foedera, t. 1, p.48 et s., et Teulet, Inverti. des layettes du Trésor des chartes, t. I, p. 158, 192, 205, 209, 222), tantôt sans aucune qualification, tantôt avec le titre de sénéchal de Poitou. Il exerça sans doute cet office à plusieurs reprises alternativement avec Pierre Bertin (voy. la note précédente) p..409; il en prend la qualité notamment dans un acte du 1er octobre 1197 (Teulet, !oc. cit., p. 192), puis dans une charte d'Eléonore, reine d'Angleterre, en faveur de l'abbaye de Fontevrault, de l'an 1199 (JJ. 66, fol. 370 v), et dans une autre pièce du 1er septembre 1200, publiée par Teulet, loc. cit., p. 222.
4. Richard Coeur-de-Lion étant monté sur le trône d'Angleterre le 6 juillet 1189, la huitième année de son règne s'étend du 6 juillet 1196 au 5 juillet 1197.
5. Ces lettres ont été enregistrées deux fois encore dans le registre JJ. 72, aux fol. 133, et 377.