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PHystorique- Les Portes du Temps
9 mars 2021

Charles VII dans la vicomté de Châtellerault, conflit ouvert entre Georges de La Trémoïlle et son rival Arthur de Richemont

Charles VII dans la vicomté de Châtellerault, conflit ouvert entre Georges de La Trémoïlle et son rival Arthur de Richemont

Si le Poitou lui-même est à l'abri de la guerre franco-anglaise, il connaît cependant une situation fort trouble du fait du conflit ouvert entre Georges de La Trémoïlle et son rival Arthur de Richemont  fortement installé dans ses places de Parthenay et de Fontenay-le-Comte, et du fait des pillards qui mettent le pays en coupe réglée.

 

Les difficultés financières des années 1420 ont amené le roi à aliéner une grande partie du domaine royal en Poitou.

 

Il a dû céder Montreuil-Bonnin à l'Ecossais Laurent Vernon en mai 1423, Niort à Jean d'Alençon en août de la même année, Parthenay et Fontenay-le-Comte à Arthur de Richemont et à sa femme en 1425, Melle et Lusignan à Georges de La Trémoïlle, tandis que Saint-Maixent est peut-être déjà confié à Perrette de La Rivière.

Au nord, le Châtelleraudais est sous la coupe du vicomte de Châtellerault, qui refuse d’obéir aux injonctions du parlement, empêche la levée sur les terres des impôts royaux, et dont le capitaine, Louis de Segrie, est, à l’époque, « tellement craint et doubté que à peine lui osoit aucun contredire ».

A la mort de son frère, Jean VII reprit possession de la vicomté de Châtellerault dont il était éloigné depuis dix-huit ans.

Il avait passé tout ce temps en Normandie, guerroyant contre les Anglais avec des alternatives de succès et de revers. Il assista à la bataille d'Azincourt, le 25 octobre 1415, et y tomba entre les mains des ennemis qui le gardèrent prisonnier en Angleterre pendant deux ans.

Puis, à peine de retour en France, il fut victime d'un abominable guet-apens que lui tendit son cousin germain Jacques d'Harcourt (1) qui le retint encore en prison pendant plusieurs années, dans le donjon du Crotoy (2).

Enfin délivré, il vint se réfugier à Châtellerault, abandonnant aux Anglais tout ce qu'il possédait en Normandie (3).

A cette époque, les différents partis qui se disputaient les bonnes grâces du roi Charles VII avaient pris le Poitou pour théâtre de leurs querelles.

En 1425, lolande d'Aragon, belle-mère du roi, et qui avait sur l'esprit de son gendre la plus grande influence, fit donner l'épée de connétable à Arthur de Richemont, frère du duc de Bretagne.

Ce choix, heureux du reste, irrita au plus haut point les favoris du roi : Tanneguy Duchâtel, Pierre Frotier et le président Louvet. Ces derniers, pour rompre le contact entre le roi et Richemont, emmènent Charles VII à Poitiers.

Le connétable suit « de logis en logis », n'osant trop s'imposer et laissant à Iolande d'Aragon le soin d'aplanir les difficultés.

Il s'arrête ainsi à Châtellerault et y reste quelques jours (4). Cette tactique réussit. La belle-mère du roi l'emporte sur les favoris ; le président Louvet est exilé.

Richemont sort vainqueur de cette épreuve, mais c'est pour recommencer bientôt la lutte contre Georges de la Trimouille qui jouit maintenant de toutes les bonnes grâces du roi.

Au mois de septembre 1427, une alliance se forme contre le nouveau favori. Outre Richemont, elle comprend le duc de Bourbon et le comte de la Marche.

 Charles VII était alors à Loches ; les conjurés se donnent rendez-vous à Châtellerault, peut-être pour lui couper la retraite sur le midi. Mais La Trimouille est prévenu.

Il décide Charles VII à quitter Loches et à se rendre à Châtellerault où tous deux séjournent quelque temps (5)

 

 

Lorsque le jeune dauphin fut envoyé à Poitiers en septembre 1427, le corps de ville alla au- devant de lui jusqu'à Saint-Julien et le fit escorter ensuite jusqu'à Vivonne et Lusignan par 103 hommes d'armes et de trait, «pour le péril et doubte des gens d'armes estans sur le païs »

Et un mois plus tard, le roi, de Lusignan, adresse à la ville de Poitiers l'ordre éloquent de n'avoir à ouvrir ses portes qu'aux gens d'armes munis de lettres signées de sa propre main :

 « comme en nostre paîs de Poictou et environ ait plusieurs gens d'armes et de trait en grans routes et compaignies, qui se adveuent d'aucuns seigneurs et vivent sur nostre peuple, et en plusieurs lieux les aucuns d'iceulx se sont efforcez et efforcent de prendre chasteaux, villes, églises fortes et autres forteresses, et de fait en ont prins aucunes, les quelles ilz ont pillées et rançonnées, et font maulx innumérables à nostre très grant desplaisance et non sans cause, et pour ce que pourroit avenir que lesdiz seigneurs ou aucuns de leurs compaignies, chief de guerre, cappitaines desdictes gens d'armes et de trait, ou icelles gens mesmes, se pourraient efforcer, soubz couleur de venir devers nous et en nostre service ou autrement, de venir demander et vouloir avoir entrée en nostredicte ville de Poitiers, ausquelx, non pensans faire aucune fault, pourriez faire ouverture de nostredicte ville et en icelle leur donner entrée, soubz lesdictes couleurs ou pour de que iceulx seigneurs sont de grant auctorité et estât ou de noz officiers principaulx, dont nous ne serions pas contents pour plusieurs bonnes causes et raisons, nous, qui voulons que en sachiez nostre entencion et voulenté sur ce, et en nostre service ou autrement, de venir demander et vouloir avoir vous commandons et deffendons, et à chacun de vous en droit soy, sur vos loyaltez et l'obéissance que nous estes tenus faire et sur tant que vous povez meffaire envers nous, que en nostredicte ville de Poictiers vous ne souffrez ne laissiez entrer lesdiz seigneurs, officiers ou chiefz de guerre, lesdiz cappitaines ne lesdictes gens d'armes et de trait ne aucun d'eulx, en quelque estât qu'ilz viennent, pour raison, cause ou couleur que vous sachent donner ou mettre en avant, sinon qu'il vous appere autrement, par noz lettres patentes ou closes, signées de nostre main, de nostredicte voulenté et entencion, subséquens en date ces présentes.

Et se aucuns d'eulx s'efforcent de faire le contraire, et aussi de vouloir entrer en nostre chastel dudit lieu de Poitiers, nous voulons que y résistez par toutes voyes et manières à vous possibles, et aux gens de nostredit chastel donnez confort et aide se ilz en ont besoing, à le tenir et garder et non y lesser entrer les dessusdiz.

Et nostredicte ville tenez et gardez en nostre obéissance, comme nos bons, vraiz et loyaulx subgiez, ainsi que vous avez fait le temps passé »

Texte lourd de sens puisqu'on y voit le roi mettre en garde les bourgeois de Poitiers contre ses propres officiers.

 Dans ce temps d'anarchie et de désordre les bonnes villes restent le plus sûr appui du roi, et c'est bien précisément ce qui rend si importante la résistance de la ville d'Orléans en 1428-1429.

 

Puis ils passent par Poitiers sans s'y arrêter et ne se croient en sûreté que dans le fort château de Lusignan.

De là, sous l'inspiration de son favori, le roi lance une proclamation dans laquelle il défend que « homme ne fust si hardi de les mettre (les conjurés) en ville ne chateau, ne de leur faire ouverture en nulle place que ce fust » (6).

Par suite, lorsque le connétable envoya ses fourriers à Châtellerault pour préparer son logement, ils trouvèrent les portes fermées. Il ne fut pas plus heureux lorsqu'il se présenta lui-même. Ses sommations ainsi que ses menaces restèrent sans effet.

Furieux, et pour constater la désobéissance aux ordres du connétable, il jeta sa lourde masse d'armes par-dessus la barrière (7).

Mais il dut se résigner à aller loger à environ deux lieues de là entre « Chateauleraut et Chauvigné où un gentilhomme lui ouvrit sa place » (8).

 

Les conjurés se rencontrèrent ensuite à Chauvigny, mais l'affaire dut en rester là.

Il est probable que Jean VII se trouvait à Châtellerault lorsque le connétable se présenta devant les portes de la ville, et qu'en refusant de le recevoir, il voulut se conformer aux ordres de Charles VII avec lequel il avait à ce moment des relations fréquentes.

Le roi de France, en effet, était venu à Châtellerault, comme il a été dit plus haut, en 1425 et en 1427.

 

 

Connaissance de Jeanne d'Arc (Chinon, Indre-et-Loire).

 

 

 

 Arthur de Richemont, est fait connétable de France par Charles VII à Chinon, le 7 mars 1424.

==> 2 juillet 1427 Mariage Georges de la Tremoille et Catherine de l'Ile Bouchard au château de Gençay

Le Pont Henri IV de Châtellerault, monument Historique du XVIe siècle. <==.... .... ==>1428 Chinon, Robert Le Maçon négocie avec Charles le départ de Marguerite de Bourgogne qui rejoint Arthur de Richemont à Parthenay

 

 ==> Jean Larcher fut élu maire de Poitiers pour la troisième fois le 28 juin 1426, et maintenu dans cette charge jusqu'en 1429.

 

 


 

La Praguerie en Poitou pendant la Guerre de Cent ans

(Guerre de Cent ans - carte des positions en Poitou des Principaux Antagonistes de la Praguerie : 1 Montaigu ; 2 Tiffauges ; 3 Thouars ; 4 Loudun ; 5 Mirebeau ; 6 Châtellerault ; 7 Parthenay ; 8 Mervent ; 9 Vouvant ; 10 Fontenay le Comte ; 11

 

(1) En 1418. Sur ce guel-apens bien caractéristique des mœurs du temps, voir DE LA ROQUE, tome I, p. 618 ; tome III, p. 386, 396 — MONSTRELET, Chronique, édition de la Société de l'Histoire ')c France, 1(1 ne III, p. 254 et tome IV, p. 272. — PIERRE DE FENIN, Mémoires, p. 101 et 102.

On accusa le fils de Jean VII d'avoir pris part à la conspiration ourdie contre son père, mais il n'est pas probable que le comte d'Aumale ait donné son assentiment à un coup de main qui le dépouillait indirectement d'au moins quatre cent mille écus ; c'est à cette somme en effet que Jean VII, dans une réclamation adressée au Parlement, évaluait l'argent et les bijoux qui lui avaient été volés par son cousin.

(2) Pierre de Fenin dit que le comte d'Harcourt resta prisonnier au Crotoy « jusquez à ce que messire Jacques fut mort i, p. 102. Or, ce dernier fut tué en 1423. Jean VII rendit, du reste, hommage à Charles VII pour sa vicomté de Châtellerault le 18 mars 1423 (nouveau style). Inventaire de Châtellerault, f° 21, verso.

(3) « ... voiant les Anglais détruire le pals et duché de Normandie et que ne pouet plus à rencontre d'iceulx aucunement résister, aima mieux laisser son bien, ses terres et possessions es-tant en iceluy duché que à eux" acquiescer et donner faveur et aide ».

(4) Juillet 1425. COSNEAU, Le connétable de Richemont; p. 104.

(5) Le 10 septembre 1427, le maire de Poitiers se rendit avec sa suite composée de quatre-vingts hommes armés auprès du roi qui était à Châtellerault, et de cette même ville sont datées le 27 septembre 1427 des lettres de Charles VII qui prolongent pendant deux ans la perception d'un impôt. Archives de la ville de Poitiers, Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 2e série, tome V, 1882, n° 919, p. 185 et 721, p. 151.

(6) GUILLAUME GRUEL, Chronique d'Arthur de Richemont, édition Société de l'Histoire de France, p. 60.

(7) GRUEL, ut supra, p. 60.

(8) Venant de Loudun, Richement avait dû se présenter devant les portes du faubourg Châteauneuf Il se dirigea ensuite sur Chauvigny par Cenon et Vouneuil-sur-Vienne, lorsqu'en remontant la rive gauche de la Vienne, il aperçut, de l'autre côté de la rivière, le duc de Bourbon et le comte de la Marche, chevauchant en belle ordonnance. « Si fisl mondit f-eigneur le connestable donner ses trompettes afin qu'ilz les ouissent et lors s'approchèrent les uns des autres et parlèrent ensemble de loyn sur la rivière. » GRUEL, ut supra, p. 61.

 

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