En 1380, un nouveau nom vient s'ajouter à la liste des évêques c'est un autre Jean qui préside à la somptueuse cathédrale, qui trône dans le magnifique sanctuaire mais pour lui, comme pour ses prédécesseurs, notre plume ira vite, car il est passé sur la terre du Poitou sans y laisser de traces (a).
Pierre de Thury, l'ancien custode de l'Eglise de Lyon, était évêque de Maillezais en 1382.
Après avoir reçu cette dignité au temps où il était maître des requêtes à la cour du roi Charles VI, il fut t'un des ambassadeurs de la France pour signer une trêve avec l’implacable Angleterre (3).
Pierre de Thury, appelé à d'autres fonctions, céda bientôt l'évêché de Maillezais à Jean le Masle.
Dans la liste populaire des évêques de Maillezais on place un autre Jean mais sans aucun doute Jean le Masle était évêque en 1384.
En effet, des lettres conservées dans la chambre des comptes prouvent qu'il était alors chancelier du duc de Berry.
Après l'élection de Benoît XIII, le roi Chartes, qui faisait tout pour l'union de l'Eglise, convoqua en 1394 les prélats les plus distingués de son royaume; il les fit avertir par des lettres, qui furent envoyées aux lieux où leurs titres les obligeaient à résider.
Beaucoup s'excusèrent, les uns sur leur grand âge, d'autres parce qu’ils n'avaient pas de quoi faire les frais du voyage; l'évéque de Maillezais, lui, fut fidèle à la voix de son souverain, et il se rendit à la grande assemblée, pour discuter et délibérer sur les graves intérêts de l’église.
Bientôt après, Jean le Masle obtint de Jean l'Archevêque, seigneur de Parthenay, un traité en faveur des hommes de Mervent, forcés depuis longtemps à veiller eux-mêmes à la garde du château, qui s'élevait non loin de leur demeure.
L'arrangement qui fut fait décida que l'évêque de Maillezais et ses successeurs seraient seulement obligés de donner au seigneur de Mervent un oiseau de proie, nommé Autour, à chaque fois que le seigneur de Volvire viendrait à mourir.
Grâce à cet oiseau du carnage, dont l'offrande était toujours chère aux hommes du Poitou, si passionnée pour les joies, les plaisirs de la chasse, Jean l'Archevêque renonça pour lui et pour les siens aux demandes qu'il avait le droit de faire à l'évêque de Maillezais et à ses hommes; il renonça également aux rentes, aux devoirs, aux juridictions qui lui revenaient.
L'évêque de Maillezais obtint encore quelque chose en faveur des habitants de Chaillé ; il leur fut accordé de monter seulement quatre guets au château de Mervent, encore ils furent libres de s'en délivrer en payant au capitaine du château ou à son lieutenant deux sous par garde.
Toutes ces faveurs furent obtenues par une somme de huit cents écus d'or au coin du roi.
Maillezais était alors sous la sauve-garde du roi Charles VI; ses privilèges étaient si grands, qu'il ne pouvait être séparé du domaine de la couronne.
A l'évêque de Maillezais d'autres honneurs encore ; le 10 mai 1402, il siégeait dans tes conseils du duc de Berry, ce brillant comte de la terre du Poitou.
Quelques années plus tard, il prit part au grand conseil tenu pour aviser au gouvernement de l'Etat.
Ensuite, au temps du fameux concile de Pisé, ou il ne put assister, Jean le Masle envoya quelqu'un pour le remplacer, car l'Eglise de Mailleais ne pouvait pas être absente dans cette grave circonstance.
Le dessèchement des marais est bien ancien. Les premiers travaux remontent au douzième siècle. Sous l'évêque Jean, en 1409, des travaux existaient en grand nombre mais le temps, ou l’indifférence qui les avait négligés, permirent à l'immensité des eaux de rester sur les terres envahies.
Alors des eschenaux, des chaussées, des ponts et des pontereaux durent être faits ou réparés. Aussi l'évêque de Maillezais fut-il chargé de veiller à leur réparation, à leur entretien, il résolut d'assembler les gens d'église, les chevaliers et tous ceux qui devaient contribuer aux réparations demandées c'était juste aussi les convoqua-t-il à Fontenay, un dimanche, pour recevoir leur avis et leur donner les siens.
Bientôt la France est en armes; les princes veulent, disent-ils, remédier aux désordres de l'Etat.
Le duc de Bourgogne propose la paix; mais le duc de Berry persiste à marcher sur Paris. Le duc de Bourgogne, qui craint de le voir arriver avec toutes ses forces, est effrayé mais pour éloigner son rival, il ne trouva qu'un moyen, celui d'envoyer à sa rencontre des personnes qui lui fussent agréables.
Le choix tomba sur plusieurs évêques, entre autres sur celui de Maillezais l'abbé de Saint-Maixent et le sire de Parthenay firent aussi partie de la pacifique ambassade.
Quand le pape d'Avignon voulut faire quelque chose en faveur de la concorde et de l'union, il fit prier son compétiteur, qui siégeait dans la ville éternelle, de recevoir ses ambassadeurs. Parmi les prélats qui devaient lui parler en faveur de l'Eglise tourmentée, se trouva l'évêque de notre cathédrale.
La terre étrangère ne lui fut pas favorable car, à la mort du pape Boniface, frappé par les paroles des prélats agenouillés qui priaient au nom de tout un monde, le peuple s'ameuta, et l'évêque de Maillezais, renfermé dans le château Saint-Ange, ne put s'échapper qu'à force d'argent de l'odieuse prison qui le tenait éloigné de cette belle France qu'on regrette toujours.