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PHystorique- Les Portes du Temps
10 février 2021

Église Notre-Dame-des-Anges d'Angles - Légende de la Malbête - René Antoine Ferchault seigneur de Réaumur

Église Notre-Dame-des-Anges d'Angles - Légende de la Malbête - René Antoine Ferchault seigneur de Réaumur

 L'église d'Angle du canton des Moutiers-les-Maufaits avec ses faisceaux de piliers Massifs et surmontés d'informes chevaliers Sans bras, sans tête et tout rongés de moisissure, ses voûtes vers le ciel s'élançant hardiment. Sa dalle où sur les morts la foule s'agenouille, un assez vaste souterrain refuge a son entrée dans une crypte romaine, qui se trouve sous l’église. On sait, au reste, que cette église est une œuvre attribué aux fées.

A gauche, dans la direction du Nord, au fond de la crypte, existe, en effet, « une porte aujourd’hui murée, qui communiquait avec ce souterrain, dont les couloirs et les salles, avec leurs tubulures cylindriques pour y faire arriver l’air (cheminées d’aération), existent en partie sur une ligne de 4 à 500 mètres »

Il est question dans la curieuse légende de la beste d’Angles qui mangeait la beauté des filles d’une sorte de refuge, situé dans le vallon de Troussepoil, qui constituait le repaire du monstre  devenu gargouille.

La male beste d'Angles a été le sujet d'une amusante légende, empreinte de malice gauloise, et qui, bien que déjà publiée plusieurs fois (1), peint trop fidèlement l'esprit gouailleur des gens du pays.

L'église d'Angle - Légende de la Malbête - René Antoine Ferchault seigneur de Réaumur (8)

Car cette bête à l'air maussade, cette espèce d'ours mal léché qu'on aperçoit de loin perché sur le sommet de la façade, à sa légende qu'un beau jour Ma grand'mère m'a racontée.

 

Elle est digne d'être écoutée, Et je la raconte à mon tour.

En ce temps-là, c'était bien avant Charlemagne; je ne sais pas la date exacte, en vérité, D'achoyables dragons infestaient la campagne et les monstres couraient partout en liberté.

Il faut vous dire qu'à cette époque lointaine, des bois épais couvraient presque tout le pays, avec des champs d'ajoncs et d'immenses taillis; Et ceux qui s'en allaient courir la pretantaine, le soir risquaient de faire en ces bois ténébreux des rencontres sans charme et sans gaîté pour eux.

Un de ces dragons-là, l'horreur de la nature, dit la légende, avait adopté pour séjour, un vallon dans lequel il se cachait le jour, n'en sortant que le soir pour chercher sa pâture et semer la terreur dans les champs d'alentour.

Ce vallon qui n'a plus rien d'extraordinaire que son nom, Troussepoil, le doit, le fait est sûr, au goulafre animal, au monstre sanguinaire, toujours guené, couvert d'un poil rugueux et dur, qui passait là sa vie, au fond d'un antre obscur.

 L'église d'Angle - Légende de la Malbête - René Antoine Ferchault seigneur de Réaumur (2)

Troussepoil est un vallon voisin de l’Océan, fermé entre ces collines que les Poitevins appellent terriers. Ce sont des langues de terre qui vont en s’abaissant autour de basses prairies ou marais que plusieurs indices témoignent avoir été des baies de mer à une époque peu reculée, tellement que, dans l’opinion des savants du pays, le fond du vallon de Troussepoil était autrefois rempli à marée haute.

Ayant eu l’avantage de visiter ce lieu l’année dernière, en compagnie de M. Benjamin Fillon, j’ai recueilli une curieuse tradition de la bouche de cet infatigable explorateur, qui connaît le département de la Vendée comme un propriétaire connaît son domaine, le rapporterai ce conte, parce qu'il n’est pas sans rapport avec les antiquités découvertes par M. l’abbé Baudry.

Le vallon de Troussepoil était anciennement le repaire d’une grosse bête noire à long poil, faite comme un ours, qui ravageait le pays à plusieurs lieues à la ronde.

Le monstre prenait plaisir à se baigner dans un ruisseau qui coule au fond de la vallée, et le nom de Troussepoil vient de ce qu’il se retirait de là le poil tout hérissé.

Les vaches et les femmes étaient la viande qu’il préférait, de sorte qu’il n’y avait jour où il ne fit ample consommation des unes et des autres.

L'église d'Angle - Légende de la Malbête - René Antoine Ferchault seigneur de Réaumur (4)

Les habitants consternés implorèrent toutes les puissances pour être délivrés d’un si grand fléau.

Le légat du pape se proposa pour exorciser la bête ; mais il ne réussit pas, ayant perdu sa vertu parce qu’il avait embrassé une fille le matin; L’abbé de Fontaines échoua également pour avoir bu quatre chopines de vin passé minuit, et celui de Talmont pour avoir cassé la tête à un paysan qui lui barrait son chemin.

L’abbaye d’Angles était alors gouvernée par un saint homme du nom de Martin, qui voulut aussi tenter l’aventure ; mais il eut soin de passer d’abord cinq jours et cinq nuits en prières.

Avec ses signes de croix, il réduisit la bête à venir se ranger sous son bâton et il l’amena ainsi, docile et douce comme un agneau, jusqu’au milieu de la cohue d’Angles.

 Les hommes et les femmes chantaient alléluia, mais les filles virent là dedans matière à risée et dirent :

« Père Martin, dompis quand ôtes vous breger dau diable? »

L’abbé, sans rien répondre, fit monter la bête au pignon de l'église où elle est encore (il faut savoir que le pignon de l’église d’Angles, sur la façade, est surmonté d’une statue d’ours qui sert de piédestal à une croix dressée sur son dos), et quand l’ours eut été changé en pierre par un nouveau signe de croix, le saint homme lui dit :

« Tu ne vivras dès mesuy que de la beauté des filles d’Angles. »

 Et aussitôt les filles d’Angles, qui jusque-là avaient été jolies, devinrent laides.

 Il y aurait peut-être lieu de rapprocher la bête de Troussepoil de l’ours dont il est question dans la légende de Saint-Vaast, et de celui qui désigna à sainte Richarde l’endroit où elle devait fonder l’abbaye d’Andlau.

L’image de ce dernier, taillée dans un bloc de porphyre des Vosges, était placée autrefois, comme en sentinelle, à la porte de l’église d’Andlau ; on l’a descendue dans la crypte où elle est devenue l’objet d’une sorte de vénération. Elle diffère, par son mouvement, de la statue posée sur le pignon de l’église d’Angles, car l’ours d’Andlau tourne la tête pour regarder derrière lui.

En attendant qu’on ait trouvé la signification exacte de ces animaux, il est permis de les considérer comme des symboles du paganisme vaincu, et la légende poitevine, par le tour qu’elle a, semble indiquer que les vieilles croyances se maintinrent très tard dans la vallée de Troussepoil.

 

 

Suivant le Gallia Christiana, Angles, abbaye d'augustins, sous le titre de Notre-Dame des Anges, aurait tiré son nom de son vocable Beata Maria de Angelis, et par contraction de Anglis. Cette étymologie nous semble, comme à l'abbé Aillery, très douteuse. Nous estimons de même, avec M. B. Fillon, que la fondation du monastère de ce nom est de beaucoup antérieure à la date de 1210 que lui assigne Thibaudeau dans son Histoire du Poitou (2).

Il suffit pour s'en convaincre d'ouvrir le chartrier du prieuré de Fontaines, établissement monastique du voisinage avec lequel les religieux d'Angles eurent d'incessantes contestations (3).

Parmi les documents qu'il renfermait et que possèdent aujourd'hui les Archives de la Vendée, il en est un qui fournit naguère à M. Paul Marchegay les éléments d'un intéressant travail sur l'usage des duels judiciaires entre communautés religieuses au XIe siècle, et qui vaut la peine d'être rappelé.

Tout en nous renseignant sur la cause de ces multiples procès et la façon solennelle dont ils prirent fin, cette charte, qui date de 1098, nous instruit, en effet, de ce que furent les commencements du monastère dont nous avons à tracer ici sommairement l'histoire.

Guillaume II de Talmond, ayant eu le domaine d'Angles par héritage de sa mère Ameline, en avait donné, vers 1050, avec le consentement de son frère Pépin Ier et de sa femme Milcende, une portion aux religieux de Marmoutier, qui détenaient le prieuré de Fontaines.

 Or, comme l'étendue de la concession n'était pas très clairement indiquée dans l'acte primitif, il advint que, une vingtaine d'années plus tard, Pépin II, neveu de Guillaume, voyant qu'on pouvait tirer un avantageux parti des marais bordant la petite rivière du Chaon, appelée depuis Troussepoil, se mit en devoir de les dessécher et de les livrer à l'agriculture, après en avoir attribué quelques parcelles aux moines de Notre-Dame d'Angles. Inde irœ.

Le prieur de Fontaines porta plainte au seigneur de Talmond, qui, faisant droit à sa requête, lui abandonna la dîme des terres desséchées et promit de ne jamais les donner à d'autres qu'à lui.

Mais à la veille de mourir, Pépin, circonvenu par les religieux de Sainte-Croix, leur fit don pour le rachat de son âme, de terres considérables et entre autres des marais d'Angles.

 

Nouvelles protestations des moines de Fontaines, qui, se sentant soutenus par l'abbé de Marmoutier, leur supérieur immédiat, portèrent directement leur plainte à Guillaume IX, comte de Poitou, lequel confia à Othon, seigneur de La Roche-sur-Yon, le soin de trancher le différend.

 Celui-ci, peu désireux lui-même de se faire un dangereux ennemi de l'abbé de Sainte-Croix ou de celui de Marmoutier, soumit la décision du procès au jugement de Dieu.

On eut donc recours à un duel judiciaire, qui eut lieu, comme nous l'avons dit précédemment, sur le territoire des Moustiers, en présence de tous les barons du Talmondais, et le champion de Sainte-Croix ayant été complètement battu par celui de Saint-Martin de Tours, les marais d'Angles restèrent définitivement la propriété du prieuré de Fontaines (4).

Gràce au Pouillé de M. l'abbé Aillery, rectifié et complété à l'aide de renseignements puisés aux différents cartulaires et de notes inédites .de MM. B. Fillon et de la Fontenelle, il nous a été possible de dresser une liste assez complète des prieurs et abbés d'Angles.

 

Voici cette liste :

116.. — PIERRE ANJUBAULT, prieur (Cart. du Bas-Poitou, 246).

117.. — GUILLAUME DE SAINT-GILLES (id., p. 249). - '

1238. — JÉRÉMIE.

1315. — GUILLAUME LE FORT, abbé.

1409. — JEAN IER.

11 janvier 1440. - THIBAULT  HIBOLE..

1444-1447. - ANDRÉ. - X 1454-1456. — NICOLAS.

1460. — RENÉ.

1482. — MARTIN.

1516. - THIBAULT.

1527-.1548. — ROBERT ALLIAU (D. Fonteneau, t. II, p. 243).

1556-1559. — FRANÇOIS DE LIVAYNES, gentilhomme d'Angoumois, de la maison de Verdille.

1574-1596. — JEAN JAY (5).

1618. JÉRÔME MARILLET.

1624.—CLAUDE DREUX.

1637-1691. — FRANÇOIS-LOUIS DESMÉ DE LA CHESNAYE, aumônier ordinaire du Roy.

1704-1727. — JEAN-BAPTISTE PHARAMOND DE SAINTE-HERMINE, ancien enseigne de vaisseau, abbé commendataire de Notre-Dame d'Angles et de Saint-Benoît, et prieur de Saint-Étienne d'Ars. Décédé en sa maison de l'Herbaudière, près de Salles.

1727-1768. — AUGUSTIN ROCH DE MENOU DE CHAMISAY, évêque de La Rochelle, abbé commendataire.

1768-1771. — N. GAUDIN, vicaire général de Versailles et de Troyes.

13 juillet 1771-1789. — ARMAND-CONSTANTIN DE SINETY, vicaire général de Noyon.

 

L'église d'Angle - Légende de la Malbête - René Antoine Ferchault seigneur de Réaumur (6)

Vers la fin du XIIe siècle, le prieuré de Notre-Dame reçut, si l'on en croit une tradition rapportée par M. B. Fillon, dans Poitou et Vendée, des dons assez considérables de Richard Cœur de Lion et de sa mère.

Ce fut à la suite de ces largesses que fut entreprise la reconstruction de la nef de l'église, telle qu'elle existe aujourd'hui. Cette nef se compose de deux larges travées, surmontées de voûtes à belles nervures Plantagenet.

Particularité qui ne se retrouve, croyons-nous, en Poitou, que dans l'ancienne église de Belleville (Vendée), les nervures reposent sur des colonnes d'angle à chapiteaux romans fleuris, et des statues de pierre, dans lesquelles on croit reconnaître les images de Richard, de son père Henri et d'Aliénor d'Aquitaine, ont été placées à la jonction des piliers et des voûtes, sur des encorbellements à têtes d'animaux grotesques.

Dans le mur nord de la seconde travée s'ouvre une superbe fenêtre géminée, dont l'arcade plein cintre est encadrée de jolies colonnes romanes, que couronnent des chapiteaux très heureusement décorés de motifs empruntés aux règnes animal et végétal.

Le transept et le chœur, qui ont été restaurés en 1862, sont d'un style antérieur à la nef et rappellent le XIe siècle. Le chœur forme une profonde abside à deux travées, et voûtée en cul-de-four.

Les deux absidioles qui existent sur les bras de la croix sont également voûtées en cul-de-four et communiquent avec le sanctuaire par une petite porte latérale. Sous le sanctuaire règne une vaste crypte, dont la restauration eût pu être confiée à des mains plus habiles.

La façade de l'église, qui s'harmonisait autrefois avec le reste de l'édifice, a été surmontée, au commencement du XVe siècle, d'un pignon terminé par un ours portant la croix sur son dos.

 

L'église d'Angle - Légende de la Malbête - René Antoine Ferchault seigneur de Réaumur (3)


L'abbaye d'Angles

 

Le nombre de chanoines d'Angles ayant atteint la douzaine, le prieuré fut érigé en abbaye au XIVème siècle.

L'abbaye d'Angles ne demeura point pendant les guerres de religion à l'abri des excès du baron de Saint-Cyr et de ses vassaux.

 Nous en trouvons une preuve dans la plainte adressée le 20 mars 1565 à l'évêque de Luçon, par Mathurin Chevreul, prêtre réfugié à Angles, qui avait été frappé par Tanneguy du Bouchet lui-même de tels coups de bâton, « que le sang avait jailli et qu'il avait été contraint de rester longtemps entre les mains des barbiers pour se faire médicamenter ».

Les bâtiments de l'abbaye ne furent pas davantage épargnés par les bandes calvinistes.

Un mémoire, déjà cité, de 1594, nous apprend, en effet, qu'à cette époque, il n'y avait plus de religieux au monastère, « les temples, édifices et commodités étant tous entièrement brûlés et en éminente ruine et sans aucuns parements d'église ni meubles... »

Le procès-verbal de la visite faite le 20 septembre 1634 par François Brisson et Jehan Besly, en vertu de commissions à eux données par le Parlement de Paris et les Grands Jours de Poitiers, est plus explicite encore :

« Aujourd'huy vingtiesme jour de septenbre mil six cens trante quatre, nous François Brisson, escuier sieur du Palais, conseiller du Roy et son seneschal civil et criminel au siège royal et seneschaussée de Fontenay-le-compte es Bas pais de Poitou, asisté de Mre Jehan Besly, ad. du Roy, et ayant avecq nous Me René Rochereau, commis greffier, par vertu de com. de Nosseigneurs du parlement en datte du vingt sixiesme d'apuril dernier, et d'autre de Nosseigneurs des grandz jours en datte du douziesme des présents mois, nous sommes transportés du bourg de Saint-Benoist en celluy d'Angles, d'istant l'un de l'autre d'une lieue et demye, et nous estans transportés à la porte de l'églize dudit lieu, avons mandé les pbes quy y font le service, et incontinant après ont comparus Mre Claude Marc Cheusseau et Mr Pierre Parizot phre; lesquelz nous avons enquis sur les fais de nostre dicte com.., et nous ont dict que l'églize de la porte de laquelle nous estions et dans laquelle nous avons après entré estoit une eglize abacialle, et nous estans enquis oil estoit la parroisse dudict bourg, nous ont dit ny avoir aucune eglize ne parroisse ny d'autres curés qu'eux mesmes, et enquis quel estoit l'abbé ou estoient et combien il y avoit de religieux dans ladicte abbaye, et autres fais concernant nre comon.

Nous ont dit que l'abbé sappelloit Mre Claude Dreux, que depuis six a sept ans il estoit titulaire et pourvu en commande de lade abbaye, et que ladicte abbaye estoit de l'ordre des chanoines régulliers de Saint- Augustin, qu'elle valloit de revenus unze cens escuz toutes charges faictes, qu'il ny avoit à presant et ny avoit heu de longtenps ny prieur, ny officiers, ny religieux, et que le susd Marc Cheusseau estoit en ladicte Eglize y a vingt quatre ans dans laquelle il a servy pour l'abbaye et la parroisse vingt-deux ans, et que depuis deux ans sullement le susdit Parizot sert avecq luy dans icelle, quilz avoient chascun de pansion du susd' abbé, savoir ledict Cheusseau, quatre vingtz livres et une pipe de vin, et ledict Parizot quarante cinq livres, et une petite chapelle du trante liures de reveneu, que néantmoings quelques entiens du bourg avoient veu quantittés d'officiers et religieux dans ladicte abbaye, mais que depuis que l'Eglize à esté ruynée, il n'y a plus de maisons de Religieux, ny Religieux. Et après que nous leurs avons enjoinct que silz avoient quelques plaintes à fe pour troubles et viollances ou uzurpaon de quy que ce fust, de manque d'entretien et repaons nécessaires contre leur abbé, et en un mot de tout ce quilz vouldroient et contre touttes sortes de personnes, Ilz eussent à nous la faire présentement pour estre insérée en notre présent procès-verbal et sur icelle par Nosseigneurs des grandz jours ordonner ce que de raison; nous ont dit que plus de quatre mil liures de rante sont pocéddées par pleusieurs gentilz'hommes et damoiselles de leurs voisinages contre lesquelz ilz ont trouvés des preuves par les Revellaons du monitoire quilz ont faict publier pour cet effet (6).

Comme aussy que les maisons des officiers et dignittés de lade abbaye sont pocéddées par pleusieurs particulliers, et que eux mesmes nont aulcuns logis et sont contrainctz sur le peu et seul reveneu quilz ont comme il est dict cydessus de payer encore la loccaon d'une maison, que déplus ilz nont q'un calice destain sv vieux et sy uzé quil est indécent pour la cellebraon de la messe, que les parroissiens en ont faict faire ung dargent mais de peu de valleur, quilz nont poinet de surpelis ny de quoy en auoir, Et fort peu daultres ornemans d'Eglize, et sur la Remonstrance quils nous ont faicte du mauuais estat de l'Eglize abbacialle et des indécences que les fermiers commettoient en quelques apartenances d'icelle, auons veu et visité tous lesd' lieux, et auons trouué que l'Eglise estoit ahsolumant ruynée, fors une partie de sa nef fort obscure enfoncée en terre, salle, desgarnie et non pauée dans laquelle ilz cellebrent apÏii: le seruice diuin, et quand aux dordouer, refectouer, maison abacialle entienne et les cœurs et cloistres les auons troués cy absolumant ruynés qu'a paine auons nous peu veoir les places. Et auons trouvé dans ce quy reste de l'entien chapre dans lequels les susdts pbre. nous ont dict y auoir des Religieux enterrés, du fumier, comme aussy ilz nous ont dit quil sert Li pnt d'un toit a pourceau » (7).

La pauvre abbaye n'était cependant pas au terme de ses misères. Suivant un procès-verbal, en date du 16 décembre 1654, et dont nous devons également communication à l'aimable conservateur de la Bibliothèque publique de Niort, l'abbaye d'Angles fut durant plusieurs années, et notamment en 1651, en proie à de nouveaux « dégasts, pilleries et volleries commis par des gens de guerre du régiment de Gesure (?), ennemis du sieur de Réaulmur. »

C'est le lieu de rappeler que l'illustre physicien de ce nom, René-Antoine Ferchault de Réaumur, qui appartenait, du reste, à une famille bourgeoise de la contrée, passa son enfance et une partie de sa jeunesse à Angles, dans la maison des Forges, que possédait sa mère, Geneviève Bouchet.

 

L'église d'Angle - Légende de la Malbête René Antoine Ferchault seigneur de Réaumur

 

René Antoine Ferchault seigneur de Réaumur (1683-1757)

Physicien et naturaliste français, touche à tout, curieux et passionné, principalement connu pour sa mise au point du thermomètre gradué à alcool.

Né à La Rochelle, il venait souvent passer ses vacances chez ses grands-parents maternels à Angles d’où il mena, au cours de ses nombreux séjours, des observations sur les coquillages, les crustacés et l’électricité émise par certains poissons.

Surnommé le Pline du XVII ème, il présentera ses recherches à l’Académie des Sciences de Paris qu’il « présidé » pendant 40 ans.

Il fut le fondateur de la sidérurgie scientifique. Son logis de Réaumur devenu le Manoir des Sciences présentant les travaux de sa vie.  

 

 

Il existait anciennement à Angles un Hôtel-Dieu doté de 4,000 livres de revenus, et une maladrerie de 400. Ces deux établissements hospitaliers étaient de fondation royale, et parmi les rentes qui en composaient le revenu, s'en trouvait une de 50 boisseaux, qui, par un arrêt de 1725, fut remise à l'hospice de Fontenay, avec charge de recevoir les malades d'Angles sur certificat du curé.

On voit dans cet arrêt que Jean Belliard était alors fermier de l'abbaye d'Angles. Elle passa plus tard aux mains du général de ce nom, qui devenu en 1808 gouverneur de Madrid, y envoya d'Espagne cent vingt magnifiques mérinos dans le vain espoir de les acclimater en Vendée.

 

 

 

 

Paysages et monuments du Poitou / photographiés par Jules Robuchon.

Mélanges d'archéologie et d'histoire.... Archéologie du moyen âge, mémoires et fragments réunis par Robert de Lasteyrie / Jules Quicherat

 

 

 

 

 

 

 


 

An 1098, le seigneur de Talmont Vassal de Guillaume IX, duc d'Aquitaine tranche un litige religieux dans le marais d'Angles
L'An 1098, Pépin seigneur de Talmont Vassal de Guillaume IX, duc d'Aquitaine tranche le litige opposant l'abbaye de Marmoutier à Pierre II, fils de Vitalis Cox, au sujet d'une terre dans le Marais Poitevin d'Angle proche de la tour de Moricq. La décision fut prise de donner le résultat par un duel du Jugement de Dieu.

 

(1) M. Quicherat. Revue des Sociétés savantes des départements, 1861, p. 263.

L'abbé Baudry. Traditions et légendes du canton des Moustiers-les-Mauxfaits. 1864, p. 6. B. Fillon. Poitou et Vendée. Art. Angles, p. 4, antiquités celtiques de la Vendée ; Ann, de la Soc, d’Emul. De la Vendée, 1863.

(2) Mais tout semble démontrer que Notre-Dame d'Angles, au début simple prieuré, n'obtint que tardivement (au commencement du XIVe siècle) le titre d'abbaye.

(3) D'humeur sans doute assez batailleuse, ils soutinrent également au XVe siècle contre l'abbaye de Talmond et l'évêque de Poitiers plusieurs procès dont notre érudit ami M. E. Bourloton a retrouvé tout récemment les pièces aux Archives nationales.

(4) Le desséchement de ces marais, continué par les chanoines réguliers de Luçon et les religieux de Saint-Michel-en-l'Herm, fut achevé de 1739 à 1742 par Mme Henriette de Lambert, veuve de M. de la Taste, maréchal de camp des armées du roi, et par Mme Henriette de Granges de Surgères, épouse d'Alphonse de Lescure, chevalier, seigneur et marquis de Moricq. »

(5) Une pièce du chartrier de Thouars, datée de 1594 et publiée par M. P. Marchegay dans l’Annuaire de la Société d'Émulation de 1869 (p. 184 et suiv.), donne sur l'abbé Jean Jay et les possesseurs de l'abbaye -d'Angles à la fin du XVIe siècle, d'intéressants détails.

Elle nous apprend notamment que le maréchal de Cossé, « qui avait une maison voisine de l'abbaye, ayant été averti par quelqu'un de ses sujets du mauvais service divin qui y était fait », prétendit la « faire tomber en dévolu », et se l'étant fait donner par le roi, en fit lui-même présent, quelques années plus tard, à Arthur Gouffier, comte de Caravas.

 Ce ne fut pas tout à fait du goût de MM. de Verdille, frères de François de Livaynes, au nom desquels Jean Jay détenait l'abbaye. Mais le comte de Caravas leur ayant fait l'abandon d'un prieuré qui valait bien 100 livres de revenus, l'abbaye resta en sa possession, avec frère Jean Jay comme titulaire.

Claude de la Trémoille, duc de Thouars, auquel Henri IV donna en 1592 l'abbaye, pour rembourser partie des énormes dépenses qu'il avait faites en aidant le Béarnais à soutenir ses droits à la couronne, trouva l'abbé Jay beaucoup moins complaisant à l'égard d'un huguenot qu'il ne l'avait été vis-à-vis des seigneurs catholiques. Il intenta même au fermier du duc un procès, dont l'issue lui fut peu favorable.

 L'arrêt prononcé par Pierre Brisson, écuyer, sieur du Pallays, conseiller du roi et son sénéchal à Fontenay-le- Comte, ordonnait la saisie du revenu et la déchéance de l'abbé, parce qu'il était du parti contraire à Sa Majesté, et demeurait en ville ennemie et de la Ligue. M. de la Trémoille resta donc paisible possesseur, mais il dut se pourvoir d'un titulaire désintéressé et docile, ce qui ne fut pas besogne aisée, au dire du mémoire dont nous venons de donner l'analyse.

(6) L'inventaire des papiers de l'abbaye, qui se trouve à la Bibliothèque publique de Niort, y mentionne l'existence d'un dossier de procédure contre les sieurs d'Aubigny de la Masse et Guillaume Massé, accusés d’avoir volé l’église d’Angles en 1548.

(7) Orig. à la Bibliothèque de Niort. Papiers La Fontenelle.

 

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