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PHystorique- Les Portes du Temps
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31 janvier 2021

L’abbaye La Grainetière incendiée pendant la Révolution, le dernier moine, Dom Charles-Philippe Billaud quitte son abbaye

L’abbaye La Grainetière incendiée pendant la Révolution, le dernier moine, Dom Charles-Philippe Billaud, quitte son abbaye en 1790

Non loin des Herbiers et Saint Paul en Pareds, sur le bord d'une belle et vaste forêt du Parc Soubise, se dressent les ruines d'une des plus vieilles abbayes de la contrée la Grainetière est son nom.

Des ruines ! toujours des ruines !

Et de fait, dans tous les tableaux qu'offrent à l'oeil les paysages si délicieusement pittoresques du Bocage vendéen, à côté de la splendeur peu commune des sites qui force l'admiration du touriste, il y a toujours cette inévitable note sombre.

Et pourtant, les ruines ont leurs charmes, leur poésie. Elles vous plaisent plus que le plus merveilleux château. L'hiver, « saison de mort », a incomparablement plus d'attraits que le printemps le plus éclatant. Rien n'est beau et mélancolique comme une belle soirée d'automne, quand les fleurs jaunies tourbillonnent dans l'air et pleuvent doucement sur cette terre où elles vont rentrer, après en être sorties aux jours radieux du renouveau.

 

Et voilà pourquoi nous courons aux ruines !

 

Ces ruines, vestiges encore presque fumants, presque entièrement perdues au fond des bois et quasi inabordables, sont récentes mais le monument dont elles sont les débris fut élevé il y a plus de neuf cents ans.

De superbes colonnades, surmontées de chapiteaux magnifiquement sculptés, de vieilles cheminées ainsi qu'un grand nombre de statues, provenant de cet antique monastère, ont été dispersés à tous les vents et leurs restes se retrouvent encore épars çà et là dans les bourgs environnants.

Ces tristes vestiges des discordes civiles, qu'une main vandale a sapés sans vergogne, ont été jadis vendus à l'encan par l'acquéreur de ce bien national, qui voulait, parait-il, se venger par là des souffrances atroces qu'en les chauffeurs, de triste mémoire, avaient fait endurer à son père.

Encore quelques années, et de cette antique abbaye, il ne restera bientôt plus que le souvenir.

De la nef de l'église et de ses murs latéraux, il ne subsiste aujourd'hui presque plus rien. A peine y découvre-t-on quelques fresques en partie recouvertes de chaux vive.

En 1829, on pouvait encore voir la tour octogonale du clocher romain, qui s'élevait gracieusement au-dessus des bois d'alentour.

Au milieu des débris qui gisent pèle-mêle, on remarque une pierre tombale finement ciselée, exposée là aux intempéries des saisons. On y voit l'image d'un chevalier tout armé, couvert d'une cotte de mailles et d'un bouclier à sa droite, est couché un enfant.

Cette pierre recouvrait, paraît-il, le tombeau d'un sire de Parthenay, propriétaire du Parc-Soubise, qui démembra une partie de son domaine pour en doter l'abbaye de la Grainetière. Cette statue est connue des gens du pays sous le nom de Saint-Reniou.

(Plan de l' Abbaye de la Grainetière avec vue 360° )

Quant aux bâtiments de l'abbaye, ils étaient adossés à l'un des murs de la chapelle et formaient un vaste carré. Des cloîtres régnaient autrefois tout autour de la cour intérieure.

Un côté seul est resté debout. Une longue ligne de petites colonnades réunies deux à deux, soutiennent encore la galerie qui le recouvre. Elles sont d'une remarquable élégance.

Dans une vieille tour crénelée qui défend l'abbaye, près de la porte d'entrée, se trouvait la demeure de l'abbé.

 

 Elle formait l'un des angles du cloître. Les fenêtres étaient percées de telle sorte que personne ne pouvait ni entrer ni sortir sans passer sous les yeux de l'abbé (1).

Elle est déclarée bien national en 1790 et est vendue comme carrière de pierres, l’intérieur comme ferme, l’abbatiale et le cloitre seront au ¾ démolis.
Le dernier moine, Dom Charles-Philippe Billaud, quitte son abbaye en 1790, un an après la Révolution, pour se retirer aux Herbiers.

Il sera assassiné en 1794 à Chambretaud près des Herbiers par les soldats de la « colonne infernale » du général républicain Turreau, en pleine Terreur.

 

De l’édifice qui faisait 50 mètres de long, il ne reste aujourd’hui que le plan de sol, la croisée du transept et le mur sud et son autel qui fut caché pendant la Révolution.

Parmi les curiosités dignes d'attirer l'attention du visiteur, il faut citer la salle du chapitre dont les voûtes à nervures, supportées par de très jolies colonnes sculptées, auraient dû inspirer plus de respect aux propriétaires qui en ont fait en 1893 une étable à bestiaux.

Un fermier habite seul maintenant ces débris, qui cachent leurs mutilations sous des touffes et des guirlandes de verdure, ornement gracieux que la nature leur prodigue aujourd'hui en échange des pertes que l'art regrette.

A la vue de ce monument, on se rappelle mélancoliquement, comme le chantre immortel assis sur les ruines de Palmyre, l'histoire des temps passés, et la pensée se trouve involontairement reportée vers ces siècles de foi ou de pieux cénobites, après avoir médité dans l'enclos du couvent, se venaient prosterner à l'autel et chanter des psaumes dans le calme et le silence de la nuit. Il semble entendre comme un écho des temps antiques planant sous ces abris croulants de la vieille abbaye.

La mémoire d'un homme illustre habite encore ce site à la fois romanesque et sauvage; c'est celui de l'abbé Prévost, le gracieux auteur de Manon Lescaut. C'est là, en effet, qu'il composa cet immortel ouvrage qui se répandit dans l'Europe entière pour charmer ses loisir.

 

En 1963, la Société Civil Immobilière de la Grainetière achète l’ensemble des bâtiments pour les restaurer.

En 1979, le monastère revit en accueillant le 6e prieuré de la Congrégation Bénédictine de Notre Dame d’Espérance fondée par le père Henri Guilluy.

 

En bicyclette au Bocage vendéen : notes et impressions / Régis Brochet

 

 

 

Saint Michel Mont de Mercure, carrefour des colonnes infernales Grignon - Lachenay (Carte) -

Arrivant de Châteaumur, l a colonne de Grignon poursuivit ses exploits en s'avançant vers la Basse-Vendée, non sans détours et contre-marches, afin de ne rien laisser derrière elle. Grignon fit poser un campement à la Flocellière, pendant 3 jours du 27 au 30 janvier 1794.


 

 

Abbaye de La Grainetière, l’abbé Antoine François Prévost - l’âme de Manon et le chevalier des Grieux <==.... ....==> La colonne Infernale de Grignon de Saint Michel Mont-Mercure au château de Bois-Tissandeau des Herbiers

 


(1) On voit encore, au-dessus de l'une de ces fenêtres, un très bel écusson, sur lequel se trouvent sculptés un bonnet de moine, un missel et une crosse, parfaitement conservés.

 

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