La correspondance du Commandant de la Marine à Rochefort pendant toute la guerre de 7 Ans, n'existant ni aux Archives nationales, ni aux Archives de Rochefort, ce n'est que par les lettres du Ministre, que l'on peut se rendre compte de l'activité générale du port.
Il est possible de classer cette activité sous quatre chefs principaux: constructions, armements, ravitaillement des ports et des colonies, protection du commerce.
La capacité de construction de l'arsenal dépend beaucoup des travaux de réparations, radoubs armements, qu'effectue le port.
En Janvier 1756, il y avait en achèvement deux vaisseaux, une flutte et quelques bâtiments de servitude; le Ministre prescrit de mettre en chantier deux frégates, et comme l'Intendant signale que le port est trop chargé, c'est à NANTES ou à Bayonne, que d'autres bâtiments nécessaires sont construits. le programme ne put être exécuté qu'après de longs délais : Un des vaisseaux le "GLORIEUX", est achevé en Juillet 1756, le flutte le "FORTUNE" en Octobre ; mais le 29 Mai 1757 le deuxième vaisseau n'est pas terminé, des deux frégates une seule est commencée.
C'est à ce moment qu'on ordonne la mise en chantier de trois nouveaux vaisseaux dont aucun ne sera terminé en 1759. Les autres travaux du port et la défense des cotes ont absorbé toute l'activité de l'arsenal.
LES ARMEMENTS:
Après une campagne, ou une année environ de service, les bâtiments désarment pour être visités, carénés, et réarmés suivant les besoins. Rochefort facilement approvisionné, avait de grandes facilités pour ce travail. Nous donnons en annexe le relevé des armements de 1756 et 1757.
C'est ce rythme de 12 à 15 bâtiments qui sera conservé toute la guerre. Il faut remarquer que l'armement des vaisseaux se fait en rade de l'Ile d'Aix, les petits fonds de la Charente ne permettant pas la descente des bâtiments armés.
C'est aussi de Rochefort que sont envoyés les effets d'armement pour les bâtiments construits à Nantes ou à Bayonne.
RAVITAILLENT DES PORTS ET DES COLONIES.
Par sa position géographique, Rochefort peut s'alimenter rapidement de tous les approvisionnements nécessaires à la Marine. Placé au centre d'un riche bassin, il a des vibres en abondance; servi par un réseau de voies navigables soigneusement entretenues, elles lui parviennent facilement; proche des embouchures de la Loire et de la Gironde, il profite des voies d'eau, constituées par ces rivières, pour obtenir à peu de frais chanvres, métaux ou bois de construction.
Ses rades, bien abritées et impossibles à bloquer étroitement, lui garantissent l'arrivée de navires neutres, porteurs d'approvisionnements.
Enfin c'est en Angoumois et en Périgord que sont fabriqués tous les canons de la marine, qui arrivent par eau à Rochefort, d'où ils sont, répartis dans tous les ports.
Aussi les convois de ravitaillement pour les colonies, les fluttes chargées d'approvisionnements pour les bâtiments en campagne partent tous du port. Les envois de blé pour la Bretagne ou la Normandie, de salaisons pour Toulon, et surtout les nombreux envois de canons dans tous les ports sont la préoccupation dominante de l'Intendant .
En 1757 le Maréchal de Senecterre (Jean Charles de Saint-Nectaire) écrira à juste titre :
"Ce port ci tombé, celui de Brest s'en ressentirait prodigieusement, c'est de celui-là que ce dernier tire tous les canons et les vivres."
PROTECTION DU COMMERCE.
Placé à mi- distance entre Brest et l'Espagne, le port avait la mission d'assurer la sécurité du commerce de cabotage entre la cote du Sud et la Bretagne. Point.de départ de bâtiments ravitailleurs pour les Colonies, il devait aussi les protéger au début de leur traversée.
Pour remplir ces missions, trois moyens furent employés: batteries sur les côtes, assurant un refuge aux bâtiments, croisières au large ou le long des côtes pour détruire corsaires ou frégates ennemis, enfin constitution de convois escortés.
Dès le mois d'Octobre 1755 "en vue de procurer aux bâtiments de commerce des secours plus étendus" l'armement de 20 frégates est prescrit dont 8 à Rochefort.
Le premier convoi est ordonné en Novembre de la même année; ses ordres sont de "ranger les côtes" et de "donner protection au plus grand nombre de navires qu'il sera possible".
En Décembre, le Ministre recommande de toujours mettre au moins deux frégates par convoi. A partir de ce moment les convois se succèdent sans interruption.
La rade de l'Ile d'Aix sert de point de rassemblement, les navires y arrivent soit isolément, soit sous escorte si leur importance le demande, et des convois nombreux sont organisés vers le Nord ou vers le Sud. Les escortes sont assurées par des frégates.
Les Commandants des ports ont ordre de les renvoyer au port d'origine le plus vite possible; toutes mesures, tendant à abréger le séjour dans les rades, sont chaleureusement approuvées: abattage en carène sur le côté pour éviter la remontée de la rivière, embarquement de 4 mois de vivres, mouillage d'un bâtiment ravitailleur à l'Ile d'Aix.
Il est recommandé "de multiplier les convois, plutôt que de laisser s'assembler à la fois un trop grand nombre de batiments". Les commandants des frégates doivent "partir au premier vent favorable", accepter sous leur escorte "tous les bâtiments de commerce qui voudront se joindre au convoi" et rendre compte des "circonstances de leur navigation". Les convois sont obligatoires pour les fluttes du Roi ou les bâtiments affrétés.
Les bâtiments partant pour le large sont aussi groupés en convois. S'ils ne peuvent profiter de l'escorte de bâtiments de guerre ayant la même destination, leur sortie est assurée par les frégates les meilleures voilières jusqu'à 20 ou 40 lieues au large.
Cette protection devient bientôt insuffisante, et à partir de Juillet 1757, on remplacera les frégates par deux vaisseaux qui iront jusqu'à 150 ou 200 lieus.
La route à faire est laissée au choix des chefs d'escorte. Le plus souvent ils commencent par s'élever en latitude, pour passer le plus loin possible du Cap Finistère, particulièrement surveillé.
Les croisières sont faites par les frégates disponibles entre les escortes; en 1757 deux vaisseaux sont prévus pour aller plus au large.
Tous ces bâtiments doivent poursuivre les corsaires qui dès la déclaration de guerre," se répandent sur les côtes et interrompent le cabotage", surveiller les mouvements des navires anglais et assurer la rentrée des bâtiments qui viennent des colonnes.
Les différents projets d'armement distinguent toujours les frégates d'escorte et les frégates de croisière, mais cette distinction n'est jamais respectée.
Quant aux batteries de côte, qui dépendent toutes de la Marine, elles sont au début de la guerre en très mauvais état.
Le défaut de fonds ne permet de commencer à les organiser qu' au printemps de 1757. Elles sont en majeure partie désarmées tous les hivers.
1666 débute la construction du futur Arsenal du Ponant (Rochefort) sur la côte Atlantique <==....
1694 Les flibustiers de l'île de la Tortue (Saint-Domingue) - Bégon à Rochefort 1694<==.... ....==> La situation sur les côtes d’Aunis au 1er juillet 1757
Rochefort fut d'abord le magasin de la marine du Ponant. Il fut aussi sa place d'armes. L'artillerie des vaisseaux du roi était dans ce temps composée, en très-grande partie, de pièces de fonte ; une sorte de vanité était attachée à cela : et ce qui n'était dans le principe qu'une distinction que l'usage, les convenances avaient établie, suivant les grades des commandants, devint plus tard, en 1689, un objet de règlement arrêté par ordonnance royale (1).
Pour l'expédition de La Pérouse, ce furent tout naturellement des navires de charge (bateaux marchands), plus rapides et plus facile à la manœuvre qui furent choisis, deux gabares (ou flûtes ) Les flûtes ont un avantage : elles ont une cale de 9m de large pour stocker les vivres et le matériel.