Démantèlement du château de Jarnac Rohan-Chabot
Si haut qu'on remonte dans le passé, on trouve des traces de Jarnac, des vestiges même de sa splendeur, car il ne le cède en illustration à aucune autre cité de l'Angoumois. La richesse de son sol, l'avantage de sa position élevée sur les bords de la Charente, l'avaient fait apprécier des Gallo-Romains. Et, chose digne de remarque, il s'est toujours maintenu dans une situation à part, tant il a su se transformer à propos, tirer parti de ses ressources et de ses moyens d'influence.
Borné à l'ouest et au sud par le fleuve, il l'a franchi par son commerce, ses relations incessantes, et s'est assimilé, de fait, des choses qui nominalement ne lui appartiennent pas. Au bout de sa longue chaussée, bordée de peupliers magnifiques, se présente la gare, qui sert désormais de véhicule à ses produits. Rien d'agréable et d'imposant à la fois comme le coup d'oeil offert au touriste qui contemple la cité de ce point opposé. Ses maisons étagées en amphithéâtre, l'air de richesse qu'elles respirent, ses quais bordés de vastes magasins d'eau-de-vie, la vieille église longue, noircie par le temps, tout prévient en sa faveur. En abordant la cité par le pont de pierre récemment substitué au pont suspendu, on débouche sur un terrain planté d'arbres et connu sous le nom de place du Château.
Des routes s'y croisent, et les promeneurs l'animent de leur présence. D'ailleurs, les rues sont bien percées, et la population remplie d'aménité. Hors des murs, à l'ouest, du côté des Grand'Maisons, on vient de découvrir des monnaies à l'effigie des anciens Césars, des poteries vernissées, des amphores et toute sorte de débris d'une civilisation depuis longtemps disparue. Mais ce qui, par- dessus tout le reste, surprend l'antiquaire, ce sont les mollusques, les huîtres en claie mises à jour dans ces derniers temps.
« A un mètre du sol actuel, parmi des débris de poteries, de tuiles romaines, nous dit le Bulletin des Archives historiques d'avril 1882, on rencontre, sur un espace considérable, des huîtres posées en ordre qui n'ont jamais été ouvertes, etc. »
Notons seulement que le terrain est une sablière et que le problème se discute parmi les savants. Sachant que la mer faisait sentir son flux et reflux à Cognac encore au XVIe siècle, on ne voit pas ce qui s'opposerait à ce que, dans les temps anciens, sous les Romains, par exemple, l'ostréiculture pût exister à Jarnac, ville à peine éloignée de trois lieues de Cognac.
Mais la situation de Jarnac était trop importante pour n'avoir pas attiré l'attention des derniers envahisseurs, les Francs et les Wisigoths. Une tradition constante, mais dont les témoignages n'ont pas été fixés par l'écriture, veut qu'il ait existé un château mérovingien tout à fait sur la crête du coteau qui domine la Charente et la vallée de Lartige, opposée à la première. Le devoir de l'historien s'arrête à mentionner la légende; mais il n'a pas — comme le romancier et le poète — la licence de la défigurer sous prétexte de l'embellir.
De même que Cognac, Jarnac eut de bonne heure ses seigneurs.
Au XIe siècle, c'est Wardrade que nous voyons apparaître. A cette époque où la foi des croisades se mêle aux folles amours et aux désirs de la vie errante, il fallait encore, comme au temps de l'enlèvement des Sabines, savoir opposer la force à la force. Le premier souci des feudataires prenant possession de leurs biens domaniaux, était donc de s'assurer d'une position défensive et offensive inexpugnable.
A défaut de rochers sourcilleux, ils s'entouraient de marais et d'étangs aux sources vives et profondes.
A Jarnac, le nouveau châtelain résolut de diviser le lit de la rivière en plusieurs bras dont il ferait les défenses de son château construit au beau milieu.
Des pont-levis et des herses formidables devaient, dans son esprit, imprimer encore plus de crainte et de respect à ses vassaux. Wardrade, dont le nom seul indique un compagnon de guerre des conquérants, avait épousé Rixendis, dont la piété douce et naïve allait à son coeur. Émus l'un et l'autre de cette émotion qui ébranlait l'Europe en ce moment, ils avaient fait voeu de réaliser une oeuvre pie destinée à attirer sur eux les miséricordes d'en haut.
C'est pourquoi tout aux bords de la Charente, un peu à l'est, ils fondèrent l'abbaye de Bassac.
D'autres soucis les agitèrent bientôt. Tantôt séparés, tantôt réunis, ils prirent part aux luttes et aux intrigues de cette époque. Pour venger l'affront fait au seigneur de Cognac, dont la femme, comme une autre Hélène, avait ébloui les seigneurs dans les tournois, et venait d'être enlevée par les moyens ingénieux qu'elle avait inspirés ou secondés, la noblesse de l'Angoumois s'était précipitée à l'assaut du château d'Archiac, dont le seigneur, principal fauteur de l'évasion, était aveuglé par son amitié pour le seigneur de Barbezieux. Enfin le comte et son épouse, comblés de biens et de jours, s'étaient endormis du grand sommeil en recommandant à leurs fils de faire reposer leurs restes à l'abbaye de Bassac.
Les chants passionnés des troubadours mettaient le feu au coeur des belles et ne savaient point l'éteindre. Vaine, comme la plupart des filles d'Eve, Nobilie, dame de Jarnac, fille d'Hélie, ne s'offensait pas d'entendre célébrer ses atours et ses charmes.
Ithier, de Cognac, fils du seigneur Bardon, était sans cesse en quête d'aventures belliqueuses. Tout cela était dans les moeurs du temps.
C'est à Cognac que Richard Cœur de Lion marie Amélie de Jarnac, fille d'Ithier V de Cognac et héritière de la seigneurie, avec son fils bâtard Philippe de Falcombridge (Philippe FitzRoy).
Voici comment Méchain, auteur généralement assez exact, parle de Jarnac dans sa grande Histoire, au XVIe siècle :
« C'est, dit-il, une petite ville ornée d'un beau château. Messire Guillaume de Craon était seigneur des quatre quints de Jarnac. Ce seigneur eut un fils, nommé Jean, et deux filles : Marguerite fut mariée à messire Guy de Larochefoucauld.
Elle lui porta en dot Châteauneuf, Montbazon et Sainte-More.
La puînée, Jeanne, épousa Louis Chabot, auquel elle apporta les quatre quints de la seigneurie de Jarnac, le dernier quint ayant été confisqué, en 1350, sur Raoul de Nesle, comte, décapité ou banni pour crime de haute trahison. L'origine des de Nesle était illustre; ils descendaient de Charlemagne et des premiers rois d'Italie, par les femmes. »
Rien donc de plus naturel que la faveur dont ils avaient joui sous les premiers rois capétiens. Rentré dans le domaine de la couronne en 1307, comme tout le comté d'Angoulême, Jarnac était un fief important.
Quant à l'ancienne enceinte du château de Jarnac, elle était des plus restreintes.
Elle commençait à 20 mètres ouest de la rue des Canes ou des Canards, dénommée par erreur rue des Carmes ; elle rejoignait la grand'rue en remontant au nord jusqu'à la porte Saint-Pierre ; elle tournait brusquement à droite, suivait ce qu'on appelle la doue ou rue des Fossés jusqu'au portillon (avenue de l'est) et se prolongeait jusqu'à la porte du château, située à l'entrée de la grande rue, longeant l'église.
L'enceinte avait neuf tours de distance en distance : la principale dominait la porte Saint-Pierre.
Les caves étaient sous le château ; mais les plus vastes se trouvent encore sous la place et sous les maisons adjacentes.
Longtemps on a pu y pénétrer; aujourd'hui les ouvertures en sont comblées. La seigneurie de Jarnac valait 40,000 livres de revenu et elle s'étendait sur 17 communes.
Le château de Jarnac, reconstruit au commencement du XVIIe siècle, était à peu près exactement où se trouve la tête nord du pont.
Il a eu d'abord quatre tours, puis six ; en 1711, il en avait dix. Il était entouré de fossés; sa porte principale ouvrait du côté nord sur la rue de Condé.
Situé dans une île, il n’était abordable que par un pont-levis. Il y avait pourtant un pont en pierre à deux arches conduisant au grand parterre. Toutes les servitudes se trouvent dans le quartier appelé aujourd'hui quartier des moulins. Le parc de l'Orangerie était tout à l'opposite.
Au contraire, le parc du château s'étendait entre les deux bras de la Charente.
Il couvrait plus de 50 hectares de superficie. L'ancien bras navigable est aujourd'hui ensablé ; pourtant dans les inondations périodiques, le nouveau bras ne pouvant suffire à l'écoulement des eaux, on vient d'y construire, sur la chaussée, un pont en pierre analogue à celui qui a remplacé, en 1876, le pont suspendu.
Le château de Jarnac a été détruit en 1815 pendant l'interrègne qui succéda à la seconde abdication de Napoléon et à la nouvelle rentrée des Bourbons. Et chose plus étonnante, c'est qu'il l'a été en partie par cette même population qui l'avait respecté en 1793 !
Les Cognaçais, appréhendant de voir transférer à Jarnac le siège de la Sous-Préfecture, imaginèrent de faire entendre aux Jarnacais combien ils devaient redouter le retour de leurs anciens seigneurs, retour possible d'un moment à l'autre, tant que leur ancien donjon subsisterait encore; et la réintégration de leurs anciens privilèges.
Les Jarnacais donnèrent dans le piège, et, par une matinée de juillet 1815, tous se ruèrent avec fureur à la démolition de l'ancien édifice féodal.
Au demeurant, Jarnac n'y a rien perdu, sauf la perspective d'avoir la Sous-Préfecture entre ses murs. L'antagonisme entre les administrations locales, expression des espérances et des voeux déçus, quoique à l'état latent, se manifeste quelquefois, mais avec la mesure commandée par le progrès des moeurs; c'est ainsi que d'un cratère mal éteint s'élèvent encore quelques vapeurs ressemblant à de la fumée !
Reprenons le cours de notre récit, aux seigneurs du nom de Chabot.
Dès 1460, Renaud Chabot, qui avait épousé Marie de Craon, eut un démêlé célèbre avec messire de Courbon, abbé de Bassac. Ce dernier exerçait tous les droits de justice, haute, moyenne et basse sur les vassaux qui relevaient de sa juridiction. Le seigneur de Jarnac en prit ombrage et soutint que lui seul, d'après la coutume du pays, pouvait avoir deux juges, l'un sénéchal, pour ses grandes assises, l'autre prévôtal, pour la justice du second degré.
Il s'opposait donc à ce que l'abbaye de Bassac revendiquât aucune juridiction dans aucun des fiefs relevant de son château de Jarnac, et, en outre, se croyait fondé à exercer même ce droit sur les terres de ladite abbaye. Des manants de Bassac s'étant battus, Renaud Chabot évoqua l'affaire devant le sénéchal de Poitou.
Ceux de Bassac prétendaient que leur noble monastère avait été doté dès son origine des grandes temporalités et des droits énoncés. Selon eux, le bourg de Bassac était une ancienne ville, etc., etc. Ils terminaient en déclarant qu'ils tenaient leur ville en franche aumône du comte d'Artois. D'où ils ne pouvaient reconnaître d'autre seigneur, etc. Cette flatterie fit son chemin, et le comte de Jarnac fut débouté de sa requête.
Jacques Chabot lui succéda en 1476. Son fils Charles continua glorieusement ses traditions chevaleresques.
Possédant toute la confiance de François Ier, il fut comblé de faveurs et de dignités : nommé gouverneur d'Aunis et de Saintonge, maire perpétuel de Bourdeaux, vice-amiral, etc.
Guy Chabot ne fut pas moins célèbre par son duel avec Louis de Vivonne, seigneur de La Châtaigneraye.
La légèreté et la malignité de la cour avaient recueilli un propos infamant pour le seigneur de Jarnac et sa belle-mère, et cela suffit à mettre les armes aux mains de ces deux gentilshommes. Contre l'attente générale, Guy Chabot renversa son adversaire par un coup d'épée des plus imprévus, en lui coupant les tendons du jarret.
Ce coup, auquel est demeuré le nom de coup de Jarnac, rendit à Chabot la faveur du roi Henri II et des courtisans, engeance frivole toujours prompte à encenser le succès.
Comme autrefois David, vainqueur du Philistin, Guy Chabot suspendit ses armes dans une église de Paris.
De Louise de Pisseleu, soeur de la célèbre favorite de François 1er, il avait eu Léonor Chabot, baron de Jarnac, futur compagnon d'armes de Henri IV.
Des entremises puissantes portèrent celui-ci à marier sa fille Éléonore, comtesse de Cosnac, avec Louis de Vivonne, descendant de celui que l'un de ses ancêtres avait tué en duel.
Nous voici au beau milieu du XVIIe siècle :
La Chronique des Archives locales est loin de s'accorder avec le Dictionnaire de la Noblesse, ce qui nous ôte la confiance accordée la plupart du temps à ces sortes de compilations.
Les Chabot, qui s'étaient signalés dans les guerres de religion, désormais rentrés au sein de l'Église, s'efforçaient de faire oublier la part prise par leurs ancêtres dans les horreurs dont ce pays avait été le théâtre.
Quelle différence !
Au milieu du XVIe siècle, en 1562, l'un d'entre eux avait fait transformer l'église en temple protestant malgré les protestations mal contenues de l'opinion publique, et à. présent, lui et son épouse, Marie de Larochefoucauld, s'empressent de faire baptiser leur enfant suivant le rite catholique et dans la chapelle de leur château.
C'est toujours Auricq qui est curé de Jarnac avant 1626. Juzeau, se dénommant archiprêtre, lui succède en 1629. En peu d'années, on voit Bastard, Caillaud et Fradet. Grandchamp vient en 1640.
A cette époque, Louis Chabot s'intitule seigneur de Jarnac, Montlieu et autres places.
C'est le même qui eut commission d'assembler, en octobre 1651, la noblesse à Coignac. Dès 1648, il avait épousé Marie de Larochefoucauld, fille d'un lieutenant du roi dans la ville d'Angoulême et de Jeanne de Galard de Béarn.
Une branche des Montalembert était restée catholique ; elle habitait alternativement Mainxe ou Jarnac ; elle était très liée avec les Chabot.
Dès cette époque on voit fréquemment les seigneurs de Jarnac présenter les enfants de leurs vassaux sur les fonts de baptême et s'ingénier de toute façon à gagner leur sympathie. La fille d'un nommé Guy et de Anne Thomas, fut de ce nombre.
Aussi la mort de Louis Chabot fut-elle un deuil pour tous ses vassaux. Décédé le 9 octobre 1663, on ne l'inhuma que le 13 du même mois. Il n'avait que quarante-trois ans. Manière, qui était curé de Jarnac, célébra sa piété extraordinaire et les « belles qualités qu'on sçavait désirer en un très digne seigneur.»
Guy-Henri Chabot, qui avait eu pour parrain Henri Chabot, duc de Rohan et pair de France, hérita de la faveur royale. Il s'était allié aux Créqui et mourut en 1690.
Comme curés, après Seguin et Gérou, nous trouvons Desmaisons et Daviaud, de 1676 à 1707.
Toute la cité jarnacaise applaudit, en 1708, à la pompe déployée au mariage de la jeune et belle comtesse de Jarnac, Henriette Charlotte, avec son cousin le comte de Montendre. Ce mariage avait été bénit dans la chapelle du château par Charles Chabot, abbé de Jarnac et tuteur de la jeune épouse.
Les témoins étaient nombreux.
On y voyait Jean Gaboriaud (des Fontenelles), procureur fiscal de la comté, François Begouin, maître d'hôtel, Charles Rose, bourgeois, Raoul, recteur (curé) de Jarnac, et tous les religieux Récollets.
Les abjurations de protestants furent nombreuses à cette époque ; aussi les récriminations de leurs coreligionnaires ne manquaient pas de se faire entendre.
Le seul cas d'affinité spirituelle que nous ayons eu à constater jusqu'ici (c'est-à-dire celle qui existe entre le parrain et sa filleule) se rencontra en 1731 pour le mariage de Pierre Liard et d'Elisabeth Maurin. Dispense fut accordée par l'évêque de Saintes.
Un sieur Bonnet de Parvilly fut chargé pendant quelques mois de la cure de Jarnac-Charente. Il faisait grande ostentation de ses titres et de ses talents, et signait : « Prieur commendataire de Saint Pierre de Jarnac. » Bodaille, caractère assez original, reprit ses fonctions. Guillotin de La Martière, archiprêtre ! allait, venait et se faisait souvent remplacer. Finalement, on dut l'enfermer pour cause de folie. Il eut pour successeur le célèbre abbé Poujaud dont les faits et gestes réclament un article spécial. Sa nomination ne remonte guère avant 1771.
A partir de 1770 ou 1775 les Chabot se dénomment Rohan-Chabot et se divisent en deux branches.
Jusqu'en 1769, Jarnac n'avait encore que deux cloches, et on en désirait vivement une troisième. Ce voeu fut réalisé.
Le curé de Chassors, desservant Jarnac par intérim, bénit la nouvelle cloche sous le nom de Sainte-Thérèse. Le parrain fut Mgr Charles-Rosalie de Rohan-Chabot, comte de Jarnac, maître de camp, colonel d'un régiment de dragons qui porte son nom, et la marraine, la dame Thérèse Rambaud, épouse de M. le marquis de Girac, seigneur de Bourg.
Cependant toute cette prospérité n'était qu'apparente. Ruinée par les dépenses que son rang lui occasionnait à la cour, la noblesse de province ressemblait à celle des croisades; elle cherchait à se faire de l'argent à tout prix. Heureuse quand elle pouvait redorer son blason par de riches mariages! Cette ressource lui manquait souvent. On le vit bien en 1762. Malgré sa morgue, la vieille douairière fut obligée de mettre aux enchères, tranchons le mot, à l'encan, les objets mobiliers de son château. Cette énumération des vins, denrées et ustensiles de tout genre, y compris les ornements et le mobilier de la chapelle, proh pudor ! atteste un défaut de soin et un délabrement sans pareils. Cela n'empêchait pas l'altière comtesse de le prendre de haut avec ses vassaux, comme pour regagner ainsi ce que sa servilité lui faisait perdre aux pieds du trône de Louis XV, quand elle pouvait parvenir jusque-là ! Ayant donc su que les Jarnacais se permettaient de construire des fours pour y faire cuire leur pain plus commodément, elle écrivit à M. Delamain, ancêtre de M. le maire actuel de Jarnac, sur un ton des plus menaçants :
Paris, ce 8 Mars 1767.
Mon cher Delamain,
J'apprends sur votre compte des choses qui me désolent... Songez que votre religion n'est ni celle de l'État, ni celle du roi. Votre profession est noble, puisqu'elle est libre ; mais vous l'êtes de votre personne, puisque vous êtes étranger ; mais votre beau-père est né vassal de nos pères, pas même vassal, car ce titre n'est dû qu'à la noblesse, mais tenancier et manant de la terre de Jarnac ; il ne peut donc se soustraire au plus léger droit imposé, il y a des siècles, par les anciens possesseurs de la terre que ses pères ont défrichée; il doit .savoir que je cède peu,... qu'il lui en arrivera malheur et à tous ceux qui s'y joindront.
J'envoie copie de cette lettre au juge, etc.
Et pensez que la dite comtesse de Jarnac se trouvait débitrice d'une somme assez ronde envers le sieur Delamain qui était son neveu!
On croit que les Delamain avaient suivi en Angleterre Henriette de France allant épouser Charles II. Delamain passait pour avoir excité les manants à construire des fours.
Mais tout fait diversion pour les désoeuvrés. Elle maria son fils, le comte Rosalie, avec une Irlandaise de distinction, en 1776. Celle-ci se nommait Elisabeth Smith. Les de Puyramond, les de Gourville, les La Charlonnie, etc., assistèrent à ce mariage, bénit par le vicaire général Luchet, et qui devait être le dernier reflet des splendeurs seigneuriales.
Après le trop célèbre Poujaud, songe-creux, les curés de Jarnac se succédèrent avec rapidité jusqu'à Barbot, qui fut le dernier en 1791. Depuis le rétablissement un culte, Jarnac a vu se succéder plusieurs curés; le premier fut nommé membre du comité de vaccine en 1806, ainsi que le maire et le pasteur protestant. MM. Delor et Cognet ont été les derniers.
Sous leur impulsion, des réparations importantes ont été faites à l'église, qui se composait autrefois d'une nef et de deux bas- côtés.
En partie ruinée et saccagée dans les guerres de religion, elle n'a point encore retrouvé son ancienne splendeur.
Le clocher est carré, peu élevé, et la façade entièrement faite de moellons grossièrement appliqués. Sous le sanctuaire existe une vaste crypte, d'où l'on retira, durant la période révolutionnaire (le 20 novembre 1793), trois cercueils de plomb (deux grands et un petit).
Le sans-culotte procureur de la commune de Jarnac invita le district de Cognac à faire convertir en balles de calibre le plomb des dits cercueils, afin de s'en servir contre les descendants des privilégiés. Ce procureur s'appelait Albéric Besson, ancien pasteur, réfugié à la mairie comme secrétaire en chef, et puis investi de la dignité de procureur.
On conjecture que ces cercueils devaient être ceux de Guy Chabot (Henri), mort en 1690 ; de Louis Chabot, mort en 1666, et enfin de Louis Chabot, mort à l'âge de seize ans.
Les Bécollets, colonie comme celle d'Areliiac, empruntée sans doute à Cognac, habitaient le local occupé dans ces derniers temps par la gendarmerie et actuellement par les magasins de MM. Delamain. Ils donnaient des missions et suppléaient les curés du voisinage.
Parallèlement à ce mouvement, le culte protestant, mieux organisé à Jarnac que partout ailleurs, tenait régulièrement ses assemblées. Jarnac était dès lors le chef-lieu d'un consistoire, ainsi que nous l'avons dit plus haut.
En 1683, le ministre s'appelait Le Chantre. Il faisait tous les baptêmes avant le prêche du dimanche, ce qu'il n'oubliait jamais de mentionner. Cette époque fut terrible pour le protestantisme : les abjurations et retours au catholicisme furent nombreux. Un certain nombre de familles émigrèrent. Abel Horric, Martin, Jean Liard, Jarousseau, Viala, Besson, etc., sont les pasteurs les plus connus. D'ailleurs, pas d'appellation uniforme : chacun se qualifie à sa guise pasteur, ou ministre du Saint-Évangile, ou pasteur sous la croix.
Quelquefois les modérateurs ou anciens se réunissent, d'après les règlements d'un synode tenu à Jarnac, et contrôlent les registres religieux de leur culte.
Aux derniers jours, c'est Bordes, pasteur de Segonzac, qui baptise Anne-Philippe-Henri Delamain. Albéric Besson, dernier ministre de Jarnac, devint ce que nous avons dit plus haut.
Vernou, Arnou, Viaud Limouzin, Jacques Delamain, furent les officiers municipaux de cette fin du XVIIIe siècle.
Alexandre-Louis-Auguste de Rohan-Chabot n'avait pas attendu tous ces événements pour se réfugier à l'armée des princes, de l'autre côté du Rhin. Il mourut seulement en 1816. Un autre suivit la fortune impériale jusqu'à Moscou et se distingua durant la campagne de France. La faveur royale honora son courage et le fit maréchal de camp en 1828.
Quant au seigneur de Jarnac, militaire lui aussi, il émigra en Irlande parmi ses parents et mourut en 1813.
Un autre enfin, le dernier qui ait porté le titre de comte de Jarnac, figura dans la restitution des cendres de Napoléon en qualité de commissaire du roi Louis-Philippe. Il s'était marié en 1845.
En lui s'est éteinte la branche des Rohan-Chabot.
Si Jarnac n'est plus, comme avant 1789, le chef-lieu d'un comté important, il est, en revanche, devenu par son commerce, son industrie, l'agrément do ses relations, une des plus élégantes et des plus florissantes cités de second ordre dont puisse s'enorgueillir le pays Angoumoisin. Ses foires sont animées, sa population a une tournure dégagée et spirituelle dont l'action rayonne au loin.
L'Hôtel-de-Ville, construit, vers 1872, presque au flanc du coteau, à l'embranchement des routes d'Angoulême et de Rouillac, est le principal édifice de la cité.
Jarnac a repris les armes des Chabot, qui consistent en trois chabots (poissons) sur fond d'argent, aux tours crénelées et maçonnées de sable.
Hérésie de l'abbé Poujaud, desservant de la cure de Jarnac dans la généralité de La Rochelle.
Le sieur abbé Poujaud est né en 1738 à Jarnac, où son père était contrôleur des actes. Son penchant pour la dévotion lui fit embrasser dans sa jeunesse l'institut des prêtres de l'Oratoire ; puis il rentra dans le clergé séculier. Sur le point d'être initié aux ordres sacrés, il écrivit à une de ses tantes qui essayait de le détourner de cette vocation : « Laissez-moi faire, Dieu me destine à de grandes choses. »
En voyant son air mystique et rêveur, l'ardeur qu'il apportait à soutenir les propositions et les thèses les plus originales, ses confrères craignirent d'avoir dans leurs rangs un novateur redoutable. Ils l'engagèrent donc charitablement à rentrer dans sa famille; ce fut en vain. Moins de deux ans après, l'évêché de Saintes l'agréa pour la cure de Jarnac, dont le titulaire venait d'être renfermé pour cause de folie. C'était pour les Jarnacais tomber de Charybde en Scylla.
D'abord son zèle ardent et sa piété vive prévinrent en sa faveur. Sa douceur, son affabilité lui gagnaient toutes les sympathies. Les esprits pénétrants y trouvaient cependant je ne sais quoi d'apprêté et d'alambiqué peu séant à une dévotion sincère et tempérante. On le voyait s'arrêter dans la rue, presser la main du pauvre avec effusion, répandre d'abondantes aumônes, rapprocher les gens divisés, en un mot ne rien omettre pour se faire un rôle hors de pair. Bientôt il cessa de se contraindre : la vanité, le cagotisme, le caractère impérieux, le moi toujours si haïssable, comme dit Pascal, et les instincts du vieil homme de l'Évangile, reparurent.
Il se donna surtout pour un réformateur. Son zèle devint bizarre, original, farouche. Il décora l'église, s'entoura de nombreux officiers, eut une cour d'enfants de choeur aux appas les plus agréables, assigna des jours de réunion pour les confrères, étaya chacun de ses actes de sentences recueillies de l'Écriture sainte, donna tous les jours dans son salon des conférences de spiritualité aux dames du monde et aux jeunes filles; bref, il se proposa de tout métamorphoser autour de lui, hommes et choses. Ayant beaucoup d'esprit naturel et de connaissances acquises, il dogmatisait, et malheur à qui aurait osé prendre pour de simples opinions les oracles qui sortaient de sa bouche ! Le sexe dévot était dans le ravissement ! Les Paula, les Eustochie et autres avaient moins de révérence pour le grand saint Jérôme.
Voulant avoir un homme à lui pour l'instruction de la jeunesse, il entreprit de faire remplacer le maître d'école par un jeune homme de treize ans, qu'il avait nommé chantre et maître des cérémonies. M. le comte de Jarnac voulut lui faire des représentations amicales; mais quelques intrigants lui firent échec.
Un réformateur ayant la tête si près du bonnet, comme on dit vulgairement, devait aller sans cesse de l'avant. Imbu d'idées jansénistes et tertullianistes, il tonna contre le luxe des femmes, défendit l'entrée de l'église à celles qui étaient parées et frisées, et tenta même d'arracher de force les fleurs et les plumes dont elles s'ornaient la tête ou le corsage. C'était un Savonarole d'un nouveau genre, qui se flattait de faire renaître la simplicité des premiers temps.
Son opiniâtreté et son étroitesse d'esprit perçaient jusque dans les moindres détails. Un jour il rentra brusquement dans l'église sans achever la procession, parce que des gens ne s'étaient pas agenouillés comme il l'avait prescrit.
Il ne laissa libre l'entrée du choeur à aucun autre qu'à ses pénitents. Ne pas se confesser à lui, c'était porter atteinte à sa gloire. Son garde (suisse ou bedeau de cette époque) essaya de bousculer un nommé Geay, laboureur de la campagne, qui contrevenait à la défense. Celui-ci, qui certes n'était pas manchot, le paya de retour et le fit pirouetter d'une jolie façon. Sur le champ l'abbé Poujaud monta en chaire pour excommunier le délinquant dans les formes les plus solennelles. Il s'ensuivit un procès scandaleux où l'abbé Poujaud l'emporta, grâce à ses influences. Le pauvre diable dut transiger.
Pourtant tout cela faisait du bruit. On commençait à ouvrir les yeux dans la petite cité jarnacaise. On rit et l'on plaisanta aux dépens du curé. Celui-ci, piqué au vif, traita d'impies et de suppôts de Satan ceux qui épiloguaient, puis il exigea un billet de confession de ceux qui se présentaient à la sainte table. Le sieur Templéreau, procureur de Jarnac, n'en tint pas compte. Aussi l'abbé Poujaud lui refusa net la communion, malgré des instances réitérées.
En raison de l'enchevêtrement des deux administrations, civile et religieuse, on instrumenta contre le curé, qui fut condamné à faire réparation publique. Au lieu de se rendre, il proteste en un langage violent, puis il fait jeter dehors nuitamment le banc du procureur.
Mais voici bien autre chose. Une femme du bourg- de Louzac près Cognac, se croyait possédée du malin esprit et allait voir les curés pour se faire guérir de son maléfice. A peine avisé de ce fait l'abbé Poujaud se met à prêcher sur les possessions, puis il dépêche le nommé Guignebert, greffier de Jarnac, pour faire offrir ses bons offices à cette femme ; car il a entrevu non seulement un moyen de rétablir son prestige, mais de s'élever au plus haut degré de gloire dans l'opinion publique. Le mari, la femme et le fils arrivent bientôt à Jarnac. Le curé les loge au presbytère même, pour avoir un moyen plus expéditif d'études et de communications sur la possédée; en outre, il charge le sieur Guignebert du soin de regarder à travers la porte vitrée en se dissimulant, d'écouter et de noter fidèlement les paroles et les gestes de ces bonnes gens. Les rôles sont savamment répartis. Comme c'est au diable que l'on doit avoir affaire, l'abbé Poujaud dresse un questionnaire et mentionne en face les réponses de l'esprit. Tout se passe à merveille pour éblouir le peuple. L'abbé Poujaud annonce à la foule ce que va dire ou faire cette femme, de sorte que tout le monde en est dans l'admiration. Ceci se renouvelle plusieurs fois ; dès lors il n'y a plus à hésiter, il faut recourir aux exorcismes prescrits par la sainte liturgie. Ces procès-verbaux surprennent l'évêclié de Saintes, où l'abbé Poujaud comptait des connivences vénales, analogues à celles de Jugurtha dans le Sénat romain ; et sans autre information l'évêclié permet les exorcismes.
C'était pour le moins périlleux dans un temps où le sarcasme de Voltaire ébranlait la société religieuse. Néanmoins le sieur Poujaud se voit au comble de ses voeux. Il prêche sur les possessions au milieu d'une affluence énorme et en présence de la possédée, qu'il interpelle et qui lui répond en l'appelant son maître, celui dont les prières lui causent tant de tourments, etc., dans un langage analogue à celui des démoniaques mentionnés aux saints Évangiles.
Désormais, il n'est plus permis à personne de rester indifférent. Tout le monde veut voir l'énergumène ; on vient de très loin, on se presse, on se heurte, c'est un flot mouvant de peuple porté l'un sur l'autre : le nom du curé de Jarnac vole de bouche en bouche.
Les enquêtes et les interpellations se continuent au presbytère, où l'on se dispute l'honneur d'entrer, si bien que le plancher s'écroule sous cette avalanche humaine; il y a une personne de tuée et deux de blessées. Ou n'y fait seulement pas attention. Séance tenante, l'abbé Poujaud annonce que le lendemain il veut communier la possédée pour mieux assurer le succès de l'exorcisme. En malin compère, le diable fait le difficile. Il lutte trois longues heures contre l'abbé Poujaud. La sueur ruisselle à celui-ci par tous les pores. Tantôt la possédée écume et vocifère, tantôt elle paraît épuisée et vaincue pour reprendre ses premiers avantages. Enfin muni d'un couteau, on entr'ouvre la bouche à la possédée et on la communie de force. Les exorcismes continuèrent de novembre 1776 à février 1777.
Cependant le bon sens et une honnête indignation jusque-là comprimés commencent à réagir; ils éclatent avec une force irrésistible non seulement contre le curé de Jarnac, mais contre l'évêché de Saintes, contre l'ignorance crasse qui laisse prostituer l'honneur sacré de la religion à de tels actes de fantasmagorie.
C'était le célèbre Chasteigner de La Châtaigneraye, le rival ou le vassal des chanoines, qui occupait alors le siège épiscopal. En son absence, les vicaires-généraux mandent à M. de Puyramond, lieutenant criminel de Cognac, d'aller mettre un terme à ces impudentes comédies.
La femme de Louzac est ramenée chez elle, et le diable disparaît.
Dès lors l'abbé Poujaud conçoit tout un système de religion. Il insinue qu'il était la terreur du diable, le sauveur des infidèles, un prophète, le second Messie envoyé du ciel en terre pour convertir les Juifs et en former une Église nouvelle avec les Gentils et tous ceux qui n'avaient pas été pervertis par l'Antéchrist ; et l'abbé Genain, son vicaire, devient l'apôtre du nouveau culte.
L'abbé ne s'en tint pas là. Pour faire taire les mauvais plaisants il envoya secrètement à Louzac pour obtenir des médecins une attestation comme quoi la maladie de cette femme n'avait rien de naturel; mais tous surent résister aux présents et aux sollicitations.
Un autre champ non moins vaste s'ouvrait à l'étrange activité de ce fanatique : nous voulons parler du cercle de ses réunions privées. Là il ne parlait que de possessions, d'obsessions du démon. Il avait mis aux jeûnes, à la retraite, au recueillement le plus absolu, de jeunes personnes sur lesquelles ses prédications faisaient un effet désastreux; de sorte que bientôt une douzaine de dévotes, de celles que le peuple appelle menettes (pharisiennes ou fidèles-graves, plus quintessenciées en religiosité que les autres), eurent des syncopes, des spasmes, des convulsions et prophétisèrent. On les vit courir les rues avec agilité, persuadées qu'elles étaient mues par un esprit.
Le cas devint fort embarrassant pour l'abbé Poujaud. Il se mit à sophistiquer, à subtiliser, à recourir aux distinctions de la scolastique la plus raffinée.
Chez ses chères ouailles, la possession annonçait l'épreuve, la prédestination; chez les autres, c'était un signe de réprobation manifeste. Dès lors le champ devint libre à toutes les extravagances ; l'église fut comme autrefois le cimetière de Saint-Médard, un théâtre où les convulsionnaires abondaient. Craignant pourtant de voir ses plans contrariés, le sieur Poujaud séquestra ses dévotes dans la sacristie, et c'est là qu'il célébra, comme dans un cénacle, loin des profanes, des mystères nouveaux et pour ses seules initiées. En gros benêt qu'il était, l'abbé Genain l'aidait de toutes ses-forces.
Le sieur Poujaud leur apprit certains termes cabalistiques, grâce auxquels elles passaient de l'état naturel à celui de sublimes prophétesses, etc., et le diable devint ainsi par les rues de la ville l'apologiste des vertus de l'abbé Poujaud.
Les dames du haut rang jouissaient de faveurs plus signalées encore : elles avaient des extases, des visions : comme Daniel, elles lisaient dans les conseils de Dieu ou pénétraient le secret des coeurs, etc., etc. Plusieurs mères de famille, tout entières à ces nouveautés, mettaient de côté les devoirs les plus essentiels, les plus sacrés de leur état, envers leur mari et leurs enfants. Les jeunes filles franchissaient les clôtures comme des oiseaux attirés au festin de l'Agneau et ne tenaient aucun compte des défenses qu'on leur avait appris à mépriser. Une minorité fougueuse se fût fait hacher pour cet hiérophante insensé.
A bout de patience, les gens sérieux songeaient de toute part à mettre un terme à des abus si monstrueux et sur lesquels l'autorité ecclésiastique fermait les yeux si bénévolement. On commença par nommer de nouveaux marguilliers. L'abbé Poujaud contesta la validité de l'élection d'abord au présidial d'Angoulême, puis au Parlement de Paris.
Avec son ferme et haut bon sens, le comte de Jarnac revint à la charge, le pressa de toutes les façons les plus amicales, lui offrit même une retraite honorable chez lui, le menaça d'user de son crédit pour le forcer à se démettre; rien ne put vaincre son obstination ni faire fléchir la confiance qu'il avait en son rôle d'inspiré. Fier des protections qu'il s'était faites à l'évêché et fasciné par les sympathies de son clan de fidèles-graves, élues de ce temps, il résolut de braver l'orage. Au paroxysme de l'exaltation il monte en chaire, dénonce les projets de ses adversaires, déclare qu'aucune puissance ne l'arrachera du milieu de son troupeau ; que Dieu parlait par sa bouche et qu'il lisait dans l'avenir, etc. Ses prosélytes redoublent de jeûnes, de macérations et d'austérités. Il leur parle avec plus de véhémence que jamais, leur explique les secrets des temps, la fin du monde, etc.
Il bénit en surplis la maison de la veuve Desbordes, ses deux filles encore jeunes, la demoiselle Maurin, la nommée Rousseau, toutes ses confidentes intimes, comme prémices de la nouvelle Jérusalem, et il y prend son logement.
Il leur dit qu'en qualité de second Messie et époux des Églises Juives et Gentilles, il établit la demoiselle Rose comme mère de la première, et la demoiselle Maurin comme mère de la seconde. Leurs compagnes envient leur bonheur et chantent le Magnificat. Puis il marie la demoiselle Rose avec Guillet, son domestique, et il lui fait encore épouser la demoiselle Maurin, comme son propre représentant, afin de figurer son mariage futur avec les deux Églises. La partie comique de ce mariage, dit toujours M. de Puyramond, auquel nous empruntons tous ces détails ineffables, c'est que Rose devait rester vierge, quoique étant la plus jolie, pour mieux figurer la vierge Marie, mère du Christ. L'abbé Genain ne gagna point de femme à tous ces arrangements, mais on lui assigna le rôle d'Énoch, lieutenant du nouveau royaume.
L'abbé Poujaud prédit sa passion et sa mort et ensuite la fin du monde pour l'année 1788. trois ans après son propre crucifiement.
Quand il sut qu'on voulait l'arrêter, il se réfugia à Limoges ; de là il écrivait, comme saint Jean de l'île do Pathmos, des épîtres qui faisaient fondre en larmes la nouvelle chrétienté jarnacaise.
Il avait projeté de s'enfermer dans la crypte de l'église, d'y demeurer quarante jours, d'apparaître en chaire le jour de Pâques ou de l'Ascension et de disparaître aussitôt par une boîte cylindrique à double fond adhérente à la chaire ; mais tout avorta, aussi bien que les tracasseries suscitées à ses successeurs par ses pythonisses.
Les malheureuses ne se confessaient plus. Dieu leur ayant révélé que leurs péchés ne leur étaient pas imputés dans la privation de leur pasteur. Les principaux du parti jouaient le rôle de prédicants de maison en maison. Malgré leur délicate constitution, les menettes firent le voyage de Saintes pour faire réintégrer leur pasteur et pour assister à l'inauguration de la nouvelle union des Juifs et des Gentils. La doctrine de l'abbé Poujaud fut examinée par l'autorité royale. Lui-même fut d'abord enfermé à Vincennes; puis il fut, dit-on, banni et disparut. D'autres croient qu'il se rendit à discrétion et qu'on le fit passer aux oubliettes.
Ainsi finit un homme comblé de tous les dons de l'intelligence, mais auquel il manqua ce vulgaire bon sens qui court les rues et que n'attrape pas qui veut.
Toute sa doctrine, qui forme, comme celle de Jean Huss et d'autres hérésiarques, presque tout un volume, se réduit à l'insuffisance de la rédemption du Christ, à la nécessité d'une seconde par l'entremise d'un nouveau Messie, qui est lui-même. Le reste n'est qu'accessoire.
Ainsi l'humanité tourne dans un cercle où les esprits originaux font un peu de bruit et se dissipent ensuite comme de la fumée. L'épisode jarnacais s'est reproduit sous nos yeux, dans plusieurs de ses incidents, en une foule de paroisses, et il ne cessera jamais de se renouveler ici-bas.
Histoire de Cognac, Jarnac, Segonzac et d'un grand nombre de localités entre Saintes et Châteauneuf, Archiac et Rouillac, Pons et Saint-Jean d'Angély, dans leurs rapports avec l'histoire générale de la France, depuis les temps celtiques jusqu'à l'an 1882 , par l'abbé Cousin,...
Dame Catherine de La Rochebeaucourt, comtesse de Jarnac, veuve de messire Louis Chabot, chevalier, seigneur de Jarnac et autre lieux (1), gravement malade, dicta son testament, dans un esprit de haute sagesse et de profonde raison, le 22 janvier 1668, à maitre Pierre Filhou, notaire royal héréditaire, demeurant à Angoulême (2).
Le lendemain, le même notaire dressa, sur la demande de la comtesse, « inventaire des meubles et effects de la succession dudit feu seigneur comte de Jarnac, son mari, et des siens. »
Environ trois mois et demi après, la dame comtesse de Jarnac mourut, et, le 7 mai de la même année (1668), ledit maitre Filhou, mandé exprès, procéda au récolement (3) du susdit inventaire, sur la requête de messire Guy – Charles Chabot, chevalier, seigneur abbé de Jarnac, tuteur et curateur honoraire des enfants mineurs de la dame comtesse de Jarnac.
Cet inventaire a été fait avec beaucoup de soin et de précision, comme la plupart des pièces similaires. Un grand nombre de ses articles causeront des regrets aux amateurs de belles choses ou piqueront leur curiosité ; quelques-uns feront sourire ; l’ensemble fournira des renseignements positifs et intéressants pour l’étude de la vie domestique des châtelains au XVIIe siècle (4).
Accueillis toujours avec attentionpar les gens d’étude, de tels documents sont précieux pour l’histoire de la société à travers les âges : ils ouvrent un aperçu large et lumineux sur le monde qui, jadis, était là.
On pénètre ainsi dans la maison héréditaire de ceux que, cent ans plus tôt, Nicolas Rapin eut qualifiés « gentilshomme champestres » (5) ; ou les surprend dans la réalité flagrante de leur train d’existence, prévoyants d’ordinaire, menant la vie douce, facile, qui subissait à de longs intervalles et très faiblement l’impulsion de la Cour et de la Ville ; on suit les transformations imposées par le temps à leurs manoirs féodaux, ordonnancés à la moderne, suivant la loi de l’inévitable mode, et l’on porte un diagnostic certain sur leurs goûts et sur leur manière de vivre.
Possesseurs en fiefs de domaines très étendus, ils savaient et compter et supputer les chances des récoltes ; ils connaissaient l’ordre et l’économie même excessive. Le rôle d’administrateur de ses biens ne paraissait pas à ces personnages indigne d’un « haut et puissant seigneur » ; et, tandis que le paysan, méconnaissant son bonheur (6), cultivait ses quelques perches d’une terre généreuse, le seigneur de Jarnac, entre autres, aimait les affaires de son terrier, s’en mêlant avec adresse et entente.
On croit, en général, que les châteaux particuliers étaient richement meublés, et l’on s’imagine qu’au
XVIIe siècle, et au XVIIIe surtout, ils se trouvaient ornés à l’instar de Versailles, de Louvecienne et de Marly ;
C’est là une erreur persistante, due certainement aux romans de cape et d’épée. Aux seuls grands seigneurs et notamment aux fermiers généraux de puissante envergure les « habitations de campagne », les « pavillons » dressés par les architectes en renom et décorés par des artistes réputés ; mais dans notre province d’Angoumois les « matadors » (7) de la finance ne résidaient pas, et, à part un petit groupe d’héritiers de haute race, le sol appartenait à une foule de maigrelets personnages du Corps de Ville (8) qui vivaient chichement, - après avoir payé plus ou moins leurs « lettres de nobilitation », quand le roi (L’Etat) avait besoin d’argent.
Les archives départementales (pour ne citer que celles-là) comprennent de très nombreux inventaires notariés, de différentes époques, témoins irrécusables qui s’inscrivent en faux contre des descriptions fantaisistes et les annihilent. Ils prouvent que les « privilégiés » de l’ancien régime, restés ou retirés dans leurs terres, menaient, comme nous l’avons déjà constaté, un train d’existence moins opulent qu’on se le figure volontiers ; - qu’ils dirigeaient leur maison « en bons pères de famille » et n’étaient qu’un luxe relatif.- suffisant toutefois pour émerveiller les braves gens d’alentour et alimenter les chroniques populaire (9), faites, le plus souvent, d’exagérations et de malignité.
Mais les résidences seigneuriales de La Rochefoucault, de Verneuil (10), de Jarnac, et sans doute de Bouteville, faisianet exception en Angoumois et tranchaient superbement sur l’ensemble des gentilhommières de ce pays.
La seigneurie de Jarnac y occupait une première place (11)
Son château contenait le mobilier de ses suzerains et celui provenant de la succession de leurs alliés ; il possédait ainsi des objets de prix dont l’inventaire suivant donne l’énumération intermittente,- ce qui rompt la régulière monotonie d’un tel dénombrement.
Ces « meubles » et ces « effets » d’époques et de valeurs diverses, conservés sous le même toit, provoquent les réflexions philosophique de l’observateur : il y trouve un reflet de l’esprit et du caractère des personnes qui les ont réunis ; ils aident singulièrement à retracer la physionomie des vieilles mœurs ; ils sont, pour ainsi dire, les jetons de présence des générations précédentes, dont on se plait à retrouver les traces et que l’imagination fait revivre.
Comme d’autres choses, le mobilier emprunte à son temps la solidité ou la seule élégance, - la sévérité ou la légèreté ; l’harmonie éclate partout dans ces créations d’un usage soit familier, soit domestique. Les périodes de transition, même celles de la décadence, frappent d’une empreinte caractéristique tout ce qu’elles façonnent ; elles portent dans leur manière de composer, d’inventer ou d’accommoder, un tour de main reconnaissable, et l’on voit dans le style de ces ouvrages non seulement le cachet de l’ouvrier, mais, de plus, le sceau de celui qui les a commandés. Et de même que la composition d’une bibliothèque fait connaitre celui qui l’a formée, un mobilier révèle celui qui l’a choisi. Là encore, « le style, c’est l’homme » !
Rien n’est plus aisé à contrôler que cette assertion à partir de ces quatre derniers siècles.
Essayons :
La renaissance- Le style antique renaissait alors avec des accents nouveaux et (l’on commence à reconnaitre) avec désinvolture originalement française, malgré l’invasion italienne ; la phalange des ciseleurs suivit la Pléiade des poètes.
L’époque Louis XIII- La sobriété du style des pièces d’ameublement, leurs formes sévères répondaient à la sévérité officielle, apparente des idées. On les croirait façonnées selon les préceptes de Port-Royal. Elles appartiennent bien à l’ère du jansénisme.
Le siècle de Louis XIV – Solennel ! Le peintre Charles Le Brun (12), dont il est plus facile de plaisanter la perruque, sa contemporaine, que de nier l’œuvre vraiment considérable, Le Brun- ce Boileau des arts du dessin et de la plastique- partout y affirme son influence autocratique et féconde. C’est le « siècle » du « ROI soleil » Les artistes pensent librement, mais la symétrie dirige leur essor et discipline leur esprit. L’ordonnance pompeuse est chargée de tous les plans et projets : depuis le passage du Rhin PAR LES ARM2ES DU roi, jusqu’aux admirables sertissures des chefs-d’œuvre de Boulle.
La Régence- Sorte d’interrègne, durant lequel Nicola Pineau, sculpteur ornemaniste d’une supériorité évident (13), inventa le « contraste dans les ornements ». n’y avait-il pas aussi « contraste » entre cette cour viveuse et sceptique et la cour prude, sèche, faite ermite, de Mme de Maintenon (14), qui venait de disparaitre ? Watteau succède à Le Brun ! …
Le règne de Louis XV – Saison charmante des petits maitres de l’Art et du fracas des étoffes :
Printemps prolongé, excessif des chutes de roses, des « jolités » pimpantes. Une femme- d’esprit, après tout, - Mme de Pompadour, régenta le goût pendant ses longues heures de triomphe ; mais les imitateurs de Nicolas Pineau exagérèrent ses « inventions » et produisirent des ouvrages ou l’enflure, la bouffissure remplacèrent la facture exquise du maitre.
Un mot seulement du mobilier Louis XVI, de style plus sobre, aux formes amenuisées, gracieuse, parfois simples ; temps de la passion du champêtre rectifié (champêtre à l’usage des gens du monde), de l’idylle florianesque, des berquinades innocentes, mais aussi des vipères embusquées sous les fleurs ; jours rapides d’insouciance ou Versailles croyait à « l’universelle paix » de M. de Saint Pierre ! …
Ensuite la période révolutionnaire avec ses réminiscences du ci-devant genre et ses souvenirs de la campagne d’Egypte exprimés par des figures de sphynx.
Puis le style « premier Empire », dont David fut le législateur sur l’invitation du Grand Capitaine. Le meuble devint massif et somptueux ; l’aigle impériale domina les frontons : la Gaule pris sa revanche de l’ancienne Rome.
Pendant le gouvernement de Louis-Philippe, le meuble se montra moins balourd que sous Louis XVIII et sous Charles X ; ce fut le triomphe de l’acajou. Le glorieux romantisme s’épanouit : le meuble affecta des airs gothiques.
Enfin, depuis une quarantaine d’années, durant cette période inconstante, d’allure dissemblable, rien, ni dans l’architecture, ni dans le mobilier, ne révèle un style personnel, de caractère propre : il est fait d’emprunts, de pastiche merveilleusement réussis et qui sont la gloire de l’ébénisterie française de notre temps. ……
Il existe aux Archives départementales de la Charente un autre inventaire d’une époque ultérieure : l’ »inventaire de la vente des meubles, cloisons et autres du château de Jarnac, le 12 germinal Au 2e »
Le château fut alors vidé ; il n’en resta que la carcasse : lambris, portes, fenêtres, planchers, toutes « les boizeries et menuizeries » furent adjugées au plus offrant ; les carreaux de faïence et les pavés de terre non vernissée subirent le même sort. Les acquéreurs ne se pressèrent pas ; la vente se prolongea.
Inventaire des meubles et effets existant dans le château de Jarnac en 1668
Aujourdhoy vingt troisiesme janvier 1668, par devant moy nore royal en Angoumois soubsigné, estant en la ville de Jarnac, a comparu Me Hélie Rangeard, sénéchal et juge dud. Jarnac, lequel, comme ayant charge de haulte et puissante dame Catherine de Larochebeaucourt, vefve de hault et puissant mre Louis Chabot, chevallier, seigneur comte de Jarnac, Marouast, Grésignac, marquis de Sousbran, Clion, Sommersac, Semillac et aultres places, conseiller du Roy en son conseil, mareschal de ses camps et armées, m’a requis voulloir me transporter au chasteau dud. Jarnac, à l’effect de faire inventaire des meubles et effectz de la succession dud. feu seigneur comte deJarnac, son mary, et des siens, ce que je luy ay accordé : où estant en la chambre où lad. dame fait sa demeure, icelle estant au lit, à cauze de son indisposition, elle a requis de voulloir présentement procedder aud. inventaire, et déclaré n’estre point besoing de prendre d’apréciations, attendu qu’elle ne fait faire led. inventaire que pour conserver lesdictz meubles et effectz à messire Guy Henry Chabot, chevallier, seigneur comte de Jarnac, son fils aisné, auquel ilz appartiennent comme principal héritier dud. feu seigneur comte de Jarnac et d’elle, suivant le testament mutuel par eux fait, le vingt troisiesmo septembre 1665, reçu..., nore royal, et du condicllle de lad. dame du jour d’hier, reçu mesme nore que ces présantes, auquel inventaire avons proceddé en présence de mre François Chabot, chevallier de Jarnac, beau frère de lad. dame, ainsy que s’ensuit :
Premièrement :
Estant en la chambre de lad. dame comtesse de Jarnac, appelée la Chambre des griffons, avons trouvé :
1. Une pettite table de bois de nouhier sur quatre collonnes torses paintes en noir, et un guéridon de mesme bois et façon.
2. Plus un petit cabinet d’Allemaigne fait avecq des tiroirs.
3. Plus un châlit de bois de nouhier, sur lequel il y a un lit de plumes avecq son traversin et un matellas de layne couvert de futayne d’un costé, et de l’autre de toille de chanvre, le tout presque neuf, et deux autres petis matellas dessoubs ledit lit, la garniture dud. lit estant de sarge noire faite à housse, avecq deux couvertes de layne, avecq deux linceulx de toille de chanvre fort déliés.
4. Plus un fauteuilh garny de pleume écoytis, avecq sa housse de sarge noire.
5. Plus un autre petit fauteuilh de la mesme façon, sans housse.
6. Plus deux petis sièges plians, avecq leurs housses de sarge noire.
7. Plus cinq vieilles pièces de tapisseries de haulte lisse, où les Sibilles sont représantées.
8. Et dans la chambre quy est joignant celle de lad. dame, séparée par un méan (sic) de table, avons trouvé une petitte table de bois de nouhier, my uzée.
9. Plus un châlit de mesme bois, my neuf, sur lequel s’est trouvé un lit de plume aveq son travorsier, le coytis ouvré, my uzé, et un aultre petit lit sans traversier, fort uzé, aveq un matellac de layne couvert de futayne d’un costé, et de toille de chanvre de l’aultre, fort vieux, deux linceulx de toille de chanvre, my usés, deux couvertes de layne blanche, l’une presque nefve et l’aultre fort petite, vieille et uzée, aveq la garniture dudict lit de sarge vert brun, doublée de taffetas, le tout fort vieux et uzé, le siel dudict lit de mesme façon et estoffe, aveq sa paillasse.
10. Plus un petit cabinet de bois de nouhier, fort bas, vieux et antique, fermant à deux pands, avecq une serrure seullemant.
11. Plus un vieux behu fort uzé et rompu.
12. Plus cinq petittes chesses garnyes de coëtis, avecq leurs housses de sarge rouge, fort uzées.
13. Plus deux faulteuils et deux meschantes chaisres, sans housses.
14. Plus deux gros et grands chaisnaix garnys de cuivre, aveq une petitte plaque de fert servant de garde fouyer.
15. Plus cinq pièces de tapisseryes de Belgame, fort vieilles et uzées.
16. Et de lad. chambre nous nous sommes transportés dans la grande chambre sur la salle y joignant, où nous avons trouvé deux tables carrées de bois de nouhier, sur leurs traictaux, fort vieilles et uzées, avecq deux tapis, un noir et l’autre vert, le tout de sarge.
17. Plus un grand cabinet d’esbeyne, presque neuf, fermant à clef.
18. Plus un grand chaslit de bois de nouhier, presque neuf, sur lequel y a un lit de pleume aveq son traversier de coëtis presque neuf, aveq un matellac de layne, garny de futayne d’un costé, et de toille de l’aultre, my uzé, une couverte de layne blanche, presque neufve ; ledit chaslit garny de sa garniture de sarge noire, aveq une couverte bardant, le siel de lit de mesme estoffe, et une paillasse.
19. Plus six chaisres et trois fauteuilhs et quatre sièges plians garnys de coëtis et de leurs housses de sarge noire, fort uzées.
20. Plus six pièces de taplsserye de sarge noire, presque neufves.
21. Plus deux petiz chesnez de cuivre et une grande plaque de fert.
22. Plus un lit à buffet, de bois de nouhier.
23. Plus un meschant coffre fait en façon de béhus, fort vieux et uzé.
24. Et de ladite chambre sommes entrés dans le vestibulle d’ycelle, où nous avons trouvé une table de bois de sappe, sur un trayteau plian.
25. Plus dix chaisses garnyes de tripes de vellours, my uzées.
26. Plus six pièces de tapisseryes de sarge noire, fort uzées.
27. Plus un grand et vieil beus fermant à clef, dans lequel s’est trouvé une douzaine de serviettes de chanvre, my uzées.
28. Plus quatre douzaines de serviettes de chanvre, neufves.
29. Plus deux douzaines et demye de serviettes de lin, dont il y en a deux douzaines neufves et demye douzaine my uzées.
30. Plus vingt deux douzaines d’aultres serviettes, ouvrées, my neufves.
31. Plus huit napes de toille ouvrée, my neufves.
32. Plus deux nappes de toille de chanvre unyes, neufves, et deux aultres nappes de toille de lin, my uzées.
33. Plus un aultre beûs dans lequel s’est aussy trouvé seize linceulx de chanvre neuf, lequel beûs ferme aveq deux serrures et deux clefs, couvert de cuir.
34. Plus s’est aussy trouvé dans ledit behu deux douzaines de nappes de chanvre, neufves.
35. Plus unze linceulx de toille de Paris, presque neufs.
36. Plus un aultre petit coffre de bois marquetté, fermant à clef, my uzé, dans lequel ne s’est trouvé aulcune choze.
37. Et dudit vestibulle sommes entrés dans la chambre des enfans, où nous avons trouvé une petitte table carrée, de bois de nouhier, avecq son traicteau de mesme bois.
38. Plus un petit chaslit de bois de nouhier, sur lequel s’est trouvé un lit de pleume aveq son traversier de mesme qualtité, my uzé.
39. Plus un matellac de layne couverte de fustayne d’un costé, et de l’aultre de toille my neufve, aveq une couverte de layne blanche, aussy my neufve, aveq une paillasse ; la garniture duquel lit est de sarge verte, fait a housse.
40. Plus un aultre chaslit de bois de nouhior, sur lequel y a un petit lit de pleume aveq son traversier my neuf, aveq un mathelac de layne, garny de fustaine d’un costé, et de l’aultre de toille, aveq deux petittes couvertes de layne blanche, my neufves ; la garniture duquel lit est de sarge verte, fait à housse, fort uzée.
41. Plus un aultre petit chaslit de mesme bois que les aultres cy dessus, sur lequel s’est trouvé un petit lit de pleume aveq son traversier my neuf, aveq deux couvertes blanches, presque neufves, et une paillasse ; la garniture duquel lit est de sarge verte, faite à housse, my uzée.
42. Plus un aultre petit chaslit de mesme bois, sur lequel y a un lit de pleume aveq son traversier, aveq deux couvertes de layne, l’une blanche et l’autre rouge, aveq sa garniture de mesme estoffe et de la mesme façon que les aultres cy dessus, aveq une petitte paillasse.
43. Plus un autre petit chaslit de mesme bois, sur lequel y a un lit de pleume aveq son traversier my neuf, et un mathelac de layne couvert de fustayne d’un costé, et de l’aultre costé de toille, my neuf, aveq deux couvertes de layne, l’une blanche et l’aultre jaulne ; la garniture duquel lit est à housse et de semblable estoffe que les aultres préceddants. Sur Iesquelz liz y a six linceulx de toille de chanvre, my uzés.
44. Plus un petit behu fermant a clef, dans lequel il n’y a que les chemizes et aultres ardres servant a l’uzage de ladite dame.
45. Plus trois chaisses de paille et une chaise de bois, sans garniture.
46, Plus deux petiz chesnaix de fert et une demye plaque de fouyer et une petitte paile de fert.
47. Plus six pièces de tapisserye de haulte lisse, à grands personnages, fort vieilles et uzées, et deschirées en divers endroitz.
48. Plus un petit cabinet de bois de nouhier, fermant à clef, fort vieux et antique, servant à mettre des confitures.
49. Et de ladite chambre sommes entrés en son antichambre, dans laquelle nous avons trouvé une vieille table de bois de nouhier, sur deux traicteaux, fort uzée et pourrye.
50. Plus deux petiz cabinets de bois de nouhier, fermant à clef, dans lequel il ne s’est trouvé aulcune chose.
51. Plus un vieux buffect de bois de sape quy n’a que quatre tirettes.
52. Plus deux petis behus, fort vieux et uzés, fermant à clef, dans lesquels il ne s’est trouvé aulcune chose que le linge servant à l’uzage des petis. 53. Plus un petit coffre de bois de nouhier, fermant à clef, fort vieux et uzé, dans lequel ne s’est trouvé aulcune chose.
54. Plus une petitte cuvette de cuivre, fort vieille et uzée.
55. Et de ladite chambre nous sommes transportés dans la grande gallerye quy regarde d’un bout sur la prérye, et de l’autre bout sur la basse cour du chasteau, dans laquelle avons trouvé trois grands vieux coffres d’armoire rompus, deschirés et brizés, dans lesquels il ne s’est trouvé aulcune chose.
56. Plus un petit cabinet de bois de sape, quy a une serrure sans clef, my neuf.
57. Plus une petitte table de bois de sape, sur son traicteau, fort vieille et uzée.
58. Plus un fourneau à pied, de cuivre, servant à distiller de l’eau de rozes (15)
59. Et de laquelle gallerye sommes entrés dans la chambre de la tour, en laquelle ledit seigneur chevallier de Jarnac fait sa demeure, où nous avons trouvé deux petittes tables de bois de sape, avecq deux meschans tapis, l’un vert et l’autre gris, lesquelles ledit seigneur chevallier a desclaré luy en apartenlr une.
60. Plus un chaslit de bois de nouhier, sur lequel s’est trouvé un lit de pleumes avecq son traversin, un matellac de laine, deux couvertes de layne blanche, une courtepointe, aultrement couverte, bardante, de sarge verte, avecq le tour et garniture dudit lit de mesme sarge, fait à housse, deux linceux de toille de chanvre et une paillasse, des quelles choses ledit seigneur chevallier a desclaré luy appartenir le chaslit, le matellac, l’une desdites couvertes et la paillasse.
61. Plus deux petiz chaisnaix de fert.
62. Plus trois pièces de vieilles tapisseryes faites à l’antique, deschirées en plusieurs endroiz.
63. Et estant montés au dessus de ladite chambre, s’est trouvé un petit chaslit couchette, sur lequel il y a un lit de pleume avecq son traversin, une paillasse, deux linceux de grosse toille, neufz, et une meschante couverte de layne blanche, fort uzée et deschirée.
64. Plus un pair d’armoires de bois de sape, fermant à clef, estant à deux pandz.
65. Et de ladite chambre nous nous sommes transportés dans la chambre de la tour, à l’autre bout de ladite gallerye, dans laquelle avons trouvé une petitte meschante table à tirette, de bois de nouhier, sur laquelle y a un meschant tapis de tapisserye.
66. Plus un chaslit de bois de nouhier, sur lequel y a un lit de pleumes avecq son traversin, un matellac, le tout fort uzé ; ledit matellac estant de Iayno ; deux couvertes de layne blanche, fort uzées, avecq une paillasse. La garniture duquel lit est de sarge vert brun garny de bandes en broderyo, la frange estant de layne et sa crespine en soye et layne, et les rudaux de simple sarge verte, avecq la couverte bardant, de mesme estoffe ; trois verges de fert, deux linceulx de toille de chanvre, my uzés, et le siel dudit lit de grosse toille.
67. Plus un aultre petit chaslit de bois de nouhier, my uzé, sur lequel s’est trouvé un meschant lit de pleumes avecq son traversin, deux meschantes couvertes de layne blanche, avecq la garniture de sarge verte, fait à housse ; ledit chaslit estant foncé hault et bas.
68. Plus un petit fauteuilh et deux chaisres de bois, garnyes de meschante sarge rouge, fort uzée.
69. Plus deux chesnez de fert, fort uzés.
70. Plus trois pièces de tapisseryes de haulte lisse, fort vieilles et uzées, faites à personnages.
71. Et de ladite chambre nous nous sommes transportés dans la chambre voultée, de laquelle Monsieur l’abbé de Jarnac fait sa demeure, où nous avons trouvé une vieille meschante table, sur laquelle y a un meschant tapis fort vieux et rompu ; ladite table de bois de nouhier faite à tirette, fort vieille et uzée.
72. Plus un chaslit de bois de nouhier, foncé hault et bas, sur lequel il y a deux couvertes de layne blanche my uzée, et deux linceux de toille de chanvre. Les matellacz et autres meubles estant dans ladicte chambre, appartenant audict seigneur abbé, à la réserve des deux petiz chesnaix de fert.
73. Et de ladicte chambre sommes entrés dans l’antichambre d’ycelle, où nous avons trouvé un chaslit de bois de nouhier, foncé hault et bas, my neuf, sur lequel s’est trouvé un meschant lit de pleumes avecq son traversiez un meschant matellac de layne, deux meschantes couvertes de layne blanche, la garniture faite à housse, fort vieille et fort rompue, de sarge.
74. Plus un autre chaslit de bois de nouhier, aussy foncé hault et bas, entourné de deux linceux de grosse toille, avec un traversier de pleumes.
75. Plus deux petiz beheus fermant à clef, fort vieux et uzés, dans lesquels il ne s’est trouvé aulcune chose.
76. Plus un pair de vieilles armoires, fort vieilles et rompues par le bas.
77. Et de ladite antichambre nous nous sommes transportés dans la chambre au grand alcauve, ou nous avons trouvé une table de bois d’ollivier, avecq son cabinet dessus, et deux guéridons de mesme bois, le tout neuf.
78. Plus une autre petite table de bois de nouhier, avecq deux guéridons de mesme bois, ladite table bordée de fillez d’esbeyne, le tout neuf.
79. Plus une autre table de bois de nouhier, aussy neufve.
80. Plus un chaslit de bois de nouhier, neuf, sur lequel y a une paillasse, deux liz de plume avecq leurs traversiers, presque neufz, avecq deux matellaz de layne, couvert d’un costé de futayne, et de l’autre costé de toille, l’un desdits matellas estant plié dans un gros linceux uzé, plus une couverte de layne blanche, presque neufve, autour duquel chaslit y a une housse de camellot de la Chine, avecq trois verges de fert, le siel duquel lit est de toille ; plus s’est trouvé sur ledit lit une garniture de sarge vert brun, garnye de bandes et broderye de soye.
81. Plus un petit chaslit couchette a repos, de bois de nouhier, sur lequel y a deux petiz matellacz, de deux pieds de large chascun, de layne, couvert de toille.
82. Plus douze fauteuilhs de bois de nouhier, garnis de plumes et de coëtis, avecq leurs housses de petitte moquette.
83. Plus six aultres fauteuilhs avecq douze chaises, façon d’esbayne, clissés de jon de Flandres, avecq cinq coissins couvertz de damas.
84. Plus six chaisres de bois de nouhier, garnyes de tripes de vellours.
85. Plus deux chaisnaix garnys de cuivre.
86. Plus deux grands rudaux de camellot blanc, servant aux croisées.
Et, attendu la nuit, nous avons remis la continuation dudit inventaire à demain, et nous sommes retirez ez présance de Thoumas Yvert, me apre, demt au village de La Chaux, pairoisse de Mainxe, et de François Gerureau de la Touche, demeurant audit Jarnac.
[Signé :] C. de LAROCHEBEAUCOURT, — François CHABOT. — RANGEARD.—T. YVER. — F. GERUREAU. — FILHON, notaire royal héréditaire.
Et, advenant le vingt quatriesme jour de janvier audit an, en continuant ledit inventaire de ladite chambre cy dessus, nous sommes entrés dans un petit cabinet le plus proche de la cheminée d’ycelle, où nous avons trouvé :
87. Une table de bois de nouhier sur un traicteau à quatre collonnes torses, avecq des filiez d’esbeyne autour de ladite table, qui est neufve.
88. Plus une aultre table de bois de nouhier commung, my neufve.
89. Plus sept pièces de tapisserye neufve, reaussée de soye, fait à bocage d’Envers.
90. Plus quatre aultres pièces de tapisserye d’autelisse, faites à personnages, my uzées.
91. Plus une aultre pièce de tapisserye presque neufve, faite à bocage, reaussée de soye.
92. Plus deux grands tapis de pied, de Turquye, presque neufs.
93. Plus deux pairs de tablettes, l’une vernye, l’autre noire, à collonnes torses dorées.
94. Plus un grand miroir dont la glace est de près de deux pieds et demy de longueur, et le casdre d’esbeyne, laquelle glace a esté gastéo par le feu, et, le casdre endhommagé en quelques ondroicz, et les cordons quy lu soubstenoyont sont absollument bruslés.
95. Plus un autre petit miroir de toilette dont le casdre estoit d’escaille de tortue, lequel casdre, avecq la glace d’icelluy, sont absollument bruslés.
96. Plus un aultre miroir de moyenno grandeur, dont le casdre est d’escaille de tortue garny de plaques d’argent tout autour, dont la glace et d’escaille de tortuo sont aussy gastés par le feu.
97. Plus une petite cassette garnye de vellours rouge, fermant à clef.
98, Plus deux chandelliers quy s’attachent avecq une main d’argent doré, quy ont esté gastés par le feu.
99. Et dudit cabinet nous nous sommes transportés dans un aultre cabinet sur la chapelle, à costé de ladite chambre, dans lequel nous avons trouvé une petitte table de bois de nouhier, avecq son traicteau, fort vieille et uzée.
100. Plus s’est trouvé dans ledit cabinet plusieurs vazes, plas et tasses de porcelaynes.
101. Plus quatre carreaux, deux desquels sont de vellours à fleurs, le fonds blanc, et les deux aultres de damas garnis autour de gallon d’argent.
102. Plus deux aultres carreaux à fleurs, le fonds d’argent, garnys autour de gallon d’or et d’argent.
103. Plus deux aultres carreaux de vellours chenille, le fondz d’argent, garnys tout autour de gallon d’argent.
104. Plus un aultre carreau de vellours rouge cramoizy, garny de grande dantelle d’or et d’argent, fort vieux et uzé.
105. Plus deux petis chesnaix de fert.
106. Plus un tour de lit compozé de trois pantz, quatre quantonniers et quatre rudaux de drapt de Hollande gris maure, garnys de grandes bandes d’ouvrage en broderye de cordonnet d’or et d’argent, avecq des fleurs en cartizanne, et de bouilhon d’or et d’argent, des chiffres avec des couronnes d’or et d’argent, avecq tour de lit ; il n’y a ny frange, ny mollet, ny crespine, et est l’estoffe d’ycelluy fort gastée et mangée de vers.
107. Plus un coffre de fort fermant à doubles ressorz, dans lequel ne s’est trouvé que des papiers et tiltres de la maizon, dont on a remis la description avecq les aultres tiltres quy sont dans le trésor (16) et ailleurs.
108. Plus un grand coffre de marquetterye fait a l’antique, fermant à clef, à double ressort, dans lequel s’est trouvé dix linceulx de toille de Hollande, presque neufz.
109. Plus dix linceulx de toille de Paris, aussy presque neufs.
110. Plus quatre linceulx de toille fine de Paris, de trois aulnes de large, sans coutures, et trois aulnes et demye de long, presque neufs.
111. Plus six aultres linceulx, aussy de toille de Paris, un peu plus gros que les préceddans, sans coutures, de deux aulnes et demye de large et trois aulnes et demye de long.
112. Plus dix linceulx de toille de lin de Poictou, de deux layes et demy, presque neufz.
113. Plus quatre linceulx fins, de toille de lin, quy a trois quartz de large, qui ont esté pourris au blanchissoir.
114. Plus quatre aultres linceulx de toille de lin, de cinq quartz de large, presque neufz.
115. Plus quatre aultres linceulx de toille de lin, aussy de cinq quartz.de large, neufz.
116. Plus un grand coffre de bois de nouhier, fermant à clef, fort vieux et antique, dans lequel s’est, trouvé quatre douzaynes et une serviettes de toille de beau lin, de deux tiers de large, presque neufves.
117. Plus deux douzaines de serviettes, aussy de toille de lin, de mesme largeur, un peu plus fines que les précédantes.
118. Plus quatre douzaynes de serviettes, aussy de toille de lin, de mesme largeur et fort finnes, presque neufves.
119. Plus trois douzaynes de moings fines, de mesme largeur, dont une douzaine qui ne sont pas marquées en serviettes, presque neufves.
120. Plus trois douzaines d’autres serviettes de toille de lin, de mesme largeur, plus fines que les précéddantes, presque neufves.
121. Plus trois autres douzaines de serviettes de toille de chanvre blanche, fort fines, de la mesme largeur.
122. Plus cinq douzaines d’autres serviettes de toille de lin, de mesme largeur, presque neufves.
123. Plus sept douzaines de serviettes de toille de chanvre blanche, fines, de mesme largeur.
124. Plus seize napes fines de deux aulnes en quairé, presque neufves.
125. Plus une nape de toille de lin de quatre tiers de large, my uzée.
126. Plus quatre linceulx de toille de lin, fort uzés.
127. Plus un vieux behus couvert de cuir, fermant à clef, dans lequel s’est trouvé trèze grandes napes damassées, presque neufves.
128. Plus dix sept douzaines de serviettes damassées, presque neufves.
120. Plus sept serviettes de collation, de toille damassée, preque neufves.
130. Plus trèze grandes napes de toille, ouvrées, dont y en a de plus fines les unes que les autres.
131. Plus sept douzaines et deux serviettes de toille, ouvrées, dont il y en a de plus fines les unes que les autres.
132. Plus s’est aussy trouvé dans ledit cabinet un matellac avecq un traversier pour une forme, couvert l’un et l’autre de sarge de soye, le tout ployé dans un gros linceulx uzé.
133. Plus un vieux tapis de table, de vellours bleu, garny de gallon d’or, fort vieux et uzé.
134. Plus une couverture de mulles, de drap vert brun, avecq les armoiryes de feu Monsieur le Comte et de Madame.
135. Et dudit cabinet nous sommes entrés dans un aultre quy est dans la croisée de la chambre du grand alcauve, dans lequel ne s’est trouvé que des papiers dont on a remis l’inventaire lhors qu’on inventoriera les aultres.
136. Et dudit cabinet, sortant de ladite chambre, nous sommes entrés dans une petitte antichambre proche du degré, dans laquelle nous avons trouvé un petit chaslit de couchette, avecq quatre verges de fert, servant de quenouilles, de bois de nouhier, neuf.
137. Plus un lit a buffect de bois de sape, my neuf, fermant avecq une petitte targette de fert par le hault, dans lequel s’est trouvé un petit lit de pleume sans son traversier, fort vieux et uzé.
138. Plus une petitte couverte de meslinge, fort vieille et uzée.
139. Plus dix douzaines de serviettes neufves, de toille de chanvre.
140. Plus une malle fermant à clef et deux petiz chesnez de fert.
141. Et dans un petit cabinet joignant ladite antichambre, où nous sommes entrés, nous n’avons trouvé dans icelluy que du fruit cuit avecq quelques potz de confiture.
142. Et dudit cabinet nous nous sommes transportés dans un aultre, proche la chambre de Monsieur l’abbé, dans lequel nous avons trouvé un grand behut fort vieux, fermant à clef, couvert de cuir, dans lequel s’est trouvé dix linceulx de toille de chanvre, tous neufs, de six aulnes chascun.
143. Plus six aultres linceulx de toille de repassure, tous neufs.
144. Plus quarante six napes de toille ouvrée, dont il y en a deux fort petittes et de plus fines et uzées les unes que les aultres.
145. Plus un aultre grand behus fermant à clef, dans lequel s’est trouvé un tour de lit quy a les trois pantz, quatre cantonniers et deux soubassemans de vellours rouge et bleu à font d’or, avecq des bandes de broderyes, les quatre rudaux, la courtepointe et le doussier de damas rouge, garny de passemans d’or et d’argent, les franges et le mollet d’or, avecq quatre pommes de lit de vellours rouge, garnyes de gallon d’or et d’argent ; toute laquelle garniture de lit est fort gastée et bruslée, le feu en ayant changé et hosté presque touttes les coulleurs.
146. Plus un tour de lit de sarge de soye, avecq les trois rudaux, quatre cantonniers, le fonds, le doussier, la courtepointe, les fourraux de pilliers et les quatre pommes, le tout garni d’une demye frange et de mollet d’argent, le tout neuf.
147. Plus unze garnitures de fauteuilhs de mesme estoffe, avecq leurs dossiers et deux soubassemans pour la forme, le tout garny de demy frange et de mollet d’argent aussi neuf.
148. Plus trais pants de lit, quatre quantonniers, le doussier et la courtepointe de drap d’or, avecq des bandes de satin rouge et une petitte broderye d’argent, les pantz garnyes de frange d’or.
149. Plus soixante six aulnes de satin à fleurs, le fond blanc, en trois pièces.
150. Plus quatre pantes de lit de vellours vert à fonds d’argent, et de vellours rouge en broderye de Grenade, avecq le fonds de mesme estoffe, avecq les armes des Chabot et de Luxambourg (17)
151. Plus la garniture de quatre chesres de vellours noir, en broderye de satin rouge et blanc, avecq des fils d’argent, et une aultre garniture de chesre de vellours noir uny.
152. Plus un grand tapis de vellours bleu par le millieu et tout autour de satin rouge, le tout parsemé de broderye d’or et d’argent, avecq une demy frange d’or tout autour.
Et, attendu la nuit, nous nous sommes retirés et remis la continuation dudit inventaire à demain. Fait lesdits jour et an susditz, en présence desdits Yvert et Gernereau, demeurant comme dessus.
[Signé :] C. de La Rochebeaucourt. — François Chabot. — Rangeard. — T. Yvert. — F. Gernereau. — Filhon , notaire royal héréditaire.
Et, advenant le vingt cinquiesme dudit mois, requérant ladite dame, avons proceddé audit inventaire ainsy que s’ensuit :
153. Premièrement, estant retournés dans ledit cabinet et parachevant d’inventorizer ledit coffre cy dessus, avons trouvé dans icelluy un fonds de lit en broderye d’or et d’argent avecq des chabots (18), le millieu d’une estoffe de soye razée, avecq des fillez d’or et d’argent, et le surplus de satin bleu en broderye de satin rouge, et l’aultre partye de toille d’or et d’argent, avecq du gallon d’or et d’argent et les armes de Luxambourg.
154. Plus la garniture de quatre fauteuilhs, six chaises à dos et six sièges plians, de damas jaulne, le tout garny de demy frange et mollet d’or et d’argent.
155. Plus une couverte bardante de taffetas jaulne, garnye de demye frange et frangeon de soye de mesme coulleur, le tout vieux et uzé.
156. Plus une tapisserye de satin de Bruge, composée de douze pièces coulleur de roze, rayées.
157. Plus un aultre behus fermant a clef, fort vieux, dans lequel s’est aussy trouvé une pièce de satin a fleurs horore et blanc, le fondz noir.
158. Plus trois pantes de lit, avecq des bandes de broderye de soye, le fonds de sarge rouge.
159. Plus trois pièces de tapisseryes de brocatel horore, rouge et vert, touttes neufves.
160. Plus un tour de petit lit de damas horore, garny de frange de soye qui marque les pantz, avecq le dossier de mesme estoffe, le tout fort vieux et uzé.
161. Plus un meschant tour de lit de sarge rouge fait à housse avecq du mollet de soye, le tout vieux et uzé, composé de cinq pièces.
162. Plus un tour de lit à pante, les trois pants et le dossier de damas rouge avecq de l’ouvrage et du passemant d’or et d’argent, le fonds dudit lit de mesme, les deux rudaux et les deux bonnes grâces garny aussy de damas rouge avecq de petis passemans d’or et de soye, la crespine et les mollets d’or et d’argent et la frange de soye, la courtepointe de taffetas rouge piquée avecq un mollet d’or et d’argent.
163. Plus un petit tour de lit à housse, de taffetas incarnat et blanc, garny de demy frange et de mollet de soye, à la réserve de deux pièces et le dossier quy n’ont ny frange ny mollet.
164. Plus six housses de chaisres de sarge rouge fort gastées par les vers.
165. Plus s’est trouvé dans ledit cabinet deux platines de cuivre jaulne, l’une grande et l’aultre moyenne, avecq leurs pieds de fert.
166. Et dudit cabinet nous nous sommes transportés et monté dans une chambre haulte sur le degré, où nous avons treuvé une meschante table de bois fort vieille et antique, avecq un meschant tapis sur ycelle, de sarge viollette.
167. Plus un chaslit de bois de nouhier, fort antique, sur lequel s’est trouvé un lit de pleumes avecq son traverser, le coëtis presque neuf, et un vieux mathelac de layne avecq une paillasse ; la garniture duquel lit est à housse de cadis rouge de deux pièces.
168. Plus deux bodez (sic) garnis de leurs sangles, sur l’un desquels : y a un petit lit de pleumes avecq son traversier en coetis dudit lit presque neuf et le traversier fort uzé (sic).
169. Plus douze linceulx de grosse toille, l’un my neuf et l’autre fort uzé.
170. Plus deux chaisres de jon.
171. Plus deux chesnaix garnys de cuivre, fort rompus, et une petitte pelle de fert.
172. Et de ladite chambre nous nous sommes transportés dans une aultre chambre haulte de la tour, au haut des haultes galleryes, sur la chambre de Monsieur le Chevallier, où nous avons trouvé une grande table longue sur deux traicteaux, fort vieille et antique.
173. Plus un chaslit de bois de nouhier foncé dessus et dessoubz, avecq un meschant tour de lit de sarge rouge, fait à housse, fort vieux et uzé, sur lequel chaslit y a une paillasse avecq un lit de pleumes et son traversier de coëtis, fort uzé.
174. Plus cinq autres liz de pleumes aussy avecq leurs traversiez en coëtis, fort uzés.
175. Plus trois petiz traversiers de pleumes.
176. Plus un autre lit de pleume avecq son traversier plyé dans un meschant linceux, le coëtis my uzé.
177. Plus quatre mathellaz de layne couverz de futayne d’un costé et de grosse toille de l’autre, tous quatre assez bons, et l’un d’yceux plié dans un vieux linceulx de toille de chanvre.
178. Plus deux autres matellaz de layne, fort vieux et rompuz.
179. Plus deux matellaz de bourre, couverz de grosse toille, my uzés.
180. Plus deux chasliz de bois de nouhier, desmontez, un presque neuf, et l’autre fort vieux et uzé, avecq cinq verges de fert.
181. Plus deux petiz chasliz couchette, l’un desmonté.
182. Plus un tapis de Turquye fort uzé.
183. Plus un fauteuilh et une chesre de bois de nouhior, garnis de toille tainte.
184. Plus deux chesnaix de fert, fort vieux.
185. Plus deux chesnaix de fert, fort vieux.
186. Plus de meschans paravanz garnis de sarge rouge.
187. Et de ladite chambre nous nous sommes transportez dans une autre chambre, au bout de la gallerye haulte, sur la basse cour, dans laquelle nous avons trouvé un petit chaslit à couchette quy a de la dorure, fort vieux et antique.
188. Plus trois autres grands chasliz desmontez, de bois de nouhier, dont il y en a deux de fort vieux et antiques.
189. Plus deux petiz buffez de bois, fort vieux et antiques.
190. Plus sept verges de fert de chaslit.
191. Plus un pair de petiz chesnaix de fert.
Et, attendu la nuit, nous sommes retirés et remis à procedder à la continuation dudit inventaire à demain, ez présance de Thomas Yvert, mestre apre, demeurant au village du..... de La Chaux, pairoisse de Mainxe, et de Françoys Gernereau, sr de La Touche, demeurant àJarnac, requis.
[Signé :] C. de La Rochebeaucourt. — François Chabot. — F. Rangeard. — T. Yver. — F. Gernereau. — Filhon, notaire royal héréditaire.
Et, advenant le vingt siziesme jour desdits mois et an, requérant ladite dame, avons proceddé à, la continuation du présant inventaire ainsy que s’ensuit :
192. Et estant retournés dans la mesme chambre cy dessus, avons aussy trouvé dans ycelle, premièrement huit pièces de tapisserye fine dont le fonds est vert, avecq des personnages champestres.
193. Plus une tanture de tapisserye verte, avecq des chapeaux de cardinal, contenant … (19).
194. Plus une aultre pièce de tapisserye des Sibilles, semblable à celles quy sont dans la chambre de Madame.
195. Plus une tanture de tapisserye contenant les travaux d’Erculles, composée de... (20).
196. Plus une aultre tanture de tapisserye où sont représentées les Planettes, contenant huit pièces.
197. Plus une aultre tanture de tapisserye quy est une verdure d’Auvergne, contenant dix pièces.
198. Plus une aultre tanture de tapisserye quy représante des femmes à cheval, contenant six pièces.
199. Plus une aultre tanture de tapisserye avecq des personnages champestres, à fond vert, contenant cinq pièces.
200. Plus trante aultres pièces de tapisseryes, de différante façon, dont la plus part ne vallent rien.
201. Plus quatre tapis de pieds quy sont vieux et uzés.
202. Plus un petit lit à berceau de pleume, avecq son traversier, son matellac et une couverte.
203. Et de ladite chambre sommes descendus dans la salle, où nous avons trouvé une table à auvalle, sur un traicteau pliant, de bois de sape, avecq un tapis de tripes de vellours.
204. Plus une aultre table de bois de nouhier, fort vieille et antique, avecq un tapis de Turquye fort uzé.
205. Plus une aultre petitte table carrée, de bois de nouhier, unye, my neufve.
206. Plus dix huit chaizes garnyes de tripes de vellours, six desquelles sont un peu plus grandes que les aultres.
207. Plus deux grands chesnaix de fert garnys de cuivre, avecq une pelle de fert quy a de petittes pommes de cuivre, et un garde-fouyer de fert.
208. Plus une tante de tapisserye contenant six pièces, a divers personnages, avecq des giraffles, de haulte lisse, fort fine.
209. Et de ladite salle nous sommes entrés dans la chambre appellée du Pavé dans laquelle nous avons trouvé une petitte table carrée, de bois de nouhior, unye, my neufve, aveq un tapis d’ouvrage de soye et layne, avecq un petit mollet de soye vert brun, tout neuf.
210. Plus un chaslit de bois de nouhier, tout neuf, aveq ses verges de fert, sur lequel nous avons trouvé un lit de pleume avecq son travorsin et un matellac de layne, couvert de futayne d’un costé ; le tout presque neuf, avecq une paillasse, et autour dudit chaslit y a un lit a pants ; les trois pants et les quatre cantonniers estant de vellours noir en broderye de satin rouge, blanc, bleu et jaulne, avecq du cordonnet d’or, la frange de soye noire et la crespine d’or, les quatre rudaux de pane noiro avecq de la frange noire, sans crespine ; le dossier et les trois doubles pantz et la courtepointe de toille d’argent chamarrée de noir, avecq des bandes de satin rouge et broderye d’argent ; les doubles pantz garnys de simple frange d’argent, le fonds de mocade noire en broderye de satin rouge, le tout fort bon.
211. Plus un grand tapis de pieds, de Turquye, fort bon.
212. Plus quatre fauteuilhs, cinq chaizes et quatre sièges plians, de bois de nouhier, garnys de cuir, avecq leurs housses de sarge jaulne, le tout presque neuf.
213. Plus sept pièces de tapisseryes de haulte lisse, quy représantent Jupiter, Mars, Vénus, Minerve, Pallas, Apollo et Luna.
214. Plus deux chesres garnyes de cuivre, avecq de grosses pommes.
215. Et de ladite chambre nous sommes transportez en celle appellée de la Cambaudierre (?), où nous avons trouvé une table de racine de nouhier, avecq des fillez d’esbeyne, avecq des coullonnes torses, neufve.
216. Plus un chaslit de bois de nouhier, neuf, sur lequel s’est trouvé un lit de plumes avec son traversin et un matellas de layne garny de futayne d’un costé, et une paillasse, une couverte de layne blanche, une courtepointe piquée de diverses coulleurs, et autour dudit lit y a une garniture ; les trois pantz, les quatre cantonniers, le dossier et les trois soubassemans d’ouvrage avecq des bandes de vellours rouge en broderye de toille d’or ; les quatre rudaux, la courtepointe ou couverte bardant ; le fond et les trois doubles pantz de damas feuille morte ; les franges et les mollez de soye, avecq une housse de sarge verte. Autour dudit lit, deux fauteuilhs, cinq chaises et cinq sièges plians, de bois de nouhier, garnies de coëtis, avecq leurs housses de sarge verte.
217. Plus sept pièces de tapisseryes où sont représantées les Sibilles avecq des fontaynes, de haulte lisse, fort fines.
218. Plus deux petiz chesnez de fert garnys de cuivre, avecq une demye plaque de fert servant de contre-fouyor.
219. Et de ladite chambre sommes entrés dans l’antichambre d’ycelle, dans laquelle s’est trouvé une petitte table de bois de nouhier, fort vieille et uzée, avecq un petit tapis dessus.
220. Plus trois vieilles pièces de tapisseryes à feuillage et un vieux tapis de pied, de Turquye, le tout fort vieux et rompu.
221. Plus un chaslit de bois de nouhier, presque neuf, sur lequel il y a un lit de pleume avecq son traversier, un matellac de layne couvert de futayne et une petitte couverte de sarge verte, fort vieille et rompue, avecq la garniture et tour de lit de sarge jaune, faitz à housse.
222. Et de ladite chambre nous nous sommes transportez dans la chambre appellée la Petitte alcauve, quy a esté bruslée, dans laquelle ne s’est trouvé aulcune chose, synon deux petiz chesnetz de fonte.
223. Et de ladite chambre sommes entrés dans le vestibulle entre ladite chambre et celle de la chapelle, dans lequel s’est trouvé un petit cabinet de bois de nouhier, fermant à clef, dans lequel ne s’est trouvé que des papiers.
224. Et dudit vestlbulle sommes entrés dans ladite chambre de la chapelle, où nous avons trouvé une petitte table de bois de nouhier, fort vieille et antiquo, avecq un petit tapis de Turquye fort uzé.
225. Plus un chaslit de bois de nouhier, fort vieux, sur lequel s’est trouvé un lit de plumes avecq son traversin, le coytier plus que my neuf, un matellas de layne couvert de futayne et une couverte de layne blanche avecq une paillasse ; la garniture dudit lit fait à housse, de sarge vlollette garnye de bandes à fleurs d’ouvrage, doublée de taffetas jaulne, le dessus et le fond du lit aussy de taffetas jaulne.
226. Plus, un aultre chaslit de bois de nouhier, presque neuf, sur lequel s’est trouvé un lit de plumes avecq son traversin, le coëtier presque neuf, un matellas de layne garny de futayne d’un costé, aussy presque neuf, une paillasse, deux couvertes de layne blanche dont il y en a une fort vieille et uzée ; la garniture dudit lit faite à housse, avecq des bandes de fleurs d’ouvrage de soye, le dossier de sarge viollette, sans ouvrage, et le siel dudit lit d’un vieux damas blanc avecq deux linceulx de toille de chanvre, my uzés.
227. Plus cinq pièces de tapisserye a feuillages, vert et aultres coulleurs, fort vieilles et deschirées.
228. Plus cinq chaises de bois de nouhier, garnyes de tripes de vellours, semblables à celles quy sont dans la salle.
229. Plus deux grands chesnez de fert revestuz de cuivre.
230. Et de ladite chambre sommes entrés dans l’antichambre d’ycelle, où nous avons trouvé un vieux chaslit de bois de nouhier fort antique, et sur ycelluy un meschant lit de pleume aveq son traversier, une paillasse et une meschante couverte de layne blanche, le tour du lit à housse, de meschante sarge rouge, et le fond du lit de grosse toille, et un linceulx aussy de grosse toille, fort uzé.
231. Plus deux petiz chesnez de fert.
232. Plus une chaisre garnye de tripes de vellours, comme les aultres de la salle.
233. Et de ladite antichambre noua nous sommes transportés dans la chapelle. Nous avons trouvé le grand hostel garny de deux nappes, une grosse et une fine, un crucific d’un pied et demy de hault en rellief.
234. Plus un missel a demy uzé, in-folio.
235. Plus un cabinet de bois de nouhier, fermant a clef, où nous avons trouvé deux haubes de toille de Paris, presqus neufves, garnyes de dantelle par le bas, de la haultsur de deux poulces, avecq leurs amict.
236. Plus deux aultres napes pour l’autel, une ouvrée et l’aultre unye, de toille fine, assez uzée.
237. Plus une chasuble avecq son estolle et manipulle a fleurs de diverses coulleurs, le fonds horore, avecq un devant d’hautel de mesme estoffe.
238. Plus une aultre chaizuble de satin coulleur de feu, en broderye chamarrée de passemans d’or et d’argent avecq son estolle et son manipulle, son voille et sa bourse, et le devant d’hautel, le tout de mesme estoffe et mesme broderye.
239. Plus une aultre chazuble à fleurs vertes, le fond blanc, avecq son estolle, manipulle et voille, et devant d’hautel et bourse de mesme estoffe.
240. Plus un voille blanc, de taffetas, et un aultre voille de tabis viollet.
241. Plus une chaizuble de moire noire, avecq son estolle et son manipulle, bourse et voille de mesme estoffe, et le devant d’hostel de sarge noire, avecq un aultre devant d’hostel de mesme estoffe que la chaizuble.
242. Plus un drapt mortuaire de vellours noir, avecq les bandes de satin blanc, fort vieux et uzé, et deux petiz à demy uzés, avecq les bandes de mesme satin blanc.
243. Plus une chazuble de vellours noir, avecq ses courtibauds de mesme estoffe et fort vieux.
244. Plus un estuit de cuir bouilly, dans lequel s’est trouvé un callisse d’argent avecq sa patène.
245. Ladite chapelle garnye de ses tableaux ordinaires ; et dans, le banc de ladite chapelle avons trouvé trois behus fort vieux, fermant à clef, dans lesquels ladite dame a desclaré ny avoir que de vieux habiz, avecq les livres ordinaires.
246. Et de ladite chapelle nous sommes entrés et transportés dans la chambre des vasletz, dans laquelle avons trouvé deux vieux et meschans chaslis et un aultre meschant chaslit couchettes, sur lesquels y a deux meschans liz de plumes et trois traversins, avecq deux linceulx de grosse toille et une meschante couverte de layne blanche.
247. Et de ladite chambre sommes entrés dans la chambre appellée des Pers, on laquelle avons trouvé une petitte meschante table de bois de nouhier, avecq un petit meschant tapis vert dessus.
248. Plus un meschant chaslit de bois de nouhier, fort vieux et antique, sur lequel s’est trouvé une paillasse, un lit de pleume avecq son traversier, et un matellac de layne couvert de futayne d’un costé, deux linceulx de toille de chanvre, le tout my uzé, avecq une couverte de layne blanche assez bonne et une petitte de mesme layne fort uzée ; la garniture dudit lit faite à housse, avecq le dessus de sarge jaune, le tout fort uzé.
249. Plus un aultre vieux chaslit fort rompu, sur lequel s’est trouvé une meschante paillasse, un lit de pleume avecq son traversier, et un matellac de layne, avecq deux couvertes de layne blanche, le tout fort vieux et uzé ; la garniture dudit lit faite à housse avecq son dossier de sarge jaulne, le tout fort uzé ; les deux fonds de lit de deux linceulx de grosse toille.
250. Plus deux chesnaix de fert battu.
251. Et de ladite chambre nous sommes entrés dans la chambre ou demeure le sieur Grizet, dans laquelle nous avons trouvé un vieux chaslit à l’antique, de bois de chaisne, sur lequel y a un lit de plumes avecq son traversier, un matellas de layne couvert de futayne d’un costé, et deux couvertes de layne jaulne, deux linceulx de chanvre, trois pants de lit en broderye a fonds jaulne, avecq des bandes d’ouvrage à fonds noir, le dossier de sarge jaulne avecq des bandes d’ouvrage, ledit lit entouré d’une housse de sarge bleu feu ; le tout fort uzé.
252. Plus un vieux chaslit couchette sur lequel y a un meschant lit de pleume et un meschant truversier, avecq un meschant linceul de grosse toille et deux meschantes couvertes de faye, fort vieilles et rompues.
253. Plus une chaize de tripe de vellours semblable à celles de la salle.
254. Plus un fuzll quy tire quatre coups.
255. Plus un aultre fuzil a deux canons.
256. Plus trois gros fuzils fort poizans.
257. Plus un pair de petiz pistollez à deux canons.
258. Plus un pair de grands pistollez fort longs, à l’ancienne mode.
259. Et de ladite chambre nous nous sommes transportés dans la chambre où demeure Luc Labeur, sieur des Rochers, maistre d’hostel de ladite dame, dans laquelle nous avons trouvé une vieille table foncée, avecq un meschant tapis vert dessus.
260. Plus un vieux chaslit de bois de chesne fort vieux et antique, sur lequel y a une paillasse, un lit de pleume avecq son traversier, un matellac de layne couvert de futayne d’un costé, deux linceulx de toille de chanvre et deux couvertes de layne blanche, le tout fort uzé, et autour dudit chaslit quatre linceulx et un fonds de lit de toille.
261. Plus trois vieilles chaisres fort antiques.
262. Plus un petit cabinet à quatre ouvertures, de bois de nouhier, fermant à trois serrures et trois clefz, dans lequel il ne s’est trouvé aulcune chose.
263. Plus un aultre petit cabinet fermant à deux pans, fort vieux, dans lequel ne s’est trouvé aulcune chose.
264. Plus un vieux coffre de bois de nouhier, fermant en clef, fort antique, dans lequel ne s’est trouvé que de vieux meschans papiers.
265. Plus un vieux behus sans serrure, tout rompu.
266. Plus six vieux fuzils et un vieux mousquet sans platine.
267. Plus un vieux mortier de fort, avecq un pair de meschant ballance.
268. Plus un croschot a poizer.
269. Plus deux gros chesnez de fonte.
270. Et de ladite chambre nous sommes entrés dans l’arrière chambre d’ycollo, où il s’est trouvé trois grands bassins de chaize d’estain.
271. Plus deux arrouzoirs de cuivre.
272. Plus un pair de sizeaux de jardinier.
273. Et de ladite chambre nous nous sommes transportés dans la chambre des femmes, où demeure Andrée Gendre, où nous avons trouvé une vieille meschante table avecq son traicteau, fort vieux et pourry.
274. Plus un vieux chaslit de bois de nouhier, sur lequel s’est trouvé un lit de plumes avecq son traversin, lequel lit Jeanne Guyon a desclaré estre à elle pour l’avoir achapté de Madame.
275. Plus une paillasse fort vieille et uzée.
276. Plus une couverte de layne blanche my uzée et deux petiz linceulx de toile de chanvre, neufz ; la garniture dudit lit faite à housse, fort vieille, rompue et uzée.
277. Plus un petit chaslit couchetto, sur lequel s’est trouvé une paillasse fort vieille, un lit de pleume avecq son traversier de coetis fort uzé, un linceulx de grosse toille, avecq une couverte de layne blanche, fort uzée.
278. Plus un aultre lit couchette de bois de chesne, comme ladite cy dessus, sur lequel s’est trouvé un linceulx servant de paillasse, un petit lit de pleumes avecq son traversier fort uzé et rompu, avecq une meschante couverte de layne blanche.
279. Plus un vieux buffect à l’antique.
280. Plus un vieux coffre de bois de chaisne fait à l’antique, vermoullu et rompu, fermé à clef, dans lequel ladite Andrée Gendre a desclaré n’y avoir que du vieux llnge uzé et rompu quy à esté mis dans ledit coffre par ladite dame, pour ne pouvoir plus servir.
281. Plus ladite Andrée Gendre nous a desclaré avoir en sa puissance et estre chargée de soixante et unze linceux de toille de chanvre dont y en a de fort uzés et rompus, six neufz, et les aultres my uzés, compris dans ledit nombre de soixante unze ceux quy sont dans les liz des chambres cy dessus inventorizées.
282. Plus soixante douze linceulx de toille de repassure, et d’estouppes, y compris aussy ceux quy sont dans les liz inventoriés cy dessus.
283. Plus elle a aussy entre mains six petiz linceulx de toille de chanvre pour servir au liz des petiz Messieurs, tous neufz, desquels elle n’est point chargée.
284. Plus elle est aussy chargée de douze napes de toille de chanvre, neufves, d’une aulne et tiers de large, et d’une aultre douzaine de napes de toille de chanvre, d’une aulne et demye de large.
285. Plus douze napes de repassure, de buffet, my uzées.
286. Plus trante douzaines et dix serviettes, scavoir : vingt-huit douzaines et dix serviettes de toille de chanvre, et les aultres de toille de repassure, dont il y en a quatre douzaines neufves, le restant fort uzé et rompu.
287. Plus une douzaine de napes de cuizine, dont il ny a que trois neufves et les aultres fort uzées et rompues.
288. Plus cinq douzaines de grosses serviettes, aussy de cuizine, dont il y en a deux douzaines d’assez bonnes et les aultres fort uzées et rompues.
289. Plus dix (21) pastières, quatre bonnes et six meschantes, le tout de grosse toille.
290. Plus elle nous a représanté quatre linceulx de toille de lin de Poictou, presque neufz, de trois legs (sic) chascun.
291. Plus s’est trouvé dans ladite chambre un vieux beûs fermant à clef, dans y a une partie du linge cy dessus inventorizé.
292. Plus deux chaizes de jon et une de bols.
293. Plus deux chesnez de fort battu, fort vieux et uzés.
294. Et de ladite chambre sommes entrés dans l’arrière chambre d’ycelle, où nous avons trouvé deux vieux behuts fermant a clef, dans lesquels y a une partye des linceulx de toille de chanvre dont ladite Andrée est chargée et cy dessus inventorlzé.
295. Plus un vieux coffre fort antiquo, fermant en clef, dans lequel est le gros linge dont ladite Andrée est chargée, cy dessus inventorlzé.
296. Plus trois aultres grands vieux coffres, faiz a l’antique, fermant à clef, dans lesquels on nous a desclaré n’y avoir que quelque gros fil.
297. Plus deux vieux et meschans liz avecq leurs traversiez de coetis, fort uzés et pourris. 298. Et de ladite arrière chambre sommes descendus dans la buandrye, en laquelle avons trouvé un grand vieux coffre formant à clef, servant a mettre de la farine.
299. Plus deux mez à pestrir, fermant â clef, l’une de bois de chaigno, fort vieille, et l’aultre de bois de nouhier.
300. Plus deux chaudierres de fert de fonte, contenant chascune quatorze ou quinze seaux, vieilles et uzées.
301. Plus une grande poisle d’airin, escoullant huit sceaux, fort uzée et petassée.
302. Plus deux trépieds de fert.
303. Plus trois chaudrons d’airin, y compris un grand, escoullant quatre sceaux, quy est de cuivre rouge.
304. Et de ladite buandrye nous sommes transportés en la cuizine, où nous avons trouvé une gronde vieille table de bois de chesnes, sur deux traicteaux de mesme bois.
305. Plus deux grandes marmittes, l’une de cuivre rouge, forte, et l’autre de cuivre jaulne, avecq leurs couvertures, et une aultre petitte marmitte de cuivre jaune, avecq sa couverture, deux grandes cuillières de mesme estoffe, deux friquez, l’un de cuivre rouge et l’aultre de cuivre jaulne, avecq trois couvertures de cuivre jaulne.
306. Plus un pot de fert, sans couverture.
307. Plus trois poillos en queues, de fert, une grande casse et une petitte ; la petite fort uzée et rompue.
308. Plus une grande poissonnière et une aultre petitte, de cuivre rouge, fort vieilles et uzées.
309. Plus une bassine de cuivre rouge, servant à laver la vaisselle, et deux aultres bassines de mesme cuivre, un peu moindre.
310. Plus trois aultres petittes bassines de mesme cuivre.
311. Plus une casserolle avecq sa couverture, de cuivre rouge.
312. Plus une tourtière avecq sa couverture, et trois aultres tourtières sans couvertures, dont il y en a une faite on auvalle, le tout de cuivre rouge.
313. Plus deux passoirs d’airin avecq leurs queues de fert, et les aultres passoirs sans queues.
314. Plus un grand poislon de cuivre rouge.
315. Plus deux bassines d’airin, fort uzées et rompues.
316. Plus un chaudron de cuivre rouge, escoullant deux sceaux, et un aultre chaudron de mesme cuivre, escoullant un sceau et demy, avecq un aultre petit chaudron de mesme cuivre, escoullant environ sept à huit paintes.
317. Plus deux cloches de cuivre rouge : une grande et une petitte.
318. Plus un mortier de marbre et deux cuvettes de cuivre rouge.
319. Plus un petit mortier de métal avecq son pillon de fert
320. Plus trois broches de fert, deux grilles : une grande et une petitte, et le couvercle du four, aussy de fert, avecq une ance.
321. Plus une pastisserye de bois, fermant à clef, avecq deux grands coustaux servant à acher les viandes.
322. Plus deux gros chesnez de fonte et deux grands rostissoirs de fert et deux cramaillières, le tout fort vieux et uzé.
Et, attendu la nuit, nous nous sommes retirés et remis à procedder à la continuation dudit inventaire a demain.
Fait en présance de Thommas Yvert, me apre, demt au village du Four de la Chaux, pairoisse de Mainxe, et de Fran. Gernereau, sieur de La Touche, demt audit Jarnac, tous requis.
[Signé :] X. de Larochebeaucourt. — François Chabot. — F. Rangeard. — T. Yver. — F. Gernereau. — Filhon, notaire royal her.
Et, advenant le vingt septiesme jour desditz mois et an, requérant ladite dame, avons proceddé à la continuation dudit inventaire ainsy que s’ensuit.
323. Et, de ladite cuizine, nous estons transportez dans la sommellerye, avons trouvé dans ycelle : premièrement une meschante table de bois, avecq son traicteaux, le tout fort vieux et uzé.
324. Plus une aultre petitte meschante table de mesme bois, avecq son traicteau, aussy fort vieille et uzée, faite à l’antique.
325. Plus un baudet avecq ses sangles, sur lequel nous avons treuvé un petit lit de pleumes avecq son traversier, le coëtis fort vieux et uzé, avecq une couverte de layne blanche, aussy fort uzée.
326. Plus un cabinet de bois de sape, fermant à clef, fort vieux et uzé, dans lequel ne s’est treuvé aulcune chose.
327. Plus un aultre meschant cabinet fort vieux et uzé, fait à l’antique, sans aulcunes clefs ny serrures, ouvrant a quatre pends.
328. Plus un aultre petit meschant cabinet, fermant a clef, fort vieux et rompu.
329. Plus un petit meschant buffect fort vieux et uzé, avecq deux bancs tournés, aussy fort meschans.
330. Plus une grande buye d’estain.
331. Plus une painte, une demy quarte et un tiers, aussy d’estain.
332. Plus un coffre à estuit, fermant a clef, dans lequel nous avons trouvé huit grands plaz d’argent, poizant soixante six marcs, marqués de trois chabotz et des lauzanges (22).
333. Plus six grandes assiettes creuzes, d’argent, pour mettre dans les plaz cy dessus, avecq les mesmes armes, poizant dix huit marcs quatre onces.
334. Plus huit grandes assiettes creuzes, d’argent, pour mettre sur des portes assiettes, poizant vingt quatre marcs trois onces, marquées des mesmes armes.
335. Plus deux aultres assiettes creuzes, d’argent, un peu moindres que los préceddentes, marquées des mesmes armes que celles cy dessus, poizant quatre marcs quatre onces.
336. Plus sept petittes assiettes creuzes, d’argent, pour mettre sur des portes assiettes, marquées des mesmes armes que celles cy dessus, poizant treze marcs quatre onces.
337. Plus douze plaz moyens, d’argent, dont il y en a quatre plus grands que les aultres, marqués des mesmes armes, poizant soixante six marcs deux onces.
338. Plus dix assiettes creuzes, aussy d’argent, servant à mettre dans les plaz cy dessus, marquées des mesmes armes, poizant dix huit marcs six onces.
339. Plus trois douzaines d’assiettes communes, aussy d’argent et marquées des mesmes armes, poizants cinquante neuf marcs et demy.
340. Plus deux portes assiettes en colliers de maure, aussy d’argent et marquées des mesmes armes, poizant trois marcs cinq onces.
341. Plus deux aultres portes assiettes quy peuvent servir de sallieres, aussy d’argent et marquées des mesmes armes, poizant trois marcs et demy.
342. Plus une sallierre, aussy d’argent, sur un ballustre, toutte neufve, marquée des mesmes armes, poizant un marc six onces.
343. Plus une aultre sallière, aussy d’argent, pour mettre trois sortes de sel, marquée des armes de Pons, poizant un marc cinq onces et demys.
344. Plus deux aultres petittes sallierres, aussy d’argent, avecq chascune un couvercle aussy d’argent, poizant un marc.
345. Plus un vinaigrier, aussy d’argent, tout neuf, marqué des mesmes armes, poizant un marc six onces.
346. Plus une boiste à mettre du sucre, toutte neufve, aussy d’argent, marquée des mesmes armes, avecq une petite cuillière, le tout poizant un marc et demy.
347. Plus un grand bassin rond, aussy d’argent et marqué des mesmes armes, poizant dix marcs et demy.
348. Plus deux aultres bassins en auvalle, aussy d’argent, et marqués des mesmes armes, poizant seize marcs trois onces.
349. Plus trois esguières descouvertes, aussy d’argent et marquées des mesmes armes, poizant treize marcs six onces.
350. Plus une aultre esguiere couverte, aussy d’argent et marquée des mesmes armes, poizant cinq marcs deux onces.
351. Plus deux grands flacons avecq leurs chesnes, aussy d’argent et marqués des mesmes armes, poizant quinze marcs.
352. Plus deux aultres petiz flacons, aussy d’argent et marqués des mesmes armes, avecq leurs chesnes, poizant sept marcs six onces.
353. Plus une soubz couppe, aussy d’argent et marquée des mesmes armes, poizant trois marcs.
354. Plus deux douzaines de cuillierres neufves, marquées des mesmes armes, aussy d’argent, dont il y en a une douzaine entre les mains de Monsieur l’abbé, et l’aultre douzaine, quy s’est trouvée en nature, poize trois marcs une once, touttes de mesme grandeur.
355. Plus unze fourchettes, aussy d’urgent, à quatre fourches, marquées des mesmes armes, neufves, poizant trois marcs une once ; et a ladite dame desclaré y avoir une aultre fourchette de mesme que celles cy dessus, entre les mains dudit seigneur abbé.
356. Plus unze fourchettes d’argent, à trois fourchons, aussy marquées des mesmes armes, poizant deux marcs demy once.
357. Plus deux escuelles couvertes, aussy d’argent, marquées des mesmes armes, poizant six marcs.
358. Plus un grand rechaux tout neuf, aussy d’argent et marqué des mesmes armes, poizant, avecq trois petittes boullettes de bois noircy quy sont au pied, et avecq le manche, aussy de bois noir, cinq marcs deux onces.
359. Plus un aultre petit rechaux, aussy d’argent, quy n’est point marqué, poizant, avecq son manche de bois, un marc.
360. Plus un chauffelit, aussy d’argent, avecq son pied de mesme, marqué des mesmes armes, poizant six marcs une once et demye.
361. Plus un bassin à faire le poil, aussy d’argent, et un coquemar, marqués des mesmes armes, le tout poizant sept marcs.
362. Plus deux grands flambeaux, aussy d’argent et marqués des mesmes armes, poizant cinq marcs.
363. Plus quatre aultres grands flambeaux à six costes, aussy d’argent et marqués des mesmes armes, poizant unze marcs et demy.
364. Plus deux petiz flambeaux, aussy à six costes, estant d’argent et marqués des mesmes armes, poizant un marc six onces.
365. Plus deux aultres petiz flambeaux, aussy d’argent et marqués des mesmes armes, poizant deux marcs une once.
366. Plus deux aultres petiz chandelliers ronds, d’argent et marqués des mesme armes, poizant trois marcs une once et demye.
367. Plus une tasse aussy d’argent, sans estre marquée, poizant trois onces.
368. Plus des mouchettos, avecq lour portemouchette et sa chesne, aussy d’argent et marquée des mesmes armes, poizant trois marcs.
369. Plus une petitte cassollette, aussy d’argent, marquée des mesmes armes, poizant, avecq son manche de bois, six onces.
370. Et nous a ladite dame desclaré que la croix de diamant dont mention est faite par le testamant mutuel dudit deffunt seigneur comte de Jarnac et d’elle est dans un petit coffre de fort ; compozée ladite croix de six grands diamans et d’une grosse perle en poire ; dans lequel coffre elle a aussy plusieurs bijoux a elle appartenans, desquels elle fera faire un mémoire avecq la dispozion d’ycoux, qu’elle signera.
371. Et estant entrés dans les caves quy joignent ladite sommeillerye, avons trouvé dans ycelles grand nombre de vin, avecq des pièces d’eau de vye, lequel vin et eau de vye n’a esté inventorizé spéciffiquement, attendu que ladite dame en pourra dispozer et vendre pour subvenir aux affaires de la maizon ; et sy après son deceds il s’y trouve en espèce, le tout sera employé au bas du présant inventaire, comme aussy le reste du vin quy se trouvera dans les aultres celliers, dans lesquels nous nous sommes aussy transportés et où nous n’avons trouvé, oultre le vin quy y est, que les treuils et grands tonneaux, que nous n’avons point inventorizé ; pour ne pouvoir sortir desditz celliers sans estre desmontez.
372. Et de là nous nous sommes transportés dans les greniers, dans lesquels avons trouvé nombre de fromant, mesture et avoyne, que nous n’avons point fait mesurer, attendu que ladite dame s’en est réservée la dispozion comme du vin.
373. Et desdits greniers nous nous sommes transportés dans les escuryes dudit chasteau, où nous avons trouvé premièrement : un cheval barbe, de poil gris, de l’âge de cinq ans, avecq sa selle et aultres arnaix.
374. Plus une grande jumant de poil bays brun, servant au carrosse, fort vieille, avecq sa selle et aultres arnaix.
375. Plus une auttre jumant de poil bay, servant a la selle, quy est aussy fort vieille, avec sa selle et arnaix.
376. Plus un petit cheval piot, quy est aveugle, avecq sa selle et arnoix.
377. Plus un grand cheval de carrosse, de poil noir, nommé Trois Pallis (23).
378. Plus deux aultres chevaux de carrosse, noirs, quy sont vieux et tout à fait achevés.
379. Plus trois grandes mulles noires, quy sont, aussy fort vieilles.
380. Plus avons trouvé, dans lesdites escuryes, huit arnoix de chevaux de carrosses, fort vieux et uzés.
381. Plus trois colliers avecq leurs garnitures, deux vieilles, et aultres atellages pour les mulles servant aux litières.
382. Plus un bas selle.
383. Plus un bas de change.
384. Et desdites escuryes sommes entrés dans la chambre des cochers, où nous avons trouvé un petit coffre de bois de chesne, fermant en clef, dans lequel il n’y a que les ardes des cochers.
385. Plus une archepipe fermant à clef, pour mettre de l’avoyne. (24)
386. Plus deux meschans chasliz couchettes, sans quenouilles, sur lesquels s’est trouvé deux meschanz liz de pleumes avecq deux traversiez fort vieux et uzés, et deux meschanz matellacs de bourre et deux meschantes couvertes de layne blanche.
387. Plus deux chandelliers de.....de cuivre jaulne, l’un d’yceux ayant les Verges rompues.
388. Plus une autre archepipe, fermant aussy a clef, pour mettre de l’avoyne.
389. Et desdites escuryes nous nous sommes transportés dans la grange, où nous avons trouvé une barche de foing et une barche de paille, servant pour la nourriture et l’entreténement des chevaux.
390. Et de ladite grange nous nous sommes transportés dans les remises des carrosses, où nous avons trouvé un grand carrosse complet, tout garny de rudaux et de coissins noirs, avecq une housse noire par le dehors, avecq les armes des Chabot et des lauzanges.
391. Plus un petit carrosse couppé, l’impérialle devant et derrière, garny de velours rouge à fleurs, ensemble les coissins, les doublures du mantellez de derrière et de devant et de l’une des portières, quy estoyent de sarge rouge, ayant esté ostés, le tout estant assez bon, avecq les armes des Chabot, avecq une housse de toille noire.
392. Plus une littière fort vieille et uzée, avecq une housse de toille.
393. Plus un grand charriot, avecq ses rouhes ferrées.
394. Plus un tombereau, aussy avecq ses rouhes ferrées.
395. Plus un aultre charriot ayant les rouhes fort basses.
396. Et desdites remizes des carrosses nous sommes transportés dans la chambre du portier, en laquelle avons treuvé un vieux meschant coffre de bois de chesne, fermant à clef, dans lequel n’y a que les hardes du portier.
397. Plus un meschant chaslit de bois de chesne, fort vieux et antique, sur lequel s’est trouvé un meschant lit de plumes, avecq deux meschans traversins et une meschante couverte de meslinge.
398. Plus une meschante chaize de bois, garnye de toille, fort uzée.
399. Et de ladite chambre nous sommes montés dans la chambre quy est sur ycelle, où nous avons trouvé une petitte table carrée sur une meschante chnize.
400. Plus un meschant chaslit, sans aulcune garniture, et sur yceulx un meschant lit de pleumes, avecq deux meschans traversiez et une meschante couverte de layne blanche, toute deschirée.
401. Et estant retournés dans ledit chasteau et montés dans les galletas d’ycelluy, y avons trouvé neuf fauconnaux.
402. Et comme nous n’avions point entré dans le derrière du grand alcauve, nous y estans transportés, y avons trouvé cinq fuz de fauteuil, faitz en menuzerye et coulonnes torses, sans aulcune garniture.
403. Plus une chaize de mesmes bois et façon, garnye de coëtis.
404. Plus un chaslit, les quenouilles canellées et dorées, avecq ses verges de fert, estant desmonté.
405. Plus deux coissins de carrosses, avecq les goussez de vellours rouge, les rudaux dudit carrosse de damas rouge, et d’aultres rudaux de sarge rouge.
Et à l’esgard des meubles et bestiaux quy sont dans le chasteau et mesterye de Maroualte, ladite dame a desclaré que l’inventaire et prizée en a esté fait et dont les fermiers quy y sont de présant sont chargés, et ainsy il n’est point de besoing d’en faire d’aultre inventaire, non plus que de ceux quy sont dans le chasteau et mesterye de Grézignac, dont le fermier quy y est de présant est aussy chargé.
Comme pareillemant il n’est point besoing de faire inventaire des meubles quy sont dans les chasteaux de Clion et de Sommersac, attendu que les fermiers en sont pareillement chargés.
Et à l’esgard du bestailh quy est dans les mesteryes de Soubran, la prizée en a esté faite avecq les fermiers, dont ilz sont chargés.
Et pour les meubles quy sont dans ledit chasteau de Sousbran, dont les fermiers ne sont point chargés, ladite dame a desclaré qu’ils consistent, premièremant :
406. Une tanture de tapisserye d’Auvergne, contenant neuf pièces, quy est une verdure avecq beaucoup de figures d’animaux et de maisons.
407. Plus vingt pièces de tapisseryes d’Auvergne, a fonds blanc.
408. Plus un tour de lit de sarge viollette, compozé de trois pantes, quatre cantonnières, garny d’ouvrages, trois rudaux, la courtepointe, le fonds et le dossior. avecq des petittes bandes d’ouvrages, les petites garnyes de belle crespine et le reste de mollet, le tout de soye, fors le fonds quy n’a point de mollet.
409. Plus un tapis de sarge viollette.
410. Plus un pavillon de sarge roze, viollette, avecq un mollet de soye, comme dessous.
411. Plus un tour de lit à housse de sarge rouge, composé de trois rudaux et quatre cantonnières garnies d’ouvrage, une courtepointe, le dossier, le fonds et un pavillon de sarge rouge, le tout garny de passemant et de mollet de soye et layne verte, avecq un tapis à housse de sarge rouge, avecq de l’ouvrage.
412. Plus un tour de lit tout neuf, de sarge drappée vert brun, composté de trois rudaux, quatre cantonnières, la courtepointe, le fonds et le dossier, le tout garny de mollet de soye et layne verte.
413. Plus un vieux tour de lit de sarge verte, compozè de trois pentes, trois rudaux, deux bonnes grâces, deux cantonnières, la courtepointe, le fonds et le dossier, le tout garny de frange et de mollet de layne, un pavillon et le tapis de mesmes estoffe et façon.
414. Plus un aultre vieux tour de lit, compozé de trois pentes, trois rudaux, quatre cantonnières, la courtepointe, le fonds et le dossier, le tout garny de passemant et frange de soye et layne, un pavillon et un tapis de mesme.
415. Plus deux vieux tours de lit à housse, compozés de six rudaux, quatre bonnes grâces, deux dossiers et un tapis, le tout de sarge gris viollant.
416. Plus deux petiz tours de lit, l’un de sarge verte et l’aultre de sarge grize, le tout fort mangé et gasté de vers.
417. Plus un aultre vieux tour de lit à housse de sarge brune, compozé de trois rudaux, quatre cantonnières, le fonds et le dossier, un pavillon et un tapiz de mesmo, le tout gurny de passemant de soye et layne, fort mangé et gasté de vers.
418. Plus deux tours de liz de sarge jaulne.
419. Plus treze aulnes et un quart de mocadde rouge, vert, incarnat et blanche.
420. Plus un tapiz de mocadde rouge, bleue et jaulne.
421. Plus six aulnes et demye de grosse sarge, d’un viollet mal taint.
422. Plus un vieux tapis vert.
423. Plus quatre grands liz de bonne pleume, dont le coëtis de l’un est tout neuf, avecq leurs traversiers.
424. Plus deux petiz liz de bersières et de bonnes pleumes, avecq leurs traversiers, dont los coëtis sont bons.
425. Plus trois liz de bonne pleume, pour des couchettes.
426. Plus trois grands liz avecq leurs traversiers de pleume quy n’est pas sy bonne.
427. Plus un grand liz de mauvaize pleume, avecq son traversier.
428. Plus sept matellaz de layne.
429. Plus un aultre matellac de layne tout neuf, pour un lit moyen.
430. Plus deux petiz matellaz de layne, pour des bersières.
431. Plus la gamituro d’un berceaux et quelques oreilliers.
432. Plus quatre matellaz de bourre, pour des liz moyens.
433. Plus quatre petiz matellaz de bourre.
434. Plus deux grandes couvertes de layne blanche neufve.
435. Plus dix huit couvertes de laynes blanches, assez petittes, les unes fort uzées et les aultres moings, et lesquelles neanlmoings sont gastées et rongées de vers.
436. Plus une meschante couverte de layne.
437. Plus trois meschantes couvertes de meslinge.
438. Plus un meschant tour de lit de droguet, de filles et de layne.
439. Et dans la grande salle il y a trois chasliz neufs, une meschante table et un meschant buffect.
440. Plus, dans la gallerye, une table quy s’alongo et une aultre table ronde.
441. Plus deux tables carrées de bois de nouhier.
442. Plus quatre petittes tables longues et quatre bancs garnis de moquettes.
443. Plus un petit chaslit couchette.
444. Plus, dans la chambre de Madame, un grand chaslit et un aultre petit chaslit de bois de nouhier.
445. Plus, dans l’arrière chambre, un petit chaslit couchette et un petit cabinet, le tout de bois de nouhier, et un behus plat, couvert de cuir, fermé à clef, fort vieux et uzé, et un aultre petit behus rond.
446. Plus, dons la chambre grize, deux grands chasliz de bois de nouhier.
447. Plus, dans la chambre de Madame de Soubran, deux grands chasliz et un aultre petit chaslit couchette et un cabinet, le tout de bois de nouhier.
448. Et dans le cabinet de ladite chambre, un grand coffre de bois de nouhier fermant à clef, un vieux behus, des armoires de bois de nouhier et un cabinet de bois de sape, le tout fermant à clef.
449. Plus douze tableaux de portraiz.
450. Dans l’arrière chambre, deux grands chasliz de bois de nouhier et un cabinet de bois de sape fermant à clef.
451. Plus trois chasliz de bois de nouhier quy estoyent dans la sallette et deux challiz quy estoyent dans la chambre près du grenier.
452. Plus, dans la chambre près du grenier, un meschant chaslit couchette.
453. Plus, dans la chambre de dessoubz, un chaslit de bois de nouhier et un aultre meschant tout rompu.
454. Et dans les coffres quy sont dans ledit chasteau de Soubran, il y a quarante quatre linceux de toille de chanvre et lin, dont il y en a de fort vieux, uzés et rompus.
455. Plus quarante six linceux de grosse toille, dout il y en a aussy de fort uzés et rompus.
450. Plus douze napes de chanvre.
457. Plus huit douzaines de serviettes de chanvre, dont il y en a de fort uzées.
458. Plus huit grosses napes de cuizines et deux aultres napes quy servoyent à la met (25).
459. Plus trois douzaines de serviettes de repassure plus que my uzées.
460. Plus huit petittes napes de repassure fort uzées.
461. Plus quatre grands platz d’estain fin, tout neufz.
462. Plus vingt trois aultres platz de mesme estain, moyens.
463. Plus quatre grandes assiettes creuzes, deux porte assiettes, deux douzaines d’assiettes, deux bassines, deux osguièrcs et une sallière, le tout estain fin.
464. Plus trois paintes et une chopino, un demy quart et une roquille et deux couppes, le tout estain commung.
465. Plus quatre chaudrons, quatre poissonniers et un poisIon à trois piedz, et deux aultres petiz et une cuillière à pot, le tout d’airin et fort vieux et uzé.
466. Plus trois marmittes de fert, trois poisles en queue, trois broches et une grisle, le tout de fert.
467. Plus un mortier de marbre et un aultre de fonte.
468. Plus une cuvette de cuivre rouge.
469. Plus six pairs de chesnez, dont il y en a deux pairs garnis de cuivre jaulne et les aultres sont de fert battu.
470. Plus deux pairs de gros landiers de cuizine, de fonte, et une grande pelle de fert.
471. Plus trois petittes pelles de fert pour les chambres, dont il y en a une quy a de petittes pommes de cuivre, et une paire de pinsette de fert quy ont aussy de petittes pommes de cuivre.
Et, attendu la nuit, et que nous avons obmis d’employer au présant inventaire le bestailh à aumaille quy est dans le présant chasteau, nous nous sommes retirés et remis à y travailler à demain.
Fait ez présance desditz Yvert et Gernereau, d. comme dessus requis.
[Signé :] C. de La Rochebeaucourt. — François Chabot. — F. Rangeard. — T. Yver. — F. Gernereau. — Filhon, notaire royal her.
Et, advenant le vingt huitiesme jour dudit mois de janvier audit an, requérant ladite dame, avons continué à procedder audit inventaire ainsy que s’ensuit.
472. Et nous estans transportés dans l’escurye où est le bestailh d’aumaille, nous avons trouvé dans ycelle dix sept chefs d’animaille, sçavoir : quatorze vaches tant vieilles que jeunes et trois jeunes vaux.
Et ladite dame ayant fait ouverture du cabinet d’esbeyne quy est dans la grande chambre sur la salle, nous avons trouvé dans icelluy premièrement :
473. Une obligation de la somme de cinq mille livres au proffit de deffunt messire Jean de la Roschebeaucour, chevallier, seigneur de Sousbran, père de ladite dame, contre damoizelle Catherine de Gallard de Béarn, passée par Mre Jean Vidaud, nore royal du bourg de Gaisnes, comme fondé de procuration de ladite damoizelle Catherine de Gallard de Béarn, ladite obligation en datte du douziesme juin 1646, reçue Martin, nore royal Angoulesme, au bas de laquelle est ladite procuration, à laquelle obligacion est attaché la condempnation rendue au siège présidial d’Angoulesme en conséquence de l’adsignation donnée à ladite damoizelle, aussy attachée, en datte des dix sept et vingt uniesme juin et sixiesme juillet 1647, la condempnation signée Dumergue, commis du greffier, de laquelle somme il n’en reste à payer que celle de quatre mille deux cens trante livres, de laquelle ladite dame auroit obtenu condempnation à rencontre de Franc Piteau, marchand de la ville dAngoulesme comme débiteur du seigneur conte de Brassac du vingt sept may dernier, et des interestz de ladite somme despuis ledit jugement, le tout cotté.
474. Plus une, aultre obligation de la somme de quatre mille cinq cenz livres au proffit dudit sieur seigneur de Soubran, à l’encontre de messire François de Larochefoucaud, prince de Marcillac, et dame Andrée de Vivonne, son espouze, en datte du vingt uniesme juillet 1640, reçue Coytoux, nore royal, et sa minutte, au bas de laquelle est un advenant du septiesme juin 1641, portant approbation et ratiffication de ladite obligation reçue par ledit Coytoux, a laquelle sont attachées deux condempnations d’interestz en datte des quatre novembre et segond décembre 1641 et signés Quillet, commis du greffier, le tout cotté.
475. Plus une autre obligation de la somme de deux mille livres au proffit de ladite dame Comtesse de Jarnac, receue Cladier, nore royal, a l’encontre dudit seigneur abbé de Jarnac, du vingt septiesme aoust 1666, estant en sa minutte cotté.
476. Plus ladite dame a desclaré luy estre deubz, par promesses, ou par obligation, la somme de trois cenz livres par le seigneur abbé de Brassac, par la dame de Chaslut, sa sœur, dont ladite ou promesse ne s’est pas trouvée pour estre brouillée parmi d’aultres papiers, sur laquelle somme elle a desclaré avoir receu celle de trente trois livres.
477. Plus ladite dame a desclaré estre deubs à ses enfans plusieurs sommes de deniers, en principal et interestz, par le seigneur marquis de Montandre, pour raizon de quoy ladite dame est subrogée au descret de Monguyon quy se poursuit au grand Conseil.
478. Plus ladite dame nous a desclaré estre deubs quelques aultres sommes de deniers dont elle n’est memoratifve.
479. Et a ladite dame desclaré qu’elle et ses dits enfans doibvent pluzieurs sommes de deniers dont elle n’est précizemant memoratifve.
480. Plus le contrat de mariage dudit deffunt seigneur Comte de Jarnac et d’elle, receu Tourneur, nore royal à Xaintes, et datte du vingt sept janvier 1648, cotté par...
481. Plus le testamant mutuel dudit deffunt seigneur Comte de Jarnac et d’elle, receu Forest, nore royal, en datte du vingt troisiesme septembre 1665, auquel est attaché le codicille fait par ladite dame, receu mesme notaire que les presants, du vingt deux des présents mois et an, le tout cotté par...
482. Et à l’esgard des aultres papiers, tiltres et enseignemans de la maizon ils n’ont esté inventorizés, attendu le grand nombre d’yceux.
Ce fait, nous avons finy, clos et arresté le presant inventaire, et les meubles et effectz contenus en ycelluy sont demeurés es mains et puissance de ladite dame Contesse de Jarnac, ledit jour vingt huitiesme janvier 1668, en presance de Thoumas Yvert, maître apothicaire, demeurant au village du Four de la Chaux, pairoisse de Mainxe, et de François Gernereau, sieur de La Tousche, demeurant à Jarnac, lesquels recquis, quy ont signé avecq ladite dame...
483. Lesquelles choses cy dessus inventorizées, ladite dame nous a desclaré y avoir chez le nommé Boumirou, ticerant, du fil de chanvre pour faire deux douzaines de serviettes et dix ou douze linceulx, et y avoir encores dans le chasteau du fil de lin pour faire dix ou douze napes.
[Signé] C. de La Rochebeaucourt. — François Chabot. — F. Rangeard. — T. Yver. —F. Gernereau.—Filhon, notaire royal héréditaire.
Inventaire des meubles et effets existant dans le chateau de Jarnac en 1668, d'apres l'original des archives de la Charente / publ. et annote par Emile Biais
Château de Jarnac, Ses Barons et ses Comtes. <==
(1) En janvier 1648, Louis Chabot épousa demoiselle Catherine de La Rochebeaucourt.
Le contrat dudit mariage fut dait par Tournier, notaire royall à Saintes, à la date du 27 janvier 1648.
Fille de Jean de La Rochebeaucourt, seigneur de Sousbran, lieutenant pour le Roi en la ville d’Angoulême, et de Jeanne de Gallard de Béarn, damoiselle Catherine de la Rochebeaucourt, très répandue dans le monde angoumoisin, a signé au bas de nombrexu actes de mariages et surtout de baptêmes. Voici, a titre de renseignements, trois extraits des registres paroissiaux de l’église Saint Antonin qui portent son nom : Baptême « dans la chapelle du château du Roy, d’Angoulême » de Robert Delamon, fils de Robert Delamon, chevalier, enseigne de la première compagnie des Gardes du Roy, etc.. et dame Marie Renet : parrain : M. Nerins de Seton, exempt des Gardes du Roy, et marraine : « damoyselle Catherine de Livenne, fille de Loys de Livenne, sieur de Boismort, et de Jehanne Martin ; parrain : Jehanne de Montalembert, écuyer, sieur du Plessis, et marraine : demoiselle Catherine de La Rochebeaucourt. (22 novembre1635).- Baptême de Jacques, fils de Jacques de Montalemembert de Sers : parrain : Jacques du Perron, évêque d’Angoulême, et marraine : demoiselle Catherine de La Rochebeaucourt. (5 juin 1644)(Reg. Par. De Saint Antonin)
Il n’y a pas trace du mariage du comte de Jarnac avec demoiselle Catherine de la Rochebeaucourt dans les registres et cahier paroissiaux d’Angoulême ; il est probable que ce mariage fut célébré dans une chapelle privée, mais, dans ce cas, le curé d’une paroisse de cette ville l’aurait enregistré ; or, nous n’avons pu trouver cet acte là.
La bénédiction nuptiale fut peut-être donnée à la Rochebeaucourt.
Le 4 avril 1633 « messire Jean Galard de Béarn, comte de Brassac, seigneur de La Rochebeaucourt et autres places, gouverneur d’Angoumois et de Saintonge, ville et château d’Angoulême, fit son entrée en ladite ville et prit possession du gouvernement. »( Reg. Mémorial C.- AA. C Archives com. D’Angoulême.)
(2) Ce testament est publié à la suite de l’inventaire ci-après.
(3) Ce récolement est aussi rapporté.
(4) Jarnac était bien le lieu de résidence dudit seigneur Louis Chabot, comte de Jarnac, fils de Guy Chabot, « demeurant au château de Jarnac, pays d’Angoumois ». (jul : Dictionnaire critique de Biographie et d’histoire, art. Chabot : acte notarié, 1647.)
(5) « Les Plaisirs du Gentihomme Champestre…, par N. R. P (Nicolas Rapin, Poitevin). Paris, veuve de Lucas Brayer, 1583 », petit in-12 de 36 feuillets. Une réimpression de ce poème a été données par Benjamin Fillon. Paris, J. Techener, 1853.
(6) « O fortunatos nimium, sua si bona norint,
« Agricolas !...... »
(7) Vie privée de Louis XV, Londre, 1783.
(8) V. Mémoire sur l’Angoumois, par Jean gervais, lieutenant criminel au présidial d’Angoulême (1668-1733) : art. Noblesse d’Angoumois.
(9) Les liasses considérables des procès-verbaux d’inventaires et de vente des biens d’émigrés (1793) que j’ai dépouillées aux Archives départementales de la Charente m’autorisent à parler ainsi.
(10)Voir « Inventaire des meubles existant dans les châteaux de La Rochefoucauld, de Verteuil et de la Terne en 1728 » publié avec deux gravures et deux héliogravures, par P. de Flery. Angoulême 1880.
(11)Au commencement du XVIIIe siècle, le lieutenant criminel Jean Gervais écrivait : « la terre de Jarnac comprend seize paroisses ou enclaves, presque toutes de grande étendue et généralement situées dans un très bon pays, le long cours de la Charente ou à portée de ses ports ; elle vaut 23,000 livres de revenu.
La petite ville de Jarnac contient 300 feux. Les habitans sont, e grande partie, des bourgeois et gros marchands, que le commerce des vins et des eaux-de-vie, des sels et autres choses a rendus fort aisés ; ils sont presque tous religionnaires et assez difficiles à ramener.
Il y a peu de provinces, en France, d’une aussi petite étendue dans lesquelles il se trouve d’aussi grandes maisons, et dont un aussi grand nombre de seigneurs tirent leur origine.
« le château de Jarnac est une des plus grandes maisons de cette province et la mieux tenue ; il est dans une très heureuse situation, sur la Charente, qui le baigne, et a de fort belles issues. On voit sur le sommet du donjon la figure en plomd du combat fait en présence de Henri II, en 1547, entre les seigneurs de Jarnac et de La Châtaigneraie. » (Mémoire sur l’Angoumois, par J. Gervais, lieutenant criminel au présidial d’Angoulême, publiés par G. B de Rencogne. Paris Aug, Bry, M. DCCC. LXIV, in 8)
Sur une des six tours, d’inégale hauteur, il y avait cette figure en plomb de « M. de La Châtaigneraye avec une de ses jambes coupées » en mémoire du « coup de Jarnac ».
Elle fut abattue en 1793, par ordre du Directoire du district de Jarnac, comme « objet scandaleux a des patriotes ». (V.M. le Comte de Jarnac et son château, XVIII et XIX siècles, d’après des documents inédits, par Emile Biais.- Angoulême, 1884, in 8)
(12)Voir le maitre livre de M. Henri Jouin, lauréat de l’Institut : « Charles Le Brun et les Arts sous Louis XIV, le Premier Peintre, sa vie son œuvre, ses écrits, ses contemporains, son influence ». Imp. Nationales, 1889.
(13)Les meubles dessinés par cet artiste de premier ordre sont des modèles de délicatesse te de goût parfait.- V. Emile Biais : Les Pineau, sculpteurs ornemanistes, dessinateurs des bâtiments du Roi, graveurs architectes (1852-1886), d’après des documents inédits, avec des renseignements nouveaux sur J. Hardouin Mansard, les Prault, imprimeurs librairie des fermes du Roi, Jean Michel Moreau le jeune, les Feuillet, sculpteur et bibliothécaire, les Vernet, etc… édition illustrée des Bibliophiles français. ( Paris, Lahure, 1890)
(14)Mme de Maintenon écrivait : « La magnificence est la passion des dupes. » (Lettres XLIV) Quant il la connut, Louis XIV était moins…. Magnifique.
(15) V. Inventaire de Verteuil : il y a aussi porté une machine pour « tirer » de l’eau de fleur d’oranger, n° 789.
(16) Dans la « salle du trésor », on gardait les parchemins et les papiers de la maison ; ces titres constituaient le trésor de céans.
(17) Jacques Chabot, chevalier, seigneur de Jarnac, de Bion et d’Aspremont, fut retenu conseiller et chambellan du Roi le 22 septembre 1485 et mourut en 1546. Il avait épousé, le 15 septembre 1485, Madeleine de Luxembourg, veuve de Charles de Sainte-Maure, seigneur de Puyseuls, et fille de Thibault de Luxembourg, seigneur de Piennes, et de Philippe de Melun. Il eut trois enfants, parmi lesquels le célèbre amiral Chabot, dont le, « tableau » figurait dans la « grande salle des Alliances », au château de Jarnac. (V. Jal : Dictionnaire critique de Biographie et d’Histoire ; voir aussi M. le Comte de Jarnac et son château, par Emile Biais, 1884.) — Le tombeau de l’amiral Philippe de Chabot, par Jean Cousin, se trouvait dons l’église des religieux Célestins, à Paris ; ce chef-d’œuvre est déposé actuellement au Louvre : musée de la Renaissance.
(18) On connaît les armoiries des Chabot, seigneurs de Jarnac : d’or, à trois chabots de gueules mis en pal : 2 en chef et 1 en pointe.
(19) resté en blanc
(20) resté en blanc
(21) Probablement des linges à l’usage de la boulangerie.
(22) Évidemment il s’agit là des armes des Rohan-Chabot. La maison de « Rohan porte de gueules, à neuf macles d’or rangées trois a trois. — Chabot porte d’or, à trois chabots de gueules mis en pal : 2 en chef et 1 en pointe ». (Indice armorial, par Louvan Geliot. Paris, 1635.) Le notaire, ignorant les éléments du blason, a pris les macles pour des losanges.
(23) Du nom de la commune de Trois-Palis, canton d’Hiersac, arrondissement d’Angoulême.
(24) Archepipe : arche ou l’on met les pipes (mesure) (?).
(25) Pétrin