Assemblée générale des églises réformées de France, tenue à Saumur en1611

Henri de Béarn, ayant obtenu Saumur comme place de sureté, y nomma comme gouverneur Duplessis-Mornay

L'assassinat du roi Henri IV met un terme à la paix civile et la tolérance qui règne dans le Royaume de France entre catholiques et protestants depuis la fin des guerres de Religion en 1598.

27 mai - 12 septembre : assemblée générale protestante à Saumur, élaborant un plan d’organisation politique, fut accordée pour le remplacement des Députés généraux en exercice, s'ouvre le 27 mai 1611, présidée par Duplessis.

Le bruit courait que les protestants prétendaient obtenir des places de sûreté dans les provinces où l'édit de Nantes ne leur en avait point accordé ; qu'ils voulaient se faire autoriser à employer à l'entretien de leurs ministres les dîmes que, d'après le même édit, ils étaient obligés de payer au clergé catholique; enfin que leur intention était de resserrer les liens de leur parti en renouvelant leurs serments.

 Ces bruits causèrent de vives inquiétudes à la Cour.

Les protestants, au lieu de procéder à la nomination de leurs candidats, s'occupèrent, dès le début de l'assemblée, à proposer de nouvelles formules de serment pour s'unir entre eux plus étroitement que jamais, et à rédiger le cahier des plaintes qu'ils voulaient adresser à la Cour.

Comme il était arrivé depuis peu, à Châtillon-sur-Indre, une émeute où les protestants avaient été fort maltraités, l'assemblée envoya à la régente un député pour lui demander justice et lui déclarer qu'elle ne traiterait aucune affaire avec les commissaires que le roi devait lui envoyer, tant qu'on n'aurait pas accordé aux protestants une pleine et entière satisfaction.

 

L'assemblée de Saumur n'avait été autorisée que pour nommer les agents qui devaient représenter le parti auprès du gouvernement; la coutume était de présenter six candidats au roi, qui en choisissait deux pour agents, mais l'assemblée de Saumur ne voulait pas s'en tenir à cette simple désignation, aussi les plus grands seigneurs du parti s'y rendirent-ils; on y vit les deux De Sully, De Bouillon, Henri II duc de Rohan, Henri de La Trémoille duc de Thouars, (alors âgé de 12 ans), Soubise, La Force, ChâtilIon, Lesdiguières (1).

 

Agrippa D'Aubigné nous dit, dans ses Mémoires :

« Nous voilà à l'Assemblée de Saumur, à l'ouverture de laquelle Monsieur de Boissise ayant fait de grandes promesses à Aubigny eut pour responce : J'auray de la Roy ne ce que j'en désire, c'est qu'elle me tiendra pour bon Chréstien et bon François.

Depuis on despescha exprès la Varenne pour luy, qui le courtisa d'une façon desmesurée ; si bien qu'un des corrompus luy disant devant M. de Bouillon: Qu'est allé faire La Varenne en vostre logis, douze fois depuis hier matin ? la responce fut : Ce qu'il fit au vostre dès la première et n'a sçeu faire au mien en douze fois . »

Élaboration d'un nouveau Règlement général par une commission spéciale (dont faisait partie d'Aubigné).

L'Assemblée prétend élire directement les deux Députés généraux ; la Régente résiste, l'assemblée se soumet, et présente 6 candidats (5 sept.) : MM. de Rouvray et de la Milletière nommés ; prorogation des places de sûreté pour 5 ans à dater du 1er janvier suivant, III, 3-14.

Le 5 juin (1611), Bullion et Boissise, conseillers d'État, arrivèrent à Saumur en qualité de commissaires du roi près les Églises protestantes.

Le 7, ils prirent séance dans l'assemblée et déclarèrent que la Cour voulait observer fidèlement les édits accordés précédemment aux protestants et interpréter, même à leur avantage, tous les décrets qui pourraient présenter quelque ambiguité; mais en même-temps, ils sommèrent l'assemblée de procéder au choix de ses candidats.

 L'assemblée, après avoir protesté de son entière soumission au roi, nomma deux députés pour porter aux commissaires royaux les plaintes touchant les événements de Châtillon-sur-Indre.

Elle continua ensuite de travailler à la rédaction de son cahier.

Le 14, les commissaires apportèrent à l'assemblée des lettres de la régente et un arrêt du conseil qui chargeait un maître des requêtes de l'examen et du jugement de ce qui s'était passé à Châtillon; ils demandèrent de nouveau avec instance l'élection des candidats; l'assemblée, qui ne jugeait pas suffisante la satisfaction qu'on lui avait accordée, refusa positivement de procéder à cette élection, acheva la rédaction de son cahier, et nomma cinq députés pour aller le présenter à la Cour.

 

Le 24 juillet, la régente Marie de Médicis renouvelle le privilège des places de sûreté et augmente de 45 000 livres les sommes consacrées au salaire des pasteurs

Le chancelier, après en avoir pris connaissance, dit aux députés que le roi leur accorderait une augmentation de quarante-cinq mille livres sur les fonds destinés à l'entretien de leurs ministres, et qu'il leur garantissait encore pour cinq ans la possession des places de sûreté que l'édit de Nantes leur avait accordées.

Quant aux autres demandes, le chancelier ne promit réponse qu'après la désignation des candidats par l'assemblée. Les députés élevèrent certaines prétentions qu'ils furent obligés d'abandonner, et ils reçurent l'ordre de retourner à Saumur.

Bullion, qui était revenu à Paris, fut chargé du cahier des protestants et des réponses de la Cour, mais il ne dut point communiquer ces réponses à l'assemblée avant l'élection des candidats.

Jusqu'au premier septembre, l'assemblée fit des difficultés, mais enfin elle céda, nomma ses candidats, et reçut alors communication des réponses faites par la Cour a son cahier.

Richelieu dit de l’assemblée « composés de telle façon, que quand le conseil eût été huguenot il n'eût su leur donner satisfaction ».

La division du royaume en huit cercles, formant quinze ou dix-huit provinces, qui obéissaient à un conseil central, fut l'oeuvre de l'Assemblée de Saumur, oeuvre qui d'ailleurs n'a jamais été réalisée; elle ne pouvait l'être. L'administration officielle était trop rudimentaire, le pouvoir régulier était encore bien trop décentralisé pour que l'opposition, même l'opposition religieuse, ait pu réussir un pareil essai de centralisation.

Les protestants n'en furent pas satisfaits, mais la régente se hâta de choisir les deux agents qui devaient traiter au nom de tout le parti et, le 9 septembre, l'assemblée de Saumur fut dissoute par ordre du roi.

 

 

Histoire de l'Église de France : composée sur les documents originaux et authentiques par l'abbé Guettée

Histoire générale du IVe siècle à nos jours. Les Guerres de religion. 1559-1648 / ouvrage publié sous la direction de MM. Ernest Lavisse

 

 

 

 ==> Bataille du Pont de Cé -Château de Brissac, Louis XIII, Marie de Médicis et Richelieu

 


 

1 Lesdiguières se fit catholique quelque temps après.