Mirebeau et ses seigneurs - Castellum quod vocatur Mirebellum in comitatu Pictav
Castellum quod vocatur Mirebellum in comitatu Pictav (vers 1000 dipl, du roi Robert pour l’abbaye de Cormery)
Castrum quod dicitur Mirabel, vers 1050 (cartulaire de Saint Nicolas)
Castrum Mirabelli vers 1051 (Fonteneau, t. XVIII, p 115)
Miribellum, 1092 (Bouquet, t. XIV, p85)
Petrus de Mirabel, vers 1100 (cart. De St Cyprien de Poitiers, p82)
Mirabella (sirv. De Bertrand de Born, seigneur troubadour, ap. Raymouard, François-Just-Marie, Choix de poésies des troubadours, t. IV, p.146) (A)
Mirebeau, 1259 (ch. A la bibli. De Poitiers)
Mirebea, 1273 (abbaye de Fontaine le Comte)
Dominus de Mirembello, 1275 (abbaye de St Cyprien)
Mirabiau, 1278 (chapitre de saint Martin de Tours)
Prioratus seu elemosinaria de Mirabello Sicco, 1350 (prieuré de st Jean de Mirebeau, bulle du pape Clément VI)
Mirebeau en Poitou, 1859 (Dictionnaire des postes)
Cette commune comprenait le territoire des cinq anciennes paroisses de Mirebeau et de celle de Sully.
Il y avait à Mirebeau une église collégiale sous l’invocation de Notre-Dame, fondée en 1200 par Maurice de Blazon, évêque de Poitiers ; le prieuré de Saint André ; le prieuré ou aumônerie de Saint Jean l’Evangéliste ; un couvent de cordeliers, fondé vers 1295, et un couvent de Filles de Saint François, fondé au XVe siècle.
Les cures étaient au nombre de cinq, dont quatre dans la ville : ecclesie S. Andree, S. Marie, S. Petri et S. Ylarii, que quator sunt Mirebelli, 1102 (cartulaire de Bougeuil, p. 89), à la nominationSaint-André, de l’abbé de Bourgueil (Indre et Loire), Notre Dame et Saint Hilaire, du chapitre de Mirebeau, et Saint-Pierre, de l’évêque ; et une cure hors la ville, la Madeleine.
Celles de Notre Dame et de Saint André ont seules été rétablies en 1803. La paroisse de Saint Pierre ne comprenait que douze maisons en 1728 et, de même que celle de Saint Hilaire, ne s’étendait pas hots la ville.
L’archiprétré de Mirebeau, en l’archidiaconé de Poitiers, était uni à la dignité de chevecier du chapitre de Notre Dame ; son territoire renfermait les paroisses de Mirebeau, Amberre, Bournezeau, Boussageau, Cernay, Chouppes, Coussay, Dandesigny, Doussay, Frontenay, Ligniers-Langout, Poligny, Saint Aubin du Dolet, Sauvs, Sully, Thurageau, Varennes et Verrue.
Mirebeau fut le siège d’une chapellenie, castellania Mirebellensis, vers 1090 (cart. Saint Cyprien, p.83), qualifiée baronnie dès la fin du XIVe siècle, laquelle relevait du château de Saumur et dont la juridiction s’étendait sur un petit pays appelé le Mirebalais.
Cette baronnie, qui faisait partie de la sénéchaussée de Saumur, fut acquise en 1628 par le cardinal de Richelieu ; dès lors les appels des jugements rendus par le sénéchal de Mirebeau furent portés à Richelieu et de Richelieu au parlement de cas présidiaux, dont connaissait le présidial d’Angers ; le siège de Saumur n’eut plus dans le Mirebalais que la connaissance des cas royaux (Coustume du pays et duché d’Anjou, conférée avec les coustumes voisines ; Angers, 1751, p.449).
L’élection créée à Richelieu vers la même époque absorba en 1657 celle qui avait été institué à Mirebeau sous le règne de François 1er.
La ville était entourée de murs flanqués de tours ; on voit des restes de cette enceinte, reposant sur un rocher crayeux dans lequel s’ouvrent des habitations souterraines. Le château, bâti à la fin du Xe siècle par Foulques Nerra, comte d’Anjou, fut démoli par ordre du cardinal de Richelieu, baron de Mirebeau. Arthur de Bretagne y fut fait prisonnier en 1202 par son oncle Jean sans Terre.
De ce château relevaient plus de 110 fiefs, et entre autres les châtellenies de Chéneché, Purnon et Doussay, et la baronnie de Grisse.
En 1790 Mirebeau devint le chef-lieu d’un canton dépendant du district de Poitiers et formé des communes de Mirebeau, Amberre, Blalay, Bournezeau, Champigny-le-Sec, Cuhon, Liaigue, Massogne, Sully, Thurageau et Varennes. Cette circonscription fut modifiée en 1801.
Liste des Seigneurs de Mirebeau
Armoiries : Écartelé: aux 1er et 4e de gueules au pal d'argent, aux 2e et 4e d'argent à la fasce de gueules.
Guillaume, seigneur de Mirebeau et de Montbazon (1017-1044).
Le Mémoire sur l'Anjou, rédigé en 1699 par Thomas Hue. chevalier, seigneur de Miromesnil, intendant de la généralité de Touraine, sur la demande du duc de Bourgogne, en exécution des ordres de Louis XIV, contenait à l'article « MIREBEAU » le paragraphe suivant :
« La ville et baronnie de Mirebeau, située dans l'élection de Richelieu et dans le diocèse de Poitiers, est dépendante du duché d'Anjou. Elle fut bâtie par Foulques Nerra, qui en fit don à Guillaume, chef de l'ancienne famille du nom de Mirebeau (1). »
Le généalogiste La Chesnaie-des-Bois, prétendant de son côté faire connaître l'origine de l'antique maison de Brisay, s'exprime ainsi :
« Geoffroi dit Grisegonnelle comte d'Anjou grand maître de France et connétable, qui, suivant le Féron, fut seigneur de Mirebeau en 988….., laissa plusieurs enfants entre autres Guillaume, seigneur de Mirebeau en 1022, qui, suivant l'histoire d'Anjou, prit le nom de son apanage et vivait encore en 1035 (2). »
De ces deux assertions formelles je retiens seulement la première.
En effet, que Foulques Nerra, après avoir doté d'une forteresse le petit bourg de Mirebeau, en ait confié la défense à l'un de ses plus fidèles chevaliers, que ce chevalier se soit nommé Guillaume et ait joint à ce nom celui du château dont il avait la garde, ou près duquel sa famille possédait d'importants domaines, je ne vois là rien que de très-vraisemblable, bien qu'aucun document contemporain ne l'ait officiellement prouvé.
Les chroniques d'Anjou parlent seulement d'un Guillelmus Mirebelli chargé, en 1017 suivant les uns, en 1039 suivant les autres, de gouverner le château de Montbazon après que ce château eut été reconquis sur le comte de Blois par le comte d'Anjou (3). Mais ce que je crois tout à fait récusable, c'est l'assertion de La Chesnaie-des-Bois, qui, sur la foi d'une prétendue histoire d'Anjou (4), déclare sans hésitation le Guillaume de Mirebeau, vivant en 1022 et 1035, fils de Geoffroi Grisegonnelle, comte d'Anjou, lequel, au dire des meilleurs auteurs, n'aurait eu que quatre enfants 1° Foulques; 2° Geoffroi; 3° Ermengarde, de sa première femme, Adélaïs de Vermandois et 4° Maurice, de sa seconde femme, Adèle de Châlon.
Toutes les chroniques étant d'ailleurs muettes sur ce point, il est prudent de conclure de leur silence que le chevalier auquel Foulques Nerra confia la garde du château de Mirebeau pouvait être son parent ou son allié mais qu'à coup sûr il n'était pas son frère.
L'existence, mais non l'origine d'un Guillaume de Mirebeau, gouverneur de Montbazon, étant admise, quels furent en Mirebalais les actes de ce seigneur?
Eut-il des descendants, et, dans l'affirmative, quelle fut leur destinée?
En ce qui concerne ses actes, je n'hésite pas à dire que l'on n'en connaît aucun, et que, en dehors de la mention extraite de D. Bouquet, le nom de Guillaume Ier de Mirebeau, vivant en 1017 ou 1039, n'est pas une seule fois prononcé.
Quant à ses descendants, voici en quelques mots ce qu'il m'est permis d'en penser.
A la fin du Xe siècle, une certaine portion du territoire mirebalais était la propriété de la famille Isembert. De 1050 à 1100 environ, une autre famille assez nombreuse, très-certainement alliée à la précédente, me paraît posséder à son tour la plupart des terres avoisinant le bourg de Mirebeau, et couvrir de ses rameaux à peu près tout l'espace compris entre Sauves à l'ouest et Faye-la-Vineuse au nord-est.
Dans les actes qui les concernent, ces terres sont presque toujours dites indivises entre tous les contractants ou signataires dont les liens de consanguinité sont assez souvent indiqués.
De temps à autre, la qualification territoriale Mirebelli ou de Mirebello accompagne dans les chartes le nom propre de certains membres de cette famille mais cette indication est extrêmement rare à cette époque, où le fils aîné se borne généralement à ajouter à son nom celui de son père, parfois celui de sa mère, où les fils cadets portent le nom qui leur plaît, et où, le plus souvent, l'historien ne rencontre pour guide que des noms de baptême pendant plusieurs générations.
Malgré cette difficulté très-sérieuse, j'ai tenté d'acquérir une connaissance exacte de cette race, et, après une étude approfondie, je crois pouvoir affirmer qu'elle est bien véritablement issue du Guillaume qui m'occupe en ce moment, auquel succédera dans le gouvernement du château et la possession de la seigneurie le personnage suivant, que je crois son fils et qui va continuer la première série authentique des seigneurs de Mirebeau, très-peu connus jusqu'à ce jour (5).
Il. BARTHÉLEMI, archevêque de Tours, seigneur de Mirebeau (1052- 068).
Plusieurs documents constatent authentiquement l'existence, au temps de Geoffroi Martel, de Barthélemi, prévôt de l'Église de Poitiers vers 1047, puis archevêque de Tours de 1052 à 1068, comme gouverneur du château et possesseur de la seigneurie de Mirebeau.
La notice de la fondation du prieuré de Saint-André, mentionnée plus haut (6), établit que la terre achetée par les moines de Bourgueil était voisine de ce château, tenu en fief par Barthélemi (7). A l'occasion de cette fondation pieuse, l'archevêque, voulant assurer le repos de son âme et étendre le plus largement possible le service de Dieu dans la cité mirebalaise, attribue à ladite acquisition une partie de ses droits sur les autres églises de la ville, savoir la moitié de tous leurs revenus, la totalité des rétributions d'un grand marché perçues à la fête de saint Barthélemi, plus la moitié d'un autre marché qui a lieu le jour de saint André, toutes choses qu'il tient en fief du comte d'Anjou (8). Voulant honorer particulièrement les religieux qui vont s'installer à Mirebeau, Barthélemi oblige les curés des mêmes églises à venir, les jours des Rameaux et des Rogations, en procession, revêtus de leurs chapes, à l'église Saint-André, et à se réunir aux moines pour continuer ensemble la procession.
Mais, par réciprocité, et en considération de ce que l'église du château est dédiée à la Vierge Marie, les moines de Saint-André, à leur tour, devront y venir en procession le jour de l'Assomption, pour célébrer la messe en commun avec le clergé de cette église.
Barthélemi ajoute à ces dons celui de plusieurs terres qu'il possède en propre hors la ville et sur le chemin d'Amberre, et donne toutes ces choses en franche aumône, sauf le cens attaché à certaines terres, que les moines devront payer à qui de droit, ainsi que cela est juste (9).
Quelle était l'origine de ce seigneur?
A vrai dire, je l'ignore, et le savant continuateur du Gallia christiana se borne à le dire frère d'un certain Jean de Chinon (10).
Ces deux frères sont effectivement mentionnés dans un grand nombre de cartulaires, et particulièrement dans l'acte de fondation du prieuré de Saint-Mexme de Chinon, vers 1055 (11).
Le Livre des Serfs de Marmoutiers fait également connaitre une soeur de Barthélemi, nommée Frésende de Saint-Flovier, qui de Guillaume de castro Lansulœ (12) avait trois fils 1° Etienne, 2e Iszelon, 3° Geoffroi. Ce dernier, abbé des chanoines de Saint-Pierre du Dorat, est cité, en 1066, comme neveu de l'archevêque de Tours, dans une charte d'Aimon, archevêque de Bourges, relative à l'abbaye de Preuilly (13).
Parmi les signataires de la charte de Saint-André précitée, figure Hugues, également dénommé neveu de l'archevêque.
L'existence de Jean de Chinon est à son tour parfaitement prouvée.
Il était gouverneur du château dont il portait habituellement le nom, et en même temps seigneur de celui de Montbazon, qui fut l'apanage de sa postérité pendant plusieurs générations.
Est-il trop téméraire, dès lors, d'avancer que Barthélemi, seigneur de Mirebeau et Jean, seigneur de Montbazon, dont la consanguinité est certaine, ont dû avoir pour père commun Guillaume, qui possédait ces deux importants domaines en 1017 ou 1039?
En l'absence de toute autre opinion sérieuse, j'ai dû m'arrêter à celle-ci, dont le lecteur appréciera la vraisemblance.
Laissant de côté cette difficulté généalogique, je reviens aux actes par lesquels Barthélemi signale sa présence en Mirebalais et son autorité sur le château de Mirebeau. Je cite, pour mémoire seulement, une seconde notice, écrite vers 1053 par les moines de Bourgueil, pour rappeler à la postérité (car, disent-ils, les vivants la connaissent assez) la fondation mémorable du prieuré de Saint-André (14).
En 1059, Geoffroi Martel, prenant sous sa protection tous les biens appartenant au monastère de Saint-Nicolas, et particulièrement la terre d'Agressay donnée à ce couvent par Agnès, comtesse de Poitou, charge de sa défense Barthélemi, seigneur de Mirebeau, dont il avait reçu le serment de fidélité (15).
Vers 1060, et pour la dernière fois, l'intervention de cet archevêque est constatée dans un acte par lequel Geoffroi le Poitevin, fils de Girberge, Indie de Mirebeau sa femme, et leurs neuf enfants, concèdent aux moines de Saint-Cyprien quelques héritages provenant de l'aleu dudit Geoffroi et situés aux villages de Cragon, Milly et Poué, toutes terres relevant de la seigneurie de Mirebeau (16).
Le Gallia christiana, auquel tous les faits qui précèdent restent inconnus, donne sur Barthélemi d'autres détails biographiques relatifs à ses fonctions archiépiscopales, mais étrangers à mon sujet. Je les néglige à mon tour, ne leur empruntant que la date de sa mort, arrivée en 1068.
D'après le nécrologe de Bourgueil, un anniversaire était célébré en mémoire de cet archevêque le 4 des ides d'avril (17)
III. – Payen de Montbazon, seigneur de Mirebeau
(sans date).
En 1069, peu après la mort de Barthélemi, Isembert II évêque de Poitiers, se trouvant à Mirebeau datait de cette ville un acte constatant que Geoffroi de Blois avait fait don à l'abbaye de Bourgueil de deux églises situées dans sa ville d'Argenton.
Les témoins laïques de cette donation étaient Jean de Chinon, Aimeri Payen son fils, Rainaud de Senessay, Arbert de Saint-Jouin et Pierre son frère (18). A part cette charte qui constate le séjour à Mirebeau du neveu de l'archevêque, il n'existe qu'une seule donnée pouvant établir que Payen aurait eu ou exercé quelques droits sur cette seigneurie.
C'est une charte-notice de l'an 1096 environ, relative à des vexations qu'un Guillaume, alors princeps castri Mirebelli, faisait subir à quelques habitants du village de Vouzailles. Il y est écrit que les individus molestés par ce personnage avaient été favorablement accueillis dans la terre de ce nom, avant le temps où Payen reçut le fief de Mirebeau (19).
Il est peu probable que ce seigneur ait longtemps gouverné le château de Mirebeau dont il prit pourtant le nom, alternativement avec ceux de Chinon et de Montbazon, pendant le cours de son existence.
En effet, vers 1070, Payen de Chinon revint s'installer au château de Montbazon, précédemment enlevé à son père, et qu'il venait de racheter avec le produit de nombreuses exactions commises au préjudice de l'abbé de Saint-Florent de Saumur(20).
Montbazon fut vendu plus tard vers 1115, à Foulques le Jeune par Jean II, fils de Payen, lequel, n'ayant reçu que la moitié du prix, prétendait le garder; mais le comte d'Anjou en fit le siège et s'en empara (21).
IV. GUILLAUME, deuxième du nom, seigneur de Mirebeau
(1077-1125).
Ce Guillaume apparait pour la première fois en 1077. Si aucun lien de parenté ne semble l'unir à ses deux prédécesseurs, il n'en est pas de même à l'égard de Guillaume, premier du nom.
En examinant avec attention les chartes mirebalaises du XIe siècle, je suis porté à croire que Guillaume Ier tenait, par les liens du sang ou par une alliance, à un seigneur de Braye nommé Milon connu d'une manière certaine pour avoir été père de Pierre et d'Arbert de Saint-Jouin, de Milon de Nueil et peut-être aussi d'Indie de Mirebeau et d'Aldéarde (22). Cette opinion est basée principalement sur la communauté de biens existant entre les enfants issus de ces divers personnages, qui se manifeste à chaque instant dans les donations faites par eux à plusieurs couvents pendant le XIe siècle.
Guillaume, deuxième du nom, ayant, comme on le verra tout à l'heure, possédé lui-même, en indivis avec Arbert de Saint-Jouin, des biens patrimoniaux situés à Braye, j'ai cru pouvoir en conclure qu'il était son neveu, et probablement né de Pierre de Saint-Jouin vivant en 1052 et 1069, fils certain de Milon de Braye, lequel aurait épousé une fille de Guillaume Ier.
En dehors de cette hypothèse, il est avéré que notre Guillaume avait un frère nommé Jacquelin de Mirebeau, et qu'ils avaient une aïeule commune se nommant Agnès. Cette dame, dont l'origine n'est pas connue, mais que l'on rencontre, dès l'année 1034 à la cour des comtes de Blois, épousa en premières noces un seigneur dont le nom est également ignoré.
Doit-on le voir dans un certain Rainier le Chauve père de Letgarde, laquelle en 1066, déclarait renoncer aux droits qu'elle prétendait avoir sur une maison sise à Tours, autrefois donnée par la dame Agnès aux chanoines de Saint-Martin? Je serais assez disposé à le penser et, dans ce cas, la vraisemblance résultant de la concordance des dates aussi bien que de l'identité de ce domaine, revendiqué de nouveau, en 1086, par Guillaume et Jacquelin comme venant de leur aieule, voudrait que cette Letgarde eût été leur mère (23)
La revendication de cet immeuble donna effectivement naissance à un procès dans lequel les parties avaient invoqué le jugement de Dieu.
Bien que les intérêts du pays mirebalais ne soient point en jeu dans ce petit drame, il m'a paru utile de retracer les péripéties d'une scène très- fréquente en Anjou pendant le moyen âge, et qui se passa dans une localité voisine de Mirebeau, à propos de la possession vivement disputée d'une maison située à Tours (24).
A une époque comprise entre les années 1081 et 1086, Guillaume de Mirebeau et Jacquelin. son frère, contestaient aux chanoines de Saint-Martin de Tours la possession d'une maison de pierre, située sur la place Saint-Martin, devant les boutiques des changeurs, sous prétexte qu'elle avait été bâtie autrefois par Agnès, leur aïeule, et devait par conséquent faire partie de leur héritage.
Les clercs de Saint-Martin prétendaient, au contraire, que la dame Agnès avait fait bâtir cette maison en cet endroit h la condition expresse qu'après sa mort elle rentrerait dans le domaine des chanoines.
Personne n'ignore le degré de puissance auquel était arrivé le monastère de Saint-Martin de Tours. Cette communauté, enrichie de siècle en siècle par les libéralités des fidèles, possédait de nombreuses terres et redevances sur tous les points de la France, menait la vie féodale, et ses abbés traitaient d'égal à égal avec les seigneurs les plus puissants. Il fallait que les deux frères susnommés fussent alors de bien grands personnages pour que les moines tourangeaux n'osassent s'emparer de vive force d'une maison bâtie sur leur propre terrain circonstance qui a bien prendre, donnait à leur affirmation toute l'apparence de la vérité.
Après bien des pourparlers, Guillaume de Mirebeau et son frère, désirant en finir, s'engagèrent à renoncer à leur réclamation si les chanoines de Saint-Martin prouvaient, par le jugement de l'eau bouillante, la légitimité de leurs prétentions à l'immeuble en litige.
Ces derniers, forts de leur droit, ou peut-être simplement confiants dans l'habileté de leurs champions, acceptèrent sans difficulté la proposition des deux frères.
Le lieu choisi pour l'accomplissement de cette épreuve fut le village de Blaslay, en Mirebalais, où, comme on l'a déjà vu, le chapitre de Saint-Martin possédait une prévôté depuis le VIIIe siècle et l'homme chargé de soutenir la cause de l'abbaye fut un vassal de cette cour, nommé Pierre.
Au jour dit, c'est-à-dire le 20 janvier, fête des saints Sébastien et Fabien, le doyen de Saint-Martin, nommé Geoffroi, son neveu Gautier, Fouchier, sous-doyen, et son neveu, également nommé Fouchier, Robert de Vendôme, Giroir, prêtre, Geoffroi Clérembauld, Raoul de Bourgueil et Pierre de Blaslay, se trouvèrent réunis.
Alors, en présence de Renaud de Senessay, de Robert fils de Frotmond de Guillaume Dupanloup et de Gautier de Chambon, que Guillaume de Mirebeau avait envoyés pour le représenter, Pierre de Blaslay affirma par serment l'équité des prétentions du monastère.
Je n'entrerai point ici dans les détails minutieux de la cérémonie qui dut alors s'accomplir et fut sans doute conforme aux usages de l'époque. Il faut lire en entier les pages émouvantes consacrées par M. Marchegay (25) au récit d'une semblable épreuve, qui eut lieu en Anjou en 1066.
La notice du procès qui m'occupe ne révèle du reste aucun de ces détails. Il est vraisemblable qu'aucune défaillance ne se manifesta chez le courageux champion des moines qu'il plongea bravement sa main dans une chaudière remplie d'eau en ébullition pour en tirer une petite pierre, et il est certain qu'après en avoir été retirée, cette main fut enveloppée de linges sur lesquels fut apposé le sceau des chevaliers mandataires de Guillaume de Mirebeau, ainsi que celui du doyen Geoffroi.
Le troisième jour, c'est-à-dire le 22 janvier, fête de saint Vincent, en présence des quatre envoyés de Guillaume, la main de Pierre de Blaslay fut découverte et trouvée saine et sauve, venant ainsi attester publiquement la bonté du jugement de Dieu.
De nombreux témoins, au nombre desquels figurent Aimery du Marché, chapelain du seigneur de Mirebeau, Raoul de Chouppes, Jordan fils d'Indie de Mirebeau, rendent hommage à la vérité.
Dans le moment même où la main de Pierre de Blaslay fut découverte, survint l'archidiacre Pierre le Poitevin, à la tête du clergé de Saint-Pierre et accompagné de Jean Guillaume de Saint-Savin, Geoffroi fils de Renaud de Senessay, Robert le Verrier et son frère Pierre. Du côté des moines, accoururent également Étienne Bordet, Jean de Courcelles, Renaud de Coué, Bérenger de Ligueil, Gautier de Faye, Gautier de Rigny, Garnier, doyen, Étienne du Puy, Bérenger, serviteur du doyen, et Durand, prévôt. Tous affirmèrent que la main était intacte.
Enfin, dans la soirée, Guillaume de Mirebeau se rendit lui-même avec Rainaud…. auprès du doyen de Saint-Martin, et déclara solennellement renoncer à la possession de la maison bâtie par son aïeule Agnès (26).
A part cette charte, aucun acte concernant Guillaume ne mentionne un degré certain de parenté entre lui et ses contemporains.
Je le rencontre pour la première fois, le 4 août 1077, avec le titre de major Mirebellensium, confirmant l'acte de donation d'un moulin situé au village de Marconnay, faite à l'abbaye de Bourgueil par Aldebert, petit-fils de Gontier, fils d'Arnaud et de Nivie, sœur de Geoffroi, neveu et nièce de Renaud….. etc. (27).
Vers 1080, il est témoin d'un don fait à l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers par Arbert de Saint-Jouin, Thomasse Borrel, sa femme, et Guillaume, leur fils, de plusieurs droits et héritages situés à Sauves (28).
A la même époque (1080) dans le don des églises de Braye, avec leurs dépendances, fait par les mêmes seigneurs aux moines de Saint-Cyprien, il est spécifié que ces églises font partie du fief de Guillaume de Mirebeau, qui signe avant les donateurs (29).
Vers l'année 1088, dans le don de l'église de Saint-Pierre de Turageau, fait par Simon Maingod, second mari de Thomasse Borrel, Guillaume, fils d'Arbert, Robert, fils d'Indie, et autres seigneurs tous parents, notre Guillaume signe encore avant les donateurs, et cette fois comme seigneur du Mirebalais (30).
Vers 1089, on voit encore sa signature apposée sur l'acte de donation de l'église de la Chaise, à l'abbaye de Saint-Florent de Saumur, par Pierre, évêque de Poitiers (31).
En 1096, le don fait par Jacquelin (de Mirebeau), Aléarde, femme de ce dernier, Hugues et Marie leurs enfants 1° d'un moulin situé entre le gué de Sauves et le moulin de Cragon, etc., de quelques vignes dans le clos de Sauves, avec la dime de ce clos, est confirmé a près les donateurs par Guillaume de Mirebeau (32).
Vers 1102, il confirme encore le don de la terre de Ségène par Bernard, abbé, fils de Thibaud (33).
Vers le même temps, un bref du pape Pascal II adressé à Pierre II, évêque de Poitiers, et portant commission de faire cesser l'usurpation de la terre d'Agressay, désigne un Guillaume de Mirebeau comme étant le ravisseur des biens de Saint-Nicolas (34).
Il est aisé de prouver qu'il ne s'agit point du Guillaume qui m'occupe en ce moment.
Le voleur (raptor) dont le pape ordonne de faire justice était fils d'Arbert de Saint-Jouin et de Thomasse Borrel. Pour ne pas sortir des chartes relatives à la terre d'Agressay, je remarque qu'il était de tradition dans la famille de Saint-Jouin de molester les bons moines de Saint-Nicolas et d'envahir leur terre.
Déjà, en 1080, un arrangement avait eu lieu entre ces religieux et ledit Arbert de Saint-Jouin au sujet d'une invasion que ce dernier s'était permise. On y voit qu'Arbert, définitivement persuadé par toutes les bonnes raisons qu'on lui donne, assailli par les prières des chanoines, celles de ses frères et de Pierre de Luché qui tenait une partie de la terre en litige, consent à abandonner ses prétentions, mais non toutefois sans exiger une somme considérable, comme quatre cents sols, et autres choses de valeur, etc.
En 1088 Arbert était mort, laissant un jeune fils nommé Guillaume. Thomasse Borrel sa veuve remariée à Simon Maingod, voulait, d'accord avec son second mari, recommencer les excès précédemment commis contre les moines.
Toutefois, autant par les conseils et jugement de Guillaume, seigneur de Mirebeau, et d'autres barons, que pour assurer le repos de leurs âmes Simon Maingod et sa femme renouvellent la convention acceptée par feu Arbert de Saint-Jouin, de respecter la terre d'Agressay (35).
Mais sans doute, en 1106, Guillaume, fils d'Arbert, refusait de ratifier la promesse de ses père et mère; c'est pourquoi Pascal II rappelle dans son bref qu'il s'agit d'une terre violemment enlevée par ce Guillaume, dont le père, ayant commis le même crime, avait été autrefois excommunié par le pape Urbain II, son prédécesseur.
Bien que la lettre du pape contienne les noms de Guillaume de Mirebeau on voit qu'il ne s'agit point du seigneur de cette ville (36). Je rappellerai d'ailleurs pour ne laisser aucun doute qu'en 1080 et 1088, on a vu, dans plusieurs actes de donation souscrits au profit de l'abbaye de Saint-Cyprien la signature de Guillaume fils d'Arbert à côté de celle de Guillaume seigneur de Mirebeau.
C'est donc à tort que l'auteur d'un Mémoire pour établir la communauté d'origine entre les maisons de Blois, Châtillon et Marconnay, donne à entendre (37) qu'au XIe' siècle la seigneurie de Mirebeau était indivise entre plusieurs familles. G
Guillaume II avait assisté, en 1118, à la bataille d'Alençon, livrée par le comte d'Anjou, Foulques le Jeune, à Henri Ier, roi d'Angleterre (38) et, quelques années auparavant, il avait signé, avec Berlay de Montreuil, une charte par laquelle Rainaud de Craon, fils de Robert le Bourguignon, abandonnait au prieuré de Triou, en Loudunais, diverses choses dont il s'était injustement emparé (38).
Enfin en 1125, il est indiqué comme seigneur des Mirebalais, dans la charte par laquelle Pierre de Mons prêtre, donne à l'église de Saint-Hilaire plusieurs maisons, terres et moulins, situés à Cuhon, dans la censive de ladite église (39).
Il m'a été impossible de découvrir en vertu de quel droit Guillaume II gouverna ou posséda la seigneurie de Mirebeau. Aucun des nombreux actes que je viens de relater n'en fait mention. Il me parait difficile d'admettre que ce fut purement à titre héréditaire, car à cette époque la postérité de Payen de Montbazon, neveu de Barthélemi, était loin d'être éteinte.
On ne peut supposer non plus qu'il ait été placé en cet endroit comme délégué dudit Payen, et que cette délégation ait pu durer jusqu'en 1125, époque à laquelle le silence se fait autour de notre Guillaume.
A peine serait-il admissible que l'archevêque Barthélemi eût légué par testament à son petit-neveu l'importante seigneurie dont j'écris l'histoire; j'aimerais mieux penser que Mirebeau échut à Guillaume II par suite d'un mariage de ce dernier avec une fille de Payen de Montbazon.
Cette opinion me viendrait en aide d'ailleurs pour justifier la transmission de cette terre à la famille de Blason qui n'a pu la posséder que de cette manière ainsi qu'on le verra ci-dessous.
Je dois avouer que je n'ai trouvé dans aucun document de l'époque la certitude de ces deux unions. Mais on rencontrera dans la suite de nombreux exemples de la transmission de Mirebeau par les femmes, que la coutume spéciale au pays mirebalais autorisait à hériter au même titre que leurs frères.
v. – Thibaud DE BLASON, seigneur de Mirebeau
(1129-1130).
On n'a pas oublié qu'en 1129-1130, plusieurs barons, au nombre desquels figure le seigneur de Mirebeau s'étaient révoltés contre l'autorité du comte d'Anjou, Geoffroi le Bel, leur suzerain.
Or, à cette époque, ce seigneur, « homme remarquable par sa valeur et fort savant dans l'art de la guerre, » se nommait Thibaud de Blason (41).
Les auteurs du Dictionnaire des familles de l'ancien Poitou ont écrit (42) que la baronnie de Mirebeau était, dans les siècles les plus reculés, l'apanage de l'ancienne et illustre famille de Blason, alliée à la maison royale de France, et ont fait en même temps suivre cette notice sommaire d'un certain nombre de personnages isolés qualifiés seigneurs de Mirebeau, depuis 1097 jusqu'en 1253.
Mes recherches particulières sur la famille de Blason ne m'ont pas permis de douter de sa haute-antiquité, mais aucun acte authentique ne m'a montré ce nom suivi de la qualification seigneuriale pouvant faire supposer que le personnage qui le portait eût possédé, soit à titre de bienfait, soit à titre héréditaire, le château de Mirebeau, avant l'année 1129.
En ce qui concerne l'antiquité de son origine, la haute situation de l'un des membres de cette famille à la cour de Foulques Nerra dès les premières années du XIe siècle, la rend incontestable.
En effet, dès 1007, époque où les noms de race ne sont pas encore généralement fixés, je trouve un Thibaud, seigneur de Blason, en Anjou, cosignataire d'une charte de Foulques Nerra, avec Gosselin de Sainte-Maure, surnommé le Poitevin, Suhard de Craon et autres grands seigneurs (43
Trois générations le séparent de Jean de Blason, troisième fils d'Eudes et de Teheldis, qui, en 1097, fournit des secours à Foulques le Réchin, contre le roi d'Angleterre (44).
Orderic Vital, auquel est emprunté ce dernier renseignement, ne donne à Jean aucun titre territorial mais, dans une note l'éditeur le qualifie « proconsul », c'est-à-dire vicomte, et ledit père de Thibaud de Blason, seigneur de Mirebeau.
Vers 1125, Foulques V confirme à Drogon abbé de Saint-Maur, une donation faite à ce dernier par le susdit Jean de Blason, proconsul, Thibaud son fils, et Mathilde, femme de Thibaud, consistant dans la dixième partie des biens qu'ils possédaient à Blason (45).
Il n'y a point lieu de douter que le Thibaud nommé dans les deux actes qui précèdent soit le successeur de Guillaume de Mirebeau deuxième du nom.
Quant à l'alliance qui aurait été contractée par la famille de Blason avec la famille royale de France, il me parait qu'on doive la réduire à ses justes proportions.
Deux hypothèses sont en présence.
D'une part, la chronique de Limoges (46) signale Guy IV, vicomte dudit lieu, comme ayant épousé, avant 1147, une fille de Thibaud de Blason, cousine de la reine de France. Or, à cette époque, la reine de France se nommait Aliénor d'Aquitaine; il n'est possible d'admettre cette parenté proche qu'en supposant notre Mathilde, femme de Thibaud, fille de Guillaume IX comte de Poitiers époux lui-même d'une autre Mathilde et qui fut grand-père d'Aliénor.
Mais, d'un autre côté, les auteurs du Gallia ayant dit (47) que la famille de Blason, des seigneurs de Mirebeau, était issue de sang royal dans la ligne maternelle, il ne serait pas impossible qu'un des fils ou petits-fils de Thibaud de Blason, dont il est ici question, eût, pendant son long séjour en Espagne, épousé une parente de Blanche de Castille, mère de Louis IX, roi de France.
Cette alliance justifierait l'immense faveur dont jouissait, au commencement du XIIIe siècle, un autre seigneur de Blason auprès du roi Philippe-Auguste.
Le fait le plus saillant de l'existence de Thibaud de Blason est sans contredit la révolte dont il se rendit coupable à l'égard du comte d'Anjou.
Geoffroi le Bel venait de succéder à son père, Foulques le Jeune, et ses barons, les seigneurs d'Amboise, Blason, Laval, Sablé, etc., avaient formé une vaste ligue dont le comte d'Anjou devait brillamment triompher.
En vain Guillaume de Parthenay et Aimery IV, vicomte de Thouars, cédant aux prières de ces rebelles, leur avaient promis un concours puissant.
« Geoffroi déjoue tous leurs projets par son activité. Après avoir soumis Guy de Laval, et tiré une vengeance éclatante du vicomte de Thouars il vient camper avec son armée devant la ville de Parthenay (1129).
Guillaume Larchevêque, craignant, non sans raison, de subir le même sort que les autres confédérés s'empresse d'envoyer des ambassadeurs au comte d'Anjou pour traiter de la paix.
Grâce à son empressement, ses négociations furent couronnées de succès. Geoffroi n'ayant plus rien à faire à Parthenay, leva son camp et s'éloigna pour aller ailleurs compléter la ruine de la coalition formée contre lui (48).
L'infatigable comte se dirige en effet avec rapidité vers le château de Blason, alors occupé par Thibaud seigneur dudit lieu (49). Cette place ayant été promptement réduite en cendres, Thibaud, moins prudent que le seigneur de Parthenay, court se renfermer dans le château de Mirebeau croyant y trouver un sûr abri.
Geoffroi le Bel l'y poursuit (1130). Le seigneur de Blason se prépare alors à une énergique défense, que semble lui rendre facile la grande quantité de soldats dont il peut disposer. Mais le comte d'Anjou, décidé à tirer vengeance de son orgueilleux vassal, investit complétement le château, élève des retranchements, aplanit les obstacles, et, en capitaine expérimenté, prépare tout ce qui est nécessaire pour faire le siège d'une forteresse.
Tout d'abord les assiégés obtiennent certains succès, et, par de fréquentes sorties, jettent le trouble dans l'armée angevine, sans cependant réussir à ébranler la patience de son chef, qui prévoit avec raison que le trop grand nombre de défenseurs renfermés dans le château ne peut manquer bientôt de succomber aux horribles tortures de la faim.
Thibaud, jugeant aussi de son côté ce résultat inévitable, avait envoyé un message au comte de Poitiers pour lui demander des secours. Il est vraisemblable (bien que la chronique soit muette à cet égard) que Guillaume X crut le moment opportun pour tenter de ressaisir sur le comte d'Anjou le pays autrefois enlevé à ses ancêtres; car il n'hésita point à se porter en toute hâte vers Mirebeau, avec une multitude innombrable de cavaliers et de fantassins (50).
La position de Geoffroi le Bel pouvait alors devenir assez critique car, serré de très-près par son nouvel ennemi d'assiégeant il allait être assiégé à son tour.
Saisi d'une inspiration soudaine, tandis que les Poitevins, fatigués sans doute de leur premier jour de marche, se livrent au sommeil, le comte d'Anjou persuade à ses soldats de veiller. Alors, à la faveur d'une nuit profonde, il fait en silence et avec soin creuser d'énormes fossés dont le nombre et la disposition lui permettront d'arrêter le choc de la cavalerie du comte de Poitiers.
Dès le point du jour, les Poitevins se mettent en mouvement et se précipitent en foule sur l'armée de Geoffroi mais, subitement arrêtés par ces retranchements imprévus qui leur ôtent la liberté de se porter en avant, ils restent interdits à la vue de l'immense travail accompli pendant la nuit précédente.
Quarante jours s'étaient déjà écoulés depuis le commencement du siège, et les vivres manquaient totalement aux assiégés, qui n'ayant pas une seule communication avec la campagne, n'avaient pu en introduire d'aucune sorte.
Déçu dans son espoir d'être secouru par le duc d'Aquitaine, le seigneur de Mirebeau n'avait plus qu'à traiter de sa reddition, ce qu'il fit en demandant la vie sauve pour lui et pour les siens. Le comte d'Anjou accueillit favorablement sa prière, s'empressa de faire sortir la garnison exténuée et à demi morte de faim, prit possession du château et réunit la Ville à son propre domaine.
La royauté capétienne, engagée dans les embarras d'une régence, pressée de toutes parts par les exigences d'une ligue formidable des grands vassaux qui cherchaient à arrêter ses progrès, se voyait dans l'obligation de se tenir prudemment sur la défensive. Le roi d'Angleterre prodiguait les dons et les promesses.
VI. – Geoffroi LE Bel, comte d'Anjou, seigneur de Mirebeau
(1130- 1149).
Le comte Guillaume, tout stupéfait de la tournure des événements, reprit la route de Poitiers, couvert d'ignominie et de confusion dit la chronique (51).
Alors Geoffroi le Bel définitivement victorieux, nomma immédiatement des sénéchaux et des prévôts auxquels il confia la garde du château et l'administration de la seigneurie.
Il ne parait pas que Thibaud soit rentré en grâce auprès de son suzerain, ni même que la garde lu château lui ait été jamais rendue. Les coutumes féodales autorisaient d'ailleurs parfaitement le comte Geoffroi à se séparer violemment de son vassal et à lui enlever ses domaines pour cause de félonie.
J'ignore quelle fut la fin de Thibaud et il n'existe à ma connaissance, qu'un seul acte venant rappeler d'une manière indirecte qu'il avait été autrefois seigneur de Mirebeau : c'est celui dans lequel, vers 1150 il donne aux moines de Saint Serge d'Angers toutes les tailles que lui devaient Pierre de Blason son oncle et Jacqueline, femme de ce dernier, fille de Raoul Achard (52).
Je vois ce don confirmé par son fils qui prend alors le nom de Guillaume de Mirebeau (53). L'historien Ménage donne en effet pour enfants à Thibaud de Blason un Guillaume et un Thibaud.
Le premier, qui, dit-il, aurait donné, en 1160, soixante setiers de terre à l'église Saint-Laud d'Angers ne lui était pas autrement connu. Quant au second, cet auteur se trompe en le disant époux de Valence et seigneur de Mirebeau de 1204 à 1228.
On ne peut raisonnablement croire que Thibaud de Blason et Mathilde aient eu pour fils le Thibaud, époux de Valence, qui mourut vers 1228, sans supposer à ce dernier une longévité extraordinaire, même dans le cas où sa mère, déjà mariée en 1125, l'aurait mis au monde longtemps après cette époque.
Du reste, pendant la seconde moitié du XIIe siècle, l'obscurité se fait, en France, autour de cette famille de Blason, tombée en disgrâce et dépossédée de ses biens. Selon toute probabilité cependant, l'un ou l'autre des enfants du vaincu de Mirebeau, tous les deux peut-être, allèrent chercher fortune loin de leur patrie; car je trouve au commencement du XIIIe siècle un représentant de cette maison bien et dûment établi et en grande faveur à la cour d'Alphonse, roi de Castille (54).
J'aurai, plus tard, l'occasion de revenir à ce seigneur, qui paraît avoir été un des personnages les plus considérables de son temps.
VII. – Geoffroi Plantagenet, seigneur de Mirebeau
(1149-1158).
Je ne voudrais pas répéter ce qui a été dit plus haut à l'égard du testament fait par Geoffroi le Bel en faveur de son second fils Geoffroi Plantagenet. Mais on doit tenir pour certain qu'en 1149 ce dernier était apanagé, de droit sinon de fait, des châteaux de Chinon Loudun et Mirebeau (55).
Quelle qu'ait été la cause ou la durée des discussions de famille survenues entre Henri II, roi d'Angleterre et son jeune frère il demeure encore établi que Geoffroi Plantagenet resta au moins seigneur viager du château de Mirebeau.
VIII. – Henri II, roi d'Angleterre, comte d'Anjou, seigneur de Mirebeau
(1158-1189).
Après la mort de Geoffroi, arrivée en 1158, le château de Mirebeau fit retour au roi d'Angleterre, qui eut, dit-on, l'intention d'en apanager le dernier de ses quatre fils, Jean Sans-Terre, dans le but de faciliter un mariage avec Adélaïde de Savoie (56).
Mais il est constant encore qu'après la mort d'Henri II, Richard, son fils aîné, devenu roi à son tour, donna pour résidence à Aliénor d'Aquitaine, sa mère, la ville et le château de Mirebeau, dans lesquels il lui établit une cour, vers 1190.
(Logis du Musicien Troubadour Mirebeau - Maurice de Blason)
IX. – Aliénor d'Aquitaine, dame de Mirebeau
(1190-1202).
Les quelques lignes qui précèdent font voir que, laissant généralement de côté l'étude des grands personnages de l'histoire, je me réserve de développer les faits qui ont particulièrement rapport à la seigneurie de Mirebeau, jusqu'ici peu connue.
Le récit des guerres continuelles qui désolèrent l'Anjou sous le règne des derniers Plantagenets ne trouvera par conséquent pas place en cet endroit. Mais je sens très-bien qu'en m'abstenant de parler des faits et gestes des comtes d'Anjou, hauts seigneurs de Mirebeau, il serait de toute nécessité de mentionner au moins les noms, sinon les actes, des principaux officiers, gouverneurs, sénéchaux, etc., qui durent occuper le château, administrer les terres et rendre la justice en leur nom.
Mes recherches à ce sujet sont peu fructueuses, car les événements accomplis pendant les dernières années du XIIe siècle et au commencement du XIIIe sont très-difficiles à suivre dans leurs détails négligés du reste par les chroniqueurs du temps, qui se bornent à enregistrer la conquête du Poitou par Philippe-Auguste.
D'autre part, la versatilité bien connue des barons poitevins et angevins, qui successivement se déclarent du parti du vainqueur toutes les fois qu'ils croient y trouver leur avantage et l'abandonnent au premier revers jette nécessairement un voile assez obscur sur la situation féodale du Mirebalais à cette époque tourmentée.
Je vois bien, le 19 février 1202, le roi d'Angleterre adresser de Chinon, sa résidence favorite, une lettre aux chevaliers, bourgeois et tenanciers de Mirebeau, pour les inviter à reconnaître en qualité de bailli son féal et aimé Payen de Rochefort, à lui prêter serment, aide et conseil, le tout pour le plus grand avantage du service du roi (57).
Je vois encore que, le 20 août de la même année, le roi Jean ordonnera à Guillaume de la Roue de remettre à Guillaume de Faye, le château de Mirebeau et un prisonnier nommé Guillaume de la Pérate (58).
Puis, le 25 du même mois, il confiera à Guillaume de l'Église la garde de ce château, avec les droits de fief et tout ce qui en dépend, et invitera les habitants de la seigneurie à le reconnaître en qualité de gouverneur (59).
Enfin, le même roi Jean séjournera à Mirebeau du 9 au 20 octobre, et adressera de cette ville diverses lettres relatives à l'échange de plusieurs prisonniers.
C'est encore ainsi que je verrai les vicomtes de Thouars, de tout temps étrangers aux destinées de notre ville, la recevoir un jour des mains victorieuses du roi de France, en récompense de leur vigoureux mais éphémère appui (60).
Le fait, d'ailleurs, qui domine dans l'histoire de Mirebeau pendant le règne de Jean Sans-Terre, est certainement le siège mémorable soutenu par la reine Aliénor, réfugiée dans le donjon, et que j'ai raconté en détail au commencement de cette étude.
A peu près vers la même époque, ou plutôt pendant l'année précédente, un événement d'une tout autre nature s'était accompli dans la cité mirebalaise.
Depuis quelque temps, l'accroissement continuel de la population de Mirebeau, résidence quasi-royale ou tout au moins, très-récemment encore, séjour officiel d'une princesse deux fois reine, faisait un devoir aux habitants de cette ville de solliciter un plus grand développement du culte religieux.
Cédant aux instances du clergé et du peuple, Maurice (61), évêque de Poitiers, résolut d'ériger en collégiale l'église Notre-Dame de Mirebeau et d'y créer un chapitre de chanoines.
Voulant faire de cette institution une chose durable, l'évêque, d'accord avec le seigneur de cette terre (62), attribue au chapitre les églises Notre-Dame et Saint-Hilaire avec toutes leurs dépendances et tous leurs revenus, et lui concède le droit de présentation aux canonicats vacants. il abandonne également aux chanoines les diverses oblations qui étaient faites par les fidèles dans l'église de Saint-André, autre paroisse dont l'origine remontait, comme on l'a vu, au milieu du XIe siècle, et qui ne se trouvait pas encore comprise dans l'enceinte de la ville de Mirebeau.
On voit par le titre de fondation de la collégiale que l'évêque se réserve à lui et à ses successeurs la nomination du chef du chapitre, autrement dit du chevecier, et qu'il impose au chapitre un cens annuel de 30 sous angevins pour les trois églises.
Le nombre des chanoines n'est pas fixé par l'acte de fondation, mais il fut habituellement de dix, en y comprenant le chantre, le souschantre et le chevecier. C'est du moins le chiffre annoncé dans le rapport de Miromesnil, en 1699. Cette fondation, dont la date précise n'est pas bien connue, fut confirmée, le 5 octobre 1202, parle pape Innocent III.
L'histoire du chapitre de Mirebeau n'entre pas dans le plan que je me suis tracé. Il ne serait peut-être pas inopportun pourtant de mentionner quelques-unes des tribulations auxquelles il fut exposé, à raison de la violation de ses droits, consommée à diverses époques. Ces détails trouveront place dans la biographie de Jeanne de France, dame de Mirebeau, en 1480, à laquelle ces vexations doivent être particulièrement attribuées.
L'étoile de Jean Sans-Terre, un moment si brillante, s'obscurcit enfin.
La puissance de Philippe-Auguste va s'accroître et ne faiblira plus désormais. Le monarque français entré en Aquitaine, non plus comme allié des barons poitevins, mais bien comme souverain légitime, en vertu de l'arrêt de la cour des pairs qui confisque les biens du roi Jean sur le continent, conclut en l'année 1206 une trêve de deux ans avec le roi d'Angleterre.
Il était dans l'ordre que les domaines enlevés au vaincu fussent attribués aux compagnons du vainqueur. Aussi rien ne semble plus naturel que la restitution des terres de Blason et de Mirebeau aux descendants de la famille qui les avait autrefois possédées. Philippe-Auguste tenait alors en haute estime un chevalier du plus grand mérite (63), issu des anciens seigneurs de Blason, et, selon toute apparence, petit-fils ou arrière-petit-fils de Thibaud et de Mathilde dépossédés de leurs domaines en 1130 par Geoffroi le Bel.
J'ai cité plus haut les raisons qui font penser que, pendant la dernière moitié du XIIe siècle, la famille de Blason avait émigré en Espagne, et j'ai mentionné la faveur toute spéciale accordée au chevalier Thibaud de Blason par Alphonse IX, roi de Castille, qui, dans une lettre au pape Innocent III, le nomme « naturalem suum, quasi inquilinum »; aussi vois-je la signature du noble angevin apposée sur la charte qui consacre la cessation des hostilités entre Philippe-Auguste et Jean Sans Terre.
x. Thibaud de Blason seigneur de Mirebeau
(1204-1229).
Dès l'année 1204 Thibaud de Blason avait pris possession du château de Mirebeau. Ce fait est constaté dans une donation faite à Jean, prieur de Vouzailles, par le chapitre de Notre-Dame, des deux tiers de ce que les chanoines possédaient sur le territoire de Ferron paroisse de Vouzailles (64).
Son nom est également cité dans un acte de 1213, par lequel les chanoines font donation à Pierre Asselin d'une dime située aux environs d'Abouin, moyennant une certaine redevance (65).
Libre sans doute des engagements contractés envers le roi de Castille, à l'occasion de la guerre entreprise par ce dernier en 1212 contre les Sarrasins, Thibaud de Blason, de retour en Anjou, s'occupe de ses intérêts au pays mirebalais.
Un de ses principaux soins fut de fonder, en 1215, un anniversaire dans l'église collégiale pour le repos de l'âme de son oncle Maurice, évêque de Poitiers, dont la mort parait dater de 1214 (66).
La tradition veut même que ce prélat ait été inhumé dans le chœur de l'église Notre-Dame. On prétend qu'avant les premiers troubles des protestants on voyait sur une tombe de pierre la statue de bois d'un évêque ayant la mitre et la crosse, et que, lors de l'incendie de l'église par ordre de l'amiral de Coligny, des soldats fouillant la terre du sépulcre en retirèrent une crosse de bois doré, ornée de quelques pierreries, et des ornements épiscopaux (67).
Thibaud de Blason assistait, en 1216, à la donation faite par Marguerite de Berrie, veuve de Hugues d'Amboise, à l'abbaye de Sainte-Croix, pour célébrer son anniversaire et celui de son mari (68).
On le retrouve en 1227 chevalier banneret et sénéchal du Poitou (69).
En l'année 1228, au mois de février, le roi saint Louis lui concéda ainsi qu'à ses héritiers, l'établissement de plusieurs foires annuelles dans la ville de Mirebeau, devant durer huit jours, selon la coutume d'Anjou, à commencer de la semaine qui précède la Toussaint (70)
La mort de ce seigneur paraît devoir se rapporter à cette année 1228; car, dans le courant de cette même année, Valence, sa veuve, s'engagea par écrit à ne pas se remarier à un ennemi du roi de France, et à livrer ses châteaux à celui seulement qui se présenterait porteur d'un ordre royal (71).
Il m'a été impossible de connaître à quelle famille appartenait Valence, déjà connue comme femme de Thibaud en 1218 (72) et que je retrouve une fois encore en 1231 époque à laquelle cette dame, du consentement de Guillaume et de Thibaud de Mirebeau, donne en franche aumône, à l'abbé et aux chanoines de Toussaint d'Angers, toutes les alluvions de sable, actuelles et devant se former autour de l'île de tous les Saints, située sur la Loire (73).
L'acte dont il s'agit n'indique pas les liens de parenté existant entre ces trois personnages mais il y a lieu de penser que si Guillaume et Thibaud de Mirebeau ne sont pas fils de Valence, ils sont au moins ses neveux, et, par conséquent, fils d'un frère de son mari. Mon incertitude vient de ce que certains auteurs croient la branche aînée de Blason éteinte dans la personne de Thibaud, en 1228 ; Ménage l'affirme dans son Histoire de Sablé, et le Dictionnaire des familles du Poitou donne au sénéchal une seule fille (74).
xi. Thibaud de Blason seigneur de Mirebeau
(1229-1253).
Mes renseignements sur Guillaume de Mirebeau, vivant en 1231, se bornant à la mention faite ci-dessus, je passe à celui que je crois son frère et dont je suis la trace depuis la même année jusqu'en 1260, époque à laquelle sa succession est revendiquée par Robert de Bornez, son neveu.
Vers le même temps se place le siège que fit supporter à la ville de Mirebeau Henri III, roi d'Angleterre, lequel s'empara du château et ne le conserva que fort peu de temps. J'ignore les détails de ce siège, indiqué déjà plus haut d'une façon très-sommaire.
Thibaud, seigneur de Blason, Mirebeau, Chemelier, etc., figure en mai 1246, le dernier dans une charte latine (75) contenant un traité et règlement au sujet des baux et gardes et des rachats en Anjou et dans le Maine pour lesquels il existait des difficultés et des contestations assez nombreuses.
Ce traité est consenti entre Louis IX, roi de France, d'une part et ses barons Pierre, comte de Vendôme, Geoffroi vicomte de Châteaudun, Hugues de Bauçay, Pierre de Chemillé, Adam, vicomte de Melun, Geoffroi de Lusignan, Geoffroi de Chateaubriand, Hamelin d'Anthenaise, Guillaume de Sillé, Raoul de Thorigné, Hamelin Le Franc, Robert et Renaud de Maulévrier, frères Payen de Chourses, Jodouin de Doué, Jocelin de Beaupréau, Aimeri de Blo Jacques de Château-Gontier, Herbert des Champs, Olivier de Neuville, Jean de Gonnord et Thibaud de Blason, d'autre part.
Le 29 décembre 1248 une contestation s'étant élevée au sujet de certaines dimes à percevoir sur des terres de la paroisse d'Amberre, Thibaud de Blason, seigneur de Mirebeau, de qui relevaient les terres en litige, fut pris pour médiateur entre Guillaume de Reignec (Rigny) chevalier, et l'abbesse de la Trinité de Poitiers (76).
Le 1er mars 1251, au nombre des barons qui assistèrent à l'assemblée tenue par Charles, fils du roi de France, comte de Provence et d'Anjou, et les abbés de Saint-Florent de Saumur et du Louroux, au sujet de statuts établis pour le salaire des avocats en cour laïque d'Anjou et du Maine, dans l'intérêt des sujets des deux pays je retrouve encore Thibaud de Blason (77), qui fit également partie des nobles poitevins rassemblés à Issoudun en 1253 (78).
Ce seigneur mourut sans postérité (79). Marguerite sa sœur, qui avait épousé en premières noces Thibaud de Bornez ou Beaumez, en Berry (80) dont elle eut plusieurs enfants, se remaria, vers 1241 avec un autre seigneur de la même province, Renoul II sire de Culant elle était morte avant 1252, car ce dernier fondait à cette époque, dans l'église de Bourges, un anniversaire pour l'âme de sa femme, désignée sous le nom de Marguerite de Mirebeau (81).
A l'époque du premier et même du second mariage de Marguerite de Blason, rien sans doute ne faisait pressentir l'extinction prématurée de cette famille, des mains de laquelle les principaux domaines allaient sortir encore une fois.
XII. Charles de France, comte d'Anjou, seigneur de Mirebeau
(1253-1260).
Suivant la coutume d'Anjou il était anciennement établi que les fiefs étaient soumis au rachat envers le seigneur dominant, lorsqu'à la mort du possesseur de ces fiefs l'héritier n'était ni son fils, ni sa fille, ni son frère, ni sa soeur.
Les usages féodaux semblent donc légitimer l'acte du comte d'Anjou qui entre les années 1253 et 1260 après la mort de Thibaud et de Marguerite, s'empara des terres de Blason, Chemellier, Mirebeau et Port-en- Vallée et s'en appropria les revenus pendant quelques années (82).
XIII. ROBERT DE Bomez, seigneur de Mirebeau
(1260-1266).
Robert de Bomez, chevalier, seigneur de Montfaucon, fils de Thibaud de Bomez et de Marguerite de Blason, entreprit la revendication des héritages autrefois laissés par Thibaud de Blason son oncle maternel.
De nombreux pourparlers donnèrent lieu à une transaction passée le 27 novembre 1260 entre ce chevalier et le comte d'Anjou. D'après cette charte, le comte Charles abandonna à Robert les châteaux de Mirebeau Blason, Chemellier et Port-enVallée, avec toutes leurs dépendances, « sauf son fié et la seignourie qui au fief apartient », et le reçut son homme lige pour ces quatre domaines.
De son côté, Robert de Bomez abandonna au comte d'Anjou : 1er 150 livres tournois de rente sur la prévôté et sur la foire de Saumur, qui avaient été données à ses ancêtres par le roi Philippe-Auguste; 2° la vicomté d'Angers et la terre de Sorges avec toutes leurs dépendances 3° les revenus touchés par le comte pendant qu'il avait tenu entre ses mains la terre de Mirebeau (83).
les chartes du chapitre de Saint-Hilaire de Poitiers mentionnent à plusieurs reprises le nom de Robert de Bomez comme seigneur de Blason et de Mirebeau. C'est ainsi que, 1er février 1262, Arbert de Marçay, chevalier, et Adélaïde, sa femme, ayant fait don en franche aumône, à l'église de Saint-Hilaire de Poitiers, d'une dime située au village de Poué, dans la paroisse de Cuhon, le chapitre consentit à ce que Robert de Bomez, en sa qualité de seigneur dominant, prit des assurances pour ses droits légitimes à faire valoir sur la dime en question (84).
Le résultat de cet arrangement fut sans doute qu'Arbert de Marcay ne voulut pas continuer à abandonner gratuitement cette dime, car, le 5 décembre de la même année on retrouve une charte en langue vulgaire rappelant la donation de février, sous la réserve, cette fois, d'une rente de 5 sols payable annuellement à la Saint-Michel, et de 10 sols à titre de loyaux aides au seigneur de Mirebeau, lorsque le cas adviendra donation approuvée le 29 décembre par Robert de Bomez, de qui relevait la dime de Poué (85).
D'autre part, en décembre 1266, le même seigneur ratifie la possession perpétuelle d'un pré situé dans la paroisse de Cherves, acheté autrefois par les religieux de l'abbaye des Châtelliers, de Pierre du Fresne, chevalier, et d'Alise sa femme. Cette concession est dite faite de bonne foi et pour le repos de l'âme du seigneur de Mirebeau de qui relevait ledit pré de Bertignolles (86).
toutes pièces, casque en tête, épée au poing, portant au bras gauche un écu écartelé de…. et de… disposition qui se retrouve sur le caparaçon du cheval. La légende est SIG : ROBERTI; DE : BOMEX : MILITIS : DNI : MONTIFALCONIS. Le contre-sceau porte sur un écusson triangulaire de …. Au chef emmanché de …. Detrois pièces chargées chacune d'un faucon et trois faucons en pointe. On lit sur la Légende : SECRETUM : DNI : ROBTI : MONTISFALCONIS.
Robert de Bomez eut probablement pour femme une certaine Yolande, qui est qualifiée dame de Blason et de Mirebeau dans les chartes du chapitre de Saint-Hilaire relatives aux villages de Chouppes et de Cragon (88).
De cette union naquit Thibaud, qui va suivre, dont Renoul, troisième du nom, sire de Culant, frère utérin de Robert de Bornez, fut sans doute le tuteur. Ce dernier prenait, en 1274 et 1275, le titre de seigneur de Mirebeau, suivant deux chartes du chapitre de Notre-Dame de cette ville (89).
XIV.–THIBAUD de BOMEZ, dit le Grand, seigneur de Mirebeau
(1285-1292)
Thibaud de Bornez, seigneur de Montfaucon Blason et Mirebeau, vivait en mars et septembre 1285, en 1286 et en 1292 (90). Ces quatre mentions résument ce que je sais de ce personnage comme seigneur de Mirebeau.
Le P. Anselme, qui lui donne le surnom de Grand dit qu'il avait épousé en premières noces Marguerite de Cominges, dont les auteurs lui sont inconnus (91), et, en secondes noces, Marguerite de Villebéon dite la Chambellane, dame de Tournenfuye (92).
Du premier mariage naquit Marguerite de Bornez, dame de Blason et de Mirebeau, qui fut mariée deux fois 1° à Jean de Bouville seigneur de Milly en Gatinais, dont elle eut deux filles Blanche et Jeanne, mariées dans les maisons de Clisson et de Meulent (93) ; 2° à Jean V, comte de Roucy, de Braine et de Rochefort.
Par suite de ce second mariage, les terres de Blason et de Mirebeau entrèrent dans la famille de Roucy.
XV. JEAN DE Roucy, comte de Roucy, seigneur de Mirebeau
(1311-1346).
Jean, cinquième du nom, comte de Roucy, Braine et Rochefort en Yveline, issu au neuvième degré d’Ingobrand, sire de Pierrepont, est signalé pour la première fois en Mirebalais, en 1311, dans un aveu rendu par Pierre Marot, qui déclare tenir à hommage lige du comte de Roucy, seigneur de Mirebeau, son hébergement de la Gauchalière (94).
Parmi les nombreux aveux rendus pendant les XIVe et XVe siècles par les seigneurs du Mirebalais, et conservés aux Archives nationales, trente au moins (95) le furent à Jean V, depuis l'année 1311 jusqu'à l'année 1346, qui fut celle de sa mort. En effet, d'après le P. Anselme, ce seigneur fut tué le samedi 25 août 1346, à la bataille de Crécy, et enterré à Val-le-Roi.
Au nombre des actes qui le concernent directement, je trouve une lettre du 1er octobre 1323, datée de Blason, par laquelle Jean, comte de Roucy, change l'époque des foires appartenant au chapitre de Notre-Dame de Mirebeau, et les fixe au lundi au lieu du dimanche (96).
Il eut, entre autres enfants, Robert, deuxième du nom, comte de Roucy, après la mort de son frère aîné. Ce Robert assista, en 1356 à la bataille de Poitiers, où il fut fait prisonnier. Il était souverain maître et réformateur des eaux et forêts en 1363 et mourut en 1364, du chagrin que lui causa l'enlèvement de sa fille unique, née de son mariage avec Marie d'Enghien (97). Il ne paraît pas avoir possédé jamais en titre la seigneurie de Mirebeau, car tous les aveux rendus depuis 1346, date de la mort de son père, jusqu'en 1369. le sont au nom de la comtesse de Roucy, dame de Mirebeau, sa mère.
Jeanne de Roucy, sa sœur, dame de Blason et de Chemellier, épousa, en 1341, Charles de Montmorency, dont elle eut une fille, qui, ayant épousé Guy de Laval porta dans cette famille la terre de Blason.
J'ignore totalement le rôle que joua la forteresse de Mirebeau pendant la longue période de l'occupation de l'Aquitaine par les Anglais.
Il est très-probable que la fortune des armes la fit passer alternativement des mains nationales aux mains étrangères. Je ne vois cependant nulle part aucun chevalier anglais s'en attribuer la possession même au moment le plus grave de nos désastres jusqu'au traité de Brétigny car le Mirebeau d'Anjou ne figure pas au nombre des villes ou châteaux délivrés, en 1360 et 1361, à Jean Chandos, lieutenant général du roi d'Angleterre (98).
XVI. – LOUIS DE NAMUR seigneur de Mirebeau
(1369-1379).
En 1369, la châtellenie de Mirebeau avait pour seigneur Louis de Namur, seigneur de Petinghem et de Bailleul en Flandre, qui, ayant enlevé, avec son consentement, Isabelle de Roucy, fille ainée de Robert, l'épousa le 17 mars 1364.
Ce mariage ne fut pas heureux, car Isabelle voulut, sans pouvoir y parvenir toutefois, le faire annuler, sous prétexte d'impuissance de son mari qu'elle avait pris en aversion. Louis était le septième enfant de Jean de Flandre, comte de Namur, premier du nom, et de Marie d'Artois.
Il avait assisté à la bataille de Crécy en qualité de chevalier banneret. Il mourut, dit le P. Anselme, avant le 18 août 1386 jour auquel ses frères partagèrent sa succession.
Il est bien évident que la date de sa mort doit être de beaucoup antérieure à ce partage, car, le 3 novembre 1379, Isabelle, sa femme, comtesse de Roucy et héritière de Mirebeau, vendait cette seigneurie à Louis de France, premier du nom, duc d'Anjou, de Touraine et comte du Maine, pour la somme de 18,000 fr. d'or (99).
Elle lui vendit également son comté de Roucy pour la somme de 40,000 fr. d'or; mais Simon de Roucy, comte de Braine, oncle de son mari, attaqua cette vente en 1385, et prouva que sa nièce n'avait pas le droit de la faire.
XVI– LOUIS DE FRANCE, premier du nom, duc d'Anjou, seigneur de Mirebeau
(1379-1384) .
Louis de France, premier du nom, de la deuxième branche d'Anjou, second fils du roi Jean, était né le 23 juillet 1339.
Envoyé comme otage en Angleterre, après la bataille de Poitiers, il ne revint à Angers que le 14 janvier 1359.
Dans l'année 1356, première de sa captivité, le roi de France l'avait apanagé des comtés d'Anjou, du Maine, de la baronnie de Château-du-Loir et de la seigneurie de Chantoceaux. Ce ne fut qu'en 1360 que le comté d'Anjou fut érigé en duché, sans doute à l'occasion du mariage de Louis avec Marie de Châtillon, dite de Blois, qui lui apportait en dot les seigneuries de Mayenne, Chailly, Longjumeau, etc.
Le duc Louis, régent de Charles VI pendant la minorité de ce roi, ne sut pas se faire aimer de ses peuples. L'histoire lui reproche d'avoir établi des impôts excessifs et dilapidé le trésor royal pour subvenir aux frais d'une guerre entreprise dans son intérêt personnel au royaume de Naples, dont il fut couronné roi le 30 mai 1382, deux ans après avoir été adopté par la reine Jeanne (100).
Je ne sais si les exactions reprochées à ce prince se firent sentir jusqu'en Mirebalais. En tout cas, j'aime à croire qu'elles furent un peu tempérées par les mesures pleines de sagesse employées dans l'administration des provinces d'Anjou, du Maine et de Provence, par la duchesse, devenue veuve le 10 septembre 1384.
Ainsi qu'on l'a vu plus haut, les château, ville et châtellenie de Mirebeau étaient devenus par achat, en 1379, propriété personnelle des ducs d'Anjou; et c'est sous le duc Louis Ier que l'on voit, pour la première fois, appliquer dans les actes à cette seigneurie le titre de baronnie, qu'elle ne quittera plus désormais.
Pendant la minorité de ses enfants, et même de 1384 à 1403. la duchesse Marie reçoit en personne les aveux des vassaux de la baronnie, dont elle parait conserver encore beaucoup plus tard la libre disposition, comme on le verra à l'occasion du mariage de Louis II, son fils ainé, avec Yolande d'Aragon [101].
XVIII. – LOUIS DE FRANCE, deuxième duc d'Anjou, seigneur de Mirebeau
(1384-1417).
Louis de France, deuxième du nom, né le 5 octobre 1377, et couronné roi de Naples et de Sicile le 1 novembre 1389, fit la guerre en Italie, malgré son extrême jeunesse, et revint en France en 1399.
Parmi les premiers actes de ce prince, je remarque une série d'ordonnances rendues au mois de mars 1399, à sa première venue dans son royaume de Sicile et aux pays d'Anjou et du Maine; et j'en détache les articles suivants, concernant la manière d'enregistrer les hommages de ses sujets (102):
«Premièrement:
» Nous ordenons que les hommages à nous faiz et affaire par nos barons et subjects de nos dits pays d'Anjou et du Maine soient escripts et enregistrés en deux livres, dont l'un demourra en nostre chastel d'Angers et l'autre en la chambre de nos comptes.
» Item,
» Que les aveux que nos dits barons et autres nos subjects oront baillé et bailleront soient semblablement escripts en deux livres qui demourront comme dessus, et que par nos sénéchal ou juge ordinaire d'Anjou et du Maine, les dits barons et autres nos subjets soient contraints à bailler les aveux par déclarations tout au long.
» Ainsi il a été ordenné estre fait pour le domaine de Monseigneur le Roy. »
L'année 1402 fut signalée par une réorganisation des statuts de l'église collégiale de Mirebeau, ou, pour mieux dire, par une nouvelle fondation (103).
Le 2 décembre 1400, Louis, ayant épousé Yolande d'Aragon, nièce du roi Martin V, dotée des baronnies de Lunel, Berre, Istres et Martigues, constitua à sa femme un douaire de 10.000 fr. d'or à prendre en divers lieux.
L'assiette de ce douaire paraît avoir changé plusieurs fois. C'est ainsi que je vois d'abord, en l'année 1400, les châteaux de Saint-Remy, Forcalquier et autres places en Provence, donnés par le roi à sa femme, en diminution de < 0.000 livres tournois (104).
Puis, dans le courant de la même année, l'autorisation de percevoir les 10,000 fr. d'or sur les péages du Rhône (105). Une autre fois, le 6 août 1405, le duc d'Anjou donnera à sa femme, en échange de son douaire, une certaine quantité de châteaux, villes et châtellenies, dont la valeur est estimée 10,000 fr. d'or. La valeur de ces domaines est répartie comme suit :
Ce don sera encore modifié le 26 avril 1407 et réduit aux seules villes et forteresses de Saumur, Mirebeau et Louplande, sises aux duché d'Anjou et comté du Maine, toujours en diminution de la même somme de 10,000 fr. d'or (106).
Enfin le 5 mai, ce dernier don sera ratifié par la reine douairière Marie, qui consentira ace que sa Clic Yolande jouisse des châteaux de Saumur et Mirebeau, sa vie durant, mais à la condition que ces places lui feront retour si la jeune reine vient à décéder la première (107).
Marie de Blois étant morte peu de temps après, la duchesse Yolande conserva définitivement son douaire.
Louis II ne tarda pas à quitter la France pour retourner dans son royaume de Sicile, où il se trouvait en 1411 mais il revint mourir à Angers, le 29 avril 1417.
XIX. YOLANDE D'ARAGON, duchesse d’Anjou, dame de Mirebeau
(1417-1431).
Son fils Louis, troisième du nom, né le 25 septembre 1403, continua à élever sur les royaumes de Sicile et de Jérusalem les prétentions que la reine Jeanne de Naples avait léguées à ses ancêtres. Le 1er juillet 1423, se trouvant à Rome, il donna pouvoir à sa mère d'administrer en son absence toutes ses provinces. Je crois que ce prince ne revint plus en France; car il fut adopté par la reine Jeanne II, et mourut en Calabre, sans postérité, le 12 novembre 1434, sans avoir jamais possédé la seigneurie de Mirebeau, étant mort avant sa mère.
Il était dans la destinée de notre baronnie de changer souvent de maitre.
La duchesse d'Anjou, à l'occasion du mariage de sa fille Yolande avec le comte de Montfort ne pouvant payer comptant la terre de Châteaufromont, qu'elle désirait lui donner en dot, et qu'elle avait achetée à Jehan, sire de Bueil, pour 4,000 royaux d'or, se vit obligée de vendre à son créancier la seigneurie de Mirebeau.
Une vente à réméré eut lieu le 26 août 1431 (108).
Le château la terre et la seigneurie furent estimés 11,000 royaux et retranchés des 14,000 dus par Yolande, qui paya comptant les 3,000 royaux restants. II fut spécifié que la reine et ses héritiers auraient un délai de trente ans pour rembourser les 11,000 royaux au sire de Bueil et rentrer en possession du domaine de Mirebeau, dont jusque-là ce seigneur et ses hoirs pourraient jouir en toute liberté, sauf la réception des hommages qui devaient continuer d'appartenir à la duchesse d'Anjou, à laquelle les nouveaux officiers de justice devaient être également présentés et prêter serment (109).
Le sire de Bueil s'engagea à payer les officiers de toute sorte, à faire des réparations jusqu'à concurrence de 30 livres par an. Il lui fut interdit d'entreprendre aucun procès ni aucune guerre sans la permission de la duchesse; et, dans le cas où le château aurait été pris par les Anglais, le sire de Bueil ne pouvait plus être fondé à réclamer les 1,000 royaux, ni la duchesse à réclamer le domaine.
Si, pendant le délai de trente ans, le sire de Bueil avait eu besoin des 11,000 royaux, la princesse aurait été obligée de les lui fournir quatre mois après en avoir été requise, faute de quoi ledit sire aurait eu le droit de vendre, à son profit, à la baronnie de Mirebeau.
Ces conditions furent réglées au château de Nantes, avec la licence du duc de Bretagne, donnée par l'évêque de ladite ville, son chancelier.
Les témoins de la princesse, formant son conseil, étaient Charles d'Anjou son fils, l'évêque d'Angers, le sire de la Suze, les sires de la Tour de Martigné et de Passavant, le juge d'Anjou, Bertrand de Beauveau, le trésorier de l'église d'Angers, messire Jean Bouschier, et autres. Elles furent ratifiées par le roi René, à son avénement, le 1er avril 1434, à la demande de Jean de Bueil.
Ce Jean de Bueil était un seigneur de mérite, dont la famille tenait une grande situation en Touraine.
Il était issu au cinquième degré de Jean 1er, sire de Bueil, écuyer d'honneur de Charles le Bel, en 1321 et, par sa mère, Marguerite, dauphine d'Auvergne, il était allié aux plus illustres maisons. Le P. Anselme le qualifie sire de Bueil, Montrésor, Saint-Calais, Saint-Christophe, Châteaux, la Marchère, Châteaufromont, etc., comte de Sancerre, amiral de France, conseiller et chambellan du roi, auquel il rendit pendant toute sa vie des services considérables.
Il avait épousé Jeanne de Montejehan, fille de Jean, sire dudit lieu, et de Anne de Sillé-le-Guillaume, qui prenait, le 28 décembre 1438, le titre de dame de Bueil Mirebeau, Montrésor, Faye-la-Vineuse, Puirenon, etc et mourut avant 1456.
XX. RENE DE France, duc d’Anjou, baron de Mirebeau
(1434-1480).
René, duc d'Anjou, second fils de la duchesse Yolande, ayant succédé en 1434 à son frère Louis, et se trouvant en mesure de racheter la seigneurie de Mirebeau avant l'époque fixée, fit proposer au sire de Bueil le remboursement des 11,000 royaux d'or donnés à sa mère deux années auparavant. Le sire de Bueil, par lettre du 8 mars 447, donna procuration à Martin Morin pour recevoir ladite somme et donner quittance au duc, qui rentra en possession du domaine engagé (110).
Les conditions de l'engagement conservaient, ainsi que je l'ai dit, au titulaire le droit de suzeraineté. Il n'est donc pas étonnant de voir, en 1439 et 1443, le roi de Sicile prendre le titre de baron de Mirebeau, et, en cette qualité, réglementer particulièrement la corporation des barbiers et chirurgiens qui se proposaient d'exercer leur profession dans la ville.
Il parait que, jusqu'à cette époque, les fonctions de maître barbier et chirurgien n'étaient pas entourées de garanties suffisantes sous le rapport de la science, et que les bons habitants de Mirebeau avaient eu souvent à souffrir de l'ignorance et de l'impéritie de ces praticiens.
Dans le but d'obvier aux périls et inconvénients résultant fréquemment d'un pareil état de choses, le roi René, par un statut du 11 janvier 1443, rappelant les ordonnances de ses prédécesseurs en vigueur à Angers, prescrivit qu'à l'avenir les barbiers et chirurgiens voulant obtenir la maîtrise et tenir « ouvroir » du métier de barbier et fait de chirurgie seraient tenus de subir des examens de la part de gens experts et par justice approuvés, pour. être reçus à saigner et faire autres opérations (111).
La remise de la seigneurie de Mirebeau par Jean de Bueil donna lieu à une réclamation de la part du roi de Sicile. Le garde des sceaux de la ville d'Angers fit constater, en présence de Louis, seigneur de la Tour, de messire Alain le Quen, archidiacre d'Angers et président de la chambre des comptes du prince, d'Hardouin Fresneau, écuyer, et autres, que le sire de Bueil n'avait pas exécuté une des clauses de l'engagement et avait omis de faire des réparations pour 30 royaux d'or et 20 livres tournois par an aux murailles de la ville.
Cette réclamation fut portée, le 15 mars 1447, par Guillaume de la Croix, au nom du duc d'Anjou, à Martin Morin, procureur de Jean de Bueil, après avoir été rédigée par trois notaires jurés en la chambre du conseil (112).
Le roi ordonna pourtant de réédifier le château, qui menaçait de tomber en ruine. Il avait l'intention d'y aller faire quelques séjours, particulièrement pendant « la saison des allouettes », et d'y faire installer des appartements susceptibles de recevoir convenablement son frère Charles d'Anjou, comte du Maine, alors vicomte de Chatelleraud, et la vicomtesse sa femme.
Il accorda en conséquence, dès 1453. à Jehan Paën, les revenus de la terre pendant six années, à charge de faire exécuter toutes les réparations nécessaires. Ce receveur accomplit assez fidèlement les deux premières parties du marché, mais il mit tant de négligence à terminer la troisième, qu'en 1464 les gens de la chambre des comptes le suspendirent définitivement, sans avoir pu obtenir l'apurement de ses comptes, retardé à la vérité par une maladie pestilentielle qui avait fait émigrer pour un temps les officiers du roi de Sicile (113).
L'histoire du bon roi René n'est point nécessaire ici et la relation des faits et gestes de ce monarque en la baronnie de Mirebeau devrait se borner aux renseignements qui précèdent, si je n'avais trouvé, dans une note manuscrite enfouie dans l'immense collection Du Chesne (114), la mention d'un nouvel engagement de cette baronnie, consenti, en 1478, à à Jean II dit le Bon, duc de Bourbon, connétable de France, pour la somme de 120,000 écus, en restitution de la dot de sa sœur Marie, femme de Jean de Calabre, fils du duc d'Anjou.
Cette découverte m'a donné la clé d'un imbroglio très-compliqué et m'a permis de déchirer le voile sous lequel la transmission de la seigneurie de Mirebeau pendant toute la durée du XVIe siècle était jusqu'alors restée cachée à mes yeux.
Personne n'ignore que, par son testament, le roi René instituait le roi de France son légataire universel.
Mirebeau fut donc compris, ainsi que les autres possessions du comté d'Anjou, dans ce don généreux, et réuni au domaine royal.
XXI. – Louis XI, roi de France
(1480)
Le seul acte par lequel Louis XI semble avoir manifesté son pouvoir sur notre ville fut le don immédiat qu'il en fit à sa fille Anne de France, femme de Pierre de Bourbon, sire de Beaujeu, frère du connétable (115).
XXII.–ANNE DE FRANCE, comtesse de Beaujeu, dame de Mirebeau
(1480).
Trincant me fait encore connaitre, sans entrer dans aucun détail, que, dans le courant de cette même année 1480, Anne de France, cédant aux conseils de son mari, aurait abandonné Mirebeau à sa sœur naturelle Jeanne, femme de Louis, bâtard de Bourbon, comte de Roussillon, amiral de France.
Les archives nationales ne m'ont fourni aucune preuve de cette assertion, mais un grand nombre d'actes officiels constatent effectivement la possession de Mirebeau par Jeanne de France à partir de l'année 1480.
XXIII JEANNE DE FRANCE comtesse de Roussillon, dame de Mirebau
(1480-1515).
Jeanne, fille naturelle de Louis XI et de Marie de Sassenage, légitimée le 25 février 1465, a joué un rôle important dans l'histoire de Mirebeau, qu'elle habita vraisemblablement à diverses reprises, et où elle mourut.
Les premières années de sa domination semblent avoir été calmes. Louis XI vivait encore. et il ne faisait pas bon s'attaquer à ses protégés. Jean de Bourbon, engagiste de la seigneurie, continua-t-il à en percevoir les revenus, tandis que Jeanne recevait les hommages des vassaux ? Il semble permis d'en douter. De nombreux conflits devaient exister entre ces deux personnages.
Une certaine haine ou tout au moins un violent dépit révélé par Trincant, à l'occasion de l'accroissement de fortune du bâtard de Bourbon, apanagé du comté de Roussillon, paraît en avoir été la source première. Les façons de la dame de Mirebeau durent faire déborder la coupe. Jean de Bourbon, exaspéré, fit un beau jour abandon de ses droits à Louis de Culant, seigneur de Saint-Désiré, conseiller et chambellan du roi, bailli et gouverneur du Berry, etc.. issu au septième degré de Renoul II de Culant, second mari de Marguerite de Blason, dame de Mirebeau, au XIIIe siècle.
Cette circonstance fut peut être une des raisons qui déterminèrent le connétable à avantager ce seigneur, de préférence à tout autre. Toujours est-il qu'en 1486, Louis de Culant s'intitule seigneur de Mirebeau, dans un acte par lequel Thomas Boislève, châtelain dudit lieu, règle divers intérêts relatifs au chapitre de Notre-Dame.
Il est permis de penser que cette donation dut suivre de près, sinon précéder la mort de Louis XI, arrivée en 1483, comme on sait.
La régente Anne de France, dont le gouvernement semblait avoir pris à tâche de réparer certaines injustices de son père, dut imposer à sa soeur Jeanne, momentanément du moins, le respect de la légalité, et permettre à Louis de Culant le libre exercice de ses droits. Mais ce dernier ne tarda pas à mourir, et ne jouit pas longtemps de la faveur dont il avait été l'objet.
Michelle de Chauvigny, sa femme, restée veuve avec deux enfants en bas âge, ne se sentant pas capable de lutter contre la comtesse de Roussillon, adressa une supplique au roi Charles VIII, implorant pour ses enfants sa royale protection.
Par lettres patentes du 4 janvier 1488, le roi, prenant en considération les doléances de la dame de Culant, enjoignit à tous sénéchaux et officiers d'accorder à ladite dame un délai pour la prestation de l'hommage à lui dû à l’occasion de la seigneurie de Mirebeau, en laquelle il reconnaît que, à Louis de Culant, son mari, « appetoit et appartenoit, à certains justes tiltres et moyens à déclairer en temps et lieu, ladite terre et seigneurie de Mirebeau dont il avait autrefois reçu l'hommage, et pour laquelle les droits et devoirs avaient été payés par lui (116).
Cette manifestation de l'autorité royale dut sans doute calmer un peu les exigences de l'impétueuse Jeanne mais quelques mois ne s'étaient pas écoulés, que la pauvre Michelle de Chauvigny, qui ne parait pas avoir eu la tête bien solide, ou qui fut mat conseillée, consentit par une vente, dans cette même année 1488, à l'aliénation des droits de ses enfants encore mineurs.
Jeanne de France triomphait; et il semble qu'elle n'ait attendu que ce moment pour se livrer aux emportements de sa violente nature, qui nous sont révélés par D. Fonteneau, et auxquels dut encore plusieurs fois mettre un frein l'intervention du roi, ainsi que je le dirai tout à l'heure.
Les aveux rendus, dès l'année 1480, à Jeanne de France, la qualifient comtesse de Roussillon dame de Valorgues, du Fou, baronne de Mirebeau. Un aveu rendu par elle au roi, le 38 juillet 1508, pour cette dernière terre, la dit aussi dame de Montpensier et de Puyrenon en Mirebalais, terre qu'elle avait achetée de la famille de Bueil et annexée au domaine de Mirebeau.
Digne fille de Louis XI et aussi peu scrupuleuse que son père lorsque ses intérêts étaient en jeu, Jeanne ne parait pas avoir montré un grand respect pour les gens d'Eglise, dont les remontrances ne lui avaient peut-être pas été épargnées. D'après ses ordres, les officiers de la baronnie sénéchal, châtelain et procureur eu tête, molestaient le chapitre de la collégiale. Les injustices dont ils étaient victimes ayant motivé, de la part du chevecier et des chanoines de Notre-Dame, une plainte au parlement, il s'ensuivit qu'au mépris de la trêve qui devait exister tant que la cause était pendante, les officiers de la baronnie renouvelèrent leurs excès, au point de les faire dégénérer en véritables crimes contre les biens et les personnes desdits chanoines.
Ceux-ci sollicitèrent et obtinrent du roi Charles VIII, le 24 décembre 1486, des lettres royaux tendant à faire ajourner Jean Garnier, châtelain de la dame de Mirebeau, devant la cour du parlement de Paris (117).
Que résulta-t-il de cette comparution devant la cour suprême ? J'aime à penser que le chapitre réussit à obtenir réparation des dommages causés à ses membres, et jouit pendant quelque temps d'une tranquillité relative. Mais Jeanne n'aimait point les chanoines de Mirebeau elle leur préférait, je ne sais pour quelle cause, les cordeliers.
Fondé à Mirebeau, au commencement du XIIIe siècle, par Raoul de Brisay, chevalier, à son retour de la Terre-Sainte, dans sa propre maison, nommée encore aujourd'hui le Petit-Brisay, ce couvent s'était acquis les sympathies de la population mirebalaise, qui s'opposa énergiquement, à diverses époques, au départ des cordeliers et à leur remplacement par des récollets.
Aimant mieux, comme presque tous les seigneurs du moyen âge, répandre ses bienfaits sur les moines que sur le clergé séculier, la comtesse de Roussillon avait fondé dans ce couvent une chapelle, dans laquelle elle voulut être inhumée.
Vraisemblablement, ces libéralités, vues d'un œil jaloux par les membres du chapitre, qui ne fut jamais bien riche, les disposaient à mal accueillir les exigences que prétendait leur imposer la dame de Mirebeau.
L'église de Notre-Dame, dont l'antiquité est incontestable, n'avait point été fondée par les seigneurs de Mirebeau elle était de beaucoup antérieure à la construction du château lui-même, et nul parmi les prédécesseurs de Jeanne n'avait émis la prétention d'y établir bancs, oratoires, armoiries, etc., sans la permission expresse des chanoines. La comtesse de Roussillon prétendit se passer de leur « gré, congié et licence », et fit, malgré la protestation du chevecier, dresser des échelles et échafaudages contre les murs de l'église, et donner l'ordre à des peintres d'y apposer ses « litres, armes et armoiries », en jurant par le nom de Dieu et des saints que si quelqu'un s'ingérait de renverser les échelles ou échafaudages et d'empêcher le travail des ouvriers, elle lui ferait couper bras et jambes.
Cette alternative rigoureuse, contre laquelle ne pouvaient que protester les malheureux chanoines, détermina le chevecier à faire un nouvel appel au parlement, et de nouvelles lettres royaux ajournèrent, le 16 novembre 1496, les officiers de la dame de Mirebeau devant le parlement de Paris (118).
Les plaintes du chapitre étaient bien réellement fondées on va voir quelles satisfactions il obtint. Il fut reconnu en cour du parlement qu'au mépris d'un précédent sauf-conduit accordé aux membres du chapitre, la dame de Mirebeau, pour les punir sans doute de résister à ses prétentions, avait envoyé dans la ville le sieur d'Arpajon, son gendre, accompagné de plusieurs amis, lesquels, à la tête de cent ou cent vingt individus armés d'arcs, de flèches, de piques, de hallebardes, d'épées et même de bâtons cachés sous leurs vêtements, s'étant transportés dans les maisons des chanoines, en avaient brisé les portes et les fenêtres, volé l'argent et le blé défoncé les tonneaux, tué les paons, chapons et autres volatiles, brûlé les bahuts, tables et bancs et autres ustensiles, et ajouté à ces excès de telles violences, menaces et molestations que les pauvres prêtres, expulsés de leurs demeures, et mis dans l'impossibilité d'accomplir le service divin, étaient réduits à la plus affreuse misère.
En conséquence, par jugement de la cour, un nouveau sauf-conduit leur fut accordé et notifié par le roi Charles VIII au premier huissier du royaume, avec injonction de Marner énergiquement les actes commis à l'instigation de la comtesse Jeanne, et portant défense de les renouveler (119).
Et ce fut tout.
Jeanne de France avait marié sa fille Anne à Jean II., baron d'Arpajon, l'un des cent gentilshommes du roi, fils de Guy et de Marie d'Aubusson, et issu au huitième degré de Hugues Ier, sire d'Arpajon, vivant en 1297. Elle l'avait dotée des terres de la Roche-Clermaut en Touraine, et de Puyrenon en Mirebalais. Quatre années avant sa mort, arrivée en 1519, elle lui fit encore l'abandon de la baronnie de Mirebeau.
XXIV. JEAN II, baron d'Arpajon et de Mirebeau
(1515-1523).
Je vois en effet, dès le 9 juillet 1515, Jean d'Arpajon signalé, dans un acte relatif à la Roche-de-Chisais, chevalier, conseiller et chambellan du roi, baron de Mirebeau, etc. (120). Il était mort sans doute en 1518, car, à cette date et jusqu'en 1583, les actes sont passés au nom d'Anne de Bourbon, sa femme (121).
Je n'ai trouvé sur ce personnage aucun autre détail que celui de sa farouche équipée contre les chanoines de Notre-Dame de Mirebeau, qui ne me parait guère de nature à illustrer ou à faire honorer sa mémoire.
XXV. RENÉ D'ARPAJON baron de Mirebeau.
Il existe peu de documents concernant ce seigneur, qui dut avoir de forts démêlés avec le fils ainé de Louis de Culant engagiste de la baronnie.
On a vu précédemment que Michelle de Chauvigny, veuve de ce dernier, lasse de lutter contre la dame de Mirebeau, avait cru pouvoir consentir à l'aliénation des droits de ses enfants alors mineurs. Mais, avec les années, Gabriel de Culant, son fils, ayant atteint sa majorité, avait plaidé pour obtenir l'annulation de la vente faite par sa mère.
A partir de ce jour, des difficultés sans cesse renaissantes, au sujet de la propriété de la seigneurie de Mirebeau, troublèrent singulièrement l'existence des héritiers de l'altière Jeanne.
Trincant m'apprend que les donations et transmissions successives de la baronnie donnèrent naissance à un procès, porté devant le parlement vers 1530. A cette époque, François de Blanchefort, chevalier, seigneur de Saint-Janvrin, Saint-Clément, Sainte-Sévère, Targé, etc., conseiller et chambellan du roi, avait acquis de Gabriel de Culant tous les droits cédés autrefois à Louis son père par le connétable de Bourbon.
L'arrêt du parlement fut favorable aux engagistes, car les sieurs d'Arpajon furent évincés et leurs prétentions écartées. Ceci résulte d'une commission donnée, le 19 mai 1534, par le sénéchal de Mirebeau, aux fins d'assigner messire Thomas Pestrault, prêtre chapelain de Saint-Mamert, pour payer les droits des biens dépendant de ladite chapelle ledit chapelain affirmait avoir été « indemnisé », le 3 août 1512, par feu dame Jeanne de France, lors possédant la baronnie de Mirebeau, à la charge de dire une messe par année et de payer 5 sous de rente à ladite baronnie, avoir dit les messes, et offrait de payer le devoir dû.
Ce à quoi répondait le procureur de la cour disant que ladite de France et ses héritiers avaient été évincés de la baronnie que le contrat d'acquêt qu'elle en avait fait de Michelle de Chauvigny, ayant le bail de messire Gabriel de Culant, avait été déclaré nul par la cour, et que le seigneur est actuellement François de Blanchefort, chevalier, comme ayant droit dudit de Culant; que par suite ladite de France n'a pas pu, pendant qu'elle l'a eu, aliéner le domaine de la baronnie, ni affranchir ceux de la chapellenie (122).
XXVI.– FRANÇOIS DE BLANCHEFORT, baron de Mirebeau
(1533).
Dès l'année 1533, François de Blanchefort recevait des aveux en qualité de baron de Mirebeau, et, le 1er décembre 1534, il rendit lui-même aveu au roi pour ladite seigneurie, dont il avait alors la complète jouissance, sauf en ce qui concernait la terre de Puyrenon annexée au domaine par Jeanne de France, et dont René d'Arpajon lui disputait toujours la propriété.
La source des procès n'était donc pas encore tarie.
XXVII. – GABRIEL DE BLANCHEFORT, baron de Mirebeau
(1572).
Après la mort de François de Blanchefort, le sieur de Villemort, succédant au cardinal Bertrand, garde des sceaux de France, subrogé aux droits d'Antoine d'Arpajon, fils de René, reprit l'instance contre Gabriel (alias Robert) de Blanchefort, fils et successeur de François.
Par arrêt du parlement, la moitié de la baronnie de Mirebeau, seule contestée alors, fut attribuée au sieur de Villemort. Mais, le 28 janvier 1572, François de Bourbon, duc de Montpensier, ayant acheté les droits du seigneur de Blanchefort, voulut faire annuler ce jugement. A la nouvelle de cette prétention, le sieur de Villemort se hâta de se faire envoyer en possession.
De son côté, François de Bourbon fit offrir le retrait lignager au nom de Renée d'Anjou, sa femme. Ce nouveau procès resta, en conséquence, indécis et l'arrêt sans exécution.
Cet état de choses dura jusqu'au milieu de l'année 1572. Mais, le sieur de Villemort ayant été tué le jour de la Saint-Barthélemi, François de Bourbon acquit de ses héritiers tous les droits qu'il disait posséder sur Mirebeau, et réunit en sa main la propriété et l'usufruit de la seigneurie tout entière.
XXVIII.– FRANÇOIS DE BOURBON, duc de Montpensier, baron de Mirebeau
(1572-1599).
Le P. Anselme présente ce personnage comme étant duc de Montpensier, de Châtellerault et de Saint-Fargeau, pair de France, souverain de Dombes, prince de la Roche-sur-Yon, dauphin d'Auvergne, marquis de Mézières, comte de Mortain, vicomte d'Auge et de Brosse, baron de Beaujolais, etc seigneur de Champigny, d'Argenton, etc., gouverneur pour le roi des pays d'Orléans, Touraine, Maine, Perche, Dauphiné et Normandie.
Il était fils de Louis de Bourbon et de Jacqueline de Longwy, et avait épousé Renée d'Anjou, de la branche de Mézières. Le même auteur fait assister François de Bourbon au siège de Rouen en 1562, à la rencontre de Massignac en 1568, et à la bataille de Montcontour en 1569 (123).
Mon intention n'est pas de raconter les luttes qui ensanglantèrent le Mirebalais pendant la période des guerres religieuses. Ces faits ont été mis en lumière à diverses reprises par un grand nombre d'écrivains (124).
Tout le monde sait que Mirebeau, pris sans résistance par les princes en novembre 1568, fut assiégé de nouveau le 12 décembre de la même année, et repris par Monsieur le 16 du même mois, après que le capitaine Laborde, qui le défendait, eut été tué (125).
Tout récemment encore, un jeune archéologue, auquel Mirebeau devra bientôt son histoire depuis le XVIe siècle jusqu'à nos jours (126), a signalé, dans une note fort intéressante, le siège de trois semaines qu'eut à supporter cette ville, en septembre 1590, de la part du prince de Conti, et la capitulation des défenseurs de son château après huit jours de blocus et d'assauts, avec les honneurs de la guerre.
Tout ce que je pourrais dire ici ferait donc double emploi. A partir de ce moment, les faits et gestes de nos barons ne sont plus aussi intimement liés aux intérêts de la petite ville, et désormais une simple nomenclature de ses possesseurs doit suffire pour faire connaître la transmission de la seigneurie, condamnée à changer trois fois de maître dans l'espace d'un demi-siècle.
XXIX.–HENRI DE BOURBON, duc de Montpensier, baron de Mirebeau
(1599-1613).
Henri de Bourbon, pourvu des mêmes titres que son père, lui succéda également comme baron de Mirebeau. Son existence se passe en dehors de la contrée, et aucun fait particulier à ce prince ne se rattache à la possession de la baronnie. Après sa mort, Henriette-Catherine de Joyeuse, duchesse de Guise, sa femme, fut apanagée de Mirebeau, en remplacement de ses propres biens qui avaient été aliénés pendant la durée de son mariage. Les tuteurs de Marie de Bourbon, leur fille, consentirent à ce transport. Cette princesse jouit de ce domaine jusqu'en 1616, et le vendit à cette époque à la duchesse de Roannais.
XXX.–JEÀNNE DE COSSE, duchesse de Roannais, baronne de Mirebeau
(1616-1628).
Jeanne de Cossé, dame de Gonnor, veuve de Gilbert Gouffier, duc de Roannais, etc., s'il faut en croire l'auteur d'une Notice historique sur le château d'Oiron (127), « s'entendait en affaires ».
Déjà grandement possessionnée dans le pays mirebalais, la famille de Gouffier ne cherchait qu'à augmenter le nombre de ses domaines; et, à la fin du XVIe siècle, les grandes terres ne demeuraient pas longtemps dans les mêmes familles. La duchesse de Roannais fit l'acquisition de la baronnie de Mirebeau en 1616, et la laissa à son fils.
XXXI.–LOUIS GOUFFIER, duc de Roannais, baron de Mirebeau
(1625-1628).
Louis Gouffier, duc de Roannais, etc., gouverneur de Poitiers, exilé de la cour, se retira dans sa terre d'Oiron. Les immenses trésors accumulés par sa mère furent consacrés à l'embellissement du splendide château créé par son aieul. Je n'ai point appris qu'il se soit préoccupé des destinées de celui de Mirebeau.
Le vent ne soufflait plus en faveur des forteresses féodales, dont la construction, appropriée aux besoins d'un autre âge, ne s'accordait guère avec les goûts de faste et de magnificence que le XVIe siècle avait vus naitre, et que devaient développer encore les tendances du siècle suivant.
Le château d'Oiron et plusieurs autres splendides demeures, sans doute, absorbaient les revenus des grands seigneurs de la maison de Gouffier.
Le vieux donjon, d'architecture sévère, sans embellissement profitable endommagé par les récentes guerres et resserré dans une enceinte étroite sans développement possible, était absolument condamné. Sa destinée allait s'accomplir. Élevé par l'homme énergique qui mérita le surnom de Grand Bâtisseur, Mirebeau devait succomber par la volonté de cet autre homme indomptable que l'histoire, à son tour, a nommé le Grand Démolisseur.
XXXII. – JEAN-ARMAND DU PLESSIS, cardinal de Richelieu, baron de Mirebeau
(1638).
Jean-Armand du Plessis, cardinal de Richelieu, déjà possesseur de l'IIe-Bouchard, Faye-la-Vineuse et de nombreuses terres des contrées voisines, fit proposer au duc de Roannais de lui céder le domaine de Mirebeau.
Cette vente fut, en effet, consentie le 7 février 1628, et l'acte en fut passé à Paris, dans le palais même du cardinal, moyennant la somme de 210,000 livres tournois (128).
Trois années étaient à peine écoulées lorsque le cardinal obtint, par lettres patentes données à Montceaux en août 1631, l'érection du magnifique domaine, composé des baronnies de l'Ile-Bouchard. Faye-la-Vineuse et Mirebeau, des seigneuries de Sceaux, Sauves, Primery, Neuville, Nueil sous-Faye, Malijou-Ie-Chilloux, Châteauneuf, Montagré, l'Épine, Beauregard, et autres, en duché-pairie auquel fut donné le nom de Richelieu, emprunté à un petit manoir de la famille Du Plessis, situé sur la paroisse de Braye, relevant directement de la Tour-de-Mausson, et en arrière-fief du château de Mirebeau.
L'histoire du cardinal de Richelieu n'est pas à faire celle des seigneurs et du château de Mirebeau est terminée.
La construction du splendide château de Richelieu va porter le dernier coup à la forteresse, désormais inutile, de même que la restauration du bourg ducal achèvera d'enlever à notre ancienne cité la faible importance jusqu'alors conservée par elle.
En même temps que le siège de l'élection, que le crédit des ducs de Roannais avait réussi à séparer du bailliage de Loudun et à installer à Mirebeau, sera transporté à Richelieu, dont notre ville n'est plus qu'une annexe, les pierres du château elles-mêmes, témoins sept fois séculaires des grandeurs et des misères de la contrée, suivront la même route, comme si leur nouveau possesseur avait pris à tâche d'effacer à jamais de la mémoire de la population mirebalaise le souvenir de ce qu'elle nommait « la Grande-Cuve d'Anjou ».
Mirebeau : Lutte de territoire entre les comtes d'Anjou et du Poitou - motte féodale du XIe siècle du castrum de Foulques Nerra<==.... .... ==>PHystorique vous ouvre les portes du temps au château du Cardinal de Richelieu
Les ligues féodales contre Richard Cœur de Lion et les poésies de Bertran de Born (1176-1194)
Pus Ventedorn e Comborn e Segur Les comtes d'Angoulême.
E Torena e Monfort e Guordon
An fag acort ab Peiregorc e jur,
E-li borges si claven d' eviron,
M' es bon e belh hueymais qu' ieu m' entremeta
D' un sirventes per elhs aconortar,
Qu' ieu no vuelh ges sia mia
Toleta Per qu' ieu segurs non i pogues estar.
A! Puiguillems e Clarens e Granolh
E Sanh Astier, molt avetz gran honor,
Et ieu mezeis qui conoisser la m vol,
Et a sobrier Engolesmes maior,
Qu' EN charretier que gurpis sa charreta
Non a deniers ni no pren ses paor;
Per qu' ab onor pretz mais pauca terreta
Q' un emperi tener a dezonor.
Si 1 rics vescoms qui es caps dels Guascos,
A cui apen Bearns e Gavardans,
E 'N Vezias o vol e 'N Bernardos
E 'l Senher d'Ayx e selh cui es Marsans,
D' aquelha part aura I coms pro que fassa,
Et eissamen aissi com el es pros,
Ab sa gran ost que atrai et amassa,
Venha s' en sai et ajoste s' ab-nos.
Si Talhaborcs (1) e Pons e Lezinhans (2)
E Malleons (3) e Taunais fos en pes, (4)
Et a Siurac fos vescoms vius e sans,
Ja non creirai que non nos ajudes (5)
Selh de Toartz (6); pois lo coms lo menassa,
Venha s' ab nos, e non sia ges vans,
E demandem li tro que dreg nos fassa
Dels homes qu' el nos a traitz d' entr' els mans.
Entre Peitau (9) e la ylha 'n Bocart (10)
E Mirabelh (11) e Laudun (12) e Chino, (13)
A Claraval an bastit, ses regart, (14)
Un belh caslar el mieg d' un plan cambo;
Mas no vuelh ges lo sapcha ni lo veya
Lo joves reys, que no ill sabria bo , (15)
Mas paor ai, pus aitan fort blanqueya,
Qu' el lo veira ben de Matafelo. (16)
Del rey Felip veirem be si panteya,
O si segra los usatges Karlo;
D' EN Talhafer, pus so senher i’autreya
D' Engolesme, et elh l’P en a fag do;
Quar non es bo de so que reys autreya,
Quant a dig d' oc, que pueys digua de no.
BERTRAN DE BORN .
Entre le Poitou et L’Ile-Bouchard,
Et Mirebeau et Loudun et Chinon,
A Clairvaux on a bâti sans crainte,
Un beau château, et mis en rase campagne.
Mais je ne veux pas que le sache ni le voie,
Le Jeune Roi, car il ne le trouvera pas bon.
Mais j’ai peur, puisqu’il est si fortement éclatant,
Qu’il le verra bien de Mateflon !
1 Taillebourg et Pons (Charente-Inférieure) appartenaient à Geoffroy de Rançon ; Richard s'en était emparé en 1179.
2 Lusignan (Vienne), berceau d'une illustre famille, appartenait alors à Geoffroy de Lusignan.
3 Comme nous le dit l'auteur de la raio, le sire de Mauléon, département des Deux-Sèvres) était alors Raoul, père du célèbre Savari de Mauléon.
4 Tonnay-Charente (Charente-Inférieure), dont le seigneur s'appelait Geoffroy.
5 Civray (Vienne).
6 Thouars (Deux-Sèvres). Le vicomte était alors Aimeri VII.
7 Lui, c'est-à-dire Richard.
8 Ces deux vers sont une sorte de commentaire de la fin de la pièce précédente.
10 L'IIe-Bouchard (Indre-et- Loire).
11 Mirebeau (Vienne).
12 Loudun (Vienne).
13 Chinon (Indre-&-Loire).
14 Clairvaux, commune de Scorbé-Clairvaux (Vienne). La construction de la forteresse de Clairvaux fut en effet un des griefs invoqués par Henri le Jeune contre son frère Richard, à la fin de l'année 1182.
15 Henri le Jeune, fils d'Henri II Plantagenêt
16 Aujourd'hui Mateflon, commune de Seiches (Maine-et-Loire). Le nom est significatif et indique bien une forteresse.
(1) British muséum Lansdown manuscripts, n 177, 178, vol. III et IV. (
2) Dict. de la noblesse, t. III, p. 241.
(3) Ex gestis consulum Andogavensium ap. Acher., t. III; U. Bouquet, t. X, p. 257 et 471.
(4) Et aussi, dit-il, d'après les Mémoires de Trincant, qu'il n'a sans doute pas lus, car il y aurait vu absolument le contraire. Guillaume y est en effet désigné comme grand capitaine, favori de Foulques Nerra, et ayant pris le nom de Mirebeau après que ce comte d'Anjou lui eut donné la garde de ce château. (Bibl.nat., fonds Du Chesne, t. LXVII, p 209.) – Trincant ajoute que Guillaume mourut à Jérusalem en 1044. Ces prétendus Mémoires ne sont d'ailleurs que des notes renfermant certaines erreurs, mêlées parfois à d'excellents renseignements. Ils ne doivent être consultés qu'avec réserve pour les siècles reculés.
(5) Quelques tableaux filiatifs, annexés à cette étude, permettront d'apprécier la valeur de nos assertions et suppléeront, je l'espère, à la production de dissertations arides qu'il était inutile de présenter ici.
(6) La date de 1051 donnée par D. Fonteneau ne peut être qu'approximative. Cette fondation est faite sous l'archiépiscopat de Barthelemi, et par conséquent ne peut être antérieure à l'année 1051. Une charte de l'abbaye de Bourgueil la mentionne, du reste, en 1055. Le comte de Poitou approuva l'acquisition, en qualité de suzerain.
(7) «….. cujus Bartholomei castrum erat Mirabellum…. »
(8) « …. quae de feudo comitis Andegavensium Martelli Goffredi tenebat…. »
(9) « …..exceptis quibusdam censualihus terris, de quibus a monachis reddendus est census illis quibus est justum….. »
Au nombre des monuments religieux de l'époque romane existant en Poitou et signales au congrès archéologique de Poitiers au mois de mai 1843, figure l'église de Saint-André de Mirebeau, à propos de laquelle M. Segretain crut devoir donner les renseignements suivants :
« Tout dans son architecture, dit-il, annonce une époque antérieure au roman proprement dit, j'entends au système qui a produit Saint-Hilaire, Montierneuf, etc.
Son plan en basilique à piliers carrés, ses murs milices et à contreforts peu saillants; sa coupe, composée de trois nefs de deux hauteurs différentes, et qui n'ont pas été faites pour recevoir des voûtes ; l'appareil moyen en tuffeau de ses murs et leurs larges joints remplis de ciment rouge; les dimensions de ses fenêtres et les archivoltes extérieures à profil particulier qui en font le seul ornement, rappellent Saint-Généraux, Tourtenay, la basse œuvre de Beauvais, etc., en même temps que le narthex romain du XIe siècle, qui a été postérieurement et évidemment soudé vers l'ouest à la construction primitive avec la tour qui le surmonte, laquelle manquait dans le plan primitif, et les rudiments de cette autre construction, évidemment aussi attachés après coup vers l'extrémité est, démontrent que la partie centrale appartient évidemment à une époque antérieure. » (Mém. des anliq. de l'Ouest, année 1843.)
L'analyse de la charte de fondation du prieuré de Saint-André prouve que cette église n'a pas la haute antiquité que lui supposait M. Segrétain, puisque sous l'archiépiscopat de Barthelemi, c'est-à-dire de 1052 à 1068, il n'existait encore aucune construction sur la terre achetée par les moines de Bourgueil dans le but d'y bâtir une église, « scilicet octo junctos terrae, uln constituissent ecclesiam et circa eam officinas, claustra, etc. »
(10) Gallia christ., Eccl. Turonensis.
(11) Bibl. nat., coll. Rousseau, t. II.– Cart. Burgul.
(12) Je n'ai pu découvrir la localité limousine désignée par ce nom,
(13) Coll. Housseau, t. II n 695.
(14) Mss. D. Fonteneau, t. XVIII, p. 119.
(15) Mss. D. Fonteneau, t. XX, p. 55.
(16) Bibt. nat., Cart. Sancti Cypriani fo 30. Signatures des témoins : Gaufredi.- Girberge matris sue. Indie uxoris ejus, cum suis infautibus qui omnes concesserunt. Rotberti. Ganelonis. Jordani. Ansderni. Hugonis. Alexandri. Qaufredi. Aimenci. Mahildis sororis eorum. Bartholomei archiepiscopi. Aldeardis. Aimerici Borelli. Petroni Gazelli et uxoris sue Josce. Petroni de Lucchiaco. Regn. Philippo rege.
(17) Cart. Burgul., p. 227.
(18) Cart. Burgul., p. 151.
(19) Vouzailles appartenait à l'abbaye de Bourgueil. La charte dit « … omnes viri ac mulieres …ipsi scilicet qui antequam Paganus honorem Mirebelli acciperet, et in prediclas possessiones hospitium acceperunt. » Coll. Housseau, t. 1II, n° 902.
(20) Coll. Housseau, t. II, n°750, et t. XIII, n° 10383.- Trincant, déjà cité se trompe en disant que le prédécesseur de Guillaume 1er de Mirebeau se nommait Paganus. En revanche, il ne mentionne pas Guillaume II, qui succéda à Payen de Chinon.
(21) Bien qu'il soit toujours imprudent de rattacher à une seule famille tous les personnages qui portaient le même nom au XIe siècle, il n'est peut-être pas inopportun de signaler ici un Geoffroi de Montbazon, fils de Pierre de Montbazon et époux d'Hildéarde, qui est cité avec ses sœurs : Rosna, Florence et Milesende, et ses enfants Pétronille, Hugues, Pierre Geoffroy, Sauzon, Rainer et Ulger, dans une charte-notice de Marmoutiers, comme renonçant à ses droits sur la viguerie du Louroux, où les religieux avaient un prieuré.
Cette renonciation est faite vers 1030, en présence d'Archambaud de Montbazon et d'Ulger, son frère, qui donnent aux religieux tout ce qui avait été possédé au même lieu par le doyen Ulger, leur père.
(22) Voir le tableau.
(23) Agnès, étant veuve, avait épouse avant 1034 un puissant seigneur du Vendomois, Ganelon de Montigny, trésorier de Saint-Martin de Tours, fils de Gautier de Tours et d'Hersande, dont elle n'eut pas d'enfants. C'est ce qui résulte au testament de Ganelon (1040-41) qui partage tous ses bien, alors considérables, entre ses neveux et nièces, parmi lesquels il m'a été facile de retrouver les ancêtres de plusieurs familles féodales de la basse Touraine. (Liber de Servis Majoris Monast. – Coll. Housseau t. I n° 436; t. Il, n 692. Cart. Cormen; Cart. Noyers, Cart. Dunois, par Habille)
(24) On peut, sans trop de témérité avancer que cette maison existe encore. Au centre de la rue Longue-Echelle, c’est-à-dire à quelques mètres de la rue du change, on trouve en effet un édifice carré assez semblable à une forteresse, dont les étages supérieures auraient été modifiés depuis le XIVe siècle, mais dont la base imposante présente encore tous les caractères des constructions du XIe.
(25) Arch. d'Anjou, t. 1 p. 434 et suiv.
(26) Coll. Housseau, t. II n 746. – Baluze, mss. n° 2, p. 135.
(27) Cart. Burgul., f 176. Signatures des témoins Aldeberti. Guillelmi Jacquelmi. Milonis. Esceline. Rotberti de Griscia. -Ademari Usselli. Agnetis. Petromlle. Reginaldi. Alonis.- Arberti de Sancto Jovino. Pétri de Luschiaco. - Tetmaru Borrelli. Petn Borrelli. Gaufredi prepositi. Rotberti Pictavini. Ganelonis. Raginaudi de Calvimaco. Cecile Raginaudi de… Bartholomei presb. Aigonis.– L'acte est ainsi daté ̃ : Anno ab inc. D 1077, mense aug., die mensis 4, etc. » Summo tunc Aldebrando pontifice, et PSo Franc. rege, et Isemberto Pictav. presule, et Fulcone Andegav". consule, et G"° Mirebellensium maiore. »
(28) Cart. Sancti Cypriant, f° 33.- La date de 1095 donnée à ce document par D. Fonteneau est évidemment erronée; en 1088, Thomasse Borrel était déjà remariée à Simon Maingod. Suivent les signatures Arberti et Tomasie uxoris ejus, et Willelmi filli ipsorum. Willelmi de Mirebello. Jacquelini. Milonis de Niul. Rotberti filii Frotmundi. Pétri de Luchec. Rainaldi de Dulcia prepositi Salviae. Darredi. Tetmerii Borelli.
(29) Cart. Sancti Cypriani, f 29. Signatures : Willelmi de Mirebello de cujus erat casamento. - Arberti et Tomasie et Willplmi filii ipsorum, et Adelardis et Raimsendis et Elisabeth sororum. Milonis de Niul. Rotberti filii Fretmundi Petri de Luchec. Tetineri Borrelli. Rainaldi de Dulcia. Jacquelini. -Barredi.
(30) Cart. Suncti Cypriani, f° 29. Signatures : Willelmi Mirebellensis domini. Rotberti Pictavin. Rainaldi de Dulciaco. Milonis. Gislebeiti presbit. -Rotberti de Turagel. Laum militis. Bainaudi presbit. Regnante Philippo rege.
(31) Coll. Housseau, t. 111 n° 907.
(32) Cart. Sancti Cypriani, f° 33. Signatures : Jacquelini et Aleardis uxoris ejus, infantiumque eorum Hugonis et Marie. -Willelmi de Mirebello. Stephani de Maireniaco. Willelmi Ulrici. Bertranni de Salvia. Pagani avuncult uxoris Jacquelmi. Bruni prepositi. Bomni de Salvia.
Comme on le voit par les signatures des chartes dont je donne ici des extraits, presque tous les membres de cette grande famille mirebalaise, intéressée aux actes de donation ou de vente pendant toute la durée du XIe siècle, se trouvent toujours réunis.
(33) Carl. Sancti Cypriani, f° 30.
(34) Mss. D. Fonteneau, t. XX, p. 113, cartulaire de Saint-Nicolas,
(35) Mss. D. Fonteneau, t. XX, p. 107, terrier de Saint-Nicolas.
(36) Voir, à ce sujet, une note précédante.
(37) Saint-Pons, Paris, 1830.
(38) Ex gestis cons. Andeg., auctore Major. Monast. monacho, t. XII, p. 501.
(39) Coll. Housseau t. III n 1050.
(40) Arch. de la Vienne, orig. Saint-Hilaire, on lit Wilelmo Mirebellensium domino.
(41) Ex Joannis monachi Maj. Monast. (D. Bouquet, t. XII p. 524.)
(42) Beauchet-Filleau et Ch. de Chergé, t. I, p. 360.
(43) Hist. des grands officiers de la couronne, t. V, p. 8.
(44) Orderic Vital, t. IX, liv. x, p. 48.
(45) Chroniques d'Anjou, Marchegay, t. I, p. 393.
(46) Mentionnée dans l'Histoire des vicomtes de Limoges Mervaud t. l, p. 191. 1.
(47) Gallia chrisliana, t. Vl : Eglise de Poitiers.
(48) B. Ledain, Hist. de Parthenay, p. 80.
(49) Ex Joannis monachi Majoris Monasterii, apud rerum Gallicarum script., p. 524. (D. Bouquet.)
(50) Peut-être le comte de Poitiers n'accorda-t-il son concours que parce que Thibaud de Blason était son beau-frère.
(51) « Pictavensis vero in his quae acciderant obstupefactus, plenus ignominiae et confusionis abscessit. » On reconnaît sans peine dans ce passage, comme dans beaucoup d'autres, que le chroniqueur garde toute sa sympathie au comte d'Anjou, dont il écrit l'histoire.
(52) Peut-être la mention, portée d'autre part, d'un Thibaud de Blason qui était en 1131 abbé laïque du monastère de Saint-Jean-Baptiste, est-elle applicable à notre Thibaud, dépossède de son château de Mirebeau. Il1 doit également se retrouver, selon B. Filleau, dans une charte de 1135, autrefois dans les archives de Fontevrault.
(53) Coll. Housbeau, t. XJIJ, n° 10020.
(54) On connaît en effet une lettre par laquelle Alphonse, roi de Castille, annonce au pape Innocent III qu'au moment où il allait entreprendre une guerre contre les Sarrasins avec l'aide d'une multitude de croisés français, la plupart de ces chevaliers l'avaient abandonné, à l'exception des archevêques de Narbonne, de Bordeaux, de l'évêque de Nimes, et de Thibaud de Blason, seigneur poitevin, naturalise en Espagne. Roderie de Tolède (lib. VIII cap. VI), parlant de ce Thibaud, le dit noble et vaillant, du pays d'Espagne et de race castillane.
L'erreur de cet auteur à l'égard de la nationalité de notre Angevin provient, sans nul doute, d'une alliance contractée par le père de ce dernier avec une noble castillane, appartenant peut-être à la famille du roi Alphonse. La note qui accompagne la lettre du roi de Castille constate que ce souverain nomme ce chevalier « naturalem suum, quasi ingudinum. Elle ajoute « Nempe, cum, circiter annum 1130, pater ejus aut avus, Blazonis et Mirebellis toparcha, in Gaufridum Belleon comitem Andegavensem rebellis. ejus in se arma comitavisset, comes Blazonis terram et castrum succendit etc. Unde intel ligimus Blazones dominos, cladibus affectos, in Hispamam demigrasse. » (D. Bouquet, t. XIX, p. 252, 255.)
(55) « Tria haec castella Gaufrido cesserant in hereditatem. »
(56) Dumoustier de la Fond, Hist. de Loudun, p. Il, d'après Rapin Thoiras.
(57) Rotuh lill. pal. in Turri Londincnsi asservali, p. 6.
(58) Ibid., p. 17.
(59) Dit Guillelmus de Eccla, Ecclesia
(60) Lecointre-Dupont, loc. cit., p. 164.
61 Suivant les auteurs du Dict. des familles du Poitou, on lisait autrefois dans le Grand Gauthier de l'évêché de Poitiers « Mauricus de Blazon, Pictavensis episcopus, sedet 25 ann. »
La page sur laquelle figurait cet évêque n'existe plus. Ce manuscrit a été relie depuis quelques années, et à cette époque cette page manquait déjà. Il est à remarquer d'ailleurs que sur les feuillets respectes par le temps, aucun prélat n'est indiqué autrement que par son nom de baptême, et que, suivant l'usage adopte par l'Eglise aucune charte relative à l'évêque Maurice ne mentionne son nom de famille.
L'historien Ménage dit bien qu'il appartenait à la famille de Blason, qu'il était frère de Thibaud, époux de Mathilde, vivant en 1113, 1125 et 1150, et par conséquent oncle paternel d'un autre Thibaud, époux de Valence, sénéchal du Poitou, et seigneur de Mirebeau de 1207 à 1228.
A coup sûr, il commet ici une double erreur, car en 1214, époque de sa mort, l'évêque Maurice aurait été beaucoup plus que centenaire, si l'on en croyait l'historien de Sablé.
Mais, d'autre part, les auteurs du Gallia christiana, d'après le cartulaire de Fontevrault, affirment que Maurice de Blason était issu de race royale, dans la ligne maternelle. Pour que ce dernier fait fût possible, il faudrait admettre que l'un des fils de Thibaud et de Mathilde émigré en Espagne, eût épousé une fille de la maison royale de Castille dont il aurait eu l'évêque Maurice et le père de Thibaud de Blason, le trouvère, lequel serait alors seulement arrière-petit-fils du vaincu de Mirebeau. Ces suppositions sont beaucoup trop hasardées.
Il est bien plus rationnel de suivre l'opinion de l'archiprêtre Jean Hervier, qui, dans une Notice sur ce que l'on a pu trouver sur la fondation de la collégiale écrite en 1618, dit Maurice oncle maternel de Thibaud de Blason seigneur de Mirebeau. (La charte de fondation d'un anniversaire par Thibaud de Blason, en mémoire de son oncle Maurice, dit formellement « avunculi ».)
(62) « Cum assensu domini terrae » (mss. D. Fonteneau, t. XVIII, p. 137). Le nom du seigneur n'est pas indiqué dans la charte, mais on sait qu'à cette époque Mirebeau était au pouvoir de Jean Sans-Terre.
(63) Selon Ménage, Hist. de Sablé, Thibaud de Blason fut un troubadour célèbre de son temps. Neuf chansons en langue d'oil, qui lui sont attribuées, existent à la bibliothèque de l'Arsenal, à Paris (collection des anciens poètes français).
(64) Arch. de la Vienne, chap. de Mirebeau, liasse 32. L'acte porte: « Philippo rege Francorum regn. Theob. de Blazun, tunc primum domino Mirebelli. »
(65) L'acte passé : « Philippe étant roi de France, Maurice, évêque de Poitiers, et Thibaud de Blason seigneur de Mirebeau, est signé par un grand nombre de témoins comme c'était encore l'usage à cette époque. Il fait connaître le nom de certains dignitaires du chapitre, sinon tous les chanoines : Jean de la Celle, chevecier de Notre-Dame; maître Guillaume de Ozanne; Aimeri Chausseroye; Renaud de Marconnay; Pierre d'Ourly; Mathieu de Dandesigny; Pierre Arbert; Guillaume Perochel; Guillaume Minaud, chanoine de Notre-Dame; Pierre de Brizay; Aimeri Briend; Pierre de Maulay; Geoffroi Asselin, et beaucoup d'autres. Pierre Amenon apposa le sceau du chapitre.
(66) Cart. Fontebrald., on lit « IIII nonas aprilis migravit a seculo, dulcis memorie, dominus Mauricius Pictavensis Ecclesie pastor egregius, regali prosapia ortus, morumque honestate preclarus, omnium quoque scripturarum scientie imbutus, verbi Dei dispensator ferventissimus, sed et sancte Ecclesie et fidei catholice columpna immobilis, exstitit et defensor fortissimus, nobis quoque pater dulcissimus, ac amator nostri devotissimus. Oremus. »
(67) Ces faits ont été attestés à l'archiprêtre de Mirebeau, Jean Hervier, vivant en 1618, par un témoin oculaire, alors âgé de 90 ans.
(68) Mss. D. Fonteneau, t. V, p. 631.- Teslis, nobilu vir T. de Blasum dominus Mirabelli etc.
(69) Mss. D. Fonteneau, t. LXXX1I. – Son sceau représente un cavalier; le contre-sceau porte trois bandes.
(70) Ex manuscripto codice Colbertino.
(71) « Mausiacum et omnia castella que hatebal defuncius de Blason quondam maritus meus quando decessit.» L'original de cette pièce, actuellement aux Archives nationales, est scellé d'un sceau ovale de 60 mm. sur 40 mm., représentant une femme debout avec la légende SIGILLVM DOMINE VALENCIE.
Ce Mauzé n'était point celui d'Aunis, comme l'a cru M. L. Faye (hist. de Mauzé) ; il était près du Pont-de-Cé et appartenait, au XIIe siècle déjà, à la famille de Blazon. Un ne comprendrait pas, d'ailleurs, pourquoi Valence, résidant à Vincennes, aurait rendu l'hommage lige pour un château qui ne lui appartenait pas, et dont son mari défunt n'aurait eu que le gouvernement.
(72) Cart. Burgul., p. 195
(73) Coll. D. Housseau, t. XIII, n° 10630 « hardacia seu augmenta ».
(74) Il est inutile de relever l'erreur que les auteurs ont commise en avançant que « cette fille, parente par son père de la reine de France, aurait épousé Guy IV, vicomte de Limoges fils de Guy III et d'Ermongarde, » dont il n'eut pas d'enfants; alliance que la chronique de Limoges, disent» ils, place vers 1243. »
On a vu plus haut que ce mariage est applicable à la grand'tante de Thibaud, laquelle vivait vers 1147.
Une généalogie manuscrite du cabinet des titres, fonds d'Hozier, prétend que Valence ou Valentine se serait remariée à Pierre de Brisay, seigneur de la Roche-de-Brisay, en Mirebalais. (Voir au paragraphe III v° La Roche de Brissay.)
(75) Arch. nat., trésor des chartes, J. 178, n° 20. Original lat scellé en cire verte sur double queue, de vingt sceaux, parmi lesquels manquent les septième, onzième et vingtième. Celui de Thibaud de Blason, de forme ronde et de 30 mm., porte un écu triangulaire, accoste de deux fleurs de lis, dont le champ présente un banda de….. de six pièces; de la légende on ne lit que …AZ0;VALE.
(76) Mss. D. Fonteneau, t. XXVII, p. 159.
(77) Arch. nat., J. 178, n° 21. Original lat. scellé en cire jaune sur double queue, de seize sceaux, parmi lesquels le cinquième (Thibaud de Blason) et les six derniers manquent.
(78) Dict. des familles du Poitou, t. I p. 361.
(79) Cart. Burgul., p. 227.- Un anniversaire était célébré le 9 des calendes d'avril, et 20 sols de rente y étaient affectés sur le prévôt de Mirebeau.
(80) P. Anselme, t. III p. 573 t. Vlll, p. 857.
(81) Ibid., t. VII, p. 78.
(82) Arch. nat., J. 178.
(83) Arch. nat., J. 178, n" 29. Original scellé en cire verte sur cordon de soie rouge. Le sceau rond do 78 mm. représente un cavalier arme de
(84) Mss. D. Fonteneau, t. XI, p. 329-331.
(85) Ibid., t. XI, p. 343.
(86) Ibid.. t. V, p. 183.
(88) Mss. D. Fonteneau, XI, p. 431 et 439.- Arch. de la Vienne, Fontaine-le-Comte.
(89) Arch. de la Vienne chap. Notre-Dame de Mirebeau, Chouppes, Saint-Cyprien, Cragon.
(90) Arch. de la Vienne Fontaine-le-Comte, Mirebeau, Saint-Georges, Montgauguier, Notre-Dame de Mirebeau.– Le jeudi après la Saint-Luc 1286, sur un acte de vente entre Colin du Clout, chevalier, et Geoffroi de Marconnay, valet, de certains héritages possédés par le premier à Leugny, paroisse de Sauves, est apposé le sceau établi à Mirebeau.
Ce sceau est rond, en cire brune, attaché à une courroie double en parchemin. La face, mutilée et sans légende, semble porter parti au premier écartelé de….. et au deuxième bandé de six pièces. Au revers, le contre-sceau bien conservé, de 30 mm., porte sur l'écusson un chef emmanché de….. de trois pièces, accompagné en pointe de trois faucons. La légende porte CONTRE : S :TIEBAUT : DE : BOMES. Je crois voir dans cette face mutilée la réunion des armoiries de Bomez et de Blason, justifiée pleinement par l'extinction de la famille de Blason dans celle de Bornez, vers la première moitié du XIIIe siècle.
(91) P. Anselme, t. VIII, p. 861 et suiv.
(92) ibid. t. VI, p. 625-628. – De ce mariage naquit : Mahaut de Bornez, qui épousa Guillaume Crespin, chevalier, seigneur d'Estropagny. « il y eut procès, dit le P. Anselme, contre le comte de Roucy, à cause d'une fille, née d'un autre mariage, qui avait épouse un Roucy. » Il est fait allusion, sans doute, à Marguerite de Bornez, fille de Marguerite de Cominges.
(93) P. Anselme, t. VI, p. 203, et t. XI, p. 410.- Au tome LXXXII des manuscrits de D. Fonteneau, existe le dessin d'un sceau apposé sur plusieurs actes de vente, de 1306 à 1310, par la cour de Mirebeau. La face représente un écu parti au premier de…. à une fasce chargée de deux besants ou tourteaux, accompagnée en chef d'un oiseau; au deuxième, bandé de six pièces. Le contre-sceau également parti au premier comme la face du sceau; au deuxième de. ..à un chef emmanché de trois pièces, accompagné en pointe de trois faucons. Il est vraisemblable qu'il faut voir ici les armoiries de Jean de Bouville, accolées sur la face antérieure du sceau à celles de la famille de Blason, et, sur la face postérieure, à celles de la famille de Bomez. Rien ne m'a appris que Marguerite fût déjà veuve à l'époque où il était fait usage de ce sceau et de ce contre-sceau. Quant au nom de son mari, Jean de Bouville, il est inconnu dans les chartes mirebalaises.
(94) Arch. nat., reg. P 329, 330, 331, 332. (Aveux de la seigneurie de Mirebeau.)
(95) La date de quelques-uns de ces aveux n'a pu être précisée; c'est pourquoi je dis trente au moins, parmi ceux qui ont échappé à la destruction.
(96) Mss. D. Fonteneau, t. XVIII, p. 155.- L'acte est scellé du propre sceau du seigneur.
A partir de cette époque la châtellenie de Mirebeau ne sort plus des mains des plus grands seigneurs de France, dont l'existence se passe généralement au loin, et qui ne font plus guère acte de présence dans le vieux château, dont l'importance commence à diminuer au point de vue stratégique. Des lors, les intérêts de la localité sont confiés à un gouverneur ou capitaine, et les actes, donnés au nom du seigneur, sont généralement scelles d'un sceau établi à cet effet, mais qui n'est plus, sauf de rares exceptions, le sceau particulier du possesseur de la seigneurie. C'est ainsi qu'au bas d'un acte par lequel Jean Berneau de Vilaines vend à M' Simon de Saint-Cloust, chanoine de Saint-Martin de Tours, le mercredi avant la Chandeleur 1334, une rente, etc., pend le sceau établi à Mirebeau pour le seigneur dudit lieu. II est rond, en cire verte, suspendu à un double lien en parchemin, et représente un écu, parti: au premier un lion, au deuxième un écartelé. La légende n'est plus lisible; au revers l'écusson du contre-sceau est semblable, et de la légende on lit encore les mots DE MIRABEL. Roucy portait d'or, au lion d'azur; Bornez, écartelé de….. et de…. (Arch. de la Vienne.) Il n'est pas inopportun de rappeler que cet usage de sceaux établis pour les seigneurs dans leurs châtellenies ne fut toléré qu'à l'égard de ceux qui étaient depuis longtemps en possession de ce droit. (Lettre de Charles, roi de Sicile, comte d'Anjou, du 29 mai 1280, qui défend aux barons du comté d'Anjou de faire usage de leur propre sceau, attendu le préjudice que cette usurpation des seigneurs causait, tant au sceau du comte qu'à sa cour. – Arch. nat., J 178 et 179, n° 10.)
(97) Le sceau de Robert de Coucy, représentant un lion supportant un R, était apposé à une quittance de 550 francs d'or donnée par lui le 29 août t36t. (Anselme, t. VIII, p. 86t et suiv.)
(98) Chroniques de Froissard. L'épisode de la prise du château de Montcontour par les Anglais, en 1370, et de sa reprise par Du Guesclin en 1372, ne doit point trouver sa place ici, les seigneurs de Mirebeau ne paraissant y avoir pris aucune part.
(99) Arch. nat., reg. P 336, cote 799. Cette vente fut faite par messire Pierre de Craon, comme procureur de Mme Isabelle, en présence de Mgr Hardouin de Gueil, évêque d'Angers, Laurent de Faye, évêque d'Avranches, Jehan le Bègue, chanoine d'Angers, Jehan de Rimilly, Thibaud Levrault, messire Louis du Breuil et Mace Fréron.
(100) En 1374, Louis Ier faisait usage d'un sceau de 110 mm. (Arch. nat., n°241.) Sur un fond diapré, semé de lions et d'aigles, on voit un cavalier armé de toutes pièces, l'épée dans la main droite, le bouclier aux armes pleines d'Anjou moderne (semé de France, à la bordure de gueules). Le casque fermé est surmonté d'une grande fleur de lis. Le cheval caparaçonné aux mêmes couleurs. Il ne reste de la légende que : SIG : LVDOVICI : FILII : REGIS : ET …. DNI : DE: GVYSIA. Ce sceau diffère un peu de celui décrit par le P. Anselme.
(101) Bibl. nat., fonds français, 9501, f 292 : liste des hommages simples ou liges de Mirebeau en 1387.
(102) Arcb. nat.reg. P 329, cote 43.
(103) Mss. D. Fonteneau, t. XVIII, p. 157.
(104 et 105) Arch. Nat., reg. pp33, cote 431.
(106) Arch. nat., reg. P 334, cote 552.
(107) Ibid reg.PP 33, cote 431.
(108) Arch. nat., reg. PP 33, cote 260.
(109) Cette clause de la vente semble eclairer ce que M. l’abbé Auber avait trouvé obscur dans sa notice sur la Roche-sur-Yon, à propos de l’hommage de cette terre rendu à Louis XI par le duc d'Anjou, malgré la vente de la seigneurie faite à la famille de Beauveau. Il est vraisemblable que cette condition de l'hommage et du serment avait été stipulée pour la Roche-sur-Yon, comme elle le fut pour Mr. beau.
(110) Arch. nat., reg. PP 33, cote 260.
(111) Mss. D. Fonteneau, t. XVIII, p. 175.
(112) Arch. nat., reg. PP 33, cote 260.
(113) Ibid., reg. P 1334, f 140; 1334, f- 58, 72; 1334, f 14, 38, 64.
(114) Louis Trincant, procureur du roi A Loudun, savant magistrat, auteur de plusieurs ouvrages estimes, et dont les Mémoires inédits, signales par Dreux du Radier, paraissent en grande partie perdus, avait accepté, en raison de sa grande connaissance des familles du pays, la mission de donner des renseignements à André du Chesne pour son Histoire de la maison de Richelieu
Les notes qu'il lui adressa sur Loudun, Faye et Mirabeau, se trouvent dans le tome LXVII de la collection Du Chesne, à la Bibliothèque nationale. A part quelques dates erronées pour les époques reculées, on peut ajouter foi à l'exactitude de ces notes, surtout en ce qui concerne le XVIe siècle, et les trente premières années du XVIIe, pendant lesquelles elles furent écrites d'après des documents officiels dont on a aujourd'hui perdu la trace, et qui avaient été communiqués sans nul doute à ce magistrat. Plusieurs auteurs ont également commis une erreur en avançant que le Mirebeau d'Anjou fut donne, en 1467, à Blanche, fille naturelle de René, et femme de Bertrand de Beauveau sire de Precigny, après avoir hit partie, en 1451, du douaire de Jeanne de Laval, deuxième femme du roi de Sicile. Il s’agit en cette circonstance d'un Mirabel situé en Provence, qui n'a rien de commun avec celui dont nous écrivons l'histoire.
(115) Il parait, d'autre part, qu'il eut l'intention d'en apanager Charles, duc de Calabre.
(116) Arch. nat., reg. P 351, cote 108,
(117) Mss. D. Fonteneau, t. XVIII, p. 181.
(118) Mss. D. Fonteneau, t. XVIII, p. 183.
(119) Mss. D. Fonteneau, t. XVIII, p. 183.
(120) Arch. de la Vienne, G 2, liasse 58, la Roche-de-Chisais.
(121) Ibid., Vouzailles.
(122) Arch. du château de la Barre, t. II, p. 490.
(123) P. Anselme, 1.1, p.256.
(124) Voir en outre les récits de la bataille de Montcontour (Mém. Des antiq. de l’Ouest, 1843 et 1844).
(125) Mss. D. Fonteneau, t. XLVII, p. 339.
(126) M. Ernest Roblin, avocat, Note sur une inscription, etc. (Bull. des antiq. de l'Ouest du deuxième trimestre 1875).
(127) Mém. des antiq. de l’Ouest, 1839, Ch. de Chergé.
(128) Mss. D. Fonteneau, t. XLVII, p. 459.