Castrum de Rocha super Oyonem (la Roche sur Yon) prieuré saint Lienne

A l’Age du Fer, probablement dès l’époque gauloise, le rocher La roche devint une Enceinte, cultuelle ou défensive même, puisqu’un véritable souterrain-refuge existe à Aiguebouille, au niveau du côté à pic qui surplombe la rivière. Mais il est probable qu’il n’a été creusé  qu’à l’époque des invasions normandes, c’est-à-dire vers le VIIIe ou le IXe siècle.

Les Gallo-Romain ne semblent pas avoir séjourné à La Roche, ni avoir fréquenté la haute vallée de l’Yon. Cependant, au Nord de la Ville, et des souterrains du Moulin-Neuf et de La Brunetière, il y eut une importance station romaine, vers Dompierre ; car une nécropole très considérable a été découverte et fouillée à la Créancière.

Plus au Sud, il y a eu, d’autre part, un centre romain aussi intéressant ; celui de Mareuil sur Lay.

Un affutoir, soit gaulois, soit plus ancien, en porphyrite augitique, avec trou de suspension, en forme de hache polie, a été trouvé au Moulin-Neuf. Il pourrait être aussi bien mérovingien que plus ancien ; en réalité, il est impossible de le dater.

 

Moyen-Age — Mais, dès le IXe siècle, et surtout au Xe, quelques Bas-Poitevins, des Picti,. (Pictons) c'est-à-dire des Hommes tatoués, étaient rassemblés sur la Rocha de 1035, puisque la première chapelle date de 944 et correspond au transport de Saint Lienne de Poitiers à La Roche.

 (vue 360 du pont d'Ecquebouille)

 

Les premières maisons se groupèrent autour d'un Rocher des bords de l'Yon, au niveau d'Ecquebouille (l'eau bouillonnante) ; rocher' qui n'est connu que depuis 982, sous le terme latin Rupes.

Au XIe siècle, Guillaume le Grand, comte de Poitiers et duc d'Aquitaine, entreprend de réorganiser la défense du Bas-Poitou, choisissant comme principal point d'appui le site de Talmont et comme base arrière et La Roche-sur-Yon, deux forteresses qu'il confie à son fidèle Guillaume le Chauve

Dès l'arrivée des Anglo-Saxons ou Normands, il fallut donc que les habitants creusent des Souterrains au niveau de la Ville pour se protéger.

Souterrains. — C'est ainsi que furent construits les Refuges suivants :

1° Souterrains d'Ecquebouille (ou Aiguebouille). La véritable dénomination est, en réalité, Aiguebouille ; et il faut s'y tenir.

D'après l'Abbé Auber, on aurait trouvé là, jadis, deux petites cuillers à pied de biche ; des pointes de flèche et des fers de lance en bronze ; cela vers 1853 (Ann. S. V., 1858, p. 58).

Mais ces vestiges précieux sont —hélas ! — perdus pour la Science, car ils ne sont pas au Musée.

2° Souterrain du nord de la caserne. On n'y trouva qu'un charnier et des armes assez récentes.

3° Souterrain du passage du Commerce (Monthulet, 1921).

4° Souterrain du Haras actuel (1875).

5°-6° Peut-être existe-t-il un vrai souterrain à La Sainbrandière ? De même au Moulin Papon.

7° et 8° Mais ces refuges n'ont jamais été explorés, à l'inverse de ceux du Moulin-Neuf et de La Brunetière, que nous avons fouillés nous-mêmes et restaurés. On trouvera leurs complètes descriptions dans les deux Mémoires importants, que nous avons consacrés à ces monuments (Fig. 2).

Le terme de Sébrandière est connu dès 1333 ; il était devenu Saibrandière en 1338.

A l'époque où il fut visité par le géologue Rivière, vers 1836, on disait déjà : Sainbrandière. Mais il est très peu probable que Saint Yon, en réalité, ait habité dans les environs, non pas certes un souterrain-refuge, bien entendu, puisqu'à son époque il n'y en avait pas ; mais une simple Grotte naturelle.

Au XXe siècle, on a mis au jour au quartier d'Aiguebouille, une vaste Voûte, murée d'une salle souterraine, très bien comprise, mais qui ne peut dater que du Ier Empire, c'est-à- dire de la construction de la ville moderne par Napoléon Ier.

Ce monument, que nous avons jadis pu voir, ne peut pas, par conséquent, être rapproché des vrais souterrains-refuges moyenâgeux et n'a qu'un intérêt purement historique (Réserves de poudres ou poudrière, sans doute)

Première Eglise (1)

 – On connait dès 1092. En effet, on lit, dans les Chartres N°s 4, 5, 6, du Cartulaire de La Roche-sur-Yon, ces mots « Ecclesia rochœ, de foris Rocha ; Caprarius de Rocha. — Ecclesia Rupe ».

A cette époque, la ville s'appelait Rocca ou Rocha super Oium Hou encore Rupes.

Mais le vrai Castrum n'apparaît qu'en 1028, si Oion, nom de la rivière, est connu depuis 1035. Le territoire du Bourg, la Terra Rochœ ; n'est citée qu'en 1208 (2)

Le mot français « Roche-sur-Yon » se trouve dès 1268, à propos du Chatel, c'est-à-dire du Castellum ou Castrum.

Mais l'orthographe moderne ne date que de 1333 en réalité (3).

 

Origines:

CHAPITRE 1er

De 987 à 994.

 

La Roche-sur-Yon doit son importance primitive à une fondation religieuse, comme tant d'autres localités qui se sont accrues dans la suite, et qui, ayant commencé par les murs d'un monastère, sont devenues des villes florissantes ou des centres plus ou moins considérables de population.

On peut remonter jusqu'au Xe siècle et y trouver des traces de ses origines : elle y est désignée sous le nom de Roca super Oion, qu'on lui voit encore au XIVe.

Ce nom a tellement varié jusqu'à nous, qu'il devient curieux de suivre ses transformations multipliées, et d'y voir comment, après sept ou huit siècles d'une orthographe arbitrairement remaniée, nous l'avons définitivement aujourd'hui tel qu'on le trouve déjà en 1216.

Variantes des noms latins de la Roche au moyen âge

Voici, d'après de nombreuses chartes que j'ai examinées pour ce travail, les variantes que j'ai recueillies, et dont plusieurs, par une bizarrerie assez remarquable, se trouvent parfois dans les mêmes pièces :

En 987. Rupes.

1035. Rocha super Oionis fluvium.

1092. De Rocha. De Rupe super Oium. - Rocca super Oium.

1096. Rocha super Oium.

1104. De Raucâ.

1122. Apud Rocham castrum quod vulgariter dicitur super Hohium.

1125. De Rocha super Oium.

1128. Rocham castrum quod vulgariter dicitur super Hobium.

1203. Rocha super Eonam.

Avant 1208. Terra Rocha.

En 1210. Rocha super Oyonem.

1212. De Rupe.

1216. Castrum de Rocha super Oyonem.

1220. super Oeon Rocha

1225. Rocha super Eium et super Eum. Super lum et sur Jum.

1255. Rocha super Oyon.

1256 et 57. Rocha super Yon. Super Eonium, et Rocha super Yom.

1270. Rocha super Oyon.

1294. La Roche-sur-Yon.

1296. Rupes super Yon.

1321. De Rocha.

1346. Apud Rocham super Oyn.

1408. Roca super Oyon.

1502. Roca ad Oyonam.

Depuis le XVIe siècle, les actes publics ayant dû être écrits en français, cette nomenclature n'a plus varié, et c'est la Roche-sur-Yon irrévocablement. Le lecteur aura observé d'ailleurs que ce mot est le même en 1294 que de nos jours.

 

— Description du site.

 

En 1210, on disait Rocha super Oyonem, comme nos géographes d'il y a cent ans, qui tous se sont accordés, comme nous l'avons dit, à traduire ainsi le nom français dans les dictionnaires assez bienveillants pour lui consacrer deux ou trois lignes de souvenir.

Quoi qu'il en soit, ce nom exprime très-bien la position de notre petite ville.

C'est sur une colline, à égale distance à peu près de Luçon, des Sables, de Montaigu et de Challans, que s'éleva, on ne sait plus quand, sur un rocher escarpé, une forteresse dont la position militaire eut jadis son importance. C'est surtout du côté sud, en arrivant de Luçon, qu'on est ravi du pittoresque de ses perspectives.

A ses pieds, et la défendant du côté oriental, la petite rivière d'Yon, qui baigne la ville, épanche ses eaux depuis l'étang de la Chevillonnière, au S.-O. de la forêt des Essarts, jusqu'au Grand-Lay, où elle se confond avec le marais de la Claye, et coule dans un bassin le plus souvent resserré par des coteaux élevés, de nature granitique et schisteuse.

Non loin de la forteresse, au sud-ouest, apparaissait une vaste forêt dont on rencontre à peine de notre temps quelques vestiges, et qui semble avoir toujours porté ce même nom.

- Premiers faits militaires.

 

vers 987.  Les premiers faits militaires consommés sur cette terre féodale y apparaissent, selon les chroniques.

En ce temps Guillaume le Grand, comte de Poitiers, eut un démêlé avec Geoffroy Grisegonelle, comte d'Anjou. L'affaire dut se vider par les armes.

 Les deux contendants se rencontrèrent près de la Roche-sur-Yon, et Guillaume, vaincu en bataille rangée, fut poursuivi par le comte jusqu'à Mirebeau. Là des conventions se firent par suite desquelles le premier abandonnait au second et à ses successeurs la ville de Loudun et quelques autres terres, à la charge de l'hommage envers les comtes de Poitiers (4).

Les historiens contemporains qui racontent ce fait s'exprimeraient en termes douteux quant au théâtre de cet événement, si la géographie n'autorisait à penser qu'il est bien réellement question ici de notre petite ville.

Les uns disent que Guillaume fut battu près d'un lieu nommé les Roches (5) ; d'autres ne nomment pas le lieu du combat (6); mais l'Art de vérifier les dates (7), en citant le texte de D. Luc d'Achery : In praelio campestri superavit eum super Rupes, traduit ce dernier mot par la Roche-sur-Yon.

L'inspection de la carte a dû suffire effectivement pour faire reconnaître le champ de bataille, qui devait se trouver au nord de Mirebeau et de Loudun, du côté de l'Anjou.

Les savants bénédictins que je cite disent, au reste, que l'action se donna près d'un château : je soupçonne que Grisegonelle, à qui il appartenait dès ce temps, s'y était renfermé pour attendre Guillaume, à qui son surnom de Fier-à-Bras convient assez mal, il faut l'avouer, en celle rencontre.

 

CHAPITRE II.

De 994 à 1094.

 

Autour du château fort n'était pas encore, en 994, un nombre d'habitations très-considérable, quoiqu'une charte de cette année y mentionne une église dans laquelle furent transportées les reliques de St Lienne ou Léonius.

 Ce saint prêtre, disciple de notre grand Hilaire qui l'honora de son intimité, était mort à Poitiers vers la fin du IVe siècle, peu de temps après son maitre et son ami. On l'avait enseveli dans une chapelle édifiée proche de l'église connue sous le vocable du saint docteur.

De nombreux miracles, illustrés par saint Fortunat (8), avaient fait de ses reliques l'objet de la vénération des fidèles, et ces témoignages de sainteté duraient sans doute encore cinq siècles plus tard, lorsque Ingelenus, seigneur de la Roche, fil transporter ces précieux restes dans son domaine.

Mais les chanoines de Saint-Hilaire de Poitiers, dit Thibaudeau, n'y consentirent qu'en faisant de l'église de la Roche-sur-Yon un prieuré de leur collégiale, avec droit sur soules ses acquisitions à venir, et un cens de dix sous qu'elle payerait annuellement au chapitre, à la fête de Saint-Hilaire, célébrée aux calendes de novembre (9).

Guillaume III, comte de Poitou, qui, d'après le même auteur, approuva cette convention, y statua, de son côté, que les seigneurs de la Roche ne pourraient établir de chanoines dans cette église sans le consentement du chapitre, et que celui-ci s'obligeant d'aller tous les ans célébrer à la Roche, le 12 juin, la fête de la

 

Translation de saint Lienne, les prêtres de la Roche viendraient aussi à Poitiers solenniser la translation de saint Hilaire (10).

Ces termes semblent indiquer que les prêtres d'abord placés dans le prieuré n'appartenaient pas au chapitre, mais qu'il se réservait d'y en établir tôt ou tard. J'aurai à revenir sur ce fait. Quoi qu'il en soit, c'est à ces bonnes relations que la seigneurie dut ensuite l'église qu'on trouve dès le XIe siècle, sous le vocable de St Hilaire, en dehors de la Roche.

Une autre église de St-Michel, non moins ancienne, lui fut réunie en 1642, et conservée au culte jusqu'en 1829. C'est un édifice roman aujourd'hui abandonné, et qu'on aperçoit près du boulevard de la nouvelle ville, sur la route de Saumur (11)

Vers 1035

Le prieuré de Saint-Lienne possédait non loin des bords de l'Yon deux églises, dont le territoire formait une paroisse appelée dès lors les Moutiers ( monasteria ), et dont nos cartes signalent encore la position précise à quatre ou cinq kilomètres d'Avrillé. Plusieurs titres fort anciens écrivent les Mustiers.

On voit par une charte de cette époque, éditée avec beaucoup d'autres par M. Marchegay, que Geoffroy, vicomte de Thouars, Adenor sa femme, et leurs fils Aimery et Savary, donnèrent à St-Martin de Marmoutiers des terres labourables qui s'étendaient Vers le long de la petite rivière (12).

Plus tard, sur un alleu 1040 qu'ils possèdent dans cette même paroisse des Moutiers, ils lui donnent encore une rente de C sous (13). Il faut conclure de là, d'abord, que la célèbre abbaye avait déjà des rapports avec ce pays, où bientôt elle acquerrait des possessions plus considérables, et que le vicomte de Thouars était sans doute seigneur de la Roche-sur-Yon.

On remarque parmi les signataires de celle charte un certain Martin Malmouche (Mala Musca), dont le nom est encore connu aujourd'hui dans la Touraine.

Nous touchons à l'une des époques les plus intéressantes de notre histoire.

La Roche va s'animer, et prendre pour ainsi dire une physionomie du moyen âge.

 

1092 Les chanoines de Marmoutiers avaient eu, de très-ancienne date, un canonicat dans l'église de St-Hilaire de Poitiers. Nous ne savons comment cette possession était tombée en désuétude ; mais il paraît qu'à la fin du XIe siècle il n'en restait plus de traces. L'idée vint à Bernard, abbé de Marmoutiers, de renouer cette vieille liaison.

Il se rendit donc en 1092 à Poitiers avec onze de ses moines, parmi lesquels figurait Helgod, qui avait quitté le siège épiscopal de Soissons pour la vie monastique. Il réclama des chanoines de Saint-Hilaire-le-Grand que le canonicat anciennement possédé dans leur église par les moines tourangeaux fût rendu à ceux-ci, et qu'on y ajoutât la desserte de l'église de Saint-Lienne, dont le culte recevrait ainsi plus d'extension.

Le chapitre poitevin accorda l'un et l'autre. Les frères de Marmoutiers furent pourvus d'une prébende; le prieuré de la Roche sut leur donné à perpétuité, avec toutes ses appartenances, à la seule condition de la rente perpétuelle de X sous, monnaie de Poitiers, payable chaque année aux calendes de novembre. En reconnaissance de ce bienfait, les enfants de St-Martin offrirent à ceux de St-Hilaire une belle chape ornée d'insignes et de symboles qui rappelaient les deux grands confesseurs du IVe siècle (14).

Le saint évêque Pierre II, alors sur le siège de Poitiers, confirma celle donation, et y ajouta pour condition expresse que les religieux du prieuré payeraient aussi à son église cathédrale une redevance de X sous, dans le chapitre assemblé le jour de la fête de tous les saints (15).

Il est remarquable que cette convention répète textuellement l'obligation de X sous de rente et du terme de la Toussaint imposée à la communauté de Saint-Lienne dès sa fondation. Serait-ce le simple rétablissement d'un usage oublié avec le canonicat que Marmoutiers est venu réclamer à Saint-Hilaire, ou bien Thibaudeau se sera-t-il trompé, comme il y est sujet, en attribuant à la fin du Xe siècle un fait que des preuves authentiques ne révèlent que plus de cent ans après ? L'une et l'autre de ces conjectures à ses probabilités, selon moi.

L'obscurité qui nous cache l'existence du prieuré de Saint-Lienne, de la fin du Xe siècle à la fin du suivant, laisse croire que, par suite des secousses sociales si fréquentes dans ces temps de guerre et de destruction, le monastère aura pu souffrir la famille se disperser, les titres disparaître: de là cette réclamation des moines de Saint-Martin, qui semblent se raviser tout à coup après un long désistement de leur prébende de Saint-Hilaire, et demander comme une grâce qu'elle leur soit rendue.

Mais, quant à la possession du prieuré, les termes de la charte de 1092 sont trop explicites pour laisser croire que ces mêmes moines l'aient jamais possédé antérieurement. Pourquoi, en effet, n'y serait-il aucunement question de cette possession antérieure ? Il faut donc regarder comme déplacés, quant à leur date, les détails donnés par Thibaudeau, qui a d'ailleurs le grand tort de ne citer aucune source.

 

 

 

 

LA LÉGENDE DE SAINT LIENNE, disciple de saint Hilaire (Rocca Super Oyonem)<==.... ....==> Origine du Bourg-sous-la-Roche-sur-Yon

 


 

(1) Les Eglises de la Ville ont été citées dans le Chroniques du Bas- Poitou (1929, t. III, p. 48).

Le Prieuré de La Roche est mentionné dans une charte de 1035. Il y avait une Paroisse du Prieuré au début. (Cf. super Oionis, fluvium mansuras) (Ar. de La Roche).

(2) Des vues de l'ancien château féodal ayant succédé au Castrum et au Castellum, ont été publiées en particulier dans les Echos du Bocage Vendéen.

(3) Ne pas oublier qu'Ambroise Paré exécuta une saignée de la temporale (Artériotomie) sur Louis de Bourbon-Vendôme seigneur le Prince de La Roche-sur-Yon, était le fils cadet de Jean II de Bourbon, comte de Vendôme et de La Marche, et d'Isabelle de Beauvau.. (Cf. Anc. Seig. (Marchegay, 1853).

(4) Art de véritier les dates, t. X, p. 95.
(5) D'Achery, Spicil., t. II, p. 232.
(6) Adhémar Chaban. , apud Labbe, Nov. biblioth. Ms. t. 11.
(7) T, XIII, p. 49.

(8) Vita Sti Hilarii, passim. De Dono Ecclesie Oren

Omnibus hoc presen scriptum legentibus, notificamus quod Petrus, Arnaudi filius et sancti Léonii canonicus, relicta mortalis vite rubigine, deelegit sibi Majus Monasterium, quod primi parentis facinora ablueret et in secundi vestigiis se informaret, sagax memor evangelii dicti : «  Qui seduitur me non ambulat in tenebris » et cetera. Iste, préoccupatus honoribus multis modis, Roberto fratri suo omnia dereliquid, excepta ecclesia Orenaii et decima, quam ecclesiam et decimam sancto Martino in elemoosinma secum obtulit et dedit. Decima de lana et de agnellis et de porcis erat et a Petro Rufo procedebat. Tali pacto Petrus sua fratri suo dereliquit quatinus, omnibus vite sue dicbus omnesque successores fiscum summ possidentes, elemosinam ejus, sine auro ve argents aut alicujus rei donacione, monachis sancti Martini plenarie muniret.

Roberto supradicto mortuo, Simon, filius ejus, in hereditatem successit, Petro Rufo elemosinam avuneuli sui adhuc viventis relavarit et.. monachum, qui tunc prior erat, sine contradicionne, sine ullo munusulo, restivit.

Testes hujus revastionis a Symone facte sunt isti : Willemus frater ejus, Budicus Fulcherii filius, Martinus de Casnapia, Bricius de Lucho, Anterius chamerarius, Martinus clericus.

Iterum, in festivate sancti Johannis Baptiste, debent servitores sancti Leonii XII. Denarios in cervicuim caballi.

(9)   Je suppose que cette fête est celle de la Translation de St Hilaire, qui se fit vers 507, après la victoire de Clovis sur Alaric, lorsque St Fridolin eut reconstruit, sous l'épiscopat d'Adelphius, l'église et le monastère. Dom Fonteneau prétend, dans une note de ses manuscrits, que l'office du 1er novembre se faisait à Saint-Hilaire partie de la Toussaint et partie de la Dédicace de cette église, qui aurait été faite antérieurement ce même jour. Mais je crois qu'on pourrait apporter une autre raison de cette coïncidence apparente d'une fête patronale et de la Toussaint.

En effet, quoique cette dernière fût établie généralement dès le IXe siècle, il est probable qu'elle n'avait pas encore, à la fin du Xe, toute la solennité qu'on lui a donnée par la suite, et qu'on se croyait permis de lui préférer celle d'un fondateur et patron spécial. Rapaillon, chanoine de St-Hilaire, parait avoir eu avant moi cette persuasion, et c'est pour la réfuter que D. Fonteneau allègue l'office de la Dédicace. Mais, outre que notre bénédictin ne dit pas quand a commencé la simultanéité des deux offices, dédicace n'aurait-elle pas été l'application même, faite pour la première fois, du nom de St-Hilaire à l'église nommée d'abord St-Jean et St-Paul, ou à celle que St Fridolin fit reconstruire? Rien de plus croyable, et cela concilierait très bien l'opinion de Rapaillon et la mienne avec la remarque de D. Fonteneau.

(10) Thibaudeau, Hist. du Poitou, t. I, ch. 4.
(11) M. de Ste-Hermine, note de la nouv. édit. de Thibaudeau , t. 1, p. 448.
(12) Cartularium prioratus Roche super Oionem , in-8°, p. 1.

Carta Gausfridi, Toarcensium Vicecomitis, de Dono Terrae Areabilis, sepulture et complanti in Parochia de Monasteriis
(13) Ibid., p. 2.

(14) Cartular., p. 5.-D. Font., X, 409.

(15) Cartularium prioratus, p. 7. - Cette particularité a échappé à l'attention des annotateurs de Thibaudeau. Elle est cependant exprimée en termes formels : « Reddant X solidos per singulos annos in capitulo Pictaviensis ecclesie CANONICIS. Il est vrai que l'exemplaire publié par M. Marchegay ne contient pas ce dernier mot; mais ce ne peut être qu'une inadvertance de copiste, puisqu'on le retrouve dans D. Fonten., t. XVII, p. 393 , et dans D. Estiennot , Antiq. Benedict. , 4e partie, fo 762.