THIBAUD III Chabot, fils unique de Thibaud II et de Marguerite de Chantemerle, chevalier, seigneur de la Roche-Cervière et de Chantemerle.
En 1184, Thibaud III témoigna sa charité envers le monastère d'Orbestier, près des Sables-d'Olonne, par un acte de donation où nous trouvons des détails intéressants.
« Pour le salut de son âme, de l'âme de son fils Sebrand, de sa femme, mère de celui-ci, il donne à Dieu et à l'abbaye de Saint-Jean d'Orbestier le lieu appelé la Sebrandière, dans la paroisse du Gué de Velluire, près de Fontenay-le-Comte. »
Fondation du prieuré de la Sebrandiere, par T. Chabot.
Quoniam per diuturnitatem temporis multociens labitur hominum memoria ideireo velabantur ex tempore que geruntur ab homine, ad majorem confirmacionem scripture testimonio sunt traddenda. Innotescat igitur tam presentibus quam futuris presentem cartulam inspecturis qnod ego T. Chaboz, pro salute anime mee et filii mei Seibrandi, ipso tamen ex parte sua dante et concedente, et pro salute uxoris mee, matris ejus, ac pro redempcione omnium parentum meorum, dedi in puram et perpetuam helemosinam Deo et abbacie Sti Johannis de Orbisterio ac fratribus ibidem Deo servientibus locum meum qui dicitur Seibrandere cum pertinenciis suis, terras scilicet et prata et nemus, sicut eisdem fratribus percalcando monstravi, ut libere, quiete et pacifice in perpetuum habeant et possideant. Dedi eciam monachis ibidem manentibus licenciam et concessi habere canes ad domum suam vel ad animalia sua et peccora custodienda. Ipsi vero receperunt me in fratrem et filium meum et participes fieri tanquam unum ex ipsis in totis beneficiis ecclesie sue. Concesserunt etenim michi me et filium meum et uxorem meam et matrem Seibrandi ad obitum nostrum esse conscritos in kalendario suo, et anniversaria nostra et parentum nostrorum annuatim in abbacia sua celebrari, et oratorium ad honorem beate Marie perpetue virginis in predicto loco construere in quo divina duo fratres celebrarent. Hoc vero donum dedi et concessi libere et absotute custodiri in manu domini Guillelmi episcopi Pictavensis cum, interventu meo, descenderet ad benedicendum locum quo oratorium prescriptum debebat construi, qui ammonicione sua ibidem coram se me fecit Stephanum abbatem et fratres suos de elemosina hac revestiri. Concessit autem dominus Seibrandus patruus meus, Lemoviceiisis episcopus, hoc donum, qui eciam adtestatus est, Saildebroil presente et aliis pluribus, ipsum locum nomine Seibrandere esse de legitimo jure patrimonii mei et sui. Ut ad majorem et firmiorem custodiam hec présens cartula permaneat, sigilli mei munimine roboravi, anno Verbi (Incarnati) M° Co LXXX° IIII.
Testes hujus rei : P. Achardi decanus Marolii, Girardus de Borg, Ugo de Fontanis, Gullelmus Boez, quos ipsi monachi in fraternitate sua receperunt, et plures alii.
Guillaume Tempier, évêque de Poitiers, du consentement de Sébrand Chabot, évêque de Limoges et oncle de Thibaud, fit renouveler en sa présence cette même donation, en faveur d’Etienne abbé de Saint Jean d’Orbestiers, et bénit l’emplacement où l’on allait construire la chapelle près du marais Gargouillaud.
Au mois de mars 1258, un autre Thibaud Chabot, petit Fils du fondateur du prieuré, fait au prieur l’abandon du bois de chauffage, que son aïeul s’était réservé.
Nous citons cette charte d’après une copie de 1454. C’est un monument curieux du langage bas-poitevin, au milieu du treizième siècle.
« Ge Thibaut Chabot, chevalier, sire de chasteau Nou et dau chasteau de Voluyre, foys assavoir à tous ceulx qui ceste présente chartre verront et orront, que cum je oguisse mon chaufage en tretouz les boys qui appartènent et appartenir povent et dèvent à la maison de la Sainbrandière, qui moet (qui meut) de l’abbaye de Monsieur sainct Jehan d’Orbestier, je foys assver à tous, que le devant dit eschauffage, je, de ma pleine volunté, ay donné et lessé et quipté et octroyé pour le salut de l’arme (âme) de mo, père et de touz mes ancestres, en pure et pardurable aumosne à Dieu et à Nostre-Dame saincte Marie, et à l’abbé et au couvent de la devantdite abbaye de Monsieur sainct Jeahan…
« Ce fut en l’an de l’Incarnation Jhésu Crist, mil CC cincquante et huyt, en mys de mars »
Douze ans plus tard, le prieuré de la Sébrandière était possédé par un nommé Hugues Monéer. Atteint d’une maladie grave, Hugues fit, le 9 décembre 1270, son testament, par lequel il donnait à l’abbaye de Saint Jean d’Orbestiers, une vigne situé à Sainte Soule en Aunis, avec ses bâtiments et son mobilier, plus ses meubles, immeubles et acquêts, à André, moine de la Sébrandière.
Voici, d’après une copie de 1454, la teneur de ce testament dans ses points principaux :
« En nom du Père, du filz de feu Aymeri Monéer de Niort, posez en l’einfermetez de mon corps, disposze et ordonne mon testament en yceste manère.
Je, Hugues dessus nommez…., pour le salut de mon âme et de mon père et de ma mère et de mes antécesseurs, qui trépassez sunt, done à Dieu et à Madame saincte Marie, à l’abbé et au couvent de Monsiegneur sainct Jehan d’Orbestier trestout mon truyl, lequel je conquis et édiffiay en Aunis, et est assis en la parroche Saincte Sole.
Et en considération des dons dessus nomméz, l’abbé et le couvent…. M’ont doné et octroyé et establi ung chapellain qui chantera et célèbrera à tous jours, en leur abbaye, la messe pour l’erme (lâme) de moy, et pour tous mes amys deffuns…..
Et à la maison de Saynbrandère, en laquelle je ay longtemps conversé, et à frère André, moyne de Sainct Jehan d’Orbestier, pour le bien et pour l’enour (l’honneur) qu’il m’a fait en ma santé et en ma maladie, done tous mes meubles et non meubles et toutes mes conquestes.
Et afin que mes successeurs n’en puissent rappeler dès ores mays aux dons dessus nommez…., je Hugues…y appose mon propre seyau… en testimoine de vérité.
Encore commant (commande) requier et pri que le testament soit séellez de seya au prieur de Leçon (Lesson) et dau seyau au chapelain de Vis (Vix).
Ycest testament fut fait le madi emprès la Conception Nostre Dame saincte Marie, l’an de l’Incarnation Jhésu Crist, mil deux cens soixante et diz. »
Hugues mourut peu après cette date. Son testament fut attaqué par ses neveux, et modifié par une charte du mois de juin suivant. Les héritiers gardèrent le vignoble et l’herbergement de Sainte Soule, moyennant une rente annuelle de 12 livres, payable par moitiè « à la feste Nostre Dame saincte Marie, me aougst, et à Pâques seguans. »
Ce modeste établissement monastique n’eut pas la bonne fortune des petites gens. Son obscurité ne la protégea pas contre le vandalisme des huguenots.
La chapelle fut ruinée par les calvinistes, et reconstruite.
Le prieuré survécut aux affreux ravages dont les guerres religieuses épouvantèrent le Bas Poitou, et jusqu’au dix-huitième siècle, l’abbé d’Orbestier percevait encore un revenu de 500 livres sur le prieuré de Saint Jean de la Sébrandière.
On conservait jadis dans la chapelle Sainte Marie du marais Gargouillaud une statue de la Vierge en pierre noire. Chaque année, le jour du Vendredi Saint, dit une pieuse légende, la Vierge Mère pleurait en présence des fidèles.
On dit que sous François 1er, un délégué de l’évêque de Maillezais se présentait dans la chapelle, pour recueillir les larmes de la statue miraculeuse.
L’ancien prieuré fut complètement réaménagé et deviendra le Château de la Sebrandière construit sous le second Empire.