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PHystorique- Les Portes du Temps
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9 octobre 2020

Portereaux, les portes du Marais Poitevin face à la mer- Porte du canal du Clain ou des Grands Greniers

Portereaux, les portes du Marais Poitevin face à la mer- Anse du Braud (2)

 Afin de réglementer le cours de l'eau dans les achenaux, on se servait de portes mobiles qui affectaient probablement la forme d'une vanne qu'on abaissait ou qu'on relevait pour fermer ou ouvrir le passage.

Chaque canal possède à son embouchure une porte ou écluse, ouvrage en maçonnerie et en bois dont l’existence est attestée dès le Moyen Âge : en 1217 déjà, une telle porte (ou « portereau » - porterellumen latin) est mentionnée dans l’acte d’autorisation de creusement du canal des Cinq-Abbés, accordée par Porteclie, seigneur de Mauzé et de Marans à cinq abbayes de la région.

Telle était la porte de fer établie au XIIIe siècle à l'amorce du bot de l'Anglée.

Portereaux, les portes du Marais Poitevin face à la mer- Anse du Braud (1)

Ces portes, très simples de mécanisme, étaient employées à relier les achenaux les uns aux autres.

Pour faire communiquer les achenaux avec la mer, on faisait usage de portes plus compliquées appelées portereaux, en latin porterellum, fuernae (1).

Ces portereaux, véritables portes à clapet, s'ouvraient automatiquement pour laisser écouler les eaux du marais, et se refermaient à l'arrivée du flux.

Le Père Arcère avait pu voir encore des portereaux. Il nous en a laissé une description minutieuse:

« Deux massifs de pierre soutiennent une grande traverse à laquelle est attachée une coulisse qu'on laisse tomber lorsque la marée monte; et pour empêcher qu'elle n'enfonce cette barrière, deux vantaux ou portes enchâssées dans des pivots sont disposées de manière que les eaux du flot les ferment. Ces portes ainsi réunies forment un angle devant la coulisse. »

Cette description concorde assez bien avec ce que nous dit La Popelinière

« de fortes portes bien barrées de fer que l'eau mesme ferme quand elle vient. Elles sont faites neantmoins de telle sorte que la mer ne les peut si près serrer qu'elle ne trouve des fentes et pertuis pour passer outre; et ainsi peu à peu appaisant sa a cholere, elle passe et va tousjours six heures durant, augmentant et croissant d'eau. Puis, ce temps fini, elle fait

 

Portereaux, les portes du Marais Poitevin face à la mer- Anse du Braud (3)

« son retour en autant d'heures ; lors elle fait ouvrir ces portes, et, baissant d'eau, peu à peu amoindrit en ces chenaux, allant ainsi et venant deux fois par jour (2) »

Tous les achenaux qui se déversaient dans la baie de l'Aiguillon étaient munis de portereaux, mais ces portereaux n'étaient peut-être pas tous à la même distance de l'embouchure.

 La Popelinière les plaçait « presque au milieu des canaux», mais on sait qu'il avait seulement en vue les marais de Saint-Michel-en-l'Herm. Les achenaux de Champagné, de Puyravault et de Sainte-Radegonde avaient tous leurs portereaux à l'endroit où ils coupaient la digue de protection, le bot de Garde ; cependant on envisageait très bien la possibilité d'en établir à plusieurs kilomètres de la mer, près du pont de Champagné.

La vérité est que plusieurs portereaux pouvaient s'échelonner sur le cours d'un même achenal (3). D'après les dires du chapitre de Luçon, le seigneur de Champagné devait entretenir « un portereau de pierre, au lieu appellé le Couas, « et en plusieurs autres endroits le long de l'achenal de Luçon (4) ».

Voilà, dans leurs grandes lignes, les moyens mis en œuvre pour le desséchement des marais. Des tentatives partielles avaient provoqué des entreprises de plus en plus générales. Ce qui, à l'origine, était l'intérêt de quelques-uns était devenu l'intérêt de tous.

Ainsi, petit à petit, par un lent et patient travail, s'était établi un vaste système de desséchement qui, à défaut de l'unité de plan, avait l'unité de méthode.

De Longeville à la Vendée, de Luçon à Andilly, tout le marais était sillonné de canaux artificiels ou naturels, ramifiés à l'infini. Les eaux s'écoulaient de fossés en fossés toujours plus grands jusqu'aux achenaux déployés autour de la baie de l'Aiguillon comme les branches d'un éventail.

La mer venait impuissante se briser sur les digues, ou « appaiser sa cholère » entre les joints des portereaux.

 

Portereaux, les portes du Marais Poitevin face à la mer- Porte du canal du Clain ou des Grands Greniers (4)

Porte du canal du Clain ou des Grands Greniers

 

Les portes des Grands Greniers régulent les eaux douces du canal du Clain qui fut l’un des premiers canaux évacuateurs creusés dans le marais desséchés. Il mesure 12 kilomètres.

Lors de l’aménagement du marais et afin d’éviter la remontée de l’eau salée dans les terres, des digues ont été élevées. Les portes à la mer jouent un rôle important dans la gestion de l’eau du marais. On retrouve ces portes sur chaque canal évacuateur (canal de Vienne, canal des cinq Abbés….)

 

Portereaux, les portes du Marais Poitevin face à la mer- Porte du canal du Clain ou des Grands Greniers (2)

Comment ça marche ?

Cet ouvrage comporte les portes à flots et une écluse qui sert à retenir l’eau douce lorsque l’on souhaite la conserver dans le marais, alors que la marée est basse. Les « portes à flots » fonctionnent grâce aux mouvements des marées (contrairement aux écluses et bondes qui sont manœuvrées par les hommes).

A marée basse, les portes s’ouvrent et permettent d’évacuer le trop plein d’eau douce des canaux vers la mer

A marée haute, le portes se ferment et retiennent les eaux douces, empêchant l’eau de mer de remonter dans le marais.

 

Portereaux, les portes du Marais Poitevin face à la mer- Porte du canal du Clain ou des Grands Greniers (3)

Le bassin de chasse

L’accumulation de dépôts vaseux au pied des ouvrages à la mer bloque le fonctionnement des portes à flots.

Pour contrer ce phénomène d’envasement, l’éclusier va forcer l’ouverture des portes lors des grandes marées pour laisser entrer l’eau salée jusqu’à l’écluse située en amont (1km environ).

A marée basse, l’eau salée chargée de vase s’évacue vers la mer.

Cet effet de « chasse » permet ainsi de remettre en mouvement les limons et nettoyer le canal évacuateur.

 

Portereaux, les portes du Marais Poitevin face à la mer- Porte du canal du Clain ou des Grands Greniers (1)

 

 

 

 Les anciennes voies de communications dans le Marais Poitevin<==.... ....==>Après la Guerre de Cent-Ans, le Marais Poitevin redevient Sauvage

 

 


 

 

1217 Eglise Saint-Etienne de Marans - Charte Canal des Cinq Abbés - Saint-Michel, l'Absie, Saint Maixent, Maillezais, Nieul.

La conquête des marais côtiers et, plus généralement, les travaux de bonification des sols hydromorphes au cours du Moyen- Age ont, de longue date, retenu l'attention des historiens et suscité des études nombreuses quoique de valeur inégale.

 

(1) 1249, février (n. st.). Accord entre l'abbaye de la Grâce-Dieu et les religieux de Saint-Léonard des-Chaumes. Arch. hist. Saintonge et Aunis, t. XXVII, p. 162. — Cette traduction de fuernae est due à Arcère (1. II, p. 631, n. 1) qui y voit les vantaux du porte - reau (?).

(2) La. Popelinière, liv. V, fol. 155 v. — V. pièce just. XVII.

 (3) Par exemple l'achenal des Cinq-Abbés. Un de ses portereaux était situé aux Gironnières, lieu-dit d'une certaine importance au XVIe siècle (Cf. Aveu de Marans, 16 sept. 1508. Arch. Nat.,P5551 cxxxvn) à sept ou huit cent mètres des portes actuelles. Cf. Atlas cantonal de la Charente-Inférieure. - D'énormes pieux bardés de fer sont encore fichés dans la vase au fond de l'achenal.

(4) 1599, 28 janvier, Visite des achenaux. Arch. Nat. QI 1597, fol. 23.             

 

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