Description de Fontenay le Comte par Pierre Brisson, historien des guerres de Religion conseiller du roi et sénéchal à Fontenay-le-Comte

Pierre Brisson fut l’historien des guerres de Religion conseiller du roi et sénéchal à Fontenay-le-Comte

Il nous apprend dans quel état les protestants avaient mis la ville pour la protéger contre le duc de Montpensier.

 

« Fontenay est une petite ville, la clef et entrée du bas pays de Poitou, frontière de la Rochelle, de Nantes et de Niort, située au vallon d'un tertre ou colline. A un bout et le plus éminent endroit de cette colline, à main droite du côté de Niort, y a un château qui commande la ville.

Au bas de la colline passe une petite rivière, laquelle est sujette, l'hiver, à déborder, et l'été elle demeure presque tarie, mêmement auprès des murailles. Par- delà le canal de la rivière, devant l'entrée de la ville, du côté de Niort, est situé le faubourg des Loges, lequel ne contient qu'une rue droite et longue, et, par le derrière des maisons, y a des jardins qui sont, tout autour, fossoyés de larges et profonds fossés, par lesquels l'eau de la rivière s'écoule l'hiver, lorsqu'elle s'enfle, et submergerait les faubourgs, si elle ne s'écoulait.

 Par -delà la rivière, à l'autre entrée de la ville, du côté du bas Poitou et de Nantes, y a un portail, appelé le portail Saint-Michel. Ce portail était d'ancienneté la seule défense de ce côté, la couverture duquel ils (les protestants) avaient ôté et mis au lieu d'icelle des barricades, pour s'en servir comme d'une plate-forme, pour d'icelui empêcher qu'on ne s'approchât du boulevart des Dames et d'un ravelin qu'ils avaient construit devant le portail.

Auprès duquel portail y a un clocher fort haut (la flèche de N.-D.) qui découvre fort loin autour de la ville et lui servait de chaugnette.

Et, d'autant que ce portail n'était suffisant pour défendre les courtines et les deux pans de murailles, d'un côté, depuis ce portail jusqu'à Ja rivière, et de l'autre, jusqu'au château, ils avaient fait devant icelui, comme j'ai dit ci-dessus, un ravelin contretatué de pierres de taille, garni de canonnières et fossoyé, la contre-escarpe duquel ils avaient rehaussée et fortifiée de terre et de fascines, la longueur de dix à douze pas, et dans les fossés d'icelui, comme en tous les autres fossés de la ville de ce côté, fait aussi des casemates et démoli toutes les maisons qui étaient devant et à côté d'icelui.

Outre cette fortification, pour encore rendre plus fort tout ce quartier, d'autant que par- delà la rivière le plan de ces faubourgs, comme les ennemis avaient très-bien remarqué, est un petit tertre qui commande la ville, ils avaient construit, aux deux extrémités de la colline, deux grands et forts boulevarts, l'un d'iceux en un lieu appelé Guinefolle (le petit Quinefolle), qui défendait non-seulement le portail et la courtine d'icelui, mais aussi un coin du château.

» Ils avaient construit l'autre boulevart au lieu où il y a deux couvents de religieuses de l'Ordre de Saint-François, qu'ils avaient pour cette raison appelé le boulevart des Dames, et avaient aussi esplanadé tout autour les lieux voisins, et, pour ce faire, démoli un grand nombre de beaux bâtiments que l'on ne saurait remettre pour 500,000 livres.

Au bout du vallon, près le canal de la rivière, y a une fort belle et forte tour qu'ils avaient à demi abattue et remplie de terre, et là, devant, fait un bordeau pour arrêter l'eau. » - -

Recherches historiques et archéologiques sur Fontenay, par Benjamin Fillon,

 

 

 

 

Prise et Siège de Fontenay-le-Comte durant la cinquième guerre de Religion (1574)<==