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PHystorique- Les Portes du Temps
14 juillet 2020

Alphonse, frère de Louis IX, reçoit en apanage le comté de Poitou. (1241- Time Travel)

Alphonse, frère de Louis IX, reçoit en apanage le comté de Poitou

Louis VIII le lion, qui ne cherchait qu'une occasion d'attaquer les Anglais, profite du refus de Henri III Plantagenêt d'assister à son couronnement, comme il le devait en qualité de duc de Guyenne et de pair de France, pour s'emparer des villes occupées encore sur le continent par le roi d'Angleterre.

Il assemble ses armées à Tours et marche sur Niort, dont il commence le siège le 3 juillet 1224.

Cette ville était confiée à la garde de Savary de Mauléon, alors dans le parti anglais, qui oppose la plus vive résistance au roi de France. Mais ne recevant aucun renfort, et menacé par la famine, il obtient une capitulation honorable. Niort rentre, le 15 juillet 1224, sous la domination française.

Louis VIII jouit peu de ses conquêtes ; il mourut en 1226, en laissant la couronne à un enfant de onze ans, qui devait être le héros de son siècle et qui, sans un scrupule de conscience, eut pu complètement chasser les Anglais de France.

Rien avant sa majorité, dès 1200, Louis IX (Saint Louis) confirme les privilèges que les rois d'Angleterre avaient accordés aux habitants de Niort par une charte datée de Saint-Maixent. Il prend l'engagement de ne point disposer de leur ville sans leur consentement.

 

L'investiture eut lieu à Saumur, le 24 juin 1241.

Conformément au désir du feu roi, il lui donna le comté de Poitou, augmenté alors de l'Aunis et d'une partie de la Saintonge, c'est-à-dire des conquêtes de Louis VIII, auquel il ajouta le comté d'Auvergne et l'Albigeois avec tous les domaines languedociens cédés en 1229 par le comte de Toulouse.

Un immense banquet organisé sous les halles de Saumur, vaste et bel édifice en forme de cloître, construit par Henri II Plantagenet, comte d'Anjou et roi d'Angleterre, termina la solennité de la manière la plus splendide.

Alphonse était assis près du roi, non loin du comte de la Marche, maintenant son vassal et bientôt son adversaire. Derrière la table, se tenaient debout une foule de sergents vêtus de robes de cendal sur lesquelles étaient brodées les six tours d'or sur champ de gueule unies aux fleurs de lys de France, armes du nouveau comte de Poitou (1).

 

 Le sire de Joinville, qui y assista, nous en a laissé une charmante description : on ne s'attend pas à trouver une pareille magnificence à cette époque.

« Après ces choses tint le Roy une grant court à Saumur en Anjo, et là fu-je, et vous tesmoing que ce fu la miex arée que je veisse onques; car à la table le Roy manjoit emprès li le conte de Poitiers, que il avoit fait chevalier nouvel à une Saint Jehan, et après le conte de Poitiers, mangoit le conte de Dreuez, que il avoit fait chevalier nouvel aussi; après le conte de Dreuez mangoit le conte de la Marche; après le conte de la Marche, le bon conte Pierre de Bretaigne.

Et devant la table le Roy, en droit le conte de Dreuez, mangoit mon seigneur le roy de Navarre, en cote et en mantel de samit, bien paré de courroie, de fermail et de chapel d'or; et je tranchoie devant li.

» Devant le Roy servoit du mangier le conte d'Artoiz, son frère ; devant le Roy, tranchoit du coutel le bon conte Jehan de Soissons. Pour la table garder, estoit monseigneur Ymbert de Biaugeu, qui puis fu conneslable de France, et monseigneur Engerran de Coucy, et monseigneur Herchanbaut de Bourbon.

Darière ces trois barons avoit bien trente de leur chevaliers en costes de drap de soies, pour eulz garder; et darières ces chevaliers avoit grant plenté de sergans vestus des armes au conte de Poitiers, balues sur cendal.

 Le Roy avoit vestu une cotte de samit inde, et seurcot et mantel de samit vermeil fourré d'hermines, et un chapel de coton en sa teste, qui moult mal lui séoit, pour ce que il esloit lors joenne homme.

» Le Roy tint cele feste es haies de Saumur, et disoit l'en que le grant roy Henry d'Angleterre les avoit faites pour les grans festes tenir; et les hales sont faites à la guise des cloistres de ces moinnes blancs (2), mès je crois que de trop il n'en soit nul si grand.

 Et vous dirai pourquoy il me le semble, car à la paroy du cloistre où le Roy mangoit, qui estoit environné de chevaliers et de serjans qui tenoient grant espace, mangoient à une table vingt que evesques que arcevesques, et encores après les evesques et les arcevesques mangoit encoste cele table la royne Blanche, sa mère, au chief du cloistre, de celle part là où le Roy ne mangoit pas.

Et si servoit à la Royne le conte de Bouloingne, qui puis fu roy de Portingal, et le bon conte de Saint-Pol et un Alemant de dix-huit ans, que en disoit que il avoit esté filz sainte Helizabelh de Thuringe, dont l'en disoit que la royne Blanche le besoit au front par devocion, pour ce que ele entendoit que sa mère l'i avoit maintes foiz besié.

Au chief du cloistre, d'autre part estoient les cuisines, les bouteilleries, les paneteries et les despenses ; de celi chief servoient devant le Roy et devant la Royne de cher, de vin et de pain.

Et en toutes les autres elez et eu prael d'en milieu mangoient de chevaliers si grant foison que je ne sceu les nombres, et distrent moult de gent que il n'avoient onques veu autant de seurcoz ne d'autres garnemens de drap d'or à une feste comme il ot là; et dit-on que il y ot bien trois mille chevaliers (3).»

Que cette description ne paraisse pas exagérée; nous avons pour en contrôler l'exactitude le compte original des dépenses de la fête de Saumur, qui nous fait connaître de quelle magnificence saint Louis se plaisait à s'entourer dans le commencement de son règne pour rehausser la majesté royale aux yeux de la noblesse et du peuple (4) ; mais il agissait ainsi par raison d'État, car dès lors il avait ces goûts simples et modestes qui le portèrent à renoncer plus tard au luxe des vêtements, et l'on sourit, comme Joinville, à l'aspect de ce jeune Roi, au milieu de toutes les pompes de la royauté, environné de sa noblesse, revêtu d'un manteau royal splendide et coiffé « d'un chapel de colon qui moult mal lui séoit ».

En même temps qu'Alfonse furent armés vingt-neuf chevaliers appartenant aux plus grandes familles : les comtes de Périgord et de Dreux, Robert de Beaumont, Jean de Corbeil, etc.

Parmi eux on remarquait deux vassaux de Raymond VII, destinés à devenir ceux d'Alfonse, Pons d'Olargue et Sicard de Murvieil : quoi qu'en ait dit un contemporain, le comte de Toulouse ne parut pas à Saumur (5).

 Chaque nouveau chevalier reçut de la munificence du Roi une somme d'argent, une robe d'étoffe précieuse, une couverture pour la veillée d'armes, des fourrures, un cheval de bataille et un palefroi.

La dépense totale s'éleva à près d'un million de francs, non compris les gages des chevaliers soudoyés et de trois cents sergents de pied, qui furent convoqués à Saumur.

Cet appareil militaire était une sage précaution. En effet, après avoir armé son frère chevalier, saint Louis se rendit à Poitiers pour l'investir de ses domaines, sur lesquels les Anglais conservaient des prétentions : un des frères de Henri III, Richard, prenait même publiquement le litre de comte de Poitou (6).

Il était à craindre que les nombreux partisans que les Anglais avaient dans les provinces qui leur avaient été enlevées par Philippe Auguste et par Louis VIII ne se soumissent pas sans résistance à leur nouveau seigneur.

Le roi en quittant Saumur se rendit à Poitiers dans les derniers jours de juin, avec la reine Blanche sa mère et une suite assez peu nombreuse, pour mettre Alphonse en possession de son apanage.

Le premier acte du jeune comte, acte commandé d'ailleurs par la justice et une bonne politique, dut beaucoup plaire à ses nouveaux sujets.

Il confirma solennellement la charte communale et les libertés ou privilèges octroyés naguère à la ville de Poitiers en 1199 par la reine Aliénor et maintenus par Philippe-Auguste en 1204, promettant de n'y jamais porter atteinte si on lui restait fidèle.

Il confirma sous la même forme la charte communale de Niort (juin 1241) (6).

Ensuite tous les vassaux furent invités à venir rendre leurs hommages dans le vieux palais des Guillaumes.

Mais le principal, Hugues X de Lusignan, se montrait peu disposé à s'acquitter d'un devoir qu'il regardait comme une humiliation. Il prenait même une attitude hostile en assemblant des gens de guerre dans son château de Lusignan.

Ce dangereux voisinage inspirait des craintes assez vives à Louis IX qui, n'étant point alors en état de se montrer très-exigeant, ne voulut point cependant quitter le pays sans essayer de ramener à de meilleurs sentiments l'orgueilleux baron.

Durant les quinze jours que le roi demeura à Poitiers, le comte de la Marche, au dire de Joinville, témoin oculaire, venait presque chaque jour de Lusignan et souvent en compagnie de son épouse, l'altière Isabelle, conférer avec lui, marchandant pour ainsi dire et disputant pied à pied sa soumission.

  Louis IX et Alphonse se hasardèrent même, à l'aller trouver dans son château.

 

 Toujours est-il que Hugues de Lusignan consentit à rendre hommage et prêter serment de fidélité au comte Alphonse pour le comté de la Marche relevant alors de celui de Poitiers et ses autres fiefs tant en Poitou qu'en Saintonge et Aunis.

Mais cette paix apparente était peu sincère et peu solide (Poitiers, juillet 1241) (7).

 

 

 

 

 ==> 1241 Palais de Poitiers Conventions conclues entre le Hugues X de Lusignan, comte des Marches et Alphonse, comte de Poitiers.

==> Situation du Poitou à l'avènement d'Alphonse. (Les grandes maisons seigneuriales du Poitou)

==> 1270 Départ de Louis IX et Alphonse pour la croisade

 


 

Aliénor d'Aquitaine la concession des priviléges de franche-commune

La Mairie de la Ville de Niort a dû prendre naissance aussitôt après la concession des priviléges de franche-commune, accordés à cette cité par la reine ALIÉNOR, duchesse d'Aquitaine. Niort est une ville de commune.

 

Chronologie Historique des Comtes de la MARCHE - Liste des comtes de la Marche

La Marche, bornée au septentrion par le Berri, à l'orient par l'Auvergne, à l'occident par le Poitou et l'Angoumois, au midi par le Limousin, tire son nom de sa situation, qui la rend limitrophe du Poitou et du Berri. On la nomme aussi Marche Limousine, parce qu'avant le milieu du dixième siècle, elle faisait partie du Limousin.

 

(1) Gesta sancti Ludovici, par Guillaume de Nangis, apud dom Bouquet, t. XX. — Chronique de Guillaume de Nangis, ap. id., t. XX.- Mémoires de Joinville, dans la coll. Michaud et Poujoulat, t. I, p. 192, 193. - Histoire du Poitou, par Thibaudeau, t. I, p. 303, 304..- Histoire de Louis IX, par de Villeneuve-Trans, t. 1. — Histoire de France, par Daniel, t. IV, p. 337.

(2) C'est-à-dire des moines de l'ordre de Cîteaux.

(3) Joinville, Histoire de saint Louis, édit. de M. N. de Wailly, Paris, Le Clère, 1>>67, p. 64 et suiv.

(4) Orig. Bibl. imp., fonds latin, n° 9019. Nous l'avons publié dans la Bibl. de l'Ecole des chartes, IIIe série, t. IV, p. 22 et suiv. II a été publié de nouveau dans le t. XXII du Recueil des historiens de France.

(5) Chronique de Philippe Mousket, édit. de Reiffenberg, t. II, p. 676. Le poëte, pour rimer avec cuens de Saint-Gille, a ajouté : qui n'aime mie l'Evangile.

(6) Math. Paris, p. 566. Il existe aux Archives de l'Empire un sceau où Richard s'intitule comte de Poitou. J. 628, n° 12. — Conf. Douët d'Arcq, Inventaire des sceaux, n° 10188.

 (6) Archives communales de Poitiers, A, 5, liasse 1. - Layettes du trésor des Charles, par Teulet, t. II, p. 451.

(7) Mémoires de Joinville, ap. Michaud, t. I, p. 193.—Layettes du trésor des Chartes, par Teulet, t. 11, p. 453. — Recueil en forme d'histoire, etc., par Corlieu, p. 30 —Histoire de l'Angoumois, par Vigier de la Pile, p. 28. - Histoire du Poitou, par Thibaudeau, t. I, p. 304. — Histoire de Louis IX, par de Villeneuve-Trans, t I, p. 265, 267. — Lettre d'un habitant de la Rochelle à la reine Blanche en 1241, ap. Bibl. de l'école des Chartes , 4e série t. II, p. 513.

 

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