Chronique de Maillezais – la translation des reliques de saint Rigomer demandées à Hugues, comte du Maine par l'abbé Théodelin.
Maillezais est aujourd'hui une petite ville, située dans une presqu'île marécageuse et malsaine, au confluent de la Sèvre et de l'Autize, elle semble n'avoir jamais été fort importante par sa population, mais elle fut très célèbre au moyen âge par l'abbaye de Saint-Pierre qu'y fonda, en 990, Guillaume Fier-à-Bras, duc d'Aquitaine.
Ce monastère, qui appartenait à l'Ordre de Saint-Benoît, fut d'abord construit dans une forêt dont il reste encore quelques parties, au lieu même où l'on voit aujourd'hui une église paroissiale appelée Saint-Pierre-le-Vieux. Vingt- ans plus tard, les religieux se retirèrent à 1.500 mètres plus loin et y bâtirent le nouveau ou vrai monastère de Saint-Pierre.
L'église de cette abbaye était d'abord une collégiale dépendant de l'évêché de Poitiers. Elle fut en 1317 érigée en cathédrale par le pape Jean XXII; mais cet évêché fut supprimé en 1649 et annexé au diocèse de la Rochelle qui venait d'être fondé.
Depuis le Concordat, Maillezais appartient au diocèse de Luçon.
Au moment de sa fondation, le nouveau monastère de Saint-Pierre avait à sa tête l'abbé Théodelin. Ce religieux, issu d'une famille juive, apparaît dans l'histoire comme un personnage très vénérable par son zèle et sa piété aussi bien que par la grande autorité que sa haute sagesse lui avait acquise.
Grâce à son intelligente activité, les nouvelles constructions de l'abbaye étaient près d'arriver à bonne fin. Mais ce n'était point assez pour le pieux abbé d'avoir élevé un des plus magnifiques monuments de la province; il eût désiré avant tout enrichir sa maison des reliques de quelque saint, car c'était, à son avis, le plus riche trésor qu'on pût ambitionner.
Le moine Pierre de Maillezais, historien de l'abbaye, nous apprend comment la translation de saint Rigomer réalisa le pieux désir de Théodelin. Nous reproduirons presque en entier son intéressant récit (1).
Hugues, comte du Maine, était lié d'une étroite amitié avec l'abbé de Maillezais, et dans les nombreuses difficultés qu'il avait à démêler, il n'eut rien voulu entreprendre sans consulter son ami.
D'un autre côté, Théodelin était tout-puissant sur l'esprit de Guillaume duc d'Aquitaine. Le comte du Maine ayant eu besoin du crédit de l'abbé pour traiter avec Guillaume Fier-à-Bras une affaire importante, vint dans ce but à Maillezais, et par l'entremise de son ami, obtint tout ce qu'il désirait.
Cependant, entre divers propos familiers qui suivirent cette heureuse solution, le comte, comme par une inspiration divine, demanda à l'abbé Théodelin si pour achever les constructions de son monastère il ne manquait pas de ressources.
« Si vous parlez de biens temporels, répondit l'abbé, j'en suis abondamment pourvu, grâce à Dieu ; mais pourrai-je m'estimer riche, tant que je serai dépourvu de reliques sacrées qui m'assurent la protection des saints ?. » Puis il ajouta : « Et puisque nous en sommes venus à ce sujet de conversation, je vous en supplie, voyez si vous ne pourriez satisfaire la soif ardente que j'ai de ces richesses. »
Le comte embarrassé resta d'abord quelque temps silencieux.
« Je vois bien, dit-il enfin, que votre demande est inspirée par le désir de procurer le bien général et non de satisfaire une utilité personnelle. D'un autre côté, j'ai pour principe de sacrifier parfois mes intérêts pour l'avantage d'autrui.
Eh bien, dans une église qui m'est soumise, mes ancêtres m'ont gardé précieusement un trésor que mon affection pour vous peut seule m'engager à vous abandonner. — Autrefois vécut un grand serviteur de Jésus-Christ nommé Rigomer.
Peut-être jusqu'à présent n'avez-vous pas même entendu prononcer son nom ?.
Mais l'histoire de ses vertus a été chez nous conservée avec soin, et il est fort célèbre dans toute notre province par les nombreux miracles qui s'accomplissent à son tombeau.
— Laissez donc partir avec moi un homme d'une prudence bien éprouvée. Je m'engage à protéger dans sa route et à seconder de tout mon pouvoir celui que vous jugerez digne de cette mission. »
Aucune expression ne saurait rendre toute l'allégresse avec laquelle fut accueillie la proposition du comte, ni quelles actions de grâces le vénérable abbé sut trouver pour témoigner ses sentiments de reconnaissance envers Dieu et envers son bienfaiteur.
Cependant on choisit un Frère d'une vertu bien connue et réputé comme très propre à conduire une entreprise difficile.
Un compagnon lui est adjoint sous un autre prétexte, et tous deux se mettent en route avec le comte.
Dès que les voyageurs furent entrés au Mans, le comte dit au moine qu'il devait se séparer de lui et chercher un asile comme s'ils n'avaient eu ensemble aucun rapport, lui recommandant toutefois de revenir le trouver à la tombée de la nuit. Tel était en effet rattachement de la population pour les restes de saint Rigomer, qu'un soulèvement eût été à craindre si l'on avait pu soupçonner la mission du religieux.
Le moine exécuta ponctuellement les instructions qu'il avait reçues. Il donna ordre de lui préparer pour la nuit ses chevaux et tout ce qui est nécessaire pour un long voyage, et, vers le soir, il se présentait au palais. A un signal convenu d'avance, le comte et le religieux se retrouvèrent et pénétrèrent ensemble dans l'église de Saint-Rigomer, sous le prétexte d'aller vénérer les reliques du Bienheureux.
Il faut remarquer qu'à cette époque, c'était l'usage de passer la nuit dans les églises près des reliquaires des saints. La conduite de nos pèlerins ne pouvait donc éveiller aucun soupçon.
D'un autre côté, le comte usa de son autorité pour obliger par serment les gardiens à observer un silence absolu sur ce qui allait se passer.
Après s'être pieusement agenouillés devant les saintes reliques, les pèlerins ouvrirent la châsse qui les contenait; puis, retirant avec le plus grand respect chacun des ossements sacrés, ils les renfermèrent en des sacs ou étuis, préparés pour la circonstance et qui furent ensuite scellés avec soin.
Or, tandis que toutes ces choses se passaient, un bruit effroyable de tonnerre se fit entendre, bien que le ciel fût auparavant d'une sérénité parfaite. Les gens que le moine et le comte s'étaient adjoints voulaient s'enfuir, tant ils étaient saisis de terreur; ils criaient qu'il fallait remettre à sa place le dépôt sacré, si l'on voulait éviter de lamentables calamités.
Tout cela, dit l'historien que nous suivons toujours, arriva sans doute par un effet de la puissance divine, afin que celui dont on transférait les maintes reliques, devînt l'objet d'une plus grande vénération.
Quelques instants après, le ciel reprit en effet sa première sérénité, et tout ayant été disposé avec les précautions qu'exigeaient les circonstances, les pèlerins sortirent de l'église, puis aussitôt se mirent en route. Ils firent une telle diligence que le jour même ils arrivaient à Angers.
Comme on y célébrait la fête de saint Aubin, ils voulurent entendre la messe et déposèrent leur précieux fardeau en entrant dans la basilique du saint évêque. Pendant qu'ils assistaient aux saints mystères, il arriva qu'un paralytique, perclus de presque tous ses membres, fut apporté à l'église. Le malade s'étant appuyé sur les sacs pour prier, sans savoir ce qu'ils contenaient, se trouva tout à coup plus impotent que de coutume, puis sentit courir dans tous ses membres des douleurs si aiguës qu'il se crut près d'expirer.
Mais, ô merveille! au grand étonnement de toute l'assistance une guérison complète succède aussitôt à de si horribles souffrances, et par des ossements inertes la vigueur est rendue à des membres vivants.
Pendant que la foule assemblée pour la solennité partageait l'allégresse du miraculé et rendait grâce à Dieu d'une si admirable faveur, les voyageurs qui seuls connaissaient la vérité, craignant que Foulques d'Anjou, suzerain du Maine, ne s'opposât à la translation du saint manceau, laissèrent prudemment attribuer la gloire du prodige à l'intercession de saint Aubin ; et, sans tarder plus longtemps, ils se hâtèrent de reprendre leur route.
L'abbé Théodelin avait promis de venir à leur rencontre et il les attendait en effet avec grande impatience au monastère de Bourgueil. Afin que le vénéré père, suivant qu'il en avait exprimé l'intention, pût se préparer à recevoir le trésor si désiré, un des pèlerins prit le devant et alla annoncer la prochaine arrivée des autres.
On ne saurait dire quelle fut-la joie de l'homme de Dieu, lorsque l'heureux messager lui raconta comment, par la protection divine, tout avait réussi au- delà de ce qu'on pouvait espérer. Ayant réuni les religieux du monastère, le pieux abbé leur fit part de son bonheur, et les pria de préparer une digne ovation à ce présent du ciel.
La réception de saint Rigomer à Bourgueil fut en effet très solennelle.
Les religieux exposèrent les saintes reliques dans leur église et félicitèrent ceux de leurs frères auxquels Dieu destinait un gage si précieux de sa protection.
Le P. Théodelin, sans perdre un instant, dépêche une estafette qu'il charge de raconter à Maillezais tons les détails de l'affaire. Le même messager était porteur d'une lettre dans laquelle l'abbé traçait lui-même le cérémonial de la solennité prochaine.
Les moines de Maillezais se conformant aux instructions de leur Père, font annoncer la fête- de tous côtés, et bientôt une immense multitude de clercs, de religieux et de fidèles te trouvent réunis dans la ville.
Cependant, la nuit qui précéda la réception des reliques de saint Rigomer à Maillezais, il arriva qu'un frère du monastère, appelé Tezo, vit pendant son sommeil une vive clarté «élever à l'Orient et remplir peu à peu toute l'étendue de l'abbaye ; il aperçut ensuite une foule innombrable de fidèles accourir de toute part et attendre je ne sais quoi de merveilleux qui était au milieu de la clarté et qui semblait lui être destiné. Or, ce religieux ignorait alors l'arrivée du bienheureux Rigomer.
S'il est permis de tirer augure de ce qui se passe pendant le sommeil des hommes, je suis porté à croire, dit toujours notre historien, que ce fait n'était pas seulement un heureux préambule de la joyeuse aurore qui allait luire, mais présageait surtout l'abondance des bienfaits que le Seigneur se plaît à répandre depuis lors sur tous ceux qui recourent à l'intercession du bienheureux Rigomer, et la joie qu'il leur apporte par la guérison de leurs maux tant spirituels que corporels.
(Maillezais Port des Halles)
Dès que les porteurs du trésor sacré furent aperçus de Maillezais, une immense acclamation se fit entendre. Aussitôt le cortège des religieux s'organise. La foule rangée sur les côtés des rues, chante les louanges du Seigneur.
Les plus dignes d'entre les ministres sacrés prennent les saintes reliques sur leurs épaules, tandis que les autres clercs les suivent sur deux longues files tenant des flambeaux à la main. Tous les fidèles se prosternent sur le passage et demandent avec larmes la protection du bienheureux Rigomer.
Bientôt le cortège triomphal est près du monastère, et au milieu des transports d'allégresse qui éclatent de toute part, l'église de Maillezais, reçoit les ineffables présents que le ciel lui a si merveilleusement destinés.
Ainsi s'accomplit la translation des reliques de saint Rigomer.
Le religieux à qui nous devons cette narration n'indique aucune date précise, mais nous savons par ailleurs (2) que le fait arriva l'an 1014, et la circonstance de la fête de saint Aubin, relatée ci-dessus, fait supposer que les envoyés de Théodelin quittèrent le Mans le 28 février et arrivèrent à Maillezais le 4 ou le 5 mars.
Comme la nef principale n'était pas encore entièrement terminée, les reliques furent déposées provisoirement dans la chapelle de la sainte Vierge.
« Nous ne parlerons point, ajoute l'historien, des miracles qu'il a plu au Tout Puissant d'accomplir depuis lors en ce lieu. Ils sont si nombreux et si éclatants que nul ne saurait en faire un digne récit. Cependant, plus tard, si Dieu nous prête vie, nous essayerons d'en faire connaître quelques-uns. »
Plût à Dieu que cet auteur eut trouvé le temps de nous transmettre ces prodiges, ou que son ouvrage, s'il a pu le composer, ne fût pas resté quelque part ignoré !
Quoi qu'il en soit, nous savons que les reliques de saint Rigomer et les miracles dont elles furent l'occasion contribuèrent puissamment à réveiller la foi dans le Poitou et assurèrent à notre thaumaturge les hommages des populations (3).
L'abbaye de Maillezais qui était, avons-nous dit, dédiée à Saint-Pierre, adopta désormais le patronage de Saint-Rigomer.
Notre saint fut aussi le patron de la cathédrale, lorsque le monastère devint le siège d'un évêché, et chaque année sa fête y était célébrée avec la plus grande solennité.
Aujourd'hui encore, il est honoré dans l'église paroissiale de Maillezais; et, il est à remarquer que cette église, qui date du XIe siècle, comme l'ancienne cathédrale, ayant toujours été en dehors du monastère, saint Rigomer dut pendant longtemps être honoré simultanément en deux sanctuaires de cette ville.
Maillezais ne conserva pas aussi longtemps son trésor que sa dévotion envers le saint prêtre manceau.
Une première fois la châsse fut sauvée de la ruine que les Anglo-Normands firent subir au monastère en 1225.
A l'époque des guerres de religion, les Huguenots dévastèrent de nouveau et brûlèrent la magnifique cathédrale romane, dont les ruines, encore assez importantes, en 89, pour attester son antique splendeur, n'ont pas entièrement succombé, même aujourd'hui, au vandalisme des révolutionnaires qui les ont acquises pour en vendre les pierres.
Les religieux, chassés de l'abbaye et dispersés par les hérétiques, ne purent soustraire les saintes reliques à la profanation. Néanmoins, une petite partie échappa une fois de plus à la destruction, et Maillezais vénérait encore quelques ossements de son patron à l'époque de la Révolution.
Depuis ce temps on ne connaît plus aucun reste du corps de saint Rigomer.
Nous ne saurions préciser en quelle année ni dans quelles circonstances l'abbaye de Ferrières (diocèse de Sens) obtint une relique de notre Saint.
Un auteur (4) écrivait au commencement du XVIIIe siècle, que sa fête se célébrait en ce lieu le 25 août depuis plus de 200 ans. Quant à Palaiseau, l'histoire ne dit point combien de siècles se maintint le pèlerinage-qui s'y était établi, ni à quelle époque fut détruite la basilique édifiée par Childebert.
Saint Rigomer fut aussi pendant longtemps honoré d'un culte particulier au monastère de Saint-Laumer. près de Blois. On ne sait combien de sanctuaires lui furent dédiés en notre diocèse. Outre l'église qui fut élevée au Mans spécialement pour recevoir son corps, et qui paraît n'avoir pas subsisté longtemps après qu'elle fut privée de son dépôt sacré, un autel lui fut aussi dédié par saint Aldric dans le pourtour du chœur de la Cathédrale.
Nous avons suffisamment indiqué l'origine du culte rendu à saint Rigomer dans les paroisses qui sont actuellement sous son patronage (5). Ces lieux ayant été les théâtres de son zèle, il est probable que les oratoires élevés par ses soins furent bientôt placés sous son invocation. Le pays de Saosnois, après le départ de son apôtre, avait conservé pour lui une telle vénération, qu'il continua d'appeler de son nom le lieu où il s'était habitué à aller chercher ses leçons et ses prières. On ne voit en effet nulle part que le village de Saint-Rigomer ait jamais été depuis ce temps désigné sous un autre nom .
Cette bourgade elle-même qui avait calomnié son bienfaiteur ne tarda pas sans doute à réparer son ingratitude lorsqu'elle apprit sa glorieuse justification et les témoignages de respect dont il était ailleurs entouré. Si la pauvreté des habitants ne leur a jamais permis de consacrer à leur saint compatriote une église digne de ses bienfaits, on voit par les anciens actes de baptême conservés dans la paroisse depuis 1570, qu'il fut un temps où ils avaient souvent l'heureuse pensée de mettre leurs enfants sous son patronage.
saint Goderan. (A la recherche des reliques de St Rigomer.)
Goderan, évêque de Saintes, était, au XIe siècle, abbé de Maillerais, et y avait laissé une grande réputation de sainteté ; pourtant il n'était pas resté dans les souvenirs du peuple.
La canonisation populaire avait été, au contraire, grâce à on ne sait quelle circonstance, donnée à Guillaume-tête-d'Etoupes, qui a été enterré à Maillezais, et dont la pierre tumulaire a gardé jusqu'à nos jours le nom de saint Etoupe.
Goderan était resté presque inconnu, lorsqu'en 1833 son tombeau a été découvert dans les ruines de l'abbaye.
Ce tombeau contenait de très petits fragments d'ossements, les débris de la crosse abbatiale et l'anneau pastoral en or, orné d'un saphir. Ces restes étaient accompagnés d'une plaque en plomb indiquant que l'évêque et abbé avait été inhumé le 8 des ides d'août (1073).
On vient de mentionner le nom de Goderan sur le nouveau Rituel du diocèse de Luçon, non à titre de saint, puisqu'il paraît qu'il n'a obtenu que la béatification, mais comme compagnon de saint Hugues, abbé de Cluny, qui fut son protecteur et son ami.
L'édition Variorum cite deux saints du nom de Goderan.
Ce n'est ni l'un ni l'autre que Rabelais a voulu rappeler ; pour lui c'est un souvenir de Maillezais. On sait qu'il demeura quelque temps dans cette abbaye à titre de chanoine régulier, et la tradition rapporte que peu satisfait du régime que l'on y suivait, il s'en échappa nuitamment en escaladant les murailles.
Encore un souvenir de Maillezais, saint Rigomer y est particulièrement vénéré, on l'invoque pour les maux d'oreille.
Transfert des reliques de Saint Rigomer et Sainte Ténestine à la Rochelle
On croit dans le Maine que le corps de S. Rigomer fut transféré à Maillezais avec celui de Sainte Ténestine, qui dans le sixième siècle fonda un monastère au Mans, sous le titre de Sainte Marie, sur les bords de la rivière de Sarthe, monastère qui dans la suite fut ruiné par les Normands.
Dans le bréviaire du Mans, imprimé en 1748, on place la fête de Saint Rigomer au 15 d'Avril, et dans la légende ce Saint, il est fait mention de la translation de ses reliques et de celles de Sainte Ténestine à Maillezais, et dans la suite à la Rochelle.
Dans quelle source a-t-on puisé ces faits-là ?
Pierre de Maillezais, et l'anonyme de la chronique du nom ne parlent en aucune façon de la translation des reliques de Sainte Ténestine. Le premier, surtout, qui donne un grand détail de la translation du corps de Saint Rigomer, aurait-il pu oublier les reliques de Sainte Tenestine, si ce dépôt précieux eût été conservé dans l’église de Maillezais ?
D’ailleurs la tradition du pays n’en a conservé aucune trace.
Suivant un ancien calendrier, la fête de Saint Rigomer tombe le 24 aout et non le 15 avril.
Ejus memoria habetur in hagiologis mf. Casalis benedicti, in biturigibus, none kal. Septembris, his verbis, cenomannis civitate S. Rigomeri presbiteri et consessoris…. Antiquit. De Dom Etiennot
M. Chatellain observe dans son martyrologe romain que ce Saint est nommé Richmirus dans tous les manuscrits qu’on a trouvés de sa vie jusqu’à présent, et que dans un manuscrit d’une église de Normandie, il est dit qu’il mourut le 16 des calendes de Février (17 janvier) et que le 14 aout est le jour de sa translation.
Le savant abbé le Beouf, dans ses dissertations sur l’histoire ecclésiastique et civile de Paris, imprimées en 1739, t.I, p.193, relève doctement les erreurs de cet agiologiste, qui fait de Saint Rigomer et de Saint Richmir un seul et même personnage.
Richmirus vint en Touraine, se retirer dans le pays du Maine. Il bâtit un monastère sur un petit ruisseau nommé Gundridus, et mourut le 17 janvier, au commencement du huitième siècle. Rigomer n’était pas étranger par rapport au pays du Maine. Il était né dans le canton qu’on appelle le Sonnois. Il fut revêtu du Sacerdoce et s’appliqua à détruire dans son pays des restes d’idolâtrie il convertit Ténestine, fille d’une dame de qualité, nommée Truda ou Trudana.
Tenestine bâtit un monastère, et reçut le voile des mains d’Innocent évêque du Mans. Rigomer vivait au sixième siècle du temps de Childebert I. mort en 558 ; ce qui établit une différence totale entre Rigomer et Richmir, qui mourut au huitième siècle.
L’auteur de la vie de Saint Rigomer marque expressément que la mort de ce saint arriva le 14 aout.
Tous les exemplaires du martyrologe d’Ufuard le qualifient de prêtre et non d’abbé. La vie de saint Rigomer ci-dessus mentionnée se trouve parmi les manuscrits de l’abbaye de Saint Germains des Prez n°499.
M le Boeuf remarque encore que l’on conserve le corps de saint Rigomer dans la paroisse de Saint Nicolas de Maillezais, M. Belle-Fontaine de cette paroisse nous apprends qu’il n’y a que quelques ossements, le reste ayant été brulé ou dispersé durant les guerres du seizième siècle.
L’ancien bréviaire de Maillezais (chronique), place au mois de Mars la translation de Saint Rigomer.
Par rapport à la translation des reliques de S. Rigomer et de Sainte Tenestine, de Maillezais à la Rochelle, on peut assurer qu’elle est imaginaire. Il est si notoire qu’il n’y a pas dans l’église de la Rochelle des reliques de ces Saints, qu’il serait inutile d’en parler plus long.
Bulletin du bibliophile / publiée par Techener
Vies de saint Rigomer, prêtre et de sainte Cénestine, vierge
La légende de Saint Rigomer et de Sainte Ténestine <==.... ....==> La chronique de Maillezais du MONASTERE DE ST-MAIXENT, EN POITOU.
Guillaume III de Poitiers, dit Guillaume Tête d'Étoupe, (né en 910 - mort le 3 avril 963 à Saint-Maixent, Deux-Sèvres), comte de Poitiers sous le nom de Guillaume Ier à partir de 934, et duc d'Aquitaine sous celui de Guillaume III. Il succède à son père Ebles Manzer.
Dès avant sa promotion à la dignité abbatiale, Gauzbert fut appelé à coopérer à la naissance de deux grands monastères : Maillezais (43) et Bourgueil (44) ; ce fut vers les années 987-989 ainsi que nous tenterons de l'établir dans quelques instants.
990- 1000 GAUSBERT Parent de la Comtesse Emme, fut d'abord F Abbé de Saint-Julien de Tours. Il amena treize de ses Religieux dans ce nouveau monastère, à la demande de la Fondatrice qui le chargea aussi du gouvernement de celui de Bourgueil. 1000-1045 THEODELIN Prieur du temps de Gausbert, était Juif d'origine.
Pierre tombale découverte au cours des fouilles archéologiques exécutées sous la direction d'Apollon Briquet, en 1834, sur le site de l'abbaye de Maillezais, cette pierre tombale intègre les collections de la Société de statistique, sciences, lettres et arts du département des Deux-Sèvres avant 1865. Il s'agit du monument funéraire d'un seigneur.
L'Abbaye Saint-Pierre de Maillezais (Malleacum) fut fondé vers 990, par Guillaume IV Fier-à-Bras, duc d'Aquitaine, et par Emma, son épouse, qui appelèrent, pour l'habiter, des moines de l'abbaye de Saint-Julien de Tours. Elle fut érigée en évêché par une bulle du pape Jean XXII, datée du 13 aout 1317, et son diocèse fut formé au moyen d'un démembrement de celui de Poitiers.
(1) Petrus Malleacencis monachus, de Cœnobio Malleacensi apud Labbe Bibliotheca mss., t. 2, p. 234 et seq.
(2) Chronic. Malleac. apud Labbe, t. II, biblioth.
(3) V. D. Piolin, Rist. de l'Église du Mans, t. III, p. 82.
(4) Lebeuf, Dissert. sur l’hist. de- Paris. 1739.
(5) Saint-Rigomer-des-Bois, Saint-Remi ou Rigomer-du-Plain, Souligné-sousVallon et Colombiers (diocèse de Séez).