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PHystorique- Les Portes du Temps
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28 mai 2020

Duguesclin et la délivrance de Mortagne sur Sèvre en 1373

Campagnes de Du Guesclin dans le Poitou, l'Aunis et la Saintonge

Dom Fonteneau nous a conservé dans le t. LXXXIII de sa précieuse collection la copie de huit pièces relatives à la délivrance de Mortagne-sur-Sèvre, occupé par les Anglais en 1373, et à l'intervention de Duguesclin dans cette affaire. Cet événement historique est demeuré complétement inconnu jusqu'à ce jour. Il n'est même pas relaté dans l'histoire locale. L'occupation de Mortagne par les Anglais, mentionnée par Froissart, qui confond cette place avec Mortagne sur Mer dut être fort lourde pour le pays environnant.

 

 Une enquête de 1453, conservée également par dom Fonteneau, t. IX, nous apprend que les Anglais possédaient aussi dans le voisinage le fort de l'Hébergement, et qu'ils tentèrent, mais en vain, d'emporter l'abbaye fortifiée de la Grénetière, défendue par un vaillant capitaine nommé Martinière.

 

Froissart raconte, de son côté, comment, assiégés dans la Roche-sur-Yon par le duc d'Anjou, ils se rendirent au bout d'un mois, dans le cours de l'été de la même année 1373. Les seigneurs de la contrée durent faire, on le comprend, tous leurs efforts pour arracher à l'ennemi l'importante place de Mortagne, l'une des dernières demeurées en son pouvoir en Poitou depuis les graves échecs que lui avait infligés tout récemment Duguesclin.

 

 Ils en formèrent donc le siège ou plutôt le blocus en l'entourant de bastides, au mois d'août 1373. Mais comme cette entreprise était difficile et menaçait de traîner en longueur, ils eurent recours aux négociations. Un capitaine anglais, très-connu, Jean d'Evreux, frère du trop fameux Charles-le-Mauvais, était prisonnier de Duguesclin depuis la bataille de Chizé (20 mars 1373),

 

Les seigneurs poitevins qui assiégeaient Mortagne, et dont les principaux étaient les sires de Pouzauges, de Thors et des Essarts, de la Flocellière, d'Argenton, de Bressuire, de Chollet et André Rouaut, capitaine de Thouars, négocièrent la délivrance de Jean d'Evreux et son échange contre la reddition du château de Mortagne.

 

Tout dépendait de la volonté de Duguesclin propriétaire légitime d'après les usages de la guerre, de la rançon qu'il avait le droit d'imposer à son prisonnier.

 

La remise de Mortagne aux Français et la rançon de Jean d'Evreux furent estimées 10,000 fr. d'or. Duguesclin n'était pas seul intéressé.

 

Jean Macé, secrétaire du roi, et Alain du Parc avaient droit à une portion de la rançon. En acceptant l'échange pur et simple, ils n'eussent rien touché, et les chevaliers poitevins eussent été les seuls à en bénéficier. Duguesclin et ses compagnons ne se crurent pas tenus à un si grand désintéressement. Ils consentirent bien à relâcher Jean d'Evreux, afin d'enlever une nouvelle forteresse aux Anglais sans effusion de sang; mais ils exigèrent des chevaliers poitevins, qui désiraient vivement la conquête d'une place très-gênante pour eux et leurs domaines, le paiement des 10,000 fr.

 

Ceux-ci s'engagèrent donc par obligation signée le 23 août 1373; sous les murs de Mortagne, dont ils faisaient le siège, à payer à Duguésclin et à ses deux compagnons la rançon de leur prisonnier.

 

De son coté, Jean d'Evreux, rendu à la liberté, fit remettre Mortagne entre les mains du roi de France. Les chevaliers poitevins se montrèrent bien moins exacts dans l'accomplissement de leurs obligations.

 

Au lieu de payer la somme intégrale à la Toussaint de l'an 1373, suivant les termes de l'acte, ils ne s'acquittèrent d'une manière définitive qu'au mois d'octobre 1376, et encore Duguesclin fut-il obligé de les poursuivre et de transiger avec eux.

 

Dom Fonteneau n'a pas indiqué la provenance des pièces relatives à cette curieuse affaire que nous publions d'après le texte qu'il nous en a conservé. Mais une note qui se trouve dans les papiers légués par M. de La Fontenelle de Vaudoré à la bibliothèque de Niort nous apprend que les originaux existaient aux archives du comté des Mothes.

 

 C'est un état des titres communiqués par M. Michel des Essarts, écuyer, sénéchal du comté des Mothes et de la Chapelle Saint- Laurent.

 

Parmi ces titres sont mentionnées précisément les pièces concernant la délivrance de Mortagne, dont la copie est insérée dans le recueil de dom Fonteneau. Cette provenance s'explique, parce que la châtellenie des Mothes appartenait, dès le XIVe siècle, à la famille d'Argenton. Or, Guy d'Argenton est un des chevaliers qui se sont obligés à payer à Duguesclin la rançon de Jean d'Évreux.

 

Voici l'analyse des pièces :

 1° Obligation de Miles de Thouars sire de Pouzauges, Regnaut de Vivonne sire de Tors, Jacques de Surgères sire de la Flocelière, Louis de Beaumont sire de Bressuire, André Rouaut, capitaine de Thouars, de payer à Bertrand Duguesclin connétable de France, Jean Macé et Alain du Parc, sept mille francs d'or pour portion de la rançon de Jean d'Ëvreux, prisonnier dudit connétable et d'Alain du Parc, en déduction de dix mille francs d'or, prix de la délivrance du château de Mortagne, payables à Tours, à la Toussaint prochaine.

 Fait es bastides devant Mortagne le 23 août 1373. Vidimus sous le scel de Thouars du 22 mars 1373 (1374, n. s.).

 

2° Quittance de cent francs d'or donnée par Richart de Fougerais, procureur de Duguesclin, à Miles de Thouars; Jacques de Surgères et Regnaut de Vivonne. Fait sous le scel de Thouars le 22 mars 1373 (1374, n. s.).

 

3° Quittance de mille francs d'or donnée par Jennequin Chilsidener en son nom et au nom de Jean d'Évreux et de Nicolas Tye, au sire de Pouzauges, à Regnaut de Vivonne et à Jacques de Surgères, pour la rançon du commandeur de Beauveux. Donné le 30 novembre 1373. Nous ne saurions préciser par quel lien le paiement de cette rançon se rattache à la délivrance de Mortagne.

 

4° Quittance de neuf cent quatre-vingt-seize livres donnée par Richart de Fougerais, procureur de Duguesclin, aux sires de Pouzauges, de Tors et à Jacques de Surgéres, pour la rançon de Jean d'Évreux. Fait à Tours le lundi après la Saint-Vincent (22 janvier) 1373 (1374, n. s.).

 

5° Procuration donnée par Jean Macé, secrétaire du Roi, à Guillaume Mauvoisin, pour obtenir des sires de Pouzauges, de Thors, de la Flocelière, de Bressuire et d'André Rouaut, le paiement du reste de la somme qu'ils lui doivent pour la rançon de Jean d'Évreux et la délivrance du fort de Mortagne en Poitou. Donné sous le scel de Rennes le 4 mai 1376.

 

6° Procuration donnée par Duguesclin à Guillaume Mauvoisin pour poursuivre contre les sires de Pouzauges, de Thors, de la Flocelière, de Bressuire et André Rouaut, le paiement de ce qu'ils lui doivent. Donné sous son scel secret le 29 juillet 1376.

 

7° Quittance de 276 fr. d'or donnée par Guillaume Mauvoisin, procureur de Duguesclin, de Alain du Parc et de Jean Macé, à Louis de Beaumont, sire-de Bressuire, en vertu d'une composition finale de douze cent cinquante francs passée entre Duguesclin et les sires de Pouzauges, de Thors, de la Flocelière, de Bressuire et André Rouaut de Boisménart, pour le paiement du reste du principal et les dommages de la somme de sept mille deux cents francs jadis souscrite par lesdits seigneurs pour la rançon de Jean d'Évreux et la délivrance du château de Mortagne. Le 5 octobre 1376.

 

 8° Quittance de 277 francs d'or donnée par Guillaume Mauvoisin, procureur de Duguesclin, à Jacques de Surgères. sire de la Flocelière, et à André Rouaut, sire de Boisménart, sur les douze cent soixante formant le reste de sept mille deux cents francs souscrits au profit de Duguesdin par les sires de Pouzauges, de Thors, d'Argenton, de Bressuire, de la Flocelière et de Boisménart, pour la délivrance de Jean d'Évreux et du château de Montgaugué-sur-Sèvre. Sans date.–  Le nom de Montgaugué est un nom distinct donné au château de Mortagne. Mais il s'agit bien du même château. Les copies de dom Fonteneau, on peut s'en apercevoir, ne sont pas complètes et ne paraissent pas très exactes, soit à cause du mauvais état des originaux, soit à cause de l'inhabileté ou de la négligence du copiste. Néanmoins, en l'absence des originaux, qui sont peut-être perdus, il nous a semblé utile d'en reproduire les copies telles que nous les possédons. Leur intérêt historique sera une excuse suffisante pour leur défectuosité, qui ne saurait, croyons-nous; faire douter de leur authenticité.

B. LEDAIN.

 

 

Quittance de 276 francs, donnée par le procureur de Duguesclin et de Jean Macé à Louis de Béaumont, sire de Bressuire.

5 octobre 1376.

Sachent touz que comme autrefois noblez homez messire Miles de Thouars sire de Pouzauges, messire Regnaut de Vivonne sire de Thors, messire Jacques de Surgères, sire de la Flocelière, messire Loys de Beaumont sire de Bersuyre, monsieur André Rohaut sire du Bois Meignart et autrez se fusset autreffois obtigez et heussent promis rendre et paher à noble et puissant seigneur monsieur Bertrand de Guesclin comte de Longueville et conestable de France et à Alain du Part et à maistre Jehan Macé ou l'un d'eutx la somme de sept mille deux cent franx pour la delivrance de monsieur Johan d'Esvreux chevalier anglais, adffin que pour la dite delivrance le chastel de Mortaigne qui par le temps étoit en la main des Anglois, fust mis en la main et obéissance du Roy de France, et depuis, tant par le pahemens qui avoit esté fait de la somme susdite que par autres satisfaction, ledit seigneur monsieur Bertrand et ou autre par nom de ti haian povoir à ceu et les dessusdits noblez ou aucuns d'eulx en nom des autres fusset venuz à composicion finette, tant pour le reste dudit principal que pour les domages dudit or non payé, à la somme de douze cens cinquante franx, si comme ces chouses cognust et confessa Guillaume Malveisin, procureur dudit seigneur monsieur Bertrand connestable susdit, dudit. maistre JohanMacé, assavoir est que le dit Malveisin procureur, comme dit est, hau povoir de faire les chouses tant dessus escriptez que dessous à escripre, si comme par la tenour de ses procurations puit apparoir, desquelles la tenour s'ensuyt cognehut et confessa ledit procureur et en nom de procureur avoir heu et recehu dudit noble messire Loys de Beamont sire de Berssuire la somme de deux cens soixante et seize franx d'or desquelles sommez et obligacions susdites ledit procureur quipta le dessus sire de Bersuyre et iceluy promist tenir quiptez vers les dessus dits Alain du Part, ses héritiers ou successeurs et vers ledit Johan Macé et vers toux autres à qui aucune chouses pouroient appartenir par causes des obligations susdites, et pourchacer o tout effet vers les héritiers dudit Alain et ledit Macé et autres à qui lesquelles chouses en pourroit appartenir, havoir fermez et establez les chouses susdites et chacunes d'icelles; et a quipté ledit procureur et promist tenir quipte par la manère susdite ledit sire de Bersuyre de toux domages et intérest en quelx ilz pourroit estre tenuz pour cause des chouses susdites non faites ou acompliez ses omciers et tous autres qui par ledit fait et occasion d'icelle auroit esté mis en procés, promist traire et mettre hors de toute court et de tout procés onquel ils estoient par les causes susdites, obligent, renuncient, jurent.

 Passé et jugé…….presens Johan du Boys, Guillaume Bela Sourest et Geoffroy Jacaut et Johan Beauxiron le jeune, le v°jour d'octobre l'an mil trois cens soixante seize.

Et gardez bien que la procuration que ha ledit Malveisin soyt bonne et la retenez par devers vous si vous pouhez, sinon prenez coppie de la dite procuration sous seel autentique.

Dudit monsieur Jacques de Surgères sire de la Flocellière vingt et sept frans et demy qui restoient de la somme qu'il povet estre tenuz pour sa partie. Ceptante deux cens cinquante frans que ledit monsieur le connestable avoit donné au dit messire Jacques. ….

 

 

Guerre de cent ans Mortagne sur Sèvre en Poitou ; Quand du Guesclin bouta les Anglais hors de la région du Puy du Fou <==.... ....==> Traité de Surgères: Du Guesclin, Clisson, Berry et Anjou concluent la paix avec la noblesse du Poitou et de la Saintonge

 

....==> ==> Juillet 1401 Lettres de grâce accordées à Geoffroy Petit, écuyer, condamné à payer une amende de vingt livres et à être tourné au pilori à Paris, à Fontenay-le-Comte et à Saint-Jean-d'Angély, pour avoir porté faux témoignage dans un procès entre le sire de Taillebourg et Guyon de Laval.

 

 

 

 

 


 

Photo Duguesclin Tiffauges

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