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PHystorique- Les Portes du Temps
24 mai 2020

Vouvant 1588 au temps des guerres de Religion – Le seigneur de Malicorne gouverneur du Poitou

Vouvant 1588 au temps des guerres de Religion – Le seigneur de Malicorne gouverneur du Poitou

Au temps des guerres de religion, Vouvant tint pour les catholiques. Les seigneurs de la Trimouille et la Boulaye se présentèrent à la tête d'un parti protestant devant la ville, et attaquèrent deux des portes; repoussés une première fois ils tentèrent de mettre le feu, avant de tenter une escalade en plein jour, mais le comte de Malicorne qui commandait les assiégés; soutint l'assaut et les obligea à se retirer, laissant 200 morts sur le terrain.

Jean de Chourses (seigneur de Malicorne et gouverneur du Poitou de 1585 à 1603).

 

 

 Lettre de la Reine mère (1) à M. de Malicorne. (Bib). nat., mss. fr., ancien fonds 3301-52, fol. 29.)

18 novembre 1586.

Monsieur de Mallicorne, J'ay veu et entendu bien amplement avec les princes seigneurs du conseil du Roy Monsieur mon filz, qui sont icy ce que les maire eschevins et conseillers de Fontenay, et aussy les président, esleuz, et contrerolleurs sur le fait des aydes et tailles, m'ont escript par leurs depputez présents porteurs et les remonstrances qu'ilz m'ont presentées, de la peyne ou ils se trouvent depuis la prinse de St Michel en Lair (2) et de Vouvent requerrans par leurs remonstrances trois poincts, l'ung pour empescher les courses et vexations que leur font ceulx qui sont ès dits lieux de St Michel et Vouvent et des aultres aussy qui partent de la Rochelle et de Maran, l'autre pour leur pourveuoir au recouvrement de IIIm escux qu'ils désiroient emploier à la fortiffication de leur ditte ville de Fontenay, et l'aultre pour sçavoir ce qu'ilz auront affaire pour le faict des tailles et aultres [revenus] du Roy Monsieur mon filz que ceulx qui occupent les dits lieux lèvent et font porter à ceux de SI Michel et de Vouvent ou ilz ont estably leurs bureaux, sur quoy pour le regard du premier point je leur ay respondu que la compagnie du cappitaine Tillac (3) avoit esté pour vous envoyer vers

Maillezard (4) en ses quartiers là, et que le régiment du sr de Villeluysant (2) s'en alloit à Mareuil expressément pour les favoriser, et pour empescher ceulx de mon filz le roy de Navarre en leurs mauvaises dellibérations, vous priant doncques les faire acheminer le plustost que vous pourrez et les faictes establir en telz lieux et endroicts que vous adviserez où ilz puissent non seullement empescher les desseings de ceulx de mon filz le roy de Navarre comme m'escrivez (5) mais aussy couvrir et assister ceulx du dit Fontenay, que pour le regard de la ditte fortiffication j'y adviserois avec les dits sieurs du conseil et vous, après que l'on auroit faict veoir le dict Fontenay par ung Ingénieur sy en avez quelqu'un près de vous je serois d'advis que l'y envoiassiez et quand à la levée des deniers, je leur en ay faict expédier une ordonnance de commandement que je leur faiz de différer pour quinze jours non seullement à faire et envoier le département de la taille pour l'année prochaine, mais aussy pour mander à tous les collecteurs des parroisses de ne porter, ne bailler aucuns deniers à ceux du dit Vouvent et St Michel et dinérer à faire la cueillette des deniers de ce présent quartier pour le dit temps de XV jours, espérant qu'entre cy et là, nous adviserons ce qui se pourra faire avec mon dict filz le Roy de Navarre (6), et quel moyen et ordre nous avons à tenir pour la conservation des dits deniers du roy Monsieur mon filz.

Cependant je vous prie doncques faire acheminer la ditte compagnie de Tillac et le dit régiment aussy en ses quartiers là, et me donnez aussy vostre advis où l'on pourra prendre les dits IIIm escux pour la ditte fortification de Fontenay, car soit paix, soit guerre, il me semble qu'il est nécessaire, comme aussy sont d'advis les dits princes et seigneurs, de fortiffier le dit Fontenay.

Je serois aussy d'advis si le prisonnier Rocquerolles peult faire rendre en le mettant en liberté lesdits S'Michel et Vouvent et aussy la Faie Monjot (7) comme vous me diziez ces jours-ci, que vous feissiez cela promptement, en cas touteffois que le Roy mon dit sr et filz aict promis de le mectre à rançon, car je trouve que sa dicte rançon soit bien employée à cela. Il est vray qu'aiant mon dit filz le roy de Navarre, donné ses sauvegardes au dit S' Michel en faveur de mon cousin le cardinal de Bourbon (8), et celle de Vouvent, en faveur de ma cousine la duchesse de Longueville (9), il les debvoict faire rendre et remettre au mesme estat qu'elles estoient quand on les a saisies, car il y va non seullement de son honneur et de sa réputation comme je luy ay cy devant escript, mais aussy du mespris que l'on a faict à ses sauvegardes, ce que je désirerois qu'il considérast si bien qu'il feist pugnir ceulx qui les ont viollées comme il debvroict, afin qu'ilz fussent chastiez de la faultc aussy qu'ilz ont faicte au préjudice du service du Roy mon dit sr et filz, priant Dieu, M. de Mallicorne, etc.

Escript à Saint Maixant, le XVIIIe  jour de novembre 1586.

 

Furieuse d'avoir perdu Maillezais et considérant qu'il s'agissait là d'un affront personnel, Catherine de Médicis adressa le 18 novembre 1586 une lettre au gouverneur du Poitou, Jean de Chourse, seigneur de Malicorne, installé à Niort, lui intimant l'ordre de relever le défi protestant en ces termes:

Postscript de la main de la Royne. Monsieur de Mallicorne, je viens de recevoir par ce porteur vostre lectre et vous diray que je vous prie dénicher de Maillezais ceulx qui s'en sont saisiz (10) et leur faictes paroistre que nous ne sommes si foibles, que nous nous voullions laisser battre, puisqu'ilz font ainsy les mauvais garsons, pourquoy je vous envoye Mercure.

 

 

19 novembre 1586. Lettre de M. de Malicorne à M. le duc de Nevers. (Bibi. nat., mss. fr., ancien fonds 337:1107, fol. 233.)

Monsieur, Pour ne retarder le partement de ce gentilhomme que j'envoie en dilligence à la Royne pour l'avertir avecq vérité de ce qui se passe à Maillezais (11) je l'ay chargé vous en dire bien amplement, vous supliant très humblement Monsieur, croire que j'ay tant d'affection au service de Leurs Majestez, qu'il ne me peult arriver plus d'heur que d'y emploier ma propre vye comme feray tort volontiers pour le vostre particulier quand me vouldrez honorer de voz heureux commandementz.

Brief je serai à jamais, Monsieur, vostre très humble serviteur.MALYCORNE.

A Nyort, le 19 novembre 1586.

 

 

20 novembre 1586. Lettre de la reine Catherine de Médicis à M. de Malicorne. (Bibl. nat., mss. fr., ancien fonds 3301-52, fol. 30.)

Monsieur de Mallicorne, J'ay receu la lectre que m'escrivistes hier aiant veu par icelle, et entendu de ce gentilhomme, présent porteur, l'ordre que vous avez donné pour Maillezais, et vous diray suivant ce que je vous ay cy devant escript et que vous fera aussy entendre de ma part ce dict porteur, qu'il fault faire en sorte que l'on puisse desloger celles qui y sont des trouppes de mon filz le roy de Navarre, à quoy je m'asseure que vous n'obmettrez rien (12), aussi n'estendray-je ceste cy d'advantage que pour prier Dieu, M. de Mallicorne, vous avoir en sa saincte et digne garde.

Escript à St Maixant, etc., ce XX' novembre 1586.

 

 La garnison protestante de Maillezais fut surprise au matin du 20 novembre 1586 par des troupes venues de Niort commandées par Le Riche. Le capitaine Sorlu, retranché derrière une maison entourée de barricades, se fit tuer bravement avec 80 de ses hommes. Quant aux autres soldats de la garnison, ils purent s'enfuir à travers les marais.

Le même jour, la compagnie de Lameth, chargée de garder la Porte-de-l'Ile, dut capituler. À l'issue de cette bataille, les Catholiques s'emparèrent de six drapeaux protestants.

20 novembre 1586. Lettre de M. de Malicorne à M. le duc de Nevers. (BiM. nat., mss. fr., ancien fonds 3372-108, fol. 235.)

Monsieur, Je ne veux faire ce tort au sr de Saint Pompin (13) présent porteur, de vous dire [autrement] que par son rapport ce qui c'est aujourd'hui passé contre ceulx qui avoient surpris l'isle de Maillezais mais comme celuy duquel je me suis servy pour guide et advis de ceste entreprise pour satisfaire aux commandementz de la Royne et au debvoir de ma charge, je vous susplie très humblement, Monsieur, le voulloir recommander à Ses Majestez en sorte qu'il luy plaise luy en sçavoir gré et l'en faire recongnoistre. Cependant demeureray s'il vous plaist pour jamès, Monsieur, vostre très humble et très obéyssant serviteur. MALYCORNE.

A Nyort, ce jeudy au soir XXe novembre 1586.

 

==> Les Guerres de Religions en dates

==>Fontenay le Comte, capital du Bas-Poitou au temps des guerres de religion (Time Travel)

==> Détention du Roi de la Ligue Charles X au palais épiscopal de Maillezais par l'évêque et seigneur d’Aubigné (Time Travel 1589).

 

 


 

  1. Catherine de Médicis était à Saint-Maixent depuis le 11 novembre elle y était accompagnée des ducs de Montpensier et de Nevers et de plusieurs autres seigneurs. Le maréchal de Biron vint la rejoindre le 26 dudit mois. On lit encore dans le Journal de Michel Le Riche qu'elle partit de Saint-Maixent pour Cognac le 3 décembre. Toujours est-il qu'elle adressa des lettres de Saint-Maixent et de Melle le 2 décembre.

 Elle serait alors revenue sur ses pas pour repartir par le même chemin, ce qui paraît peu probable.

  2. Saint-Michel-en-Lherm.

3. Et non Tissac, comme a lu La Fontenelle de Vaudoré. (Voir Mémoire de Michel Le Riche) Sa compagnie était alors commandée par François Le Riche, fils du chroniqueur saint-maixentais. Tillac avait fait campagne avec Mayenne en 1585 et commandait alors une troupe de ligueurs.

4. Maillezais.

5. Le régiment de Villeluisant avait suivi Mayenne en 1585. Nous avons vu Villeluisant maître de camp dans l'armée de Biron en cette même année 1586.

6. L'itinéraire publié dans les Lettres missives de Henri IV constate sa présence à Niort le 11 novembre 1586, circonstance assez difficile à expliquer. Peut-être le roi de Navarre se portait-il au-devant de sa belle-mère dont le voyage a pu être retardé.

7. Lettres de commission par Henri, roi de Navarre, gouverneur et lieutenant-général pour le roi en Guyenne, au capitaine La Gautrie, pour commander en la place de la Foye-Mongeault. La Rochelle, 30 novembre 1586. (Bibl. nat., mss. fr., ancien fonds 3612-49.)

8. Charles de Bourbon, cardinal, qui devint le roi Charles X de la Ligue, 4e fils de Charles de Bourbon, duc de Vendôme, et frère puiné d'Antoine de Bourbon, père de Henri IV, mort à Fontenay-le-Comte en captivité à l'âge de 67 ans, en 1590.

9. Catherine de Gonzagues-Nevers, épouse de Henri d'Orléans, duc de Longueville, sgr de Parthenay et de Vouvent.

10. On voit que la prise de Maillezais par les protestants est un peu antérieure au 18 novembre 1586.

11. Maillezais avait été pris quelques jours auparavant par les huguenots qui y avaient mis le régiment de Sorlu et de Neuvil pour y tenir garnison.

 1l fut repris par les catholiques le 20 novembre 1586. On verra ci-après que l'expédition était déjà ordonnée le 19 novembre.

12. Cette lettre a été évidemment écrite dans la matinée du 20 novembre 1586, puisque Catherine de Médicis ne connaissait pas encore la reprise d'e Maillezais par ses troupes qui eut lieu le jour même.

13. François de Liniers, écuyer; sgr de Saint-Pompain, homme d'armes dans la compagnie du comte du Lude dès 1575, nommé gouverneur de Maillezais par Catherine de Médicis, était encore en charge en 1588 il concourut à la reprise de l'île et du château de Marans, avec Lavardin, vers le commencement d'avril de ladite année.

14. On savait déjà par le Journal de Michel Le Riche que Maillezais fut repris par les catholiques le 20 novembre 1586. La compagnie de Tillac aux ordres de François Le Riche, Sr dudit Michel, prit part à l'expédition.

 

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