Angers est une ville qui a su se construire sur les fondations d’une histoire riche et singulière. Dès le XVIIe siècle, les premières découvertes archéologiques sont lancées et les fouilles qui se sont succédé depuis lors n’ont eu de cesse de jeter de nouveaux éclairages sur le passé de la cité.

Des recherches des premiers antiquaires aux archéologues contemporains, ces travaux ont permis de mieux comprendre la morphologie urbaine par la mise au jour tant de structures monumentales que de mobilier, témoignage d’un quotidien antique.

L’archéologie a livré ces vingt dernières années des découvertes particulièrement riches ou inattendues, qui ont marqués la mémoire des Angevins : le cairn néolithique sur le site du château, le temple dédié à Mithra à la gare ou encore les sarcophages de la place du Ralliement.

Alain Fouquet Adjoint à la culture et au Patrimoine.

La promenade du Bout du Monde, au cœur historique d’Angers, est la desserte principale du château et une voie majeure du quartier de la Cité. Son réaménagement par la municipalité a été précédé par trois fouilles préventives : à l’emplacement d’une terrasse décaissée face au n^o 13 (90 m²) ; sur l’emprise d’une tranchée destinée à regrouper l’ensemble des réseaux enterrés (400 m²) ; à l’extrémité du belvédère modifié par des travaux de consolidation (50 m²).

Prescrites dans un environnement dont la haute sensibilité archéologique a été établie par les fouilles du château d’Angers (1992-1997) et de la rue des Filles-Dieu (2012), ces fouilles n’ont pas fait l’objet de diagnostics préalables.

Dans ce secteur de la ville, où s’affirme l’expression ostentatoire et monumentale du pouvoir (cairn néolithique, oppidum gaulois, sanctuaire romain, château comtal, forteresse royale, résidence ducale), les fouilles n’ont atteint ni le terrain naturel ni le substrat gaulois de la ville. En revanche, elles ont mis au jour les vestiges d’un portique monumental d’époque romaine dont la découverte soulève la question de l’emplacement du forum de Iuliomagus.

Abandonné et partiellement détruit vers le v^e s., mais sans doute encore bien visible dans le paysage urbain du premier Moyen Âge, le portique est en partie recouvert par un grand édifice (35 m × 8 m) construit autour du xi^e s. et dont ne subsiste que le sous-sol.

« Ce bâtiment a été détruit lors de la construction du château, certainement parce qu’il aurait gêné le système défensif du futur bastion », estime Martin Pithon, archéologue à l'Inrap.

La nature et la fonction de ce bâtiment situé entre le château comtal et le palais épiscopal n’ont pas encore été identifiées.

Au moment de la construction de la forteresse au xiii^e s. (château actuel), l’édifice, en grande partie arasé, est occupé par un four à chaux circulaire qui appartient au chantier. L’abandon du four se situe dans le courant du xiv^e s. Au-dessus de ces vestiges, la stratigraphie montre une phase de nivellement par des remblais qui constituent, devant le château, l’espace dégagé destiné à devenir la Promenade du Bout du Monde.

Entre le xv^e et le xviii^e s., il offre encore un accès direct vers la Maine sous la forme d’une rampe ou d’un escalier bordé par un mur défensif. On y accède par une rue pavée qui longe la douve de la forteresse. En dehors des vestiges de quelques constructions légères retrouvés face à l’entrée du château, le secteur est ensuite surtout marqué par la présence des sépultures du cimetière de Saint-Aignan (xvii^e-xviii^e s.), puis par le remblaiement et la fermeture de l’accès vers la rivière.

 La promenade du Bout du Monde domine la Maine depuis un promontoire de schiste d’environ quarante mètres de haut. Là, se découvre un large panorama végétal et urbain le long de la rivière. La Maine, constituée par la confluence du Loir, de la Sarthe et de la Mayenne en amont, se jette dans la Loire à Bouchemaine. C’est un élément autour duquel les activités passées se sont développées : transport de marchandises, pêcheries, moulins, bateaux-lavoirs, tannage, ect. En aval, le parc de Balzac avec une zone de prairies inondables a été aménagé à côté du Lac de Maine ou une base nautique propose des activités de loisirs tandis qu’un refuge ornithologique occupe les zones naturelles.

Le quartier d’outre-Maine, la Doutre, né au cours du Moyen Age, est bordé d’immeuble en tuffeau principalement de la fin du XIXe siècle. Le Quai, équipement culturel, installé devant le port d’Angers, impose son architecture contemporaine face à la cité historique. Le quartier du Front de Maine, qui a pris la place d’anciennes friches industrielles, rappelle par son architecture en lien avec la rivière, la volonté des Angevins de reconquérir cette dernière. Derrière ce premier front bâti, le clocher de l’église de la Trinité s’élève comme marqueur du quartier commerçant médiéval dont les maisons à pan de bois sont la mémoire. Sur son flanc droit se dresse l’abbaye du Ronceray, témoin remarquable de l’art roman. Quelques hôtels particuliers d’anciens notables angevins sont implantés plus au nord. Au nord de la Doutre, l’ensemble hospitalier Saint-Jean marque les limites du quartier. Comptant parmi les plus anciens hôpitaux civil de France, il accueille aujourd’hui, dans un écrin exceptionnel, le musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine.

Au pied du promontoire, le quai du Port-Ligny construit et loti à partir de 1831, laisse place en 1973 à la voie sur berge. La mise en service d’une liaison de contournement de la ville au nord en 2008, puis le projet « cœur de Maine » s’emploient à réconcilier les habitants avec leur rivière.

https://journals.openedition.org/archeomed/7146

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