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PHystorique- Les Portes du Temps
11 avril 2020

La tour de la Boulaye à Fontenay le Comte érigée en 1595 - La famille Eschallard l'une des plus anciennes du Poitou.

La tour de la Boulaye à Fontenay le Comte érigée en 1595 - La famille Eschallard l'une des plus anciennes du Poitou

La tour de la Boulaye, érigée en 1595 par Charles Eschallard, sieur de la Boulaye, gouverneur de Fontenay le Comte et de Taillebourg, chef du parti protestant durant les guerres de religions, de 1562 à 1600.

Le roi de Navarre nomma gouverneur Charles Eschallard, seigneur de La Boulaye (1), l'un de ses meilleurs officiers.

Deux ou trois jours après il prit Maillezais, qui n'était défendu que par un moine et les habitants de l'île, et y laissa d'Availles, parent de La Boulaye, auquel il donna le capitaine Tienne avec ordre de fortifier la ville.

Les succès de Henri avaient obligé le parti catholique du Poitou à demander des secours au roi, dès le commencement de l'année 1587. Le prince leur envoya le duc de Joyeuse, qui se mit en route au mois de mai, afin de venir contrebalancer la fortune des protestants, et surtout empêcher la prise de Fontenay, si cela était possible.

Quelque diligence qu'il fît, il ne fut pas plus tôt arrivé à Saumur, où il devait organiser son armée, qu'il apprit que La Roussière avait été obligé de se rendre, et que les huguenots venaient de s'emparer de Châtillon, de la Garnache et de quelques autres petites places.

 Sa présence arrêta néanmoins le roi de Navarre, qui vit qu'il ne pourrait pas lui résister efficacement, s'il conservait toutes les villes alors occupées. Il en fit donc démanteler plusieurs, et ne conserva que Fontenay, Talmont, Maillezais et Saint-Maixent.

Il licencia ensuite presque toute sa cavalerie, et cantonna çà et là ses compagnies de pied, dont une bonne partie resta devant Fontenay, pour se rafraîchir, en attendant une occasion favorable de reprendre l'offensive  (2).

Henri, qui s'était retiré à la Rochelle, fut cependant bientôt obligé de courir aux armes. Il se remit en campagne, et s'efforça d'arrêter la promenade de Joyeuse en Poitou, qui inquiéta quelques jours notre ville.

Ce fut à l'occasion de cette nouvelle levée de boucliers, que le roi de Navarre lança le manifeste fameux, daté du camp devant Fontenay, dans lequel il justifiait sa conduite et la pureté de ses intentions.

Cette pièce si curieuse fut écrite le quatorze juillet, à l’Épinette, quartier du Réclus, sur la route de Pissotte, où se trouvait la tente du roi (3)

Fontenay clocher de N

(Fontenay clocher de N. D. et tour de la Boulaye en ruines, eau-forte, roulette et pointe sèche O de Rochebrune 7 aout 1894)

 

 La voici, extraite du Recueil des lettres de Henri IV( documents inédits de l'histoire de France), t. II, p. 294. Elle avait déjà été imprimée à Paris, en 1761.

PROTESTATION DU ROI DE NAVARRE, AU SUJET DE L'ENTRÉE DE SON ARMÉE EN FRANCE.

Comme nous avons, dès la première révocation de l'édit de paix, assez particulièrement fait cognoistre, par nostre dicte déclaration et protestation, à tous ceulx qui sont de sain et entier jugement, et qui ne sont prévenus d'aulcune passion, que le subject de la prinse de nos armes n'a été que pour garentir et deffendre le roy , nostre souverain seigneur, nostre maison et tous les bons François de l'oppression des ennemis conjurez de ceste couronne et de l'Estat; et que nos actions et desportemens contre les assaults et les orages de quatre ou cinq armées que nous avons eues sur les bras pendant l'espace de huit mois et plus , nous servent de certain et asseuré témoignage de nostre intention, n'ayant jusques ici opposé contre leurs forces aulcuns moyens contraires, quoique nous en ayons eu les facultez , mais nous sommes tenus dans une guerre deffensive, nous renfermant dans nos places sans nous mettre en campaigne, afin de soulager le peuple des misères et calamitez que causent les gens de guerre, quelque disciplinez qu'ils soyent; comme aussi espérant que notre patience attiédiroit la fureur et la rage de ceulx de la maison de Lorraine, et que cependant Sa Majesté recognoitroit la vérité de leurs pernicieux desseings, qui est d'exterminer totalement la maison de France, et de parvenir à usurper ce royaume, jadis si florissant, suivant le plan que leurs prédécesseurs leur ont tracé, et dont les mémoires trouvés entre les papiers pris à Aussonne font foy, oultre les aultres preuves certaines que l'on en a d'ailleurs, et que Sa Majesté, après l'avoir cognu, y apporterait le remède qu'elle estimeroit le plus nécessaire et le plus salutaire. Malgré cela, Sa Majesté, en proie aux artifices des partisans de ceste maison et de la ligue, se trouve tellement resserrée par les ligueurs, et leur audace est accrue à un tel point, que, depuis trois ou quatre mois, ils ont plusieurs fois et à diverses reprises osé entreprendre contre sa personne et contre la ville capitale de son royaume ; ils ont soulevé et fait armer de nuict la populace, se sont emparez de quatre ou cinq places dans le gouvernement de Picardie, attaqué et défaict les troupes que le roy y envoyoit, afin de conserver les places qu'ils avoient surprinses: ils ont même retenu prisonnier celui qui conduisoit ce secours.

Lorsque Sa Majesté les a sommez de lui remettre les places, ils ont commencé à capituler avec elle, et ont eu l'audace de lui demander Angers et Valence, qu’ils se pleignent qu'on leur a enlevez, comme s'ils y avoient quelques droicts.

C'est ainsi que Sa Majesté s'est vue forcée, pour acquérir leur amitié, de leur abandonner les places qu'ils ont prinses en Picardie, et de leur rendre les prisonniers qui avaient attenté sur Boulogne, au lieu d'en faire une punition exemplaire, ainsi que des auteurs de ces troubles, telle que la mériteraient des criminels de lèze-majesté.

 Par quoi, Nous, Henry, roy de Navarre, premier prince et pair de France, Henry de Bourbon , prince de Condé, et Henry de Montmorency, premier officier de la couronne et maréchal de France, craignans que l'ambition demesurée des ligueurs n'apporte enfin la ruine totale de cest Etat, dont la conservation nous est en singulière recommandation, à laquelle nostre debvoir et le rang qu'il a pieu à Dieu nous y donner, nous oblige, contraints, à notre très-grand regret, d'employer la force, comme le seul remède et moyen extraordinaire qui puisse apporter quelque soulagement à la France accablée et gémissante soubs le poids de la tyrannie des ligueurs :

déclarons et protestons que les armées que nous sommes déterminez à mettre en campaigne et joindre au secours des alliez et confédérez de ce royaume (tous affectionnez au repos et au bien d'iceluy, ainsy qu'ils en ont donné des témoignages certains et asseurez par les embassadeurs qu'ils ont dépeschez vers Sa Majesté ), ne sont point pour nous opposer à Sa Majesté, de laquelle nous ferons toujours cognoistre, par des effects réels, combien nous sommes ses très-humbles, très-obéissans et très-fidèles subjects et serviteurs; mais pour la délivrer de l'oppression et de la tyrannie des Lorrains, ses plus cruels ennemys et les nostres; lui faire cognoistre l'autorité qu'ils ont usurpée et qu'ils usurpent encore tous les jours; remettre le roy en estat d'estre obéi de tous ses subjects; restablir les princes, seigneurs et gentilshommes françois dans les prééminences, le crédit, les honneurs et les dignitez deus à leur rang et à leur naissance 4; pourvoir, par une assemblée générale et libre de ce royaume, légitimement convoquée, au soulagement du peuple, par l'abolition des imposts dont il est accablé, à destruire une auctorité estrangère, et par là establir une paix ferme et solide dans le royaume.

Supplions Vostre Majesté d'avoir pour agréable la prinse de nos armes, et de voire que nous ne les prenons que pour luy, pour sa liberté et pour son service ; que nous sommes prests d'aller la trouver dans tel endroict qu'il luy plaira nous commander. Prions aussy tous roys, princes, seigneurs, gentilshommes, cour de parlement, bourgeois, villes et communautez, tant voisins, alliez, que subjects de ceste couronne, de vouloir assister et secourir dans une aussy saincte et aussy louable entreprise, soit de leurs personnes, vivres, armes ou aultres moyens, afin que nostre desseing ne demeure poinct sans exécution, et que la paix, si nécessaire à la France, ne soit poinct retardée par leur néglicence.

Déclarons tous ceulx qui s'y opposent directement ou indirectement, tant ecclésiastiques qu'aultres catholiques, ennemys conjurez de cest Estat et de la tranquillité de ce royaume; protestant les prendre en nostre protection et saulvegarde, et les vouloir maintenir et conserver dans le mesme état et religion qu'ils sont à présent, ainsi que dans tous leurs biens, privilèges et libertez, sans rien innover ni altérer en aulcune façon, ainsi que nous agissons en Guienne, Languedoc et Daulphiné.

Donné à Fontenay-le-Comte , le quatorziesme jour de juillet mil cinq cens quatre vingt sept.

HENRY.

L'ALLIER.

 

 

 Guerre de Religions 1er Juin 1587 - SIÈGE ET PRISE DE FONTENAY PAR HENRI DE NAVARRE (Maison Millepertuis)<==....

==> 1621 Henri Bastard de la Cressonnière, baron du Petit-Château de Vouvant et gouverneur de Maillezais.

 


 

(1) Famille noble et très ancienne, originaire de Parthenay (Deux-Sèvres)

Armoiries D'azur au chevron d'or.

Charles Eschallard, chevalier, seigneur de la Boulaye, conseiller du roi, capitaine de cinquante hommes d'armes d'ordonnances, gouverneur et lieutenant-général de Fontenay et bas pays de Poitou, fils de Honorat Eschallard et de Lucrèce de Puy-Guyon. Il épousa Marie du Fou, fille du baron du Vigean et de Loyse Robertet.

Il mourut en juin 1594.

(2) Mém. des troubles arrivés en France sous les rois Charles IX, Henri III et Henri IV, par M. de Villegomblin. — Voyage de M. de Joyeuse en Poitou.

(3) Le quartier du Réclus prenait son nom de ce qu'au moyen-âge un individu s'y était retiré, par esprit de pénitence, et s'était fait enfermer dans une loge murée, où on lui apportait à manger. Ces exemples de fanatisme étaient assez fréquents en bas Poitou. Quelques documents en mentionnent plusieurs dans diverses localités.

4 Ce passage montre bien quel était le véritable esprit de la noblesse huguenotte, toute portée à pêcher en eau trouble, et à se servir du peuple, qui ne voyait que liberté pour ressaisir, si elle le pouvait, l'influence qu'elle perdait de jour en jour, depuis les coups terribles que lui avait portés la politique si sage de Louis XI.

 

 

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