De 1200 à 1230, les documents restent muets sur ces seigneurs ; cependant, au mois de juin de cette dernière année, un acte du Trésor des chartes nous montre Guy de Thouars, seigneur de Tiffauges, dominus Theofaugi, qui rend au roi de France Louis IX ou saint Louis, alors campé devant le château des Ponts-de-Cé, foi et hommage-lige pour la vicomté de Thouars, qui devait lui revenir comme chef de famille, après la mort de Raimond, son oncle.==> 1230 Ponts de Cé, les seigneurs de Thouars, Tiffauges et Hugues de Lusignan, comte de la Marche, rendent hommage au roi Louis IX
Thouars. 1230. Mai.
Litteræ Raimondi vicecomitis Thoarcii illustrissimo domino suo Ludovico Franciæ regi et charissimæ dominæ suæ Blanchæ reginæ, ejusdem regis matri, quos certiores facit se, de centum sexaginta libris annui redditus, tam sibi quam fratribus suis in camera regia ex dono regis pertinentibus, quinquaginta libras annui et perpetui redditus Roberto de Mallebrario militi et fideli suo in augmentum feodi donasse, prædictos regem et reginam attentissime supplicans ut dicto Roberto et ejus heredibus dictas quinquaginta libras reddi de cetero jubeant. - "In cujus rei testimonium, vobis nostras patentes litteras destinamus sigilli nostri munimine roboratas.
Actum apud Thoarcium, anno Domini M° CC° tricesimo, mense maio."
Lettre de Raymond, vicomte de Thouars, à son très illustre seigneur Louis, roi de France, et à sa bien-aimée dame, la reine Blanche, mère du même roi, dont il s'informe, de cent soixante livres par an , payait à lui-même et à ses frères dans la chambre royale appartenant au don du roi, cinquante livres par an et qu'il avait donné une rente perpétuelle à Robert de Maulévrier, son fidèle chevalier, outre l'augmentation de la redevance, implorant instamment lesdits roi et reine d'ordonner que lesdites cinquante livres soient payées audit Robert et à ses héritiers, sur le reste.
« En foi de quoi, nous vous adressons notre lettre ouverte, renforcée de la protection de notre sceau.
Fait à Thouars, l'an du Seigneur 1230, au mois de mai."
Sceau de Raimond, vicomte de Thouars, frère de Hugues II; cire blanche, double queue; decrit dans l’Inventaire sous le n°1086.
A la mort de Raoul IV de Mauléon, Aimeri IX, vicomte de Thouars, se mit sur les rangs pour recevoir l'héritage de ce seigneur et ajouter, à un des plus gros fiefs de France, celui de la famille des Mauléon.
Aimery, fils de Guy, héritier présomptif de la branche aînée, et qui devint vicomte, sous le nom d’Aimery IX, possédait Tiffauges avant 1246.
23 - AIMERI IX, VICOMTE DE THOUARS, fils de Guy I
(1253-1256)
Cette transmission ne se fit pas sans nombre de difficultés, car Alfonse, comte de Poitou, avait, comme cela était son droit, du moins jusqu'au règlement définitif du rachat, déjà saisi les biens de Raoul, et voyait avec grand déplaisir s'augmenter encore la puissance de ces seigneurs hautains, qui mettaient dans leurs aveux, en parlant de leurs domaines, « confrontant à l'Angleterre, l'Océan entre deux. »
Il répondit tout d'abord aux trois héritiers qui se présentaient, Aimeri, déjà nommé, fils d'Alix de Mauléon et petit-fils de Savari de Mauléon, Aimeri IX de Rochechouart (1), veuf de Jeanne de Mauléon, sœur aînée de Savari, et Geoffroy de Tonnay-Charente, du chef de ses enfants, issus d'une autre fille de Savari, que Raoul, n'étant pas fils légitime, ne pouvait avoir d'héritiers, et que tous ses biens devaient revenir au suzerain. Il fit ensuite traîner en longueur, autant qu'il le put, la liquidation de la succession, n'ayant pas l'air de se souvenir de l'approbation qu'il avait donnée autrefois à l'aliénation d'une partie des domaines du baron défunt.
Après de pressantes et d'incalculables démarches, intervint enfin un arrangement, que, vu son importance, nous allons reproduire en entier, en le traduisant; il a trait, en effet, à un des faits les plus saillants de notre histoire locale, puisqu'il indique à quelles conditions fut concédée aux ambitieux vicomtes de Thouars une notable partie du territoire du Bas-Poitou.
Il fallut, il est vrai, pour réussir, laisser quelques plumes de valeur et, en plus de la forte somme à payer, abandonner sur le chemin, Fontenay, Ardenne (2) et Benon (3).
Ce n'est qu'en pliant sous ces fourches caudines qu'il fut possible d'obtenir une transaction définitive et à peu près acceptable.
« A tous ceux qui les présentes lettres verront, Alfonse, fils du roi de France, comte de Poitiers et de Toulouse, salut dans le Seigneur.
Comme nos chers et féaux, Aimeri, vicomte de Thouars, Aimeri de Rochechouart, alors valet, aujourd'hui baron, en raison de sa femme, et Geoffroy de Tonnay, baron, pour le compte de ses filles, nous ont demandé par justice, en succession, le domaine qui fut à Raoul de Mauléon, de bonne mémoire, notre ancien homme lige, et que nous leur répondions par contradiction qu'ils ne pouvaient raisonnablement pas le réclamer, parce que le dit Raoul n'était pas né d'un mariage légitime, et que, selon les us et coutumes du pays, un bâtard ne peut avoir un héritier, si ce n'est le suzerain du fief ; que, sur ce point, nous avons obtenu contre eux un jugement de notre cour, qu'ils n'ont pas voulu accepter, et que bien plus ils s'en sont exemptés par contumace ;
(SAVARY DE MAULÉON, LE POITOU A SON ÉPOQUE et Maintenant)
« Après un long laps de temps, le dit vicomte nous ayant humblement supplié que nous lui fassions présent de cette terre. Nous, vu l'affection que le dit vicomte déclare avoir pour nous, faisant droit à ses prières, en ce qui concerne toute la terre avec ses appartenances, pour laquelle nous avons reçu le dit Raoul comme notre homme lige, et comme il la possédait en propre, sauf toutefois le douaire d'Amable, veuve de Savari de Mauléon, de bonne mémoire, et son droit, que, sa vie seulement, la dite Amable retiendra, et sauf le droit d'autrui, s'il peut s'en présenter et spécialement les legs, concession et confirmation faites au monastère de Saint- Michel-en-l'Herm et à ses moines, auquel droit nous devrons connaître par nous-mêmes ou par d'autres hommes irrépréhensibles, et en résoudre la question en moins d'une année, à compter du moment de la fête de sainte Marie-Madeleine dans un an ; Nous déclarons nous en démettre et l'abandonner en faveur du dit vicomte, ainsi que de tous les droits de taille, récoltes et jouissances que nous avons et pourrions avoir, sauf les taxes, hommages, services, redevances et rachats à nous dus ; et cela nous le transmettons et concédons à lui, à ses héritiers et successeurs, pour le posséder à perpétuité.
Après la mort de la princesse, son douaire et ses droits reviendront, de plein droit, au dit vicomte et à ses héritiers et successeurs. Lequel vicomte est tenu de désintéresser, en ce qu'il peut leur devoir, le dit Aimeri de Rochechouart, les filles de Geoffroy de Tonnay et les autres, selon les us et coutumes de la contrée, de telle sorte, cependant, que pour une part quelconque il ne devra mettre en possession un autre que celui à qui la part restituée est démontrée appartenir. Pour cette concession et libéralité, que nous faisons en cela au dit vicomte, ce dernier nous promet, par une stipulation solennelle, qu'il nous donnera dix mille livres de monnaie ayant cours, à payer aux termes ci-dessous ; c 'est-à-dire, cinq mille livres à Pâques prochainement venant, et les autres cinq mille livres à partir de l'Ascension prochainement venant, jusqu'à l'autre Ascension, une année révolue.
En retour, le dit vicomte, concernant tous les droits et actions, s'il en est, à cause et à raison de sa vicomte, ou s'il s'en peut rencontrer sur Fontenay, Ardenne, Benon et leurs dépendances, ou choses mouvant des dites possessions, avoue les remettre et abandonner entièrement à nous, nos héritiers et successeurs, et nous tenir tout à fait quitte de toutes les obligations que nous avions ou pouvions avoir.
De même, pour le domaine du dit Raoul, à savoir la terre de Châtelaillon et ses dépendances, nous recevons le dit vicomte comme notre homme lige, et semblablement pour la terre du Talmondais, nous recevons le même vicomte comme notre homme lige, et pour ces deux terres, lui, ses héritiers et successeurs seront tenus de faire à nous, nos héritiers et successeurs, deux hommages liges : et toutes ces choses et chacune d'elles dessus dites, nous promettons de bonne foi, pour nous, nos héritiers et successeurs, de les observer inviolablement à perpétuité, et de n'y contrevenir de quelque manière que ce soit.
En témoin de quoi, nous donnons au dit vicomte, à ses héritiers et successeurs, nos lettres présentes, scellées de notre sceau.
Donné au bois de Vincennes, au mois de juillet, l'an de grâce, mil deux cent cinquante-trois (4). »
Comme complément du contrat ci-desssus, Alfonse fit signer, en même temps, à Aimeri, l'engagement suivant relatif aux places fortes de ces divers domaines, que le vicomte s'engagea à livrer aussitôt après en avoir reçu régulière réquisition :
Aimeri, vicomte de Thouars, à qui Alfonse, comte de Poitiers et de Toulouse, a concédé l'héritage de Raoul de Mauléon, promet au dit comte de donner dix mille livres de monnaie ayant cours, et, comme homme lige, de lui livrer le château-fort de Talmond et tous ses autres châteaux ou forteresses, à grande et petite force, quand et toutes les fois qu'il en sera requis, par lui et par mandement certain.
De plus, il promet qu'il n'élèvera aucun nouveau fort, et qu'il ne fortifiera les anciens, sans une permission spéciale du comte.
« En témoin de quoi, nous donnons ............. (5).
Donné au bois de Vincennes, au mois de juillet, l'an de grâce mil deux cent cinquante-trois. »
Quant aux deux autres compétiteurs, de Rochechouart et de Tonnay, ils vinrent également à composition, et, en octobre 1254, signèrent une convention spéciale (6) qui assurait, moyennant certaines redevances, presque tout l'héritage de Raoul à Aimeri de Thouars.
Dès cette même année, le vicomte faisait acte de souveraineté dans le Talmondais, en confirmant tous les dons faits par ses prédécesseurs à l'abbaye de Sainte-Croix de Talmond. Cette charte, la dernière du cartulaire, énumère les diverses et nombreuses aumônes qu'il ajouta aux revenus du monastère (7).
Mais il est encore plus connu par une réforme précieuse à laquelle il attacha son nom, et qui peut être considérée comme un des principaux titres lui donnant droit à la reconnaissance de ses vassaux directs et surtout à celle de leurs héritiers.
En 1256, il réduisit, en effet, en faveur de ses hommes liges de la vicomté et du Talmondais, à une année de revenus du fief, les droits de mutation de mainmorte, c'est-à-dire les rachats féodaux payables à chaque mutation du seigneur. Voici en quels termes il demande à son suzerain l'approbation de sa décision (8) :
« A très illustre homme et son très cher seigneur, Alfonse, fils du roi de France, comte de Poitiers et de Toulouse, et à tous ceux à qui ces présentes lettres parviendront, Aimeri, vicomte de Thouars, seigneur de Talmond, salut, avec grande révérence et honneur.
Sachez que nous remettons complètement et réduisons, pour nous, nos héritiers et successeurs, à perpétuité, à tous nos hommes liges et plains, leurs successeurs et héritiers, dans les dites vicomte et terre de Talmond et leurs appartenances présentes et futures, tous les droits de mutation ou rachat de mainmorte de la vicomté de Thouars et de la terre de Talmond et leurs fiefs, à une année seulement de revenu retiré de chaque fief, autant qu'en comporte le domaine du fief, à l'exception des bois et garennes à vendre dans le dit fief, des marais susceptibles d'être péchés, des maisons ou biens meubles sis et placés dans le dit fief; non compris, dans cette année de revenu du fief, la culture du domaine et le terrage de la dite culture retenue par le seigneur féodal.
Et nous vous supplions, seigneur comte, que vous en fassiez autant pour votre part, comme en votre présence il en a été discuté quelquefois, et qu'en conférant pour l'amour de Dieu et de votre piété, à nous, nos héritiers et successeurs, vos lettres sur ce point, cet acte obtienne une sanction et force perpétuelles.
Nous vous transmettons nos présentes lettres, scellées de notre sceau, en témoignage de la vérité.
Donné en la fête de S' Nicolas d'hiver, l'an de grâce « MCCLVI. »
Les rois d'Angleterre, on se le rappelle, avaient profité de leur énorme puissance en Poitou pour tenir leurs vassaux dans une dépendance très étroite et très sévère : ils exigèrent d'eux des sacrifices considérables. Ainsi, les droits de mutation et de rachat, qui variaient au gré du suzerain, alors plus ou moins intéressé ou besogneux, et à la merci duquel se trouvaient les héritiers, donnèrent lieu à des abus et à des exactions qu'il n'est que trop facile de s'expliquer.
C'était donc un véritable acte de bienfaisance et de justice que de régler, par des clauses fixes et immuables, les procédés absolument arbitraires employés par les premiers seigneurs féodaux.
Le bon exemple donné par le vicomte de Thouars produisit lentement ses fruits, comme il convenait, pour un acte aussi grave et surtout si désintéressé, et le comte, quelques années après, en mai 1269, prit une décision semblable à celle d'Aimeri qui n'eut pas la satisfaction de la voir mettre à exécution, car il mourut auparavant, 3 décembre 1256 (9) ; ses successeurs immédiats n'en profitèrent même pas et payèrent les droits avant la promulgation de l'acte.
A ce décès, les terres de Thouars et de Talmond passèrent donc encore une fois, d'après le régime des anciennes coutumes, entre les mains du comte Alfonse, et, en 1259, elles y étaient encore, car on trouve dans les comptes de Thibaut de Neuvy, sénéchal du Poitou, depuis 1255, la phrase suivante qui ne laisse aucun doute à ce sujet : « De exitibus terre Thoarcie sesite per racheto, a festo sancti Pétri ad vincuLt, IIe LX IX, lib. XV sol. IXd (10). »
Ce vicomte abandonna, en général, la langue latine pour la rédaction de ses actes et adopta la langue vulgaire ; une des pièces les plus anciennes rédigées en cette forme, est datée de 1251 et fait partie du cartulaire du prieuré de la Chaise-le-Vicomte. Il y énumère tous les avantages qu'il accorde, au sujet de son mariage, à « Durant Gendrea de la Chèze-Ie-Vicomte et à Denise, nostre norric, damoiselle. »
Il avait épousé Marguerite de Lusignan (11), déjà veuve de Raymond, comte de Toulouse, et laissa un fils du nom de Gui.
24 - RENAUD DE THOUARS, frère de Aimery IX
(1258-1268)
Les deux frères d'Aimeri, Renaud et Savari, héritèrent successivement, comme il était d'usage, de l'usufruit de la vicomté de Thouars, avant son fils Gui. En fut-il de même pour la terre de Talmond, et ces deux seigneurs en eurent- ils 1’administration ? Ce point mérite d'être éclairci.
D’abord Renaud est indiqué comme vicomte dans plusieurs pièces incontestables. Lettre d'Alfonse au roi de France, 27 novembre 1263 (12).
Accord passé avec le comte d'Anjou, la vicomtesse Marguerite de Lusignan, veuve d'Aimeri, sa belle-sœur, et les filles de Geoffroy de Tonnay (13). Confirmation du don fait par son frère à l’abbaye de l'Absie, 6 novembre 1261 (14). Il mourut à la fin de 1268 ou au commencement de 1269.
D’autre part, Savari, son jeune frère, figure avec le titre de vicomte de Thouars parmi les seigneurs poitevins qui passèrent avec le comte de Poitiers, le traité relatif au rachat des fiefs à merci, dont nous avons déjà parlé, 2 mai 1269 (15).
25 - Savary IV, frère de Renaud I
1269 - 1274
On lit encore dans le registre des comptes remis à Alfonse :
« De Savari de Thoarz, pour le rachat de Thoarçois, VIIm VIIeue L liv. poitevins, à paier IIIm c liv. piet. à la prochienne Chandeleur, en l'an LX neuf, et IIm XXXV liv. poitevins, à l'autre Chandeleur, 2 février, qui sera en l'an Notre Seigneur M IIe LXX ; et IIm XXV liv. poitevins, à l'autre Chandeleur ensuivant, qui sera en l'an Nostre Seigneur M IIe LXXI.
De ce sont plèges, mésires Cabranz Chabot (16) et Jeufroi de Chanceroie (17) chevalier, et Jeufroi Chabot (18), et Cabranz Chabot (19), vallet, par leurs lettres retenues céens (20). »
Enfin, nous trouvons consigné à la suite du passage ci-dessus, et dans le même document, un article ainsi libellé : « De Guionet de Thoarz, IIm IIe L liv. pict., pour le rachat dou droit qu'il a en la terre de Talmondois et ès apartenances, à poier IXe liv. à la Chandeleur prochienne en l 'an LX neuf, et à l'autre Chandeleur en suivant, qui sera en l'an LXX, vie LXXV liv. pict., et à l'autre Chandeleur en l'an LXXI, VIC LXXV liv. pict. Et de ce sont plège mésire Cabranz Chabos, Morice de la « Haie (21), Challes de Rochefort (22), Jeufroi de Chasteaubriant, chevalier, chascun pour tout, par leurs lettres retenues céens. »
Or, si Gui de Thouars avait déjà possédé Talmond, à la mort de son père Aimeri, il n'aurait pas eu à en payer le rachat en 1269, à la mort de Renaud ; s'il le paya à cette époque, c'est que le vicomte Savari, son oncle, encore vivant, ne posséda jamais le Talmondais.
Nous ajouterons que le 2 février 1274, Gui, alors vicomte fut condamné à payer à Aliénor de Soissons, veuve de son oncle Renaud, en monnaie ayant cours à Talmond, une rente de 60 livres assise sur les terres de Chantonnay, pour prix de l'abandon fait par la dite dame de ses droits sur le Talmondais et l'île de Ré. Ces droits provenaient du douaire qui lui avait été assigné à la mort de son mari (23).
Donc on peut affirmer:
1° Que Renaud de Thouars a joui du Talmondais jusqu'en 1269, époque de sa mort;
2° que Savari, son frère et successeur comme vicomte, n'eut jamais la seigneurie de Talmond qui passa directement entre les mains de Gui.
26- GUI II DE THOUARS,
(1268-1308)
Il a été parfaitement établi plus haut que Gui devint prince de Talmond dès 1269 ; il n'eut toutefois la vicomté de Thouars que vers 1274, à la mort de son oncle Savari. Il parait que les fonds du rachat advenu à cause de cette mutation de seigneur, ne rentraient pas assez vite, au gré du comte de Poitou, car le 30 septembre 1269, ce dernier écrivait à Jean de Nanteuil, son envoyé extraordinaire (24) :
« De ce que en la terre de Thalmont et en la viconté de Toarz eschei mout de choses, quant nous les eumes en nostre mein, dum li sénéschaus n'a de riens ouvré, dites audit sénéschal que il en face ce qu'il devra, et vous mesmes l'en aidiez et conseilliez selonc ce que vous verrez qui sera à fere (25)... »
Alfonse avait aussi à ce sujet placé un châtelain au château de Talmond, auquel il écrivit le 30 mai, en faveur d'un certain Raoul de la Vergne, qui élevait des réclamations comme curateur d'un neveu (26).
Malgré tout, Gui ne possédait pas encore sans conteste les terres de Talmondais. Il lui avait fallu en abandonner une certaine partie, du temps même de son oncle Renaud qui n'en était que l'usufruitier, à Geoffroy de Châteaubriant, chevalier, seigneur de Candé, qui avait épousé en premières noces Bellassez, fille de Gui Ier, ancien vicomte de Thouars et d'Alix de Mauléon.
La veuve elle- même de Renaud en réclama une autre portion, en outre de son droit de douaire, et de nouvelles difficultés surgirent entre les trois copropriétaires et usufruitiers.
Geoffroy se plaignit, en 1269, au comte de Poitiers, des entraves qu'on mettait sur la part qui lui revenait, et voici la traduction de la lettre que Alfonse adressa à son sénéchal, Eustache de Beaumarchais, à la date du 12 octobre :
« De la part de notre fidèle Geoffroy de Châteaubriant, chevalier, comme il nous a été exposé que, lorsque la veuve du défunt Renaud, jadis vicomte de Thouars, s’était donnée une caution à l'encontre de Gui de Thouars, valet, entre les mains du fidèle Simon de Coutes, châtelain de la Roche-sur-Yon, au sujet du tiers de la terre de Talmond, dont elle demande à être mise en possession sur la part du dit Gui (27), non seulement la terre du dit seigneur fut saisie, à l'occasion de cette caution, mais encore celle du dit Geoffroy, quoique la garantie n'ait pas été prise le moins du monde contre lui ;
Nous vous mandons, s'il en est ainsi, que vous fassiez rendre au dit Geoffroy la terre saisie à cette occasion, à moins qu'une autre raison s'y oppose et n'empêche de donner satisfaction à cette demande en restitution.
Donné le samedi après la fête de St Denis, « l'an du Seigneur M CC LX IX (28). »
Geoffroy n'était probablement pas encore remarié, à ce moment-là, avec la mère de Gui et nous aimons à croire, que cette petite contestation s'apaisa de la façon la plus cordiale, lorsque Marguerite de Lusignan consentit à convoler en troisièmes noces et à donner sa main au noble chevalier, veuf de Bellassez.
Il est question de Gui en Talmondais, dans plusieurs chartes de l'abbaye de Jard et dans les cartulaires des prieurés de Fontaines et de Bourgenet, ainsi que dans ceux de Boisgrolland et d'Orbestier, à partir du 29 avril 1273.
On voit, en 1282, faire des largesses à Saint- Nicolas de la Chaise-le-Vicomte, et consigner dans une charte rédigée en langue vulgaire, qu'il reconnaît avoir injustement contesté au prieur de Saint-Nicolas, son droit d’avoir dans ses terres de Saint-Hilaire-la-Forêt, Saint- Vincent et Sainte-Radégonde de Jard, les amendes de 60 sous et moins, et les mesures à vin et à blé. Il en convient parfaitement mais ajoute que les moines prendront, malgré tout, leur étalon à Talmond : « è prendra ledit prior sun sep au sep de Thalmont (29). »
Il passa également un accord, en octobre 1277, avec son beau-père Geoffroy, sur quelques droits en litige, et signa une autre convention le 25 juillet 1278, avec Agnès de Pons, dame de Mareuil, pour son douaire comme veuve de Savari, vicomte de Thouars, son oncle, par laquelle il lui accordait en douaire, les terres et seigneuries de Puybéliard, Chantonnay, Château-Guibert, Mareuil et l'Hebergement.
Quelques années après, le dit vicomte fit saisir quelques terres sur le seigneur de Châteaubriant ; la contestation se termina par un traité, le 15 mai 1286.
Enfin, le 12 avril 1287, il s'engagea à ne faire aucune demande à Geoffroy, pendant toute sa vie, ce dernier s'étant racheté de 60 livres de rentes par lui dues, à titre d'échange, sur les tailles des Moutiers-les-Maufaits.
Nous avons reproduit dans un autre ouvrage, la convention passée avec les religieux de Jard (1er décembre 1279), au sujet du droit de chasse.
Une autre du 8 mai 1288 est non moins digne d'intérêt, car elle traite de la question « des breisiez ou peceiz des nez ou d'autres choses, » c'est-à-dire des bris et morceaux des nefs ou navires venant s'échouer à la côte devant l'abbaye de Jard. (voir Aliénor d’Aquitaine, Lois Maritimes les Rôles d'Oléron, appelés aussi Jugements d'Oléron)
Après de longues discussions, il fut convenu que les bris de mer appartiendraient aux moines, quand ils auraient lieu « dès la mestre chanau ancienne de la Goule de Jard, ainsi comme la chanau duret et l'aigue court, jusques à l'Aufizère, » c'est-à-dire depuis l'embouchure du Perray jusqu'à l'Aufizère (30).
On-y ajoutait que ni le seigneur de Talmond ni les religieux « ne pourrions mettre nul empeschement ne détenir par cordes ou par autres choses que elles (épaves) n'alassent là où le cas d'avanture les menroit ou les pourroit mener (31). »
Le prince de Talmond passa quelques jours en cette ville au mois de mars 1297 et habita le château au moins jusqu'au 29 de ce mois.
Il se rendit ensuite à Curzon où il séjourna aussi un certain temps.
Gui avait épousé Marguerite de Brienne, fille de Jean Ier, comte d'Eu, de qui il eut trois fils et trois filles. Nous retrouverons deux d'entre eux, Jean et Hugues, comme seigneurs de Talmond et vicomtes de Thouars.
Il mourut le 21 septembre 1308, selon les uns (cartulaire de Chambon), et le 26 d'après le Père Anselme et M. Paul Guérin.
Sa veuve eut comme douaire les châteaux de Talmond et de Mauléon avec leurs dépendances, ainsi que le droit d'usage dans la forêt d'Orbestier, c'est-à-dire son bois de chauffage et celui qui pouvait être nécessaire à la réparation du château de Talmond (32).
Nous avons dit ailleurs (33), en parlant de Bertrand de Goth, archevêque de Bordeaux, qui fut plus tard le pape Clément V, que ce prélat visita, en 1305, sans pouvoir en préciser très exactement la date, les bénéfices ecclésiastiques du Poitou et qu'il dût passer à Talmond.
Des recherches récentes ont fait découvrir aux archives départementales de la Gironde, un procès-verbal des visites faites dans le diocèse de Poitiers, par ce prélat, qui relate « que le dit seigneur serait allé en l'abbaye de Talmond et y aurait séjourné deux jours (1er et 2 mai 1305), et qu'il y aurait fait sa visite, et le 3e jour, annoncé la parole de Dieu, confirmé et tonsuré. »
L'état du Bas-Poitou laissait, à cette époque, beaucoup à désirer: les attaques à main armée, sur les routes et à la campagne, dans les bourgs et même les petites villes, y étaient fréquentes. Les meurtres commis par les nobles et les roturiers restaient à peu près impunis ; les ecclésiastiques séculiers ou réguliers usurpaient tous les droits régaliens ou privés et se procuraient à vil prix les biens les plus importants qu'ils se faisaient allouer, par toutes sortes d'exactions, d'extorsions et de dénis de justice.
La guerre terrible qui éclatera bientôt et qui nécessitera la présence dans la contrée de nombreuses garnisons, mettra le comble à la désorganisation, en facilitant les excursions de bandes armées appelées ou licenciées à tout propos, suivant les besoins du moment. Il faudra plus d'un siècle pour faire disparaître les traces d'une situation aussi précaire dans le Talmondais un peu traité en pays conquis par les vicomtes qui ne le visitaient qu'à de longs intervalles, lorsqu'ils avaient quelque profit à en tirer : il y a donc peut-être lieu de se réjouir de leurs rares et courtes apparitions dans le pays.
27 - JEAN 1er DE THOUARS, fils de Guy II
(1308-1332)
Jean Ier, ils aîné de Gui II, succéda à son père comme vicomte de Thouars et seigneur de Talmond, en 1308. Toutefois, il ne nous a pas été permis de constater le moindre acte de son gouvernement avant le 23 mars 1311 (34), lorsqu'il confirma aux religieux du Lieu-Dieu, les droits d'épave, de planchage pour les vaisseaux, de haute et moyenne justice, et qu'il conserva, pour lui, la faculté de prendre des pierres dans la carrière de Jard.
Ainsi, les moines purent jouir de « toute juridiction et seigneurie, haute, moienne et basse... par toute leur terre de Jart et eus appartenances, et en leur fié de Champion, et en la Bauduere et en leur terre de Curzan...- Derechief tust accordé que les planchages, les vendes et les coustumes des veissiaus et des nez (nefs) qui entreront ladite chenau demouront à nous et à nos hoirs, sauve les planchaiges et les vendes des veissiaus qui metterient planche et seriont venduz dedans leur terre, les quiez seroient leurs, et les açensamenz des pescheries seroient nostres, si comme nous les avons acoustumé... Et perrons, nous et noz hommes, prendre de la pierre de la perrière de Jart, en la manière que nous l'avons acoustumé... (35). »
Jean est nommé dans plusieurs chartes de l'abbaye de Saint-Jean d'Orbestier, notamment en 1316, 1324 et 1327; il confirma à Guillaume Biron les faveurs accordées à son père Jean Biron (36), c'est-à-dire la seigneurie et la haute justice des terres de Moric et de la Bouchardière, un droit d'usage dans la forêt d'Orbestier et la dispense, sauf en cas de guerre, des deux gardes qu'il devait faire au château de Talmond, à cause des dites terres ; les lettres furent approuvées par le roi, en mai 1326 (37).
L'année suivante, le vicomte de Thouars accordait â son fidèle vassal, Jean Cornet (38), les lettres suivantes:
« Sachent tous que nous, Jehan, vicomte de Thouars, seigneur de Thalemont, avons donné et octroyé, et encore donnons et octroyons à noustre bon amy maistre Jehan Cornet et aux siens, et à ceulx qui de luy auront cause, perpétuellement, pour et loyal cervice qu'il nous a faict, dont nous tenons pour bien poy'er, eusage à toutes leurs bestes, tant pour luy que pour ses prédecesseurs (sic) en nostre fourest d'Orbestier, en tous temps et au lieux acoustumez et l'usage à leurs dites bestes, et encore donnons et octroyons audit maistre Jehan et aux siens dessusdits principalement et pour la cause desdits chaufaiges, du boys de nostre dicte fourest et à tous leurs chauses nécessayres, à prandre et emmener à bestes ou à charrettes, ainsi comme il leur plaira : et encore donnons et octroyons aud. maistre Jehan et aux siens de soy principalement et pour la cause dessusdite; plain pouvoir de prandre et ammener du boys de noustre devant dicte fourest à édiffier et rédiffier maisons et toutes autres choses quelconques, toutes les foys quelconques leur playra. Et en tesmogn de laquelle chose, nous avons donné audit maistre Jehan et aux siens dont de cestes présentes lettres scellées de nostre grand seau.
Donné le dixiesme jour amprès la feste de Toussaincts, « l'an de grâce mil troys cens vingt sept.
« Signé, J. CHAIGNEVERT, p. coppie (39). »
Quelques mois plus tard, le même écuyer bénéficiait de nouvelles faveurs que lui accordait son suzerain :
« Sachent tous que nous, Jean, vicomte de Thouars, seigneur de Talmond, avons donné et octroyé et encore donnons et octroyons à notre bien aimé Jean Cornet, vaslet, seigneur de la Cornetière (40), et aux siens et à tous ceux qui auront cause perpétuelle, pour les bons et loyaux services qu'il nous a fait, dont nous nous tenons pour bien payé, tout le droit de fondations, prééminences, justices et de juridiction que nous avons et pouvions avoir en l'église et ville d'Avrillé sans nous en retenir aucun droit à nous et aux nôtres, en quelque forme et manière que ce soit. Et encore avons voulu et voulons que lesdittes choses ainsi par nous données seront adjoutées en ce que nous rend ledit Jean Cornet de la maison de la Bouchardière (41) qu'il tient de nous en tout droit de haute, moyenne et basse justice et juridiction.
En témoin de laquelle chose nous avons donné et octroyé audit Jean Cornet, vaslet, et aux siens dessus dits, cette présente lettre et scellé de notre grand seau.
« Donné le mardy d'amprès la feste de Pasques, l'an de grace 1328 (42). »
Une autre lettre annonce la présence de Jean de Thouars à Talmond, le jour de la Transfiguration de cette même année: il y confirmait, avec le consentement de son frère Hugues, de son fils Louis et de Garcens, abbé de Talmond, certaines donations faites au prieuré de Saint- Nicolas de la Chaise.
Sous ce seigneur, le Talmondais paya d'une façon notable sa contribution dans toutes les levées de gens d'armes qui furent ordonnées pour les nombreuses guerres que soutenait le roi de France en Flandre (43).
Des agents royaux vinrent souvent enrôler leurs recrues dans le pays, et, le 19 mai 1327, Raoul de Brienne, comte d'Eu et de Guines, depuis connétable de France, lieutenant du roi en Poitou, où il possédait plusieurs terres à cause de Jeanne de Mello, sa femme, était à Talmond, pour signer diverses lettres de nominations de châtelains, et organiser la garnison, comme il en avait mission spéciale, à cause des guerres imminentes que le roi, son maître, allait avoir à soutenir contre les Anglais.
Avant d'aller plus loin, nous signalerons l'existence à Talmond de la Confrérie du Saint-Esprit qui nous a été révélée par un acte du 29 mai 1319, contenant les noms des douze frères qui la composaient (44). Il y est dit que ceux-ci, « consideré le prouffit de la ditte freyrie, » vendent à Berthomé Mée et à Tomasse, sa femme, une vigne pour la somme de 18 deniers de monnaie courante. La pièce est signée de Pierre de Valée (45), garde du sceau établi à la châtellenie de Talmond (46).
(Voyage Historique sur l’église - cathédrale de Luçon)
Deux années auparavant (13 août 1317), avaient été érigés les évêchés de Luçon et Maillezais.
Le clergé du Talmondais passa donc, à cette époque, sous la direction de l'ancien abbé de Luçon, Pierre de la Veyrie, premier évêque de ce diocèse, sacré à Avignon le 20 novembre (47).
Jean de Thouars se maria à Blanche de Brabant, fille de Geoffroy de Brabant, seigneur d'Arschot ; il en eut deux fils, Louis et Jean.
Le premier, que nous retrouverons plus loin, se faisait déjà nommer vicomte de Thouars en 1329, c'est-à-dire trois ans avant la mort de son père et cinq ans avant de l'être réellement (48) ; le deuxième fut seigneur de la Chaize-le-Vicomte et épousa Marguerite de Parthenay.
Dès le mois de janvier 1310, Jean voulut assurer le douaire de sa femme, si elle venait à lui survivre.
Comme les usages du Poitou portaient que le douaire devait être égal au tiers de l'héritage, afin d'éviter des discussions après sa mort, le vicomte décida que Blanche aurait, « son chastiau de Olonne, les Sables, le port, les garennes et les appartenances... » Dans le cas où le revenu de ces terres n'atteindrait pas le chiffre voulu, alors on prendrait le surplus sur les biens de l'ile de Ré.
Mais si sa mère, la vicomtesse de Thouars, venait à mourir avant la dite Blanche (ce qui arriva le 20 mai 1310), celle-ci prendrait, avec le château d'Olonne, le château de Talmond et ce que possédait Marguerite de Brienne, sauf toutefois Mauléon, et la moitié de la forêt d'Orbestier, de laquelle elle ne pourra retirer que son bois de chauffage, et le bois nécessaire aux réparations des châteaux d'Olonne et de Talmond : « Et pora la dite Blanche tenir, avoir et nourrir en la dite forest tant de bestes comme mestier li sera (49). »
Blanche ne prit jamais possession de ce douaire, mais nous ignorons la date exacte de sa mort qui advint bien avant l'année 1326. Jean succomba le 25 mai 1332.
28 - HUGUES DE THOUARS, frère de Jean I
(1332-1334, 11 mars)
Le successeur certain de Jean à la vicomté de Thouars et à la seigneurie de Talmond fut son frère Hugues, comme il est suffisamment démontré par une charte du 7 janvier 1334, du cartulaire de Saint-Jean d'Orbestier (50).
Dans cette pièce il s'intitule vicomte de Thouars et seigneur de Talmond, frère de Jean, ancien vicomte de Thouars, et concède à cette abbaye le marais de la Rouillère, au nord des Sables, les juridictions, haute, basse et moyenne, des choses de la Baillère, et la basse et moyenne, seulement sur la Levenderie (51).
Une charte du cartulaire de Saint-Laon de Thouars, du mercredi après Jubilate, 20 avril 1331, apprend qu'à cette date son fief était tombé en rachat, par suite de son décès, qui doit être fixé au 1 l mars précédent (52).
Il eut pour femmes Isabeau de Noyers, dame de Tiffauges, puis Jeanne de Bauçay, laquelle est nommée, dans plusieurs actes postérieurs, vicomtesse de Thouars ; elle eut en douaire les châtellenies de Mauléon, la Mothe- Saint-Héraye, etc... ==> Jeanne de Bauçay, Chapelles de Sainte-Anne et Saint-Jean de Bauçay – Légende de sainte Néomaye du Poitou
son fils est connu sous le nom de Guyard de Thouars.
(Sur les ruines du vieux château de Tiffauges)
29 - LOUIS, VICOMTE DE THOUARS, fils de Jean I
1333 -1370
Quoique Louis de Thouars ait porté le titre de vicomte plusieurs années avant le décès de son père Jean, et celui de son oncle Hugues, il ne le devint réellement qu'en 1334 (53), à la mort de ce dernier ; il était encore baronnet dans l'armée de Philippe VI de Valois, en 1341. Ce prince eut une jeunesse un peu orageuse, car on le trouve, en 1332, mêlé à une affaire d'assassinat sur la personne de Guyard de Noireterre, pour laquelle un de ses compagnons, Pierre le Vicomte (54), écuyer de Jean de la Forêt, chevalier, fut pendu à Paris. Il était alors descendu rue de la Harpe, où il avait un hôtel.
Louis, peu de temps après la mort de Hugues, passa une transaction (55) avec les moines d'Orbestier, à propos d'une succession. Il est aussi signalé dans diverses autres chartes du cartulaire de cette abbaye, en 1352, 1355, 1357.
Par la dernière, il autorise les religieux à reconstruire le moulin à eau « du boisson de la Pyronnère », à établir la chaussée, si cela est nécessaire, sur son propre terrain, et il leur octroie en même temps haute et basse justice sur cette terre.
Quelques années après l'avènement de Louis, 21 août 1337, Philippe de Valois prenait la grave résolution de rompre complètement avec Edouard III, roi d'Angleterre, et commençait cette guerre d'épuisement qui ravagea, pendant cent ans, les pays côtiers de France.
Les hostilités qui devaient être si longues et si terribles ne furent poussées tout d'abord qu’avec peu de vigueur, en Picardie et Guyenne, et, le 15 janvier 1338, le roi de France put faire remise à Louis, du subside qu'il avait imposé récemment sur ses sujets immédiats et, par conséquent, sur ceux du Talmondais.
Le 21 suivant, le vicomte déclarait qu'il reconnaissait avoir demandé et obtenu cette remise, à titre gracieux et pour cette fois seulement (56).
Ce sursis ne fut que de courte durée et les choses se compliquèrent singulièrement et bien rapidement ; la bataille de Crécy et la chevauchée extraordinairement hardie de Henri de Lancastre, comte de Derby, en 1346, qui, venu de Guyenne, prit Saint-Jean-d'Angély, Lusignan, Poitiers et autres villes, donnèrent à la lutte une tournure très peu favorable aux intérêts du roi de France et tout à fait désastreuse pour la province, terrifiée bien vite plus que de raison.
Plusieurs villes se soumirent sans avoir été attaquées, et il suffit de lire les pièces du procès fait à Jean de Marconnay, évêque de Maillezais, pourvoir que ce fort se serait rendu sans coup férir, si l'ennemi s'était présenté devant ses murs.
Quoique les Anglais n'aient pu conserver Poitiers, qu'ils se contentèrent de piller, ils désignèrent (57) cependant un peu scrupuleux gascon, Raoul de Cahors (58), comme capitaine en Poitou (17 janvier 1347). Les ennemis, dans leurs premières excursions, avaient déjà pénétré jusqu'en Bas-Poitou, car l'abbaye d'Orbestier fut réduite en cendres, le roi Philippe, en décembre 1540, octroyait au monastère des lettres de sauvegarde dans lesquelles il disait :
« Que leurs granges et maisons ont été arses par le leu que noz ennemis y ont mis et que lettres de sauvegarde et plusieurs lettres et privilèges, qu'ils avaient de nous ou de noz prédécesseurs, y ont été ars et détruis par le dit feu... 59) »
Edouard III, afin de s'attirer des partisans, distribua largement des prérogatives excessives aux seigneurs qui le soutenaient et leur abandonnait les biens qu'ils pouvaient enlever à ses ennemis : c'étaient de grosses libéralités qui ne coûtaient guère, mais qui poussaient au brigandage.
Ainsi, le 12 mars 1346, il octroyait à Bertrant de Monferrand, pour l'indemniser d'une perte de mille florins à l 'écu de revenu annuel, compromis ou perdus à son service comme commandant des forces anglaises à Lusignan, le château et la châtellenie de Talmond encore au pouvoir des Français. Ce n'est pas dire que cet aventurier prit jamais possession de sa nouvelle charge, mais, pour s'en emparer, il est certain que des milices furent envoyées de Lusignan dans cette direction.
Le comte de Forez, qui exerçait comme lieutenant du roi de France en Poitou, avec pouvoirs presque illimités, fit beaucoup pour réformer les institutions, conserver la province et la mettre à l’abri d'un coup de main ; les villes furent protégées, mais la campagne et les villages ouverts, ou les bourgs mal fortifiés, furent abandonnés à toutes les excursions des soldats, et devinrent la proie des bandes de coureurs des deux partis; car, malheureusement, on ne peut dire que tous les actes criminels commis doivent être imputés aux Anglais seuls.
Loin de là : les petits seigneurs profitaient au contraire du désarroi général pour venger leurs injures personnelles et tenter les coups de mains les plus hardis.
Ainsi, en août 1348, le bourg des Moutiers-les-Maufaits eut particulièrement à souffrir ; cette localité fut prise, pillée et mise à feu et à sang par une troupe armée réunie sous les ordres de plusieurs gentilshommes du pays, parmi lesquels nous trouvons : Guy d'Apremont, chevalier; Raoul d'Apremont, écuyer, son frère (60) ; Guillaume de Boulières, écuyer ; Jean Jousseaume, écuyer (61) ; Guillaume Buor (62) ; Jean de la Haye (63); ; Jean des Clodis (63) ; Jean Cauvaing (64) ; Jean Ancelon (65) ; Hardouin de Cholet; Pierre Gueniel ; Savari Massé et Aimery Charruyau (66) et beaucoup d'autres.
Le prieur des Maufaits, Nicolas Michelet, et Maurice de Fouilleux, au nom des autres habitants de cette localité, envoyèrent une plainte à Platon de Grèze, châtelain de la Roche-sur-Yon, qui fut chargé, à divers intervalles, de l'information de l'affaire, de la capture des prévenus, de la saisie de leurs biens, et de la conduite des prisonniers à Paris.
Les biens volés aux Moutiers avaient été transportés au château de Poiroux, dont Guy d'Apremont était seigneur.
Son châtelain, Robert Gueniel, qui avait fait partie de la bande des assaillants et recelait les objets pillés, avait seul été, arrêté et emprisonné au Châtelet de Paris (67).
. « Ailleurs, c'est un Prélat, Renaud de Thouars (68), évêque de Luçon, qui soudoie une troupe pour attaquer Pierre de Maignart, abbé d'Angles, et frère Nicolas Bressuire, archidiacre de Luçon, ainsi que leurs parents et amis.
Les émissaires de l'évêque se jettent sur eux à l'improviste, les prennent, les jettent en prison et s'emparent de leurs biens. L'abbé d'Angles et l'archidiacre de Luçon, appartenaient à l'Université ; le prévôt de Paris, conservateur des privilèges de l'Université, envoie des sergents avec mission de faire mettre les prisonniers en liberté, et de poursuivre les agresseurs.
L'évêque et ses officiers, au lieu de se soumettre à l'ordre du prévôt qui leur est montré, frappent les sergents, les mettent en fuite, et les poursuivent huit lieues durant, jusqu'au château de Vouvant, où ils sont obligés de se réfugier pour échapper aux coups et à la mort (69). »
Le mandement au sénéchal de Poitou de faire une enquête sur ces faits, est du 5 février 1349 (n. s.).
Cette même année, la portion nord du Talmondais dut se ressentir d'une façon plus ou moins directe des opérations entreprises dans les environs des terres confisquées au détriment d'Olivier de Clisson et de Jeanne de Belleville, sa femme, et devenues la propriété particulière du Dauphin.
Guillaume, dit le Galois de la Heuse, capitaine souverain pour le roi en Poitou, et commandant de ces domaines, se distingua contre les Anglais qui occupaient une partie des côtes du Bas-Poitou :
« Il fist mout de belles besougnes, » suivant les expressions de la Chronique Normande du XIV siècle, « car il prist d'assaut Beauvoir- sur-Mer, la Garnache et l'Ile Chauvet. »
Un peu avant cette date, le 26 janvier, le Parlement envoya au sénéchal de Poitou une plainte portée par l'abbé et les religieux du Lieu-Dieu en Jard, contre le vicomte de Thouars, son fils Jean et leurs complices, pour qu'il informât des faits criminels y énoncés.
Le nouveau roi de France, Jean le Bon, ancien comte de Poitiers, en montant sur le trône, voulut prendre une revanche, des insuccès de ses prédécesseurs, et pour cela lança un appel énergique à tous ses vassaux de Poitou.
Le sénéchal se mit lui-même à la tête des troupes, reprit Lusignan et Saint-Jean-d'Angély, et, vers la fin de septembre 1351, la contrée était, hélas! pour quelques jours seulement, débarrassée des Anglais.
Encore ce n'est pas dire que le pays fut plus calme et qu'aucun acte de guerre, d’escarmouche ou de brigandage ne vint troubler les populations. Il y a lieu de citer, au contraire, pour la contrée qui nous intéresse, la prise du château de l'Ile- Dieu par une bande de partisans, probablement Anglais, qui vint s'emparer de la place dont Jean Doria avait le commandement pour le compte du roi Jean (vers 1355).
Celui-ci traita avec un capitaine de Biscaye pour en reprendre possession par main armée, mais il fallut renoncer à cette entreprise par crainte de l'arrivée d'une flotte anglaise.
Ce fut bien autre chose après la bataille de Maupertuis ; la plupart des places poitevines tombèrent de nouveau au pouvoir des milices anglo-navarraises ; Maillezais succomba en 1359 (70).
Louis, vicomte de Thouars, fut, pendant cette période, sans être exempt de tout reproche, un de ceux qui payèrent le plus largement de leur personne ; il fut fait prisonnier par les Anglais dans une rencontre des deux armées, enfermé à Cuzorn (71), où il resta quelques années, et ne dut la liberté qu'à son écuyer, Guillaume de Lestang (72), qui put, au milieu de mille obstacles, lui faire traverser les rangs ennemis et le ramener sain et sauf dans sa chère ville de Thouars.
Nous ne pouvons préciser la date de sa captivité, mais elle remonte assurément à une époque antérieure à l'année 1355 (73).
Il assistait, en effet, à la bataille de Poitiers, il fut du nombre des trois cents chevaliers sous les ordres des maréchaux de Clermont et d'Andrehen, les plus preux de l'Ouest, qui engagèrent la bataille, le 19 septembre 1356.
Mais s'étant engagés à cheval dans un étroit passage, ils furent décimés par les Anglais; Louis de Thouars réussit cependant à s'échapper.
Le traité de Brétigny, cédant le Poitou aux Anglais, qui le gardèrent dix ans, quoique signé le 8 mai 1360, et ratifié par le roi Jean, le 24 octobre, ne fut notifié au clergé, à la noblesse et au tiers-état de cette province, que le 27 juillet 1361, et ne reçut un commencement d'exécution qu'au mois de septembre.
Jean Chandos prit possession, au nom d'Edouard III, des diverses villes importantes, et son passage à Fontenay-le-Comte est signalé le 1er octobre.
Le 3 novembre, il vint installer une garnison à Thouars, que lui livrèrent Isabeau d'Avaugour et Simon de Thouars, comte de Dreux (74), femme et fils du vicomte Louis dont ils s'étaient fait donner la curatelle, quelques mois auparavant, à la suite d'une aventure assez piquante dont fut victime le seigneur de Talmond, et que nous allons raconter.
Un certain jour de l’année 1361, le 6 juin, Louis de Thouars fut amené par ses proches, à la suite de tracasseries de toute espèce, à signer un acte dans lequel il expliquait que, « voyans, considérans et regardans la faiblece et la maladie de son corps, et qui ne payt mès chevauchier ny aller hors pour le gouvernement de sa terre, pour la manière qu'il vouloit, et autres justes causes et raisons qui à ce l'ont esmeu »,
Il établissait pour le gouvernement de son corps et de ses terres, dame Ysabeau d 'Avaugour, sa chère et bien-aimée compagne, et son très cher et aimé fils, Simon de Thouars, comte de Dreux.
Dans l’énumération faite des biens mis entre les mains de ses tuteurs figuraient Thouars, le Talmondais, Ré, la Chaize, Moneston et Curzon. Il ne réclamait pour lui qu une seule chose : « et toutes voies volut le dit viconte, que pour ce, ils soient tenuz à le faire provision selon son estat et pour leur main sanz autre » (75).
(Notice Historique sur le château Renaissance de Coulonges sur l’Autize du Bas- Poitou)
Etaient présents à la signature de cet acte, Pierre Bochet (76), bachelier ès lois, Geoffroy Le Bœuf, recteur de l'église de Coulonges, Jean Régné, prêtre, Guillaume Loet, écuyer, et Jean Fouquet, valet. Il est inutile d'insister beaucoup pour prouver que Louis n'en vint à signer un pareil acte d'abnégation que par suite de maladie et d'un affaiblissement étonnant de ses facultés. La pression d'une femme, d'un fils et de nombreux parents, aussi énergique qu'on puisse la supposer, n'aurait dû avoir si facilement raison d'un esprit bien équilibré et doué d'une volonté tant soit peu énergique : même si l'on admet des sévices et des violences, il faut admettre, en face d'une pareille retraite, que le vicomte devait être affligé d'un peu de gâtisme.
Quoi qu'il en soit, à la réception de la copie de cette pièce, qu'on lui demanda d'approuver, Guy d'Azay (77), chevalier, sénéchal de Poitou, se rendit à Thouars, le 18 juin, et se livra à une enquête sur la santé de Louis.
Il appela à lui nombre de gens notables de la contrée, prélats, chevaliers, avocats, et autres prud'hommes, parmi lesquels on remarque maître Pierre Bochet, déjà connu, et doyen de Talmond, Jean Boschet, et Phelippeau le Bac, écuyer, capitaine du château ;
à la suite des informations recueillies sur place, Guy d'Azay interdit à Louis toute administration ou aliénation de ses biens, par un acte approuvé du reste à Paris par le roi de France, en juillet suivant.
En même temps, le roi Jean accordait à Simon, vu qu'il n'avait que dix-sept ans, une dispense d'âge pour administrer les biens de son père (78).
On relégua le vicomte Louis dans le château de Talmond, où il était facile à surveiller, et la chose parut ainsi réglée, pour longtemps ; du moins on l'espérait.
(Thouars ; La Tour du Prince de Galles , Edouard de Woodstock dit aussi Prince Noir d'Aquitaine)
1365, Un tournoi de trop !
Jeanne D'ARTOIS, fille d'Isabelle de Melun et de Jean d'Artois, comte d'Eu, mariée dans le château d’Eu le 12 juillet 1365, à Simon DE THOUARS, comte, de Dreux, qui fut tué d'un coup de lance dans un tournoi qui fut organisé pour les noces. Il devait être fait chevalier le soir même.
Comme il était mort avec la seule qualité d'écuyer, sa veuve, quoique princesse, ne prit depuis, dans toutes les chartres qu'elle signa, que le titre de Mademoiselle. Seules les femmes de chevaliers pouvaient s'appeler Madame. (Voyez Mémoire sur l'ancienne chevalerie, pag. 68 et 204 ).
Elle demeura veuve le reste de ses jours, portant le nom de Mademoiselle de Dreux, Dame de Saint-Valéry, et vivait encore l'an 1420.
Tombeau de Simon de Thouars, comte de Dreux et sa femme Jeanne d’Artois
Ce tombeau est dans la chapelle de la Trinité de l’abbaye de Nostre Dame d’EU, il est de marbre noir, et les figures de marbre blanc
Autour est escrit :
CY gist noble et puissant Simon de Touars, et de Madame Jehanne Comtesses de Dreux lequel trespassa l’an de grace mil trois cent soixante cinq.
Le prince Noir, Edouard, prince de Galles et d'Aquitaine, qui possédait le Poitou, depuis le traité de Brétigny, mit la main sur la succession, en vertu de son droit de saisie.
Sur des plaintes qui lui furent probablement adressées par les amis du vicomte, le nouveau comte de Poitou résolut, avant de nommer de nouveaux curateurs, d'éclaircir cette affaire et de rechercher exactement ce qu'il en était.
Il écrivit donc, le 18 juillet 1364, à son sénéchal en Poitou, Guillaume de Falleton, une lettre patente ainsi conçue :
« Eduwart, ainsné filz du noble roi d'Angleterre, prince de Aquitaine et de Gales, duc de Cornouaille et comte de Cestre, à nostre séneschal de Poitou, salut.
Nous vous mandons, et si mestier est, commettons, que veues ces présentes, vous transportez au lieu où demeure nostre cher et feal le vicomte de Thouars, veue la personne de ly, vous informez diligemment, s'il est en tel estat que il est mestier de curateur ou cumsercieur pour gouverner sa personne, ses biens et sa terre ; et s'il vous appert que il en ayt besoing de li donner, appeliez tel prochiens parens de lignage audit vicomte et autres qui seront à appeller, pourvoiez li de bon curateur et suffisant, au profit dudit vicomté et de la garde de la terre, et à la salvacion d'icelle et à laseureté de nous et de nos subjez. Et mandons et commandons à tous nos subjez que, en ce faisant, vous obéissent et entendent.
Donné à Peyctiers le 18e jour du moys de juillet l'an 1364. »
Deux jours après, le sénéchal recevait une nouvelle lettre, mais celle-ci était close, vu qu’elle contenait les instructions confidentielles suivantes :
« De part le prince d'Aquitaine et de Gales, cher et féal, nous vous envoyons une commission soubz nostre grant scel, pour laquelle nous vous donnons povoir de pourveoir de curateur au vicomte de Thouars, en cas qu 'il en ayt mestier ; et en celuy cas voulons et vous mandons que vous lui donnez et ordonnez de par nous ses curateurs, noz chers et féaulx sires Miles de Thouars, seigneur de Pouzauges (79), et sire Aymery de Thouars, son frère.
Et se ainsi est qu'il ne ayt besoingn de curateur, le requérez de par nous que à nostre requeste il veuille ordonner et establir capitaine et garde du chastel et ville de Thouars, led. sire Aimery de Thouars, pour la seureté et garde de nostre pays. Et ad ce faire metez bonne diligence, ainsi comme nous en confions en vous, et ce ne lessiez à faire en aucune manère.
Donné en nostre cité de Peyctiers, soubz nostre privé scel, le XXe jour du moys de juillet. »
Le brave chevalier n'avait probablement pas de subalterne sur qui il pouvait se décharger de cette besogne délicate, aussi, faisant bonne diligence, comme il lui était enjoint, il se présenta, dès le 11 août, au château de Talmond, où se trouvait séquestré le vicomte Louis de Thouars.
Laissons-lui la parole, car toute analyse du procès-verbal qu'il a rédigé ne ferait qu'altérer le charme de cette pièce, qu'on pourrait s'étonner de trouver dans le cartulaire de l’abbaye d 'Orbestier, si on ne remarquait que Pierre Dubourg, son abbé, était l'un des principaux personnages appelés en témoignage par le sénéchal de Poitou.
« Par vertu et auctorité des quelles lectres, nous nous sommes transportés en nostre propre personne au chastel dud vicomte appellé Thalmont-sur-Mer, auquel nous trouvasmes lecl. vicomte. Et avons diligemment veu et considéré et regardé la personne, l'estat et le gouvernement dud. vicomte de Thouars; et pour ce qu'il nous est apparu, tant par l'inspection et examen de sa personne par nous fait en plusieurs et diverses manères que par le tesmoignage fait par les seremens de honnourables et religieuses personnes, frère Denys Rasclet, abbé de Thalmont; frère Denys Beuf (80), abbé de Jart; frère Perre du Bourg, abbé d'Orbestier ; frère Jehan de Pont-de-Vie (81), prieur de Fontaynnes et maistres en divinité, et de nobles personnes, monsr Loys Chabot (82) ; monsr Morice Catus (83) ; monsr Quéhedin Chabot (84) ; monsr Jehan Catus (85), chevaliers, et de maistre Maurice Rasclet (86) de Regnaud des Clousdiz, Morice du Bourc (87), Olivier d'Aubuigné (88), et Jehan Boschet, escuiers, et de Guillaume Blanchardin (89), « Georges Bersuyre (90), Simon Simes (91), messire Thomas « Marchent presbtre, André Cerclet, de frère Perres Marrelea, aiguer de l'abbaye de Thalemont, et de plusieurs autres bourgeis et habitans de Thalemont et d'Olonne, lesquelx tous ensemble, et chacun par soy sont hommes de foy, justiciables et subgects dud. vicomte, lesquelx et chacun par soy nous ont tesmoigné led. vicomte estre de bonne vie, de bon gouvernement et de honneste conversacion, telle que il n'a mestier de curateur, avons discerné et descleré, discernons et des cleyrons par droit, par sentence et par jugement, led. vicomte de Thouars estant sel personne et de tel gouvernement qu'il n'a mestier de curateur ; et la main de monsr le prince, assise sur les biens et terres dud. vicomte avons levé et levons au prouffiz dud. vicomte; mandons et commandons à toux ceulx qui aucune chouse en ont levé que ils les rendent et restituent aud. vicomte et à ses atournez, de sa terre et de ses biens le laissent user et joir pasiblement par le temps a venir. Et led. vicomte a voulu et consenti à nostre requeste, et pour obéyr au plesir et volunté dud. monsr le prince, que
« led. monsr Aymeri de Thouars soit garde et cappitaine du chastel et ville de Thouars, en faisant les seremens appartenans en tel cas.
Fait et donné aud. chastel de Thalemont, soubz nostre propre scel, absent cely de lad. séneschaucée, le XIe jour du moys d'aougst, l'an 1364 (92). »
Le pauvre Louis l'échappa belle : le prince Noir lui laissait sa liberté et l'autorisait à vivre en paix le reste de son existence, car il avait obtenu ce qu'il désirait avant tout, en confiant la garde du château de Thouars à un seigneur plus dévoué à sa cause, et plus facile à entraîner au besoin, dans une guerre contre le roi de France ; Aimeri de Thouars, seigneur de la Chaise-le-Vicomte, deuxième fils du vicomte Hugues et d'Isabeau de Noyers, dame de Tiffauges, remplissait parfaitement les conditions demandées (93).
Remis en possession de sa fortune, le vicomte apparait dans deux actes de 1366. Suivant l'un d'eux, étant à Fontenay, avec sa femme Isabeau, en présence de Philippe Loubat, capitaine d'armes du château de Talmond et de Jean Bobeau, châtelain, il fonda une messe quotidienne pour le repos de son âme, et de celles de sa femme et de ses parents (94).
Louis mourut le 7 avril 1370 (95), vassal reconnaissant du roi d'Angleterre, contre lequel les hostilités avaient été recommencées. Il fut enterré en l'église des frères prescheurs du dict Poictiers avec ses frères d'armes.
Il avait épousé d'abord Jeanne de Dreux (96), dont il eut cinq enfants, deux fils qui moururent avant lui, Jean et Simon.
30 - Peronnelle de Thouars, fille de Louis I
1370 - 1397
Le premier ne nous est connu que par la plainte des religieux de Jard, de 1349; quant au deuxième, nous l'avons vu à l'œuvre avec sa belle-mère; nous retrouverons successivement dans la suite ses trois filles, Pernelle, Isabeau et Marguerite. Il convola en secondes noces avec Isabeau d'Avaugour (97), veuve de Geoffroy de Châteaubriant, que l'épisode précédent a montré sous son vrai caractère, et dont il n'eut pas d'enfant.
ISABEAU D'AVAUGOUR
(1370-1383)
De septembre 1361 à 1371 environ, les Anglais restèrent à peu près maîtres absolus du Bas-Poitou, sauf de la Roche-sur-Yon, et des biens d'Olivier de Clisson et de Jeanne de Belleville, qui ne leur furent jamais ternis.
Ils tinrent garnison dans tout le Talmondais ou plutôt y placèrent des capitaines à leur dévotion, ce qui leur fut facile, car la noblesse voyait leur domination d'un très bon œil. A la mort de son époux, Isabeau, qui avait reçu pour son douaire, Talmond, Château-d'Olonne, le Brandois, Curzon, Olonne, les Sables et Château-Gautier, continua la politique qu'elle avait déjà suivie dès le début, en favorisant l’étranger : c’est elle, on le sait, qui ouvrit les portes de Thouars à Chandos.
Mais par lettres du roi Charles V, datées du 12 septembre 1371, tous ses biens en quelque partie du royaume qu’ils fussent, furent confisqués, et donnés à Louis duc d'Anjou, frère du roi, parce qu'elle s'était « rendue rebelle et ennemie », du roi « en tenant le parti de Edwart d'Angleterre et de Edwart de Gales, son fils aisnné, qui ont commencié et font guerre ouverte... Qu'elle est demourant en Guienne avecque lesdiz ennemis, en leur donnant tout le confort et aide qu'elle peut, etc... En commettant crime de lèse-majesté (98)...» »
RAOUL IV DE MAULEON (1245-1253), seigneur de Talmond, Châtelaillon, Benon <==.... ....==>
Chevaliers du Poitou - Les Vicomtes de Thouars<==.... ....==> Tristan Rouault et Péronnelle de Thouars , l’héritière des terres de la vicomté de Thouars, de Talmont et de Tiffauges
Au cours des années 1304 et 1305 Bertrand de Got ou d'Agout, archevêque de Bordeaux, qui devait être élevé au souverain Pontificat le 5 juin 1305 fut le premier des papes qui résidèrent à Avignon, visita les églises et les abbayes de son archidiocèse.
(1) Aimeri IX de Rochechouart s’était marié, en secondes noces, d'après Moréri, en 1251, à Jeanne, fille et héritière de Geoffroy, seigneur de Tonnay-Charente, nommée, pendant sa vie, la mère des pauvres et la consolatrice des veuves et des affligés. Il était donc, à l'époque qui nous occupe, déjà veuf de Jeanne de Mauléon, sa première femme; il se trouvait ainsi avoir épousé les deux cousines.
(2) Ardenne, terre de la commune de Charzais, appartint ensuite à Philippe Prévôt, à ses héritiers, puis à l'abbaye des Fontenelles, qui l'acheta et paya des droits d'amortissement (24 juin 1326): Après avoir appartenu à Guillaume de Verrue, puis à Jean le Maingre, dit Boucicaut, à qui elle fut donnée au nom du roi, février 1354, et pendant la domination anglaise à Simon Burley; elle fut léguée, le 12 août 1352, par Charles V, à André de la Ramée, écuyer.
(3) Benon reviendra dans la possession des seigneurs de Talmond, avec les sires d'Amboise.
(4) Layette du Trésor des Chartes, tome m, p. 190, no 4,066.
(5) Layette du Trésor des Chartes, n° 4,067, p. 19 l, original en latin.
(6) Suivant cette transaction, Aimeri de Rochechouart et Jeanne sa femme renonçaient à leurs prétentions, moyennant une rente de 80 livres pour l'héritage, et 3o livres de rente pour don, le tout assis sur le minage de Niort, et les terres de l'île de Ré et de Talmond.
(7) Cartulaire de Talmond, ch. DXXXVI.
(8) Layette du Trésor des Chartes, no 4,305, p. 338, traduction d'après l'original en latin
6 décembre 1256 Charte de Aimery IX vicomte de Thouars sur les rachats de morte-main.
A son très aimé et très illustre seigneur Alphonse, fils du roi de France, comte de Poitou et de Toulouse, et à toutes les personnes auxquelles la présente lettre sera parvenue, Aymeric, le vicomte Thouars, seigneur de Talmond, saluant avec tout respect et honneur.
Vous saurez que nous, à la mort du vicomte de Thouars et de la terre de Talmond et de leurs dépendances, n'avons à payer une annexe de toute redevance qu'en ce qui concerne la seigneurie de la redevance, sans les bois et greniers de ladite redevance, et sans pêche et curricula et houles, et sans maisons et biens mobiliers dans le dit fief jasiands et non comptés agriculture de seigneur en annexe de fief épargnant des terres de ladite agriculture et retenant seigneur des seigneurs féodaux, tous nos lieutenants et plaines en ledit vicomte et terre de Thamemond et leurs dépendances, restant héritiers et successeurs présents et futurs pour nous et nos héritiers perpétuels quiptamus, et nous vous supplions, seigneur camarade, que vous fassiez de même de votre part, comme cela a été plusieurs fois parlé auparavant en votre présence, nous conférant, ainsi qu'à nos héritiers et successeurs, des lettres de témoignage concernant cet amour de Dieu et la vue de la piété, et pour qu'un acte de ce genre ait une force de fermeté perpétuelle, nous avons décidé de vous remettre nos présentes lettres scellées de notre sceau en témoignage de la vérité.
Donné le jour de la fête hivernale du bienheureux Nicolas en l'an de grâce 1256
Illustrissimo viro karissimo domino suo Alfonso filio regis Francie comiti Pictavie et Tholosane et omnibus ad quod presentes lictere pervenerint, Aymericus vicecomes Thoarcii dominus Thalemondensis salutem cum omni reverencia et honore.
Noveritis quod nos omnia placita seu racheta mortue manus de vicecomitalu Thoarcii et terra Thalemondensi et eorum pertinenciis, ad annetam cujuslibet feodi tantummodo explectandam quantum ad domanum feodi sine nemoribus garenis dicti feodi vendendis et sine stangnis piscandis et excurrendis et sine domibus et mobilibus in dicto feodo consistentibus jasiandis et non computata agriculturea domani in anneta feodi salvo terragio dicte agriculture et retento domino feodali, omnibus hominibus ligiis atque planis in dictis vicecomitatu et terra Thalemondensi et suis pertinenciis consistentibus presentibus et futuris heredibus successoribusque suis pro nobis heredibus successoribusque nostris perpetuis temporibus , remittimus penitus et quiptamus, et suplicamus vobis, domine comes, quod ex parte vestra similiter faciatis prout in presencia vestra aliquotinus extitit prolocqutum , nobis heredibus successoribusque nostris testras licteras super hoc amore Dei et pietatis intuitu conferentes, et quod hujusmodi factum perpetue robur obtineat firmitatis presentes licteras nostras sigillo nostro sigillatas vobis duximus transmittendas in testimonium veritatis.
Datum in festo beati Nicolai hyemalis anno gracie 1256.
(9) L'acte qui constate cette réforme est cité par Ed. Boutaric, dans saint Louis et Alphonse de Poitiers, pp. 490 et suiv. Le cartulaire de Chambon donne la date exacte de la mort d'Aimeri, le 3 décembre il avait encore fait un don de 100 setiers de froment à l'abbaye de l'Absie. Cartulaire publié par M. Bélisaire Ledain, p. 817.
(10) Archives historiques du Poitou, t. VIII, p. 23.
(11) Marguerite de Lusignan, († 1288), épouse Raymond VII de Toulouse, comte de Toulouse, puis Aimery IX de Thouars, vicomte de Thouars, et en 3e noces, après 1257, Geoffroy V de Châteaubriant, baron de Châteaubriant.
(12) Bibliothèque nationale, no 10,918, fol. 17, vo.
(13) Archives historiques du Poitou, t. VIII, p. 36.
(14) Cartulaire de l'Absie, p. 817.
(15) Cartulaires du Bas-Poitou, p. 3 II.
(16) Sebrand Chabot, dit le Prudhomme, chevalier, seigneur de la Tour-Chabot et du Bourg-Chabot, puis de la Rocheservière et des Essarts.
(17) Jeoffroy de Chausseroye, chevalier, seigneur d'Airvault (Deux- Sèvres).
(18) Jeoftroy Chabot, seigneur de la Mairé-Jaunay, fils de Briant et de Aline de Mairé, seigneur et dame des dits lieux.
(19) Sébrand Chabot, valet, petit-neveu du précédent Sebrand Chabot, chevalier, fut, plus tard, seigneur du Petit-Château de Vouvant, la Grève, Oulmes, les Essarts, Aubigny, Saint-Denis.la... Chevasse, etc...; il épousa Airois de Châteaumur.
(20) Archives historiques du Poitou, t. vm, p. 35,
(21) Maurice de la Haye, seigneur de la Faye la Vineuse et de la Fougereuse, ancêtre de Jean de la Haye, seigneur de Chemillé, de Mortagne et de Passavant que l'on trouve en 1412, percevant le tiers des revenus de la seigneurie d'Olonne, du chef de sa femme Thomine de Dinan, fille de Charles, baron de Châteaubriand et de Montafeland.
(22) Charles de Rochefort, sire de Villers.
(23) Histoire de Thouars, par Imbert, p. 125.
(24) Jean de Nanteuil, chevalier, seigneur de Tors (Charente- Inférieure).
(25) Correspondance administrative d'Alfonse de Poitiers, t. l, p. 672.
(26) Correspondance administrative d'Alfonse de Poitiers, 1.1, p. 639.
(27) Le différend dont il est question ici entre Gui et Aliénor de Soissons, est celui qui fut réglé le 2 février 1274 et dont nous avons parlé plus haut.
(28) Correspondance administrative d'Alfonse de Poitou, t. l, p. 676.
(29) Cartulaire du Bas-Poitou, Prieuré de la Chaise, ch. XXXI.
(30) Alias, l'Ausoyrère, probablement aujourd'hui l'Ensouevière.
(31) Archives historiques du Poitou, t. XI, pp. 420 et suiv., et Bibliothèque nationale (jj. 66, n° 1,081, fol. 462).
(32) Marguerite de Brienne ne jouit pas longtemps de son douaire, puisqu'elle mourut le 20 mai 1310.
(33) Histoire de l'Abbaye de Talmond, p. 78.
(34) Le second fils de Philippe le Bel, Philippe de France, prit cette même année le titre de comte de Poitou.
(35) Archives historiques du Poitou, t. xi, p. 412, Bibl. nat. (jj. 66, n° I,084, Îol. 463, vo).
(36) Jean Biron, chevalier, était ancien receveur du vicomte de Thouars, de sa femme et de ses enfants ; il avait donné deux setiers de blé à l'abbaye de Jard, valant 24 sous de rente.
(37) Trésor des Chartes, de M. Paul Guérin, t. l, p. 255, Bibl. nat. (jj. 64, n° 160, fol. §2, Vo).
(38) Ce Jean Cornet est précisément cité comme témoin de l'enregistrement à Talmond par le garde scel de Fontenay, des lettres précédentes du vicomte Jean données en faveur de Guillaume Biron, en avril 1326.
(39) Vidimus trouvé aux Archives du département de la Vendée.
(40) Cette terre passa plus tard, probablement par alliance, dans la famille des Maynard qui eurent aussi la Bouchardière.
(41) La Bouchardière, aujourd'hui la Maquinière, commune d'Avrillé, appartenait, en 1624, à Charlotte de Sallo, épouse séparée de biens de Gabriel de Châteaubriant; son fils Gabriel paya 1500 livres de rachat le 2 août 1655. Pierre Garnier l'acheta le 8 février 1655 et la céda à Charlotte et Marie-Charlotte de Châteaubriant, héritières de Charlotte de Sallo.
(42) Extrait d'un Vidimus fait à Talmond le 1er août 1682, conservé aux Archives de la Vendée. En 1376, un Jean Cornet était chanoine de Poitiers. Il fonda, par son testament, une chapellenie dans le cimetière dit de Cornetis au diocèse de Luçon, et légua une somme annuelle de 15 livres pour l'entretien du chapelain.
(43) Vers juin 1317, Jean était convoqué par le roi avec trente hommes d'armes ; la même convocation fut renouvelée les 12 novembre 1318, 22 février 1319, 7 juin 1319.
(44) Ces confréries étaient très communes alors : beaucoup se faisaient clercs et recevaient la tonsure ; le désir de se placer sous la juridiction ecclésiastique donnait de l'ouvrage à bien des barbiers coiffeurs.
(45) Ce Pierre de Vallée est cité comme témoin dans une lettre précédente octroyée par le vicomte Jean, en faveur de Guillaume Biron. Le sénéchal de Talmond, en 1323, était Lucas de Greyste, chevalier en 1333.
(46) Pièce conservée aux Archives de la Vendée.
(47) Pierre de la Veyrie mourut en 1333 (12 novembre). Le chapitre de Luçon était composé d'un doyen, d'un grand archidiacre, de deux archidiacres, de quatre prévôts, d'un chancelier, d'un sous-doyen, d'un sous-chantre et de vingt-neuf chanoines.
(48) Il est vrai que Hugues, son oncle, prenait aussi, le 29 avril 1028, le titre de vicomte de Thouars, dans un accord conclu avec l’abbaye de Saint-Jean-d'Angély. (Trésor des Chartes, de M. Paul Guérin, t. i, p. 36o.)
(49) Trésor des Chartes, de M. Paul Guérin. Bibl. nat. (JJ. 4I, n° 174, fol. 99, v°, et JJ. 42, fol. 93).
(50) Cartulaire de Saint-Jean d'Orbestier, ch. CLII.
(51) La Levenderie ou Lavanderie était un -faubourg de Talmond, sur la route d'Olonne, du nom des lavandiers qui l'habitaient.
(52) Société de Statistique des Deux-Sèvres, 1875, p, gr. Donation sous le scel de Talmond établi, pour le roi de France, à cause du rachat à lui advenu par la mort de Hugues, vicomte de Thouars, le dimanche avant l'Ascension et le jeudi avant la saint Pierre, 1334. (Dupuy, vol. 328, p. G5. Bibl. nat.).
(53) Cartulaire d'Orbestier, ch. CLVII.
(54) On trouve plusieurs seigneurs de ce nom à cette époque : Guillaume le Vicomte, panetier de l'hôtel de Philippe de France, comte de Poitou, 24 novembre 1315 ; Jean le Vicomte, coseigneur de Villepreux, écuyer de cuisine; Guyard le Vicomte, maître des forêts en Poitou et Saintonge et châtelain de Benon, novembre 1316.
(55) 15 janvier 1335..
(56) Archives historiques du Poitou, t. XIII, pp. 137 et suiv.
(57) Trésor des Chartes, de M. Paul Guérin, t. 11, pp. 3 f et suiv. de l'introduction.
(58) Ce Raoul de Cahors ou de Caours fit sa soumission au roi de France Jean, en septembre 1350, moyennant le don des châteaux et terres de Beauvoir-sur-Mer, de l'Ile-Chauvet, de Bouin et de Lampant qui ne furent restitués à Olivier de Clisson que quelques mois avant le traité de Brétigny. Il fut ensuite prisonnier de Maciot de Mareuil, bourgeois de Nantes, qui s'empara de Noirmoutier et le laissa mourir en prison.
(59) Trésor des Chartes, de M. Paul Guérin, t. n, p. 18 r.
(60) Guy d'Apremont, seigneur de Poiroux et de Rié, en 1343, avec l'approbation de son frère Raoul, exemptait à perpétuité ses vassaux de l'île de Riez (Notre-Dame-de-Riez) des corvées qu'ils leur devaient pour rétablir le château alors détruit. En i356, il donnait même son adhésion à la démolition de la motte sur laquelle était autrefois le château. Ils portaient alors tous les deux le titre d'écuyer.
(61) Jean Jousseaume, écuyer en 1348, chevalier en 1353, fut ajourné au Parlement en cette occasion, et promit de comparaître en personne « sur plusieurs invasions, homicides, efforcemens de fermes, roberies, excès, villetés, gehines, feu-bouté, etc., perpétrez par lui en la dite ville, sur les dits habitans et prieur en enfreignant la sauvegarde royale. »
Il ne se présenta pas. Il fut poursuivi de nouveau cinq ans après pour des excès de même nature commis au préjudice de Simon Roussel, de complicité avec Jean de Beaumont, chevalier, seigneur de Bressuire, Geoffroy. de Cologne, chevalier, et autres... (Trésor des Chartes, de M. Paul Guérin, t. n, p. 37, n.).
(62) Guillaume Buor, seigneur de la Mothe-Freslon, marié avec Marie Ancelon de l'Ile-Bernard (voir plus loin la note relative à la famille Ancelon).
(63) En 1369, un certain Jean de la Haye, le jeune, fils de Jean de la Haye du Puy-Notre-Dame, probablement celui dont nous parlons, demeurant à Montreuil-Bellay, recevait un don du roi en compensation d'une rente de 20 livres qu'il possédait en Guyenne et qu'il perdit par le fait de la guerre. Il reçut aussi, en 1376, des lettres de rémission.
(63) Jean des Cloudis, probablement le même que ci-dessus, faisait un ascensement en 1364, sous le sceau de la Bénaste, en Bas-Poitou. Il y eut aussi un Regnaud des Cloudis présent à l'enquête faite sur l'état mental du seigneur de Thouars, à la même date.
(64) On trouve aussi un Etienne Cauvaing, prêtre, qui fonda un hôpital à Saint-Clémentin, près de Thouars (1345).
(65) Les Ancelon sont assez communs au xive siècle. Henri Ancelon, chevalier, seigneur de la Mothe-Frélon (1342); Ancelon Bertrand, seigneur de la Vieille-Court de Grues, vivait en 1319; ; Guillaume Ancelon, possédait la seigneurie de Sainte-Gemme-la-Plaine, et son frère Henri, demeurait au Plessis-Ancelon, près de Vouvant (1393). Le cartulaire de Talmond parle même d'un baron Guillaume Ancelon, en 1095, qui prononça un jugement avec d'autres barons au sujet de Villaron.
(66) Pierre Charruyau était abbé de la Grenetière en 1328. Un autre Raoul vivait en 1346. Charruyau de Nesmy et ses fils donnent à l'abbaye de Talmond le droit de prendre du bois, pour chauffer le four, dans le Bois-Buffet. (La Buffaie, paroisse de Nesmy.)
(67) Voici comment le prieur des Maufaits expose l'attentat : « Ad villam de Moffois et ibicirca venientes, more hostili et cum armis prohibitis, homines et justiciabiles dicti prioris, ac eciam habitatores predictos invadentes, domos eorum rupperunt, plures personas ceperunt, verberaverunt et murtro horribili interficerunl, p1ùres mulieres invitas violenter carnaliter cognoverunt, plures defloraverunt, plures que ex dictis habitatoribus questionaverunt ad finem ut bona sera et bona vicinorum suorum eis indicarent, bona ipsorum conquerencium, aurum, argentum, vassalamenta, vestes, pannos, jocalia et bona alia, fractis archis et seriniis, cameris et aliis locis, ubi ipsa erant, ceperunt, rapuerunt, robaverunt et asportaverunt, vina vastaverunt et effuserunt, pilerium: que ville super quod penuncelli nostri erant fixi in signum gardie nostre combuxerunt, igneni in dicta villa in pluribus locis posuerunt et plura alia ibi perpetraverunt. »
(68) Renaud de Thouars, troisième fils de Hugues de Thouars, chevalier, seigneur de Pouzauges et de Mauléon, et de Isabelle de Noyers, fut élu deuxième évêque de Luçon le 16 mai 1334, et mourut le 12 mars 1353. Le fait relaté ci-contre ne semble guère justifier l'éloge que fait de cet évêque M. l'abbé du Tressay, dans son Histoire des moines et des évêques de Luçon.==>La baronnie de Pouzauges, son donjon de la famille de Thouars.
(69) Trésor des Chartes, de M. Paul Guérin. Introduction, pp 4. et suiv., t. 11.
(70) C'est à cette date qu'Olivier de Clisson fut nommé lieutenant du roi anglais dans cette province.
(71) Cuzorn, commune du Lot-et-Garonne.
(72) Guillaume de Lestang avait été d'abord pour les Anglais à Guérande ; il passa ensuite du côté des Français, et, après l'équipée de 1355, fut fait châtelain de Thouars par reconnaissance. Louis en fit son ami au point, « quod eumdem vice comitem et ejus jurisdi- cionem regebat. »
(73) Archives historiques du Poitou, t. XVII, p. 257.
( 74) La première femme de Louis avait été Jeanne de Dreux, mère du dit Simon.
(75) Archives historiques du Poitou, t. XVlI, pp. 3i5 et suivantes.
(76) Pierre Boschet, bachelier ès lois, seigneur de Saint-Cyr, Saint- Vincent-sur-Jard, la Chassée, Sainte-Gemme, était probablement neveu ou cousin de Jean Boschet, ancien doyen de Montaigu et doyen de Talmond à partir du 5 juillet l 341. Il devint président en la grande Chambre, le 10 avril 1389, et mourut le 4 février 1411. Il possédait un hôtel à Saint-Cyr où il venait se reposer de ses fatigues, car il était fort débile, ce qui l'empêcha de passer premier président.
(77) Guy d'Azay appartenait à une ancienne famille de Touraine.
(78) Archives historiques du Poitou, t. XVII, pp. 322 et suivantes (7 juillet 1361). Simon était né en 1344.
(79) Miles de Thouars, seigneur de Pouzauges et de Tiffauges, chevalier banneret, était fils de Hugues, seigneur des dits lieux, vicomte de Thouars, comme nous l'avons montré, et de Isabeau de Noyers ; il épousa Jeanne, dame de Chabanais, et était frère de l'abbé de Luçon, Renaud.
(80) En 1376, il existait un Hugues Bœuf, écuyer, fils de Jean Bœuf, aussi seigneur de Chitré, fief tenu à hommage lige de l'évêque de Poitiers; nous avons aussi parlé plus haut d'un Geoffroy Le Bœuf, recteur de l'église de Coulonges.
(81) Un Pierre de Pont-de-Vie, rendit aveu, en 1344, à Jean, duc de Normandie, comte de Poitou, pour la tierce partie de la dîme du terrage des blés et autres droits au village de la Brosse, situé dans la châtellenie de Belleville. Un Jean de Pont-de-Vie avait un manoir à Villeneuve, paroisse de Nesmy, où il demeurait en I396.
(82) Louis Chabot, chevalier, seigneur de Pressigny, la Roussière, Champagné, Sainte-Gemme, fils de Guillaume Chabot, chevalier, seigneur de Chantemerle, et de Jeanne Pouvreau, dame de la Roussière et de Pressigny, mourut sans postérité.
(83) Maurice Cathus, chevalier, seigneur du Bois-Cathus, près Beauvoir-sur-Mer, épousa Eustache de la Foret, sœur de Hugues de la Forêt, chevalier.
(84) Géheudin Chabot, chevalier, fils de Guillaume Chabot, seigneur de Chantemerle, et de dame Jeanne Pouvereau, frère du précédent, épousa Jeanne de Sainte-Flaive, dame de Nesmy.
(85) jean Catus, seigneur des Granges, du Bois de Saint-Généroux et des Linaus, père de Maurice, dont nous avons parlé plus haut.
En 1412, le seigneur des Granges (Saint-Hilaire-de-Talmond), était Hugues Catus, veuf de Catherine jousseaume, et payait 80 livres pour le rachat de cette terre.
(86) Maurice Raclet était à Puybéliard le 21 mai 1351, lorsque Louis signa un accord avec les moines de Mauléon ; il était parent de l'abbé de Talmond.
Un Maurice Raclet figure parmi les officiers nommés par le roi d'Angleterre, en septembre 1361, comme lieutenant du sénéchal de Poitiers, Guillaume de Felton ; il possédait le fief de la Crespelière dans la châtellenie de la Garnache, diverses terres aux environs de Chaillé et d'autres à la Joannière et à la Billotière, dans la châtellenie de Belleville.
(87) Maurice Dubourg, capitaine de la Chaize-le-Vicomte, en 1361, était parent de Pierre Dubourg, abbé d'Orbestier.
(88) Olivier d'Aubigné, fils de Savary d'Aubigné, chevalier, et de Hormeur de la Haye-Passavant, épousa Eutisse du Puy, en 1329.
(89) Guillaume Blanchardin, probablement parent de Jean Blanchardin, châtelain de Thouars, en 1392.
(Mélusine dans Le Reductorium morale de Pierre Bersuire, Bénédictin à l’abbaye de Maillezais)
(90) Georges Bersuire, de la famille sans doute du fameux bénédictin Pierre Bersuire, avait épousé Jeanne Gauteron : ils étaient morts tous les deux le 2 août 1375, comme le montre un procès existant à cette date au Parlement, à propos de la succession de Jeanne, veuve de Georges Bersuire, et où figure Jean Blanchardin, cité plus haut.
(91) Simon Symes vit, en 1371, ses biens de l'île de Bouin confisqués pour avoir pris le parti des Anglais, et donnés à Jeanne Chabot, sœur de Girard, sire de Retz. Nicolas Symes, dans un aveu du 17 décembre 1407, déclare tenir de la Roche-sur-Yon les deux parts par indivis du droit de terrage, des fruits croissant sur les terroirs et tènements des villages de Lambertière et de la Loclière, sis en la paroisse des Clouzeaux. (Voir, dans le chapitre consacré aux seigneurs d'Amboise, l'épisode auquel furent mêlés un Gilles Symes et Jeanne Marteau, sa femme.)
(92) Cartulaire d'Orbestier, ch. CCIX, page 250.
(93) Aimeri de Thouars avait épousé Marguerite de Chevreuse, veuve de Jean de Bouville.
(94) Cartulaire d'Orbestier, ch. CCX.
(95) Cartulaire de Chambon et Petite Chronique de la Chaise.
(96) Jeanne de Dreux, dame de Saint-Valéry et de Gamaches, fille de Jean II, comte de Dreux, mourut vers 1555.
(97) Elle était fille de Henri d'Avaugour et de Jeanne d'Harcourt.
(98) Archives nationales, p. 1345, cote 633. Le roi donna même, le 25 octobre 1369, à Jean de Saint-Père, tout ce qui appartenait à la vicomtesse de Thouars, dans la ville de Doux.
(99) Archives historiques du Poitou, t. XIX, pp. 195 et suivantes.
(100) Le châtelain de Talmond, en 1375, était Geoffroy Morisson, valet ; il fut nommé par Perceval de Cologne, sénéchal de Poitou, à la mort de Jean Boutaud, précédent titulaire, qui se fit enterrer à l'abbaye d'Orbestier, après avoir testé, le 27 août 1374. Les Morisson sont originaires de Brem ou d'Olonne et possédaient, à cette époque, la propriété de la Bassetière.
(101) Amaury, lieutenant du roi en Poitou, en 1251, fait prisonnier à la bataille de Poitiers; mort, le 30 mai 1371, sans enfants de Pernelle.
(102) La famille de Rouault fut anoblie par le seigneur de Parthenay, Jean l'Archevêque, sire de Montfort, qui en reçut du roi Philippe une autorisation spéciale, le 8 mai 1317. C'est André, le père de Clément, dit Tristan, qui reçut ce titre honorifique. — Bibliothèque nationale (jj, 53, n° 188, fol. 82). Trésor des Chartes, de M. Paul Guérin, t. I, p. 150.
(103) Cartulaire d'Orbestier, ch. CCXXXII et CCXXXIII.
(104) Archives historiques du Poitou, t. xxi, pp. 219 et suivantes.
(105) Archives nationales, XI, c. 61. — Cette Jeanne de Retz était fille de Philippe Bertrand qui se fit aussi appeler dame de Retz, jusqu'en 1384 environ, et de Gérard V Chabot, baron de Retz, de Machecoul, etc... Son frère aîné, Gérard VI, était mort depuis 1371. ==> Les Sires de Retz et le château de Machecoul
(106) Coll. Dom Fonteneau, t. xxvi, p. 307. — Archives historiques du Poitou, t. xix, p. 197. Note de M. Paul Guérin.
(107) Archives nationales, XI, c. 49.