Note historique sur Aliénor d'Aquitaine (2)

Il semble indispensable de faire connaître comment les provinces de Normandie, Anjou, Poitou et Aquitaine, passèrent de la couronne de France à la couronne d'Angleterre, pour l'intelligence des faits dont l'Ile de Ré fut le théâtre au XIIe et au XIIIe siècle.

Guillaume, dernier comte de Poitou et duc d'Aquitaine, voulut, avant sa mort, faire un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, en Galice, sanctuaire très fréquenté à l'époque.

Avant son départ, il institua sa fille Aliénor (née en 1123), légataire universelle de ses États, exprimant le désir qu'elle se mariât avec le roi de France, Louis VII dit le Jeune.

Note historique sur Aliénor d'Aquitaine (3)

Ce mariage eut lieu, en effet, en 1138 et Aliénor apporta en dot son comté de Poitou et son duché d'Aquitaine à la couronne de France. (L'Aunis et l'Ile de Ré passèrent ainsi de l'Aquitaine à la France.)

Le roi, entraîné par les prédications de saint Bernard, confia son royaume à son ministre Suger et partit à la croisade avec sa femme Aliénor, sur ses instances, ainsi qu'un grand nombre de seigneurs.

Arrivés à Antioche, leur oncle Raymond, prince de cette ville, fit éclater un dissentiment entre le roi et sa femme, qui le traitait de « moine et non de roi ».

Louis quitta brusquement Antioche et obligea son épouse à le suivre. Celle-ci voyant ses projets déjoués et ses intrigues déçues, conçut une vive antipathie pour son mari; ils retournèrent en France (1149), sans avoir vu les murs de Jérusalem.

La même année, le concile de Beaugency, sur la demande du roi, autorisa son divorce avec la reine. ==> 18 mars 1152 Le concile de Beaugency prononce l'annulation du mariage entre le roi de France Louis VII et Aliénor d'Aquitaine

Note historique sur Aliénor d'Aquitaine (4)

Celle-ci se remaria en secondes noces avec Henri II Plantagenet (le 2e des Plantagenet), duc de Normandie et comte d'Anjou, qui devint roi d'Angleterre; elle lui apporta en dot son comté de Poitou et son duché d'Aquitaine, qui passèrent ainsi du trône de France au trône d'Angleterre. (L'Aunis et l'Ile de Ré passèrent alors de la France à l'Angleterre, puisqu'ils dépendaient du comté de Poitou et du duché d'Aquitaine.)

Cette seconde union ne fut encore qu'un tissu d'intrigues. Aliénor fit mourir Rosemonde, sa rivale, et fit partir ses trois filles en France. '

Henri II la fit enfermer pendant seize ans et mourut en 1189.

Son fils, Richard, dit Coeur-de-Lion, devenu roi d'Angleterre et duc d'Aquitaine, etc., fit mettre sa mère en liberté et lui confia la couronne lors de son départ en Terre Sainte.

A son retour, il fut retenu prisonnier en Autriche; sa mère, Aliénor, paya sa rançon à l'empereur et obtint sa liberté. Richard, deux ans après son retour, mourut en France.

Note historique sur Aliénor d'Aquitaine (5)

Jean-sans-Terre, son frère, devint roi d'Angleterre et laissa à sa mère, Aliénor, la jouissance de ses états de France.

Arthur, fils de Richard, jaloux d'avoir vu son oncle, Jean-sans-Terre, lui ravir le trône d'Angleterre, vint assiéger Aliénor dans son château de Mirebeau, en Poitou, où elle s'était retranchée, mais Jean-sans-Terre vint l'en délivrer.

Sentant enfin la vieillesse arriver à grands pas, Aliénor prit le voile à l'abbaye de Fontevrault où elle mourut en 1204, à l'âge de quatre-vingt-un ans, et fut inhumée auprès de Henri II, son époux et de Richard, son fils.

Nous avons pu visiter récemment les trois statues tombales de ces personnages, dans l'antique église de l'abbaye de Fontevrault, devenue maison centrale, tombeaux que l'Angleterre faillit obtenir sous Napoléon III, mais qui restèrent à la France grâce à la résistance des gens du pays.  

Les chartes latines d'Aliénor d'Aquitaine commençaient ainsi :

« Aliénor, par la grâce de Dieu, reine d'Angleterre, duchesse de Normandie et d'Aquitaine, comtesse de Poitou et d'Anjou, aux archevêques, évêques, abbés, comtes, vicomtes, barons, sénéchaux, préposés, baillis et à tous les enfants de notre sainte mère l'Église, tant présents que futurs, auxquels parviendra cette charte, salut » (traduit du latin).

Le chartrier de Ré ne possède pas de charte d'Aliénor, car la commune anglaise de l'Ile de Ré ne dura que trois ans, sous Henri III, roi d'Angleterre, longtemps après la mort d'Aliénor et pendant la minorité de Raoul IV de Mauléon 1242-45.

C'est du temps de Raoul III de Mauléon (1199). qu'Aliénor d'Aquitaine, reine d'Angleterre, donna à la Rochelle et à l'Ile d'Oléron des chartes en langue latine, octroyant à ces deux pays le droit de commune et de grands privilèges, pour mieux s'assurer la fidélité de ces deux pays.

Ces privilèges furent confirmés et amplifiés dans la suite, par le roi Jehan, fils d'Aliénor, par Henri III, roi d'Angleterre et plus tard par les rois de France.

Note historique sur Aliénor d'Aquitaine (1)

Les principales de ces chartes, dont nous avons retrouvé le texte dans : Fondera et acta publica inter reges Anglioe, sont les suivantes :

1° Charte d'institution de la commune de la Rochelle par Aliénor, 1199;

2° Charte d'Aliénor confirmant à la commune de l'Ile d'Oléron ses libertés et anciennes coutumes, 1199;

3° Charte d'Aliénor accordant des privilèges aux habitants de l'Ile d'Oléron, 1199;

4° Charte de Jehan accordant aux habitants de l'Ile d'Oléron de jouir tranquillement et librement du droit de commune, 1199;

5° Charte de Jehan libérant les bourgeois d'Oléron de toutes taille et exactions, 1205 ;

6° Chartes diverses de Henry III, roi d'Angleterre, relatives à l'Ile d'Oléron : 1230, 1233, 1257, 1258, 1258, 1265, 1265, 1273 ;

7° Charte relative aux privilèges de la Rochelle (Ordonnances des rois de France. T. V, p. 571 et t. XIX, p. 224);

8° Charte confirmant les privilèges d'Oléron : février 1372 et mars 1461, données à Amboise en juin. (Ordonnances des rois de France. T. XX, p. 169.)

 

 

 

Mémoires de l'Académie des sciences & belles-lettres d'Angers

 

==>La vie d’Aliénor d’Aquitaine

 


 

Connue aussi sous le nom d'Éléonore de Guyenne ou d'Aquitaine.