Jules-César Robuchon, né à Fontenay-Le-Comte le 30 octobre 1840 et mort à Poitiers le 14 février 1922.
Installé d'abord à Fontenay-le-Comte, ensuite à Poitiers. Sculpteur, puis graveur, et enfin photographe.
Il s'était donné pour tâche « de fouiller tous les coins et recoins de notre province, d'y saisir par la photographie tous les paysages et monuments dignes d'intérêt ».
Il avait reçu en 1864-65 les encouragements d'Arcisse de Caumont et d'Adolphe Joanne.
Il est l'auteur de Paysages et monuments du Poitou, 13 vol. in-folio, Paris 1890-1895, comportant des textes des meilleurs érudits de la région et des photographies. On disait alors « photoglyphes Du jardin ». C'est donc le début de la reproduction de photographies.
Les onze volumes de Paysages et monuments du Poitou comme les 10.000 clichés qu'on conserve de lui témoignent de la continuité et de la réussite de son entreprise.
Plusieurs manifestations ont été récemment consacrées à l'homme et à son œuvre d'un intérêt documentaire aujourd'hui inestimable.
Il eut deux fils, Gabriel Robuchon, dit Mérovak, artiste peintre proche du symbolisme, et Eugène Robuchon, explorateur.
Tour du Cordier, vestige des fortifications de Poitiers Place Jean de Berry Visite Virtuelle
Durant le dernier quart du XIVe siècle, la ville de Poitiers ne cessa de faire travailler à ses fortifications, car, malgré l'expulsion des Anglais, la sécurité était loin d'être complète. Il y avait toujours des hostilités, des courses de pillards et des surprises de places en Saintonge et sur les frontières du Poitou.
En avril 1380, les bourgeois et gens d'église de Poitiers votèrent une taille de l, l 00 livres à répartir sur la ville et châtellenie. On l'employa immédiatement à des réparations sur tout le pourtour de l'enceinte, notamment aux murs de la Tranchée, bretresches et créneaux, depuis le Clain jusqu'à la tour sur l'étang de Saint-Hilaire et aux murs neufs sur le marais. Le portal de Bajon fut exhaussé (1).
En avril 1384, la ville perçut, dans le même but, le quart des aides de la châtellenie, par octroi du duc de Berry, sous la mairie de Pierre Regnault (2).
Le produit des droits de barrage y fut aussi consacré en 1386 et 1387, notamment, à la réparation des fondations des portes du pont Joubert et de la Tranchée, ainsi qu'aux pavés des rues.
En 1393, on reconstruisit le mur depuis la première tour neuve sur l'étang de Saint-Hilaire, tout le long dudit étang, jusqu'à une autre tour neuve.
La tour dite de feu Aymar de Beaupuy, près la porte de Pont-Achart, fut exhaussée d'un étage, la même année, sous la mairie de Denis Gillier.
Le duc de Berry avait donné 5oo livres sur les aides pour ces travaux.
En 1394, les vieux murs, le long des marais de Montierneuf, furent réparés.
En 1395, on reconstruisit la muraille depuis le pont de Rochereuil jusqu'au château.
En 1397, le mur de la Tranchée, entre la tour Maumussart et la tour Barré, fut exhaussé, et de nouvelles maçonneries furent exécutées entre cette dernière tour et la grande tour ronde.
Tous ces travaux constituaient une charge très lourde pour la ville, malgré les nombreux subsides du duc de Berry qui, d'ailleurs, étaient toujours supportés par les habitants, puisqu'ils provenaient des aides générales, imposées sur la province.
Le corps de ville fut même obligé de demander au duc, en 1396, la levée du dixième du vin vendu en détail, qui lui fut accordée le 3 août, et qui demeura, dans la suite, un impôt ordinaire et perpétuel.
De tous ces murs élevés ou réparés à grands frais, à cette époque, il ne subsiste plus qu'une partie encore assez bien conservée, entre la porte de la Tranchée et la vallée de la Boivre qui coule sur l'emplacement de l'ancien étang de Saint-Hilaire (3). (V. Planche 24.)
Le duc de Berry, qui venait d'épouser en secondes noces Jeanne de Boulogne, vint avec elle à Poitiers, à la fin de l'année 1389. Les Poitevins reçurent avec solennité leur nouvelle comtesse et lui offrirent deux gobelets d'or, garnis de pierres précieuses. La conduite du duc envers eux, bien différente sans doute de celle si odieuse qu'il avait tenue dans son gouvernement du Languedoc, ne lui avait pas attiré, comme dans cette province, les malédictions du peuple (4).
Les magistrats du Parlement de Paris envoyèrent une commission tenir les Grands Jours, à Poitiers, en septembre 1387. Le corps de ville leur offrit un dîner le jour de leur arrivée.
Une autre session des Grands Jours eut lieu en 1390, une troisième au mois d'octobre 1396 et une quatrième en 1405. Dans cette dernière, les magistrats dressèrent plusieurs règlements judiciaires.
Le 3 octobre 1406, Louis, duc d'Orléans, suivi du connétable Charles d'Albret et de toute une armée, passa à Poitiers, et logea au château.
Le maire Jean Macé, le sénéchal Jean de Torsay, le trésorier de Saint-Hilaire et Casin de Séranvilliers, chambellan du duc de Berry, lui offrirent, de la part du corps de ville, des présents, consistant en provisions de bouche.
On prit des mesures de police pour le logement des gens d'armes dont la ville était encombrée, mais dont elle n'eut pas trop à souffrir, grâce aux précautions prises par le fourrier du duc de Berry. Puis le duc d'Orléans partit pour Blaye et Bourg qu'il tenta en vain d'enlever aux Anglais (5).
En 1407 et 1408, le maire Jean Macé fit réparer et reconstruire en grande partie le mur de ville avec ses machicoulis depuis la porte Saint-Ladre jusqu'à la tour de l'Œuf. Il fit achever cette tour, reconstruire la tour Blanche, près Saint-Simplicien, le mur contigu jusqu'à la tour Patrin, et une autre portion entre cette tour et la porte Saint-Cyprien (6).
De nouvelles et importantes réparations furent encore exécutées en 1411 et 1412, sous les mairies de Guillaume Partenay et Guillaume Taveau de Mortemer, au moyen de 400 écus, octroyés par le duc du Berry, sur l'aide de 40,000 écus, voté aux Etats de Poitou, à Niort, en juillet 1411.
On reconstruisit des pans de mur et des machicoulis entre la porte de la Tranchée et l'étang, d'une part, et la dite porte et la tour Maumussart, d'autre part.
On refit à neuf la porte de Tison et le mur jusqu'à la tour, au coin du champ I'Evêque (7),
La guerre civile des Armagnacs et des Bourguignons qui sévissait alors, ne justifiait que trop bien ces précautions. Comme le duc de Berry était un des principaux chefs du parti Armagnac, le roi Charles VI ordonna la confiscation de son comté de Poitou.
Le sire de Heilly, envoyé à cet effet, se présenta devant Poitiers, au mois de janvier 1412. Casin de Séramvilliers, qui y commandait au nom du duc de Berry, se rendit, et lui livra la ville sans résistance (8).
Les bourgeois s'empressèrent d'obtenir du roi, par le sire de Heilly, l'exemption de la moitié des aides pendant cinq ans (18 avril 1412).
Le duc de Berry rentra bientôt en possession du Poitou, par la paix d'Auxerre (22 août).
Le 6 septembre 1412, ses commissaires, le sire de Barbazan et le sénéchal de Poitou, vinrent à Poitiers, qui leur fut remis par Jean Harpedenne, sire de BelleviIle, lieutenant du roi (9).
Lui-même ne tarda pas à s'y rendre, le 12 février 1413, nomma pierre d'Argentré, capitaine du château (10).
Trois ans après, il mourait à Paris, le 15 juin 1416. Le corps de ville de Poitiers fit célébrer à la cathédrale un service pour le repos de son âme.
Le roi donna le Poitou en apanage à son fils Jean, duc de Touraine. Celui-ci étant mort le 5 avril 1417, le roi donna le Poitou, le 17 mai, à son dernier fils, Charles, devenu ainsi Dauphin et héritier de la couronne.
Jules Jules-César Robuchon, Lauréat de la Société Française d'Archéologie depuis 1864, membre de la Société des Antiquaires de l'Ouest Médaille d'argent à l'Exposition universelle de Paris 1889 expliquant son travail.
A mes Collaborateurs et Souscripteurs.
JUSQU'ICI, je suis demeuré étranger, autrement que par la gratitude, au texte de la grande publication illustrée dont j'ai conçu l'idée et dont l'exécution artistique suffisait amplement à mon activité.
Mais voici que déjà la centième livraison des Paysages et Monuments du Poitou est livrée au public et que l'avenir de l'œuvre, un instant incertain, est désormais assuré.
Le moment me semble donc venu d'apparaître, pour remercier, avec toute l'effusion d'un cœur reconnaissant, ceux qui, par leurs encouragements, par leur plume ou par leurs souscriptions, m'ont aidé à gravir la montagne dont l'accès a été hérissé pour moi de tant d'obstacles et de tant d'épines.
La côte est désormais franchie, et j'aperçois enfin la vallée où il m'est permis d'espérer la moisson.
Je dois dire, tout d'abord, que l'idée de la grande publication en cours d'exécution a été conçue moins sous l'inspiration de préoccupations commerciales, auxquelles ma situation de père de famille ne me permettait pas de demeurer indifférent, que par la pensée de faire une œuvre utile et particulièrement consacrée à l'histoire de notre province.
Voici déjà longtemps que cette idée me hantait, et elle m'avait été suggérée, dès mon enfance, par l'attrait qu'avaient pour moi les ouvrages illustrés dont j'étais entouré chez mon père, alors imprimeur et libraire.
Plus tard, en 1856, j'entrai comme apprenti chez un lithographe à Paris. Mais, ne trouvant pas dans la lithographie commerciale satisfaction à mon goût, ou plutôt à ma passion pour les images, j'abandonnai, en 1861, la lithographie pour me livrer exclusivement à l'étude et à la pratique des procédés photographiques.
C'est alors que je fus frappé de l'avenir scientifique de ce mode de reproduction, qui, par son exactitude, pouvait fournir aux travailleurs, et particulièrement aux archéologues, un instrument d'étude d'une incomparable précision.
Si, en effet, le dessin a sur la photographie l’avantage d’être une interprétation plus artistique du sujet, il a l'inconvénient de lui être inférieur en exactitude autant qu'il lui est supérieur en personnalité. Au contraire, les images obtenues par la photographie et imprimées par les procédés inaltérables que l'on possède aujourd'hui, reproduisent les monuments eux-mêmes avec la fidélité du miroir.
Je pensai donc que ce serait rendre un véritable service à la science, et en même temps satisfaire au plaisir des yeux des amants de la nature, que de fouiller tous les coins et recoins de notre province du Poitou, d'y saisir par la photographie tous les paysages et monuments dignes d'intérêt, afin d'en former un immense recueil à l'usage du public.
L'archéologue, jusqu'alors obligé de voir par lui-même les monuments, pour vérifier les descriptions, par trop fantaisistes, des voyageurs plus ou moins érudits, pourrait alors, à l'aide de ce recueil et sans quitter sa bibliothèque, se livrer à des études mathématiquement exactes. Je me disais aussi que ce n'était pas seulement au présent que s'appliquerait l'utilité de ce recueil ; il s'adresserait aussi, et surtout, aux savants de l'avenir, pour lesquels la photographie conserverait la fidèle image des monuments qui viendraient à disparaître.
Mais cette idée n'était point encore réalisable à l'époque où je commençais à pratiquer la photographie, c'est-à-dire en 1861 ; alors les procédés étaient loin d'avoir acquis le degré de perfectionnement auquel ils sont parvenus depuis.
Je dus donc attendre de longues années pour la mise à exécution du plan que je m'étais tracé et qui ne cessa un seul instant d'occuper ma pensée.
Cependant, dès les premiers jours de cette longue attente, les encouragements ne m'avaient point manqué.
En 1864, M. de Caumont, fondateur et directeur de la Société française d'Archéologie, me faisait décerner ma première médaille au Congrès tenu à Fontenay-le-Comte, et m'encourageait à persévérer dans mon projet en attendant les moyens de le réaliser.
L'année suivante, M. Adolphe Joanne m'assurait de sa sympathie et de son patronage, par un article inséré dans le journal l'Illustration (11).
Les mêmes encouragements me furent encore donnés par M. Benjamin Fillon, mon savant et regretté compatriote, qui, en janvier 1881, m'assurait de son précieux concours ; mais, quelques mois plus tard, la mort en décidait autrement.
Au nombre des difficultés qui faisaient échec à mon projet et auxquelles se heurtait ma ferme volonté d'arriver, il en était deux capitales : les moyens matériels nécessaires à l'entreprise d'une publication de cette importance, et, d'autre part, les éléments scientifiques et littéraires d'une collaboration propre à m'assurer des textes. ,
Je dus chercher les moyens financiers dans l'ouverture de souscriptions dont chacune devait atteindre un chiffre élevé et qui, par conséquent, pouvaient être d'un accès difficile. Je n'avais d'autre gage à offrir à la confiance des souscripteurs que mon ardeur au travail et ma ferme volonté de remplir jusqu'au bout les devoirs qu'elle m'imposerait.
Plus heureux que ne l'ont été beaucoup d'autres dans la même situation, j'obtins cette confiance et je pus rapidement recueillir l'adhésion de nombreux souscripteurs, parmi lesquels je fus heureux de compter surtout des Vendéens, lesquels sont encore plus particulièrement mes compatriotes.
Ce sera pour moi un grand bonheur, lorsqu'au jour prochain où la souscription étant close, je pourrai publier, à la page d'honneur, en tête du tome 1er des Paysages et Monuments du Poitou, les noms de ceux à la confiance desquels je dois le succès, désormais assuré, de mon entreprise.
J'ai parlé d'une autre difficulté : celle de la collaboration d'auteurs compétents et désintéressés. Elle fut levée par l'amicale intervention de M. CHARLES TRANCHANT, ancien Conseiller d'État, qui me fournit le texte de ma première livraison. Il ne se borna point à me livrer le manuscrit qui, traitait de Chauvigny (Vienne), il me recommanda à ses collègues de la Société des Antiquaires de l'Ouest, dont il me fit obtenir le patronage et le concours actif.
A ce concours je dois d'avoir heureusement réalisé ce qu'au début, et malgré ma foi dans l'utilité de l'œuvre, je considérais comme un rêve. Grâce à lui, j'ai dépassé de beaucoup mon premier programme. Ce n'est pas sans une vive émotion que j'offre ici l'expression de ma reconnaissance à M. CHARLES TRANCHANT, ainsi qu'aux savants auteurs qui, après lui, m'ont fourni l'élément scientifique et littéraire de ma publication. »
Encore deux années d'excursions, de travaux, et tous les matériaux nécessaires à l'achèvement de cette publication seront complets.
Il me sera permis, en terminant cette courte préface, d'exprimer le vœu que l'œuvre à laquelle je me suis consacré pour le Poitou, soit exécutée dans toutes nos provinces.
Je compte bien la poursuivre dans celles qui nous avoisinent, lorsque le Poitou sera terminé. Heureux si je puis trouver ailleurs, près des Sociétés savantes, qui sont les premières intéressées au succès de pareilles entreprises, la bienveillance et le concours dévoué qui ne m'ont pas fait défaut en Poitou et que j'ai particulièrement trouvés parmi les membres de la Société des Antiquaires de l'Ouest.
Ad utilia per angusta
Cette devise m'a été donnée- par M. E. Bourloton, alors sous-directeur des Imprimeries réunies; c'est à sa recommandation que j'ai dû, dans un moment critique, le concours de cette grande imprimerie si habilement dirigée par M. Motteroz.
JULES ROBUCHON, Libraire-Photographe-Éditeur.
Fontenay-le-Comte (Vendée), novembre 1888.
Histoire sommaire de la ville de Poitiers / par Bélisaire Ledain
Paysages et monuments du Poitou / photographiés, par Jules Robuchon,
Société d'ethnologie et de folklore du Centre-Ouest
Notice Historique sur le Château Triangulaire de Poitiers – Jean de France, duc de Berry et comte de Poitou <==.... ....==>
(1) Archives municipales.
(2) Archives départementales, E., 6. 4.
(3) Archives municipales.
(4) Archives municipales.
(5) Archives municipales.
(6) Bibl de Poitiers, mm. 242. f. 66. Archives municipales.
(7) Archives municipales.
(8) Chronique du religieux de Saint-Denis. IV, 611.
(9) Archives municipales.
(10) Bibl deI'arsenal.matn.fr.3912.
(11) Numéro du samedi 8 avril 1865, page 219.