L’ancien hôpital des Pèlerins de Pons (2)

Après Mediolanum Santonum, Pons fut le plus important centre routier du pays des Santons. Passaient ou arrivaient en cet endroit la grande route de Tours-Poitiers-Saintes-Bordeaux, celle de Saintes-Pons-Aubeterre et peut-être Cahors, celle de Villebois-Lavalette-Blanzaç-Barbezieux-Archiac-Pons, omise dans nos précédentes études et dont nous ne connaissons pas davantage l'itinéraire à l'est, celle, moins importante, de Pons à Conac, celle de Pons-Gemozac-Cravans-Aurenne-La Sauveté-Meursac-le, village de Toulon près duquel se trouvait le Portus Santonum.

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Aussi Lièvre écrivait-il : « À en juger par le nombre de voies qui s'y rencontraient, Pons a: dû être, au temps; des Romains, un centre important.  » Le nom de Pons se rapporte à un passage. Notons que des voies, devant partir directement de Saintes, sont allées passer à Pons lorsqu'elles se dirigeaient vers le sud-est pour éviter la traversée des marais de la Seugne.

Lacurie écrivait vers 1860 : « On y trouve journellement des médailles impériales et même grecques. On conserve au Musée de Saintes un Philippe d'or à tête laurée et un bige au revers, ainsi qu'un Alexandre en argent qui ont été trouvés à Pons. »

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 Mais à ce sujet, M. Adrien Blanchet, de l'Institut, dans son très important Traité des monnaies gauloises, donne les précisions suivantes: « Je déclare d'abord que le statère trouvé aux environs de Pons considéré comme grec par plusieurs écrivains n'est qu'une des premières imitations gauloises.

Le style de la tête le prouve assez et c'est bien à tort qu'on a présenté la monnaie de Pons comme le seul, statère, original de Philippe II trouvé en Gaule. » D'autre part, deux, bornes milliaires furent trouvées à Pons, mais, elles.ne se rapportent pas à la route de Coutras.

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De Pons à Saintes, la voie est encore double. Celle des temps préhistoriques s'étend sur les derniers coteaux arrivant sur les marais de la Seugne et la vallée de la Charente, elle commande les pays voisins; après l'établissement, dans la plaine, de la voie gauloise ou gallo-romaine, elle continua à être utilisée en raison d'une circulation intense, car le trajet Pons-Saintes était commun à cinq ou six voies très importantes; cette ancienne piste n'est point encore abandonnée et on l'appelle vieux chemin de Saintes à Pons ou chemin ânier.

 Elle part de Pons en passant près des Justices et à l'est de Versailles et tout près du village de Bois Souchon. Ensuite ce sont : la Chapelle de Serizou, la Butte de la Brande, le Moulin de Beaudouin, la Pouyade, Perpihe et la Croix de Préguillac; elle passe entre le Peu Richard et le village des Arènes de Thenac, rejoint l'autre voie, celle de l'est, au Canton normand dans la plaine de Thenac, passe à Corinthe et à Paban; elle arrivait à Saintes par les hauteurs de Saint-Eutrope, car les voies préromaines venant du midi n'ont pas dû passer à Diconche et au quai des Roches.

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D'ailleurs, la colline du quartier Saint-Eutrope « a été habitée plus tôt et plus qu'on ne le croit », écrit M. Ch. Dangibeaud

Entre tous les centres importants de la Saintonge, la ville de Pons a toujours occupé un rang distingué.

A quelque époque que l'on prenne son histoire, on trouve son nom ou celui de ses sires mêlés aux évènements les plus considérables. Son sol lui-même est riche en débris du passé; ses archives et celles de ses habitants ne le sont pas moins en documents précieux. Les bibliothèques publiques de la capitale, ou celles des villes qui ont eu quelque rapport avec la Saintonge, contiennent toutes des souvenirs importants de l'histoire des sires ou de la ville de Pons.

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Telles sont les considérations qui nous ont suggéré la pensée de réunir en faisceau les documents épars relatifs au passé de cette localité. Cette unité, si elle ne satisfait pas la variété des goûts, aura du moins l'avantage de faciliter l'étude un peu plus approfondie d'un même sujet. Et nous espérons que cette dernière considération nous justifiera, aux yeux de la plupart des membres de la Société des Archives, d'en avoir agi ainsi. Nous avons d'ailleurs autant que possible, cherché à corriger la monotonie pouvant résulter de la succession de pièces latines analogues, en terminant le volume par quelques documents français.

 

Parmi les documents relatifs à l'histoire de Pons, figurent les archives de l'hôpital neuf.

 

L'hôpital neuf, dont les beaux restes s'élèvent encore au faubourg Saint-Vivien de Pons, avait été fondé par Geoffroy 1er, seigneur de Pons (mort en 1191), vraisemblablement vers le troisième quart du XIIe siècle, sous l'invocation de la Vierge et de Saint Jean l’Evangéliste où il fut inhumé.

« Notum sit praesentibus et futuris, quod anno ab incarnatione Domini MCXCI (1191), apostolia sedis summo pontifice Celestino, Helia Burdegalensi metropolitano , Henrico Xanctonensi episcopo, Philippo rege Francorum, Richardo rege Anglorum, nono kal mart, factura fuit et constructum in nomine Dei summi, cimisterium domus novoe helemosinariae (Hôpital-Neuf), supra Chausac, juxta Pontem, post diem qua sepultus est in eadem domo dominus Gaufridus de Ponte, filius Poncii et Garmasiae , quo Gaufridus jam dictam domum in honorem Dei et beatae virginis Mariae, et beati Joannis apostoli et evangelistae, et omnium sanctorum, ad recipiendos pauperes Christi et recreandos fundavit et statuit, terramque mesuram in quâ jam dicta domus sita est, dedit Deo et pauperibus et ifratribus domus ..,. etc.

Que l'on sache à ceux qui sont présents et à venir, que dans l'année de l'incarnation du Seigneur 291 (1191), le siège apostolique du Souverain Pontife Célestin, métropolite Hélie de Bordeaux, évêque Henri de Saintes, Philippe roi des Français, Richard roi des Anglais, le neuvième kal mart, fut fait et construit au nom du Dieu très-haut, le cimetière de la maison du nouvel hôpital (Hôpital-Neuf), au-dessus de Chausac, près de la Pons, après le jour du lequel seigneur Geoffroy de Pons, fils de Ponce et de Garmasia, a été enterré dans la même maison, à laquelle Geoffroy avait déjà mentionné la maison en l'honneur de Dieu et de la bienheureuse vierge Marie, et du bienheureux Jean l'apôtre et l'évangéliste, et de tous les saints, il a fondé et établi pour recevoir les pauvres du Christ et les rafraîchir, et il a donné la mesure de la terre sur laquelle la maison déjà mentionnée est située, à Dieu et aux pauvres et aux pauvres. etc.

 

Cet hôpital et cette église, propriété privée du fondateur ainsi que des sires de Pons subséquents (voyez le mot nostri plus bas), étaient devenus leur sépulture et celle de leur famille.

 

Hanc etiam donationem Reginaldus de Ponte filius proedicti G. cruce signatus, volens ire-super Berrucos, approbavit, et prout dominus pater suus dederat, concessit, et ut ratius habeatur sigillum suum apposuit. »

Reginald de Pons, fils dudit G., signa cette donation d'une croix, voulant passer les Berruci, et l'approuva, d'après ce que le seigneur son père avait donné, et afin qu'elle pût être considérée comme plus raisonnable, il a apposé son sceau. »

[BIBL. DU ROI, CAB. DES TITRES, BOÎTE COT. PONS.]

 

— « In nomine Sanctae Trinitatis individuse unitatis Patris et Filii et Spiritus-Sancti ; amen. Cum nihil sit certiùs morte, et nihil incertius horâ mortis, et quilibet sanae mentis cogitare debeat de supremis, nos Reginaldus de Ponte, dominus de Ponte et Brageriaco.... etc. Item eligimus sepulturam nostram in ecclesia hospitalis nostri novi de Ponte, ubi proedey cessores nostri sepeliri cosueverunt, etc.... Datum die Jovis, post festam Bartholomei apostoli, annc Dominit millesimo trecentisimo secundo

(1302).

Au nom de la Sainte Trinité, l'unité individuelle du Père et du Fils et du Saint-Esprit ; Amen. Puisque rien n'est certain dans la mort, et rien n'est plus incertain à l'heure de la mort, et que tout homme sain d'esprit doit penser au suprême, nous Reginald de Ponte, seigneur de Pons et Bergerac... etc. Aussi choisissons-nous notre sépulture dans l'église de notre hôpital du nouveau de Pons, là où nos prédécesseurs étaient enterrés, etc.

[BIBL.DU ,ROI, VOIR LES TESTAMENTS, p., 326.]

 

 Eligimus sepulturam nostram in ecclesia hospitalis nostri novi de Ponte , ubi proedecessores nostri sepeliri consueverunt, etc. (testam. de Renaud, sire de Pons, année 1302. Bibl. royale).

Autre testament de Geoffroy, sire de Pons, dans lequel il ordonne sa sépulture. In hospitali novo Sancti-Johannis de Ponte, ubi, dit-il, sunt et consueverunt praedecessores nostri sepeliri, etc. (année 1317 , ibid.); etc.

Cet établissement hospitalier avait été dénommé hôpital neuf pour le distinguer de l'hôpital vieux, situé dans la ville haute, dans la paroisse de Saint-Martin, et l'hôpital ou léproserie de Chançac, existant déjà au faubourg Saint-Vivien, au lieu encore appelé de ce nom.

Desservi par des frères clercs ou lais, cet hôpital était ouvert aux pauvres, aux malades, à ceux même qui cherchaient la paix du cloitre pour les dernières années de leur existence et qui, sous le nom de condonati, se donnaient à la maison, eux et leurs biens; l'hôpital recueillait encore les enfants abandonnés et réservait un gite à ceux que leur dévotion dirigeait vers le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, d'où la maison avait reçu le nom de Saint-Jacques, comme d'ailleurs la route qui traversait Pons pour se diriger vers la Guyenne.

L'hôpital faisait enfin des distributions de pain aux indigents de la ville.

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Cette maison est rattachée, mais sans vraisemblance, par quelques historiens, à l'ordre du Temple; elle était peut être membre libre de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, desquels e:le déclare elle-même relever, dans plusieurs titres assez récents toutefois, notamment dans un aveu rendu aussitôt l'édit et t'ordonnance du roi donnés à Fontainebleau, le 21 septembre 1546, et avant le 14 janvier 1547, date à laquelle une copie certifiée de cet aveu aurait été délivrée par le greffier du roi au siège de Saintes.

Menacé une première fois dans son existence par les troubles et les dilapidations qui eurent cours à l'époque de la réforme, amoindri dans ses revenus par la diminution progressive de la valeur de l'argent, alors que les revenus territoriaux consistant en cens et en redevances n'étaient pas susceptibles d'augmentation, l'hôpital neuf, comme toutes les maisons hospitalières analogues, perdit de jour en jour son importance, jusqu'au moment où il devint bien national et ou ses revenus furent détruits par la suppression des rentes foncières.

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Les archives de l'hôpital neuf ont été en grande partie conservées aux archives de la mairie de Pons, où elles ont été probablement apportées lors de la réunion des biens de l'hôpital au domaine public.

Ces archives forment comme une sorte de chartrier, embrassant une période de sept siècles, et rempli de mentions importantes sur l'histoire, la géographie, les usages juridiques ou autres de cette partie de la Saintonge.

L'analyse des 600 pièces environ composant le premier fonds a été faite une première fois par l'abbé Cholet qui en a opéré un premier classement, et en a déterminé la date pour la plupart d'entre elles. Un tableau fort incomplet de cette analyse existe encore à la mairie de Pons.

Nous avons adopté à la fin de chaque notice le numéro de classement de la pièce, correspondant au numéro adopté par M. l'inspecteur des Archives municipales et hospitalières dans la première édition de l’inventaire –sommaire qui en a été publié en 1874 ; ce chiffre ne correspondra plus avec celui de la seconde édition, sous presse actuellement. Une nouvelle décision ministérielle a fait adopter une seule série de numéros pour la totalité des archives hospitalières de chaque département.

M. l'inspecteur ayant dû dans son inventaire maintenir l'ordre des dossiers tels qu'ils ont été matériellement composés par l'abbé Cholet, il en est résulté que l'ordre chronologique n'est pas toujours rigoureux. C'est au contraire l'ordre chronologique que nous avons adopté dans notre publication. Nous devons ajouter, dans le but de faciliter les recherches à ceux qui voudraient recourir au texte, que les dossiers eux-mêmes présentent un autre mode d'indication les chiffres de l'inventaire y sont remplacés par les lettres de l'alphabet, de telle sorte que le dossier  1de l'inventaire correspond au dossier A de la mairie de Pons, etc., le dossier 18 au dossier L, et ainsi jusqu'à la fin.

Nous avons interrompu, pour y ajouter des pièces plus récentes et françaises, la suite des pièces du chartrier de l'hôpital neuf; notre intention, en agissant ainsi, a été d'échapper au reproche que l'on aurait pu nous faire de trop sacrifier à l'érudition; et les noms de Henri IV, du prince de Condé, du maréchal d'Albret, de Turenne, de Ninon de Lenclos, de Mme de Maintenon et autres, recommanderont suffisamment aux amateurs cette partie du volume.

 

1214

 

Don par Michel, abbé de Saint-Florent de Saumur, au prieur et à l'hôpital neuf de Pons, d'une terre et de la dime du cimetière de l'hôpital, à la charge du service envers le prieuré de Saint-Vivien de Pons, d'une rente annuelle de 29 sous.

1228

Echange entre R. de Pons et l'hôpital neuf, de droits sur les moulins de Goutrolles, pour divers autres droits sur l'hospice de Rançannes, une part dans le péage de Pons, etc

 L’ancien hôpital des Pèlerins de Pons (1)

L’ hôpital des Pèlerins est l'un des plus anciens ensembles hospitaliers d'Europe à avoir été conservé et est à ce titre inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco depuis 1998, au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France.

Il est également classé monument historique depuis le 8 octobre 1879 pour son passage de l'hôpital, inscrit depuis le 29 décembre 1997 pour ses logis et classé depuis le 16 juin 1998 pour l'ancienne salle des pèlerins, les vestiges de l'ancienne église et le pavillon au gros œuvre médiéval.

 

Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis

 

 

Le pèlerinage de Saint-Jacques – Des voies romaines aux routes Royales qui menaient à Compostelle <==

1083 Maillezais Guillaume VIII duc d'Aquitaine fait don de la chapelle du château de Pons à l’abbaye St Florent de Saumur <==