Le_Directeur_général_des_fortifications_[

Le chantier de fortifications du mur de l´Atlantique, demandées par Louis XIV et dons les plans ont été établis par l’ingénieur Militaire Vauban coute aux caisses du royaume.

En 1677, Vauban avait pris, pour toute la France, les fonctions de commissaire général des fortifications. La même année, Colbert laissa à son fils Seignelay le service des fortifications du royaume dont il s'était occupé jusqu'alors, mais cependant sans les abandonner complètement. Colbert mourut en 1683 et Seignelay en 1690. C'est alors que Louvois concentra au Secrétariat de la guerre tout le service des fortifications des places de guerre, des ports de mer et du littoral. C’est à partir de ce moment, sous la double impulsion de Louvois et de Vauban, que des ingénieurs définitivement spécialisés dans les travaux des fortifications ou des sièges devinrent à proprement parler des ingénieurs militaires.

Les travaux exécutés furent considérables et poussés sans relâche pendant les dix années qui séparent la paix de Nimègue de la guerre de la Ligue d'Augsbourg.

Dans son Histoire du corps du Génie à laquelle il faut se reporter, Allent fait un éloge mérité de Vauban qui, dans l'oeuvre immense entreprise eut un rôle considérable comme ingénieur et comme militaire ; cependant la gloire de l'ingénieur ne fut complète que parce que Louis XIV voulut bâtir des forteresses. Dans toutes les questions de principe ou de détail, c'est au roi qu'appartient toujours la décision dernière.

On a dit :« La frontière de Vauban », il est aussi juste de dire: « La frontière de Louis XIV ». Le système de défense par les places de guerre, qui convenait le mieux à chacune des parties des frontières donna lieu à des études dont la réalisation a été l'oeuvre de Vauban ; constamment en mission, il rédigeait des projets, donnait des avis, surveillait l'exécution des travaux, et assurait en même temps une organisation uniforme dans le service des ingénieurs.

En 1679, 1680, 1681, 1683, ainsi qu'il l'avait fait pendant la guerre de Hollande, le roi visita fréquemment les chantiers ; l'intérêt qu'il y portait était tel que dès 1668 il se faisait construire les plans en relief des principales villes et qu'il avait à son usage un livre des plans des fortifications des places de guerre du royaume.

Jusqu'à Vauban, les places de guerre avaient conservé leurs hautes murailles, avec mâchicoulis, poternes, courtines, remparts élevés à une certaine altitude, de manière à envelopper les villes comme d'un manteau de pierre et à les dissimuler aux regards. Mais ces hautes murailles d'une place de guerre étaient excellentes à l'époque où les armées se servaient de flèches, d'arbalètes, etc. L'invention de la poudre et l'emploi du canon les rendaient désormais inutiles.

Vauban imagina des remparts à fleur de terre, lesquels, construits en zig, zags, et se trouvant dissimulés par des accidents de terrain ménagés tout exprès, ne pouvaient être vus de l'ennemi.

 Il les borda de canons protégés par des embrasures, lesquelles bouches à feu croisaient leur tir de façon à balayer à grande distance rapproche sur les routes ou les campements des troupes ennemies.

 

Traité adressé à son Altesse Sérénissime Mr le Prince d’Orange. (Guillaume III roi d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande 1650-1702)

Les changements fréquents des Intendants ou Directeurs des Fortifications, les Ingénieurs qu’on a perdu dans cette dernière guerre, ceux qu’on a tiré des places ou l’on fortifiais, pour servir à l’armée, et les remplacements qu’on en a fait de nouveaux, ayant interrompu et en partie altéré l’ordre que l’on avait établi ci-devant dans les ouvrages, l’on a cru qu’il serait avantageux au service des Princes, et commode à ceux qui sont chargés des Fortifications de leurs places, de prévenir la confusion que ces changements y pourraient introduite dans la suite, par quelque règlement qui en redressât la conduite, et la remit dans un ordre plus régulier, qui put être observé dans tous les lieux que l’on fortifie, et ou ceux qui y seront employés puissent trouver quelque lumière pour leur en faciliter la direction. C’est ce que l’on s’est proposé de faire par cette instruction, ou chacun des principaux pourra discerner assez précisément ce qui sera du dû de sa charge, et aura beaucoup de facilité à se former une véritable idée de la conduite qu’il y devra tenir ……

Les fortifications des Places sont des grands ouvrages, dont la construction qui est de longue durée à cause de leurs grandeur et solidité demande des soins infinis, une activité perpétuelle, une grande conduite, beaucoup d’expérience et du bon sens ; finalement on y a mis ce qui peut instruire ceux qui ne sont pas bien accoutumés à l’ordre qu’il faut tenir dans le détails des grands travaux, et le tout pour insinuer une conduite plus réglée, dans laquelle les Princes et leurs Ministres puissent voir clairement en tout temps ; c’est le but de cet ouvrage, qui ayant été fait pour l’instruction des gens nouvellement employés dans les Fortification, et qui n’ont pas encore toutes les lumières requises à s’en pouvoir bien acquitter, nous les prions de le recevoir en bonne part, et d’excuser les fautes qu’ils y trouveront.

Or il est des fautes des Fortifications comme de celles de la guerre, soit qu’on les considères par le dessein, par le retardement, ou par la dépense, elles sont toujours pernicieuses ; car si par le dessein, on y peut introduire ou laisser tel défaut, qui pourra causer la perte de la place, le retardement qui vient, faute d’avoir bien pris ses mesures dans le commencement ou par le défaut des défaut des fonds en temps et lieu, ou par les malfaçons, négligence ou défection d’un ouvrage mal construit, peut causer le même inconvénient, et un remuement de terre mal entendu, le peu de connaissance de la maisonnerie, le défaut d’intelligence dans le roi s’est joints aux remuements mal concertés des matériaux et mille autres petites fautes et négligences dans lesquelles on tombe tous les jours, ne manquent jamais de grossir les dépenses, qui s’augmentent quelques-fois, d’un quart ou d’un tiers, et bien souvent de moitié plus que la juste valeur des ouvrages, défauts d’autant plus considérables, que les Souverains aux dépens de qui ils se commettent, payent toujours contant et bien cher, des manquements que bien souvent ils ne font pas, et que personne ne peut réparer qu’eux ; ce sont aussi ces mêmes défauts qui font que la dépense des ouvrages surpasse toujours leur estimation, et qu’il est si difficile de faire convenir l’un et l’autre, que l’on peut dire que jamais l’on n’y arrive, bien que la chose pour être mal aisée de fois n’est impossible.

C’est donc une nécessité indispensable aux Souverains qui font fortifier leurs Places, d’en commettre le soin à des personnes fidèles, d’une probité éprouvée, et très intelligentes, qui soient non seulement capables de leur proposer de bons desseins, mais encore de les faire exécuter avec toute la conduite et l’adresse, que l’expérience la plus consommée peut inventer, à faute de quoi il leur est infaillible de tomber dans la plus grande partie des défauts que nous venons de nommer, vu même que les plus habiles ont assez de peine à s’en pouvoir garantir, rien n’étant plus commun que de manquer dans une chose ou dans l’autre, pour peu de relâche qu’il y ait dans la conduite.

Il est de plus nécessaire d’établir un ordre uniforme dans toutes les places que l’on fortifiera, qui instruite et en sépare les fonctions de ceux qui en sont chargés, et qui en règle et en distribue les emplois selon la nécessité des ouvrages, et la capacité d’un chacun, afin de n’y employer que des gens utiles et nécessaires, et de ne charger personnes de ce qu’il ne fait pas, ni de plus qu’il ne peut faire, ce défaut ou l’on ne prend pas garde, étant ordinairement l’origine et la source de tous les désordres dans la conduite des fortifications.

Pour parvenir à l’établissement de cet ordre, il est nécessaire d’entrer dans le détail des principaux emplois, et d’en donner une idée, qui fasse connaitre à ceux qui en sont pourvus, quel doit être le dû de leur charge, et jusqu’où peut s’étendre leur fonction.

Les Fortifications des Places étant des ouvrages Royaux bâtis pour la défense des Etat, il est indubitable que les premiers Officiers qui en doivent prendre le soin sont des Souverains eux-mêmes, comme ceux qui y sont les plus intéressés, et leurs principaux Ministres, et sous eux les Intendants et Ingénieurs doivent diriger le détail des ouvrages jusqu’à leur entière perfection.

 

 

Le Directeur général des fortifications, par M. de Vauban De Sébastien Le Prestre Vauban

Guerres sous Louis XIV / par A. de Villeneuve

Revue du génie militaire

 

 

 

Construction de la citadelle d’Oléron sur l’emplacement de l’ancien château féodal (Devis du Cardinal de Richelieu) <==