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PHystorique- Les Portes du Temps
3 janvier 2020

Projet 1753 - Fortifications Vauban du système défensif des cotes de l’Atlantique au cours de la guerre de la Ligue d’Augsbourg.

Projet 1753 - Fortifications Vauban du système défensif des cotes de 1’Atlantique au cours de la guerre de la Ligue d’Augsbourg

En 1628, après la prise de La Rochelle, Louis XIV prescrivit la destruction de tous les châteaux forts. Fouras fut épargné en raison de sa situation importante à l'entrée de la Charente et devint forteresse d'État. On y fit des travaux considérables afin, durant la guerre avec la Hollande, de mettre cette forteresse à l'abri d'un coup de main de sa flotte.

 Ce fut seulement le 14 juillet 1674 qu'on signala la flotte hollandaise.

En raison des formidables dispositions prises, l'amiral Tromp renonça à ses projets de débarquement et se dirigea du côté de Noirmoutier, île qu'il savait être faiblement défendue.

En 1681, Vauban chercha à faire une véritable citadelle du château de Fouras, car Guillaume d'Orange étant devenu roi d'Angleterre, on redoutait une attaque des Anglais. Faute d'argent, les travaux ne furent pas continués ; l'action de la mer produisant fréquemment des éboulements, ces travaux furent plusieurs fois repris.

En 1703, on commença la construction de deux corps de bâtiments destinés à servir de casernes aux ouvriers et à la garnison.

 

La déclaration de la guerre de la Ligue d'Augsbourg plaça la France, en Avril 1689 dans une situation particulièrement grave. A nos anciens ennemis, l'Espagne, l'Autriche et les Pays-Bas, se joignait désormais d'Angleterre qui s'était dressée contre nous à la suite de sa révolution de 1688 et du débarquement fameux de Guillaume d'Orange à Torbay. Et, sous le nom de Guillaume III d'Angleterre, ce dernier, qui succédait ainsi à Jacques II renversé, se montrait vis à vis de notre pays courue un adversaire implacable qui représentait a lui seul la force et la cohésion de la coalition.

L'orientation que Louis XIV, l'Angleterre et la Hollande donnaient depuis de longues années à leurs Marines respectives semblaient devoir rendre fréquentes, au cours de ces hostilités, les occasions de rencontre des Flottes de Haut Bord. Mais, dans un conflit d'une telle envergure, le problème du maintien de la sécurité directe de nos côtes devait également avoir une importance extrême à cette époque où les Armée de France avaient à faire face à la coalition sur terre et où le littoral offrait à l'adversaire un certain nombre de points sensibles qui ne pouvaient tous être également munis de défenseurs.

Sans doute, la question de la sécurité des cotes avait- elle été envisagée bien avant cette période. Ayant pour ainsi- dire existé de tous temps soit à l'état provincial, soit à l'état-local, une organisation méthodique de la Défense du Littoral avait, pour la première fois été entreprise, en 1630 par Richelieu.

Et si Mazarin y attacha moins d'intérêt par la suite, Colbert, à son arrivée aux affaires, y consacra tous ses efforts. En dépit de ces tentatives énergiques un tel organisme n'avait pu être mis au point très rapidement, au cours des quelques années qui suivirent.

La guerre de la Ligue d'Augsbourg survint alors, qui trouva la Marine Française entre les mains de Seignelay. Ces hostilités ne devaient pas tarder à fournir à la Défense des côtes l'occasion d'une impulsion nouvelle, compatible avec les sérieux dangers que la multiplicité et les intérêts communs de nos adversaires faisaient désormais courir à notre pays.

Cette impulsion se manifesta, à coup sur le long de tout le littoral dont l'ensemble préoccupait, à juste titre, le Commandement. Mais, si un sérieux effort était à envisager tant sur les côtes du Ponant que sur celles de méditerranée, il était parmi elles un théâtre d'opérations qui devait attirer d'une façon toute particulière, l'attention des organisateurs de la Défense: Déjà caractérisé par un passé belliqueux, le Littoral de l'Atlantique ne se distinguait-il pas en effet, des autres par un rôle très particulier que les circonstances politiques et religieuses de l'époque l'appelaient à devoir remplir? ...

Depuis cent ans, les cotes de l'Atlantique avaient été, à maintes reprises, et presque à l'exclusion du reste du littoral, le siège d'âpres combats. Outre les nombreuses descentes de corsaires qu'elles eurent à subir au commencement du 17e siècle, elles avaient été, pendant cinq mois de l'année 1627, les témoins des fameuses tentatives Anglo-Rochelloises contre l'Ile de Ré qui se terminèrent par la défaite de Buckingham et un éclatant succès pour les armes de France.

Côtes de l'Océan Atlantique 1

Côtes de l'Océan Atlantique 2

La guerre de la Ligue d’Augsbourg

Egalement appelée guerre de Neuf Ans, guerre de la Succession palatine ou guerre de la Grande Alliance, eut lieu de 1688 à 1697.

La trêve de Ratisbonne, qui devait durer vingt ans, fut rompue à la quatrième année qui suivit sa conclusion. Guillaume, prince d'Orange, stathouder de Hollande, avait réveillé, sans beaucoup de peine, la jalousie des ennemis de Louis XIV, et leur avait fait signer la fameuse confédération, connue sous le nom de ligue d'Augsbourg. Les puissances qui étaient entrées dans cette ligue étaient la Hollande, l'empereur, le roi d'Espagne, le roi de Suède, le duc de Savoie, l'électeur de Bavière, les ducs de Brunswiik et de Hanovre, et tous les petits princes du Rhin.

Ce projet de confédération, formé, comme nous l'avons dit, à Augsbourg, reçut son exécution à Venise (1687), où, sous prétexte de prendre part aux plaisirs du carnaval, se réunirent les confédérés ou leurs envoyés, pour signer la ligue convenue. Ils se préparèrent dès-lors à la guerre, mais lentement, excepté la Hollande, qui pressait ses armements.

Louis XIV, instruit de toutes les menées de ses ennemis, se décida à les prévenir, et la guerre éclata de nouveau. Sous un rapport, Louis conservait la supériorité que lui donnaient des armées aguerries et longtemps victorieuses, composées de troupes qui suivaient des méthodes de guerre plus savantes que celles des troupes ennemies, et un corps incomparable d'ingénieurs formé dans les sièges mêmes, sous les yeux et par les soins de l'immortel Vauban ; mais, d'un autre côté , des causes secrètes de destruction commençaient à miner ce colosse de grandeur et de puissance; les finances étaient épuisées par tant de travaux, de luxe, d'entreprises, d'expéditions ; la population militaire était fort diminuée ; le peuple, accablé d'impôts de toute nature, ne s'était pas encore relevé de l'affreuse disette de 1684.

On résolut de commencer la campagne par le siège de Philisbourg. Le roi voulut que ce siège servit à l'instruction de son fils. En conséquence, le Dauphin eut le commandement de l'armée, ayant sous lui le duc de Duras, Catinat, et Vauban récemment nommé lieutenant-général (24 août 1688).

La place de Philisbourg, dont Vauban avait augmenté les fortifications en 1676, était extrêmement forte. Elle fut investie dans les premiers jours d'octobre 1688, et Vauban, secondé par quarante ingénieurs, fut chargé de la conduite des attaques.

Indépendamment des difficultés du terrain , il fut contrarié par un temps pluvieux , et par l'ardeur des officiers et des troupes, qui pensaient que des actions de vigueur abrégeraient le siège ; mais lui, convaincu qu'il ferait verser des flots de sang pour n'obtenir que des succès douteux, affligé, mais inébranlable, continua à procéder méthodiquement, consacrant ainsi par ses exemples cette maxime belle et vraie, qu'il inséra depuis dans son Traité de l'attaque des places : « que la précipitation dans les sièges ne hâte point la prise des places, la recule souvent, et ensanglante toujours la scène. »

Dix ingénieurs furent tués et quatorze blessés : c'étaient les plus capables. Vauban, contraint de les suppléer, même pour l'exécution des travaux de détail, s'exposait beaucoup. « Dieu nous le conserve, écrivait à Louvois un des généraux, car il n'y a que lui capable d'approcher une place comme celle-ci. »

Ce fut à ce siège qu'il imagina une nouvelle manière d'employer l'artillerie. C'était le tir à ricochet, dans lequel le boulet lancé avec une charge plus faible, et sous un angle plus grand, fait une suite de bonds, comme la pierre qu'on jette en rasant la surface de l'eau, et va frapper plusieurs fois les objets qui se trouvent dans sa direction. Vauban plaça les batteries qui exécutaient ce tir sur le prolongement des faces; les boulets, décrivant une courbe plus élevée au-dessus du sol, franchissaient facilement le parapet, et par leurs bonds successifs causaient de grands ravages, en tuant les défenseurs et en brisant le matériel d'artillerie, derrière le rempart même destiné à leur servir d'abri.

Cependant Louis XIV se préparait à soutenir avec énergie une guerre devenue générale et dangereuse pour la France. On eut recours à des mesures extraordinaires pour rétablir un peu les finances ; on altéra les monnaies ; on créa des rentes ou des charges vénales; on contraignit les particuliers de porter aux hôtels des monnaies leur vaisselle d'or et d'argent, et le roi lui-même donna l'exemple : ressources faibles, souvent pernicieuses, mais qui suffirent aux premiers besoins. On fit de nouvelles levées. Quatre armées furent opposées aux ennemis, en Flandre, en Allemagne, en Italie, en Roussillon; de nouveaux secours furent même envoyés à Jacques n, qui, l'année précédente, avait envahi l'Irlande avec une petite armée, composée en grande partie de troupes françaises. Les armes du roi eurent presque partout l'avantage. En Allemagne et en Catalogne, l'ennemi fut contenu et l'on vécut à ses dépens. Les succès furent plus marqués en Italie et en Flandre. Catinat défit le duc de Savoie à Staffarde, et s'empara de Suze; Luxembourg battit le prince de Waldeck à Fleurus, tandis que Vauban couvrait les places de la Flandre maritime, prêt à se jeter dans celle qu'attaquerait l'ennemi. Enfin le maréchal de Tourville vainquit la flotte anglaise dans la Manche, et le comte d'Estrées fit une incursion sur les côtes d'Angleterre; mais la perte de la bataille de la Boyne, par Jacques II, détruisit les heureux effets que devait produire cette diversion en sa faveur. Deux fois chassé de ses états par son gendre, Jacques revint en France jouir de l'hospitalité que lui avait si noblement accordée Louis XIV.

En 1674 cela fait déjà 10 ans que le port de Rochefort fonctionne et le problème de la protection de la rade n’est toujours pas résolu.

En 1678 Vauban, ingénieur et architecte militaire, était le secrétaire général des fortifications de Louis XIV. La construction de l’arsenal de Rochefort a été le facteur déclenchant des interventions de Vauban.  

En 1703, de nombreux chantiers sont en cours dans les pertuis des côtes charentaises pour protéger l’accès à l’arsenal de Rochefort. Sébastien Le Pestre, seigneur de Vauban, récemment élevé à la dignité de Maréchal de France va imaginer une série de citadelles, forts et batteries pour rendre imprenable l’estuaire de la Charente, porte d’entrée de l’Arsenal militaire.

Vauban est venu cinq fois entre 1674 et 1689 inspecter les fortifications de cette partie de la côte Atlantique. A la Rochelle, François Ferry dirige les travaux.

Le seigneur de Vauban estime qu’il conviendrait d’édifier un fort en pleine mer sur la longe de Boyard pour interdire l’accès. Mais d’après Monsieur le Maréchal, il serait plus aisé d’attraper la lune avec les dents que de construire un fort à un tel endroit » et il poursuit « en imaginant que nos adversaire puissent passer cette ligne de feu, ils devront ensuite faire face à nos fortifications de l’estuaire de la Charente. C’est la redoute de l’Aiguille et de l’ile Madame, le château de Fouras et les forts de La Pointe et de Lupin de chaque côté du fleuve. cet ensemble accueillera comme il se doit nos ennemis. Vous rendez vous comte mes chers amis, nous avons actuellement dix- huit chantiers en cours »

carte du pays d'Aulnis avec les isles de Ré, Oléron et provinces voisines dressée en 1773

 

Le système défensif des abords de Rochefort.

Signe de référence Bibliographie particulière dans le texte

-Description de Fouras 1674 (Archives des Invalides-Fouras Carton N°1) 

Lettre de M.Ferry sur les abords de Rochefort- 1692 (Archives des Invalides-Rochefort Carton N°l) 

Lettre de M.Ferry sur Fouras et la Redoute de l'Aiguille - 1690 (Archives des Invalides-Fouras Carton N°l) 

Mémoire sur la nécessité de fortifier l'ile d'Aix- (Archives des Invalides- Ile d'Aix-carton N°1 ) 

Propositions de faire un fort à l'Ile d’Aix (Archives des Invalides- Ile d'Aix- carton N°l) 

Si l'époque de la guerre de la Ligue d'Augsbourg vit les fortifications de Rochefort s'améliorer dans une sensible mesure les remparts avaient été construits en 1675), le principal effort qui caractérise cette période dars cotte région, réside principalement dans l'aménagement d'une zone de protection couvrant l'embouchure de la Charente.

L'examen détaillé de tous les ouvrages alors construits ou améliorés, à l'embouchure de la Charente, sortirait du cadre de la présente étude qui est nécessairement limitée à des vues d'ensemble sur les systèmes défensifs.

Citons simplement dans ce sens, le fort du Vergeroux, le fort de la Pointe, et le groupe de Batteries construites en 1693 à l’extrémité (Rive gauche) de l'embouchure du fleuve, éléments situés en des points que l’on pourra aisément remarquer sur les photographies de cartes ci-jointes.

Nous nous contenterons d'étudier les deux centres principaux de cette zone de protection à savoir :

- a) le Château de Fouras et la redoute de la Pointe de l'Aiguille.

- b) les fortifications de l'Ile d'Aix.

 

 

 

a) Le Château de Fouras et la redoute de la Pointe de l’Aiguille :

Magnifiquement situé sur la rive droite du fleure, en un endroit qui est "comme la clef et comme la véritable défense de la "Charente"

l'ancien château de Fouras ne comprenait, en 1689 qu'une tour et qu'une petite habitation fortement  délabrées.

La considération d'une telle situation amena Vauban à proposer la construction d'un ouvrage de grandes dimensions dans ce poste « qui se trouve sur la route qui conduit à terre à Rochefort et est à la tête des descontes." '

De 1689 à 1693, François Ferry, ingénieur du roi Louis XIV, transforme l’ancienne demeure féodale en un fort à la mer

Les travaux furent commencés en 1689, mais ils durèrent plusieurs années en raison des difficultés qui s'offrirent aux constructeurs. La mer rongeant en particulier la côte en cet endroit, cette circonstance nécessita la pose de revêtements délicats à établir.

Lors de l'issue de la guerre de la Ligue d'Augsbourg, le nouveau Fort de Fouras était à peu près achevé. Complété, sur la Pointe de Fouras, par le "Redoute de la Pointe de l'Aiguille qui était une des plus grandes de "France avec ses 30 toises de face", cet ensemble constituait, en 1698, un élément de défense avancé; susceptible d'être très efficace quant à la sécurité de la ville de Rochefort.

 

carte du pays d'Aulnis avec les isles de Ré, Oléron et provinces voisines dressée en 1773

Les fortifications de l'Ile d'Aix:

La nécessité d'un Fort à l'Ile d'Aix, s'était maintes fois fait sentir à la fin du 17e siècle on vue de la sécurité de la Rade des Trousses et des abords de la Charente. Si ces mouillages étaient, en effet, proies lu coté du Sud où l'étroit Pertuis de Maumusson on n'offrait à l'ennemi qu'un passage extrêmement difficile (entre la citadelle d'Oléron et le Fort du Chapuis), il n'en était pas de même du côté du Nord. Et rien ne pouvait être plus opportun qu'un fort situé à l'Ile d'Aix à proximité de laquelle - soit par la passe W, soit par la passe E- l'ennemi provenant du Nord se serait trouvé dans 1’obligation de se tenir.

" Si le Roi avait un fort à l'Ile d'Aix, il serait impossible aux ennemis d'entreprendre ni de brûler les magasins de Rochefort ni de boucher la rivière. En outre, on aurait, à l'entrée de la Charente, une rade assurée et les vaisseaux du Roi y étant hors de toute insulte, les armements et les détachements de Rochefort se feraient sans confusion."

Ce programme fut réalisé car on fortifia l'Ile d'Aix en 1692.

On ne s'en tint d'ailleurs pas à ce travail et l'ouvrage construit à cette date à la partie S.W. de l'ile fut amélioré, dans des proportions importantes, au cours des années qui suivirent.

 

V - La Rochelle et ses environs :

Plan de Fortifications de La Rochelle avant 1773

 

En 1689, Louis XIV envoie sur place l’ingénieur François Ferry, collaborateur de Vauban, pour y reconstruire une nouvelle enceinte. Son projet prévoit une nouvelle enceinte beaucoup plus vaste que la précédente, composée de neuf bastions, deux demi-lunes, un ouvrage à corne dit de Saint-Nicolas et une redoute. Les travaux s’achèvent en 1724, mais finalement seul l’ouvrage à corne a été intégralement réalisé suivant le plan de Ferry.

Signes de référence Bibliographie particulière dans le texte

Mémoire du 19 Juillet 1696 sur les précautions à prendre en cas que les ennemis viennent bombarder La Rochelle (Morel) (Archives des Invalides-La Rochelle-Carton N°l N°I3)

Mémoire sur la défense des côtes de la Rochelle- 17 Juin 1695- Archives des Invalides -La Rochelle-carton N°l N°I0)

Lettre de M. de la Trousse à Louvois 9 Avril 1689- (Archives du Ministère de la Guerre- Volume 904- pièce 3)

Lettre de H. de la Trousse à Louvois 26 Avril 1689- (Archives du Ministère de la Guerre - Volume 904-Pièce 100)

 Idem…….. 19 Mai 1689 (Archives du Ministère de la Guerre, Volume 904- pièce 179)

Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis (Lettre de M. Begon- N°15- 27 Mars 1689)

Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis (appendices -La Rochelle - page 295)

 

Après son siège sous Richelieu et la destruction de toutes ses fortifications, La Rochelle était devenue et restée une ville de paix. Aussi, en 1639, se trouva-t-elle sans défense et dans une situation d'autant plus critique que les nombreux protestants nouvellement convertis de la région étaient particulièrement suspects.

« Si l'ennemi s’était emparé de le Rochelle. » écrivait M. de la Trousse en 1689, il aurait été bien difficile de l'en chasser, ne doutant nullement qu'une bonne partie des nouveaux convertis (Bg) de cette province et des voisines ne les fussent venus joindre pour les assister en tout ce qu'ils auraient pu avoir besoin d’eux."

Après avoir songé à "enraser" les maisons de la ville et à combler son port, il fut décidé qu'on mettrait la place en état de Défense.

 Le Maréchal de Lorges et M. FERRY proposèrent au Roi de reconstruire autour de la ville une ceinture de fortifications.

Plan de Fortifications de La Rochelle 1773

Ce projet fut aussitôt accepté et, le 28 Mars 1689, 1500 ouvriers travaillaient à l'édification de tous ces ouvrages. En très peu de temps, leur chiffre fut porté à 4000 puis à 6000.

" On prétend faire de la Rochelle une des plus belles places de France mentionnait M.Bégon dans une lettre adressée à Villermont le 27 Mars 1689 - Mais quant à présent, on ne le fait que de terre. Il y aura 8 gros bastions du côté de la campagne. L'autre côté se défend de lui-même parce que c'est un marais dont l'inondation sera très facile et coûtera très peu."

Le plan des nouvelles fortifications ne fut pas le même que celui des anciennes car un tel projet eut amené la destruction d'une très grande partie de la nouvelle ville.

On fut toutefois amené à abattre beaucoup de belles maisons et à supprimer d'intéressants jardins. Dans les parties détruites figureront notamment les couvents des Cordeliers, de la Providence et des Capucins, l'Hôpital Saint-Louis et une fraction de Notre-Dame et de St-Nicolas.

Les nouvelles fortifications furent en grande partie construites avec les matériaux provenant de ces démolitions.

. A la fin de l'année 1689, la ceinture ainsi construite comprenait 7 grands bastions du côté de la Porte Neuve et de celle des Moulins. Ce travail ne se fit pas sans peine car la plupart de ces fortifications étaient établies sur fossés mal comblés. Aussi l'enceinte ne fut-elle pas entièrement revêtue de maçonnerie et comprit-elle de nombreux éléments qui ne furent que gazonnés.

Ce fut cependant un prodigieux travail exécuté en moins de 6 mois avec une surprenante rapidité, le rapprochement des deux photographies de cartes que l'on trouvera ci-contre est, à ce propos, plus éloquent que toutes les descriptions possibles.

En dépit de cette célérité, il est singulier de constater que l'humeur irascible de Soignelay faisait redouter qu'il ne trouve encore l'effort insuffisant. Et, dans une lettre que Mr. de la Trousse écrivit à Louvois le 26 Avril 1689 au lendemain d'une entrevue à MM. Ferry et Bégoni il ne craint pas d’exprimer son appréhension au sujet de la participation à cette réunion d'un jeune ingénieur envoyé par Seignelav.  Sa personne  dit-il - n'a pas fait plaisir ici, a tout le monde, et on craint qu'il n’informe M. de Seignelay que les travaux n'avancent pas autant qu'on pourrait le faire."

Parmi les autres travaux entrepris à la Rochelle, il y a lieu de signaler l'ouvrage à cornes de. St-Nicolas, qui fut commencé en 1690 et terminé en 1696.

Pour parer aux bombardements, un grand soin fut en outre apporté à la réfection et à l'établissement des batteries aux alentours de la Rochelle, le long du littoral.

En 1695, toute la partie de la cote, située aux alentours de la ville fut couverte de retranchements. Aucune plage, ni crique, ne fut négligée et l'on travailla beaucoup, en particulier, aux batteries de la Pointe du Chef de Baye et à celles de la Pointe de Coreille.

Le plan de défense de la Rochelle contre les bombardements, s'appuyait sur l'hypothèse-base suivante : "Les ennemis ne peuvent se placer pour "bombarder la ville, qu'en deux endroits, à savoir:

-          entre les deux pointes ou derrière celle de Coreille "..... Or dans l'un ou l'autre de ces endroits, ils "seront reçus par 60 pièces de canon."

 

On arrivait ainsi au chiffre de 4.000 boulets et 48 milliers de poudre pour chaque marée.  

Le même mémoire rappelait en outre " qu'il n'y aurait que 6 heures de temps pour rétablir toute cette consommation et faire reporter de la poudre, des boulets et des bombes (pour les mortiers) avec tranquillité car, pendant le bombardement, tout le monde sera occupé et il n'est pas bon qu'il y ait tant de poudre dehors."

La porte royale est le projet architectural le plus ambitieux du programme de la nouvelle enceinte fortifiée de La Rochelle, dont la construction est lancée en 1689 sous les directives de Vauban.

Quant à la ville de la Rochelle elle-même- ville qui avait été appelée en Mai 1689 par M. de la Trousse " une place forte toute neuve qui manque de tout ", elle contenait en Juillet 1695, 144 pièces de canon en batterie et plusieurs mortiers.

Utilisé conformément aux prescriptions sévères qui étaient alors on vigueur, un tel matériel de combat, avait, le cas échéant, un rôle particulièrement efficace à remplir.

Nous ne terminons pas cette brève étude sur la Rochelle et ses alentours sans dire un mot de l'ile de Ré qui complète si entièrement cette région du côté de la mer. L'époque que nous considérons y fut celle de l'amélioration des fortifications de St-Martin de Ré (1689), de l'agrandissement des Redoutes de Sablanceau et du Martray (1689) et de la mise au point du Fort de la Prée. Mais aucun important ouvrage nouveau n'y fut alors construit.

 

VI - Les Côtes du Poitou:

Signe de référence Bibliographie particulière dans le texte. - lettre du Maréchal de gorges à Louvois - 29 Mai 1689 -(Archives du Ministère de la Guerre Volume 904- pièce 222)

A l'exception des Sables d'Olonne, les côtes du Poitou étaient alors considérées comme peu propices aux attaques ennemies " Depuis la hauteur de Luçon jusqu'aux Sables d'Olonne, " écrivait le Maréchal de Lorges, il n'y a pas d'endroit où une flotte ennemie puisse mettre pied à terre, étant tout remplis de rochers et de bancs de manière que les chaloupes même se briseraient.

Une opinion analogue avait cours en ce qui concerne la côte jusqu'à la Loire, et l’on peut dire que les deux seuls points qui aient, du point de vue de la défense du littoral, attiré un peu l'attention du Commandement sont Noirmoutier et Les Sables d'Olonne.  Encore, cette dernière resta-t-elle Longtemps sans défense et l'on connait le bombardement fameux (28 Juillet 1696) qui en résulta.

Il est intéressant de constater, dans les archives de l'époque, l'agitation qui résulta de ce bombardement des Sables d'Olonne, contre lequel, il faut bien le reconnaître, rien n' avait été prévu.... Au lendemain de cette opération ennemie, les projets les plus amples furent envisagés en vue de l'organisation. Outre qu’il était bien tard pour y songer, ces projets furent, par la suite, sans conséquences appréciables.

 

CHAPITRE IV

Un regard d'ensemble sur l'effort réalisé. La caractéristique principale de l'évolution des fortifications au cours de la guerre de la Ligue d’Augsbourg.

L'analyse qui procède des améliorations apportées, pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, au système défensif des cotes de 1’Atlantique comprises entre la Bidasson et la Loire, n'est pas sans mettre en lumière le pas considérable qui a été franchi, à ce point de vue, au cours de ces hostilités.

Mais ce pas ne résida pas tant dans la création ou la mise au point, conforme aux principes de Vauban, des différents ouvrages alors échelonnés le long de la cote, que dans l'apparition d'idées directrices touchant à la répartition et au groupement de ces éléments de résistance en vue d'une organisation méthodique de la Défense du littoral.

Afin d'être plus explicites, jetons un coup d'oeil en arrière en saisissant quelques exemples :

En 1688, Bayonne est déjà fortifiée.

Mais ses fortifications consistent uniquement en une ceinture susceptible de lui assurer, contre l'ennemi, une protection rapprochée dans la direction S.E. - S.W. Rien n’est prévu pour empêcher ce dernier de se rendre maitre des hauteurs entourant la villes ; Défense assurée partiellement sans qu'elle ne puisse interdire à l’ennemi d'encercler Bayonne ou d'en approcher par l'Adour.

En 1688, Bordeaux est munie de trois forts solides qui lui procurent une sécurité immédiate incontestable Mais aucun organisme sérieux n'existe qui puisse interdire à une Flotte adverse l'approche de la ville par la Garonne- : Défense de la dernière heure ne comprenant aucun obstacle efficace, susceptible d'intervenir à distance sur la principale voie d'accès.

En 1688, la citadelle d'Oléron existe. Mais aucun ouvrage n'est construit en face, du côté de la terre, pour compléter l'action des canons de l'Ile, empêcher le passage de l'ennemi par le pertuis de Maumusson et protéger ainsi dans cette direction, les abords de la Charente

…. Rochefort est munie de remparts, nais rien n'existe à Fouras et à l'Ile d'Aix pour interdire l'approche d'une Flotte par le Nord. : Défense organisée localement, mais sans vue d'ensemble sur la sécurité de la zone jalonnée par ces points.

Dans ce sens, des exemples pris sur d'autres théâtres seraient aussi Concluants. Et il ne semble pas exagéré de dire que l'on avait alors affaire une défense passive : Disséminée le long du littoral, réalisée au hasard des circonstances et sous l'inspiration des autorités qui s'en occupaient isolément, elle était conçue d'une façon subjective. Elle avait uniquement en vue la protection rapprochée de la ville ou de la portion du littoral contre laquelle les ouvrages construits se trouvaient.

Combien différente est la conception des fortifications t’elles qu’on les trouve aménagées à la fin de la période que nous avons ici étudiée!

 En 1694, Bayonne possède non seulement une ceinture renforcée, munie d'ouvrages à cornes mais encore son système défensif est caractérise:

- par la citadelle, construite sur la hauteur de Castelnau, qui domine la région et est susceptible de maintenir l'ennemi à distance du côté de l'Adour.

- par l'aménagement en glacis des hauteurs de Mousserolles- en vue d'y rendre pour l’adversaire qui s'en serait emparé, la position intenable.

- par le Réduit du Saint-Esprit qui assoira une protection rapprochée de la ville en son point faible constitué par le lieu de jonction des deux cours d'eau (Rive et Adour)

En1693, Bordeaux est protégée à distance, du côté de la Gironde, par la zone d'interdiction crée devant Blaye tant par le renforcement des fortifications de cette ville que par le Fort Médoc construit sur la rive opposée et la tour armée de canons qui a été édifiée dans l'île située au milieu de la passe.

 

En 1694, la sécurité de Rochefort et des abords de la Charente est assurée :

- Au sud, par le Fort du Chapus,  récemment achevé dont les feux se croisent avec ceux de la Citadelle d'Oléron qui a été elle-même renforcée (s’appuyant l'un 1'autre. ces deux ouvrages rendent non seulement la passe infranchissable, pour l'ennemi, mais encore ils sont susceptibles d'empêcher la circonvalation d'Oléron et permettent, en cas de besoin, l'arrivée de secours dans l'île.

- au Nord, par le Château de Fouras, reconstruit, la redoute de la Pointe de L'Aiguille et le Fort de l'Ile d'Aix.

Compte tenu des nombreux ouvrages édifiés à l'embouchure même de la Charente, il y a là toute une zone limitée par Oléron, l’Ile d'Aix et la terre qui constitue pour nos forces, un mouillage de sécurité de premier ordre.

En 1690, La Rochelle est déjà entourée de sa nouvelle ceinture fortifiée, et  

En 1695, sa protection, du côté de la mer est réalisée par les nombreuses batteries construites à proximité des deux seuls mouillages possibles d'un ennemi désireux de bombarder la ville, à savoir :

- Au Nord- la partie du littoral comprise entre la Maison de la Digue et la pointe de Chef de Baye.

- Au Sud - Les alentours de la Pointe de Coreille.

De tels exemples suffisent pour nous montrer que les organisateurs de ce système défensif n’ont pas uniquement songé à la protection de la partie du sol touchant aux ouvrages. Se plaçant à un point de vue plus élevé, ils ont eu les yeux tournés vers l'ennemi qu'ils ont cherché à arrêter à distance en lui portant le plus loin possible, les coups les plus meurtriers. Ils ont préféré le manœuvrer plutôt que d'attendre passivement qu'il se présente devant la porte de l'élément qu'il menace.

L'adoption d'un semblable procédé défensif basé sur les mouvements probables de l'ennemi et sur ceux qu'on veut lui faire exécuter, appartient par excellence à une conception Objective. On y distingue nettement la naissance d'idées de manœuvre. Ne sont-ce pas en effet, de véritables idées de manoeuvre que celles qui ont présidé à l'aménagement de ces zones d'interdiction et de protection échelonnées le long du littoral ?

La guerre de la Ligue d’Augsbourg avait trouvé les cotes de 1'Atlantique munies de fortifications éparses et isolées, dont un grand nombre était sans valeur et qui comptaient chacune pour soi-même. Elle se termina on laissant aux points sensibles du littoral des centres défensifs comportant des ouvrages sérieux, se prêtant mutuellement appui, et logiquement répartis conformément à des vues d'ensemble orientées vers l'ennemi.

N'est-ce pas, à cette époque, la notion du front de mer qui se dessine ? …… Nous le pensons sincèrement et il semble que, plus que toute autre, cette constatation soit à retenir.

 

La décadence de la forteresse de Fouras a commencé réellement en 1872, époque de la suppression de la capitainerie. Son déclassement définitif fut voté par l'Assemblée nationale, le samedi 10 mars 1889.

« Malgré cet abandon, elle est encore curieuse à visiter, mais c'est avec un certain sentiment de tristesse que l'on traverse ces cours, autrefois si animées ; les casernes, les casemates, les corps de garde sont vides, et les douves transformées en jardins potagers ; des troupeaux broutent l'herbe qui pousse sur les bastions abandonnés.

La fameuse demi-lune de Vauban est elle-même envahie par les rosiers, les grenadiers et les figuiers sauvages. « Fièrement assise sur la falaise, la vieille tour est encore superbe de couleur et de lignes ; vue de la mer surtout, sa silhouette est pittoresque, avec les tourelles, remparts et bastions savamment étages, aux pierres dorées par le soleil, unies de ciment rouge. »

 

 

Les côtes de l'Atlantique pendant la guerre de la ligue d'Augsbourg / travail de M. le Lt de vaisseau Reno

  Histoire de Vauban (2e édition) / par l'auteur de l'"Histoire de Louis XIV

 

 

Siège de La Rochelle, les fortifications du Maire Jean Guiton seront razez rez-pied, rez de terre sur ordre de Richelieu ! <==.... ....==>

Le fort de Fouras détruit avant 1351, le donjon est reconstruit par Jean II de Brosse, Maréchal de France, vers 1480.<==


 

Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban, ingénieur, architecte militaire de Louis XIV

Il n'est pas de grand homme en France qui ait mérité, plus que Vauban, la reconnaissance et le respect de la postérité. Il fut le plus illustre et le plus savant de nos ingénieurs militaires. L'ardeur de son patriotisme lui fit ouvrir les yeux sur les dangers que le voisinage de l'Allemagne faisait courir à notre pays....

 

1666 débute la construction du futur Arsenal du Ponant (Rochefort) sur la côte Atlantique

Pourquoi La construction de la Corderie royale (le Versailles de la mer ) sur Rochefort - Louis XIV - Colbert - Blondel - Richelieu - Brouage - La Rochelle (P2) 1665, Après la tenue à Brouage (œuvre de Richelieu ) d'une commission, et en partie grâce à Jean Colbert du Terron, intendant de la ville de Rochefort et cousin du ministre Colbert, la décision est prise de l'installer à l'embouchure de la Charente.

 

Fort boyard un chef d'oeuvre nécessaire à la protection de l'arsenal de Rochefort

Fort boyard un chef d'oeuvre nécessaire à la protection de l'arsenal de Rochefort l'ouvrage est construit sur un banc de sable qui découvre seulement aux fortes marées l'enrochement du Fort est artificiel...

 

Carte Marine des Côtes de l'Aunis, du Brouageais, du Bas Poitou et des Iles de Ré, d'Oléron, d'Aix, Dieu et Madame (1757)

Description du Gouvernement d'Aunis Ce gouvernement contient deux Pays, l'Aunis et le Brouageais. La Rochelle est la capitale de l'Aunis. Elle a un port sur l'océan fort fréquenté des Marchands François, Anglois, Hollandoi, Allemands, Suedois, Danois, qui viennent chercher du sel, des eaux de vie et du vin....



Fortification de La Rochelle et construction de la porte Royale après le siège de Richelieu

Le démantèlement complet de La Rochelle donnait toute sécurité au pouvoir royal. Les habitants, dans une cité " ouverte ", ne pouvaient plus songer à reconquérir leur antique indépendance ; mais, par contre, La Rochelle - ce point important du littoral - restait sans défense contre les ennemis du dehors...




Histoire : Louis XIV fait la guerre et la paix en Europe

Après la première moitié du XVII e siècle, la France ne connaît plus de guerres sur son territoire. Les conflits se déroulent désormais sur le sol européen et les guerres du roi Louis XIV vont enraciner le concept de " paix européenne ", déjà inscrit dans les traités de Westphalie de 1648.

https://www.futura-sciences.com



 

(1)   Ces fumées sont devenues rares et ne s'appliquent plus qu'aux navires de commerce, depuis qu'on a supprimé l'arsenal.

 

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